[toggle title=”Chapitre premier : La délivrance“]
Malick : escapade
Couché de côté sur le lit, je regarde Aicha dormir paisiblement, bien recroquevillée sur elle-même. Même endormie, elle se protège de moi. Dire que nous étions à deux doigts de le faire… J’ai perdu mon sang froid quand j’ai enlevé son t-shirt, ou devrais – je dire mon t-shirt. Aicha à un corps de rêve, tout ce qu’il faut à la place qu’il faut. La beauté de son corps conjuguée à l’éclat de son teint m’a fait disjoncter. Sa panique a repris le dessus quand elle a vu mon…, vous savez quoi. Ish, j’aurai dû éteindre la lumière stupide que je suis. Elle tremblait et pleurait tellement que j’ai compris que s’était mort. Pour ne pas l’effrayer plus qu’elle ne l’était déjà, je suis allé mettre mon pyjama, tendu comme un arc et excessivement frustré. C’est la première fois que je suis en face d’une telle situation. Quand je suis revenu au lit, j’ai dû lui jurer sur le Coran que je ne la toucherais pas pour qu’elle arrête de trembler et de pleurer. J’étais dépassé.
Même si cet homme a été son mari, ce qu’il a fait à Aicha c’est du viol dans le vrai sens du mot. Il l’a détruite psychologiquement et physiquement et comme arme de défense, elle l’a enfoui au plus profond d’elle-même. Aujourd’hui, le fait qu’elle soit en face d’un autre homme a tout réveillé d’un coup. Comment l’aider ? J’ai attendu qu’elle s’endort pour me lancer dans une recherche sur Google. Heureusement que j’avais amené mon ordi. J’ai lu des articles jusqu’à deux heures et quelque du matin.
La première chose que j’ai retenu, c’est qu’il fallait que je m’arme de patience. Dans un des articles que j’ai lu on me dit que sa panique face à un partenaire est inévitable. C’est incontrôlable, c’est bien le propre de la mémoire traumatique : de l’émotion brute, non digérée, qui saute à la gorge au moment où l’on s’y attend le moins. Contrairement à la mémoire autobiographique, que l’on convoque quand on le souhaite et que l’on sait mettre en mots. Muriel Salmona affirme que : « Le viol provoque une terreur telle, que le cerveau disjoncte. Sur le moment, on est en état de sidération : paralysé psychiquement, anesthésié émotionnellement. L’esprit semble se dissocier du corps : on est comme spectateur de l’événement. C’est la condition sine qua non pour survivre à l’insupportable. En réalité, les émotions sont stockées à l’état brut à l’intérieur de soi. Cette mémoire fonctionne ensuite comme une bombe à retardement : le moindre détail qui rappelle le viol, même inconsciemment, la réactive, et fait revivre le viol à l’identique. La vie tout entière devient un terrain miné. »
Deuxièmement en parler est le mot clé. Car seule la parole permet de désamorcer la mémoire traumatique et remettre du sens au non – sens. Elle n’a jamais dû se confier à quelqu’un, parler de ce qu’elle a éprouvé et ressenti, que ce n’était pas de sa faute et que c’était lui le coupable. C’est seulement en ayant le courage d’en parler qu’elle arrivera peut – être à tourner cette page. Et pour cela il faut que je double de tendresse, d’affection et surtout d’écoute envers elle. Ensuite je vais la draguer, la charmer, l’émoustiller petit à petit, lui faire découvrir et aimer son corps. C’est seulement en ayant acquis une confiance totale en moi qu’elle pourra se laisser aller. Peut – être que dans une semaine tout au plus, elle accepterait enfin d’être mienne. Pour l’instant, il faut que je sorte mon artillerie de romantisme. Je vais tout déballer et advienne que pourra. Que Dieu me donne la force de résister parce que ce sera vraiment dur d’être dans le même lit qu’elle et de ne pouvoir rien faire.
Je regarde ma montre, il est presque quatre heures du matin, mes yeux commencent à se fermer. Je m’approche d’elle, glisse une main sur elle et la prend confortablement dans mes bras. Elle tressaille et ouvre les yeux.
- Rendors-toi bébé, je veux juste te tenir dans mes bras. Je t’aime. Elle m’observe avec ses yeux de biche avant de me sourire et de se recroqueviller encore plus contre moi. Mon cœur se remplit de joie mêlée à de la tristesse. Avant de fermer les yeux, je me promets de tout faire pour la rendre heureuse. C’est tout ce qui compte pour moi en ce moment.
Aicha : communion
Cela fait une heure que je suis réveillée et monsieur dort toujours. Depuis, je suis là, assise sur un fauteuil, les jambes relevées, à observer chaque trait de son visage, sa respiration, son corps à moitié couvert… Il est si beau mon mari, j’ai envie de l’embrasser, de glisser mes mains sur… Stop crie la voix de la raison. Il ne faut pas le chercher pour après venir pleurer ici quand il voudra plus HAN. Je repense à hier et un sentiment de honte et de culpabilité me ronge. Pourtant c’était si bien parti, j’en avais envie, des sensations bizarres ont commencé à envahir mon corps, m’obligeant à onduler de gauche à droite. Au moment où je m’y attends le moins, des flashes sur ma nuit de noce et les autres nuits ont commencé à surgir de je ne sais où. Je n’ai rien compris mais cela m’a glacé d’un coup et au moment où je le poussais pour m’assoir je l’ai vu, son truc. Mon cœur a failli sortir de ma poitrine. Même là, rien qu’à y penser, il reprend à battre très fort. Ce n’est pas comparable à celui du maire et le gars veut mettre ça où ? Jamais, c’est sûr que je vais mourir direct.
Malgré cela Malick a été d’une gentillesse remarquable. Franchement je ne pensais pas qu’un homme pouvait être si compréhensif et d’une douceur si raffinée.
Ce que je ne comprenais pas c’est pourquoi ces douloureux souvenirs sont revenus. Aussi, comment pouvais – je le désirer si fort et une minute après me mettre à paniquer de cette manière. Je n’ai pas le droit de le priver de moi. Je promets de trouver en moi assez de force pour me donner à lui ce soir. Si ma mère apprend que je fais des caprices, elle va m’étriper.
- Salut ; je sursaute et lève les yeux vers cette voix grave encore ensommeillée. Malick me regarde intensément. A quoi tu penses continue-t-il. Je baisse les yeux,
- Excuse-moi pour hier, j’ai vraiment honte de ce qui s’est passé.
- Y ‘a pas lieu d’avoir honte bébé. J’adore quand il m’appelle comme ça. Certes j’en avais très envie mais tu n’étais pas prête.
- Je sais que tu es déçu mais je serais prête ce soir dis-je avec peu de conviction. Il sourit et se relève.
- On a toute notre vie Aicha et je ne suis pas déçu, au contraire, répond- il. Aller, va prendre ton bain, le temps que j’appelle la réception pour notre petit déjeuner et que je lance quelques coups de fil. Je m’exécute sans rien dire, le moral était au plus bas malgré ses mots.
L’odeur du gel de douche me met du baume au cœur, un mélange de fruits et de parfums exquis. Je laisse couler l’eau sur moi tout en essayant toujours de me trouver une réponse à ce qui s’est passé. Oublierais-je un jour ce que cet homme m’a fait. Je dis aimer Malick et je ne suis même pas capable de lui donner ce qu’il veut. Une larme coule sur ma joue, une autre s’en suit. Je ne veux pas pleurer mais mon cœur est rempli d’amertume, de déception face à mon incapacité de lutter contre mes démons. J’essuie rapidement une autre larme avant de prendre un grand air. Si Malick constate que j’ai pleuré, il va encore être plus déçu. Il faut que je lui donne ce qui lui appartient. Cinq minutes plus tard, je sors de la douche avec une serviette courte et qui couvre à peine mon corps. Malick est au téléphone et il arrête de parler quand il me voit. Je lui fais un sourire charmeur, il me lance un bisou volé que j’attrape en sautant, ce qui le fait éclater de rire. Il prend congé rapidement de son interlocuteur avant de me regarder suavement. J’adore sa façon à la fois prédatrice et douce qu’il a à me regarder. Je marche en dandinant les hanches et le cœur battant. Devant lui, je me mets sur la pointe des pieds et l’embrasse tendrement. Ma serviette se détache et tombe, ce qui le fait frissonner. Il recule d’un pas me regardant intensément.
- Tu n’es pas prête Aicha. S’il te plait ne précipite pas les choses pour me faire plaisir. On le fera le moment venu. D’accord ? On sonne à la porte, surement le petit déjeuner. Malick ramasse ma serviette et me l’attache avant d’aller ouvrir. Moi je me dépêche de me cacher dans la douche me rappelant d’un coup que je n’avais rien à me mettre. Une minute plus tard, il s’écrie.
- La voie est libre madame la pudique. Je sors en faisant une moue et vois qu’il tient une jolie robe bleue ciel évasé.
- C’est Suzanne qui vient de la déposer à la réception. Je lui avais laissé un message hier avant de dormir. Elle dit que c’est son cadeau de mariage.
- C’est très joli, je l’appelle tout à l’heure.
- Habille-toi, je file prendre un bain avant que le petit-déj n’arrive.
Nous avons quitté l’hôtel vers onze heures, direction les boutiques de Dakar. Un vrai moment de bonheur.
- Ha les femmes avec leur amour du shoping, lance Malick en me taquinant à notre retour. C’est vrai que depuis deux heures, on ne voyait que mes trente-deux dents. La gentille et la générosité de Malick me surprenaient au plus haut point. Nous avons passé le reste de la journée dans une ambiance bon enfant. Il me faisait rire comme une gamine de dix ans. L’après-midi, nous sommes passés au bureau, il voulait régler quelque détails avec son collègue à qui il avait donné ses dossiers les plus urgents. Pendant tout le temps qu’il a été avec lui, Suzanne a failli me tuer avec ses questions embarrassantes. Même si je l’avais fait, je ne lui aurais rien dit et puis quoi encore. Quand Malick est revenu, j’ai presque sauté sur lui provoquant le rire général.
Nous sommes retournés à l’hôtel pour nous changer et direction l’un des plus romantiques restaurant de la ville, me dit Malick. Les délices de la vie qui se trouvent dans un coin très calme au Point E où le décor te renvoie au mélange bleu orangé du coucher du soleil. Pratiquement tout est en verre céramique ou le reflet des lustres cristallins scintille un peu partout dans la salle. Un endroit juste paradisiaque. Nous avons passé un moment plein de tendresse et j’ai découvert un homme hyper doux, sensible à mes moindres désirs et répondant à toutes mes envies. J’avais l’impression d’être le centre du monde. Plus j’étais avec lui, plus je me sentais voler des ailes. Le paradis existe sur terre, qui l’aurait cru. Sur le chemin du retour, je me blottis dans ses bras devenus mon havre de paix. J’adore l’odeur de son parfum mélangée à son odeur naturelle, à la fois musquée et virile.
Dans la chambre, je me dépêche d’aller prendre une douche. Décidée plus que jamais à le récompenser de la merveilleuse journée qu’il vient de me faire passer. A mon retour, je surprends sa conversation téléphonique avec Abi.
- Ecoute Abi, je refuse de parler avec toi tant que tu es dans cet état sinon on risque de se dire des choses qu’on pourrait regretter après. Fais-moi signe quand tu te seras calmée et il raccroche énervé. Oups ! Quand il me voit, son visage se radoucit et il dépose doucement son portable en prenant le soin de l’éteindre.
- Ne sois pas trop dur avec elle.
- Loin de moi cette idée ; mais il y a des limites à ne pas franchir.
- C’est sa manière à elle de te rendre la blessure que tu lui as causée. Alors comprend là et essaye…
- Elle m’a causé un jour une très grande blessure et je n’ai pas réagi comme elle le fait en ce moment. Je ne l’ai ni insulté, ni manqué de respect. Je lui ai juste dit que j’étais déçu et je suis passé à autre chose. Le respect est quelque chose de primordiale pour toute relation.
- C’était quoi ? Il fait une grimace et commence à se déstabiliser.
- C’est entre elle et moi, tu comprends. Je fais oui de la tête un peu déçu.
- Je croyais que l’on se disait tout.
- Oui mais là ce n’est pas la même chose. Est- ce que tu aimerais que je parle à Abi de ton passé avec ce salaud. Ses secrets à elle ne te concernent pas et vice versa.
- Tu as raison et je ne peux que les louer. Il me fait une bise et entre dans la douche. J’en profite pour faire ma dernière prière et à son retour il en fait de même. Malgré son côté très toubab, il ne néglige aucune de ses prières. Il m’a même rappelé celui de dix-sept heures aujourd’hui. Qui l’aurait cru. Je cours rapidement vers l’armoire pour me choisir une des tenues indécentes de ma mère. J’en essaye une que j’enlève rapidement, franchement c’est trop audacieuse pour moi. Je mets finalement la chemise de nuit longue de couloir rouge que j’ai achetée en faisant les courses ce matin.
Quand il finit, il fait semblant de ne pas me voir et va s’habiller rapidement avant de rejoindre le lit en tirant la couverture comme s’il voulait se protéger de quelque chose. Frustrée, je le rejoins mais ne m’avoue pas vaincue. Je m’approche de lui et m’assoie à califourchon, le faisant sourire.
- Il ne faut pas réveiller le diable qui dort.
- Pourquoi pas ? Il fait non de la tête en souriant toujours.
- Raconte-moi ce qui s’est passé avec cet homme. Je tressaille et le regarde les yeux grands ouverts. S’il te plaît ouvre-toi à moi, confie toi pour une fois et dis-moi toutes les atrocités qu’il t’a fait subir. Je tente de me lever et il me retient férocement par la taille.
- Je ne peux pas Malick, comment peux-tu me demander cela ?
- Je suis sûr que tu n’as jamais confié à quelqu’un ce qui s’est passé et c’est cela qui bloque toujours ton esprit et t’empêche d’avancer vraiment.
- Pourquoi tu dis ça, j’ai bien repris ma vie en main. Je ne me suis pas laissée morfondre au contraire, j’ai…
- Je sais tout cela Aicha et je t’en félicite vraiment, je dirais même que je suis fière de toi. Mais tu ne peux pas nier que ce qui s’est passé hier prouve nettement qu’il te reste des séquelles graves et…
- S’il te plait arrête, je ne veux pas continuer cette conversation. J’avais juste peur mais ce n’est rien. Là on peut le faire, je ne fuirais pas cette fois mon devoir de femme.
- Voilà le problème Aicha, tu prends cela comme un devoir envers ton mari et non comme un plaisir. Jamais je ne te toucherais sachant quel tourment te cause le fait de faire l’amour. Cela ne doit pas être une contrainte. Je dois te procurer du plaisir autant que toi tu m’en procures.
- Je ne pourrais jamais éprouver du plaisir.
- Oh que si Aicha, tu n’as aucune idée à quel point c’est bon de faire l’amour.
- Je n’y crois pas, il n’y a que les hommes qui ressentent cela.
- Les hommes cons et égoïstes oui ou tout simplement ignorant du fait que quand la femme éprouve du plaisir c’est cent fois meilleur.
- Ah bon demandais – je curieuse. Il me pince le nez
- Oui ma chérie, je suis le genre d’homme qui peut procurer trois fois l’orgasme à une femme en lui faisant l’amour, répond- t-il avec son regard excitant.
- Qu’est-ce que tu attends alors.
- Je veux d’abord savoir ce qui t’a glacée hier jusqu’à provoquer une telle panique.
- Chititite Malick, s’il te plaît essayons ce que tu me dis là.
- On peut essayer mais tu vas encore fuir en plein milieu et c’est moi qui vais en partir. Tu me dis ce qui s’est passé et après on verra.
- C’était juste un flash, dis-je en boudant.
- Quel genre de flash, insiste-t-il d’un ton sérieux. Je recule un peu.
- Tu ne blagues pas dé. Il fait non de la tête et croise les bras. D’accord. Je me tais un bon moment et dis à voix basse. J’ai vu les moments où il m’a prise de force, la douleur… Ma voix se casse.
- Il t’a fait mal.
- Oui, je me suis même évanouie les premières fois avant la fin. Il me caresse les bras.
- Continue, dis-moi ce que tu as ressentis quand tu t’es réveillée, quand il a repris. Décris-moi toute la douleur et le sentiment que tu avais durant cette période. Je veux savoir. Je regarde Malick pendant une bonne minute, le visage aussi sérieux qu’une statue. Je compris que si je ne lui disais pas, il n’accepterait jamais de faire quoi que ce soit avec moi. Alors je me mis à parler. De la souffrance d’abord physique ensuite morale. Du fait que j’ai à plusieurs reprises pensé à me suicider, quitter ce monde injuste où je n’étais que l’objet sexuel d’un pervers. Ensuite le sentiment de dégout envers ce corps qui provoque autant de désir chez les hommes. Je lui ai dit toutes les fois où je priais pour qu’il finisse cette fois plus rapidement. Les fois où j’ai pris des cachets pour dormir. J’ai parlé des punitions, des gifles, des cravaches…Je parlais et parlais sans pouvoir m’arrêter. Plus j’avançais, plus je pleurais. A la fin, je n’arrivais même plus à respirer tellement cela faisait mal.
- Respire bébé, respire, dit Malick en relevant ma tête et en prenant un grand air m’incitant à le faire. Je l’imite sans vraiment y arriver, je le déteste de m’avoir fait revivre tout cela. C’est fini maintenant, plus jamais personne ne te feras de mal car je suis là, reprend – t- il. J’étais toujours à califourchon sur lui et je voulais me lever, encore. Mais comme la première fois, il me retient fermement par la taille. Laisse-moi, hurlais – je encore plus en colère en le poussant violement. Mais il continuait à me tenir et resserrait même son étreinte. Alors je le gifle violement et cours pour m’enfermer dans la douche où je pleurs en criant très fort. La douleur comprime mon cœur comme la première fois. Je ne sais pas combien de temps je suis restée assise sur le sol mais j’ai fini par me coucher sur le carrelage. Le sommeil a commencé à me prendre quand j’ai entendu toquer à la porte.
- S’il te plaît Aicha, ouvre moi. Pardonne-moi de t’avoir fait revivre cette horreur mais il le fallait. Laisse-moi partager ta souffrance. Ensemble nous pourrons tout vaincre. Mon amour pour toi va au-delà de la pensée humaine, je suis prêt à tout pour toi Aicha. S’il te plait ouvre, ne me laisse pas, finit- il des sanglots dans la voix. Je me lève précipitamment et ouvre la porte. C’est un visage en pleurs et complétement dévasté qui m’accueille. Je prends ma bouche de surprise.
- Pardon Malick, dis- je en me jetant dans ses bras. Il me soulève et me serre très fort comme s’il avait peur de me perdre. Je ne savais pas qu’un amour pouvait être aussi fort, c’est inexplicable pensais – je. Je t’aime tellement Malick, lui murmurais – je.
- Moi, encore plus. Nous nous couchons, l’un dans les bras de l’autre jusqu’à nous endormir.
Quand je me réveille, la chambre est toujours plongée dans le noir mais l’appel du muézin me fait savoir qu’on n’est pas loin du matin. Je tâte mon portable et vois 6h. Mes yeux commencent à s’habituer à l’obscurité et je glisse doucement du lit et va faire mes ablutions. Au moment où je replie ma natte de prière, je vois Malick s’assoir.
- Ma femme prie et moi je dors, ce n’est pas normal ça ;
- C’est juste une question d’habitude, je le fais depuis toute petite.
- Moi seulement quand je me réveille c’est-à-dire à 7 h. Dès fois j’attends d’être au bureau. Mais il est hors de question que madame prie et que moi je dors. Je suis le chef de famille, dit – il en se bondant la poitrine.
- Hihihi, oui c’est ça, sale macho. Bon, je vais aller prendre ma douche.
- Attend moi, on va le prendre ensemble.
- Aller viens, on va prendre le bain, poursuit- il en me tendant la main que je regarde sans bouger. Juste un bain Aicha. S’il te plait fais-moi confiance, dit-il avec sa moue de charmeur.
Dix minutes plus tard, nous entrons ensemble dans la douche. Malick se met en face de moi et commence à se déshabiller doucement. Pourquoi les hommes sont sans pudeur. Je baisse les yeux sans le faire exprès. Il s’approche de moi, relève ma tête et me donne une bise sensuelle dont il sait si bien le faire.
- Je veux que nos corps se découvrent, que tu y habitues petit à petit continue t’il en enlevant mon t-shirt. Je voudrais que tu connaisses mes zones érogènes, mes points faibles et vice versa. Il ouvre la chasse d’eau, la règle à la normale. J’en profite pour relever mes cheveux brésiliens avant de me glisser comme lui sous la douche en prenant un grand soin à ne pas regarder vers sa direction. Pourtant je sens son regard et je suis déjà morte de honte. Je ne sais pas ce qui me fait frissonner, l’eau qui coule tout au long de moi ou ce petit doigt qui trace une ligne verticale le long de mon dos. Il est juste derrière moi et je sens son souffle sur mon coup. Il tend la main au-dessus de moi, prend le gel douche et en met une quantité sur la paume de sa main.
- Tu as un corps magnifique Aicha, me susurre-t-il à l’oreille en enduisant le gel sur mon corps de façon tellement lente que la pointe de mes seins a commencé à durcir. Il me retourne doucement et continue de me flatter, de décrire la courbe de mes hanches, le volume de ma poitrine, l’éclat de mes yeux quand le désir monte, la douceur de ma peau. Plus il parlait, plus je me sentais femme, plus j’avais l’impression d’être la plus belle au monde. Ça me fait plaisir et m’émoustille en même temps. Mon souffle s’accélère, quand ses mains recouvrent ma poitrine et que ses doigts pincent subtilement les pointes avant de descendre sur mon ventre. La chaleur monte sans que je ne puisse l’arrêter. Quand il me plaque sur lui et que je sens toute son excitation, direct un flash du maire en train de me prendre est revenu. J’ai sursauté et me suis crispée direct. Il a surement dû le ressentir car il a arrêté de me caresser et m’a retourné. Je n’osais le regarder, j’avais encore honte.
- Tu sais ce qu’on va faire aujourd’hui, dit –il en relevant ma tête le sourire aux lèvres. Je fais non de la tête. On va visiter des appartements et acheter des meubles pour notre nouveau chez nous. Là je souris. Où aimerais-tu habiter ? Mes lèvres s’étirent encore plus et mon esprit commence à aller à cent à l’heure. Je le vois reprendre du gel.
- Je ne sais pas trop hum…
- Donne-moi les lieux qui te viennent à l’esprit
- Sacré-Cœur, Mermoz, point E, Fann résidence, non tu habites déjà là-bas, Hanne Mariste, hum… Qu’est-ce qu’il fait ce mec ?
- Tu ne veux pas habiter en ville, il y ‘a de belles maisons derrière le palais en face de la mer.
- Ah bon, je ne savais pas, soufflais – je, ses caresses sont trop exquis.
- Tu connais Lagon ? Je fais non de la tête. Ah bon, on dort ce soir là-bas alors, c’est magnifique comme ça on pourra visiter les alentours.
- Ok mais je ne veux pas de maison, juste un appartement.
- Comme tu voudras mon amour. Combien de chambres à peu près ?
- Deux, trois au maximum.
- Décrie-moi l’appartement de tes rêves en fermant les yeux. Je m’exécute et commence à dire ce que j’aimerais. Je sens ses mains en bas mais je me focalise sur l’appartement. Il me demande comment je voudrais le décorer et là je me laisse aller en parlant du genre de meuble… Pourquoi j’ondule des hanches et que mon pouls s’accélère autant et que ah….
- Et les meubles du salon ? Tu veux du cuir, du bois massif ? Quoi ?
- Je ne sais pas, on verra sur place…il introduit un doigt en moi.
- Continue, m’ordonne-t-il d’une voix grave. Je reprends difficilement la parole, je ne reconnais même pas ma voix et à chaque fois que je m’arrête, il me pose une autre question. Je ne me suis même pas rendue compte que j’avais enroulé mes mains autour de son coup. Mes mouvements s’accélèrent et je me surprends à aller à l’encontre de ce qui éveille autant de sensation.
- Quelle couleur ? Il arrête de bouger, j’ouvre les yeux, son regard est moqueur ?
- Je m’en fous, n’arrête pas. Il s’exécute en me plaquant sur le carrelage du mur et en prenant cette fois ma bouche. Les sensations augmentent, c’est trop bon. Je me sens décollée, mon corps vibre, il est à deux doigts. Tout devient flou, je décolle. La jouissance arrive comme un séisme, traversant une ville et dévastant tout mon corps de spasmes et de tremblements qui finissent par me faire crier. C’est là qu’il est entré en moi d’un seul coup. J’ai ouvert grandement les yeux, son visage était déformé par le désir.
- Quel genre de cuisine veux – tu ? Sa voix tremble, ses yeux ont viré au marron sombre, sa lèvre est plus rose. Il ne bouge pas, encore une fois il attend mon avale. Je me sens empli mais je n’ai pas mal. Répond-moi, continue-t-il. Je comprends par-là que si je réponds, c’est une manière de lui demander de continuer.
- Je ne sais pas, à la fois moderne et ancien. Il commence à bouger doucement.
- Soit plus explicite, dit- il au bord de mes lèvres, le souffle saccadé. Je sens le plaisir remonter en moi.
- Je veux une cuisinière comme dans les films. Il ricane et ferme les yeux en se mordant la lèvre tout en continuant de bouger doucement. Je veux aussi un fourneau. Il me prend la bouche, ses mains s’agrippent sur mes hanches et ses boutoirs deviennent plus intenses.
- Continue ah,
- Non c’est ton tour, le taquinais-je.
- Je….ne…. peux….pas ah….
- Pourquoi….
- Je… ne…. m’attendais pas…..à ça. Il va de plus en plus fort. Un mélange de douleur et d’excitation m’envahit.
- A quoi tu t’attendais bébé, murmurais – je de plus en plus excitée.
- Aicha… On dirait que… Il se tait et m’enlace très fort de ses bras en m’embrassant comme si sa vie en demandait. Cette fois, c’est lui qui vibre en moi, tremble comme une feuille et grogne en enfouissant sa tête sur mes cheveux détachés depuis je ne sais quand. Je ne sais pas pourquoi mais une sensation de bien-être m’envahit de tout mon être. J’éclate de rire, il en fait de même. C’est comme une délivrance.
- On dirait que quoi Malick. Il relève sa tête et me souris.
- Que tu es vierge, j’éclate encore de rire.
- Tu es fou.
- Non je te jure que c’est la première fois de ma vie que …Il se tait, car je me remets à bouger.
- Aicha….
- Hum, dis – je en fermant les yeux.
- Si je reprends le galop, tu vas….Je le fais taire avec un baiser tout en m’agrippant à ses puissants épaules. Je ne me reconnais pas. C’est trop bon. Aicha Ndiaye où es-tu ? Comme qui dit seul l’amour est capable de vaincre tous les obstacles.
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre deux : polygamie“]
Abi : la comédie
Des jours que je suis scotchée à mon lit, broyant du noir et en voulant à tout le monde pour ce qui m’arrive. Je ne peux supporter cette douleur qui me comprime le cœur et me fait pleurer comme une madeleine. Le pire est que je suis en train de devenir complétement folle de jalousie tellement je pense à eux surtout la nuit. L’image de leurs corps entrelacés me torture. Mon mari est en train de prendre son pied avec une autre femme et moi je dois l’accepter. Pourquoi ? C’est notre religion qui l’admet, pif. Elle aurait dû aussi nous l’accorder, ne serait – ce qu’une fois, pour que nos hommes connaissent la douleur que nous ressentons quand cela nous arrive. Un sentiment de trahison, d’abondon, de tristesse, de haine, de jalousie…Tant de choses qui te donnent envie de mourir.
Des questions reviennent en boucle. Qu’est – ce qu’ils font ? Où sont – ils ? En quoi j’ai failli. Sont – ils partis en lune de miel ? Est – elle meilleure que moi au lit ? Elle a déjà été mariée si j’en crois l’homme avec qui elle était ce fameux jour où je l’ai vu pour la première fois. D’ailleurs, c’est ce soir-là que ma relation avec Malick a commencé. Je peux dire que c’est grâce à elle que je suis avec lui aujourd’hui. Parce que ce soir-là, il était si bouleversé qu’il s’est jeté dans mes bras pour l’oublier. Il l’aimait déjà, d’un amour qui n’a pas dû s’estomper durant ces cinq ans puis qu’il l’épouse aujourd’hui. Et c’est qui me fait le plus peur : il est fou de cette femme. Qu’est – ce que je vais faire si Malick me délaisse comme mon père l’a fait avec maman ? Au Sénégal c’est chose courante et la société abdique. Pire elle la cautionne en critiquant la femme disant qu’elle n’a pas été une bonne épouse. Pourrais – je supporter qu’il me quitte un jour ?
Ma belle – mère s’est installée ici depuis le fameux jour, ça m’énerve grave. J’ai l’impression qu’elle est là pour me surveiller malgré qu’elle soit au petit soin avec moi. Quand mes amies ou mes tantes viennent me voir, elle est toujours présente. Ce qui fait que personne n’ose dire du mal ou autre chose devant elle. Ce n’est pas juste. Son fils m’a fait mal, donc j’ai le droit au moins de me défouler. J’ai toujours été au petit soin avec elle et là, au lieu de me soutenir, elle vient jouer aux gendarmes chez moi. Juste pathétique, si ma mère n’était pas là, j’aurais fait un scandale depuis longtemps. Bref, j’ai décidé de ne plus descendre manger à table et même quand on m’apporte quelque chose, je refuse. Depuis la dernière fois qu’on a parlé au téléphone, monsieur ne m’appelle plus. Alors j’ai décidé de faire une fausse grève de la faim et ça semble marcher puisqu’il m’a appelé cinq fois depuis ce matin mais je refuse de répondre. C’est ma mère qui m’amène toujours à manger dans son sac et dès fois j’attends que tout le monde se couche pour descendre à la cuisine. Ma belle-mère est complétement affolée. J’ai un peu honte, mais pour saboter un peu leur lune de miel, je suis prête à tout.
La porte s’ouvre avec fracas faisant apparaitre Malick, le visage impassible, les yeux brillants et la peau un peu éclaircie. Bref il est plus beau. Forcément grâce à Aicha et mon cœur se resserre face à ce constat. Il s’approche doucement suivi de Mamie ma bonne qui tient un plateau rempli de je ne sais quoi. En tout cas, ça sent divinement bon, j’ai l’eau à la bouche.
- Poser ça sur la table, lui dit – il en désignant le petit salon prêt de la fenêtre. Elle s’exécute et nous laisse seuls. Je continue à le dévisager avec sa chemise noire déboutonnée en haut et ce jean serré qui lui va à merveille. Ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu s’habiller de façon si décontractée. Ça lui donne dix ans de moins et le rend très sexy. Abi, un peu de dignité toi aussi. Je détourne les yeux. J’entends la porte se fermer à clé. Pourquoi ? Ses pas s’approchent et mon cœur se met à battre plus vite sans que je ne puisse m’en empêcher. Shim. Je sens ma couverture descendre vers le bas et le temps que je comprenne ce qui se passe, Malick me soulève du lit. Je me débats sans conviction.
- Fais-moi descendre tout de suite sinon…
- Sinon quoi, demande t – il en haussant le ton. Je te jure que si tu ouvres encore ta bouche de femme-là, je ne réponds plus de moi, crie-t-il. Nos regards s’accrochent et je frissonne devant ses yeux qui brillent de colère. Il ne blague pas, quel toupet. N’empêche, la peur finit par dominer mon envie de rébellion. Il me tient toujours dans ses bras et se dirige vers le mini-salon. Comment il fait pour marcher aussi aisément alors que je pèse des tonnes ? Au lieu de me faire assoir sur un des fauteuils, il prend place me gardant toujours dans ses bras. Cette proximité ne m’arrange pas du tout, elle me désarme. J’essaye de me lever mais il me retient fermement et frappe très fort à ma main quand j’essaye d’ouvrir ses bras enlacés autour de ma taille.
- Aie, criais – je en me massant la main, les yeux grands ouvert. Tu m’as frappé ?
- C’est rien comparé à ce que je vais te faire si tu continues à te rebeller. C’est quoi ces histoires que tu veux mourir et me laisser seul avec les enfants. Tu es folle ou quoi ? Je crois que ta mère t’a pourri, gâtée et qu’on ne t’a jamais donné une fessée. Mais tu vois ma main là, elle n’attend que ça, finit – il en me le tendant sur le visage.
- Tu blagues ?
- Ai – je l’air de blaguer, crie t – il me faisant sursauter. Mais où est passé mon Malick pensais – je. Il n’a jamais été violent. Il est énervé parce que je l’ai obligé à quitter son nid d’amour. Sans plus tarder, il ouvre l’assiette, prend une bouchée avec sa main et me la fourre violemment dans la bouche. Mange, ordonne – t – il. Je m’exécute sans réfléchir, complétement tétanisée. Deuxième cuillérée, troisième… Ça vient toutes les dix secondes. Mais plus les secondes passent, plus il devient moins violent. Tu aimes, demande t – il comme s’il parle à une enfant. Je fais juste oui de la tête. Ça vient de ton restaurant préféré, poursuit – il avec plus de douceur. De sa main, il prend une crevette et me l’amène à la bouche.
- Je peux manger moi-même, dis – je la voix tremblante. Il ferme les yeux comme pour se contenir et reprend une autre cuillérée et me la remet dans la bouche. C’est la première fois qu’il me donne à manger et j’ai de plus en plus chaud, c’est trop intime. Dès fois quand la sauce commence à descendre de ses doigts, il lèche ses doigts tout en me regardant avec convoitise. A quoi il joue. Un moment il met une crevette sur sa bouche et me fait signe de prendre la moitié. Oho, il me fait quoi là. Comme nous sommes trop proches, il suffit qu’il avance sa tête pour que je m’exécute. Je ferme les yeux sans le faire exprès. Ce petit jeu commence à me plaire et je sens que si je ne me lève pas, je risque de l’embrasser. Il commence à me caresser le dos, le cou, les bras. Je le regarde d’un œil interrogatif mais il continue son petit manège en me donnant à manger, m’obligeant dès fois à sucer ses doigts. Quand il m’embrasse tendrement, je réponds sans hésiter tellement il m’avait déjà bien remuée.
- C’est bon, tu n’as plus faim ? Demande t – il d’une voix très douce qui me fait fondre. Je remue juste la tête. Alors il se lève et cette fois il me dépose et se dirige vers la douche. Je me rassois sur le fauteuil et me prend le visage. Qu’est-ce que tu croyais ? Quelques petits gestes de tendresse par ci et quelques petites caresses par là et madame espère quoi ? Mes larmes commencent à couler, je me déteste d’être si faible. Quand il ressort de la douche et se rapproche de moi, je détourne les yeux. Je me sens vraiment humiliée. Il s’assoit à genou devant moi et commence à déboutonner sa chemise.
- Qu’est-ce que tu fais Ma…Il me prend avidement la bouche. Quand il me relâche, ma tête tourne.
- Jure moi que tu ne ferais plus de caprices jusqu’à mon retour et moi je te promets de te faire de ces choses qui vont te faire grimper au plafond et alerter toute la maison avec tes cris. J’ouvre grandement la bouche tandis qu’il jette son haut dans la pièce. La tentation est grande et il ne m’a jamais regardé ainsi, avec autant de gourmandise.
- Je te jure, dis – je la voix tremblante.
- Encore mieux, dit – il en caressant suavement sa poitrine et en tournant doucement sa langue sur ses lèvres. Han…
- Billahi, wallahi, taalahi.
Ce n’est pas la peine de me regarder comme ça, vous auriez fait pareil, ish. Quarante-cinq minutes plus tard, je criais une quatrième fois avant de m’effondrer sur le lit complétement terrassée. Quand il revient de la douche, moi j’étais toujours dans ma petite bulle. Aicha a réveillé un lion endormi, mon Dieu.
- Ça va ? Demande t – il en ricanant, il semble si heureux.
- Pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
- Tu n’as jamais été si coquin, si bon, c’était extra, je ne sais même pas quel mot employer.
- Hum, fait – il en commençant à s’habiller. La prochaine fois, ce sera meilleur. Mes oreilles se tendent,
- Meilleur que ce que tu viens de me faire ? Impossible. Il éclate de rire et vient s’assoir à côté de moi en regardant sa montre.
- Tu verras, dit – il en me donnant une bise. Il sort ensuite un écrin en me le tendant. C’est pour toi dit – il. Je me rassoie toute excitée et ouvre la boite. Un joli bracelet en or sur lequel il est écrit Malick et Abi. Mes yeux s’embuent de larmes.
- Il essuie doucement mes larmes et me fait une bise.
- Tu es ma aawa (première) et je ne veux pas que tu sois triste. Je t’aime, me murmure t – il en m’embrassant. Cette fois je pleure vraiment car c’est la première fois qu’il me le dit.
- Hey arrête de pleurer s’il te plait. Il me prend dans ses bras en me serrant très fort. C’est vrai que je ne te l’ai jamais dit mais je le pense sincèrement. Malgré tes défauts, tu es une femme adorable alors je ne veux pas être celui qui va te faire souffrir. D’accord ? Je fais oui de la tête. Il faut que j’y aille maintenant. Tu veux que je t’amène quelque chose demain ? Je suis tellement heureuse que mon cœur se glace bilay.
- Tu vas revenir ?
- Oui, comme c’est samedi, je viens déjeuner ainsi je verrais les enfants en même temps. Ils me manquent.
Quand il partit, je me suis levée toute souriante et heureuse. Ensuite je suis allée prendre un bon bain et me suis habillée toute pimpante direction le salon de coiffure. Malick vient de me montrer un côté que je ne connaissais pas, à la fois tendre et bestial. Je regarde mon bracelet avec tendresse, il m’a dit je t’aime. Certains hommes ne reconnaissent la bonté de leurs femmes que quand ils en épousent une autre. Ou bien Aicha le rend si heureux qu’il ne peut s’empêcher de le partager. Quoi qu’il en soit je n’en tire que du bien. C’est en sifflotant que je traverse le salon.
- Bonjours mes mamans adorées. Elles me regardent toutes les deux avant d’éclater de rire.
- Tu es bien heureuse ma fille, lance ma belle-mère le sourire aux lèvres.
- Je me suis réconciliée avec…
- On sait ; tu as alerté tout le quartier avec tes cris, me coupe ma mère me faisant ouvrir grandement les yeux. La honte.
- Heureusement que les enfants n’étaient pas là, rajoute ma belle-mère en se retenant. Sans répondre je sors rapidement de la maison et c’est seulement dehors que j’éclate à mon tour de rire. Je n’oserais plus jamais les regarder dans les yeux mahalla cet homme m’a fait de ces choses hii. En tout cas si je savais, j’allais moi-même courir demander la main de Aicha de sa part car j’adore le Malick que j’ai vu aujourd’hui.
Malick : entre deux feux
Je souris en pensant à la Abi hyper docile que je viens de laisser. C’est vrai que je suis marié à elle depuis cinq ans mais elle ne connait pas le côté à la fois bestial et hyper coquin que j’ai. Je n’ai jamais eu envie de le lui montrer à part aujourd’hui. Quand ma mère m’a appelé, il y a deux jours pour me dire qu’elle refusait de se nourrir, j’ai fait le sourd. Mais Aicha a commencé à me faire la tête me disant que je n’avais pas le droit d’être si indifférent et qu’au contraire je devais être au petit soin d’Abi parce que c’est elle qui était blessée et non pas moi. Hier soir, elle a refusé que je la touche et j’ai dû lui faire un vrai tour de charme pour qu’elle succombe. Le matin dès qu’elle se réveille, rebelote, elle me supplie de l’appeler. Et quand Abi a refusé de décrocher, elle m’a fait un grand discours d’une heure de temps pour que j’aille la voir. Elle m’a juré que si je faisais un tout petit effort avec elle, alors c’est sûr qu’elle ne ferait plus ses caprices. Par effort, elle entend être gentil avec elle, lui dire des mots doux, lui offrir un petit cadeau, la réconforter quoi.
