Le président SALL devra manœuvrer grave pour se dépêtrer du marécage des investitures aux prochaines élections législatives.
Entre le marteau de ses camarades de parti et l’enclume de ses alliés de Benno Bokk Yaakaar, le leader de l’APR est appelé à faire des choix qui pourraient nécessairement secouer la mouvance présidentielle.
Les élections législatives ont un premier tour non formel qui se joue pourtant dans toutes les coalitions : les investitures. Le nombre de députés a beau être revu à la hausse, il est loin de pouvoir satisfaire à la demande des acteurs politiques dont le plus petit responsable se voit en songe confortablement installé dans un siège de l’Assemblée. Si la Coalition Manko Taxawu Senegaal se targue de compter en son sein de grandes figures politiques, elle est encore loin d’avoir évacué la question des investitures qui pourrait bien avoir raison de la cohésion encore recherchée. Mais, les opposants ne sont pas les seuls à devoir faire face à cette délicate question. La mouvance présidentielle fait également face aux démons de la division qui sont nourris par les querelles de positionnement.
«En cette vielle des investitures où l’excitation est à son paroxysme dans tous les états-majors, dans tous les partis politiques et dans toutes les coalitions (…) ». C’est le président Macky SALL qui faisait cette juste observation. Le leader de l’APR, qui a dirigé la campagne de la coalition Sopi aux élections législatives de 2007, en a assez vu pour comprendre l’acuité de l’appétit que suscitent les investitures d’une élection législative. Mais, au son de la cacophonie émanant des rangs de son parti et de la coalition Benno Bokk Yaakaar, le président de l’APR est parti pour se mettre à dos nombre de ses soutiens.
«Nous ne tolérerons aucune liste parallèle issue de nos rangs (…) Il ne faut pas que l’on confonde, les enjeux d’une législative à ceux d’une élection locale. Autant on avait laissé faire, autant, ici, il s’agira de mettre tout en œuvre pour n’avoir qu’une seule liste Benno Bokk Yaakaar». C’est en ces termes que le président SALL avait averti ses partisans. C’était lors de la conférence des leaders de BBY du mois d’avril dernier. Si après cette exhortation présidentielle, les ardeurs des récalcitrants ont été quelque peu refroidies, Macky SALL n’a pas tardé à faire face à une autre désorganisation. Un peu partout, les militants de son parti ont commencé à organiser des assemblées générales, aux allures de primaires, pour désigner les candidats à la candidature. Des manifestations qui ont plus fait couler le sang qu’établir la cohésion dans les rangs de l’APR. Macky SALL qui semble avoir été mis devant le fait accompli, va revenir à la charge, le ton plus que menaçant. «Pour préserver la dynamique de victoire, j’ordonne la suspension immédiate de toutes les assemblées générales d’investiture prévues, et vous invite à rester à l’écoute de la conférence des leaders, qui mènera, dans les meilleurs délais, les concertations nécessaires », a écrit l’ancien maire de Fatick dans une autre circulaire après celle qui appelait au rassemblement. En prenant cette décision, le chef de l’Etat se réserve le loisir de désigner SES candidat, en dépit de ce que pourrait être l’opinion contraire de la base.
Pourtant, ce n’est pas le seul front où le président SALL devra batailler ferme pour se tirer d’affaire. Si les apéristes sont les plus audibles, ils ne sont pas les seuls à attendre Macky SALL au tournant. Du côté de ses alliés, Parti Socialiste, l’AFP, le PIT, la LD et autres, on fourbit les armes attendant de voir ce que Macky SALL entend proposer. Ces quatre partis, qui constituent avec l’APR l’épine dorsale de la coalition Benno Bokk Yaakaar, ont chacun perdu un pan, pour ne pas dire une grande réserve de voix. Et pour un Macky SALL qui entend en tenir compte pour les investitures, il ne faut rien écarter. Certains qui ont compris la cherté des places, ont préféré aller voir ailleurs pendant qu’il était encore temps.
MameBirame WATHI