CHRONIQUE DE SIDI
Le Prophète Mouhamed (PSL) n’avait pas encore fini son premier prêche que les critiques se multipliaient. Abu Lahab ne fut pas le seul à s’insurger. Les nobles Mecquois croyaient dur comme fer qu’ils tenaient leur richesse des dieux qu’ils avaient installés à l’intérieur et aux alentours de la Ka’ba. Leur aveuglement était exacerbé par les nombreux pèlerins qui venaient des contrées les plus lointaines pour adorer ces statuettes. En plus de fortifier leur foi ébranlable, ces dieux faisaient leur fortune. Autant de raisons qui ont fait la pertinence du discours du Prophète Mouhamed (PSL) ne fut perçue que par un petit groupe.
Abu Lahab contesta publiquement les propos du Prophète (PSL) et Abu Sufyane se chargea de lui mener la vie difficile à la Mecque. Ce dernier était l’un des plus éminents et influents chefs de la tribu Qureyshi, celle de Mouhamed (PSL). A la Mecque, sa voix faisait autorité. Il tenait sa position de par sa fortune et sa naissance. Craignant que le Message du Prophète Mouhamed (PSL) ne réduisît en poussière leurs idoles, les notables de la Mecque, sous la houlette d’Abu Sufyane, décidèrent de martyriser ceux qui embrassaient l’Islam. Ils commencèrent par ceux qu’ils considéraient comme les plus faibles pour donner l’exemple. Comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, Soumayya préféra mourir plutôt que de renier l’Islam et devint ainsi le premier martyr de l’Islam. Son mari Yassir fut également tué. Bilal, l’esclave qui avait entrevu un autre maitre que celui qui l’avait acheté, échappa de peu à la mort. La posture de ce dernier avait fini par exaspérer les nobles mecquois. La nouvelle religion à laquelle appelée le prophète Mouhamed (PSL) voulait que tous les hommes soient égaux. Pour ces seigneurs jaloux de leur position et de leurs privilèges, il n’était pas question que les esclaves soient leurs égaux.
Persécutés, maltraités, calomniés, diffamés, le prophète Mouhamed (PSL) et ses fidèles n’avaient plus d’autre alternative que de quitter la Mecque. Mais, il n’était pas question de partir tous en même temps. Le prophète (PSL) demanda à certains de ses compagnons de se rendre, par précaution, en Abyssinie où leur foi ne poserait pas de problème. Informés de cet exil, les nobles mecquois décidèrent d’envoyer Amr Ibn As convaincre le Négus (roi) de ne pas tolérer la présence de « ces rebelles » qui fuyaient la Mecque sur son sol. Amr Ibn As faisait du commerce avec l’Abyssinie et entretenait les meilleures relations avec son souverain. Quand il parla à ce dernier de ses véritables motivations, le Négus demanda à rencontrer les musulmans qui venaient d’arriver sur son territoire. Quand il les rencontra, après que Jafar lui eut récité la sourate 19 qu’il avait apprise du Prophète, le Négus fut totalement subjugué. Il accorda l’hospitalité à Jafar et ses compagnons et opposa une fin de non-recevoir à Amr Ibn As.
Une partie de ses compagnons avait été contraint à l’exil en Abyssinie. Son oncle paternel Abu Talib rendit l’âme quelque temps après. Peu avant son décès, Abu Talib était allé rencontrer les nobles mecquois pour tenter une dernière et improbable médiation. Il avait tout fait pour réconcilier son neveu à ses adversaires. Sa présence empêchait à ceux-ci d’attenter à la vie de Mouhamed (PSL). A son décès, un énorme vide s’installa entre les protagonistes. Mouhamed (PSL) n’avait pas fini d’être consolé par la perte de son protecteur Abu Talib, qu’une autre grande perte survint. La grande Khadija s’en était aussi allée. Nous avons vu la place qu’occupait Khadija dans la vie du Prophète. Au moment où les plus sournois pièges étaient mis en exécution, le prophète Mouhamed (PSL) perdait deux de ses plus solides appuis. Comme s’il était mis à l’épreuve par le Seigneur qui n’avait pourtant cessé de l’éprouver, son cercle, qui ne s’était pas élargi, s’amenuisait. Les épreuves se multipliaient. Les difficultés s’accentuaient. Mais le doute n’eut pas le temps de s’installer. Le Seigneur lui fit d’autres révélations. « Par le Jour Montant! Et par la nuit quand elle couvre tout! Ton Seigneur ne t’a ni abandonné, ni détesté. La vie dernière t’est, certes, meilleure que la vie présente. Ton Seigneur t’accordera certes [Ses faveurs], et alors tu seras satisfait. Ne t’a-t-Il pas trouvé orphelin? Alors Il t’a accueilli! Ne t’a-t-Il pas trouvé égaré? Alors Il t’a guidé. Ne t’a-t-Il pas trouvé pauvre? Alors Il t’a enrichi » (Sourate 93 ; versets 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7,8).
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Par Sidi Lamine NIASS
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