Quand je suis arrivé, j’ai direct fait un sprint dans sa chambre saluant à peine maman et ma belle – mère. J’ai d’abord fait semblant d’être vraiment fâché. Vous les femmes, on vous connait, donc il faut bien des fois qu’on vous montre que nous sommes vos maitres. La preuve, Abi a tout de suite arrêté ses caprices quand j’ai haussé le ton. Je n’avais pas l’intention de lui faire l’amour mais quand je lui ai essuyé une larme, j’ai compris qu’elle était déçue. Je me suis dit pourquoi pas ? Ce serait une occasion de lui montrer que ce mariage avec Aicha a réveillé un côté très coquin en moi, il me donne des ailes.
Ma mère a essayé de me retenir, je savais déjà de quoi elle voulait me parler et j’ai fui comme pas possible. Le lendemain du mariage, elle m’a appelé pour me dire à quel point elle était fâchée de la manière dont j’ai rabroué mes tantes durant le mariage. J’ai juste prétexté un autre appel sur la ligne pour raccrocher. Je parlerais avec elle le moment venu, pour l’instant j’ai d’autre priorité : Aicha. Elle me manque déjà. Dois-je lui dire ce que je viens de faire avec Abi.
J’ouvre mon nouvel appartement en sifflotant. Finalement nous avons déménagé à deux pas du bureau, dans un appartement de quatre pièces avec deux chambres, un grand salon et un séjour bien spacieux avec à coté une cuisine et une salle à manger. Nous ne sommes là que depuis hier et l’endroit commence à prendre forme. Tous les meubles ont été achetés, il ne reste plus que la décoration. Je retrouve Aicha au salon en train de regarder un film en mangeant une glace. Elle me fait un beau sourire en se tournant vers moi. Mon Dieu comme j’aime cette femme. Ces derniers jours ont été merveilleux.
- Alors ? demande – elle les yeux pleins de malice.
- Tu avais raison. Elle est revenue à de meilleurs sentiments. Elle applaudit des deux doigts, toutes ses dents dehors. Je la sonde pour voir si je dois lui dire en m’asseyant prêt d’elle qui se dépêche de se blottir dans mes bras.
- Raconte-moi, tu es un vrai bandit toi. Il y a de l’humeur dans sa voix. Soit elle essaye de m’amadouer pour savoir ce qui s’est vraiment passé, soit c’est sincère et qu’elle n’est pas jalouse d’Abi. On va voir. Alors je commence à lui raconter dans les moindres détails jusqu’à mon retour de la douche. Mais je n’ose pas lui dire les termes exactes, je dis juste : nous avons dérapé. Elle se relève, me faisant face, la bouche ouverte. Mon cœur commence à battre très vite.
- Le dérapé de dérapé là ? Ses yeux ne lancent pas des éclairs mais elle a plutôt un air taquin.
- C’est parce qu’elle a juré d’être gentille comme un toutou si je lui faisais mes trucs que tu connais. Elle éclate de rire avant d’ajouter.
- Il y a de ces choses que tu fais, je te jure que moi – même je suis prête à assassiner quelqu’un pour le revivre.
- Machala boule ma tiatou (touche du bois). On éclate de rire et je m’assois la prenant dans mes bras. Ouf ! J’ai cru que tu allais te fâcher, lui dis – je en la serrant encore plus.
- Pourquoi le serais-je, c’est ta femme non.
- Oui mais…
- Il n’y a pas de mais, ce serait égoïste de ma part de vouloir lui priver de toi. C’est dur de se lever un matin et de devoir partager son mari avec une autre. Alors je ne ferais aucune objection à ce que tu lui fasses quelque gâterie, dit – elle en rigolant. Je l’embrasse tendrement, le cœur rempli de reconnaissance, cette fille a un cœur en or.
- Au fait, je prends le déjeuner avec eux demain. Je n’ai pas vu les enfants car ils étaient à l’école et ils me manquent beaucoup.
- D’accord, j’en profiterais pour aller voir mes parents. Maman m’a dit que le tailleur a fini quelque boubou pour moi.
- Ok après je passerais te prendre. Nous continuons cette conversation dans le même registre enlacé l’un à l’autre. J’adore cette complicité totale qu’on a et qui fait que l’on se parle de tout même des plus petits détails de la vie. Il n’y a aucun complexe entre nous deux, tout vient naturellement, sans calcul. Au début je ne voulais pas parler de Abi avec elle ; mais en une semaine, nous sommes devenus tellement complices qu’elle sait tout de moi, le plus petit détail et vice versa. Au lit c’est juste magique, ce que je ressens quand on fait l’amour est juste waouh, je ne peux même pas le décrire. Pourtant j’ai connu tellement de femmes ; mais avec elle c’est autre chose, je ne me rassasie pas. Elle est si réceptive, si chaude, si serrée, si… Peut – être que c’est le fait que l’on s’aime autant qui rend la chose toujours si intense. J’ai honte de le dire mais aujourd’hui en le faisant avec Abi, je pensais à Aicha comme le soir où je l’ai vue au restaurant. C’est pas bien mais je n’ai pas pu m’en empêcher et heureusement que je n’ai pas appelé son nom. Est – ce que ce sera toujours comme ça ? Pourrais – je les mettre sur le même pied d’égalité alors que mon cœur ne bat que pour Aicha. Déjà que je regrette d’avoir dit à Abi que je ne resterais que deux semaines. J’ai tout le temps envie d’être avec Aicha, elle est devenue mon oxygène, ma raison d’être. C’est dans ces pensées que je m’endors. A mon réveil, je suis attiré par l’odeur appétissante qui se dégage de la cuisine. Ma femme sait cuisiner et j’ai adoré le diner qu’elle m’a servi hier. Je me demande qu’est – ce qui sent si bon ? Je la rejoins et la trouve en train de chantonner en grattant de la carotte. Je suis si heureux de la voir si épanouit. J’entoure mes mains autour de sa taille la faisant sursauter.
- Tu m’as fait peur. Je lui donne une bise au cou, incère ma main dans son body et caresse son ventre. Je te vois venir alors bas les pattes, sale morveux.
- Je ne fais rien bébé. Je lui mordille le lobe de son oreille ce qui la fait tressaillir. Au fait, je voudrais que tu prennes une bonne dès lundi.
- Mo, pourquoi faire ? Il n’y a que nous deux dans cet appartement.
- Quand tu reprendras le boulot ce sera trop dur pour toi.
- Je n’ai pas besoin de faire le ménage tous les jours et toi tu vas bientôt alterner, alors ce n’est vraiment pas la peine. Je grimace quand elle dit ça, heureusement que je suis derrière elle.
- Je ne veux pas que ma femme se tue aux travaux domestiques alors que j’ai les moyens de lui payer une bonne. Aussi quand je rentre chez moi, je veux qu’elle s’occupe de moi au lieu d’être à la cuisine. La discussion est close, dis – je en prenant sa bouche. Quand je m’écarte d’elle, ses yeux commencent à virer de couleur premier signe de son envie de faire l’amour.
- Ok mon chaton, dit – elle en me contournant. Je la suis du regard croyant qu’elle sortait de la cuisine ; mais elle se hisse sur la plaque de la cuisine et s’assoie en croisant lentement les jambes. Son regard est félin et un doigt sur ses lèvres elle me dit d’une voix suave. C’est dommage parce qu’on ne pourra pas faire l’amour dans le canapé, encore moins ici, finit-elle, en caressant la plaque sur laquelle elle est assise. Direct j’avale ma salive et mon battement de cœur commence à s’accélérer. J’adore ma nouvelle Aicha.
- De toutes les façons les bonnes sont en grèves jusqu’en 2030, balbutiais – je. Elle éclate de rire, ce qui la rend plus sexy. Ah cette fille me tient.
Le lendemain le chauffeur me dépose chez moi avant d’aller prendre Aicha pour l’amener chez ses parents. J’ouvre la porte de la maison et c’est le parfum de l’encense bien à la sénégalaise qui m’accueille. Thièy sama drianké bi (femme à corpulence forte pleine d’astuces féminines). C’est la petite Astou, l’homonyme de ma mère qui vient vers moi en premier avec ses cris de joie. Je la prends dans mes bras et la tournoie au maxi. Quelques secondes plus tard, les autres la rejoignent et c’est partie pour cinq minutes de chatoiement et de course folle. Je lève la tête en entendant le claquement des talons d’Abi sur le carrelage. Hum, je vois qu’elle a sorti la grande artillerie. A la différence d’Aicha, Abi peut verser la moitié de son fonds de teint sur son visage, une vraie maquilleuse professionnelle. Les habits, je n’en parle même pas, s’il n’y a pas de paillette elle n’est pas contente.
- Hey ne fatiguez pas papa, tonne-t- elle et comme personne ne l’écoute elle crie cette fois : levez-vous tous de suite et dégagez d’ici. Ils s’exécutent aussitôt et sortent du salon en rouspétant. Malick, fait attention toi aussi, tu viens juste de sortir d’un accident.
- Ce n’est pas ce que tu disais hier quand je te faisais l’amour, réplique – je, en m’approchant d’elle. Elle regarde alertée vers la porte.
- Les mamans sont juste à côté et….Je l’embrasse et entoure mes bras autour de sa taille.
- Et alors ? Elle tape sur ma tête.
- Hé, tu as changé dé. J’éclate de rire en l’enlaçant plus fort contre moi. Je suis juste trop heureux, avais– je envie de lui dire mais je me tais. Je me tourne vers la table où j’avais déposé son paquet de chocolat préféré et le lui donne. A table, Abi est au petit soin avec moi. C’est comme si ma mère n’était pas là. Je me dis que c’est peut – être parce que je ne lui ai jamais donné un peu d’amour qu’elle s’est détournée de moi. Mon père me disait que les femmes sont prêtes à tout pour leurs hommes quand elles se sentent aimées. En tout cas, je vais faire plus attention à elle, je l’amènerais diner ne serait – ce qu’une seule fois par moi, je lui ferais plus de compliments sur ce qu’elle porte même si je n’aime pas trop….J’ai envie qu’elle se sente aimée et peut – être que les choses iront mieux après. J’ai vraiment envie de bien faire les choses.
Aicha : l’excursion
Cela fait une demi-heure que j’essaie mes nouveaux habits. Ma mère n’a pas lésiné sur les moyens dé. Vingt tenus traditionnels de toutes les couleurs sont éparpillés sur le lit. En tout cas, le tailleur ne m’a pas raté, tout me va à merveille. Je n’arrête pas de tournoyer devant le miroir.
- Tu as aimé la petite valise que ta tante t’a confectionnée.
- Donc c’est elle qui a acheté tous ces chiffons ? J’étais choquée, franchement. Maman éclate de rire avant de se tenir la bouche.
- Tu peux ne pas les porter mais garde tout bien au frais. Dans un an quand la fougue de ton mari se sera dissipée, tu les mettras.
- Je ne crois pas qu’il accepte d’attendre d’ici un an, répondis – je en pensant à ses supplications depuis quelques jours. A chaque fois je refuse. Ce mec est déjà comme un lion affamé, si je me mets à vouloir jouer aux coquines, il risque de me tuer. Déjà qu’hier, je n’ai même pas pu m’assoir correctement pour diner après l’épisode de la cuisine. Une chose est sûre, je ne le provoquerai plus jamais
- A quoi tu penses, demande ma mère avec un sourire qui dit qu’elle a surement deviné.
- Hey maman, si je te le dis, tu vas sortir d’ici en courant. Je fais semblant d’avoir envie de lui raconter en venant m’assoir près d’elle. Figure-toi que Malick….
- Bahna (merci), dit – elle en levant les mains au ciel je ne veux rien savoir. Déjà que ton toubab là a bien failli provoquer des crises cardiaques le jour du mariage. Toi aussi, dis-lui qu’il y a des choses qui ne se font pas en public.
- Maman, laisse la femme d’autrui, ish. Depuis le temps que vous vous êtes enfermés dans la chambre. J’ai besoin de parler à ma sœur moi aussi, s’écrie Menoumbé derrière la porte. Je me dirige vers celle – ci et lui ouvre. Direct il me prend la main et coure avec moi dans sa chambre. Papa m’attend aussi au salon, lui aussi veut me parler. Bref je suis une star en ce moment.
- Tu sais que les vautours ont commencé à appeler.
- Non, vrai de vrai ? Les charognards shim. En plus comment ont-ils fait ? Papa avait changé tous les numéros en venant à Dakar.
- Je ne sais pas dé. En tous cas, toutes ces années, ils ont fait comme si nous étions morts alors ils n’ont qu’à continuer. Si je vois un oncle se pointer ici, je vais lui faire avaler du piment wallay. Passons, où est ma part de la dot.
- Chi Menoumbé Ndiaye ne recommence pas. Vois ça avec maman, c’est elle qui a l’argent.
- Quoi ? Tu sais très bien qu’elle ne va rien me donner. Ma mère a donné à tout le monde sa part, sauf moi, ton frère, ton ami, ton griot le jour j et….
- Ouvrez-moi cette porte. C’est quoi ces histoires crie mon père nous faisant sursauter. J’ouvre rapidement ma pochette et donne 100 000 fr à Menoumbé. Il regarde l’argent, crie sans qu’aucun son ne sorte, me fait la bise partout….Vous allez ouvrir merde. On sursaute encore et je cours rapidement ouvrir tandis que mon frère se dépêche de cacher ce que je lui ai donné. Je viens de lui donner l’argent que Malick m’a glissé avant de partir. Soit disant au cas où.
Papa m’a fait la morale pendant plus de deux heures. Il aurait dû être prêcheur ou imam. Au lieu des dix commandements c’était plus de cent : Tu dois respecter mon mari, tu dois le chérir, tu dois lui être fidèle, tu ne dois jamais hausser le ton devant lui, tu ne dois jamais lui dire non sur quoi que ce soit, tu ne dois….Ma tête commençait vraiment à tourbillonner, hé padré pardon. Quand j’ai vu Malick franchir le seuil, j’ai presque sauté de joie. Et deviné quoi, le gars est venu avec une grande télé plasma pour mes parents et un téléphone dernier cri pour mon frère. Chi il faut qu’il arrête c’est trop franchement. Menoumbé a tellement crié et fait son clown que papa lui a donné un heute (coup de poing au dos). N’empêche cinq minutes plus tard, quand Malick a allumé le portable il a repris ses chants de griot. Le gars a même chanté et dansé en peul. J’étais sidérée, ki c’est un vrai clown de cirque. Quant à Malick, il riait jusqu’à se tordre. Il n’a pas l’habitude des singeries de mon frère.
Une demi-heure plus tard, mon mari se lève pour prendre congé disant qu’une longue route nous attendait. Je l’interroge du regard mais il me sourit seulement.
- Mon fils, j’aimerais dans la semaine, si possible aller saluer ta famille. Aussi, j’aimerais amener ma modeste contribution pour votre nouveau chez vous. Elle a dit modeste, hum qui ne connaît pas les femmes sénégalaises. Quand leurs filles doivent rejoindre la maison de leur mari, nos mères vont dans un magasin avec un camion et le rempli de tous les ustensiles de cuisine. Et avec ces coutumes on veut que l’Afrique se développe. Hé, elle va vite déchanter avec Malick.
- Cela me ferait énormément plaisir de vous présenter à ma famille. D’ailleurs ma mère m’en a parlé tout à l’heure et je lui ai dit le samedi prochain.
- Magnifique, observe ma mère en souriant.
- Pour ce qui est de cette coutume, je n’en vois vraiment pas l’utilité et nous avons déjà tous ce qu’il nous faut.
- Je sais mais tu dois nous laisser faire au moins un minimum de chose…
- Je vous l’ai déjà dit, ma mère est une vraie femme du monde. Je vous assure que si vous ouvrez, ne serait – ce qu’une petite fenêtre, vous le regretterez amèrement. Mieux vaut dès le début lui montrer que vous n’êtes pas dans ces trucs de ada (traditions). Faite-moi confiance.
- C’est à dire…
- C’est quoi cette façon de harceler l’enfant d’autrui crie mon père. Si jamais je te vois commencer ces trucs de téranga là, c’est avec moi que tu auras à faire. C’est compris, martèle mon père d’un ton tellement virulent que moi-même j’ai sursauté. Papa se tourne vers Malick. Ne vous inquiétez pas, moi aussi je suis contre ces choses sans aucune utilité. Nous serons honorés de rencontrer ta famille.
- Merci père.
Après cette petite embrouille, nous quittons mes parents direction je ne sais où ? Malick me dit qu’il a déjà pris quelques habits pour trois jours. Je suis sûre qu’il y a fourré une mes chemises de nuit chiffon.
- On va où ?
- Sally Portudal, tu es déjà allée là-bas ?
- Non je sais juste que c’est une station balnéaire située sur la petite – côte au sud de Dakar. Il parait aussi que c’est le haut lieu du tourisme au Sénégal, voire en Afrique de l’Ouest.
- Exactement, un endroit magnifique. C’est un ancien comptoir portugais et ce sont ces colons qui l’on appelé ainsi. On ira au village artisanal pour acheter quelques tableaux et statuettes, dit – il en glissant sa main sous mon pagne. T’ai – je dis que la tenue traditionnelle te va à ravir. Je fais juste non de la tête en retirant sa main baladeuse. Il m’attire encore plus à lui et rebelote.
- Tu es vraiment un bandit toi arrête, lui chuchotais – je.
- Tu m’as privé ce matin de mon petit – déjeuner et je dois dire que j’ai vraiment faim, murmure t – il à mon oreille.
- Il ne fallait pas être si brusque hier soir. Il arrête de me caresser et me regarde avec interrogation.
- Je t’ai vraiment fait mal, demande – t – il inquiet.
- Oui et j’ai toujours mal, continuais- je en mimant un visage triste.
- Je suis désolé, excuse-moi mon amour, dit – il avec sincérité. Je vais te laisser te reposer au moins deux jours. D’accord ? J’ai envie d’éclater de rire avec les yeux de chat qu’il me fait mais je préfère ne rien lui dire. J’ai vraiment besoin de me reposer, je suis fatiguée même si je prends le pied à chaque fois.
Il est presque 16 h quand la voiture entre dans le quartier que l’on appelle Saly Portudal. De jolies villas bien bâties nous accueillent. L’endroit est juste magnifique et je me laisse emporter par la beauté du paysage qui donne envie de s’acheter une maison ici.
Quand nous arrivons à l’hôtel, Malick me fait une petite visite guidé et je me laisse emporter par le calme et la splendeur de ce jardin tropical bordé d’une magnifique plage ornée de cocotiers. Ensuite il m’amène au spa où on me fit un bon massage. Je me suis endormie avant la fin de la séance, la honte. Ensuite nous sommes allés diner dans le restaurant de l’hôtel où nous sommes accueillis par un décor hyper romantique en face d’une piscine bien éclairée.
Même chose dans la chambre, décor magnifique, avec un style à la fois moderne et traditionnel. Je m’approche de mon mari et commence à l’embrasser. Un moment il recule en levant les mains.
- On ne fait rien ce soir, je te laisse te reposer.
- Pourquoi ?
- T’as oublié ce que tu as dit dans la voiture.
- Ah c’est vrai, dis – je sans savoir quoi répondre. Il se tourne et fait comme si je n’étais plus là. Je ne sais pas si c’est l’endroit paradisiaque mais j’ai envie de lui, très envie. Tu sais, je….
- Chi Aicha, ce soir, je ne te touche pas, n’insiste pas, dit-il avec énervement. Pourquoi il s’énerve même ? Il se dirige vers le lit en prenant la télécommande. Va te changer et si tu n’as pas sommeil on se fait un film. Je prends mon sac et le dépasse pour entrer dans la douche. Comme je l’avais deviné, le gars a mis une de mes chemises de nuit hot-là. Pourquoi pas dis – je en riant. Heum, le gars veut jouer aux durs, il va voir. Après avoir enfilé ma chemise de nuit rouge qui couvre à peine mon corps, je sors sans réfléchir avant de changer d’avis. Malick est couché les mains derrière la tête mais quand il me voit il se rassoie de suite et ouvre la bouche.
- Tu tu tu….
- C’est quoi le nom du film qu’on va regarder ? Il éteint la télé, ses yeux changent de couleur, sa poitrine se soulève. Il se met à genoux et me temps les mains.
- La télé est en panne.
- Dis plutôt que c’est toi qui l’as éteinte. Moi je veux voir mon film, boudais – je.
- Aicha Ndiaye vient tout de suite ici, rugit – il. J’éclate de rire n’y tenant plus.
- Jure d’abord qu’on va le faire doucement.
- Sur la tête de ma mère je te dis.
- Ta mère, aye Malick
- Je le jure sur mes enfants, Abi, ma maison, tout ; vends-moi-même si tu veux walahi… j’éclate encore de rire tandis qu’il bondit sur moi comme un fauve. Je sens qu’il ne va pas tenir parole…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre trois : Malick obnubilé“]
«Certaines personnes rendent ta vie meilleure en faisant partie de celle – ci alors que d’autre l’assombrissent en faisant semblant de faire partie de toi. »
Abi : Maraboutage
Je viens de raccrocher avec Malick. Il veut amener Aicha et ses parents demain à la maison. Histoire, dit-il, que la famille fasse connaissance. Shim, qui lui a dit que j’ai envie de la connaitre moi, Ah. Il a aussi invité sa mère et ses sœurs, bref le gars veut faire d’une pierre deux coups. Je sais qu’il n’a pas assez confiance en moi pour nous confronter direct. Il préfère mettre des garde-fous. Il me fait savoir qu’il a déjà contacté un traiteur pour que je ne me fatigue pas trop à la cuisine. Dès qu’il a raccroché, j’ai appelé ma mère qui m’a demandé de venir rapidement la voir. Je lui ai donné rendez-vous dans trois heures, car il fallait que j’aille chez le coiffeur. C’est vrai que ça fait juste quatre jours que je l’ai quitté mais c’est ma coépouse qui vient me saluer. Je ne vais pas l’accueillir avec ce petit chignon-là à la tête. Arrivée là-bas, je fais la totale (pédicure, manucure, pose ongle et cil, un cheveu brésilien qui m’arrive jusqu’aux fesses). J’ai même acheté des lentilles verre. Il est 16 h quand j’arrive chez ma mère.
- Yawe, sa hèle dalena dé (tu es bien tranquille toi). On te dit que tu vas rencontrer ta coépouse et madame perd son temps dans les salons de coiffure.
- Il faut bien que je me fasse belle non ?
- Il y a bien plus urgent que ça. Maintenant que ta belle-mère est partie, on va aller blinder chez toi, explique-t-elle, en sortant de sa commode une bouteille avec un liquide noir.
- C’est quoi ?
- Sâfara (une eau bénite). On va l’asperger partout dans la maison.
- Je n’aime pas trop ces trucs maman. En plus, c’est comme si je ne croyais pas en la protection de Dieu qui…
- Moi aussi je n’aimais pas ces trucs et cela m’a couté très cher. On est en Afrique ma fille et il faut te protéger sinon on va te détruire. Allez viens, Koura nous attend
- Celle qui lit l’avenir ?
- Tu en connais une autre ?
- Chi maman, je t’ai déjà dit je ne veux pas savoir ce que l’avenir me réserve; si ce n’est pas bien ça me perturbe.
- Arrête tes gamineries, je n’ai pas de temps à perdre. Il faut que l’on sache si ta coépouse est une sorcière ou non et ce que l’avenir te réserve avec elle.
- Attend samedi alors car si elle me dit des trucs pas catholiques, non seulement je ne vais pas dormir de la nuit mais en plus je vais mal réagir avec elle demain. Tu me connais, je ne sais pas tricher et je risque de faire un scandale et Malick va m’en vouloir. Alors s’il te plait, on va à la maison pour me blinder comme tu dis. Mais avant cela on va chez Mme Dubaï prendre quelque tissus pour l’offrir à Aicha. Pour l’instant, je veux juste lui montrer que je ne suis pas son égal. Le reste on avisera.
- Tu as l’argent ?
- Non je suis à sec…
- Ne compte pas sur moi pour te dépanner, je paye toujours tes foutues dettes jusqu’à présent, j’ai vendu tout mon or à cause….
- Chi maman, qui t’a demandé quelque chose. Je vais lui payer moi-même. Malick ne m’a pas encore donné mon takou deune (argent pour le préjudice porté).
- Tu le lui demandes dès demain. Il ne reste que quatre jours pour que tu reprennes ta fonction alors fais vite ; sinon il va faire semblant et ne rien te donner. Je connais les hommes et je suis sûre que ton mari est en train de dépenser des fortunes pour cette gamine.
- Inchalah, ne t’inquiète pas.
Moi qui voulais me coucher très tôt pour avoir une bonne mine le lendemain, je ne suis entrée dans ma couverture que vers minuit. J’ai été obligée de suivre ma mère dans ses délires. Elle a versé son ‘sâfara’ partout dans la maison, ensuite elle m’a fait un de ses bains, ah.
Là, je suis couchée sur mon lit mais je n’arrive pas à dormir. Pourquoi je m’inquiète autant de cette rencontre ? La dernière fois que j’ai vu Aicha, j’avais juste envie de l’étrangler et aujourd’hui elle vient me voir en tant que la femme de mon mari. Pourrais – je supporter de les voir enlacer, heureux. Mon Dieu donne-moi la force de passer ce jour, c’est vraiment difficile. Ha les hommes, ils ne se contentent pas seulement de te poignarder mais ils reviennent remuer le couteau dans la plaie.
Malick : la dispute
Retour à la réalité. Nous sommes rentrés hier mercredi, mon client Emire refuse qu’un autre me remplace pour son dossier. Je pense que le gars avait des vues sur Aicha et que c’est une sorte de punition qu’il me fait. Quoi qu’il en soit, nous sommes revenus à Dakar. Je suis passé dans la foulée au bureau pour prendre quelques dossiers. Quand j’ai vu tout le changement que mon collègue a apporté au dossier j’étais choqué. Ce con allait tout droit vers la catastrophe. J’ai travaillé tout le reste de la soirée afin de remettre tout en ordre. Il le fallait d’autant que j’ai réunion avec Emire le vendredi. Par contre, j’ai été déconcentré à plusieurs reprises par Aicha. J’ai adoré son regard adorateur, amoureux qu’elle n’arrêtait pas de me lancer. Elle flatte mon égo et me donne l’impression d’être le seul homme sur terre.
Comme ma mère m’appelait tous les jours pour savoir quand j’allais amener sa belle – fille à la maison. J’ai voulu faire d’une pierre deux coups. Ainsi, j’ai convié toute la famille à la maison. J’espère que tout va bien se passer. Je me méfie de la rencontre entre Aicha et ma famille. Même si je me conduis avec légèreté devant elle, je suis stressé jusqu’au bout des doigts. Mais comparé à elle, c’est autre chose. Debout devant l’armoire depuis presque une demi – heure, madame se ronge les oncles comme pas possible en sortant ses habits un à un. Moi, je suis habillé depuis belle lurette. Je regarde ma montre, il est presque midi alors je me lève et m’approche doucement d’elle en l’enlaçant.
- Laisse-moi choisir pour toi, lui chuchotais – je en déposant une bise sur son délicieux cou. Elle prend un grand air et va s’assoir sur le lit avec lassitude. Je pouffe de rire sans le faire exprès.
- S’il te plait, ne te moque pas de moi. Tu es sûr qu’Abi ne va pas me bouffer tout cru ? Je ne suis pas de taille face à elle dé, un seul crochet d’elle et je suis Ko. Tu as vu ses bras ?
J’éclate de rire, cette fille est trop drôle comme son frère. Je prends rapidement une robe Diezner verte émeraude et la lui donne.
- Ce n’est pas trop simple comme habit ? J’ai vu ta femme à la soirée et….
- J’aime la simplicité et cette robe est très belle Aicha. Je suis sûr que cela va t’aller à ravir. Habille-toi maintenant ; sinon on va vraiment être en retard. Elle me regarde encore une fois avec la mine d’un chat mouillé.
- S’il te plait Aicha, je t’assure que tout va bien se passer.
- Si tu le dis. Elle se lève et jette sa serviette sur le lit avec désinvolture me laissant une vue magnifique sur son corps qui est à peine couvert d’un ensemble noir de sous-vêtement en dentelle. Thièy mon pauvre cœur, cette fille ne se rend même pas compte de l’effet qu’elle me fait et le pire c’est que je ne me rassasie pas. Nos regards se croisent et elle se dépêche de faire descendre la robe en me faisant un bon shipe qui me fait éclater de rire. Cinq minutes après elle était déjà prête.
Dans la voiture, j’essaye de détendre l’atmosphère mais rien à faire, elle s’est enfermée dans un silence profond qui finit par m’agacer.
- Je te dis que tout va bien se passer. Pourquoi tu ne me crois pas toi aussi. Je me gare sur le rebord du trottoir et me tourne vers elle en détachant ma ceinture. Je lui prends les deux mains et vois qu’elle tremble un peu. Elle est vraiment stressé-là. Je dépose une bise sur chacune d’elle et lui dis : Abi est une femme très démonstrative, mais elle n’oserait jamais faire quelque chose pour te nuire. Nous avons grandi ensemble donc je la connais bien. Aujourd’hui elle va sortir toute son artillerie pour te rendre jalouse et te faire douter. Elle va raconter pleines d’histoires de nous deux, elle va te montrer à quel point elle est complice avec ma mère et mes sœurs et que sais – je encore.
- Et qu’est – ce que je devrais faire ?
- Rien, juste la laisser faire son numéro. Toi, tout ce que je te demande c’est d’être toi-même et surtout de ne pas entrer dans son jeu. Si elle dérape, je saurais la recadrer. D’accord ? Elle sourit à peine et fait oui de la tête. Je m’approche d’elle et l’embrasse fougueusement jusqu’à réveiller oncle sam. Je me détache d’elle et pose mon front contre le sien en lui murmurant : Qu’importe ce que tu vas voir ou entendre, sache juste que tu détiens mon cœur et que tu es la personne qui m’est la plus chère au monde. Ta sincérité, ton naturel et ta générosité me comblent de bonheur. Aucune femme n’a jamais réussi à faire battre autant mon cœur, ni à m’émouvoir au point de vouloir sacrifier tout ce que j’ai pour un simple sourire. Tu n’as pas à me prouver quoi que ce soit car je t’appartiens déjà. Elle sourit grandement et encercle ses mains autour de mon cou.
- Je t’aime tellement, dit – elle avec émotion. Nous restons ainsi un moment et quand je redémarre la voiture, je retrouve mon Aicha : souriante, drôle et énergique.
Comme je l’avais prédit, Abi nous a reçus avec une joie débordante. Quand elle a ouvert la porte, mon cœur a fait un grand bond, elle ne sait vraiment pas rater. Pipipipe. Aicha et moi, on s’est regardé spontanément quand elle s’est détournée.
Nous étions les premiers à arriver sur les lieux à part sa mère bien sûr qui s’est d’ailleurs dépêchée de rejoindre la cuisine après les présentations. Occasion idéale pour moi de parler avec les deux femmes de ma vie. Elles étaient assises l’une à côté de l’autre. Cheute come Yalla ak Yâlli (on dirait l’eau et le feu). La différence entre mes femmes est phénoménale.
Je prends un grand air avant de commencer mon discours. Il faut que je choisisse mes mots et pour un avocat, cela ne doit pas être un problème.
- Je voudrais dire quelques mots avant que les autres n’arrivent. Tout d’abord je tenais à te remercier Abi d’avoir bien voulu recevoir Aicha chez toi afin de faire connaissance. Je ne vous demande pas d’être les meilleures amies du monde mais pour moi il est primordial que vous ne soyez pas des ennemies encore moins des concurrentes. Je ne suis pas un homme parfait mais qui me connait sais que j’essaye toujours de donner le meilleur de moi-même et d’être juste et équitable envers les autres. Vous êtes deux femmes merveilleuses et vous avez promis toutes les deux de me rendre heureux. Alors sachez que mon bonheur dépendra d’abord de la paix qui régnera entre vous deux. D’accord ? Elles acquiescent toutes deux le sourire aux lèvres. Ouf ! J’espère que tout ira bien, pensais – je.
Une demi-heure plus tard, les parents de Aicha arrivent avec un panier rempli de fruits. Ils sont un peu gênés devant tant de luxe mais je les ai vite mis à l’aise. C’est vrai que la maison est très belle et bien décorée même si je trouve que le salon a fini par ressembler à sa propriétaire. Il y a trop de statues, trop de tableaux, trop de tout. Finalement il ressemble plus à magasin de décoration qu’autre chose. Mais Abi adore cet endroit comme on dit les gouts et les couleurs ne se discutent pas. Avec Aicha, ça n’est pas la même chose. Nous avons tout choisi ensemble. Cela a été plus un partage qu’autre chose. Elle m’a laissé acheter quelques petits trucs d’homme pour moi. Aujourd’hui, je me sens plus chez moi et plus à l’aise dans ce petit appartement que dans cette grande maison. Arrête de faire des comparaisons Malick me dit une voix.
Après les avoir installés, je suis allé chercher Abi à la cuisine. Malgré ma commande chez le traiteur, elle a tenu à préparer notre plat national, le thiéboudieune. Quand je la ramène au salon, c’est un grand silence qui accompagne son entrée avant que tous se lèvent pour répondre à son bonjour chaleureux. Dès qu’elle sort Menoumbé lance :
- Waye Malick maala fan nak (je t’admire quoi). Tu es un vrai guerrier toi, c’est ce qu’on appelle « awa bouri keureume» (expression qui veut dire la première femme est la maitresse de la maison). En tout cas, je t’avertis tout de suite Aicha, n’essaye même pas de la défier parce que je ne te viendrais pas en aide. J’éclate de rire. Aicha et son père font pareil contrairement à sa mère qui reste silencieuse. Maintenant qu’elle a vu Abi, elle doit surement avoir peur pour sa fille. Si seulement elle savait.
- C’est vrai qu’elle est très belle mon fils. Tu as l’œil, ajoute tante en faisant un sourire forcé.
- Une vraie drianké dans le vrai sens du terme, reprend Aicha en gloussant. Le veinard, finit- elle en me tapant sur l’épaule. Je suis heureux qu’elle au moins, ne semble pas affectée par les artilleries d’Abi qui je dois dire à encore sortie ses bazookas. Aujourd’hui, elle a décidé de mettre une jolie taille basse qui fait bien ressortir son gros balcon, ses deux salamaleykoums (hanches) et yendoul ak diam (au revoir qui veut dire fesse). Ensuite malgré ses 1 mètre 75, elle est juchée sur de haut talon rouge assorti à son habit. Son nouveau tissage lui arrive jusqu’aux fesses et elle a mis ses gros bijoux en or que l’on voit à 1000 kilomètres. Son parfum se sent dans toute la maison, elle a surement dû se verser toute la bouteille et je ne parle même pas de l’odeur de l’encens qui nous a accueillis. Heureusement que j’ai averti Aicha à temps.
Ma mère et mes sœurs arrivent en même temps que les enfants. S’en est suivi un vrai brouhaha. Aicha nous a quittés un instant pour aller aider à la cuisine. Bref la rencontre se passe merveilleusement bien. Même si je n’apprécie pas trop le fait que ma mère passe son temps à parler en peulh à mes sœurs. Pourtant elle ne dit rien d’intéressant mais c’est juste un clin d’œil à Aicha du genre ta culture sérère-là tu l’as met à la poubelle. Heureusement que mes beaux-parents ne l’ont pas suivie dans son délire. A un moment, n’y pouvant plus je lui lance en peulh.
- C’est vraiment incorrect et mal poli d’avoir des invités et de s’exprimer dans une autre langue.
- Je ne suis pas wolof mon fils.
- Eux aussi et ce n’est pas pour autant qu’ils expriment leur langue alors arrête.
- Tant pis pour eux, moi je ne nierais jamais ma culture ni ma langue….
- Il a raison maman, tu es en train de gêner tout le monde, dit Oumi ma sœur et alliée. Ma mère se lève, bredouille des mots avant de sortir du salon énervée. Je vois Astou (la dernière de ma mère) essayer d’ouvrir la bouche mais mon regard la dissuade aussitôt. Après ce petit incident, les choses reprennent la normal, Abi n’arrête pas de venir vers moi pour m’offrir des amuse-gueules par ci, de la boisson par là avec de petite caresse à gauche et à droite. J’étais sûr qu’elle allait être au petit soin pour montrer qu’elle est diongué (coquine). Aicha, quant – à elle, se fait toute discrète et discute tranquillement avec les autres femmes surtout avec Oumi. Je savais d’avance qu’elles allaient s’entendre parce que ma sœur est sans façon, d’une gentillesse et d’une simplicité sans pareille. Contrairement à Astou, je m’entends merveilleusement bien avec elle et on partage beaucoup de choses.
Je ne peux m’empêcher de me tourner vers Aicha et quand nos regards se croisent, elle me lance toujours un joli sourire. J’avais tellement envie qu’elle s’assoie près de moi et que je la sente dans mes bras. Yémal lagnou wakhe (reste tranquille mec).
Vers 15 heures, nous prenons enfin le déjeuner autour de deux grands bols et toujours dans une belle ambiance. Mes deux femmes étaient assisses chacune à côté de moi. Abi fidèle à son rôle de séductrice ne se gêne pas de me faire avaler de temps en temps de la nourriture comme je l’avais fait avec elle il y a quelques jours. A un moment je lui ai juste jeté un regard noir et elle a arrêté. Après le déjeuner nous nous sommes tous installés au salon où Menoumbé s’est proposé de faire le thé. Je l’aime bien ce mec, il est sans façon. Mouha vient nous rejoindre avec sa femme Ndoumbé. Alors imaginez l’ambiance, c’est des rires en a plus finir. A un moment, j’intercepte un message muet qu’Abi fait à sa mère avant de se lever et de prendre les escaliers. Une minute plus tard sa mère la rejoint. Je compte dix secondes avant d’aller voir ce qui se passe. Elles ont sursauté jusqu’au plafond quand j’ai ouvert la porte.
- Qu’est-ce que vous manigancez, dis – je en m’approchant.
- Pas grande chose, on on on…. Je la pousse et ouvre la valise qu’elle a essayé tant bien que mal de cacher. Il y a à peu près une dizaine de tissus, des boites d’encens et que sais – je encore. Je voulais juste lui offrir un cadeau de bienvenue balbutie Abi, en fuyant mon regard.
- Pourquoi es-tu si coincée ? Tu éprouves toujours le besoin de montrer que tu es riche.
- Pas le moins du monde, s’offusque-t-elle. Malick, c’est notre ada (tradition). La téranga sénégalaise est ancrée en nous.
- On entend par téranga sénégalaise le fait de partager et de communier ensemble exactement ce qu’on est en train de faire en bas et cela n’a rien à voir avec tes trucs-là. Toi, tu veux montrer à ta coépouse que vous ne boxez pas dans le même ring.
- Je…..
- Abi quand est – ce que tu me respecteras ?
- Mais je te respecte, dit-elle apeurée.
