A l’annonce du nombre de listes déposées au niveau de la direction générale des élections, certains se sont interrogés sur la faisabilité technique d’un tel scrutin.
Entre le nombre de bulletins à imprimer, les représentants de chaque liste à trouver une place dans les bureaux de vote, le temps imparti pour le déroulement du vote, les nombreuses contraintes pourraient entacher la régularité du scrutin.
Combien le scrutin du 30 juillet prochain va coûter au Sénégal ? La question se pose avec plus d’insistance au lendemain de la clôture du dépôt des listes. Avec 47 dossiers de candidatures enregistrés, les organisateurs ont beaucoup de pain sur la planche. Il est d’ores et déjà assuré que les 675 millions de caution ne vont absolument pas suffire à prendre en charge tous les frais afférents à l’organisation. En effet, rien que la confection des bulletins de vote peut engloutir plus que ce que les candidats ont cautionné. Pour l’imprimeur que nous avons joint, il n’y a pas de doute, les 675 millions de caution déposés ne peuvent pas suffire à confectionner 351 millions de bulletins. «Il ne s’agit pas d’un simple tirage. Les listes des élections législatives sont souvent tirées en recto et verso. Et avec certains logos qui doivent forcément apparaitre, c’est encore d’autres complications. Mais, pas besoin d’aller à l’extérieur pour tirer ces bulletins. Il y a des imprimeurs au Sénégal qui peuvent le faire et dans les temps», indique notre interlocuteur. Interpellé sur le coût de l’opération, il estime qu’au bas mot, 10 milliards de nos francs devraient être casqués. Selon lui, tirer le bulletin à 30 francs serait un cadeau fait à l’Etat. Un chiffre qui fait froid dans le dos mais qui est pourtant loin de constituer le budget global de ce scrutin. Car en plus des bulletins, il est question de millions d’enveloppes, de litres d’encre indélébile, de registres d’inscription, d’urnes, d’isoloirs etc. Déplacer tout ce matériel dans les bureaux de vote des quarante-cinq départements du Sénégal n’est pas du tout donné. Sans compter tout le personnel mobilisé et qui devra être indemnisé.
La démocratie n’a pas de prix, disent certains. Mais pour le scrutin du 30 juillet, le budget ne sera pas la seule difficulté face à laquelle il faudra faire face. Le ministère de l’Intérieur qui affichait jusque-là son optimisme quant à la bonne organisation du scrutin, doit avoir revu sa copie à la réception des dossiers de candidature. Avec toutes ces candidatures, il faudrait l’équivalent d’une salle de classe pour pouvoir accueillir les représentants de toutes les listes, en plus des membres du bureau de vote.
L’autre grande difficulté, ce sera le temps. Avec quarante-cinq listes, les dix heures de temps, qui vont de huit à dix-huit heures, pourraient ne guère suffire aux électeurs. Même avec un taux de participation comme celui des dernières élections législatives (36,6%), il y a peu de chance qu’avec une opération aussi longue que prendre quarante-six bulletins pour aller les trier dans l’isoloir, les électeurs puissent voter dans le temps imparti. Les votes qui ont été prolongés jusqu’au-delà de vingt heures ont loin été de drainer autant de candidatures.
A la présidentielle de 2007, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales de l’époque, Me Ousmane Ngom, avait pris un décret fixant exceptionnellement la fin du vote à 22 heures. D’ailleurs, le bureau de vote Numéro 1 du Centre Thierno Mamadou Sall de Fatick où Macky Sall, alors Premier ministre, avait voté, était resté ouvert jusqu’à 1 heure du matin. A défaut de vouloir improviser ce système, il est peut-être temps de prendre les dispositions nécessaires.
Mame Birame WATHIE