Des militaires constituant la première ligne de front de la lutte contre Boko Haram au nord-est du Cameroun ont été arrêtés pour mutinerie, samedi 3 juin, après avoir manifesté pour le paiement de leurs primes et leur relève immédiate. Les détails.
Un communiqué du ministre de la Défense du Cameroun, rendu public lundi 5 juin en fin de journée, explique comment une trentaine de militaires engagés dans la lutte contre la secte terroriste Boko Haram ont été arrêtés après avoir exprimé leur mécontentent samedi dernier dans l’Extrême-Nord du pays. Le calme est revenu, les dissidents ont été ramenés en caserne et que des sanctions vont suivre, précise le document.
On apprend qu’il s’agissait d’éléments de la Force multinationale mixte de la Commission du bassin du Lac Tchad. Ceux-ci avaient entrepris d’interrompre la circulation à l’aide de barricades sur la route nationale n°1 dans la localité de Zigue, département du Logone et Chari. «Les intéressés exigeaient deux choses. Premièrement, leur relève immédiate par dérogation au chronogramme arrêté et communiqué par leur hiérarchie. Deuxièmement, le versement de leurs primes de «soldats internationaux» de la Commission du bassin du Lac Tchad à l’instar de celles perçues par leurs camarades des opérations de maintien de la paix onusiennes», selon le ministre Joseph Beti Assomo. Et d’indiquer que «la circulation a été rétablie grâce au tact, à la perspicacité et à la fermeté des chefs militaires assistés de l’autorité préfectorale de céans».
Immédiatement informé, le chef de l’Etat, chef des armées, Paul Biya a demandé au ministre de la Défense et au haut commandement militaire de tirer cette situation au clair et de prendre toutes les mesures appropriées pour y mettre définitivement un terme. S’y conformant, Joseph Beti Assomo a aussitôt organisé le transfert des militaires «indisciplinés» à Yaoundé par voie aérienne dans la matinée de lundi et la mise aux arrêts des intéressés, qui devront répondre de leurs actes conformément au règlement militaire. Dans l’après-midi, une réunion spéciale s’est tenue entre le ministre et ses proches collaborateurs.
A l’issue de cette réunion de crise, des mesures d’urgence ont été prises: les sanctions disciplinaires à l’encontre des militaires impliqués, «conformément aux dispositions du règlement de discipline générale dans les forces de défense, la convocation immédiate d’un conseil de discipline pour examiner le dossier et proposer au haut commandement des sanctions appropriées à la mesure des fautes et des manquements avérés et l’ouverture d’une enquête judiciaire avec toutes les conséquences qui pourraient en découler», peut-on lire dans le communiqué du ministre de la Défense.
Par ailleurs, selon Joseph Beti Assomo, «il a été demandé aux chefs militaires de veiller au suivi du moral et de l’état d’esprit des hommes placés sous leur commandement et d’intensifier les exposés éducatifs appropriés afin d’éviter la désinformation, l’intoxication voire la manipulation et la confusion à l’instar de ce malheureux parallèle entre les primes onusiennes et l’opération CBLT qui n’ont rien en commun».
Pour mémoire, à titre d’illustration, les éléments camerounais mis à la disposition de l’ONU en RCA touchent une prime d’environ 400 mille francs CFA en plus de leur salaire mensuel. Leurs collègues restés au front contre Boko Haram à l’intérieur du pays perçoivent moins de 50.000 FCFA de prime mensuelle.
le 360