- Quand on respecte son mari, on doit lui demander son avis avant de faire quelque chose. On doit accepter et défendre ce qu’il est et non comploter tout le temps derrière son dos. Tu sais aussi bien que moi que je n’ai jamais approuvé ces bêtises.
- Je croyais sincèrement que ça allait te faire plaisir mon fils. C’est moi qui lui ai donné l’idée, explique ma belle – mère. Je ne regarde même pas vers sa direction et m’adressant toujours à Abi, je lui lance.
- Bon, on doit se demander où nous sommes alors descendons vite. Je ne veux surtout pas voir cette valise en bas.
- Mais Malick elle m’a offert un parfum, il faut bien que je lui donne en retour quelque chose, dis Abi d’une voix triste.
- Quand tu viendras la voir chez elle, tu lui offriras quelque chose. Ce n’est pas une question de concours Abi. Cheuteute, ne m’énerve pas, la discussion est close, crie- je. Je tourne les talons et sors de la chambre, les dents serrées.
Dès que j’entre dans le salon, ma mère me demande en peulh, ce qui se passe ? Rien lui dis – je. Je viens m’assoir près d’Aicha. J’avais vraiment besoin d’être prêt d’elle. Elle me serre la main et me fait un de ses sourires qui me calme de suite. Abi nous rejoint une minute plus tard et me lance un regard de reproche. Je me rends compte que je tiens Aicha bien au chaud dans mes bras. Je me détache légèrement d’elle et lui fait signe de venir s’assoir sur le bras du fauteuil histoire d’équilibrer un peu. Thieuy, la vie de polygame.
Une heure plus tard, Abi sort les albums photos de nos voyages, nos cérémonies et autres. Comme un haut-parleur, elle parle et parle encore. Ensuite, elle sort ses albums de mariage et de baptême, dix en tout. Je ne savais pas qu’elle en avait autant, lii. Ma mère n’a pas pu s’empêcher de jeter quelques piques en racontant combien sa belle fille chérie l’avait gâtée les jours du mariage et du baptême. Que jamais de sa vie, elle n’a reçu autant de cadeaux et patati et patata. La moutarde commençait à monter en crescendo surtout avec les rires exagérés d’Abi. A un moment, tante Dibore s’adresse à Aicha en sérère et celle – ci lui répond avec un sourire forcé. Son père prend le relai, son ton est calme mais strict. Ma belle – mère répond en disant wassanam (pardon). Quand ma mère commence à énumérer ce que la mère d’Abi a donné pour le mariage de sa fille, je l’interromps.
- Il est presque l’heure de partir. Oumi, tu veux bien faire visiter la maison à mes invités s’il te plait. Cette dernière se lève rapidement et leur demande de la suivre. Abi veut faire partie du lot mais je lui fais signe de se rassoir. Mouha me regarde genre laisse tomber mec mais c’est trop tard je suis déjà à bout. J’attaque direct quand je sais qu’ils sont assez loin.
- Ecoute moi bien maman, que ça soit la première et la dernière fois que tu abaisses Aicha et sa famille. Elle veut parler mais je la devance. Non non non, j’ai fini par accepter qu’Abi soit ton toutou ; mais avec Aicha, il en est hors de question. Alors arrête tout de suite d’impulser la concurrence entre mes femmes car je ne l’accepterais pas. Ta voracité va finir par te perdre ah. Je me lève et sors du salon en claquant la porte. J’entends ma mère crier
- Fils ingrat, tu vas voir…,
Mouha me rejoint dans le couloir.
- Hihihi, tu es fou de parler comme ça à ta maman. Ce n’est pas bien, toi aussi.
- Fallait pas me provoquer ship.
- Calme-toi mec. Tu sais, ce n’est pas une bonne idée de t’emporter ainsi pour des paroles insignifiantes que ta mère a dit comme ça en l’air.
- Des paroles qui dénigrent et insultent ma femme.
- Mieux vaut ça que d’avoir ta mère sur le dos de ta femme. Car si tu continues à la défendre avec autant de véhémence, tante Sokhna va en vouloir à Aicha et aller en guerre contre elle.
- Alors elle me trouvera sur son chemin Mouha.
- Dans une guerre chacun y laisse des plumes. Tu le dis toujours, un mauvais arrangement vaux mieux qu’un bon procès.
- Je ne suis pas comme toi Mouha, je n’ai pas peur d’affronter ma mère quand elle dérape. A cet instant, Aicha revient avec ses parents toujours le sourire aux lèvres, tenant mon fils ainé Abdou dans les bras.
- Devine le beau prince que j’ai croisé, dit – elle en donnant une bise à mon fils qui rigole tout heureux.
- Regarde-moi ce veinard, descend tout de suite. On se chamaille encore un peu avant qu’il ne sorte en courant. J’enlace ma femme qui me tire l’oreille.
- J’espère que tu as été sage ? Je saisis l’allusion et lui souris.
- Comme un gant mon amour, je me baisse pour l’embrasser.
- Hey astahfiroulah, pas ça s’il vous plait, dit mon beau – père. On se tourne vers lui avant d’éclater de rire et de rejoindre les autres. Dès que ma mère me voit, son visage se refermer comme une tortue de mère. Les choses risquent de s’envenimer si on reste alors je déclare.
- Il se fait tard alors nous allons vous laissez.
- Déjà, dit Abi avec surprise. Je ne lui réponds pas, elle m’a vraiment énervé. Je croise les mains attendant que les au-revoir se fassent. Oumi s’approche de moi et me dit.
- Tu ne payes rien pour attendre, je pars une semaine en voyage et monsieur se mari derrière mon dos. J’ai vu comment tu la regarde, l’amoureux va, me taquine – t – elle avant d’ajouter : ta femme est vraiment belle et très gentille, je l’aime beaucoup. Je vous invite dimanche comme ça on parlera calmement.
- Ok ma belle, salue Djibi de ma part et embrasse-moi les enfants. Je me retourne, fais signe à Aicha et tourne les talons.
A part ma mère, tout le monde nous raccompagne vers la sortie. Abi me fait une bise sensuelle en me prenant dans ses bras. Je réponds pour ne pas la vexer. On se dit au revoir promettant de remettre cela. Dans la voiture c’est silence radio, je n’ai pas envie de parler tellement je suis énervé par le comportement de maman.
Aicha : coquine
Quand Malick est énervé, ses yeux changent de couleur et sa mâchoire n’arrête pas de se crisper et se décrisper. Je préfère le laisser se calmer avant de lui demander ce qui s’est passé. J’espère sincèrement qu’il ne s’est pas disputé avec sa mère car je ne veux vraiment pas que l’on me taxe de femme embrouilleuse. Je sens que ma belle – mère va m’en faire voir de toutes les couleurs. Hum, on verra. Par contre, il ne s’est pas trompé sur Abi. La pauvre s’est donnée tellement de mal pour m’impressionner que j’ai fini par avoir pitié d’elle. Peut – être qu’un jour elle va arrêter ce jeu stupide de concurrence quand elle se rendra compte et verra que je suis sans façon et que ces démonstrations ne me font ni chaud ni froid.
Arrivé à l’hôtel, mon mari se dépêche d’aller dans la douche, une minute après j’entends la chasse d’eau. Je prends un ensemble de pagne blanc tissé à la main bien coquin et quelques bin bin (collier de taille). Il faut bien que je le détende non ? Quand il ressort de la douche, il est toujours énervé et se dirige vers la penderie. Je me dépêche de prendre ma douche en amenant mes salagne salagne (coquetterie). Quand je ressors, Malick est en train de tapoter énergiquement sur sa machine.
- Chéri ! Il lève les yeux et se fige avant de refermer doucement son ordi. Je m’approche de lui en une danse de hanche sensuelle. Cette fois, il sort ses trente-deux dents…
J’entends Malick, chantonner et faire des va-et-vient dans la chambre comme si je ne dormais pas ish. Le gars m’a bien secoué la nuit, il faut bien que je me repose.
- Aicha, bouge tes fesses et sort de ce lit.
- Hum c’est trop bon, je commençais à m’habituer à la grasse matinée. Aie, il vient de me taper très fort le derrière. S’il voulait me réveiller c’est réussi. Je descends du lit en boudant, direction la douche.
- Tu as cinq minutes sinon….
- Shhhiiiiippppp
- Hé femme, tu me chipe encore tu vas voir ?
- Qu’est – ce que tu vas faire ? Il fait un pas et hop je cours comme une gazelle m’enfermer dans la douche en riant.
A la sortie, je le retrouve assis sur le fauteuil en costard, les jambes croisées et tapotant sur son ordi. Il relève les yeux et comme à chaque fois, son regard se voile de désir. Hum une idée me vient à l’esprit, j’adore le taquiner. Je déambule des hanches et va dans mes habits. Ensuite je viens me mettre en face de lui et commence à m’habiller. Je porte d’abord un petit slip en dentelle marron dont les côtés sont en chainette or.
- Tu aimes ce slip, dis – je en me tournant doucement sur moi-même. Il ferme son ordinateur et prend un grand air avant de remuer la tête.
- Tu es Satan en personne Aicha, dit – il en se levant et en ramassant rapidement ses affaires. Je t’attends en bas, shim finit-il en sortant comme une fusée de la chambre. On dirait que je lui ai fait peur kèh kèh kèh… Nous n’avons pas encore parlé de ce qui s’est passé hier, peut – être à mon retour. Au fond, je me dis que ce n’est pas la peine.
Quand nous sommes arrivés au bureau, c’est des bonjours Mme Kane tout polis que me lancent les employés que je croise. La puissance de Malick eh. Dès que les portes de l’ascenseur se sont ouvertes, Suzanne m’accueille les bras grandement ouverts, le sourire triplement agrandi. Un boulot énorme m’attendait et je n’ai pas levé le bout de mon nez dès que j’y ai plongé. Même le déjeuner a été pris à la va vite. Je n’ai pas revu mon mari depuis qu’il s’est enfermé dans son bureau, lui aussi doit être submergé. Il est 16 heures quand Suzanne m’annonce qu’on a une réunion improvisée avec Emire et qu’on aura besoin de moi comme interprète.
Quand j’entre dans la salle, Malick s’y trouve déjà. Il me fait son beau sourire avant de tapoter à côté de lui. Dès que je m’assoie, il me fait une bise suggestive et me murmure à l’oreille.
- Je suis excité depuis ce matin à cause de….Suzanne approche le faisant taire mais j’ai compris.
- Aicha va t’assoir la – bas sinon Malick ne va rien faire de bon et arrêtez de vous faire des bises à gauche et à droite. Je me lève et avant de décaler, je lui murmure à mon tour à l’oreille.
- Je me sentais à l’étroit avec ce slip alors j’ai finalement décidé de ne rien mettre. Avant que je me relève, il me tient par la main.
- Tu veux dire que tu ne portes rien là là ?
- Non rien du tout, lui répondis –je de manière espiègle.
- Malick Kane laisse la main de cette fille tranquille, on dirait que tu vas te jeter sur elle. Et toi Aicha arrête de provoquer l’enfant d’autrui, ishe. Ici c’est un lieu de travail alors un peu de retenue finit-elle sur un ton qu’elle voulait dur.
Emire, qui est arrivé cinq minutes plus tard, nous a félicités en se moquant au maximum de Malick avant qu’on entre dans le vif du sujet. C’est un vrai homme d’affaires qui ne badine pas et qui sait poser des questions quand il faut. Durant toute la réunion, Malick adopte un air froid et professionnel sans un regard vers ma direction. Le mec joue aux durs kéh kéh. Je suis devenue une vraie vipère moi. Je me souviens du film qu’il m’a fait regarder il y a une semaine : Femme fatale. La fille croisait et décroisait lentement les jambes devant l’inspecteur qui savait qu’elle ne portait rien en dessous. Alors je me mets à faire la même chose même si ma jupe n’est pas aussi courte que celle de l’actrice. J’ai failli éclater de rire quand Malick demande à Suzanne d’allumer le clin alors que celle – ci l’est depuis. On a chaud han, le pauvre. Je pouffe légèrement et c’est un regard noir qu’il me lance m’obligeant à me tenir sage durant tout le reste de la réunion. Je crois que je l’ai fâché, oups. La réunion se termine vers 17h et nous quittons le bureau une demi-heure après et le gars ne me regarde toujours pas. Dans la voiture.
- Tu es fâché ?
- Non, dit – il sans me regarder, une veine vient de danser sur sa mâchoire.
- Mo Malick tu es vraiment fâché, ne dit pas le contraire. Il tourne cette fois son visage vers le mien. Son regard est indescriptible, mêlé de colère et de désir et que sais – je encore.
- Ce n’est vraiment pas professionnel ce que tu as fait à la réunion. J’ai dû tenir mes dossiers entre mes jambes pour raccompagner Emire tellement j’étais tendu. J’éclate de rire, il a raison, je l’ai vu. Aicha, je ne blague pas dé.
- C’est toi qui as commencé ce jeu Malick.
- Je t’assure que quand j’en aurai fini avec toi tout à l’heure, il ne te traversera plus l’esprit de me charmer ainsi au bureau.
- Je n’ai pas peur de toi, ship.
- Ah bon, dit – il en fronçant les cils. Wallahi tu vas voir le méchant qui dort en moi aujourd’hui, mena ce-t-il calmement beaucoup trop calmement. Ehé le gars a juré dé taye rék ma dé (je suis foutue).
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 4 : la mauvaise annonce la bonne“]
Aicha : à la découverte d’Oumi
Aujourd’hui c’est samedi, Oumi, la sœur de Malick, nous a invités chez elle. Malick dit que c’est une femme en or et son binôme dans la famille. En tout cas je ne suis pas aussi stressée que jeudi passé.
Hier, mes parents m’ont vraiment sauvé la mise. Dès que nous avons franchi la porte, Malick m’a directement attaqué. C’était à la fois sauvage et excitant. J’ai gouté au piment du Nigéria en intégralité. Hi Allah. Mon portable s’est mis à sonner et après dix minutes d’insistance Malick m’a laissé répondre. C’était Papa, il était en ville avec Maman et voulait passer pour découvrir chez moi. Avant même qu’il ne finisse sa phrase, j’ai dit oui. Ça nous a fait plaisir de voir autant de joie sur leur visage quand on leur a fait visiter l’appartement. Malick me dira plus tard qu’il avait peur qu’on lui reproche de m’avoir installé dans un petit appartement pendant que son autre femme vit dans un palace. J’en ai ri pendant une minute. On est différent sur un point, je trouve toujours qu’il en fait trop avec moi alors que lui a l’impression que ce n’est pas suffisant. Quand ils sont partis, le gars m’a encore culbuté et cette fois j’ai vraiment dansé la zumba.
Tu penses à quoi, demande mon cher mari en entrant dans la douche.
Tu es vraiment méchant Malick, je ne peux même pas m’assoir correctement.
Ça t’apprendra femme.
Regarde-moi, ce sauvage rék, tu ne payes rien pour attendre.
Ah bon, parce que tu as encore l’intention de faire quelque chose, demande-t-il en me regardant malicieusement.
Je te vois venir, n’y compte même pas. J’ai eu ma dose d’une semaine et sort d’ici avant que ton esprit tordu là reprenne le dessus. Il a éclaté de rire avant de m’embrasser et de tourner les talons.
Nous sommes arrivés chez Oumi vers 14 h car nous sommes d’abord allés acheter quelques présents. Oumi nous a reçus avec un grand sourire, pas ces sourires jaunes comme celui d’Abi ou de ma belle-mère. Elle m’a fait plein de bises, m’a tournoyé et m’a encore prise dans ses bras. Son accueil si chaleureux m’a détendu de suite. On sentait à quel point c’était sincère. C’est une femme d’une beauté époustouflante et pleine de joie. Elle ressemble beaucoup à Malick, le même trait de visage, le même sourire, certain gestes et autres. Malick me fait savoir que sa sœur est une grande commerçante avec trois boutiques à Dakar et cinq dans les régions.
Dès que nous nous sommes installés dans le salon, elle nous a pressés pour qu’on lui raconte notre ‘histoire d’amour’. Mon mari lui a raconté comment nous nous sommes rencontrés, combien il s’est trompé à mon compte, la victimisation d’Abi pour nous séparer etc, etc. Sans l’accident peut – être nous n’en serions pas là. Oumi était comme une enfant qui regarde la belle au bois dormant. Elle n’arrêtait pas de rire, de sursauter, de s’exclamer et surtout d’être heureuse pour nous deux. Je sentais vraiment que j’allais avoir une nouvelle amie. Par contre, j’ai trouvé bizarre le comportement de son mari. Il est resté à peine cinq minutes avec nous avant de disparaître. On ne l’a revu qu’au moment du déjeuner durant lequel, il a essayé tant bien que mal de paraitre poli. Après le repas, il s’est excusé en prétextant une urgence et est parti. Oumi s’est levé pour l’épier par la fenêtre. Quand elle s’est retournée, elle m’a fait un clin d’œil.
Enfin seule ma chérie, je reviens tout de suite. Elle sort de la maison en courant. Je regarde Malick qui éclate de rire en remuant la tête. Cinq minutes plus tard, elle revient avec une valise qui parait très lourd, vu comment elle la tirait.
- C’est quoi ? Demande Malick en fronçant les cils.
- Ce n’est pas ton affaire. Il faut bien que je gâte ta femme après tout ce que tu as fait pour moi.
- Tu ne me dois rien Oumi.
- Je te dois tout Malick. Ils se défient une seconde avant que mon mari lève les mains au ciel en signe d’abdication. Quand elle ouvre la valise, j’étais éblouie de voir autant de tissus, les uns plus beaux que les autres.
- Wawe, c’est magnifique, dis – je en prenant le premier. Il ne fallait pas toi aussi. J’ai déplié, plié et à un moment je me tourne vers Malick.
- Tu veux bien choisir pour moi car ils sont tous magnifiques.
- Choisir, mais tout est à toi dit Oumi en éclatant de rire. J’ouvre grand les yeux et la bouche.
- Quoi ? Non non non, toi aussi, je ne peux pas, c’est….
- Ce n’est rien Aicha, je t’assure. Je suis si contente de voir enfin mon frère si heureux que je suis prête à te donner une de mes boutiques entière wallay. Tu regarderas de plus près à la maison. S’il te plaît Malick va le mettre dans ta voiture avant que Souleymane ne débarque.
- J’ai remarqué son silence. Vous avez encore des problèmes.
- Pas des moindres. J’ai fait exactement ce que tu m’avais dit il y a un mois et là il boude.
- C’est bien, tu commences à avoir du caractère. Fier de toi, dit – il en prenant la valise.
- Qu’est – ce qu’il t’avait dit, demandais – je à Oumy avec curiosité.
- Ben, tu sais ma belle-famille et même ma mère n’arrêtaient pas de me piller comme des sangsues. Il ne se passait pas une semaine sans qu’une d’elle ne vienne à une de mes boutiques prendre un tissu. A la longue, j’allais mettre la clé sous le paillasson puisque tous mes bénéfices passaient par elles. Ca fait six mois que je n’ai pas acheté de marchandises. C’est ton mari qui m’a prêté de l’argent pour aller à Dubaï il y a un mois. Mais avant de partir j’ai programmé un déménagement clandestin de toutes les boutiques. Aujourd’hui personne ne sais où sont les nouvelles, même pas ma mère. Depuis une semaine, on me lance toute sorte de pression et d’insultes…
- Surtout n’abdique pas, je te connais, lui lance Malick en revenant.
- Ne t’inquiète pas. Je suis faible mais pas bête. L’avenir de mes enfants est au-dessus de tout. Dans trois mois au plus, je te rembourse car les caisses commencent à se remplir, dit Oumy en se frottant les mains.
- Je ne suis pas pressé ma grande. Et les enfants, ils reviennent quand ? Elle se tourne vers moi.
La sorcière les a pris ce matin et comme je suis déjà à couteaux tirés avec Souley, j’ai laissé passer. En ce moment ils me cherchent avec leurs provocations tous azimut mais je ne répondrai pas. Tu as une chance inouïe Aicha d’avoir un mari qui te défend toujours devant ta belle famille. Je voulais aussi t’avertir sur ma mère. C’est une femme disons raciste, le genre qui pense que sa race est supérieure à toutes les autres. Alors attend toi à tout venant d’elle.
- Ne fais pas peur à ma femme, tu sais très bien que contrairement à toi, maman n’a aucun pouvoir sur moi.
- C’est vrai. Moi, avant mon mari, je l’avais présenté à un autre et elle a tout fait pour que ce mariage n’ait pas lieu. Au final, elle m’a forcé à me marier avec Souleymane dont la mère est cousine directe de la mienne. Heureusement pour moi que je suis tombée complétement amoureuse de lui après. C’est normal t’as vu comme il est beau.
- Shipp fait Malick à sa sœur. Ecoutez-moi celle – là. Plus amoureuse qu’elle tu meurs. J’ai tendu désespérément la main avant de m’effondrer dans le fauteuil. Ils se sont précipités sur moi affolés.
- Quoi quoi, qu’est – ce qu’il y a, s‘écrie Malick. J’aurai dû faire du théâtre moi. Je prends mon cœur et comme si j’avais du mal à parler, je souffle.
- Tu as dit que plus amoureuse que ta sœur tu meurs, alors c’est ce que je fais. Adieu Malick.
- Moo , dit Oumy avant d’éclater de rire. Malick fronce les cils et me donne une grosse tape à la tête.
- Aie, crie – je, en me massant le crane.
- Toi aussi Aicha, j’ai eu la trouille de ma vie, dit – il en se tenant le cœur. Nous éclatons encore de rire et je m’approche pour toucher sa poitrine qui bat très fort. Hé le gars, il m’aime dé. Je l’ai embrassé tendrement pour lui montrer mon affection. Après cela, on s’est tellement moqué de lui qu’il s’est mis à nous poursuivre partout dans la maison. Nous étions comme des gamins de 6 ans.
Nous avons continué ainsi jusqu’à notre départ. J’étais subjuguée et conquise.
- Ta sœur est vraiment géniale, je l’adore, dis-je à Malick qui se cramponnait au volant.
- Oui elle est extra. Dire qu’il y a sept ans, elle pensait être au bout de sa vie. Je t’assure que je fais semblant mais je déteste son mari. Seulement, ma sœur l’aime et je n’ai pas le droit de m’immiscer dans sa vie de couple.
- D’après ce que j’ai entendu, il est juste comme Mouha et…
- Jamais, il est pire. Attend je te raconte. Je ne sais pas comment maman a réussi à convaincre Papa mais Oumy a été mariée juste après son Bac, à 19 ans. Elle ne l’avait jamais vu mais comme mes parents ont été mariés comme ça et que ça a vraiment marché entre eux alors ils se sont dit pourquoi pas leurs enfants. Bref après le mariage religieux, son mari a demandé à prendre sa femme ce que mon père a par contre refusé. Il disait que sa fille est née et a grandi à Dakar et qu’elle n’allait jamais s’acclimater aux conditions de vie du Fouta. Après un an de tergiversions, son mari, professeur de maths, est descendu à Dakar. Financièrement, mon père l’a beaucoup aidé au début, il a même payé la caution de sa maison à la Sicap. Un mois après la mort de celui-ci, Souleymane est retourné au Fouta en mettant la maison en location. Pendant trois ans, Oumy m’a menti sur sa situation, disant à quel point elle était heureuse, qu’elle vivait seule avec lui dans une belle maison etc… comme j’étais en France, je ne pouvais rien faire. Mais dès mon retour, je suis parti au Fouta pour voir de moi-même. Je n’ai averti personne. Je ne te dis pas dans quelles conditions piteuses je l’ai retrouvée à la grande maison familiale. Le pire est que son mari était retourné à Dakar depuis un an disant qu’il gagnait plus d’argent là-bas qu’au Fouta. J’étais choqué et j’ai tout tenté pour la convaincre de me suivre mais elle a refusé. A mon retour, j’ai fait un gros scandale à ma mère qui jurait qu’elle ne savait pas que le mari d’Oumi l’avait abandonnée la – bas pour venir vivre à Dakar. Bref elle a engagé un bras de fer avec la belle-famille. Mais, plus les jours passaient, plus on se rendait compte qu’il y avait anguille sous roche. J’ai fait mon enquête et j’ai appris que monsieur se la coulait douce avec une autre de mes cousines qui avait à peine dix-sept ans. Malgré cela, Oumi refusait de venir avec nous et disait aimer son mari. Ma mère est allée voir un marabout qui lui a dit que le mari d’Oumy avait pris ses cheveux et ongles et l’avait bien attachée. Je ne croyais pas vraiment à ces trucs mais vu comment ma sœur restait aveuglément avec cet homme, je commençais à douter. Le marabout nous a recommandés de faire réciter le Coran au maximum et de prier pour elle. C’est à cette époque que j’ai compris que ma mère, malgré ces multiples défauts, aimait vraiment ses enfants. Tous les jours sans exception, elle faisait réciter le Coran à la maison. Elle avait engagé 11 garçons rien que pour ça. Au dix-septième jour, on a vu Oumy franchir la porte de la maison avec ses trois enfants. Je ne te dis pas la joie, ce jour-là. Il y avait de l’émotion dans sa voix.
- Waouh ! Mais comment se fait – il qu’elle est de nouveau avec lui.
- Il y a quatre ans, j’ai eu une belle commission dans un de mes procès et j’ai donné la totalité de cette somme à ma sœur qui a ouvert de suite un grand magasin. Mon père disait qu’un cœur en or transforme tout ce qu’il touche en or aussi. Oumi est une femme si gentille et si pieuse qu’en moins de deux ans, sa fortune s’est rapidement fructifiée. Son ex l’a su et est revenu ramper.
- Et elle l’a pardonné ?
- Ce n’est pas pour rien que l’on dit que l’amour est aveugle. Souleymane est son point faible et cela personne n’y peut rien. Mais je te jure que des fois j’ai peur pour elle et je n’ai aucune confiance en cet homme.
- Alors prie toujours pour elle et Dieu la protégera inchalah.
- Inchallah….
Nous sommes dimanche, mon mari et moi, enlacés dans le fauteuil comme des sardines, regardons «Focus », un film de Will Smith. Avec les petites bises qu’il me fait de temps en temps, j’ai bien peur de mettre le film en pause. C’est fou comme en deux semaines seulement Malick a réussi à me changer autant. J’adore faire l’amour et découvrir les plaisirs de la chair humaine. J’aime ce sentiment de quiétude que j’éprouve quand je suis avec lui. Je suis si heureuse que des fois ça me fait peur.
Demain il va commencer à faire la navette et je préfère ne pas y penser pour l’instant. A chaque fois que ça me traverse l’esprit, j’ai un petit pincement au cœur. Il va dormir avec une autre femme, lui faire l’amour, lui dire des mots doux alors forcément ça me fait quelque chose. Son portable sonne. Comme je suis collée de dos à lui, je vois la personne qui appelle : Marianne. Mon cœur fait un bond. Malick raccroche et dépose le portable sur la table basse.
- Pourquoi tu as raccroché, demande – je ?
- Elle va juste me souler alors….
- Ne sois pas trop goujat avec elle. Vous êtes sortis ensemble pendant deux ans, ce n’est pas rien.
- Et qu’est – ce que tu veux que je fasse, demande-t-il un peu agacé.
- Rien, juste que ce n’est pas bien de l’ignorer ainsi.
- Je la connais Aicha et si je me mets à jouer au gentil avec elle, elle va s’incruster dans ma vie. C’est mieux ainsi. Le téléphone recommence à sonner.
- S’il te plaît prends et vois ce qu’elle te veut. Il me regarde deux secondes, avant de décrocher. Le cri derrière le combiné est tellement fort que Malick le détache de son oreille. J’ouvre grands les yeux et lui il raccroche automatiquement. On se regarde de nouveau avant de se tordre de rire.
- Je te l’avais dit, cette fille est complétement maboule.
Nous reprenons notre position et remettons le film en marche. Plus tard, quand je voulus faire le diner, Malick a refusé. Le motif, le gars dit qu’il veut s’imprégner de moi au maximum car il ne va pas être avec moi durant deux jours. Comme si on n’allait pas se voir au bureau, un vrai dramaturge celui-là.
Malick : l’agression
Cette nuit j’ai enlacé très fort Aicha dans mes bras, on dira que j’exagère mais plus les heures passent plus je suis stressé et énervé à l’idée de rester deux jours sans la prendre dans mes bras. Mouha a raison, je ne suis vraiment pas un polygame. A deux reprises, j’ai pris mon portable pour appeler Abi et lui dire que finalement je prends un mois. Mais la connaissant, c’est sûr qu’elle allait me faire un de ces scandales.
Le lendemain nous avons quitté l’appartement en silence. J’ai essayé de faire la conversation mais le cœur n’y était pas, alors je me suis tu. Même si Aicha m’a lancé de temps en temps un sourire histoire de me montrer que tout va bien, je sens qu’elle est dans le même état que moi. Nous descendons de la voiture et je prends sa main.
Au moment où je traverse avec Aicha le hall, quelqu’un tire violement sur mon costume me déséquilibrant. Le temps que je me remette sur les pieds, je vois Marianne en furie attaquer Aicha. Pan, un coup de poing direct sur la mâchoire et un grand coup de pied au ventre. Mon sang fait un tour. En deux temps trois mouvements, je les ai rejoints et j’ai empoigné très fort Marianne avant de lui donner une retentissante gifle qui l’a expédiée au sol. Le temps que je touche Aicha pour voir si tout allait bien, mademoiselle rapplique et cette fois avec plus de hargne. Waw, j’étais sidéré. Comme elle fait des cours de self défense, j’ai eu du mal à la maitriser. J’aurai pu lui donner une belle droite mais c’est une femme alors je l’ai maitrisée jusqu’à l’arrivée de la sécurité. Elle criait si fort en se débattant. Quand mes deux agents ont pris la relève, elle a dit quelque chose qui m’a glacé sur place.
- Je ne sais pas comment ni quand mais je te jure que je vais vous détruire. J’en fais le serment moi Marianne Cissé la fille de son père.
J’ai attendu qu’elle disparaisse de ma vue pour me retourner vers Aicha qui se tenait toujours le ventre. Elle est plus aussi sonnée que moi.
- Ça va ? lui demandais – je
- Oui, un peu secouée c’est tout. Je la prends dans mes bras et sens son cœur battre très fort.
- Excuse-moi mon amour je ne savais pas qu’elle pouvait être si violente.
- En tout cas, la prochaine fois que je la verrais, je fais un sprint direct. Pourquoi tu ne m’as pas dit que c’est la petite sœur de Bruce Lee. J’éclate de rire avant de l’amener vers l’ascenseur.
- Je te promets qu’elle ne s’approchera plus de toi.
- Qu’est-ce que tu as l’intention de faire.
- D’abord porter plainte ensuite engager un processus qui fera qu’elle ne s’approche plus de toi.
- Mo tu ne crois pas que tu exagères, dit – elle en faisant une grimace.
- Tu as mal ? Et si on allait à l’hôpital, dis-je en m’approchant d’elle.
- Hôpital diam? Yaw Malick…
- Aicha, ta joue commence à enfler et tu te tiens toujours le ventre, je…
- J’ai vu pire Malick alors s’il te plait oublions cette histoire. Mon cœur se serre quand elle dit cela.
- J’ai promis de te protéger et elle va regretter de t’avoir attaquée. N’essaye même pas de me convaincre. En plus tu l’as entendu, ne prend pas à la légère sa menace. Elle s’approche langoureusement et se colle à moi.
- La pauvre est juste désespérée et c’est normal : tu t’es vu ? Thiofé, rofé, doré (un homme avec tout ce qu’il faut). Je me retiens de rire.
- Tu es folle. L’ascenseur s’ouvre, je l’accompagne jusqu’à son bureau avant de rejoindre le mien. La première chose que je fais c’est d’appeler Maitre Guirane, il est fort dans les affaires d’agression. Dans notre cabinet, ce qui fait notre fort c’est que dans chaque domaine juridique nous avons un expert. Ensuite, j’ai appelé le chef de la sécurité pour qu’il me procure la vidéo du hall. Une heure plus tard, j’avais tout réglé. Dans moins de 48 heures, elle va recevoir une assignation directe.
Suzanne est arrivée avec la même remontrance du genre je te l’avais dit, cette fille est folle, bref vous savez quoi. Revenu au calme, j’essaye de me concentrer sur un de mes dossiers mais je n’arrête pas de penser à Aicha. Alors je décide d’aller voir si elle va mieux et quelle ne fut pas ma panique quand je l’ai trouvée allongée sur son petit divan. J’ai couru et me suis accroupi.
- C’est quoi ? Tu as toujours mal ? Pourquoi tu ne m’as pas averti.
- Thiey, j’ai un peu mal au bas ventre mais ça va, je….
- Viens on va à l’hôpital. Elle ouvre la bouche…Arrête de prendre tout à la légère. J’ai vu le coup de pied qu’elle t’a donné. Alors tais-toi et suis moi, lui criais – je. Elle se lève en boudant mais fait encore une grimace. La peur qui commençait à monter, s’est intensifiée quand le médecin lui a demandé la dernière fois qu’elle a vu ses règles. J’ai arrêté de respirer en attendant la réponse de Khadija qui tardait à venir.
- Je ne sais plus, dit – elle en me regardant cette fois alarmée. Je n’ai pas l’habitude de regarder la date de mes menstrues. Elle ferme les yeux comme pour réfléchir. Mon Dieu, je ne pourrais pas vous dire la date mais je suis sûre que ça fait plus d’un mois. Vous croyez que… sa voix se casse, je m’approche et lui prend très fort la main en lui donnant une bise sur le front.
- Calme-toi bébé. Elle a commencé à pleurer, moi j’essayais juste de garder mon sang froid au maximum possible alors que je bouillais de l’intérieur. Le médecin lui a tendu un test de grossesse et cinq minutes plus tard, c’est confirmé : Aicha est bel et bien enceinte. Le médecin l’a amené faire un scanner et quelques analyses. Je faisais les cents pas dans le couloir tellement j’avais la frousse. Je vais tuer Marianne si jamais il arrive quoi que ce soit à eux.
Quand j’ai vu le médecin sortir du couloir, je me suis figé mais son sourire rassurant m’a calmé.
- Tout va bien, vous pouvez respirer, dit – il d’un ton taquin. Le coup au ventre fait toujours très mal mais heureusement pour elle, il n’y a pas eu de traumatisme. Le scanner n’a montré aucune blessure interne à part une petite mais vraiment minuscule ouverture de l’embryon. Mon cœur reprend la chamade, il a bien dit ouverture. Ce n’est rien, je vous assure, elle va juste devoir rester deux jours sous surveillance et après elle pourra reprendre ses activités.
- Si elle va bien pourquoi la retenir deux jours. Qu’est – ce que vous me cachez ? Son sourire s’agrandit avant qu’il ne réponde.
- Si vous voulez, elle peut partir seulement les femmes sont têtues et elles ne respectent jamais les consignes données par leurs médecins. Si vous pouvez la surveiller tant mieux. Sachez qu’elle doit rester couchée pendant 48h d’affilée.
- Non je préfère qu’elle reste ici, c’est mieux. Je veux la voir.
- Oui bien-sûr. Suivez-moi. Je la retrouve couché sur le lit, pensive. Le sourire qu’elle me lance est à la fois triste et joyeuse. Je la prends dans mes bras pendant je ne sais combien de minutes.
- Tu es rapide toi, à peine deux semaines et me voilà déjà enceinte.
- Mes petits soldats sont efficaces. Je suis fier d’eux. Elle éclate de rire et moi de même. Mon portable sonne, je regarde c’est Abi, je décroche.
- Tu es où ?
- Bonjour Abi, je ne savais pas que j’ai des comptes à te rendre par rapport à mes déplacements.
- Ecoute Malick, aujourd’hui c’est mon tour et toi tu sors avec Aicha pour aller je ne sais où ?
- Tu es au bureau ?
- Oui bien sûr, cria-t-elle. Tu es où j’ai dit.
- A l’hôpital, Aicha a été agressée ce matin et ….
- Shippp c’est ce que tu as trouvé comme mensonge. Quel hôpital ? J’ai raccroché et mis le phone sous silence avant de rejoindre Aicha.
- Je n’arrive pas à croire que j’attends un bébé.
- J’aurais voulu que ça ne soit pas si tôt.
- Ah bon pourquoi ?
- D’abord parce que je ne pourrais plus te faire certain trucs et en plus tu vas commencer ces caprices de femme enceinte beurk. Elle a commencé par me poser de multitudes de questions jusqu’à finir par s’endormir. Je suis retourné au bureau le cœur plus léger. Suzanne m’attendait toute anxieuse et quand elle a appris la nouvelle, elle a sauté partout dans le bureau. Ensuite elle m’a raconté le petit scandale d’Abi et les insultes qu’elle a proférées quand elle a essayé de lui expliquer ce qui s’est passé.
- Bilay Malick, la prochaine fois je l’affronte malgré sa gabarie.
- Tu es sûre ? Demandais – je d’un ton espiègle.
- Daouda va m’aider, dit – elle incertaine. Je pouffe de rire.
J’ai essayé de reprendre tant bien que mal le boulot et j’ai quitté le bureau vers 18 h. Je suis retourné voir Khadija où je suis resté jusqu’à 20 h.
Avant de démarrer la voiture, je regarde mon portable. Quinze appels manqués : neuf d’Abi, deux de ma mère, un d’Oumi et le reste des clients….. Cette fille a alerté la terre entière dit – donc. Quand je me gare, je suis très remonté contre elle. Je déteste que l’on me manque autant de confiance. Dès que j’entre dans la maison, elle lance les hostilités.
- C’est à cette heure que monsieur se pointe, quel toupet ! Je ne vais pas accepter que tu me manques autant de respect……Je ne l’écoute pas et fais un sprint vers l’escalier. J’entre dans la chambre et enlève mes habits pour finir à la douche en fermant à clé. Je risque de la frapper si je lui réponds. Je l’entends crier derrière la porte et dire du n’importe quoi. Je sens que je vais craquer même si j’ai promis à Aicha, avant de partir, de lui parler calmement. J’ai pris tout mon temps pour prendre mon bain et en sortant madame s’est calmée et pleure silencieusement couchée dans son lit. Je me suis dirigé vers l’armoire ou j’enfile ma tenue de prière. J’ai prié pendant longtemps d’abord pour me calmer ensuite pour remercier Dieu du don qu’il venait de me faire. Quand je me lève de ma natte de prière, Abi s’approche de moi en disant.
- Tu viens manger, j’ai….Le regard que je lui lance la fait taire de suite. Tu tu… elle se tait et baisse la tête. On dit souvent que la première réaction de la jalousie c’est la folie, la deuxième le regret.
- Tu sais ce que je déteste le plus dans ton attitude, c’est le fait de vouloir jouer les victimes et donner l’impression au monde entier que je t’abandonne parce que j’ai épousé une autre femme.
- Ce n’est pas…
- Tais-toi quand je parle, criais – je si fort qu’elle a sursauté. Pour qui tu me prends Abi, ton copain ? Parce que je suis gentil avec toi, tu te permets de m’insulter quand cela te chante. Tu me traites encore de menteur ou un de ces dérivés et je te jure que tu verras mon côté sombre. Mon portable sonne, c’est ma mère, je décroche avec hargne.
- Enfin tu daignes répondre à ta mère, c’est quoi cette histoire ? Malick, je ne veux pas que tu trahisses ta femme pour….
- Maman criais – je. Est-ce que tu me connais injuste ?
- Non mon fils.
- J’ai amené Aicha à l’hôpital parce qu’elle a eu un accident alors qu’elle est enceinte. Le médecin l’a retenue pour deux jours puisqu’elle a une petite ouverture. Tout en parlant, je regarde Abi qui ouvre grand avant de se tenir la bouche.
