Ca a fait chaud ce mardi à l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar.
Non contents d’être restés huit mois sans bourse, les étudiants du département d’Anglais ont parlé dans une autre la langue que celle de Shakespeare.
De grosses pierres jetées par terre, des bâtons et des pneus brûlés qui jonchent les rues campent le décor, empêchant du coup les véhicules de circuler. L’intérieur des facultés ne sont pas épargnés par ces traces d’affrontements entre policiers et étudiants. Le constat est le même dans l’espace situé entre la Faculté de médecine et le Rectorat. Un groupe d’étudiants, armés de pierres, font dévier les véhicules et les personnes étrangères des lieux. Par souci d’être infiltrés, seuls les journalistes détenteurs de carte professionnelle peuvent circuler librement. Les grévistes laissent entendre : «trop, c’est trop. On n’en peut plus. Nous voulons nos bourses». Dans la foulée, une voix féminine se lève : «Nous sommes restés huit mois sans nos bourses. Nous ne pouvons pas continuer dans cette situation. C’est bientôt les examens et nous devons acheter des œuvres au programme».
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar s’est transformée, hier, en un champ de bataille. Etudiants et forces de l’ordre se sont livrés à des affrontements qui ont duré plusieurs heures. Ils se sont donné en spectacle durant plusieurs heures avant que la situation ne soit maîtrisée par les policiers. S’insurgeant contre le retard dans le paiement de leurs bourses, depuis huit mois maintenant, les grévistes se sont livrés à leur jeu favori : barrer les routes qui mènent à l’université. De la grande porte de l’Ucad située près du rond-point à la Corniche en passant par le couloir de la mort et les autres accès, tous les chemins qui mènent à l’université de la capitale sont bloqués. Ils sont devenus impraticables pendant un long moment.
A la Faculté des lettres et sciences humaines (Flsh), ce sont les étudiants en Master 1, au département d’Anglais, qui sèment la pagaille. «(…) Il n’y a que ceux qui optent pour la littérature britannique et la linguistique qui sont concernés», confie un étudiant anonyme. La tension monte au couloir de la mort. Trouvé à l’intérieur d’une foule, ce responsable d’Amicale se lâche : «(…) Alors que nos camarades de la même faculté ont perçu leur rappel, nous n’avons encore vu la couleur de l’argent. C’est lamentable. Comment un étudiant peut vivre dans ce campus sans bourse ? En dehors de cela, nous avons au moins cinq œuvres au programme à acheter», a-t-il déclaré sous le couvert de l’anonymat. Son camarade gréviste entonne la même chanson en dénonçant les promesses non tenues des autorités académiques.
La situation dégénère entre 11 et 12 heures. C’est le début des échanges de jets de pierres entre les manifestants et les forces de l’ordre. Les étudiants sont massés près du terrain de basket. Dans la foulée de la grève, des cris, des pleurs et des larmes se font entendre. L’atmosphère est polluée par les lacrymogènes lancées par les policiers. Difficile de respirer. Ce n’est qu’à partir de 13 heures qu’il a eu un retour à la normale, lorsque les limiers ont pris contrôle de la situation…
Du côté de la Direction des bourses, il n’y a pas encore une réaction officielle des autorités académiques face aux revendications de ces étudiants. Hier, nos tentatives de rencontrer les responsables de ladite direction sont restées vaines.
WALF