- Je ne savais pas mon fils. Elle va mieux ? Abi croyait…
- Abi se comporte comme une enfant en jouant les petites filles impolies et jalouses. Avec moi ça ne marche pas car je n’ai ni le temps ni l’envie de jouer au chat et à la souris, encore moins de me justifier comme un gamin de quinze ans. Si elle continue dans cette lancée, elle va me perdre.
- Ne dis pas ça mon fils. Repose-toi et demain on en reparlera plus calmement. Aicha est dans quel hôpital.
- Clinique royale.
- J’irai la voir demain et je parlerai avec Abi. Félicitation mon fils, je t’aime tu sais.
- Moi aussi maman, merci maman, dis – je avant de raccrocher. Je m’assois sur le bord du lit, c’est vrai que la fatigue émotionnelle est plus forte que la fatigue physique. Abi vient s’agenouiller devant moi en me présentant des excuses. Je l’écoute à peine et m’allonge. En ce moment, la seule chose dont j’ai envie c’est d’être à côté d’Aicha…. C’est trop dur.
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 5: Le retour du démon“]
Abi : voyance
Je n’ai pas dormi cette nuit. Mon mari me boude et en plus je viens d’apprendre que ma coépouse est enceinte. Elle n’a pas trainé celle – là. Voilà une qui veut bien ferrer son mari, pif. Je me suis tournée et retournée dans le lit remettant en question tout. Est – ce trop tard pour récupérer mon mari ? Où est – ce que j’ai failli ? Quand je retourne en arrière, je me dis que peut – être que j’aurai dû être plus à son écoute, j’aurai dû faire plus de compromis. Je me suis plus focalisée sur le plaisir des autres que sur celui de mon mari. Il m’a toujours reproché le fait de n’être jamais à la maison, le fait de gaspiller autant d’argent dans ces fêtes, en un mot le fait d’être la femme de sa famille. Les choses entrainant les autres, on a fini par s’éloigner l’un de l’autre car je n’en ai fait qu’à ma tête. Aujourd’hui, je veux reconquérir mon mari mais je m’y prends très mal avec cette jalousie qui me ronge chaque jour un peu plus. Ma mère m’appelle tous les jours pour qu’on aille chez le fétichiste. Elle veut que je ferre mon mari et qu’il n’ait d’yeux que pour moi. Mais je n’ai jamais aimé ces trucs, je n’y crois même pas sinon comment se fait – il que mon père ait quitté maman ? Boff…
C’est dans ces réflexions que je finis par me lever pour aller regarder un film, je ne sais même pas vers quelle heure je me suis endormie sur le fauteuil.
- Abi, Abi… réveille-toi… Je soulève lourdement les yeux. Son parfum d’after shave me titille les narines. Malick se tient accroupi devant moi me regardant avec dédain. Le temps que je me relève, il avait tourné les talons. Je remarque qu’il est déjà habillé, pourtant il fait encore sombre. La montre indique 6H21. Je m’étire grandement et me lève rapidement pour suivre ces pas.
- Tu es bien matinal, lui dis – je avec hésitation. Il continue son chemin et va ouvrir le frigo pour un sortir du jus d’orange. Toujours sans me regarder ni dire un mot, il va s’installer à la table à manger pour se servir un verre. Je déteste quand il m’ignore comme ça. Je me dirige vers le placard et commence à m’acquitter de mon rôle de femme. Quand je dépose les pots de café et de sucre devant lui, il dit en se levant.
- Merci mais je suis pressé.
- Il est à peine 6 heures et demi Malick, il faut qu’on parle….
- De quoi, demande t – il en croisant les bras sur sa poitrine, le visage très attaché. Je balbutie un tout petit.
- Excuse-moi pour hier, je ne savais pas pour Aicha, balbutiais – je en baissant la tête.
- Ok, répond-il froidement avant de tourner les talons. Je lui prends rapidement le bras.
- S’il te plaît Malick, c’est déjà assez dur pour moi, hoquetais – je. Il reste quelques secondes sans bouger, alors que mes larmes tombaient à grosse gouttelettes sur ma joue. Sans que je m’y attende, il me prend dans ses bras et me serre très fort.
- C’est énervant et décevant de voir que tu me manques autant de confiance et de respect.
- Je suis désolée, j’ai tellement peur de te perdre.
- Dans ce cas arrête tes crises de jalousie, arrête tes trucs de concurrence et autres. Tous ce remue-ménage ne sert à rien Abi et je te l’ai dit apprend à mieux me connaitre au lieu d’entrer dans des futilités qui vont finir par m’éloigner de toi.
- Je vais changer Malick pour toi, je ferai tout. Il se détache de moi, essuie ma joue et me donne une bise.
- Il faut que j’y aille maintenant, à ce soir bébé. Je réponds à son sourire, toute heureuse.
- Ce soir, tu auras une belle surprise.
- Sucré ou pimenté, répond-il d’un ton espiègle. Mon sourire s’agrandit encore plus, comme j’aime cet homme.
- Les deux à la fois.
- Petite coquine, j’attends de voir, finit-il en me pinçant la joue avant de partir.
Comment se fait – il que les hommes exercent autant de pouvoir sur nous. Ils te trompent ou te trouvent une coépouse et c’est toujours nous qui continuons à courir derrière eux, toujours. Hier j’étais en pleure total, complétement découragée. Il a suffi qu’il me sourit pour que je fonde comme une glace au milieu du soleil de midi, thim niak diom (sans aucun courage).
Il est presque huit heures quand je dépose les enfants à la maison, direction chez Fatou, la voyante. Depuis dix jours ma mère me harcèle pour qu’on aille la voir mais je préfère y aller toute seule. Il faut le reconnaitre, je dois arrêter d’écouter ses conseils. Qu’est – ce que cela m’a apporté, rien du tout, au contraire. Si je suis aujourd’hui dans cette situation avec Malick c’est surtout à cause d’elle. A quoi bon de bâtir une maison sans toit. Ma mère m’a toujours dit qu’en mettant la famille de mon mari dans la poche c’est sûr qu’il allait être totalement à moi. J’ai suivi ma mère dans ses délires en faisant fi des protestations de mon mari. Voilà le résultat, le gars me remercie en prenant une autre femme.
Devant le grand immeuble des HLM qui se tient devant moi, je ferme les yeux, tentant de me rappeler l’étage où se trouve Fatou la voyante. Cela fait plus de deux ans que je ne suis pas venue mais ma mère elle, c’est chaque mois. Je me suis finalement dit, à quoi bon de prédire tout le temps l’avenir si on sait qu’on ne peut pas échapper à son destin ? Alors vous vous demandez surement ce que je fais ici ? J’ai peur, vraiment peur que cette fille n’utilise la sorcellerie pour me séparer de Malick. Il faut que je sache ce que l’avenir me réserve dans ce mariage à trois. Et si Fatou confirme mes doutes alors je prendrais mes précautions.
Dès que je suis entrée dans la maison, elle m’a reçu. J’ai bien fait de venir tôt car à partir de 10 h, les clients commencent à s’affluer alors qu’elle ne reçoit que dix par jour. En tout cas, son métier de voyante est très rentable puisque chaque séance est taxée à dix mille francs. On m’a fait patienter pendant plus d’une demi-heure dans la salle familiale bien décorée à l’africaine. De deux fois, j’ai entendu Fatou rouspéter dans le couloir.
- Alors ma fille, tu es bien matinale, dit Fatou avec une mine bien fâchée.
- Bonjour maman, excuse-moi de te déranger si tôt mais je doublerais la séance.
- Hum, sourit – elle avant de disparaitre et de revenir avec mes matérielles. Elle lance ses cauris sur son gros plateau multicolore fait de tige de cocotier. Pendant cinq à dix minutes, j’ai écouté le son presque musical des cauris qui virevoltaient entre ses mains avant de se disperser sur le plateau. Elle est si concentrée qu’elle te donne l’impression d’être seule au monde. Mon cœur bat tellement vite qu’il va exploser d’une minute à l’autre. Et là elle relève la tête et me regarde en plissant les yeux.
- Je vois beaucoup de jours sombres devant toi ma chérie. Tu vas avoir beaucoup de problèmes avec lui.
- Va- t – il me répudier, demandais – je d’une voix cassé.
- Non, je n’ai pas vu ça mais tu vas souffrir.
- A cause d’elle ? Est – ce qu’elle utilise la sorcellerie ?
- Non mais votre mari n’a d’yeux que pour elle et c’est ce que vous n’allez pas supporter. Je frissonne en entendant ce qu’elle vient de dire.
- Est – ce qu’il y a un moyen pour que mon mari revienne vers moi ?
- Ce n’est pas la peine puis ce que le mariage ne durera pas. Je me redresse en la regardant droit dans les yeux.
- Vous pouvez répéter.
- Ils vont se séparer rapidement, au plus un an de mariage.
- Ah bon ? Comment ? Pourquoi ?
- Je ne sais pas ma fille. Je ne peux pas voir la vie d’une autre mais là je sais juste qu’ils vont se séparer.
- Pour toujours ?
- Je ne sais pas. Comme je vous l’ai dit je ne peux voir…
- Ok, ok j’ai compris. Et mon mari, il va revenir vers moi.
- C’est tout ce que j’ai vu.
- Merci, dis – je avec un grand sourire. En la quittant je suis tellement soulagée et si heureuse. Ils ne vont pas rester ensemble et c’est tout ce qui compte pour moi.
Malick : la plainte
J’ai eu une nuit affreuse tellement je pensais à Aicha. Je sais que c’est égoïste mais je n’ai envie d’être qu’avec elle. Quand j’entre dans la chambre, je la trouve bien endormie. J’ai enlevé ma veste et mes chaussures et je me suis faufilé dans le lit. J’avais trop envie de la prendre dans mes bras, de sentir sa respiration, la chaleur de son corps. Tout de suite elle s’est réveillée et m’a lancé un de ces regards qui me fait fondre.
- Tu m’as manqué tu sais, dit – elle d’une voix ensommeillée avec les yeux à demi clos. Je lui donne une bise et la serre encore plus dans mes bras. J’ai senti le désir monter, il ne faut pas mec, me sermonnais – je. Elle se relève avec son sourire moqueur et fait non de la tête.
- Petit voyou, n’y compte même pas.
- T’inquiète, je ne vais rien faire, c’est qu’avec lui je ne sais plus quoi faire. Je n’arrive pas à le discipliner.
- Amène-le à l’armée. On éclate de rire.
- Au fait j’ai dit à ma mère que tu es enceinte, elle est toute heureuse et va surement passer te voir. Oumi aussi…
- Suzanne est passée hier.
- Oui elle m’a dit.
- Et Abi ?
- Elle était là quand je l’ai dit à ma mère.
- Carrément. Tu aurais pu faire une annonce à la télé.
- C’est une bonne idée ça.
- Malick Kane, toi aussi, je suis seulement à dix jours et toi tu ameutes toute la planète.
- Je ne vois pas où est le mal.
- Ma mère a raison dé, tu es un vrai toubab. Tu aurais dû attendre que la grossesse soit au moins à deux ou trois mois….
- Pif, ne me dis pas que tu crois à ces bêtises. Elle ne dit rien et me donne l’impression d’avoir peur pour quelque chose.
- Tu crois….Non laisse tomber.
- S’il te plaît dis-moi. Qu’est – ce qui te tracasse ?
- Je ne veux pas que tu le prennes mal.
- Dis-moi lui souriais – je pour l’amadouer.
- J’espère qu’Abi n’est pas le genre à user de sorcellerie pour atteindre mon bébé. J’ai de suite reculé
- Ne te fâche pas s’il te plaît, c’est juste que j’ai grandi dans une famille où j’ai vu et entendu toute sorte de méchanceté entre coépouse, frère et sœur et encore….
- Tu as raison, ma mère m’a aussi raconté plein de trucs de ce genre et ma sœur en est l’exemple parfait. Mais avec Abi, tu n’as rien à craindre. Je la connais depuis toute petite et je peux te jurer qu’elle ne fera rien pour te nuire. Elle va juste sortir ces artilleries et m’en mettre plein la vue. Tu devrais te réveiller toi aussi et commencer ces trucs de femmes-là qui font chavirer les hommes. Car si Abi continue sur cette lancée humm….je plisse les yeux et me mord la lèvre. Je n’ai jamais vu Aicha jalouse c’est pourquoi je la taquine. Elle me frappe sur l’épaule en riant, avant d’ajouter.
- Déjà que tes piqures me fatigue si je me mets à te charmer tu vas m’achever finalement. Elle n’a qu’à bien te gâter jusqu’à tu n’es plus assez de force quand tu reviens chez moi.
- Je suis insatiable quand il s’agit de toi, lui murmurais – je avant de lui mordre l’oreille. J’ai senti son corps frémir et ses yeux virer au marron. Tu es trop réceptive Aicha ; si je m’écoute, je vais te faire l’amour-là et tout de suite. Je suis parti m’assoir dans le fauteuil loin d’elle pour diminuer la tension. Nous avons continué à nous taquiner et je l’ai quitté vers neuf heures. Elle voulait coute que coute y aller avec moi et m’a supplié de mille façons. J’ai fini par accepter que Suzanne lui amène quelques-uns de ses dossiers à traduire. Avant de quitter la clinique je suis passé voir le docteur pour avoir tous les papiers concernant son hospitalisation. Le fait qu’elle ait failli perdre ce bébé à cause de cette… me met encore plus en colère. Elle va me le payer et le plus tôt sera le mieux.
Je suis arrivé au bureau vers neuf heures et quelques et j’ai tout de suite appelé Maitre Guirane. Il m’a fait savoir qu’elle recevra la plainte avant midi. Je lui ai remis le dossier de l’hôpital et lui ai demandé d’accélérer ma requête auprès du juge. Je ne voulais plus que cette folle s’approche de moi ou de ma femme à plus de cent mètres. Maitre Guirane m’a fait savoir qu’il avait rendez – vous avec le juge dès lundi. Soulagé, je me reconcentre sur mon dossier. J’ai essayé tant bien que mal de reporter mon voyage vers la Guinée mais je vois que c’est impossible. Si je n’y vais pas, je risque de perdre mon client. Bref j’étais hyper concentré quand la porte du bureau s’est ouverte brusquement avec Mr Cissé le père de Marianne à l’entrée.
- Je suis désolé Monsieur, mais il n’a pas voulu attendre que je l’annonce, dit Daouda en essayant de le retenir par le bras.
- C’est bon Daouda. J’ai beaucoup de respect pour cet homme car il a réussi là où beaucoup ont échoué. Aujourd’hui avec sa marque, les tissus africains se vendent un peu partout dans le monde. Sa faiblesse est sa petite fille chérie. Il me regarde avec une telle haine que j’en frissonne mais je ne me laisse pas décontenancé, au contraire.
- Que puis – je faire pour vous, demandais – je avec mépris. Il fait un rictus amer et lève les bras au ciel.
- Je veux rompre le contrat qui me lie à votre cabinet.
- D’accord, je vais rassembler les dossiers et vous l’envoyer d’ici mercredi, dis – je avec détachement. Il se fige et me regarde décontenancé. Il croyait surement que j’allais le supplier ou lui dire que je laisse tomber pour sa fille. Shhhip, il ne me connait pas.
- Vous avez vraiment de toupet Malick Kane. Alors que je suis occupé à soigner le cœur brisé de ma fille, vous revenez à la charge pour l’achever. Vous croyez que je vais vous laisser faire ?
- Vous a t – elle dit au moins ce qu’elle a fait ?
- Sa réaction est tout à fait normale. Ma fille est tombée amoureuse de vous dès le premier jour de cette fameuse réunion. Vous lui avez fait croire à un mariage pendant deux ans et l’avez jeté comme un kleenex.
- Vous êtes son père et c’est normal que vous croyez en sa version. Mais sachez que notre histoire est finie depuis le jour où elle m’a demandé de choisir entre ma première femme et elle. Je le vois tiquer mais continue de me regarder méchamment. Ce mariage avec votre fille, je le voulais mais elle m’a imposé cette condition que j’ai refusée. Alors je n’ai rien à me reprocher. Hier ma femme a failli perdre son bébé à cause de sa sauvagerie. Les vidéos sont là, le dossier médical aussi. Cette fois il s’assoit sur la chaise devant moi et se prend le visage entre les deux mains. J’ai soudain pitié de lui mais la sécurité de ma femme est primordiale et Marème est une fofolle. Mieux vaut prévenir que guérir.
- Ecoutez maitre, je suis vraiment désolé pour ce qui s’est passé et je vous jure que je veillerais à ce qu’elle ne s’approche plus de toi et de ta femme.
- Vous n’avez aucune emprise sur votre fille alors…
- Quand je le veux, oui ! me coupe t – il. Je ne dis rien et il continue. J’ai ouvert une grande boutique à Dubaï et je comptais l’envoyer là-bas le temps qu’elle se ressaisisse. Mais avec votre plainte, elle risque d’avoir une interdiction de sortie. Alors retirez là s’il vous plait. En plus je ne veux vraiment pas perdre un si bon avocat. Je reste une minute pensif avant de lui répondre.
- D’accord mais je vous jure que la prochaine fois j’irais jusqu’au bout. Il me sourit et se lève en me tendant la main que je prends avec soulagement. Au moins un problème de réglé, quoi qu’on dise, je ne voulais pas perdre un client aussi important.
Marianne : la revanche
Je suis dans mon appartement à tourner comme une lionne en furie parce que j’ai reçu la plainte de Malick ce matin. Comment peut – il me faire ça, moi Marianne Cissé, il va voir de quel bois je me chauffe, le traitre. Cette grue n’a encore rien vu ah. J’ai failli avoir une attaque quand j’ai appris ce mariage. Pourquoi autant de précipitation et surtout avec elle. Cette fille n’a rien de spécial, une vraie souillon.
- Salut ma chérie. Je me tourne vers Idrisse qui vient de sortir de ma chambre. Sa chemise blanche déboutonnée, son pantalon ouvert à moitié, il me regarde avec un sourire qui en dit long sur ce qu’il pense. On vient juste de faire sauvagement l’amour. Cet homme est le seul à m’apaiser quand je suis en ébullition. Il boutonne sa chemise tout en s’approchant de moi à pas de fauve. Il m’enlace tendrement en me faisant une bise mouillée à mon cou. Tu m’avais manqué tu sais dit – il.
- Hum, ne te fais pas trop d’illusion mon cher. J’avais juste besoin d’être divertie. Il se détache de moi et me lance un regard indéchiffrable.
- Qu’est – ce qu’il a de plus que moi Marie.
- Je suis sûr et certain que tu ne l’aimes pas et que c’est juste ton orgueil de fille gâtée qui ne supporte pas le fait qu’il t’a laissé pour cette fille. Je recule au maximum et ouvre mon peignoir le laissant admirer mon corps de rêve.
- Je ne suis pas une femme que l’on laisse tomber Idrisse et tu es bien le premier à le savoir. Ces yeux se voilent de désir.
- Tu es trop sûre de toi et comme avec Malick, tu risques un jour de me perdre. J’éclate de rire en tapant les mains.
- Toi, tu m’appartiens, quant – à Malick, il reviendra vers moi Idrisse. C’est juste une question de temps.
- Malick n’est pas un homme à perdre facilement son sang-froid. Ce que j’ai vu le jour de la fête de l’entreprise me prouve grandement qu’il est fou de cette fille.
- Moi je suis sûre qu’elle l’a ensorcelé, cette fille ne m’arrive même pas à la cheville. S’il te plaît, tu peux disposer.
- Marianne je t’aime et je sais que c’est réciproque. Tu….
- Arrête de te bercer d’illusions.
- Tu m’aimes mon amour, tu es juste butée pour le reconnaitre. Comment expliques – tu que tes yeux brillent quand tu me vois, que tu vibres autant dans mes bras. Le désir disparait après des années mais avec toi c’est chaque jour plus fort, plus intense, plus sucré. Alors arrête de te voiler la face et laisse toi aller.
- Va-t’en je te dis, hurlais – je énervée, peut – être parce que je sais qu’il dit la vérité.
- Je ne peux pas te tourner le dos, pas pour l’instant mais un jour je le ferais. Comme Malick, tu vas me courir derrière et ce sera trop tard. Il prend rageusement sa clé de voiture avant de tourner le dos pour partir. C’est à cet instant que quelqu’un sonne à la porte. Je me précipite et lui prend le bras. Il me lance un regard noir. Qu’est – ce qu’il me fait celui-là.
- S’il te plait Idy, toi aussi, roucoulais – je histoire de l’amadouer.
- Non et non. J’en ai marre de me cacher comme si j’étais de la merde, cria – t – il. Merde c’est sûr que la personne derrière la porte l’a entendu. Quel con. Prions que cela soit ma petite sœur. La sonnerie se fait plus pressante, Idrisse pousse ma main et va ouvrir. Taquicardi à cent : mon père, jute. Il nous regarde avec surprise à tour de rôle.
- Bonjour monsieur Cissé dit Idrisse en lui tendant la main avec un sourire crispé. Papa lui répond en plissant les yeux.
- Maitre Idrisse qu’est – ce que vous faites ici ?
- Je suis une amie à votre fille, bégaya – t-il en me jetant un regard furtif.
- Mieux demande papa d’un ton condescendant en croisant les mains en position de défense.
- De toute façon, il s’apprêtait à partir alors laisse le tranquille. Au revoir Idrisse. Ce dernier sort en rouspétant je ne sais quoi et je m’empresse de fermer la porte avant qu’il n’ajoute quelque chose. Le temps que je me tourne vers Papa, il m’attaque direct.
- Tu ne sais vraiment pas ce que tu veux. Malick a raison, tu n’es qu’une pourrie gâtée.
- Papa arrête, tu ne sais même pas ce qu’il est venu faire ici.
- Tu me prends pour un con ? Depuis une semaine, je me fais un sang d’encre pour toi alors que mademoiselle est en train de prendre du bon temps avec un collègue de l’homme qu’elle dit ne pas pouvoir vivre sans.
- Tu me connais, c’est juste une sorte de vengeance.
- Pour qui ? Malick n’en a rien à foutre de toi. heureusement que la fille n’a pas perdu sa grossesse sinon je te jure que moi-même je n’allais pas te défendre.
- Elle est enceinte demandais je en ouvrant grand les yeux ?
- Oui bien sûr et j’ai donné ma parole à Malick de te faire quitter le pays à condition qu’il retire sa plainte. Je m’assoie sur le fauteuil écoutant à peine ce que venait de dire mon père.
- Je comprends maintenant pourquoi autant de précipitions. J’éclate de rire en tapant les deux mains. La fille là est intelligente dé. Rien de plus rapide que de se faire engrosser par un homme aussi responsable que Malick. S’ils n’ont pas encore fait de mariage civil, le mariage religieux n’est pas valide alors….
- Tu m’écoutes ? Cria mon père me faisant revenir à la réalité.
- Chi papa, laisse-moi tranquille. J’ai déjà assez de souci comme ça.
- J’ai déjà réservé ton billet, tu pars demain à….
- Je t’ai déjà dit que je ne le ferais pas papa, c’est trop facile, criais – je en me levant.
- Tu n’as pas le choix, c’est soit ça ou je te coupe les vivres. Mon sang a fait un tour alors que je m’apprêtais à entrer dans ma chambre. Je me tourne doucement pour lui faire face afin d’être sûre de ce qu’il venait de dire.
- Tu peux répéter ?
- Tu m’as très bien entendu ma fille. Fait ton choix, finit – il en traversant le salon.
- Tu blagues n’est – ce pas ?
- Ne prends pas l’avion demain et tu verras si je blague ou pas. Il claque la porte violement me faisant sursauter. C’est la première fois de ma vie qu’il me menace de me couper les vivres. Je comprends sa colère et sa déception. Ca fait une semaine que je pleurs dans ses bras pour qu’il rompt son contrat avec Malick et voilà qu’il me surprend avec un autre homme. Mon père n’est pas du genre à parler en l’air au contraire. Je vais partir le temps que sa colère se dissipe.
Je prends rapidement mon portable et compose le numéro de Jean. Il décroche à la troisième sonnerie.
- Que puis – je faire pour la plus belle de toute.
- Oui c’est ça. Tu es un vrai dragueur, arrête de te fatiguer, tu n’es pas de poids.
- Hum, toujours aussi insolente.
- Toujours bébé. Passons. J’ai besoin que tu m’enquête sur une fille. Elle s’appelle Aicha Ndiaye travaille avec Malick. Tu sais le gars dont je t’avais demandé d’enquêter il y a de cela deux ans.
- Ah oui le fameux homme de tes rêves.
- Oui celui-là, il vient d’épouser cette fille sortie de je ne sais d’où. Alors je veux tout savoir d’elle, son passé, son présent, son futur. Tout de A à Z ;
- Tu me connais, un bon chèque et je te déniche même sa vie antérieure.
- Ton prix sera le mien et chaque os déterré de sa vie auras une prime sur ton salaire.
- Intéressant, quelle femme ne cachent pas quelque chose dans sa vie. On vous connait dit – il en éclatant de rire.
- Si tu le dis. Je pars en voyage pour un mois tout au plus alors met toi au travail.
- A vos ordres chef. Je raccroche, le sourire aux lèvres. A nous deux Aicha, quand j’en aurai fini avec toi, tu vas regretter d’être née.
Wilane : le retour
Enfin j’ai une nouvelle d’elle et depuis hier je n’arrive pas à me tenir sur place. C’est comme si je venais de retrouver un grand trésor qui avait disparu au fin fond de l’océan atlantique.
Je n’ai jamais compris pourquoi je n’arrive pas à oublier Aicha. Pourtant je connais tellement de belles femmes, trop belles même alors pourquoi elle. Mes amis disent que je suis masochiste et je vais finir par les croire. Je suis complétement obsédé par une fille que j’ai vu qu’une seule fois et qui plus est, m’a tiré dessus. Aujourd’hui elle est ma plus grande convoitise. La seule chose que je veux c’est la posséder, elle sera mon plus beau trophée alors vivement que je la retrouve. Cinq ans et mes hommes n’arrivent toujours pas à mettre la main sur elle. Je me rappelle encore de ces fameux jours où le garde du corps Niangue devait m’amener ma princesse. J’avais tout préparé pour l’accueillir et j’ai longtemps attendu au salon avant de l’appeler. Dès que je suis tombé sur la boite vocale, j’ai eu un mauvais pressentiment. J’ai dépêché mes hommes à Thiès pour le retrouver et aucune trace de lui. Le salaud avait pris les malles avec sa femme. Ça a pris trois jours à mes hommes pour retrouver la maison d’Aicha et là même constat, elle avait aussi disparue. Je suis entrée dans une colère noire et plus les jours passés plus l’étau se resserrer, personne ni dans sa famille ni dans celui du maire ne savait où elle était passée.
La même chose aussi pour Aicha et personne dans Thiès ne savait où il avait déménagé. Ils n’ont même pas le pire est qu’aucun des parents proches d’elle ne….. Après une semaine d’investigation, il s’est avéré que Niangue avait acheté la maison du papa d’Aicha avant de prendre les malles. Mes hommes l’ont cherché partout même du côté de sa grand-mère maternelle. Mais cette dernière disait toujours n’avoir pas de nouvelle de sa fille ni de son gendre. J’ai compris que Niangue a dû les avertir pour qu’ils disparaissent ainsi sans laisser de trace. Trois mois plus tard alors que je commençais à être découragé, on m’apprit que la nouvelle locataire de l’ancienne maison d’Aicha n’était autre que la belle mère de Niangue. J’ai dépêché Fusille, mon homme de main pour régler le problème à Thiès. Le but de son déplacement était de provoquer un accident à sa belle-mère, ce qui obligerait Niangue ou sa femme de rappliquer. Il s’est juste introduit dans sa chambre la nuit et lui a injecté un poison qui provoque direct une crise cardiaque. Ils allaient juste croire à une mort naturelle et une semaine plus tard, la femme, comme prévue arrive. Un des hommes s’est incrusté durant les cérémonies de deuil et nous appris que la dame n’habitait plus au Sénégal. Seulement elle prenait soin de ne pas révéler où elle vivait maintenant. Surement que Niangue l’avait averti ou quelque chose de ce genre. Pour ne pas amener de soupçon, Fusille a attendu qu’elle rentre pour la faire suivre. Le salaud vivait maintenant en Guinée Equatorial où il avait ouvert une grande superette. Fusille a attendu le soir pour débusquer ce salaud. Pendant une semaine, il l’a torturé mais rien, juste qu’il a vendu la maison au père d’Aicha en l’avertissant de mes intentions. Et surement que ce dernier a fait comme lui c’est-à-dire disparaitre. J’ai demandé à ce qu’on lui coupe la tête et qu’on m’amène la photo pour calmer ma colère.
Un an plus tard, Fusille a fait le même procédé avec la famille de Aicha en truand un oncle mais rien, aucune trace d’eux. J’ai fait assassiner trois hommes pour rien. J’étais découragé. Je l’ai fait rechercher pendant deux ans avant de laisser tomber.
Mais hier soir, surprise, j’ai une nouvelle d’elle. Mon homme de main avait une taupe dans la grande maison familiale, en fait c’est son cousin. Il lui a promis une belle récompense pour tout renseignement sur Aicha. Et ce dernier après cinq ans nous appelle pour nous faire savoir qu’une de ces tantes avaient appelé pour annoncer son remariage avec un homme hyper riche. Cette nouvelle a été comme un poignard dans mon cœur. Mais j’étais heureux car enfin j’allais la retrouver et tant pis pour le gars qui l’a épousé car Aicha Ndiaye m’appartient.
Tout ce temps, elle était ici à Dakar et moi comme un fou, je l’ai recherché dans la sous-région. Je n’ai pas dormi de la nuit, ce n’est plus qu’une question de jours ou même d’heures. Aicha, j’ai hâte de te retrouver. Ma muse.
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 6 : la vérité“]
Astou, mère de Malick : le message
Je m’habille avec peu d’enthousiasme pour aller voir Aicha, ma belle – fille. Je ne sais pas pourquoi, mais elle ne me dit rien qui vaille. Je ne la connais pas vraiment, raison pour laquelle je suis sur mes gardes. Toutes les mères sont anxieuses, intrusives et surtout possessives avec leurs fils. Voir Malick si épris de cette femme, me fait peur. Elle surement va avoir une grande emprise sur mon fils. Ne dit – on pas que l’amour rend aveugle et Oumi en est l’exemple patent. Son mari lui en a fait voir de toutes les couleurs et pourtant elle reste avec lui. Malgré tous les efforts, je n’arrive pas à tourner la page sur ce qu’ils ont fait endurer à ma fille. Mais, je comprends cette dernière puisque je l’ai éduquée ainsi. Pour moi, la femme authentique est celle qui met sa vie au service de sa famille. Est – ce que Aicha est prête à tous les sacrifices pour mon fils, a t – elle l’âme d’une battante, d’une femme généreuse prête à partager, accepter et surtout à se dévouer à Malick et à sa famille. Si elle est comme Abi, je crois que je pourrais la supporter malgré le fait qu’elle soit d’une ethnie différente. Non pas que je sois raciste mais je veux que tous mes petits fils adoptent nos traditions et parlent couramment le toucouleur.
J’arrive à l’hôpital une heure plus tard. J’appelle mon fils pour lui demander dans quelle chambre se trouve sa femme et me voilà dans le couloir. Devant la porte j’entends une discussion alors instinctivement je m’approche de la porte à pas de loup. Pendant cinq minute, je n’ai entendu que des murmures alors je me décide à entrer sans frapper. Elles sursautent toutes les deux avant de me faire un sourire jaune. Le ton est donné, elles ne m’aiment pas et c’est vice – versa.
- Salamaleykoums, mes chères.
- Moualeykoums salam disent – elles en cœur. Je me tourne vers la maman de Aicha
- Ndiaye
- Sall
- Ndiaye
- Sall
- Et la famille ?
- AL Hamdoulilah
- Ndiaye
- Alors ma fille, tu vas mieux ?
- Oui Allhamdoulilah. Ce n’était pas la peine de faire le déplacement, je…
- Bien sûr que je dois venir sinon mon fils croirait que je ne vous porte pas dans mon cœur, ce qui est tout – à fait injustifié.
- Jamais il n’oserait croire en cela….
- En tout cas, il était fâché contre moi pour je ne sais quoi ? Bref, félicitions pour le bébé, je suis très contente.
- Merci maman. Je tique un peu, je n’aime pas qu’elle m’appelle maman, c’est trop intime, trop personnel. Je prends un grand air avant de continuer.
- Bon je vais être directe. Vous avez surement remarqué que je suis un peu réticente à votre égard. Eh bien c’est parce que vous êtes sérère et j’ai peur que vous inculquiez votre culture à vos enfants et pas la nôtre. Moi j’y tiens énormément, c’est une chose très importante pour moi et j’ai beaucoup veillez à ce que tous mes petits-fils reçoivent la même éducation que mes enfants. Est – ce que je suis assez claire. Elle me sourit mais cette fois avec plus chaleureusement.
- Ne vous inquiétez pas, ma mère ici présente m’a toujours fait comprendre que quelle que soit la culture de son mari, nous nous devons de les adopter et surtout de nous dissoudre dedans. Ce n’est pas pour rien que mon nom a laissé place au leur. Je me suis tournée vers sa maman qui, elle aussi me souriait mais c’était surtout un sourire de moquerie. Je n’aime pas cette femme. Depuis que je suis là, elle n’a pas ouvert la bouche, insolente shim. Comme si elle avait lu dans mes pensées, elle ouvre enfin la bouche.
- Votre grand boubou est très joli. J’ai dit un petit merci, je suis restée encore quelques minutes avec eux avant de prendre congé.
Je suis sur le chemin de retour quand je reçois un message d’un numéro que je ne connais pas. J’ouvre et j’ai failli avoir un AVC quand je lis.
« Le mariage de votre fils avec Aicha n’est pas valide car elle était déjà enceinte avant le jour j. »
J’ai lu et relu le message dix fois avant d’appeler directement Malick complétement paniquée. Il décroche à la deuxième sonnerie.
- Bonjour Maman, tu as vu Aicha ?
- Oui répondis – je d’un ton colérique. Elle est enceinte de combien de jours ?
- Dix pourquoi ?
- Ce n’est pas ce que le message qu’on vient de m’envoyer dit.
- Quel message, demande t – il avec calme.
- Je te l’envoie répondis – je avant de raccrocher énervée. Cinq minutes plus tard il me rappelle et cette fois c’est lui qui est énervé.
- Tu peux me donner le numéro de téléphone de celui qui te l’a envoyé ?
- C’est ta réponse ? Malick, tu ne m’as jamais vu en colère. C’est quoi cette histoire. Tu oses épouser une fille qui est déjà enceinte alors que tu sais que ta religion…
- Maman arrête crie – t – il, ce n’est pas vrai, pour qui tu me prends toi aussi ?
- Pour quelqu’un de très amoureux et qui est prêt….
- T’as pas entendu ce que je t’ai dit, c’est faux, Aicha est tombée enceinte après le mariage. D’ailleurs je n’ai jamais couché avec elle avant alors s’il te plaît envoie le numéro. Je suis sûr que c’est Marianne.
- C’est qui Marianne ?
- Une longue histoire maman, je n’ai pas envie de parler d’elle.
- Alors ne me mêle pas de tes histoires si tu comptes me cacher des choses ah. Je raccroche sans plus attendre, énervée au plus haut point. Je ne sais pas si ce message qu’on m’a envoyé dit vrai mais je vais ouvrir grand les yeux. Si Aicha accouche avant les neufs moi, mon fils va voir ma colère passer.
Aicha : l’héritage
Je ne sais pas pourquoi, mais depuis hier, j’ai une grosse boule au fond de ma gorge, comme un mauvais pressentiment. Je ne l’ai pas dit à Malick ce matin pour ne pas le stresser mais j’ai appelé ma mère pour lui apprendre d’abord la bonne nouvelle, ensuite pour lui demander de prier pour moi et de faire quelques offrandes. De suite elle a commencé à me poser mille et une questions. J’ai fini par craquer et lui raconter ce qui s’était passé. Une heure plus tard elle était là en mode panique. Vous connaissez les mamans, j’ai l’impression dès fois qu’elles ont mémorisé la signification du mot exagéré dans le dictionnaire. Je n’ai pas osé lui dire que toute la famille du côté de Malick savait déjà que j’étais enceinte. Mais quand ma belle-mère est passée, je n’avais plus le choix. Avez-vous déjà vu une sérère en état de panique ? Je ne vous le souhaite pas. Elle était comme une abeille en ruche, ça faisait vin vin vin dans mes oreilles. Est – ce de ma faute si j’ai un mari toubab ish. Après m’avoir réprimandé pendant presque une demi – heure, elle a appelé l’imam de notre quartier pour qu’il fasse un récital de Coran pour moi. Ensuite elle a appelé ma grand-mère pour des offrandes. D’habitude je ne suis pas superstitieuse mais il y ‘avait tant de colère dans les yeux de cette Marianne que ça m’a fait peur. Tous les matins j’apprends deux parties du Coran et ça je le fais depuis le Daara mais aujourd’hui j’éprouve le besoin de faire plus. Il y a ce sentiment de danger qui ne veut pas me quitter.
Papa et Menoumbé sont venus nous rejoindre vers 17 h. J’avais insisté pour qu’ils ne se donnent pas cette peine puisque je sortais à 18h mais ils ont tenu à faire le déplacement. Comme à son habitude mon frère m’a attaqué dès qu’il a ouvert la porte.
- Efficacité euw, un vrai footballeur, plus rapide que Messi.
- Tais-toi insolent, dit Papa en se retenant de rire.
- Toi aussi papa, il faut reconnaitre la rapidité de ton gendre. Première minute et il marque un but kéh kéh kéh. Je lui ai jeté mon coussin au visage. Il me l’a renvoyé, ce qui a provoqué une peur bleu chez maman qui l’a tapé très fort à la tête. Gnawe (bien fait). Je lui tire la langue et il me fait signe genre tu ne payes rien pour attendre. Maman vient s’assoir prés de papa en lui prenant la main, le visage toujours sérieux.
- Ngor, il faut que tu parles avec ton gendre. Figure toi que la terre entière est au courant que Aicha attend un enfant alors qu’elle n’a même pas deux semaines.
- Et alors ? Si Dieu dit que l’enfant doit naitre alors il naitra ; rien ni personne ne pourrait empêcher ce que Dieu a déjà tracé.
- J’ai perdu deux grossesses et tu sais le pourquoi. Je ne veux pas que ma fille traverse la même épreuve Ngor.
- Inchalla, il ne lui arrivera rien. Comme avec toi, on va redoubler nos prières, faire tous les vendredis des offrandes et Inchalla, ma fille me donnera ma première petite-fille ou petit-fils. D’accord ? Maman acquiesce de la tête, je vois une larme tomber. Je n’ai pas l’habitude de la voir perdre autant sa contenance.
- C’est bon maintenant, on peut passer aux choses sérieuses demande Menoumbé avec jovialité histoire de détendre l’atmosphère.
- Non, encore une dernière chose dit ma mère. Chi, je crois qu’elle vieillit, ki métina nak (elle nous fatigue à la longue avec sa crise d’angoisse). Ta fille est une vraie poule mouillée.
- Ah bon et qu’est – ce qu’elle a fait, demande papa en plissant les yeux.
- Hé maman, s’il te plait…
- Elle s’est laissée battre par une petite fille à papa, d’ailleurs c’est pour ça qu’elle est ici. La fille là, lui en a fait voir de toutes les couleurs. Pourtant elle est petite et mince comme elle….Elle se mit à raconter la bagarre en ajoutant quelque touche, ha les femmes, elles sont trop fortes pour exagérer les histoires. Elle a décrit la scène avec une telle dextérité que j’ai cru un instant qu’elle y était. Ki dou nite (elle n’est pas humaine).
- Shim, Aicha tu n’as aucune jugeote ajoute mon frère histoire de me narguer. Tu es sérère et tu…On ouvre la porte et c’est Malick. Ouf sauvé par le gong.
- Bonsoir la famille, dit – il avec son sourire de rêve.
- Bonsoir Messi kéh kéh kéh, ricane Menoumbé à qui je lance un regard noir. Ils se tapent la main comme des potes de longue date.
- Que me vaut l’honneur de ce surnom demande Malick avec une voix taquine.
- Devine, dit Menoumbé en se tournant vers moi ce qui fit éclater de rire Malick.
- Yaw do dème (tu es incroyable), dit – il en venant s’assoir près de moi. c’est au tour de mon père d’attaquer. Il voulait savoir le pourquoi de l’attaque et quelle mesure avait pris Malick pour que cela ne se reproduise plus. J’appris en même temps que mes parents que la fofolle a été obligée par son père de quitter le pays et que plus jamais elle ne ferait de mal. Ouf voilà une bonne nouvelle. Mon père a tout de suite enlevé son casque de protecteur et l’atmosphère s’est détendue.
Nous étions en train de discuter gaiment sur le futur bébé à venir quand le portable de Maman a sonné. Elle décroche en allant se placer près de la fenêtre. A un moment, je la vois plisser les yeux. Ensuite elle se tourne vers moi avant de regarder maladroitement mon mari. Il se passe quelque chose.
- Qu’est – ce qu’il y a maman ? Elle me fait signe genre tais-toi et se tourne pour parler en sérère. Papa se lève et s’approche d’elle. Je concentre toute mon attention sur elle.
- J’espère que tu ne lui as pas donné mon numéro ni celui d’Aicha dit ma mère en sérère. Mon cœur commence à battre très fort. Elle continue : c’est bizarre, j’en parle à ma fille et je te rappelle. Surtout ne donne aucun numéro au gars. Elle raccroche et se prend la tête.
- Guawé gnou boke (dis-nous vite), lance mon père d’un ton impatient.
- C’est ma sœur. Elle dit qu’un gars l’a appelé ce matin désirant la voir au sujet d’un héritage que ton défunt mari avait laissé pour toi Aicha.
- Un héritage ? C’est quoi cette histoire ? Et comment se fait – il qu’il me contacte après cinq longues années ?
- Parce qu’il ne savait pas où tu étais et qu’il t’a cherchée partout. Tu oublies que ton père avait changé nos numéros de téléphone ainsi que nos identités. D’ailleurs je me suis toujours demandé pourquoi une telle extrémité, dit – elle en se tournant vers papa qui d’un coup fuit son regard.
- J’ai fait ce qu’il fallait Dibore. Par jalousie et par cupidité, mes frères et sœurs, m’ont volé et détruit ma vie sans état d’âme. Quant – à Aicha, elle était la ligne de mire de tout Fatick. Alors cette renaissance il le fallait finit – il d’un ton énervé.
- De toute façon, je n’ai pas besoin de voir cet homme puisque je ne prendrais pas cet héritage, dis – je pour calmer l’atmosphère qui est devenue tendue tout d’un coup.
- Oui, mais il est temps d’arrêter de nous cacher de ta famille comme si nous avions honte de quelque chose. La justice divine a tranché et aujourd’hui nous avons su relever la tête après tous nos malheurs. Il est temps que nous sortons de l’ombre finit maman.
- Non crie mon père en se levant. Je ne veux renouer aucun contact avec eux. Un point, c’est tout. Quant – à ta sœur, dis-lui d’arrêter de se mêler de nos vies et de donner nos numéros un peu partout. Depuis que tu es à Dakar, elle ne nous a jamais porté un intérêt sur nous. Alors elle n’a qu’à continuer de faire comme si on n’existait pas. D’ailleurs, dès demain tu changes ton numéro. Allons-y, il se fait tard finit – il en tournant les talons et en nous faisant un au revoir de la main. Ma mère s’est tournée vers moi avec mille et une questions dans les yeux avant de suivre mon père qui était déjà sortie. Quant à Menoumbé, il s’est approché de moi, les yeux plissés comme si il réfléchissait.
- Tu penses à ce que je pense.
- Oui, avant j’avais des doutes du fait que nous avons quitté Fatick en catimini mais aujourd’hui avec le comportement un peu excessif qu’il vient de faire, je sens et je sais qu’il ne nous a pas tous dit.
- On peut bien vouloir refaire sa vie mais de là à changer son identité. C’est surement parce qu’il voulait fuir quelque chose ou tout simplement quelqu’un dit Malick en m’enlaçant.
- Je ne pense pas que mon père trempe dans des magouille mais je trouverais le fin fond de cette histoire reprend Menoumbé.
- S’il te plait fait le et vite.
- Inchalah, bon je te laisse, on s’appelle dans la soirée dit Menoumbé en quittant la chambre précipitâmes. A cet instant, Malick regarde sa montre, ce qui me pousse automatiquement à me fondre dans ces bras.
- S’il te plait, pas tout de suite. Je ne sais pas pourquoi mais depuis ce matin j’ai un mauvais pressentiment lui dis – je.
- Ne t’inquiète pas. Quoi que cela puisse être, on saura faire face.
- Je l’espère mon amour dis – je en inspirant très fort son parfum d’homme musqué.
- C’est bien que l’on en parle car il se trouve que l’on doit faire notre mariage civil et je ne veux pas que cela se fasse avec de faux papier. Chez moi, je t’ai présenté sous le nom de Aicha alors que ta carte d’identité, le contrat que tu as signé avec nous et les autres paperasses ont été signé sous le nom de Fanta. Donc, forcément, il y a anguille sous roche et si je me maris avec toi avec ce faux nom, notre mariage risque d’être rejeté ou contesté plus tard.
- Alors remet tout en ordre avant que l’on ne passe à la maire.
- C’est ce que j’ai l’intention de faire mais il faut que j’en parle à ton père car il a surement détourné la loi. Je sursaute en le regardant effaré. Ne me regarde pas ainsi, je ne fais que dire ce que je pense. En combien de jours à t – il réussit à changer vos identités ?
- Heu, une semaine je crois.
- Alors c’est sure, pour avoir ça aussi rapidement, il a surement payé des gens. C’est délicat, je vais y mettre mes hommes et on verra. Je respire un grand coup avant de prendre mon portable.
- Tu fais quoi ?
- J’appelle ma tante.
- Pourquoi faire, tu as dit que tu ne voulais pas de cette héritage dit – il en faisant une grimace.
- Ne t’inquiète pas. Quoi que cela puisse être, je ne le prendrais pas. C’est juste que je veux régler ce problème moi-même. Je n’ai pas envie que mes parents s’en mêlent surtout sachant que mon père me cache des choses.
- Moi, je pense qu’il vaut mieux savoir d’abord ce que ton père te cache avant de faire quoi que ce soit.
- Tu trouves ?
- J’en suis sure dit – il en m’embrassant tendrement. Mais comme à chaque fois, nos baisers s’enflamme toujours vite et je retrouve à onduler le bassin contre lui. Il relève la tête et nos regards se croisent en disant long sur le désir immense que l’on récent à cet instant et qu’on essaye de refouler au maximum.
- Hum, ne me provoque pas chérie dit – il d’une voix rauque.
- Il ne fallait pas m’embrasser, tes lèvres sont un vrai délice miam miam. Il éclate de rire, me fait une bise avant de se lever.
- Habille toi et sortons d’ici avant que je ne réponde plus de moi. C’est encore trop tôt pour moi de rester seule avec toi dans une pièce.
- Ah bon pourquoi demandais – je en me dandinant. Il recule rapidement et me lance un regard noir.
- Ne soit pas méchant toi aussi, c’est déjà assez dure comme ça. Je t’attends en bas, le temps que je pose quelques questions à ton gynéco.
- Quel genre de question ?
- Devine ? Il ouvre la porte en ricanant avant de fermer. Je me dirige vers l’armoire en chantonnant, il n’y a que Malick capable de remettre d’aplomb. Je l’aime tant ce mec. Je touche mon ventre, je n’arrive toujours pas à croire que je suis enceinte. C’est trop tôt pour moi, j’aurai dû prendre une contraception. Après l’euphorie, je suis passé à la réflexion, toute la nuit, je me suis mise à faire lire sur l’internet les articles sur la grossesse. Je voulais tout savoir et ce que j’ai vu ne me réjouit pas du tout. En un mot, je devrais faire face à des nausées matinales, à une fatigue exagérée et surtout mes gouts culinaires vont complétement changer. L’université s’ouvre dans deux semaines, serait – il possible d’allier étude, grossesse, boulot et surtout ménage ? Je préfère ne pas y penser pour l’instant car j’ai plus urgent. Connaitre la raison exacte de cette renaissance comme
- mon père sait si bien le dire.
Menoumbé : réminiscence
Je n’arrête pas de regarder mon père à la dérobée toutes les cinq minutes. Depuis qu’il est sorti de l’hôpital, il s’est emmuré dans un silence total. Je me demande comment je vais faire pour parler mais il le faut.
Dès que nous sommes rentrés dans l’appartement maman l’a attaqué. Ils parlaient si rapidement sérère que je n’ai suivi qu’une bribe de leur conversation. C’est la première fois que je vois ma mère tenir tête à Papa. C’est pourquoi je me dis que c’est grave et plus elle insistait pour connaitre la vérité, plus Papa se braquait et plus j’avais peur. A la fin, c’était un dialogue de sourds et mon père est finalement sorti de l’appartement en claquant la porte. C’est seulement vers minuit que j’entendis la clé de la porte s’ouvrir. Il n’est rentré que vers minuit. J’avais convaincu maman d’aller se coucher il y a une heure et lui avait promis de l’attendre de pied ferme. Quand il entra dans le salon, il avait les épaules affaissées comme s’il avait tout le poids du monde sur les épaules. Il ne regarda même pas vers ma direction alors qu’il savait que j’étais là. Il s’assit sur le canapé et s’y affaisse.
- Papa, quoi que puisse être ce que tu caches, ce n’est pas en le gardant que ça va se résoudre. Nous serons toujours à tes côtés quel que soit ce que tu as fait. Ce n’est pas à nous de te juger au contraire.
- Qu’est – ce que vous avez tous à croire que j’ai fait quelque chose de mal. D’abord ta mère, maintenant toi. Depuis le temps que vous me connaissez. Pour qui vous me prenez han ?
- Un homme juste, droit et travailleur. Mais aussi un homme qui serait capable de tout pour sa famille lui répondis-je.
- C’est vrai que je ferais tout pour vous mais jamais quelque chose qui serait à l’encontre de mes principes.
- Un de tes plus grands principes est de dire toujours la vérité quoi que cela puisse nous en couter mais…
- Il y a une différence entre mentir et cacher une information.
- Donc il y a bien quelque chose que tu nous caches ? Pourquoi ? Ne pense tu pas que c’est à nous de juger ou pas ? En voulant nous protéger de je ne sais quoi, tu es en train de nous faire douter de toi. Arrête de nous surprotéger et surtout de garder le fardeau pour toi seul. Papa se prend le visage et respire un grand coup.
- De toute façon je suis obligé de vous le dire à tous. Peut – être que je suis juste paranoïaque et que ce Wilane a déjà oublié ma fille depuis longtemps.
- Wilane ? Le fameux homme d’affaire sur qui Aicha avait tiré?
- Oui mon fils, ce Wilane et il commença à me raconter comment l’homme de main du défunt maire était venu le voir. J’appris avec effroi les 50 millions qu’il avait payés pour avoir Aicha. Pendant presque une demi – heure, Papa me raconta tout, la vente de la maison, le pourquoi du changement d’identité, tout. D’après ce gars, Wilane est l’homme le plus dangereux en Afrique et que pour lui Aicha l’appartenait maintenant. Disparaitre était la seule option. J’étais choqué quand il eut fini. Je suis resté quelques minutes sans rien dire.
- Tu crois qu’après tout ce temps, ce fou se rappelle encore de Aicha.
- Je ne sais pas mais je préfère continuer de rester sur mes gardes et vous aussi.
- Je te comprends maintenant et on doit aviser Maman et Aicha, c’est plus sure car…
- Ta mère oui mais pas Aicha. Je ne veux que rien ne viennent perturber son ménage.
- Papa, arrête de prendre Aicha pour une petite fille, elle est plus mature que nous tous réuni.
- Menoumbé, elle est en début de grossesse alors s’il te plaît ne lui dis rien sinon elle risque de faire une fausse couche.
- Tu as raison mais je te préviens, dès qu’elle accouche on lui dit.
Je quitte le salon en ayant le sentiment qu’on ne faisait pas le bon choix. Mon père a choisi le mensonge à la vérité, la fuite à l’affrontement. Moi je préfère une vérité qui fait mal qu’un mensonge qui fait du bien.
Wilane : la pression
- Pourquoi cela tarde autant criais – je.
- Je suis arrivé à avoir le numéro de la….
- Épargne-moi les détails mecs, je veux juste savoir quel jour ?
- Quel jour pour quoi ?
- Pour m’amener ma femme, parce que je te préviens tout de suite, il est hors de question que j’attende encore une semaine sachant qu’elle vit ici à Dakar. C’est compris.
- Euh…Je….monsieur…
Je traverse la distance qui nous sépare et lui prend violemment le cou en serrant au maximum.
- Je te donne une semaine tout aux plus pour me la retrouver sinon je te jure que je vais couper tes doigts un à un. Chaque semaine qui passe, j’en coupe un et quand il y’aura plus, je coupe tout ce qui pend sur ton corps. Il ouvre encore plus grand les yeux et quand je le laisse, il essaye de reprendre au maximum son souffle. J’en ai marre de patienter, je veux ma Aicha un point c’est tout.
- Je ne veux surtout pas paraitre superstitieux mais cette femme risque de vous amener à votre perte.
Ah bon pourquoi
Elle est protégée par je ne sais quoi mais j’ai remarqué qu’à chaque fois que vous tentez d’arriver à votre but, il y a un obstacle qui se dresse devant vous. Je me dis qu’il serait préférable peut être de laisser tomber.
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 7 : Bienvenue à bord“]
Fusille, homme de main de Wilane : parcours d’un caïd
Je sors du bureau de mon patron, le cœur battant très vite. Si je ne retrouve pas cette sorcière d’Aicha, je ne donne pas chère de moi. Je l’appelle sorcière parce que cette petite a rendu complétement fou mon maitre. Je ne l’ai jamais vu aussi obsédé par une femme. Il est obnubilé par celle – ci au point, me dit – il, de ne plus dormir. Depuis cette fameuse nuit où elle lui a tiré dessus, elle est devenue sa plus grande convoitise. C’est peut – être parce qu’il a toujours obtenu ce qu’il voulait : argent, femme, puissance…tout. Wilane est fils unique et il est venu à un moment où ses parents n’y croyaient plus. D’après mon père qui était leur garde du corps, si Wilane est devenu ainsi c’est à cause de ses parents. Ils l’ont plus que gâté, ils l’ont presque idolâtré. Quels que soient ces caprices de gamin, ils faisaient tout pour les satisfaire. Comme il avait toujours ce qu’il demandait, il a commencé à vouloir l’inaccessible, à désirer l’interdit. Il suffisait qu’il entende « ce n’est pas bien de faire ceci ou cela » pour qu’il le fasse. Son père, au lieu d’essayer de le remettre dans l’ordre, a commencé à cacher ses méfaits. Mais plus il grandissait plus il devenait incontrôlable. Wilane a commencé à voler des millions à ses parents qui le boudaient quelque jours, à fréquenter de mauvaises personnes, à enfreindre la loi. Cela aurait pu être une sonnette d’alarme mais non, son père a continué à le protéger, à étouffer ses actions criminelles en payant des pots de vin. Je me rappelle de cette fois où il a violé la fille de Mère Soukeye (gouvernante de la maison). Elle s’appelait Coumba et venait tous les weekends voir sa mère. Wilane avait des vues sur elle mais cette dernière, avertie par sa mère, le fuyait comme la peste. Alors il a profité du voyage de ses parents et de l’absence de mère Nafi partie faire des courses, pour la violer. A cette époque, je commençais déjà à le fréquenter. J’ai essayé de l’en empêcher mais c’était plus fort que lui. Pour lui c’était un affront que la fille de la bonne refuse de sortir avec lui. Il fallait qu’elle paye, je n’étais pas d’accord. Mais, je n’avais pas envie que les petites sommes qu’il me donnait de temps en temps s’arrêtent. Mère Soukeye a fait un gros scandale et est allée porter plainte direct. Mais comme toujours, son père a réussi à étouffer l’affaire en offrant au père de la fille dix millions. Je n’ai plus jamais entendu parler d’eux. Wilane m’avouera plus tard, qu’il n’avait jamais autant pris son pied et qu’il avait envie de recommencer. Je voyais comment il prenait plaisir à faire du mal et plus les années passaient plus il allait au-delà du vice. Son père avait une société d’import – export mais pour lui c’était rien, il voulait plus. Il a commencé à fréquenter le cartel de la drogue et à se faire un nom petit à petit. Il a profité de la société de son père pour faire ses deals. Wilane Père était trop content que son fils s’intéresse enfin à ses affaires pour deviner quoi que ce soit. Rapidement mon boss s’est fait un nom, a commencé à fréquenter les plus grosses pointures de la criminalité. Il a agrandi la société de son père avec l’argent sale du cartel de drogue qu’il fréquentait. Des immeubles et des sociétés ont commencé à voir le jour et à 28 ans il devient l’homme fort de la criminalité en Afrique de l’Ouest. Quand une guerre éclatait grâce à ses armes, il était tout content et entrait en transe. Il aimait répandre le mal et faire du mal. Combien d’hommes je l’ai vu abattre de sang-froid, combien de femmes enlevées, violées et dès fois même tuées ? Pour lui tout était permis, c’est Satan en personne. C’est pourquoi j’ai en quelque sorte un peu pitié pour cette fille. En tirant sur lui, cette Aicha a plus que réveillé son côté prédateur, c’est devenu un défi, une obsession amoureuse. Quand il parle d’elle, ses yeux brillent, sa respiration s’accélère et ses pensées se brouillent. Aujourd’hui, il appelle toutes ses maitresses par son nom. Wilane idolâtre cette fille et cela me fait peur car c’est la première fois que je le vois perdre pied. Sinon comment expliquer la menace qu’il vient de me faire après tant d’années de services loyaux à ses côtés. Bour dou mbok (on ne doit jamais faire confiance à un roi), il finit toujours par vous trahir. Je me suis tellement suée pour lui, j’ai tué tant de personnes et aujourd’hui, pour une petite garce de rien du tout, il me traite comme de la merde. Je ne sais pas pourquoi mais je n’aime pas cette histoire. Tous les grands hommes sont tombés à cause d’une femme. J’entre dans ma voiture et appelle Alpha. Il décroche à la seconde sonnerie.
- Je veux que tu agresses une femme pour moi. Je t’envoie scorpion, il t’indiquera où elle habite et son emploi du temps. Je veux un travail propre, sans dégât. Ne la blesse pas sinon elle risque de porter plainte. Prends juste tout ce qu’elle a et dans le pactole c’est le portable qui m’intéresse. Tu l’envoies direct à Génie et dis-lui de me décoder le téléphone et de m’envoyer par mails tous les numéros de son répertoire. C’est noté ?
- Cinq sur cinq.
- Le temps m’est compté alors vous avez jusqu’à demain. Je raccroche et jette le portable sur le siège d’à côté. Il faut vraiment que je retrouve cette maudite fille sinon, Patron va me tuer.
Malick : face-à-face
Je me suis réveillé très tôt aujourd’hui. Après avoir fait ma prière matinale, je suis descendu à la cuisine prendre mon petit déjeuner. Il est à peine 6 heures et si je m’écoutais, j’allais partir rejoindre Aicha. C’est son tour mais je dois prendre le petit déjeuner ici. Je dois encore patienter une heure, il ne faut pas que je change mes habitudes avec Abi au contraire.
Je repense à hier, quand j’ai déposé Aicha, je ne suis même pas entré dans l’appartement. Je lui ai juste donné une bise devant la porte de l’appartement avant de tourner les talons. La petite coquine, ayant deviné le pourquoi, a éclaté de rire derrière mon dos. C’est fou comme elle me connait autant en un si laps de temps. Toute la journée, j’avais résisté à l’envie d’aller la rejoindre dans ce lit d’hôpital où j’ai failli lui faire l’amour le matin. Je retrouve Abi, comme toujours, toute pimpante m’attendant le sourire aux lèvres. Je me suis jeté sur elle, déversant toute la frustration sexuelle que j’avais depuis ce matin à cause de Aicha. Après cela, elle était toute contente et nous avons finalement passé une belle soirée avec les enfants. Au couché, je lui ai encore fait l’amour et cette fois en prenant tout mon temps. Je l’ai amenée deux fois au septième ciel mais quand mon tour est arrivé, c’était autre chose, je n’arrivais pas à décoller. Alors j’ai encore pensé à Aicha, à sa façon de gémir, de trembler, de crier mon nom quand elle jouit et j’ai explosé. Cela m’a fait mal parce que j’avais l’impression de tromper Abi mais c’était plus fort que moi. Je ne savais comment me défaire de cela. C’est qu’avec Aicha, c’est l’alchimie complète, le feu d’artifice sous la couette. Tout est multiplié par dix voire par cent : l’odeur, les sensations, le toucher. Contrairement à toutes ces femmes que j’ai connues, avec Aicha, je suis attentionné à ses moindres gestes. Je surveille son corps pour voir quelle caresse la fait gémir, quelle position elle adore le plus, tout. Quand on fait l’amour, nos corps se soudent et nos âmes se parlent. Quand elle entre en transe, elle m’emporte toujours avec elle dans une jouissance explosive. Elle n’est pas experte, ni pro comme Abi ou encore Marianne mais elle est la seule à toucher mon âme.
- Tu penses à quoi avec ce sourire béat. Je relève la tête pour voir Abi entrer. Son visage est tellement habitué au maquillage que le matin elle semble malade. A force de la voir avec tous ses artifices, je la trouve bizarre sans. Alors, demande-t-elle en s’asseyant près de moi. Ne voulant pas lui répondre, je prends un bout de pain et le mets dans sa bouche. Elle me mord le doigt avec un regard qui en dit long sur ce qu’elle pense.
- Même pas dans tes rêves, lui dis – je d’un ton taquin. Tu as assez reçu ma dose hier alors…
- Hum tu crois ? Elle glisse sa main sous mon pantalon que je retire spontanément.
- J’ai déjà pris ma douche chérie, alors s’il te plaît, finis – je, en lui donnant une bise sensuelle histoire de ne pas la vexer. Elle fait une petite moue de découragement avant de commencer à se servir.
- Au fait, je voulais qu’on parle de quelque chose. Elle a fui mon regard en disant cela, ce qui me met tout de suite sur mes gardes.
- Vas-y, dis – je en me relevant, torse bombé, le regard de braise. Cela déstabilise toujours la personne qui est devant toi.
- Heu… C’est-à-dire…
- Oui ?
- Je me demandais si Aicha allait continuer à travailler avec toi. Je fronce les sourcils.
- Bien sûr. Pourquoi cette question.
- Malick, je trouve que ce n’est pas juste pour moi. Vous vous verrez tous les jours alors que ce n’est pas le cas pour moi. Je me lève de ma chaise énervé par ces broutilles qu’elle vient de débiter.
- Ne commence pas Abi.
- Quoi ? c’est vrai, tu dois la licencier, c’est injuste.
- Ne cherche pas des problèmes là où il n’y en a pas. Là, c’est ta jalousie qui parle. Aicha fait du bon boulot et m’est très indispensable alors il est hors de question que je me sépare d’elle pour te satisfaire. Elle se lève à son tour et vient se mettre en face de moi.
- Tu peux trouver facilement un autre interprète. Malick, je ne veux pas que vous vous voyez quand c’est mon tour. Là, je sens que la moutarde commence à me monter. Le visage hyper serré, les mains sur les hanches, je prends un grand bol d’air avant de parler car je sens que la colère monte.
- Abi, regarde-moi bien dans les yeux là. Aicha est très douée comme interprète et d’une efficacité remarquable dans le travail. Il est hors de question que je me sépare d’un si bon élément surtout en ce moment. Là ce n’est pas le mari qui parle mais son boss. Elle ouvre la bouche mais je la coupe. Non non non, tes histoires de jalousie mal placée là, tu ne me les fais pas à moi. Si je te dis que je respecterais ton tour alors je le ferais. Alors arrête de te prendre la tête pour des futilités.
- Je ne me prends la tête pour rien du tout merde… je recule d’un pas pour la toiser et je tourne les talons. S’il y a une chose que je déteste ce sont les insultes. Si je reste alors, je pète un câble. Hamadi rék.
Je démarre la voiture en trombe et quitte la maison sans me retourner. Ha les femmes, il suffit d’être gentille rèk, pour qu’elles te sortent de ces problèmes. Elles cherchent toujours des histoires là où il n’y en a pas. Je sais faire la part des choses et il est hors de question, que je me sépare d’Aicha. Déjà que je dois aller en Afrique du Sud pour une séance de travail de trois jours et aussi une petite audience avec le juge pour fixer la date d’un de mes plus gros procès. C’est sûr que Aicha fera partie du voyage dans la mesure où elle a un plus par rapport aux autres interprètes. Nous avons notre propre jargon juridique et avec l’aide de Suzanne, elle s’en est vite appropriée. Contrairement aux autres interprètes qui avaient l’habitude de bégayer durant mes plaidoyers, Aicha, elle, est plus fluide dans les paroles. Je sens les problèmes venir à cent lieues d’ici. Mais quand il s’agit de mon travail, je ne fais pas compromis. Abi n’a qu’à faire la part des choses.
Dix minutes plus tard, je me gare devant notre immeuble. J’ai tellement hâte de la retrouver que j’ai couru les escaliers. Au moment où je déboule du couloir, je la vois fermer la porte à clé. Elle porte un joli ensemble tailleur bleu ciel qui épouse bien son corps. Quand elle se retourne et me voit, ses lèvres s’incurvent en un sourire qui me fait fondre littéralement. Je la laisse avancer jusqu’à moi et je me dépêche d’entourer mes mains autour de sa taille.
- Salut beau gosse, dit – elle en entourant ses petites mains autour de mon cou. Je prends sa bouche sans attendre et l’entraine dans un baiser torride jusqu’à oublier l’endroit où nous étions. C’est elle qui me repousse en premier. J’arrête de l’embrasser et pose mon front sur le tien.
- J’adore tes lèvres bébé, lui murmurais – je. Le désir est monté d’une flèche pourtant Dieu m’est témoin que je n’avais pas cela en tête en venant la chercher.
- Tu m’as manqué, répondit – elle d’une voix si sexy que je reprends encore sa bouche et la colle au mur. Cette fois je veux qu’elle sente l’effet qu’elle me fait. Le désir que j’ai pour elle est intarissable. Elle gémit quand elle voit à quel point je suis tendu.
- Malick Kane yémal (reste tranquille).
- Ma bagne (je refuse), j’ai trop envie de toi, tu me tus.
- On va être en retard.
- Je m’en fou, je veux ma dose matinale.
- Soi raisonnable toi aussi, tu…. Je la fait taire encore. Cette fois mon baiser est sauvage, dominateur. Je recule encore de deux centimètres.
- De deux choses l’une : soit tu me suis, soit je te fais l’amour ici et maintenant, lui dis – je d’un ton qui se voulait convainquant. Je respire fortement, j’ai trop envie d’elle. Elle remue la tête et me suit. Je souris grandement et avance vers la porte d’un pas rapide tout en enlevant ma veste. Elle a commencé à déboutonner ma chemise alors que j’introduisais la clé dans la serrure. Je me suis rué vers elle dès qu’on s’est engouffré dans l’appartement. Contrairement à elle, j’ai fait sauter les boutons de sa chemise, ce qui lui a fait pousser un cri. J’étais en transe. Je lui ai fait l’amour près de la porte, contre le mur avec nos habits et chaussures. C’était grisant, extase. Après que je sois revenu sur terre, j’ai commencé à avoir peur qu’elle le prenne mal. Même si je l’ai sentie décoller dans mes bras, j’ai peur que le fait de lui avoir fait l’amour aussi sauvagement lui rappelle de mauvais souvenirs.
- Ça va ? Lui chuchotais – je à l’oreille. Elle acquiesce la tête. Excuse-moi d’avoir été si brutal. Elle éclate de rire ce qui me fait pousser un grand ouf de soulagement.
- Hum j’aime bien le Malick brutal.
- Ah bon ? J’ai eu peur que…
- J’ai adoré au contraire. N’hésite jamais à me faire découvrir des choses, je te fais confiance.
- Intéressant. C’est noté, répondis – je en souriant.
Nous avons quitté l’appartement une demi-heure plus tard. Dans la voiture, je sens Aicha tendue.
- Quelque chose te tracasse ?
- Il y a que je n’ai toujours pas de nouvelles de mon frère depuis que je lui ai demandé de faire une enquête sur Papa.
- Je ne veux pas que tu te stresses pour ça, ce n’est pas bien dans ton état. J’ai déjà contacté un ami et il est en train de voir avec vos identités. Du temps où j’étais chef de cabinet, il travaillait pour moi et c’est lui qui m’a remplacé quand j’ai démissionné puisque je l’ai recommandé personnellement au ministre. Donc il me doit une fière chandelle. Tout sera rétabli dans l’ordre avant la fin de la semaine et dès lundi on passe à la mairie pour notre mariage civil.
- Magnifique, dit – elle en applaudissant.
- Quant à ton père, j’ai déjà mis mon meilleur enquêteur sur lui.
- J’ai très peur Malick.
- Ne t’inquiète pas, quoi que cela puisse être, on l’affrontera.
- Inchallah, dit – elle avec une voix tintée d’espoir.
Nous avons continué le reste du trajet en silence. Je prie au plus profond de moi que ça ne soit pas quelque chose de criminel. Dès que l’ascenseur s’est ouvert, Suzanne a couru vers moi comme une folle.
- Enfin te voilà. Pourquoi tu ne décroches pas à ton portable ? Je tâte mon costume, ma poche, rien.
- J’ai dû l’oublier à la maison. Appelle le chauffeur pour qu’il me le ramène. Que se passe t – il ?
- Tu ne vas pas aimer. Jack vient d’appeler, l’avocat de Golden Corporation a réussi à faire avancer le procès.
- Pour ça, il faudrait qu’il ait audience. Elle lève les mains en acquiesçant de la tête. Non, il n’a pas osé. Quand ? Les battements de mon cœur commencent à s’accélérer.
- Jack dit qu’on l’a convoqué hier matin même pour une audience à 16 heures. Donc sachant que tu ne pourrais pas y être, il est allé là-bas dans l’intention de dire…
- Quel menteur, le salaud. Donc il va à l’abattoir sans aviser le concerné. Qu’est – ce qui l’a empêché de m’appeler. J’aurai pu faire une audience par inter-conférence. Et c’est quand le procès.
- Lundi, dit – elle à voix basse. J’ai failli tomber car mes pieds se sont entremêlés.
- Pas ce lundi Suzanne. Elle fait juste oui de la tête. Je me prends la bouche. Non de Dieu, tu es sûre. Non ce n’est pas possible. Elle ne dit rien. Je crie encore : C’est une blague.
- J’ai déjà réservé ton billet d’avion pour ce soir.
- Ma main à couper que ce salaud est de mèche avec la partie adverse. Appelle Sonko, Ami, Dimitri et Guirassi. Je les veux dans mon bureau tout de suite.
- Jack a demandé que tu l’appelles dés…
- Qu’il aille se faire foutre, quand j’en aurai fini avec lui, il n’exercera plus le métier d’avocat.
- Tu crois vraiment qu’il est de mèche avec la partie adverse ? Il avait l’air si bouleversé au phone.
- Quel juge oserait avancer si rapidement un procès d’une si haute importance sans la présence de l’avocat général. Il a été soudoyé Suzanne alors appelle le et demande lui le nom du juge qui a cautionné cela. J’ai claqué la porte avec colère en desserrant ma cravate. C’est vraiment dur de travailler en Afrique avec ces nombreux juges et avocats véreux. Ici seul l’argent compte, il suffit d’une mallette pour les faire capituler et on compte ceux qui sont arrivés à garder leurs intégrités. C’est pour cela que j’ai installé au sein de mon cabinet un département spécial d’enquêteur avec à leur tête un ancien commissaire. Dimitri est sans contexte l’un des hommes les plus efficaces quand il s’agit d’enquêter sur une affaire. Je lui dois pratiquement le succès de toutes mes affaires. Lundi, ça veut dire dans quatre jours, je ne serais jamais prêt.
Cinq minutes plus tard, ils sont tous là, je lance la réunion en faisant les cents pas. S’il y a une chose que je déteste le plus c’est qu’on me le fasse à l’envers.
- Suzanne vous a briffé, demande-je. Ils acquiescent tous de la tête. Golden Corporation est une société ermite qui profite de la fragilité des entreprises pour leur mettre la main dessus. Nous avons réussi le plus dur c’est-à-dire mettre la main sur tous leurs dossiers surtout fiscaux. Ils savaient que si nous allions en procès, ils seront foutus. Normalement si le juge avait respecté les normes, le procès aurait dû démarrer au minimum dans cinq mois. Avec un dossier aussi gros, il croit que c’est impossible de tout boucler en quatre jours. Mais c’est mal me connaitre. Je veux que vous mettez en suspend tous vos dossiers et que vous concentrez toutes vos équipes sur ça. Ami, avocate spécialiste en droit fiscale, lève la main avec un sourire.
- Si tu veux savoir, j’ai déjà épluché la moitié des dossiers et je peux te dire qu’il y a du lourd.
- C’est vrai ? Magnifique. J’ai envie de te prendre dans mes bras. Rappelle-moi de t’augmenter cette année, dis-je. Tout le monde éclate de rire. Tu penses que tu pourras finir le reste avant samedi. Ce qui me permettrait de faire mon plaidoyer.
- Oui, mais il faudra que j’amène avec moi un ami, il est à la retraite depuis deux ans mais c’est le meilleur quand il s’agit de fiscalité.
J’acquiesce de la tête et me tourne vers les deux autres
- Et vous ?
- J’avais déjà mis un détective privé de là-bas. Il ne m’a pas encore fait de compte rendu global mais il dit avoir trouvé beaucoup d’actions pas catholiques de leur part, explique Dimitri.
- Appel le pour une réunion demain à 15H, lui demande-je.
- J’ai découvert que trois grosses sociétés internationales avaient résilié leur contrat avec eux, explique Sonko, avocat en droit international. La raison évoquée, poursuit-il, est le non-respect de certaines normes internationales. Comme Ami l’a dit, Golden Corporation est plus dans les magouilles fiscales et ces sociétés ont dû le découvrir. J’avais rendez – vous avec eux le mois prochain mais….
- Pas de mais, appelle les et dis leur que c’est urgent. Je veux juste des preuves et s’ils refusent de t’en fournir tu leur dit que notre cabinet est prêt à défendre une de leurs affaires avec seulement 50 % de rémunération. Quant à toi Guirrassi, ex-agent de la DIC, je veux tout savoir sur ce juge, tout. Je tape les mains avant de continuer. Allez ranger vos dossiers et faire vos bagages. Une longue et pénible semaine nous attend.
Notre plus grand avantage est que nos adversaires pensent que nous ne serons jamais prêts pour clôturer ce dossier en quatre jours. Mais avec la petite réunion que je viens de faire, je me rends compte que la moitié du boulot est déjà effectuée. Ce n’est pas pour rien que ce cabinet est devenu en un si laps de temps ce qu’il est. Je me suis entouré de passionnés, des gens comme moi, qui travaillent plus par plaisir que par gain. C’est pourquoi nous avons toujours une longueur d’avance dans toutes nos affaires. Nous allons profiter de cet effet de surprise pour les pousser à régler le problème à l’amiable. Je suis tout excité avec ce nouveau challenge qui m’attend.
Aicha : découverte
Je suis dans le bureau de Suzanne depuis que nous sommes arrivés. Elle est en train de sortir les dossiers que l’on doit amener avec nous. Elle vient de m’annoncer que je vais faire partie du voyage en Afrique du Sud et je suis toute excitée. Je vais prendre l’avion pour la première fois de ma vie et je vais servir d’interprète à Malick dans ce procès. Je ne sais pas si je suis capable de parler devant autant de personnes. Le téléphone de Suzanne sonne, elle décroche.
- Oui elle est là, répond-elle en me regardant. Répond à ton mari.
Quand j’arrive à son bureau, il est au téléphone.
- Merci beaucoup mon cher, je te l’envoie tout de suite. Ok à tout de suite. On doit te faire une nouvelle carte d’identité et un passeport, me lance t’il dès qu’il raccroche. Mais pas avec ton faux nom. On va te faire un passeport diplomatique pour que tu puisses voyager comme moi sans encombre. Tu y vas avec Daouda, mon ami t’attend. Après tu vas à la maison pour faire nos valises. J’enverrai le chauffeur chez Abi car j’ai plus de costumes là-bas. Tu en prends cinq, deux grands boubous et quelques habits décontractés.
- On sera là-bas pour combien de jours.
- Je ne sais vraiment pas. Un mois peut – être ou une semaine. Cela dépend de la partie adverse qui peut demander de régler l’affaire à l’amiable si elle voit que c’est perdu pour eux. Vas – y le temps presse.
Je regarde une dernière fois mon mari avant de sortir. C’est la première fois que je le vois aussi concentré, si froid. Je sens que les jours à venir vont être plus que contraignants. Le reste de la journée annonce déjà la couleur ; elle a été plus que mouvementée. Je suis retournée au bureau vers 16 h avec passeport et valise en main. Suzanne m’attendait avec une pile de dossiers que je devais emporter. Elle m’a remis aussi un ordinateur portable dernier cri et mon billet d’avion. Quelques minutes plus tard, nous quittons le bureau direction l’aéroport. Avant cela Malick devait d’abord passer chez lui pour dire au revoir à Abi et à ses enfants. Mais je sens qu’il y a une forte tension entre eux ; Abi avait refusé de remettre les cinq costumes au chauffeur. Comme j’étais concentrée sur mon nouvel ordinateur, je n’ai pas remarqué le stress de mon mari jusqu’à ce qu’il me dit.
- Souhaite-moi bonne chance, dit-il.
- Pourquoi ?
- Ce matin, nous avons eu une petite conversation qui s’est mal terminée. En fait, elle me demandait, plutôt elle m’exigeait de te renvoyer parce qu’elle ne voulait pas que l’on se voit durant ses tours.
- C’est quoi ces bêtises, elle est si jalouse que ça ?
- Imagine maintenant que je dois faire ce voyage avec toi. Elle ne va pas aimer mais je n’ai pas le choix.
- Parle calmement avec elle et explique-lui l’urgence de la situation. Je suis sûre qu’elle comprendra.
- Je ne pense pas mais je vais essayer, répond-il faisant une petite moue.
Il sort de la voiture et entre chez lui d’un pas décidé. Cinq minutes plus tard, les éclats de voix commencent à me parvenir jusqu’à la voiture. Mon cœur a commencé à battre très fort. Malick sort de la maison, le visage en feu suivi par Abi complétement en furie. Je fais comme les tortues quand elles voient un danger. Je glisse sous la chaise afin de mieux me cacher. Je sais, je suis une peureuse et alors. Déjà elle fait peur avec sa forte gabarie alors imaginez la en colère.
- Tu n’es qu’un traitre, je te jure que si tu pars avec elle, tu vas le regretter, vocifère Abi, tirant avec force le bras de Malick.
- Arrête de te comporter comme une gamine. Tu es avec moi depuis assez longtemps donc tu connais ces urgences, se défend Malick haussant le ton. Les jours à venir seront très difficiles, je serais plus que débordé et…
- Je n’en ai rien à cirer de ce que tu vas faire. Tu as toujours payé des interprètes pour tes procès alors….
- Oui mais….
- Je ne veux rien entendre Malick, débrouille toi comme tu as toujours fait, martelait-elle en larmes.
- La jalousie t’aveugle et c’est vraiment dommage. On se parlera quand tu te seras calmée. Il faut que j’y aille. Il tourne les talons, Abi essaye de l’en empêcher mais se rétracte face au regard noir de Malick. J’ai eu vraiment pitié d’elle avec son visage dévasté par les larmes. Il entre dans la voiture et se dépêche de démarrer en regardant autour de lui. Quand il me voit, il incline la tête et sourit. Je ne sors de ma cachette que quand il s’éloigne de la maison.
- Comprends là, elle t’aime, lui dis-je en lui massant le bras.
- J’en doute, elle connait les conditions dans lesquelles je suis quand je suis en plein procès.
- Les conditions ?
- Disons que je vais être complétement déconnecté de la réalité. Tu peux être dans la même pièce que moi et je ne m’en rendrais même pas compte. J’ai déjà voyagé avec Abi et depuis elle m’a juré qu’elle n’irait plus jamais avec moi en voyage d’affaires.
- C’est bon à savoir, d’ailleurs tu annonces déjà la couleur. Ce matin tu étais plus que froid.
- Donc ne m’en veux pas les jours à venir si je me comporte comme un zombi, dit-il en me caressant le bras.
- C’est noté.
Nous avons appelé nos parents respectifs à l’aéroport. J’ai d’abord parlé avec Papa qui a tout de suite pris bien la chose. Quant – à Menoumbé, il était plus excité que moi. Ma mère par contre, c’est autre chose. Vous connaissez les mamans avec leurs phobies. J’ai eu droit à toute sorte de remontrance genre ce n’est pas sûr dans mon état, je devais faire un bain d’eau bénite avant de voyager, bla bla bla. J’ai vite fait de raccrocher avant qu’elle n’enlève ma joie de prendre l’avion pour la première fois. Par contre quand l’hôtesse de l’air a annoncé le départ du vol, j’ai commencé à avoir des palpitations. Quand l’avion a commencé à avancer sur le tarmac, tachycardie à 100, quand il a pris le vol, mon cœur a failli exploser. J’ai pratiquement tordu le bras le Malick tellement je le tenais très fort. Il n’arrêtait pas de rire, le mec, jusqu’à ce que je vomis sur lui. Kèh kèh kèh, bien fait pour lui.
Nous avons atterri à l’aéroport international de Johannesburg vers quatre heures du matin. Malgré la fatigue, j’ai été séduite par la beauté et l’immensité de l’aéroport. Mon émerveillement sera plus grand durant le trajet nous menant à l’hôtel.
- Wawe c’est très jolie ici, dis-je toute excitée :
- Bienvenue à Johannesburg, me répondit-il souriant
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 8 : Devant le maire“]
Aicha : moralisation
Nous sommes en Afrique du Sud depuis trois jours. Suzanne a été très efficace car elle a réussi à tout superviser depuis le Sénégal. Dès notre arrivé à l’aéroport, nous avons été accueillis par des body-gardes qu’on ne voit que dans les films. Costumes noirs, lunette noire, oreillette, pistolet qu’on voit à travers la veste, bref la totale. Ils nous ont amenés dans une maison résidentielle à côté de la plage avec un équipement de sécurité de haut niveau. Toutes ces précautions sont dues au fait que Johannesburg est l’une des villes les plus criminogènes du monde. Elle est souvent citée dans des études pour avoir l’un des taux d’homicide le plus élevé au monde, en moyenne 20 meurtres par jour. C’est tellement dommage de voir une ville avec de si belles infrastructures être minée par l’insécurité grandissante. Mais comme on dit : il ne faut jamais affamer son chien car vous serez le premier à être attaqué par celui-ci. En Afrique du Sud, comme dans presque tous les pays d’Afrique, la richesse économique n’appartient pas au peuple. La colonisation est sortie par la grande porte pour tout de suite rentrer par la petite fenêtre. Que ce soit ici, au Nigéria, au Sénégal et autres, une minorité de personnes, contrôlées par la joute occidentale, se partage les biens. L’Afrique du Sud est la parfaite illustration dans cette inégalité gigantesque. Deuxième pays le plus riche du continent africain mais aussi deuxième pays le plus inégalitaire au monde après Haïti. Les noirs comptent 79,6% des 52 millions de Sud-Africains et les Blancs seulement 8,9 %. Mais un foyer blanc gagne en moyenne six fois plus qu’un foyer noir (environ 3 000 euros par mois, contre moins de 500 euros). 29 % des Noirs sont au chômage, contre 4 % des blancs. Et 62 % des Noirs vivent sous le seuil de la pauvreté contre 1 %. Peut – être qu’un jour viendra…
- A quoi tu penses ? Je lève les yeux de mon ordi et vois Malick au seuil de la porte, accoudé au mur, le regard pénétrant.
- Tu penses qu’un jour l’Afrique arrivera à avoir des gouvernements qui ne soient pas des marionnettes.
- Pas de sitôt mais si on voit la prise de conscience des jeunes dans les réseaux sociaux, alors j’ai espoir. Peut – être en l’an 3 000. J’éclate de rire sur ces derniers mots. Il me sourit et entre dans la chambre.
- Tu as fini de traduire ce que je t’avais donné hier ?
- Il me reste une page, je te l’envoie dans dix minutes au maxi. Il s’assoit à côté de moi et me fait une bise sur le cou ce qui me fait frissonner.
- Tu tiens le rythme ? Je ne veux pas que tu te forces dans ton état alors…
- C’est rien comparé au tien. A quelle heure tu t’es couché hier ?
- Je ne sais pas vers trois heures je crois, me murmure t – il à l’oreille avant de le mordre.
- Hum c’est comme ça depuis trois jours Malick, j’ai peur que tu ne tombes malade avant Lundi.
- T’inquiète, j’ai l’habitude, c’est juste nouveau pour toi. Il se lève avant de continuer. Il faut que j’y retourne, les gars m’attendent et si je reste ici je risque de….son regard circulaire sur mon corps en dit long sur ses pensées. Il prend un grand air et tourne les talons.
Nous n’avons pas fait l’amour depuis qu’il est là, le gars c’est robocop. J’ai travaillé avec eux la première journée mais je manquais de concentration. Je l’aime tant que le fait de travailler à côté de lui m’est impossible. Je ne sais pas ce que j’aime le plus, son regard de braise, sa gestuelle à la fois lente et virile, sa voix douce et rauque quand il fait son speech. Il est devenu en un si laps de temps ma raison de vivre. C’est lui qui m’a proposé de travailler dans ma chambre car mes regards de désir le déconcentraient aussi. LOL. Je ne sais pas qui des deux est le plus à plaindre ? En tout cas, pour l’instant je suis dans la merde, je ne sais pas si ce sont les hormones ou quoi mais j’ai trop envie de lui et tout le temps. Bip bip, je tends le coup, encore un autre message de Abi. Cette femme est folle, elle envoie des messages et appelle presque toutes les heures. Malick m’a donné son portable depuis deux jours, ne supportant plus son harcèlement. Il m’a demandé de ne prendre aucun appel venant du Sénégal à part celui de Suzanne. Tantôt elle menace de quitter la maison familiale avec les enfants, tantôt de venir ici, tantôt de demander le divorce. Ne voyant aucune réponse, elle a commencé des insultes depuis ce matin, j’ai été choqué quand j’ai reçu le premier message vers huit heures. Franchement il y a des limites à ne pas dépasser quelle que soit la colère et le motif de celle – ci. Un conflit n’a jamais arrangé un problème au contraire il l’intensifie. Le portable se met à sonner, je regarde, encore elle. Je décroche cette fois.
- Allo, dis – je d’une voix hésitante.
- Passe-moi mon mari, voleuse. Tu ne payes rien pour attendre.
- Bonjour Abi. Je…
- Je ne veux pas te parler, passe-moi mon mari j’ai dit, cria-t-elle.
- Excuse-moi Abi mais tu devrais te calmer. Arrête de faire scandale pour rien. Tu sais…. Tinte tinte tinte, elle a raccroché. Je décide alors de lui écrire un message.
« Je sais que tu ne m’aimes pas mais sache que je ne suis pas ton ennemi au contraire. Je veux vraiment te parler mais dans le calme. En te radicalisant ainsi, tu risques de le perdre».
Dix minutes plus tard, elle rappelle. Je décroche après avoir envoyé le mail que Malick me demandait tout à l’heure.
- Je t’écoute, dit Abi d’un ton glacial.
- Je crois que tu connais Malick mieux que moi. Ce que tu es en train de faire ne fait qu’envenimer les choses. Ne le pousse pas à bout Abi. Je l’entends renifler, ce qui me fend le cœur, je suis une femme après tout.
- Il n’est jamais parti avec un interprète….
- La première réaction de la jalousie est la folie, la deuxième, le regret. Réfléchis avec la tête et pas avec le cœur. Tu es déjà allée avec lui en voyage d’affaires, alors tu sais comment ça se passe. C’est à peine si on s’adresse la parole de la journée tellement il est concentré dans son boulot. Si tu aimes vraiment ton mari, arrêtes tes crises de jalousie sans fondement toi aussi. Elle se met à pleurer.
- Est- il fâché ? demande-t-elle avec une petite voix.
- Bien sûr avec ton manque total de respect. C’est ton mari Abi. Dieukeur sangue la (ton mari n’est pas ton égal). Il n’est pas seulement ton partenaire de la vie, il est aussi et surtout ton Kilifeu (maitre) comme ton père.
- Ce n’est pas la même chose…
- Si Abi. Notre religion le recommande et notre prophète nous l’a inculqué. Je vais te raconter une histoire. Une fille est venue voir un jour le prophète Mahomet (PSL). Elle lui dit : « Mon père est malade mais mon mari refuse que j’aille le voir. Alors reste lui répond le prophète. Quelque jours plus tard, elle revient et lui dit : la maladie de mon père s’est aggravée mais mon mari refuse toujours que j’aille le voir. Alors reste lui dit encore le prophète. Quelque jours encore elle revient la troisième fois pour lui dire ; finalement papa est mort et mon mari refuse toujours que j’aille là-bas. Alors reste lui répond une dernière fois le prophète ». De prime abord, la chose est cruelle mais ici le prophète a voulu montrer que la femme en quittant le foyer de ses parents pour aller à celui de son mari, emporte avec elle la puissance paternelle et maternelle. Nous devons obéissance, respect et surtout dévotion à nos maris comme nous l’avons été avec nos parents. Combien de fois ces derniers ont eu un comportement blessant ou injuste envers nous. Les as – tu manqué de respect ou quitté ? Dans un navire, il y a toujours un capitaine qui dirige et même si on n’est pas d’accord avec certaines de ses décisions on continue de le suivre. Le cas contraire le navire coule. Je vais effacer tous les messages d’insultes puisqu’il ne l’a pas encore vus. Comme ça il y aura moins de dégât.
Je me tais enfin après ce long speech. Nous restons silencieuses un bon moment et elle dit enfin deux seuls mots avant de raccrocher : Merci Aicha.
J’ai pris un grand air de soulagement car je sais qu’elle ne va plus faire d’esclandre, en tout cas, je l’espère. J’ai pris le téléphone et comme dit, j’ai effacé tous les messages et je me suis replongée dans le boulot.
Les jours suivants ont été encore plus rudes, c’était la bataille générale. Le lundi premier jour du procès, j’ai eu un peu le trac mais rapidement je suis entrée dans le bain. Malgré la fatigue qui se voyait dans les yeux de Malick et de son équipe, il a fait un plaidoyer bluffant. Le travail gigantesque abattu ces derniers jours avait bien payé. Les avocats de la partie adverse ont commencé à paniquer après une heure de procès. En tout cas s’était bien partis. Au deuxième jour, ils ont demandé un report du procès, ce que Malick avait prévu. Au final, les avocats de la partie adverse ont fini par demander un règlement à l’amiable au quatrième jour. C’était la liesse.
Nous avons passé une journée entière à dormir. Comme Malick était tout heureux de sa victoire, j’ai profité de son euphorie pour le contraindre à appeler Abi. Il l’a fait après quelques hésitations et a été surpris de la façon conviviale dont elle a répondu à son appel. Le soir même, mon mari décide de rattraper le temps perdu, j’ai eu chaud. Vous voyez ce que je veux dire.
Le lendemain, nous visitons enfin la ville. Juste magnifique. Nous sommes d’abord allés au musée de l’Apartheid. Il illustre bien la montée et la chute de l’ère de ségrégation et d’oppression en Afrique de Sud. Une expérience bouleversante, surtout la pièce dans laquelle sont accrochés 131 nœuds coulants, représentant les 131 opposants au gouvernement qui ont été exécutés en vertu des lois antiterroristes. Ensuite nous sommes allés à Soweto, puis à la place Nelson Mandela et enfin le célèbre jardin botanique. Nous n’avions pas tous visité mais j’étais fatiguée. Nous avons pris un bon diner tous ensemble autour d’un grand gratte- ciel Art Déco à la fois moderniste et futuriste. Notre séjour tirait à sa fin mais nous étions tous heureux d’avoir gagné le procès et visiter un peu cette ville avec son passé riche en émotion.
Fusille, homme de main de Wilane : espionnage
J’y suis presque. Je sens que je vais bientôt la retrouver. Après avoir fait agressé sa tante, j’ai pu avoir tous les contacts de son téléphone donc le numéro de Aicha. Mais depuis une semaine, j’appelle et je tombe sur la boite vocale. Entre temps j’ai pu savoir maintenant où habite exactement ses parents. Dès le lendemain de l’agression, la mère d’Aicha est venue voir sa sœur et bien sûr mes hommes l’on suivie. Nous connaissons leurs emplois du temps de A à Z et nous avons pu mettre dans leur appartement plein de micros et deux caméras cachées. Cela m’a permis de savoir qu’Aicha était partie en voyage avec son mari. D’après les dires de Menoumbé, qui est une vraie boite d’informations, Aicha a décroché le gros lot. Bref en cinq jours j’ai pu savoir tout d’elle jusqu’à l’arrivée de son vol qui est aujourd’hui. D’ailleurs j’attends le coup de fil de mes hommes à qui j’ai donné la photo d’eux dérobée dans l’appartement de ses parents. Enfin, je vais savoir où elle vit. Mais il y a un hic dans cette histoire, c’est son mari : Malick Kane. Je ne sais pas comment mon patron va procéder mais ce qui est sûr c’est que ça ne sera pas facile. Parce que cet avocat n’est pas facile à berner ni à faire peur. Patron a déjà eu affaire avec lui dans le passé et le gars lui a carrément envoyé paitre. En ce temps, Wilane voulait qu’il devienne son avocat personnel mais ce dernier a refusé après avoir enquêté sur lui. Malgré la proposition très alléchante qu’il lui avait faite, il a dit niet. Ce qui avait contrarié lourdement mon patron jusqu’à avoir envie de le tuer. Quand il saura que c’est lui le mari d’Aicha èhe…mon portable sonne, je décroche à une vitesse éclaire.
- Oui ?
- Ca y est chef
- Magnifique enfin une bonne nouvelle. Je raccroche et cours voir Wilane que je fuyais depuis trois jours puisque mon délai était fini. Quand j’ouvre la porte, je suis accueilli par son regard glacial.
- Souriez Patron, j’ai une bonne nouvelle. Il se lève et fronce les sourcils et tapant la main
- Vous l’avez retrouvée. J’acquiesce de la tête et il vient me prendre dans ses bras et tape amicalement mon dos. Je le savais, je le savais. Tu me l’amènes quand ? Je raidis, il le sent et recule d’un pas en fronçant les cils. Quoi encore.
- Ca ne sera pas aussi facile patron, j’ai….
- Je ne veux rien entendre, emmène la moi aujourd’hui même.
- Calmez-vous sinon vous risquez de tout faire foirer. On ne peut pas se permettre de faire du n’importe quoi car son mari n’est pas n’importe qui.
- C’est qui ? J’hésite à parler ; dis-moi, crie – t-il encore.
- Vous le connaissez déjà : Malick Kane. Il reste silencieux cinq secondes.
- L’avocat ?
- Oui, répondis – je tout bas.
- Le salaud ! Donc c’est lui qui a ma Aicha. Déjà que je voulais le tuer à l’époque à cause de l’affront qu’il m’a fait, maintenant ça.
- Ce n’est pas tout patron, Aicha est enceinte.
- Quoi ? Il a osé ! Je veux sa tête, tu m’as compris, ta grosse tête sur un plateau d’argent que je vais donner à mes chiens. Bouffon, canaille…. Il a commencé à casser tout autour de lui en continuant ses insultes. Je suis resté sur place attendant qu’il se calme mais surtout réfléchissant sur comment le convaincre que le tuer n’est pas une bonne idée. Après avoir saccagé tout son bureau, il s’assoit sur son fauteuil de thé en respirant très fort. Je prends mon courage à deux mains avant de lui lancer.
- Mr Kane n’est plus ce simple avocat d’il y a six ans. Déjà qu’il était si bien que vous avez voulu le prendre à votre compte. Aujourd’hui, il est devenu un avocat de renommée internationale. Le tuer va soulever des montagnes.
- Et alors, tu es payé pour quoi.
- Je peux me débarrasser de lui mais il faut une bonne tactique, un bon plan
- Je ne veux pas qu’il continue à toucher ce qui m’appartient. Il jette encore un objet de son bureau avant de se prendre la tête.
- S’il vous plait patron, calmez – vous un peu. Laissez-moi tâter le terrain, faire mon enquête sur lui et surtout élaborer un plan méticuleux. La disparition ou la mort d’un avocat international ne passera pas inaperçue alors laissez-moi prendre le temps qu’il faut.
- Combien, demande – t – il en serrant la mâchoire.
- Vous n’êtes pas du genre à supporter une femme enceinte. J’aurai le temps de tout peaufiner avant son accouchement. Et dès que ça sera fait, on passe à l’action. Il ferme les yeux au moins une minute comme pour réfléchir ou se contenir.
- D’accord, j’ai entendu cinq longues années alors je peux bien patienter quelques mois encore. J’acquiesce de la tête et sors rapidement du bureau avant qu’il ne change d’avis ; je crois que cet homme est en train de devenir fou. A cause d’une simple fille dont la beauté n’est même pas extraordinaire. Mon vieux….Cette histoire va mal finir, je le sens.
Deux mois plus tard
Sokhna, la mère de Malick : Parti pris
Aujourd’hui mon fils passe à la mairie. J’ai essayé de le dissuader de faire ce mariage civil mais il m’a à peine écouté. Notre relation n’est pas au beau fixe depuis quelque temps et à qui la faute. Je n’aime pas cette fille car depuis qu’elle est entrée dans sa vie, c’est tout le temps des disputes. J’aurai voulu qu’il attende au moins un ou deux ans pour passer à la mairie comme il l’a fait avec Abi. Juste pour être sûr que c’est une femme bien et qu’elle ne sait pas mariée avec lui par intérêt. Mais Malick est complétement aveuglé par cette fille. Qu’est – ce que j’ai fait au bon Dieu pour que mes enfants finissent avec des gens comme ça. D’abord ma fille ainée Oumi et maintenant lui. Je ne parle même pas de la dernière qui m’a mis la honte de la vie en tombant enceinte hors mariage.
Abi est passée me voir hier avec les enfants. Elle a un peu maigri et se force tout le temps de sourire. Elle ne supporte pas du tout la polygamie et semble malheureuse. On sent une grande tristesse en elle mais elle essaye tant bien que mal de la cacher. J’en veux beaucoup à Malick pour son manque de contrôle face à cette fille. Sa préférence pour Aicha est plus qu’évidente vu la façon dont il la couve des yeux et se prête à ses moindres attentions.
Il y a un mois, Malick a amené ses deux femmes au mariage d’une de ses nièces. C’était l’occasion pour lui de présenter la famille à Aicha. Moi j’étais plus que contre ce procédé et voulais qu’elle respecte la tradition qui voulait qu’elle aille rendre visite aux membres de la famille un par un chez eux. Toute femme qui se respecte doit passer par là. C’est ce que j’ai fait, ma fille aussi et Abi encore plus. Même s’il l’avait amené chez son oncle, pour moi c’était insuffisant. Alors je suis allée la voir pour lui dire mes quatre vérités. Si elle veut une place dans la famille, il faut qu’elle nous donne un minimum de considération. Je ne veux pas d’une belle – fille aussi pingre qui garde tout ce que mon fils lui donne shim. Donc je lui ai donné rendez – vous le lendemain pour aller chez au moins trois tantes de Malick. Mais une heure plus tard, ce dernier m’a appelé pour me sermonner et me dire de ne pas me mêler de son mariage. Nous avons fini par avoir une dispute d’une rare violence. Quant – à Aicha, je n’ai plus essayé de la recontacter ni de prendre ses appels. Il faut le dire, je n’aime pas cette fille car elle n’a posé aucun acte me prouvant son amour pour mon fils, au contraire.
Je déplie mon habit sans enthousiasme et me mets à la préparation. Je n’ai pas élevé mon enfant durement pour me le faire enlever aussi facilement. Il est venu me voir avec elle, il y a deux jours, soi-disant pour se réconcilier avec moi. La sangsue m’a offert un tissu en brodé que j’ai regardé à peine avant de le jeter avec nonchalance à côté. Shiiiiiip, elle croit que je suis un sdf ou quoi ? Je vais l’offrir à ma bonne et la prochaine fois qu’elle vient ici, cette dernière va le porter. Tu vas voir Aicha, oser me mettre en mal avec mon fils. Depuis ce jour, pour moi, ma belle – fille c’est Abi et personne d’autre. Elle m’a toujours suivi à chaque fois que je venais la chercher et n’a jamais cessé d’honorer le nom de mon fils. Aujourd’hui j’ai choisi mon camp et elle va le sentir.
Malick : Mariage civil
Je regarde ma femme avec le sourire jusqu’aux oreilles. Elle porte une jolie robe blanche très simplette brodée sur le rebours gauche et qui lui va merveilleusement bien. J’ai pris Moustapha et Oumi comme témoins et elle a choisi Menoumbé et Suzanne. Cette dernière a été très touchée par ce geste. Mais elle le mérite puisque elle a joué un rôle déterminant dans notre relation. La cérémonie, malgré qu’elle se soit faite dans un cadre très simple, a été riche en émotion. J’aime cette femme de toute mon âme. Alors j’ai vite fait de légitimer notre mariage devant la loi car nous sommes dans une société où seuls les papiers comptent. On ne sait jamais ce que la vie nous réserve.
Trois mois que l’on est marié et j’ai toujours l’impression de faire un rêve éveillé. Je ne pensais pas qu’un jour je pourrais vivre aussi heureux avec une femme. Notre complicité est très grande, notre amour sans borne. Pour la première fois de ma vie, je me sens aimé et respecté pour ce que je suis. Elle partage avec moi mes idées et principes, me soutient dans chacune de mes démarches et ne fait jamais quelque chose sans d’abord me demander mon avis et mon avale. Elle est douce, prévenante et attentionnée, bref je suis un homme heureux.
J’ai tenu quand même à fêter cela dans un grand restaurant de la place. De mon côté, j’avais invité maman, mes deux sœurs, Moustapha avec sa femme et Suzanne avec son mari. Quant à Aicha, il y avait sa famille et deux de ses copines qui m’a-t-elle dit l’ont beaucoup aidée et soutenue. D’ailleurs c’est grâce à elles qu’elle est arrivée à avoir le poste. Je lui ai conseillée d’en prendre une comme stagiaire et de la former avant son congé maternel. J’aurai voulu qu’Abi soit de la partie mais elle n’est toujours pas habituée à son nouveau statut de polygame. Je sais que ce n’est pas facile pour elle, c’est pourquoi je continue à supporter ses crises de jalousie incessantes et ces manigances pour montrer qu’elle est plus légitime qu’Aicha dans la famille.
Nous avons attendu ma mère jusqu’à 20 h 30 avant de nous résigner et de passer la commande. Je l’ai appelé deux fois et elle me dit qu’elle est sur la route. Je sais qu’elle ne porte pas Aicha dans son cœur mais elle aurait pu faire l’effort d’être à l’heure. Elle ne supporte pas le fait qu’Aicha ne soit pas à sa disposition comme avec Abi. Je vois son dédain envers elle et les piques qu’elle lui lance tout le temps. Et heureusement pour moi que ça n’affecte pas ma femme et on en parle calmement à chaque fois qu’un incident se produit. Quand maman verra qu’elle n’arrivera pas à la mettre dans sa poche, elle va arrêter de lui faire la guerre comme ce fut le cas avec moi et Oumi. En tout cas c’est ce que j’espère au plus profond de mon cœur.
Le serveur était en train de nous servir quand je la vis sur l’embrassure de la porte. Mais mon attention fut surtout portée sur Abi qui affichait comme toujours son sourire jaune. Les battements de mon cœur se sont accélérés.
Ma mère (regard haineux vers Aicha) : Alors on mange sans sa belle – mère ? En plus quelle indélicatesse d’inviter toute la famille sans celle qui en est le fondement.
Abi (ton de reproche) : Aicha je suis fâchée contre toi. Moi qui croyais qu’on était amis ?
Aicha (se levant de sa chaise un peu honteuse) : Je ne sais pas quoi dire sinon que je suis désolée si cela t’a vexé. Je je je l’avais suggéré à Malick mais….elle se tourne vers moi, ne sachant plus quoi dire.
Moi (ton dissuasif) : C’est moi qui en ai pris l’initiative. J’ai trouvé inopportun de t’inviter à mon mariage civile même si Aicha a insisté. Maintenant si vous voulez bien vous assoir et arrêter vos reproches s’il vous plaît. Serveur apportez une autre chaise s’il vous plait en tendant le bras.
Cinq minutes plus tard l’ambiance était plus que tendue, personne n’osait ouvrir la bouche la première.
Menoumbé : Allahou Akbar. Tout le monde se retourne vers ce dernier qui mange avec appétit ces langoustes sautées. Walaahi c’est trop bon ah.
Nous avons tous éclaté de rire et l’atmosphère s’est détendue. Les conversations ont repris de plus belle. Les quelques piques d’Abi et de ma mère n’ont pas réussi à gâcher la soirée. J’avais préparé un discours mais je me suis ravisé en voyant qu’Abi commençait à s’énerver des petites attentions que je faisais à Aicha. Cette dernière m’a pincé la cuisse par deux fois mais cela ne m’a pas retenu, j’ai continué à la caresser, à lui donner de temps en temps des bouchées de son plat. Pour moi c’était notre soirée et hors de question qu’on nous le gâte. Vers 22 heures, Pape et Cheikh sont arrivés avec leurs belles guitares à la main. Ils se sont mis à côté de nous et ont commencé à chanter une de leur célèbre chanson d’amour nous incitant à nous lever pour danser. Je n’ai pas hésité et j’ai dû tirer la main d’Aicha pour qu’elle daigne se lever toute gênée. Quand nous avons atteint la piste de dance, elle me lance.
- En répondant à leurs provocations, tu deviens comme eux.
- Quand on me cherche on me trouve. Elle n’avait rien à faire ici, c’est mesquin… elle me coupe
- Je sais mais si tu continues, elle risque de craquer… cette fois c’est moi qui la coupe.
- Ne parlons pas d’elle s’il te plaît et profitons de cette dance. Elle ouvre la bouche mais je mets mon doigt dessus. Chuuut, lui murmurais – je à l’oreille. J’encercle encore plus mes bras autour de sa taille et l’idée de lui réciter mon discours me vient en tête. HUM HUM, elle recule la tête avec un sourire.
- Quoi encore ?
- J’ai fait un discours pour toi et comme je ne peux pas le dire là-bas alors ? Elle ricane et baisse les yeux. Je soulève son menton et commence.
Dès que mes yeux se sont posés sur toi, j’ai cessé d’exister.
Je suis perdu, vois – tu, je suis noyé, inondé d’amour.
Il m’arrive d’avoir peur de cet amour fou, grandissant, que même l’espace ne peut contenir.
Avec toi, j’ai compris que l’essentiel n’est pas d’être avec quelqu’un, mais d’être avec la bonne personne, son âme sœur.
Oui avec toi, j’ai appris à aimer sans rien attendre en retour car tu me rends heureux par ta seule présence.
Ton regard me coupe le souffle à chaque fois, ton sourire m’apaise, ton corps me foudroie, ta douce voix me transperce. Tout en toi me subjugue. Je suis fou de toi
Aujourd’hui je n’ai plus peur de parcourir le chemin de la vie puisque je t’ai à mes côtés pour toujours.
Je t’aime.
La musique s’était arrêtée sans que l’on s’en rende compte. Sur cette piste étroite, nous étions seuls au monde.
Krink krank kring (bruit d’une tasse de verre qui tombe avec fracas). Nous sursautons et nous retournons automatiquement. C’est Abi et elle s’apprête à en jeter un autre. Moustapha lui retient la main. Son regard vers nous est assassin. Ma mère se lève et jette avec énergie son torchon sur la table.
- Vient ma fille, nous partons. Elle prend rageusement son sac et tourne les talons accompagnée d’Abi qui a les larmes aux yeux. Les couleurs sont annoncés.
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 9 : Retrouvailles“]
Abi : prise de conscience
J’ai essayé de la détester, de lui en vouloir pour ce trop plein d’amour de Malick et de cette gentillesse débordante envers elle ; mais je n’y arrive plus. Ce n’est pas de sa faute si Malick l’aime plus que moi ou si notre couple ne marche plus. Elle a juste été le déclencheur, celle qui m’a fait comprendre qu’au fond, lui et moi, nous n’étions pas faits l’un pour l’autre. Il faut le dire, mon mari et moi ne voyons pas la vie de la même manière et malgré mes efforts, il y a toujours quelque chose qui vient heurter notre entente. Je dois l’avouer, Aicha est bien et peut – être que sans elle, je serais déjà divorcée depuis longtemps avec Malick.
Après ce fameux diner quand j’ai vu cet amour fou de mon mari envers une autre femme, j’ai craqué. J’ai pris quelques affaires et je suis partie avec les enfants. Il fallait que je m’éloigne de lui sinon j’allais finir par dire ou faire quelque chose que je pourrais regretter plus tard. Malgré quelques interventions et pressions de sa famille particulièrement de sa mère, le gars est resté de marbre. Moi qui ai toujours cru que l’amour de ces prochains envers moi allait jouer en ma faveur le jour où on aurait des problèmes, j’ai vite déchanté. Toutes ces idées que je m’étais faite, toutes ces largesses envers sa famille n’ont pas pesé sur la balance quand il l’a fallu.
Je crois que j’ai vécu les plus sombres jours de ma vie. Malick n’a fait aucun effort pour me reprendre, deux mois que je suis restée chez maman et pas une seule fois, il m’a appelé ou a essayé de voir ses enfants. Les hommes sont cruels. Des idées noires ont commencé à jaillir au fond de moi. Je voulais qu’ils souffrent autant que moi je souffrais. Entre l’amour et la haine, il n’y a qu’un seul pas. Ma mère, qui a toujours voulu que j’aille avec elle chez un fétichiste, en a profité pour me convaincre. Pour elle, Aicha était la pomme de discorde entre mon mari et moi alors il fallait la faire disparaître si je voulais retrouver l’harmonie de mon couple. Nous sommes allés à Boundoug un weekend pour rencontrer Gourou – gourou le féticheur de maman. Rien que le nom me faisait frissonner. Le premier jour, le gars m’a posé toutes sortes de questions nom et prénom de mon mari, celui de ma coépouse, leur date de naissance et le pourquoi de ma venue. Ceci fait, il nous demanda de revenir tard le soir quand tous les êtres vivants dormiront. J’ai eu la frousse de ma vie cette nuit-là, moi sortir à deux heures du matin pour aller en pleine brousse rejoindre un homme dont les rastas lui tombent jusqu’aux genoux, en plus seule. J’ai failli rebrousser chemin mais j’ai gardé à l’esprit cette image de Malick dansant avec elle et la regardant comme si elle était la prunelle de ses yeux. La rage au cœur, j’ai rejoint ce sorcier. Quel ne fut mon désespoir quand il me dira que leur amour avait été scellé par Dieu et béni par le ciel, la terre, les étoiles et tous les djinns. Je me suis sentie maudite, trahie et poisseuse. Moi qui étais venue dans l’optique de les séparer, j’ai vite déchanté. La seule possibilité qui s’offrait à moi était de leur rendre la pareille en leur faisant souffrir autant que moi je souffrais. Donc j’avais deux options : lui faire perdre son enfant ou la rendre folle.
Quand je suis rentrée à Dakar, je me suis enfermée dans ma chambre pendant une journée entière complètement déboussolée par ce qui venait de se passer. Étais – je capable de faire mal à quelqu’un par simple jalousie. Est – ce que l’amour valait la peine de vendre son âme au Diable ?
Par la même occasion, j’ai découvert ma mère, une femme cruelle, qui était prête à tout pour protéger ses intérêts. Elle ne comprenait pas le pourquoi de mon hésitation et surtout de ma tristesse. Pour elle, le mal se payait par le mal et m’exhortait à faire payer Malick sa trahison. Je me suis rappelée de ma tante qui avait perdu par deux fois son enfant et qui à la troisième fois avait été amenée à l’étranger. Il y a encore la quatrième femme de papa qui avait perdu la raison pendant presque quatre ans avant de retrouver ses esprits. A cette époque, ce qui enrageait maman, c’était la posture mon père qui est resté auprès d’elle et à continuer de l’aimer malgré sa folie. J’ai toujours entendu les rumeurs que c’était maman la cause de tous ces agissements mais aujourd’hui, j’en ai la certitude. Alors je me demande si cela en vaut la peine, puisque mon père a fini par la quitter. Le mal finit toujours par retourner là où il vient. Comme s’il avait deviné mon tourment, ce soir-là, papa m’a appelé. Dès qu’il m’a posé la question de savoir si j’allais bien, j’ai fondu en larmes. Il a attendu que je me calme pour me dire : « Ma fille, ne laisse pas la jalousie détruire ton couple. Il est vrai que l’amour va avec, on ne peut aimer et ne pas éprouver ce petit pincement au cœur quand on voit une autre personne avec son conjoint. Mais il ne faut jamais la laisser nous dominer. Car, quand elle s’installe dans ton cœur, elle éveille le mal qui est en toi. Abu Dawud, un des fidèles du prophète disait : Méfiez-vous de la jalousie car elle consume les bonnes œuvres comme le feu consume le bois. Oui toutes les bonnes choses disparaissent et on ne se focalise que sur les mauvaises. La jalousie mène à la suspicion, à l’angoisse. On finit par faire du mal à soi et à l’autre, à détruire ce que l’on a mis du temps à construire. Malick m’a appelé et il est dans les dispositions de te reprendre. Tu es la fille de son père et je sais que tu prendras la bonne décision. »
Dès que j’ai raccroché je suis allée aux toilettes déverser le contenu des deux bouteilles que le féticheur m’avait données, soulagé et fière de ma décision. J’ai fait deux rakas et demandé à Dieu de me donner la force d’accepter et de supporter l’amour de Malick pour Aicha. « Parfois la vérité nous fait mal, mais la maturité d’accepter la vérité nous fait grandir ». Cette nuit-là, j’ai rêvé de Aicha habillée tout en blanc, me tendant grandement les bras avec un sourire d’ange. Quand j’ai posé mes mains sur les siennes, elle s’est retournée et j’ai vu Malick se tenir debout au loin avec son sourire de rêve. Le lendemain, je me suis réveillée, l’esprit plus clair. Quand la bonne est venue me dire qu’Aicha m’attendait au salon alors j’ai compris qu’elle n’était pas mon problème mais la solution à mes problèmes.
Aicha : Tabaski
Je suis au terme de ma grossesse, j’ai de plus en plus difficile de me déplacer, mais j’ai tenu à ce qu’on fasse la fête de Tabaski en famille chez Abi, à Fann résidence. Cette dernière en a été très touchée vu que c’était mon tour ; mais qu’est- ce que la fête de Tabaski sans le père de famille. Oumi et ses enfants sont aussi de la partie. Elle s’est encore disputée avec son mari. Je crois que ces deux-là ont atteint un point de non-retour. Il y a des blessures que ni l’amour ni temps ne peuvent effacer.
Oumi (ton moqueur) : Il sort quand ma nièce ? Je caresse mon gros ventre et regarde Malick avec amour.
Moi (sourire aux lèvres) : Ma gynéco m’a déjà barré, là ça peut venir n’importe quand.
Malick (les yeux plissés) : Pitié, pas aujourd’hui. Nous éclatons de rire.
Moi (impatiente) : Cela ne me déplairait pas. Ouf je n’en peux plus vraiment. C’est trop dur.
Oumi : Tu devrais remercier le bon Dieu de t’avoir donné une grossesse aussi facile. Tu me dis que tu n’as vomi qu’une seule fois, une seule fois répéta – t- elle. Incroyable ! En plus, tu t’embellisses de jour en jour. C’est la première fois que je vois une si belle femme enceinte. Regarde-toi, tu brilles. Si j’avais une grossesse comme ça, je te jure que j’en serais déjà à dix et…
Malick (touchant le bois) : Hey laf thiat, car, machalah (ne nous porte pas malheur). Rien n’est encore acquis, attend que l’on franchisse la ligne d’arrivée. Éclats de rire.
Moi (faisant une grimace) : le ‘on’ là vient faire quoi ici schiipp.
Malick (regard qui se veut méchant) : Je t’ai dit de ne plus me chiper. Tu vois Oumi, elle, son signe de grossesse c’est l’impolitesse. Attend d’accoucher rèk fini – t-il en me pointant un doigt menaçant.
Moi (balayant sa main) : Ah, viens m’aider à me lever, petit coin m’appelle. Encore ah. Il me relève doucement et me donne une bise dont lui seul a le secret.
Oumi (ricanant) : Moi j’ai peur que tu retombes vite enceinte vu comment mon frère te dévore du regard.
Moi (horrifiée) : Astahfiroulah, astahfiroulah, astahfiroulah…Eclats de rire.
Je me dirige vers la toilette en tenant mon ventre devenu trop lourd. Vivement que j’accouche. Walaahi, les hommes auraient dû prendre leur part ish. Je passe devant la cuisine et entends Abi donner des directives à la bonne. J’aurai voulu l’aider mais je suis bon à rien du tout.
A mon retour, je la retrouve au salon en train de mettre la table. Malick la taquine et elle rit jovialement. Habillée comme une diva, Abi fait ses va-et-vient entre nous et la cuisine. Une femme africaine dans le vrai sens du terme. De sa démarche endiablée par un déhanchement sulfureux, à son sourire chaleureux et accueillant en passant par ses gestes sensuels et aimants, Abi tient à la perfection son rôle de femme chez soi. Dire qu’il y a quelques mois, ils ont failli divorcer : ha jalousie opium du couple. C’est fou comme les choses ont changé depuis que je suis allée la voir chez sa mère.
Ce jour-là, elle m’a accueilli pour la première fois sans jouer un rôle, sans tricher. Nous avons parlé à cœur ouvert, sans détour. Je lui ai fait savoir que Malick était triste de son départ et que même s’il est très orgueilleux pour l’appeler, il passe tous les soirs là- bas pour voir si elle était rentrée. Les hommes sont ce qu’ils sont, on ne peut les changer. Que c’était à elle de faire le premier pas, pas parce qu’elle est faible, mais juste parce que seule la femme est capable de transcender, de faire taire son orgueil pour sauver son mariage. C’est parce que nous enfantons, que Dieu nous a donné une âme aimante et miséricorde, une âme capable d’accepter l’inacceptable, de pardonner l’impardonnable. Pour moi l’amour d’une femme pour son mari doit être comme l’amour d’une mère envers son fils ; c’est-à-dire aimer sans comprendre, aimer sans retenue et surtout aimer sans rien attendre en retour.
Ce jour-là, Abi m’a pris dans ses bras m’emportant avec elle dans ses pleurs. Elle est rentrée deux jours après et depuis nous sommes plus que des amies. Un mois plus tard, elle ouvrait un atelier de couture et s’y adonnait avec passion. Elle a compris que son véritable problème venait du fait que toute sa vie tournée autour de Malick et de sa famille. Il est certes vrai que rien n’est plus beau que l’amour, rien n’est plus noble que le sacrifice de soi pour l’autre mais il ne faudrait pas s’oublier en cours de route. Quand Malick a vu qu’Abi ne lui prêtait plus beaucoup d’attention, il a commencé à l’appeler le soir pour voir si elle était rentrée. Ha les hommes, quand il voit que tu ne deviens plus leur priorité alors ils éprouvent toujours le besoin de te faire savoir qu’ils sont là.
Bref, aujourd’hui un bel équilibre s’est installé entre nous trois que ma belle – mère vient souvent perturber. Cette dernière devait elle aussi faire partie de la fête mais elle était en froid avec Malick. Encore une fois, nous nous sommes heurtés à ses principes familiaux. Je vais finir par avoir une crise cardiaque à cause de ses exigences si extravagantes. Il y a deux semaines, elle est venue me voir avec une liste de 21 personnes (oncles, tantes, cousins) pour que je demande à mon mari de leur acheter chacun un mouton, car il était riche et qu’il se devait d’aider sa famille. Pour elle, parce que monsieur m’aime à la folie et que je suis enceinte, que je peux lui faire faire tout ce que je veux. Que si je ne réussissais pas à le convaincre d’être plus généreux envers sa famille, c’est parce qu’au fond je voulais juste tout garder pour moi. Pour une fois, j’ai essayé de convaincre Malick car j’étais fatiguée de ses insinuations, de ses piques incendiaires qu’elle me lance à chaque fois que l’occasion se présente et surtout de la mésentente grandissante entre lui et sa maman. Mais c’était sans compter sur l’obstination de celui-ci. Ce jour-là, il m’a dit que sa mère est le genre de personne à qui on offre la main mais qui prend le bras entier il trouve que les erreurs du passé lui ont appris à ne plus répondre à ses caprices. Du coup, une dispute a encore éclaté entre les deux et comme toujours, on disait que j’étais la pomme de discorde. Au début, cela ne m’affectaient pas, je ne me concentrais que sur mon couple. Mais au fil du temps, la pression sociale a joué sur la paix de l’esprit.
Il est quinze heures passé de dix minutes, quand nous nous mettons enfin à table. Il y avait une belle ambiance et les enfants étaient tous excités, parlant de leurs futurs butins. Le jour de la tabaski, les enfants font le tour du quartier pour montrer la beauté de leurs habits et les adultes, en signe de contentement, leur offrent de l’argent. C’est ce qu’on appelle « le ndéwéneul ». Une coutume ancestrale que l’on ne peut leur occulter même si aujourd’hui cela ce fait de façon si désordonnée.
Sokhna (fille de Malick) : Papa, on part quand chez grand-man ?
Malick (mâchoire serrée) : On n’ira pas chez grand mame aujourd’hui, dit – il d’un trait.
Tous les enfants (surprise) : Pourquoi ? Brouhaha, chuchotement en bas…
Malick (ton tranchant et visage fermé) : Parce que c’est comme ça.
Les mines tristes, ils commencent à quitter la table à tour de rôle, disant ne plus avoir faim. Ils marchaient en file indienne, les épaules abaissées comme s’ils avaient tout le poids du monde sur eux. Ça m’a presque donné envie de rire. Quand tous ils ont disparu, Oumi tente de faire une approche.
Oumi (hésitante) : S’il te plait Malick, c’est le jour de la Tabaski, je suis sûre qu’elle est toute triste en ce moment. C’est maman, tu ne pourras jamais la changer.
Malick (ton dur) : Je voudrais juste qu’elle arrête de se mêler de ma vie, de vouloir contrôler mes dépenses, de calomnier Aicha…
Oumi (visage triste) : Je sais tout ça mon frère mais s’il y a des deux un qui doit supporter les caprices de l’autre et c’est toi. C’est ta mère, celle qui ta engendré, t’a éduqué et mis sur le droit chemin. Elle aurait pu se remarier après la mort de papa mais elle a préféré se sacrifier et concentrer toute sa vie sur nous.
Malick (se prenant les mains au visage) : J’aurai accepté le mot sacrifice s’il était désintéressé. Une vraie mère doit être capable de laisser ses enfants voler de leurs propres ailes le temps voulu. Elle va finir par me perdre avec son entêtement à vouloir contrôler ma vie car je ne l’accepterais jamais.
Abi (posant sa main sur le bras de Malick) : Toutes les mères sont possessives avec leurs enfants. Tu devrais essayer d’être moins dur avec elle c’est tout.
Moi (voix triste) : S’il te plaît Malick, profitons de cette fête pour aller la voir, c’est un jour d’amour et de pardon….
Malick (ton plus strict) : Ma décision est déjà prise alors stop.
Oumi (énervée) : C’est comme tu le sens mais moi quand j’irai la voir ce soir j’amènerai les enfants avec moi. Ne les mêle pas à vos histoires.
Malick (regard noir) : Je n’ai aucun droit sur tes enfants mais les miens, ils ne bougent pas.
Abi (surprise) : Il ne faut pas exagérer toi aussi, tu…
Malick (criant) : Assez !
Nous avons toutes sursauté, avant de nous regarder à tour de rôle et de recommencer à manger en silence. Je sentais que les larmes aller se pointer d’une minute à l’autre alors je me suis levée de table pour aller me réfugier dans la chambre d’ami qu’Abi avait aménagée aujourd’hui pour moi. Là, j’ai laissé libre cours à mes larmes. D’une manière ou d’une autre, même si je ne suis pas la responsable de cette situation insupportable, j’en suis la cause. Parce qu’il ne veut pas que je devienne le toutou de sa mère, Malick est plus que possessif avec moi. Toutes les fois où elle m’a invité à aller avec elle à une fête, il a refusé. Je ne suis jamais allée la voir sans lui et à chaque fois que je veux lui offrir de l’argent comme à cette période de la fête, il dit qu’il lui en donne assez. Bref c’est lui qui a mis cette grande barrière entre elle et moi et c’est moi que tante Sokhna en veut à mort. Je ne sais plus quoi faire. J’en ai marre….
Malick : distributeur automatique
Quand Aicha s’est levée de la table, je me suis encore plus énervé. A croire que le bonheur total n’existe pas. Enervé, je m’assois sur mon fauteuil en prenant la télécommande. Regardez-moi ça, une fête qui avait si bien commencé et voilà maintenant que tout le monde est fâché et que chacun part dans son coin. Est – ce que j’exagère ? Je n’ai jamais voulu être un tyran chez moi. Seulement, je n’aime pas les agissements de maman envers ma famille particulièrement envers Aicha. Pif, elle vient de gagner parce qu’elle a réussi à gâcher notre fête qui avait si bien commencé. Même Aicha, qui n’a jamais contesté mes décisions, commence à se rebeller. Je connais ma mère et si je commence à lui accorder certaine concession, elle va déborder. La preuve, il y a trois ans alors que les affaires commençaient vraiment à marcher, elle est venue me voir à quelques jours de la Tabaski. Elle voulait que j’offre des moutons aux plus âgés de la famille qui étaient dans une situation difficile. J’ai trouvé le geste noble et je lui ai remis deux millions lui disant que les cinq cent mille étaient pour elle et le reste elle n’avait qu’à voir. Une semaine après, elle revient à la charge pour me dire que ce n’était pas assez. J’ai dit niet et le pire dans tout ça c’est que le lendemain de la Tabaski, Oumi m’appelle pour me dire que Maman n’avait même pas acheté de mouton pour elle. Générosité maladive ou extravagance surnaturelle, en tout cas j’en ai pris graine et je ne l’ai plus jamais confié ce genre de tâche. Depuis je demande à mon chauffeur de le faire. Je lui donne douze enveloppes de cent cinquante mille chacune avec une liste de personnes. Hier comme aujourd’hui, elle n’est jamais satisfaite et essaye toujours de trouver un moyen de pression pour me faire dépenser plus. Pourtant j’en fais beaucoup pour sa famille et celle de mon père, seulement je ne le crie pas sur tous les toits. Aujourd’hui, à cause d’elle je suis peint comme le plus pingre de la famille alors que nenni.
Je me lève et décide d’aller parler à Aicha histoire de voir comment elle va. Elle semblait être au bord des larmes en se levant de table. Si ma mère ne me posait pas autant de problèmes, je serais l’homme le plus heureux du monde. Mes affaires vont bien et mes deux femmes s’entendent à merveille. Abi a vraiment changé depuis son retour, elle est devenue plus prévenante avec moi, moins rebelle et surtout elle ne me fait plus de crise de jalousie avec Aicha. Son atelier de couture lui est très bénéfique car elle semble plus épanouie, moins inutile. C’est seulement son côté dépensière qui quoique et je suis en train de la recadrer au maximum. Quant à ma relation avec Aicha, c’est comme un conte de fée. Elle me comble sur tous les côtés au point que mon amour pour elle ne cesse de croitre. Notre complicité est sans borne et aujourd’hui je suis si heureux avec elle que dès fois j’ai peur. De quoi, je ne saurais le dire.
Quand j’ouvre la porte de la chambre, elle sursaute et s’essuie le visage mais les larmes continuent de couler. Je me précipite vers elle complètement perturbé de la voir dans cet état.
- Qu’est – ce qu’il y a mon amour ? Elle ne dit rien et essaye de se calmer mais pleure de plus belle. Je la soulève et la prend dans mes bras
- S’il te plaît arrête de pleurer. Excuse-moi de m’être emporté. Chut, chut. Elle hoquette et essaye tant bien que mal d’arrêter. Je suis comme perdu car je me rends compte que cette situation l’affecte plus que ce qu’elle ne veut montrer. C’est la première fois que je la vois pleurer après ce fameux soir où elle m’avait raconté son histoire avec son feu mari. Je recule et encadre mes mains autour de son petit visage.
- si cette histoire avec ma mère te met autant dans cet état alors je vais faire un effort. Tu sais bien que je ferais tout pour toi. Elle sourit enfin ce qui me donne un baume au cœur.
- Je suis juste fatiguée de toutes ces disputes, hoquette-t-elle.
- D’accord c’est compris. Je vais dire aux autres de se préparer, on y va. Fais-moi une bise. Elle se mit sur la pointe des pieds et m’en donne une mais je la retiens quand elle essaye de reculer. J’ai tellement envie d’elle, depuis le temps.
- Malick Kane yémal (reste tranquille). Je prends un grand air et ferme les yeux de frustration.
- C’est la plus grosse punition de toute ma vie. Elle éclate de rire et me tape sur le bras.
- Bien fait pour toi, vas-y avant que tu ne changes d’avis.
Nous sommes arrivés chez maman vers 17H30 car ça a pris presque deux heures à Abi pour s’habiller. J’ai failli la laisser sur place. Comme nous n’avions rien dit à maman, elle n’a pas caché sa joie de nous voir. Tout de suite, tous les enfants ont couru vers elle pour l’embrasser. Il y avait dans le salon, deux de mes tantes, des cousines et leurs maris et une ribambelle de gamins. J’ai salué tout le monde et je suis venu embrasser chaleureusement ma mère. Elle a ouvert grand les yeux avant de me lancer.
- Lou khèwe (que se passe t – il) ? Je regarde Aicha qui esquisse un sourire très large, ce qui me donne plus d’élan. Je m’assois près d’elle et l’enlace.
- Hé maman ne commence pas, c’est Tabaski et je suis venu en paix. Tu m’as manqué et je l’embrasse encore. Elle se tourne vers Oumi en lui tendant la main.
- Pince-moi s’il te plaît, je veux vérifier que je ne rêve pas. Tout le monde a éclaté de rire et une belle ambiance s’est installée. Les enfants ont commencé à défiler devant moi pour réclamer leur ‘ndéwéneul’ (argent distribué aux enfants durant la fête de tabaski). Quand je finis avec eux, j’en ai fait de même avec mes tantes. Mes cousines ont réclamé aussi leur part et j’ai donné. Bref pendant une demi-heure j’étais devenu un distributeur automatique et c’est ma mère qui a eu le plus gros pactole. Je dois admettre que cette petite trêve m’a fait plaisir, voir Aicha si souriante encore plus.
Nous avons finalement quitté chez maman vers vingt – heures direction chez mes beaux-parents. Nous sommes d’abord passés chez la mère d’Abi qui nous a accueillis un peu froidement. Sa relation avec sa fille n’est plus au beau fixe et je me demande pourquoi. Même si Abi le nie, je sais que ça ne va plus entre elles. Après là-bas, direction chez Aicha. J’avais hâte de retrouver Menoumbé car j’adore ce gosse. Il est sans façon, aucun ne complexe et surtout c’est un livre ouvert qui dit toujours ce qu’il pense. Il y a quelque temps de cela, je l’avais appelé à mon bureau lui proposant un poste dans mon entreprise et à ma grande surprise il a refusé. Il m’a dit que ses parents vieillissaient et qu’il serait incongrue de les laisser gérer seule la superette surtout avec les bagages lourdes et autres. J’ai trouvé son refus noble et je l’ai encore plus respecté. Malgré que leur fille se soit mariée à un richissime, ils n’ont pas essayé d’en profiter ; au contraire. J’adore cette famille si digne et si pleine de valeurs.
Comme toujours c’est la grande joie quand on se retrouve, il n’y a pas de triche, pas de faire semblant ni de manière juste, la joie de se retrouver. Pour la première fois Abi vient chez Aicha. Elle n’arrête pas de regarder autour d’elle peut – être surprise de voir les parents de Aicha, vivre dans un endroit si modeste. On nous a installés au salon, servi de la boisson et les discutions ont commencé. Toujours égal à lui-même Menoumbé se lance.
Menoumbé (se frottant les mains) : Ani sama ‘ndéwéneul’ (où est mon argent) ?
Beau – père (sursautant) ; Tu n’as pas honte ? Tu as quel âge ?
Menoumbé (protestant): Chi papa sarahe ma ngakk boul ma yahal (s’il te plaît, ne gâche pas mon affaire).
Je sors une liasse de cinquante mille francs et la lui tend.
Belle – mère (se prenant la bouche) : Yé hèèèè…
Menoumbé (danse) : Malick Kane yaye dix mille franc, koula ame dieul, koula niake outila, yaye dix mille francs (tu es comme le billet de 10 000 fr, tout le monde te veut et qui ne t’a pas te cherche).
J’ai tellement rigolé que j’en avais les larmes aux yeux, non ce gars va me tuer surtout avec sa façon de danser. Son père lui a lancé un coussin à la tête mais il a continué à répéter la même chanson. C’est seulement quand il a pris sa chaussure qu’il est sorti du salon en courant. J’essayais d’arrêter mon fou rire quand j’ai entendu Aicha crier. Boum boum boum accélération du cœur. Elle était partie à la douche à notre arrivée. Menoumbé est rentré au salon comme un vent en criant : elle arrive, elle arrive. Nous sortons tous en courant et là je vois Aicha, me regardant paniquée.
- Je crois que je viens de perdre les eaux.
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 10 : Le baptême“]
Abi : serviable
Quand nous somme arrivé chez les parents de Aicha, j’ai été surpris de voir dans quelles conditions vivaient ses parents. Ils m’ont accueilli avec beaucoup de chaleur et m’ont installé dans leur minuscule salon avec tous les honneurs. Pourtant je sais que si Aicha le voulait, Malick les aurais fait déménager. Mais en les voyant si à l’aise, on devine qu’ils sont des personnes très fières. Je n’ai pas pu m’empêcher de leur envier cet amour si sincère entre eux, cette joie de vivre mais surtout ce laisser-aller presque enfantin.
J’étais dans ces réflexions quand j’ai entendu le cri de Menoumbé. Deux minutes plus tard, nous étions en route pour l’hôpital. Seulement avec la fête de la Tabaski, il y avait un embouteillage monstre. Après deux heures de route, c’est comme si nous étions toujours sur place. Une des voitures qui venait de face nous appris qu’il y avait un grave accident juste à l’entrée de la route nationale. Je me suis tournée vers Malick qui était proche de la crise d’angoisse. Je pose ma main sur son bras l’obligeant à me regarder.
Moi (voix réconfortante) : Essayons de repérer une clinique dans les parages sinon…..
Malick (énervé) : Hors de question, je ne veux pas que ma femme accouche n’ importe où. Il se tourne vers Aicha qui venait de lancer un autre cri.
Tante Dibore (très inquiète) : Vu comment ces contractions se rapproche, elle fait un accouchement éclair alors il faut vraiment se grouiller.
Malick (hésitante) : Je ne sais pas trop, on entend tellement de choses horribles dans ces hôpitaux et clinique véreux.
Moi (suppliante) : On n’a plus le choix, s’il te plaît.
Aicha criant : Je te jure que si tu ne m’amènes pas à l’hôpital le plus proche, j’accouche dans ta voiture. Nous nous tournons tous vers une Aicha complétement en sueur et respirant fortement. Malick se prend le visage, ces mains tremblent et il ferme les yeux quelque secondes.
Lui (décidé) : Allons y alors, dites-moi juste ou belle – maman ?
Dix minutes plus tard, il se garait devant une clinique ou une maison je dirais. Nous somme accueilli par un gardien qui nous guide vers l’intérieur. Rapidement Aicha est prise au soin, sa mère insiste pour l’accompagner dans la salle. Quant – à moi et mon mari, on nous demande de patienter dans une petite salle de réception. Un monsieur vient se présenter à nous.
Monsieur (sourire aux lèvres) : Bonsoir, c’est vous qui êtes venu avec la femme enceinte ?
Malick : Oui ?
Monsieur (ton aimable) : J’aimerai que vous me suiviez pour remplir son dossier et en même temps payer la facture. Malick tâte ses poches avant de lui répondre.
Malick : Pour le payement cela attendra demain parce que je….
Monsieur (ton strict) : Ce n’est pas possible monsieur. La politique de la maison ne nous permet pas de prendre en charge un malade sans que celui-ci ne paye au préalable.
Malick (fronçant les cils) : Je vous demande pardon ?
Monsieur (reculant d’un pas) : S’il vous plait monsieur, je ne veux pas de problème. Je m’approche doucement de lui et lui murmure presque.
Moi (voix douce) : Ne t’inquiète pas, vas retirer sur un guichet, on va t’attendre ici et calme toi. Il me regarde cinq seconde et se retourne vers le gars.
Malick : C’est combien que je dois amener ?
Monsieur (sourire) : Pour l’instant 200 000 fr mais vue comment elle est arrivée en catastrophe, j’ai bien peur qu’on ne l’amène au bloc.
Moi (visage fermé) : Quoi ? Césarienne diame, Aicha peut accoucher normalement Malick. Ces cliniques là avec leurs politiques de césarienne pour tous. Ne les laisse pas faire.
Malick (pointant le doigt au mec) : Vous l’avez entendu, pas de césarienne ni rien du tout sinon je vous colle un procès.
Monsieur (levant les mains) : Ce n’est pas de mon ressort.
Malick (haussant le ton) : Ou est – elle ? Je veux la voir et voir aussi son docteur.
A cet instant la maman de Aicha débarque en courant presque.
Tante Dibore (paniquée) : Malick vient tout de suite, le docteur là, je crois qu’il sort de la planète mars. A peine ma fille et demande de préparer le bloque.
Malick (énervé) : Je te suis ma tante.
Monsieur (l’air gêné) : Monsieur, ne me compliqué pas mon boulot s’il vous plait. Réglons d’abord la question du payement.
Malick (se tournant vers moi) : Abi, va retirer ce qu’il faut. Je code c’est 2312 ; fait vite. Je prends la carte bancaire, le regardant surprise car c’est la première fois qu’il me le donne.
Moi (anxieuse) : Y a-t-il une banque dans les parages ?
Monsieur : Oui madame, juste au coin de la rue. Je vais demander à notre vigile de vous accompagner comme il fait nuit et les bandits rodent toujours prêt des guichets automatique.
Je sors de la clinique en regardant une dernière fois, là ou Malick avait disparue avec la mère d’Aicha. Je commence à prier au fond de moi. J’espère que tout se passera bien. Aicha est devenue au fil du temps comme la petite sœur que je n’ai jamais eu. Elle a réussi là où tout le monde à échouer, elle sait trouver les mots et grâce à ses conseils de tous les jours, je suis épanouie dans mon mariage. Il m’arrive dès fois de repenser à ce que la voyante m’avait dit et je me dis qu’elle s’est surement trompée, ça arrive. En tout cas vivement qu’elle accouche du bébé et qu’on fasse le baptême du siècle.
Dibore, mère d’Aicha : superstitions
Je cours avec Malick vers la salle d’accouchement, le cœur battant très fort. Nous somme arrivé juste au moment où le corps médicale s’apprêtait à sortir Aicha. Ils étaient trois, une sage – femme d’âge mur, une aide-soignante et un gynéco pas très aimable.
Malick (ton sévère) : Je peux savoir où est – ce que vous amenez ma femme ?
Le médecin (irrité) : Le bébé est en souffrance fœtale, il faut rapidement l’opérer sinon vous risquez de le perdre.
Moi : Ma fille a commencé à faire son travail que depuis moins de trois heures alors je doute que le bébé soit en difficulté. Elle peut accoucher normalement, j’en suis sure.
Malick et Aicha s’interroge du regard et se retourne vers moi comme pour me poser une question muette.
Moi : Je te jure que ma fille peut accoucher normalement, j’en suis sure et certaine.
Le médecin (énervé) : Etes-vous médecin madame ? Se tournant vers mon beau fils il continue. Je sais ce que je fais.
Moi (dernière tentative) : J’ai entendu la sage-femme quand elle vous appelait pour vous dire qu’elle est déjà à huit doigts et que ce n’est qu’une question de minutes. Il faudra me passer sur le corps pour opérer ma fille.
Le médecin (criant) : Je n’ai pas de temps à perdre. Ecoutez monsieur, la décision vous revient dit – il à l’endroit de Malick. Ma fille continuait de crier et de pousser sans se soucier de tout ce qui l’entourer. Mon beau – fils le regarde encore une fois, ce prend le visage et prend un grand air.
Malick (pas sure) : Essayez encore une demi – heure au plus… Le médecin tourne les talons et sort de la salle sans laisser le temps à celui – ci de continuer. Vous n’avez pas le droit d’abandonner votre malade….je ne l’ai écouté plus, j’ai couru vers ma fille et je lui ai pris la main. Elle était en sueur et pleurait comme une madeleine. La sage-femme la plus âgée avait déjà relevé sa robe et remis ses pieds sur les étrillés.
La sage – femme (me regardant) : Vous avez pris la bonne décision madame car elle est déjà à dix doigts. Allez ma fille respirer bien fort et poussez ce n’est plus qu’une question de temps. Aicha en entendant cela a, d’un coup repris des forces. J’entendais des cris dehors mais là, tous ce qui m’importait c’était Aicha. Cette dernière écrasait ma main sans le savoir mais je ne disais rien et priais de toutes mes forces. L’accouchement est la plus grande épreuve de la vie pour une femme. Seule Dieu est capable de mettre de la beauté dans la souffrance. Une douleur indescriptible qui traverse toutes tes entrailles et déchiquette tout tes os.
Aicha (remuant la tête) : C’est trop dur maman, je n’en peux plus dit – elle d’une voix essoufflée.
La sage-femme : Utilise la douleur que tu ressens, fâches – toi contre elle et pousse de toutes tes forces. Elle m’a regardé, une autre larme a coulé, je l’ai effacé.
Moi (réconfortante) : Vas-y ma fille, tu peux y arriver, allez pousse criais – je. Elle relève encore la tête et pousse de toutes ces forces en criant.
La sage – femme : Ca y est, je vois la tête, ppppouuuuusssseee….. Et voilà, le bébé sort enfin et c’est là que le médecin choisi pour revenir dans la salle. Il se fige en voyant la sage – femme tenir le bébé, reste quelque secondes avant de se précipiter vers elle. Dix seconde plus tard, on entendait enfin le cri de la délivrance, mes larmes ont commencé à couler, soulagée. Le médecin a fait le reste et a quitté la salle sans un regard ni un mot vers nous. Même pas une félicitation. La sage – femme a remis l’enfant à ma fille après l’avoir nettoyer. Aicha la regardait comme toutes les femmes regardent leur bébé pour la première fois : un trésor, une pierre précieuse qui fait son apparition après une éruption volcanique. Le sentiment que l’on ressent à cet instant est juste magnifique. On oublie de suite toute la fatigue et la douleur extrême que l’on vient de subir. Un sentiment d’euphorie, de fierté et d’amour intense vous submerge face à cet être que vous gardez pendant neuf longs mois dans votre ventre.
Aicha (émotive) : Appelle Malick s’il te plaît. Je sors rapidement et le vois en train de faire les cents pas dans le couloir au fond. Dès qu’il m’a vu, il a couru vers moi. Je me suis juste écartée, le laissant passer. Il s’est précipité dans la salle et quand il a vu Aicha tenir le bébé dans les bras, il s’est figé une seconde avant de s’avancer doucement comme il avait peur. Quand il s’est tenu devant eux, Aicha lui a tendu son bébé et il l’a pris sans dire un mot. J’ai vu toute sorte d’émotion traverser son visage, la peur, l’émerveillement, la joie, la fierté….
La sage – femme (s’approchant de lui) : Il faut qu’on la prenne maintenant.
Après avoir remis le bébé, mon beau fils s’est tourné vers ma fille et lui a dit : merci en essuyant une larme qui venait de couler.
Aicha (émue) : C’est le plus beau jour de ma vie. Il l’a pris tendrement dans ces bras en serrant très fort.
Malick (murmurant) : Merci à toi de me rendre si heureux. Je t’aime tellement.
Je les ai regardé et moi aussi j’ai dit au fond de moi : merci Dieu, d’avoir mis un homme aussi bon sur le chemin de ma fille.
Partie Aicha : Maman
Aujourd’hui, je me réveille toute excité à l’idée de quitter enfin cette clinique qui commençait à m’oppresser. Surtout avec ce personnel à qui je dois débourser de l’argent pour chaque petit service rendu. Mais le pire c’est toutes ces marchandises que l’on te propose à longueur de journée comme si tu étais au marché Sandaga. Dire que j’ai failli être opérée parce que tout simplement le médecin voulait se remplir un peu plus les poches. Je comprends maintenant pourquoi sur huit cas sur dix, les femmes accouchent par césariennes. L’état devrait prendre des mesures faces à cela. Toc, toc.
Moi : Oui entrez !
Une femme tenant ma fille entre en me lançant un sourire chaleureux.
Elle : Prête pour le départ ?
Moi : Plus que prête, j’attends juste mon mari, il est entrain…Malick fait entrer sa tête. Quant – on parle du loup.
Malick (tout heureux) : Bonjours mes princesses. On y va ?
Nous sommes dans la voiture direction chez Abi. Elle m’a proposé de m’installer là-bas pour un mois au moins, le temps de m’habituer à mon nouveau statut de mère. Le baptême se fera aussi chez elle, vu que mon appartement est trop petit. J’aurai voulu faire quelque chose de moins grandiose et Malick aussi mais qui peut dire non à sa mère. Elle nous a pratiquement crié dessus le premier jour où elle est venue me voir.
- Tu penses à quoi ? Je me retourne vers lui.
- Je suis un peu anxieuse par rapport au baptême ?
- Ah bon pourquoi ? J’hésite à lui dire mon appréhension. Il se tourne vers moi d’un regard interrogatoire avant de se reconcentrer sur la route. Je prends un grand air avant de continuer
- Je voudrais faire quelque chose par rapport à ta famille.
- Dis-moi ? Son visage se crispe faisant accélérer mon cœur de suite.
- Tu sais bien que ta mère ne m’aime pas et je voudrais profiter de ce baptême pour entrer dans ses bonnes dix grâces. Il m’a encore regardé mais cette fois en fronçant les cils avant d’entrer dans un silence lourd. Il fait toujours ça quand il est énervé ou irrité. Et tout de suite, je m’en veux d’avoir succombé à la pression de ma mère qui n’a pas arrêté de me harceler par rapport à cette histoire de ‘yébi’ (cérémonie durant laquelle, la femme doit gâter sa belle-famille de présents).
Jusqu’à ce qu’il se gare, il n’a plus parlé et moi je n’ai pas osé rompre le silence. Quand il coupe le contact de la voiture, il se tourne complétement vers ma moi en détachant sa ceinture. Une main posée sur le volant et l’autre sur mon épaule, il me regarde droit dans les yeux avant de parler.
- Aicha, je ne suis pas le genre d’homme à me répéter, ni à marchander. Tu connais ma position par rapport à ces futilités. Ma religion et mes convictions ne me permettent pas de cautionner le gaspillage. Maintenant tu es assez grande pour prendre tes responsabilités. Soit juste prête en à assumer les conséquences. J’ai voulu lui répondre mais il s’est retourné et est sorti de la voiture en prenant la valise. C’est la première fois qu’il est fâché contre moi et ça fait mal. Nous entrons dans la maison ou Abi et les enfants nous attendaient tous excités. Ces derniers ont couru comme des fous à ma rencontre et ont failli me faire tomber avec le bébé.
- Hey doucement rugit Malick, nous faisant tous sursauté. C’est quoi ces manières, merde. Surpris par le ton virulent, les enfants se cachent presque entre mes jambes. Finalement un peu gêné, il tourne les talons et monte les escaliers en vitesse. Abi se tourne vers moi en ouvrant les mains.
- Il se passe quoi là ? Je ne dis rien car je sentais les larmes monter. Elle n’insista pas et pris ma valise me demandant de la suivre. Je regarde vers le coin ou se trouvait la chambre que j’occupe à chaque fois que je viens ici.
- On va où ?
- Tu verras répond – elle en me faisant un clin d’œil. Nous contournons le salon et Abi ouvre une porte que je n’avais jamais remarquée. Nous longeons un petit couloir qui débauche sur un petit salon très joli, décoré à la marocaine.
- C’est jolie ici ? Je ne rappelle pas l’avoir visité ?
- C’est parce qu’il était fermé, on ne savait pas trop quoi en faire. Comme tu dois rester un mois, ce serait mieux que tu aies ton propre espace.
- Je ne sais pas quoi dire Abi, vraiment tu es trop gentille avec moi.
- Ho c’est rien, tu le mérite amplement Aicha. Elle m’a souri et a ouvert une autre porte disant tan – dan. J’ai avancé d’un pas et suis restée devant la porte subjugué par la beauté de cette grande chambre. On sent que tout est neuf, le papier peint sur les murs, les meubles en bois massifs, la décoration, tous. Comme si elle avait lu dans mes pensées, Abi s’avance en disant.
- Il a tout fait durant ces deux jours. Tu aurais dû le voir avec les ouvriers, je ne savais même pas qu’il avait si bon gout. Tu ne dis rien ?
- C’est magnifique, j’en perds les mots. Je me tourne vers Abi, le sourire allant de Kidira à Bamako. Merci.
- Ce n’est pas moi que tu devrais remercier, il était tout excité de te montrer son travail. Qu’est – ce qui s’est passé demande t – elle en prenant le bébé dans ses bras. Je m’asseye sur le lit découragé.
- Ma mère n’arrête pas de me harceler au sujet du baptême. Elle voulait que je le convainque de faire le Yébi, bah tu sais quoi ?
- Ne fais pas les même erreurs que moi Aicha. Ne laisse pas les aadas (coutumes) détruire l’harmonie de ton couple.
- Maman m’a dit que… Mon portable commence à sonner, c’est elle. Je le montre à Abi en respirant découragé avant de prendre.
- Bonjour Aicha. Devine quoi ?
- Quoi encore demandais – je irritée ?
- Ta sorcière de belle-mère a envoyé sa griotte avec une liste exhaustive de sa famille. Elle vient juste de partir en me fauchant dix mille pour son déplacement. Je commence vraiment à paniquer. Qu’est – ce que ton mari a dit ? Il faut qu’on s’occupe….
- Ralentit maman. Malick ne veux pas en entendre parler, il est même fâché contre moi alors….
- Il veut t’envoyer en abattoir ou quoi ? Aicha, je ne veux pas d’histoire le jour de ton baptême encore moins que l’on te lance des piques toutes ta vie.
- Je préfère affronter ça que la colère de mon mari.
- On peut le faire sans qu’il ne le sache.
- Ce n’est pas possible maman, on est au Sénégal, il le saura à la minute même.
- Je vais l’appeler dit – elle. Elle raccroche avant même que j’en place un autre. Chititite, taquicardi à 100. Abi part mettre le bébé sur son berceau que je n’avais même pas remarqué. Je dois être vraiment stressé moi. Elle revient s’assoir à côté de moi et me masse le bras.
- Je ne t’envie pas cette situation puisque je l’ai vécu et je dois te dire que ça n’a pas été du tout facile. Tout ce que je peux te dire c’est que si s’était à refaire, je n’aurai pas fait ce yébi.
- Pourquoi ? Il faut que je sache à quoi m’en tenir.
- Ma mère a dépensé plus de trois millions ce jour-là sans qu’ils n’arrêtent d’en redemander encore et encore. Ça nous a pris deux semaines pour les satisfaire complétement la famille entière de Malick. Presque tous les deux jours, ma belle – mère appelé pour dire qu’on avait oublié dans leur famille telle ou telle. Finalement nous sommes arrivés à quatre millions de yébi. J’ouvre grand les yeux choquée. Le pire dans tout ça, continue Abi, c’est que maman a eu du mal à éponger les dettes et comme Malick ne me parlait plus, elle a été obligée de vendre le seul bien qui lui restait : son terrain.
- C’est trop ça, je ne pourrais jamais faire cela. Pourquoi même ?
- Malick sait ce qu’il dit quand il parle de sa mère, elle est vorace et plus tu lui en donne plus elle en réclame encore. Si je l’avais écouté dès le début, jamais maman se saurait autant ruinée. Et le pire dans tout ça tu perds et la tranquillité de ton foyer et la confiance de ton mari.
- Ne t’inquiète pas. Après ce que tu viens de me dire là, hors de question que je les suive dans leur délire. Tant pis si j’attire leur foudre, moi ma devise c’est : mon mari avant tout. Point barre, vautour affamé là. Abi éclate de rire en se levant. Je prends sa main. Merci Abi, toi et moi on n’est plus seulement des coépouses et j’en suis très contente. Je serais toujours là pour toi.
- Moi de même ma chérie. Maintenant couche toi et fait semblant d’avoir mal au ventre.
- Pourquoi ?
- Je vais monter le dire à Malick et il va rappliquer ici comme un fou, inquiet. Ensuite tu lui fais tes trucs-là qui le fonds toujours sourire comme un enfant. Thiey adina (ha la vie) qui m’aura dit que moi Abi Cissé, en train de manigancer pour réconcilier une femme avec mon mari. Ma mère a raison dé, tu m’as plus que marabouté. J’éclate de rire en couchant. Aicha, je ne blague pas dé, je veux mon argent de baptême ce soir, alors réconcilie toi avec lui et vite.
- Han c’est ça alors ?
- Oui qu’est – ce que tu crois. Elle éclate à son tour de rire et sort de la chambre en courant. Je me recouche, le cœur battant très fort, j’espère qu’il va mordre à l’hameçon ? Effectivement une minute plus tard, il entre en trombe dans la chambre et s’assoie prêt de moi. Quand je me tourne vers lui, il est tellement inquiet que je ne peux m’empêcher de pouffer de rire. Il fronce les cils avant de les écarter et de se lever en colère.
- De mieux en mieux, maintenant c’est la triche. Je me dépêche d’enjamber le lit et de courir le rattraper.
- Hey, pourquoi tu es si fâché. Il me lance un regard noir qui me foudroie mais qui ne m’empêche pas d’entourer mes bras autour de lui.
- S’il te plaît laisse-moi passer dit – il d’une voix peu convaincante.
- Ne sois pas fâché contre moi bébé, je ne ferais jamais quelque qui te déplaise. Jamais.
- Alors pourquoi tu envoies ta mère pour m’amadouer ? Vous les femmes vous êtes toutes pareilles. Je n’aurai jamais cru ça de toi et….
- Tu veux bien arrêter de dire des bêtises. Si je te dis que je ne vais rien faire alors crois-moi. Quant – à ma mère, je connais son paracétamol alors arrête de te plaindre comme une hyène et embrasse-moi ish. Je le vois qui se retient de sourire en faisant son mimique super craquant.
- C’est moi que tu appelles hyène. Yawe yépe ngama légui dé (je ne suis pas ta copine). Je me mets sur la pointe des pieds et lui donne de petite bise un peu partout. Il rigole cette fois et m’embrasse fougueusement à un point que je ne peux m’empêcher de gémir. Il recule d’un pas et me regarde de la tête au pied.
- Qu’est – ce que le médecin a dit ?
- Deux mois tout au plus.
- Quoi, deux mois ? Je croyais que s’était quarante jours ? Tu crois que je vais attendre tous ce temps surtout avec le corps là que tu as maintenant.
- Quel corps ? Va là-bas, ah vous les hommes, aucune pitié.
Il me déshabille du regard en se mordant la lèvre inférieur et en secouant la tête.
- Hum, j’adore la façon dont tous ca là c’est développé. J’ai hâte de tâter le terrain.
- Sort d’ici Malick KANE, tu es incorrigible. Il éclate de rire avant d’ouvrir la porte en me lançant : je reviens.
Dix minutes plus tard, il me remettait une grosse somme d’argent pour les préparatifs de la fête. Abi me rejoint toute excitée en tapant les mains, elle aussi avait reçu sa part. Cette femme aime l’argent comme pas possible. Comme elle avait un atelier de couture, je lui propose de s’occuper de mes tenus, ce qui l’a rendue encore plus euphorique. Quand je reste enfin seule, je prends mon portable et appelle mon père. A nous deux maman.
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 11 : L’ultime combat“]
Malick : anticipation
Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller rendre visite à mes beaux-parents ensuite à ma mère. J’ai besoin d’éclaircir certains points avec eux. Pour moi, le baptême est l’occasion de resserrer les liens entre les deux familles. Malheureusement aujourd’hui, les femmes en ont fait un moment de règlement de comptes et la femme doit encore prouver qu’elle est digne de faire partie de la famille de son mari. Je ne comprends pas cette tradition bizarre. A la rigueur, j’aurais peut – être toléré que l’on fasse honneur à la femme. N’est – ce pas, elle qui a supporté pendant neuf mois la grossesse et qui a accouché avec toutes les peines du monde. Le mérite leur revient et non à la famille du mari. Je ne sais pas qui a inventé cette tradition mais il a fait hors sujet.
Je me gare près de la boutique de mon beau – père et prend un grand bol d’air avant de sortir. Menoumbé m’accueille jovialement comme toujours. Quand ma belle – mère me voit, elle se crispe et regarde son mari. Je crois qu’elle n’était pas au courant de ma visite. Je lui souris histoire de lui montrer que je viens en paix. Toujours est – il qu’elle vient vers moi hyper tendue.
Dibore (inquiète) : Mon fils, tout va bien demande t – elle en me tendant la main.
Moi (souriant) : Oui bien sûr, ça va très bien même. Aicha est bien installée et Abi l’aide avec le bébé.
Ngoor : Tu vois ? Ce n’est pas la peine de les déranger, elle est entre de bonne main. Mon beau père se tourne vers moi en me tendant à son tour la main. Elle voulait séjourner quelques jours chez vous, histoire de lui remettre les os en place avec des massages et aussi de lui apprendre quelque rudiment pour le bébé.
Moi : Ça me ferait énormément plaisir de vous recevoir chez moi ma tante. Mais, je ne veux surtout pas vous déranger. Abi a déjà dépêché une femme spécialisée pour les « dampe » (massage du corps). La dame est passée ce matin et au moment où je vous parle Aicha dort toujours.
Dibor (sourire) : Je suis vraiment contente de cette entente, Abi semble beaucoup tenir à ma fille et j’en suis très heureuse. Saurait – été le contraire, vous auriez perdu l’harmonie de votre maison. Alhamdoulilah, que Dieu préserve cette entente et fasse qu’elles soient comme des sœurs jumelles.
Moi : Amine ! C’est vrai que les voir ainsi me réjouit énormément.
Ngoor : En tous cas, tu me donnes envie de prendre moi aussi une deuxième épouse.
Dibor (fronçant les cils) : Astahfiroulah, regardez-moi ce profiteur, walay je te tue si tu fais ça. Shiiipppp. Nous éclatons tous de rire sauf elle bien sûr.
Menoumbé (taquin): Maman, toi aussi, tu devrais laisser papa épouser une petite drianké dakaroise parceque….ma belle-mère prend un balai et le poursuit, ce qui nous fais tous éclater de rire. Après ce petit intermède, nous nous installons au coin de la boutique pour parler. Je vois de loin Menoumbé faire la tête parce que son père l’avait écarté en lui demandant de rester à la caisse.
Ngoor : Alors mon fils, avant de commencer, je tenais d’abord à m’excuser par rapport au comportement peut honorable de ma femme. Je ne comprendrais jamais les femmes. Elle n’a pas fait de yébi avec le baptême de Menoumbé et aujourd’hui elle veut coûte que coûte accomplir cette tradition pour sa fille.
Dibor : Quand on est mère, on devient moins stricte et on essaye toujours de faire ce qui semble raisonnable pour son enfant. Votre mère semble tenir beaucoup à cela puisqu’elle m’a envoyé elle – même sa griotte. Je suis sure qu’elle va lui pourrir la vie si nous ne faisons pas ce qu’elle veut.
Moi (stricte) : Pour que maman lui pourrisse la vie, il faudrait qu’elle habite avec elle.
Dibor : Il y a beaucoup de façon pour aboutir à son but mon fils.
Moi : Ne vous inquiétez pas, ma mère a beau crié, mais, elle ne mord pas. Elle a juste la maladie de ‘m’as-tu vu’. Si je l’avais suivi dans ses délires jamais je ne serais là où suis aujourd’hui, professionnellement parlant. Un des handicaps majeurs de notre pays c’est le gaspillage excessif que l’on voit toujours dans les cérémonies. J’ai toujours été contre ce fait et j’aimerai que vous respectiez cela.
Ngoor (posant sa main sur le cœur comme pour jurer) : Ne vous inquiétez surtout pas pour cela, elle ne va même pas donner un tissu d’un mètre Walaahi, parole de Ngoor Soukay Almamie Ndiaye. Je lui souris
Dibor (dépité) : D’accord Malick, vous avez gagné dit – elle en levant les mains au ciel. Je vais prier pour que tout se passe bien. Je viendrais un jour avant le baptême chez vous Inchallah.
Moi (souriant) : Magnifique. Aicha m’a dit que vous aviez invité votre famille de Thiès. C’est bien que vous aillez décider de tourner la page et de les pardonner.
Ngoor : Dieu s’est chargé lui-même de leur faire payer toutes les préjudices qu’ils m’ont causé. Regarde, j’étais un agriculteur fini, aujourd’hui je suis un commerçant qui gagne bien sa vie et dont les affaires se fructifient chaque jour un peu plus. En plus Dieu a mis sur mon chemin un gendre merveilleux qui a su effacer les erreurs de mon passé avec ma fille. Que demander de plus, Allhamdoulilah.
Moi : Machalah. Je sors l’enveloppe que j’avais préparé pour eux et le met sur sa main. Il se braque de suite et fronce les cils.
Ngoor : Chi Malick, avec toutes les dépenses qui vous attendent. Normalement c’est moi qui devrais donner ma participation. Je suis désolé mais….
Moi : S’il vous plait acceptez ce petit présent car vous en aurais besoin avec vos invités. Si vous le refuser, j’en serais énormément vexé. Il regarde sa femme qui lui fait signe de la tête et le prend finalement. Ouf, c’est fou comme il est orgueilleux. Du jamais vu.
J’ai quitté mes beaux-parents direction chez ma mère. Je sens que ça ne sera pas une partie de plaisir. J’ai promis à Aicha de lui parler le plus calmement possible.
A mon arrivée, je vois que les parents lointains commencent déjà à remplir la maison. Thiey sama yaye (ha ma mère). Après des salutations de presque dix minutes, je la prends finalement à part. La connaissant, je lui donne d’abord son enveloppe pour le baptême. D’abord surprise, elle me prend dans les bras avant de se lever et de fermer la porte de la chambre à clé.
- Hum c’est lourd dé, c’est combien ?
- Un million. Elle sourit de plus belle et sort l’argent en le respirant fortement, ce qui me fait éclater de rire. Tu ne vas jamais changer toi.
- Qui n’aime pas l’argent han. Yawe, tu es plus riche que tu ne veux le montrer. Seulement tu me délaisses au détriment de tes voraces de femmes surtout ta dernière là. Je lui souris en secouant la tête.
- En quoi je t’ai délaissé maman ? Je t’ai acheté cette maison, une voiture, je te donne de l’argent tous les mois, je t’amène à la Mecque à chaque fois que l’envie te vient. Qu’est-ce que tu veux de plus ?
- Ce n’est pas assez dit – elle en boudant comme une enfant.
- Tu ne changeras jamais toi. Bon, parlons sérieusement tu veux.
- Non, je ne veux pas. Surtout ne me gâche pas le plaisir que tu viens de me faire.
- Maman s’il te plait écoute moi lui dis – je, en prenant la main.
- Y’a quoi?
- Je ne veux pas que tu imposes le yébi à Aicha. Elle ouvre grand les yeux, les rétrécit, fait une moue avec sa bouche, croise les bras.
- J’en étais sure, donc cette femme est aussi vorace que je le pensais. Si elle croit qu’elle peut bouffer l’argent de mon fils et s’en sortir ish. Dans ce pays, toutes femmes qui se respectent passent par cette épreuve.
- Tu t’entends ? Je me demande dès fois si je suis ton fils.
- Onzoubilah répond – t-elle en écarquillant les yeux. Pourquoi tu me dis ça demande – t-elle choquée.
- Une vraie mère doit être heureuse quand elle voit son fils épanouie dans ses ménages. Tu veux coûte que coûte contrôler ma vie, mais surtout mes dépenses.Tu n’y arrives pas donc tu crois pouvoir passer par mes femmes quitte à leur mener la vie difficile.
- Je ne laisserais personne s’accaparer du fruit de ma moisson Malick. Quand ton père est mort, j’ai vendu tous mes biens pour que tu puisses continuer tes études convenablement. Tu ne sais pas tous ce qu’on a dû supporter, se priver moi et tes sœurs, pour que tu réalises ton rêve et elle éclate en sanglot. Mais j’étais déterminé à lui dire mes quatre vérités quitte à la blesser.
- A qui la faute ? Si papa avait été assez ferme avec toi comme je le suis aujourd’hui avec toi, il aurait pu économiser assez pour notre avenir. Elle arrête direct de pleurer et me regarde avec une telle haine que je frissonne.
- Comment oses – tu…
- Je n’ai pas fini. Puisque tu vois notre rapport comme une banque et son client sache que j’ai payé largement ma dette.
- Tu m’offenses Malick. Je ne te reconnais plus, jamais tu ne m’as parlé sur ce ton.
- Dama seusse rék (je suis à bout).
- Dit plutôt que cette femme te tient. Je secoue la tête en me levant.
- Je vois que c’est un dialogue de sourds. Ce qui me fait le plus mal c’est qu’autrefois je venais ici avec tellement d’empressement, hâte d’être dans les bras chaleureuse d’une mère qui m’aimait pour ce que je suis et non sur ce que j’ai. Le pouvoir de l’argent est à craindre, puisqu’il peut détruire la relation si charnelle d’une mère et son fils. Je sors de la chambre sans me retourner.
Découragé, je décide d’aller directement au bureau alors que j’avais promis à Aicha de passer avant. Pour lui dire quoi, comme toujours, mes conversations avec maman, se termine en queue de poisson. Dès que je franchis la porte de mon bureau, je suis accueilli par le sourire radieux de Daouda.
- Bonjour patron, Suzanne vous attend depuis ce matin.
- J’imagine que c’est une bonne nouvelle vue le sourire que tu affiches.
- Suzanne dit que c’est l’affaire du siècle pour vous et qu’après cela, tu vas faire partie des grands et moi j’aurai mon augmentation.
- A ce point ? Hum intéressant ça. Dis-lui que je suis là. Une heure plus tard, j’étais dans la voiture direction chez moi. Je ne tenais plus sur place,il fallait que je partage cette joie avec Aicha. Normalement je dois partir dès le lendemain du baptême. Ce procès vas expulser mon cabinet sur le plan international avec tout le tapage médiatique qu’il va faire. Mon seul souci c’est que je vais me séparer d’Aicha pour la première fois depuis qu’on est ensemble.
Un jour avant le baptême, quelque part dans un enclos d’avion.
- Il y aura combien de passagers ?
- Onze je crois, plus le pilote.
- J’espère que le travail est propre vu la somme colossale qu’on a déboursé.
- Ne vous inquiétez pas, j’ai fait de tel sorte qu’on croira à une panne de moteur.
- Tenez, voilà le reste de l’argent, ni vu ni connu.
- Une minute monsieur ? Je voulais connaitre la personne visée. Est-ce l’avocat ?
- Il vaut mieux que vous ne le sachez pas au cas où cela tournerais mal. Bonne nuit.
Je prends mon portable et appelle mon patron. Il décroche à la première sonnerie.
- C’est fait Wilane.
- Je pense toujours que le tuer n’était pas nécessaire.
- Tu as suivi cet homme assez longtemps pour savoir qu’on ne peut pas le corrompre encore moins l’intimider. Nous avons regardé la situation sur tous les plans, c’est la seule solution.
- Comme tu voudras Wilane….
Partie Aicha : Le baptême
Debout devant le miroir du salon de coiffure, je me regarde avec scepticisme. Qu’est – ce qui m’a pris de donner à Abi le côté habillement. On dirait elle en miniature, ishh, trop de maquillage, trop de perlage, trop de bijoux, trop de trop. Heureusement que j’ai réussi à la convaincre de ne pas me faire les faux-cils et ongles.
Depuis hier, ma mère est là, elle m’a contaminé son stress démesuré. J’ai même l’impression que le baptême n’en est pas seulement la cause. A cet instant elle entre dans le salon et nos yeux se croisent. Elle les ouvre grandement avant de se reprendre pour ne pas vexer Abi qui sourit grandement comme si elle était fière de son œuvre.
Abi : Ma tante vous voilà ! Comment trouvez-vous Aicha ? Elle est magnifique n’est-ce pas ? J’ai hâte que les gens la voient. Le vert lui va à merveille, on dirait une princesse de fée.
Maman : Heu, oui c’est très jolie. Merci pour tout ce que tu fais pour elle. Par contre il faut vous dépêcher, c’est Malick même qui m’envoie vous chercher. Vous avez vraiment duré là.
Moi : Oui oui, tu as raison trois heures de temps, c’est vraiment trop. Je m’assoie pour mettre mes chaussures que je regarde encore une fois inquiète. Je me tourne vers Abi en les lui tendant : walay je vais ramasser la boue avec ces chaussures.
Abi : Toi aussi Aicha, tu t’es entrainée pendant deux jours. Tu es une grande dame, tu ne peux plus te permettre de porter des chaussures à deux centimètres.
Moi : mais je viens d’accoucher et…
Abi : Bla bla bla, arrête de rechigner, sinon je vais regretter de t’avoir habillé. Ma mère me fait un clin d’œil.
Franchement je n’aime pas, de haut en bas, rien. Ni ce tissu vif de perlage, ni ce maquillage de clown, si ces bijoux trop affriolants. Rien. Et si je dis quelques choses, elle va se vexer. Je bous de l’intérieur. Mais quand je la regarde je suis un peu soulagé, elle y est allée vraiment fort. Nous sortons du salon vers 11 h alors que nous y sommes entrés vers 8H. Ce qui est sure c’est que je ne vais pas y revenir le soir, plutôt mourir. De toute façon ce maquillage va tenir pour un mois au plus.
Dans la voiture, je tiens très fort la main de maman et plus on s’approche de la maison plus mon cœur bat plus fort. Quand nous arrivons, je suis au summum du stresse surtout quand je vois cette grande tante sur le jardin. Avant que la voiture se gare Abi se tourne vers moi en me pointant le doigt menaçant.
Abi : Je te préviens, la tête haute, la démarche lente et le regard charmeur. Compris ?
Moi : Oui chef.
Les gens commencent à se lever et à venir vers moi. Tandis que, je traverse la cour comme une reine entre guillemet, les félicitions et les ngokalé (vœux) fusent de partout. En grande partie, je ne connais pas les gens qui me saluent et heureusement qu’Abi est à côté de moi. Elle les connaît tous de nom et leurs salue avant même qu’ils ne soient à notre hauteur. Comme c’est le matin, il y a plus d’homme que de femme.
Abi (me prenant la main) : Allons d’abord saluer notre belle – mère avant d’aller au salon.
Moi (faisant une grimace) : Mes seins sont très gonflés, je voudrais d’abord donner à téter sinon…
Abi (tirant sur moi) : Hors de question, fait ce que je te dis pour une fois. C’est une femme qui se vexe très rapidement alors allons y et vite.
Je sens que la journée risque d’être longue et éprouvante. Vivement que ça se termine et que je retrouve ma tranquillité.
J’entre dans le salon ou ma belle-mère m’attend avec sa grande délégation. Elles me dévisageaient comme des aliènes. Quant à ma belle-mère, son regard m’a mis froid au dos. L’arrivée de ma fille dans les bras de la vieille badiène (tante de Malick) de la famille Kane, a un peu adouci l’atmosphère. Durant tout le temps qu’elle faisait le tour d’honneur pour montrer ma fille, je récitais Fatiha. Elle est tellement âgée qu’elle marche en tremblant. Après qu’on lui fit le tour d’honneur avec des ho, ha, hi, qu’elle est jolie, on la mise enfin dans mes bras. Toujours un bonheur de la voire avec son jolie petit visage de porcelaine. Mon premier réflexe c’est d’enlever son bonnet blanc pour voire sa tête rasée, le choc. Mes yeux se sont tout de suite embués de larmes quand je vois les petits caillots de sang un peu partout sur sa tête. Je lève les yeux vers la badiène machin quoi.
Moi (essayant de garder mon calme) : C’est vous qui l’avez rasé ?
Badiène (visage refermé) : Oui ! Il y a un problème ?
Moi (voix triste) : Vous l’avez beaucoup saigné. Vue votre âge, vous auriez dû….
Maman (me coupant) : Merci pour cette délicieuse attention. Elle…
Badiène (levant la main pour la couper) : Laissez continuer votre fille s’il vous plaît lance t – elle froidement à ma mère. Et elle commence à parler peul et vue comment sa bouche faisait de petits rictus, ça ne devait pas être doux.
Moi (la coupant) : Je ne comprends pas toucouleur badiène dis agacé.
Ma belle – mère (haussant le ton) : Qu’elle impolitesse, vous osez l’insulter et maintenant vous lui couper la parole. Brouhaha. Toutes les femmes qui étaient autour de moi ont commencé à jacasser comme des poules. Maamo, louma défati (quelle bêtise, ai-je encore fait). Ma belle-mère fait signe à sa griotte qui vient se placer théâtralement avec une autre femme devant moi. Ma mère se penche vers moi et me dit de ne plus ouvrir la bouche. Wa mane diomi wouma rék (je rêve réveillée). Tout le monde se tait, une mouche passe, vous l’entendez n’est-ce pas. Elle commence à chanter avec cette voix très puissante qu’on lui connait. La femme qui était à côté de lui, traduisait quant à elle tous ce que la griotte chantait.
Chant : Qui ne connait pas les Toroodo du Fouta, a surement entendu parler d’eux. L’islam a connu son apogée dans tout le Fouta et la sous-région grâce au grand et vénéré marabout, le roi Abdoul Kader KANE, leur ancêtre dit – elle en pointant du doigt ma badiène et ma belle – mère. Et là elle a commencé à énumérer des noms. Est – ce que je vais rester ici à écouter ces gamineries alors que ma fille commence à pleurer et que ma robe se mouille du lait qui dégouline sur mon corsage. Je me tourne vers ma mère lui disant en sérère.
- Soit, tu m’ouvres la fermeture de la robe, soit je quitte cette salle tout de suite, pour aller allaiter ma fille. A ma grande surprise, elle s’exécute et moi je sors mon sein que je donne à Fatima (nom de ma fille) qui le prends avec avidité. La griotte a arrêté quelque seconde de chanter avant de reprendre. Elles vont encore crier au scandale shiipppp. Je m’en fou, on n’est jamais beau devant son ennemi. Tout ce que je ferais devant eux sera considéré comme une insulte alors tanpis. A cet instant je vois Malick entrer dans la salle, avec son grand boubou bleu marine, le sourire aux lèvres. . Allélouya, mon sauveur. J’ai souri mes trente-deux dents sans le faire exprès. Abi m’a fait un coude genre retient toi.
Malick : Voilà mes deux reines. Qu’est-ce que vous faites toujours ici demande t – il innocemment. Sa mère s’adresse à lui en toucouleur d’un ton acerbe, ensuite sa badiène la suit de près, mon cœur bat plus vite. Malick les écoute attentivement, on aurait dit qu’elles faisaient mon procès, chi taye ma dé (mon heure est venue). Quand elles ont fini, mon mari leurs réponds en toucouleur en souriant. Je ne sais pas ce qu’il leur a dit mais elles semblaient encore plus fâchées à pars les autres autour qui riaient. Quand il m’a tendu la main en souriant, j’ai vite rajusté ma robe et je l’ai suivi sans demander mon reste. Malick nous prends moi et Abi par la taille et nous guide vers ses invités. Nous sommes restés encore une demi-heure avec les hommes avant de se retirer dans ma chambre. Dès que je suis entrée dans la chambre, Malick me lance.
Malick (moqueur) : Abi ne t’a pas raté kèh kèh kèh. Je lui lance le coussin au visage avant de lui demander.
Moi : Arrête s’il te plait, j’ai assez la rage comme ça.
Maman : Si ton habit matinal est si festival, je n’imagine pas celui de ce soir. Nous éclatons tous de rire.
Moi : Au fait qu’est-ce que tu dis à ta maman tout à l’heure.
Malick (sourire) : Je leur ai juste rappelé la grande bagarre qu’il y a eu entre elle et ma badiène et qui avait fini par atterrir à la police. Et j’ai fini par leur dire que si les deux plus grandes ennemies du monde sont devenues amies alors, je garde espoir qu’un jour qu’elles le soient avec toi.
Maman (soulagée) : Merci mon fils de n’être pas entré dans leur délire, je ne sais même pas pourquoi elles détestent tant ma fille.
Malick : C’est juste qu’elles éprouvent le besoin de pimenter leurs vies avec des broutilles. L’important c’est de ne pas entrer dans leurs provocations et de profiter au maximum de cette belle journée. Je vous laisse, à tout à l’heure, il me fait un clin d’œil avant de sortir.
Maman : Tu as vraiment beaucoup de chance d’avoir un mari si intelligent.
Moi : Oui c’est vraie. Alors ta délégation de sorciers vient quand ?
Maman (levant les mains au ciel) : Je ne dors plus depuis que ton père les a appelés. Je te jure que j’ai la boule au ventre. Mais c’est vrai qu’il est temps d’enterrer la hache de guerres mais j’appréhende leur venu.
Moi : J’espère que ce n’est que ça maman. Je la vois tiquer et se lève pour aller voir le bébé dans son berceau. Maman, depuis le temps toi aussi. Qu’est – ce que vous me cacher ?
Maman (paniquée) : De quoi tu parles ? Toi aussi arrête de te faire des films.
Moi : Tôt ou tard, je le saurais. Sais-tu que mon mari est allé jusqu’à enquêter sur vous mais il n’a rien trouvé de louche. Seulement je sais, j’en suis sure même que vous me cachez quelque chose de très grave qui est en rapport avec moi. Elle baisse la tête une minute.
Maman (prenant un grand air) : Je te dirais tous mais seulement après ce baptême. C’est promis ma fille, une chose après l’autre. D’accord ? Dépitée, je laisse tomber et va vers mon armoire prendre mon sac. Je sors toutes les enveloppes contenant les noms de chacun de mes parents.
Moi (lui tendant les enveloppes) : Tu connais leur amour pour l’argent alors j’ai ici ce qu’il faut pour leur faire fermer leurs becs. Tu sais que Malick me donne tout ce qu’il faut, ce qui fait que je n’ai jamais touché à la moitié de mon salaire qui restait. Ma mère vient près de moi et me prend dans ses bras, soulagé.
Maman : Avec ça, ils vont être à tes pieds, ces vautours. Tu sais qu’ils ont fait les difficiles quand ton père les a appelé. Ils disaient tous qu’ils n’allaient pas venir. Mais quand ils ont vu hier le bus de luxe qu’il leur a envoyé, ils ont tous commencé à faire leurs affaires ha ha ha.
Moi : Aucune dignité shim. J’espère juste qu’ils ne vont pas essayer de s’approcher de moi après le baptême.
Maman : Ça c’est certains. Quand ils verront dans quel luxe tu baignes, ils vont ramper à tes pieds pour que tu les intègres dans ta vie, alors à toi de te préparer en conséquence.
Nous avons continué à papoter jusqu’à ce qu’Abi viennent nous chercher pour une séance de photo. J’ai cru à un moment que j’étais un mannequin.
Ma famille est finalement arrivé vers 13h ; il fallait les voire avec leur exclamation et autre. Quand j’ai vu ma badiène Mbène descendre du bus, mon cœur s’est arrêté. Vous vous rappelez d’elle, c’est celle-là même qui avait giflé ma mère au mariage de ma cousine. Eh, qu’est-ce qu’elle fait ici ? Je n’ai pas le temps de réfléchir à ça quand je vois Yaye Daro, ma chère et tendre tante. Elle n’a pas changé, toujours avec cette corpulence qu’elle a héritée de la lutte traditionnelle dont elle a été championne pendant des années. Nous les avons accueilli avec le plus de courtoisie possible. Ma tante Yaye Daro m’a soulevé comme une plume et m’a enroulé de ses gros bras. Contrairement à ce que j’avais imaginé, ils étaient tous sur leur 31 et joué le jeu de la famille parfaite jusqu’au soir. Elles étaient installé dans mon salon et à un moment ma mère à glisser dans la conversation l’enveloppe qui les attendait à leur rentrée. Vous vouliez voire le concours du plus grand sourire, eh.
Bref, plus de peur que de mal, on ne me faisait que des éloges, nourriture à gogo, ambiance musicale, danse endiablée, chant des griots bref un vrai baptême à la Sénégalaise.
Je me suis habillée une deuxième fois et comme de coutume, je devais encore aller dire bonjour à ma belle-mère. Mais cette fois avec une grande délégation.
Arrivé dans la salle, personne ne s’est levé pour laisser un peu de place à ma famille. Seule le tapis restait, alors après avoir salué tout le monde sans que l’on me réponde, je me suis assise par terre en face d’elle. Ma mère m’a suivi dans cette démarche, les autres aussi. Après une minute de silence Abi a pris la parole en essayant de faire les présentations. Mais le regard haineux de notre belle-mère lui a tout de suite cloué le bec. Elle s’assoie en bégayant, finalement c’est la griotte sérère qui se lève au nom de la famille et commence à les remercier et patati et patata. Après cinq minute de parole, je vois ma belle-mère sortir des billets de dix milles et le donner à sa griotte qui vient le donner un par un à la mienne. Vous savez l’argent délie encore plus la langue d’une griotte et elle s’est mise à chanter plus fort. Dix minutes plus tard, c’était à leur tour de prendre la parole. On aurait dit un matche de combat ; je sentais les choses venir. Après quelques minutes de parlote, ma mère sort aussi de l’argent et le donne à sa griotte. Et c’était parti, mon Dieu, j’ai rien compris à cette distribution de billets de banque. Dès que maman a donné à la griotte de ma belle – mère, celle – ci a surenchéri en donnant le double. Mes tantes se sont levées pour chacune donner sa participation seulement c’était des 1 000 Fr, la honte. Mieux valait ne rien faire. La délégation du côté de l’ennemi a encore surenchéri avec des billets de 10 000 Fr. La guerre des billets avaient éclatés. Je me suis tournée vers eux en leur lançant en sérère.
- N’entrez pas dans leurs jeux s’il vous plaît. Je ne veux voire plus personne sortir un billet de son sac à main. Surtout toi maman, sinon je me lève et je quitte le salon. Elles ont tous acquiescé et nous leurs avons laissé dans leur délire. Voyant que nous ne suivions pas dans leurs délires, elles recommencent à rouspéter. C’est là que la griotte ennemie lance des piques trempées sur les sauces nigérianes, tellement pimenté que quand tu le bois tu te transformes en tigre.
Sans attendre qu’elle finisse, je me lève doucement, leur sourie avant de tourner les talons suivie de ma délégation. Avant que je ne franchisse la porte du salon, ma belle-mère me lance.
- Si tu sors de ce salon, je ne te considérerais plus comme ma belle – fille tonne Tante Astou. Je me tourne vers elle doucement et lui répond.
- Alors adieu Mme KANE.
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 12 : LA CATASTROPHE“]
« Parfois Dieu fait sortir une personne de ta vie pour te protéger, ne lui cours pas après. »
Malick : A Dieu
Je regarde encore une fois ma montre, il est 21 h et les gens sont toujours là. Je ne sais pas ce qu’ils attendent pour partir. La fatigue commence à me gagner et je ne parle même pas pour Aicha. La dernière fois que je l’avais aperçu, elle semblait pâle. Ma sœur Oumi m’a raconté l’incident qui s’est produit entre Aicha et maman. Je dois dire que je suis fier d’elle, moi qui croyait que s’était une peureuse. Elle vient de me montrer que non seulement elle peut tenir tête à maman la guerrière, mais en plus qu’elle respecte mes directives. Nous avons fait un baptême comme moi je l’ai voulu sans entrer dans le folklore et le m’as-tu vue. Encore une fois, elle gagne beaucoup de point.
Je me lève, pour aller à sa recherche. Quand je passe devant le jardin, je me fige en voyant ma petite sœur Astou rire aux éclats. Ça doit faire des lustres que je ne lui avait pas vu rire, alors je m’approche pour voir l’homme dans l’ombre qui a produit ce miracle.
Moi (surpris) : Menoumbé ? Qu’est-ce que tu fricotes comme ça avec ma petite sœur. Cette dernière, ouvre grand les yeux et recule de deux pas.
Menoumbé (sourire exagéré) : ha c’est toi. Vient ici dit – il en me tirant le bras. Donc, la fille qui se cachait là sur des habits bizarroïde était en fait une princesse. Je me tourne vers ma sœur, c’est vrai qu’aujourd’hui, elle est bien sapée et bien maquillée.
Moi (essayant d’être sérieux) : Serais – tu en train de la draguer.
Astou (paniquée) : Il faut que je vous laisse, heu je je…
Moi (lui retenant la main) : Non non, reste ma belle et amuse toi bien. Quant – à toi, je t’ai à l’œil dis – je à Menoumbé en lui tirant l’oreille. Il me répond par un grand sourire, en tapant les mains comme un enfant. Je les quitte tout heureux, si Menoumbé peut ramener le sourire à Astou, alors je serais le premier à donner mon avale. Depuis cette fâcheuse histoire avec cet homme qui l’avait mis en clop avant de détaler, elle n’a plus jamais été la même. Elle s’est complétement refermée sur elle-même. J’ai tout fait mais c’est comme si elle n’était plus de ce monde. Peut – être la joie pétillante de Menoumbé sera son antidote. En tout cas, je l’espère.
Je cherche Aicha du regard en souriant toutes ses têtes que je ne connais pas. Quand je vois Abi, elle me dit qu’Aicha est dans sa chambre puisqu’elle était fatiguée. Avant d’entrer dans sa chambre, Oumi m’intercepte.
Oumi (sourire) : Maman part avec sa délégation, tu peux venir avec Aicha lui dire au revoir ?
Moi (visage ferme) : Dans l’état ou je suis, j’ai peur de lui dire quelque choses que je vais regretter après. Alors s’il te plaît présente-leur une excuse de notre part. Elle me regarde silencieusement un moment avant d’acquiescer la tête et de partir.
Quand j’ouvre la porte de la chambre et que nos regards se croisent, c’est un sourire partager qu’on se lance. Je ne dis rien et je l’a prend juste dans mes bras quelque seconde.
Moi : Tu vas me manquer, tu sais. Ce sera notre première séparation pour un mois.
Aicha (prenant un grand souffle) : ça va être dur dur.
Moi : J’aurai voulu t’amener avec moi. Ça me déchire le cœur de te laisser ici, en même temps c’est bien puisque tu ne sers pas à grand-chose. Elle me tape sur l’épaule en riant.
Aicha (grimaçant) : Tu penses que les invités vont bientôt partir. J’ai tellement mal à la tête et je suis si fatiguée que j’ai peur de faire une malaise.
Moi (sérieux) : Alors reste ici, ne sort plus et va prendre une douche chaude.
Aicha (hésitant) : Je ne peux pas toi aussi, il faut que….
Moi (strict) : Il n’y a pas à discuter. Je la force à enlever cette robe bizarroïde qui semble peser des tonnes et la pousse sans ménagement dans la douche.
Dix minutes plus tard, j’étais de retour dans la chambre avec ma chemise de nuit en main. J’ai demandai à Abi si je pouvais passer la nuit avec Aicha. J’ai dû déployer toutes mes charmes pour qu’elle accepte. Normalement d’après la loi islamique, je dois rester avec Abi durant les quarante jours ou Aicha est indisponible. Mais ce soir, je voulais la prendre dans mes bras, sentir son odeur, sa respiration, sa chaleur puisque demain je voyage pour un mois. Il me le fallait avant d’aller en France, c’est une nécessité. Quand elle sortit de la chambre et m’a vu avec une serviette noué au hanche, elle a froncé direct les cils.
Moi (levant la main innocemment) : Abi a donné son accord, alors s’il te plaît chut. Je prends ma douche et j’arrive. Je la déplace sans lui laisser le temps de piaffé et j’entre dans la douche en fermant à clé. Quand je ressors dix minutes plus tard, elle était déjà couchée. Je me dépêche de la rejoindre et de la prendre dans mes bras. Hum comme ça fait du bien. Je la serre encore plus contre moi et je sens déjà monsieur se réveiller.
Aicha (ton sévère) : Malick yémal dé (reste tranquille) shipp. Je ricane.
Moi : Je n’y peux rien mais t’inquiète je vais rester sage, j’ai juste besoin de te sentir contre moi. Un mois c’est beaucoup Aicha, je ne sais même pas si je vais tenir aussi longtemps sans te voire.
Aicha (chuchotant) : Moi aussi.
Moi (caressant son bras) : On est devenu si fusionnelle, je n’arrive pas à m’expliquer cette attachement si fort que j’ai pour toi. Je t’aime tant. Merci de me rendre si heureux. Elle se retourne et je vois ces yeux embués de larmes. Hé pourquoi tu pleures. Je lui donne une bise.
Aicha (hoquetant) : Chaque jour je remercie Dieu de t’avoir mis sur mon chemin. Aujourd’hui, tu es plus que mon mari, tu es toute ma vie. A ces mots, je l’embrasse tendrement et ce qui devait être un simple baiser s’enflamme rapidement. Quand mes mains ont commencé à glisser sur ses hanches, elle recule et me regarde d’une aire désapprobatrice. Je sens que je vais passer la nuit la plus frustrante de ma vie.
Avec le bébé qui n’a pas encore fait ses nuits et le bruit de quelques invités qui tardaient à partir, nous n’avons pratiquement pas dormis de la nuit. Alors nous avons continué à papoter jusqu’au premier appel du muezzin.
C’est Abi qui nous a réveillés en frappant à la porte, heureusement qu’elle était fermé parce que vu comment je tenais Aicha si serré dans mes bras, elle allait à coup sûr mal le prendre. Quand j’ai vu l’heure, j’ai sauté du lit comme un fou. Je me suis préparé à une vitesse éclaire et dix minutes plus tard, j’étais prêt. Heureusement qu’Abi avait déjà fait ma valise. Quand je descends, ils étaient tous là, à prendre le déjeuner. L’image d’une famille parfaite, que demander de plus, Dieu m’a vraiment gâté.
J’ai rapidement pris mon café et j’ai fait la bise à mes enfants. J’ai fait signe à Abi de s’approcher. Elle a froncé les cils avant de se lever hésitante. Je l’ai pris dans les bras et pour la première fois parce que j’en avais vraiment envie.
Moi (chuchotant) : Merci pour tout. Je sais que ça n’a pas été facile pour toi mais tu as accepté Aicha comme ta petite sœur. J’ai toujours douté de ton amour et peut – être c’est ce qui faisait que ça ne collé pas trop. Aujourd’hui je sais que pour me rendre heureux, tu es prêt à tout. Je t’aime même si je ne te le dis pas souvent.
Abi (émue) : Moi aussi je t’aime, je suis si heureuse. Ses larmes menaçaient de couler d’une seconde à l’autre alors je l’ai pris dans les bras et je l’ai tournoyé jusqu’à l’entendre rire.
Moi (content) : Je ne veux pas voir de larmes seulement de la joie dis – je en les effaçant. Ensuite je lui ai donné une bise avant de me diriger vers Aicha qui nous lançait un sourire plein de tendresse. Je lui ai juste fais la bise en la serrant. On s’était déjà dit au revoir toute la nuit.
Je suis arrivé un peu en retard à l’aéroport. Heureusement que la société que l’on devait défendre a loué un jet privé spécial pour nous. Comme d’habitude, j’ai amené quelque un de mon équipe.
Dès que l’avion a pris son envol, j’ai ouvert un des dossiers. J’ai travaillé pendant plus d’une heure avant que le sommeil me gagne. Bien calé sur la chaise et c’est parti pour dormir tout le vol. Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi mais j’ai été réveillé par des secousses. J’ai mis ma ceinture et j’ai demandé à mon voisin et collègue ce qui se passait.
- Je ne sais pas, peut – être une zone de turbulence. Là on entend la voix de l’hôtesse de l’air sur le haut-parleur.
- Mesdames et Messieurs, veuillez attacher vos ceintures. Suite à un problème technique, nous sommes dans l’obligeance d’atterrir à l’aéroport le plus proche. Nous vous prions de bien vouloir….Un grand secousse projette l’hôtesse à un mètre, nous faisant tous crier. Elle se relève rapidement et cours s’assoir sur la chaise la plus proche en tremblant. Le temps de nous remettre de nos émotions, l’avion fait une autre secousse encore plus violente et s’engage vers une descente vertigineuse. Tout le monde criait. Mon Dieu, que se passe-t-il. Les cris fusaient de partout, c’était la panique totale à bord. J’ai fermé les yeux et j’ai commencé à réciter le Coran. Les images de ma vie ont commencé à se défiler dans ma tête : mes enfants, Abi avec qui je m’entends enfin bien, le bébé qui vient de naitre, ma mère avec qui je me suis mis en froid, Aicha ma raison d’être, mon amour. Mon Dieu pourquoi ? Pourquoi me prendre la vie après m’avoir donné l’espoir. L’image d’Aicha me souriant est la dernière chose que je vois avant que l’avion n’entre en collision. Je dis tout bas : Adieu mon amour.
Abi : crash
Je suis allée me reposer après le départ de Malick. J’ai été très émue par ce qu’il m’avait dit. Qui aurai crue qu’un mal pouvait apporter à la fin du bien. La venue d’Aicha dans notre vie est une vraie bénédiction dans nos vies et dans notre couple. Je sais qu’il l’aime plus que moi, son regard et ses gestes envers elle me l’ont plus que prouver. Mais j’ai appris à maitriser ma jalousie, à accepter d’être la seconde dans son cœur même si, je suis la première dans sa vie. Et au final, je n’en tire que du bénéfice, car quoi qu’on puisse dire, je suis plus heureuse et épanouie dans mon couple que je ne l’ai été en cinq ans. Malick est devenu plus gentil, moins agressif avec moi et nos conversations ont repris. Il me parle de son boulot et moi du mien. Au début, mon cœur se pinçait à chaque fois qu’il partait chez Aicha, pour les deux jours, et plus les jours passaient plus je m’habituais jusqu’à ne plus y penser. Bref aujourd’hui, je me rends compte qu’avoir une coépouse n’est pas aussi dramatique qu’on le dise si on a la chance de tomber sur une femme bien. Car il faut se l’avouer Aicha est plus que bien, elle est gentille, adorable avec mes enfants et surtout elle n’a jamais essayé de me montrer que c’est elle la préférée ou la plus intelligent ou quoi que ce soit au contraire.
Aujourd’hui, j’ai un atelier de couture qui marche bien et un mari aimant et des enfants merveilleux et une coépouse qui est aujourd’hui comme ma petite sœur. Que demandait de plus, la vie est belle.
Je descends les escaliers en chantonnant pour aller retrouver Aicha et sa maman. Il faut que l’on parle de ce conflit entre elle et ma belle – mère. J’ai été bluffé hier de la façon dont Aicha lui a tenue tête, surtout devant tout le monde. Au final, elle n’est pas aussi peureuse qu’on le pensait car il faut avoir vraiment du cran pour tenir à tata Astou.
Dès que j’entre dans la chambre, Aicha vient précipitamment vers moi.
- Je viens de faire un rêve, non plutôt un cauchemar ou Malick m’appelé en détresse. Depuis je ne sais pas pourquoi, j’ai un mauvais pressentiment. Je regarde sa mère, assisse sur une nappe en train d’apprendre le coran. Elle suit ma direction et dit. Comme je ne peux pas prier, je lui ai demandé de le faire à ma place.
- Ne t’inquiète pas, c’est juste un mauvais rêve, il va bientôt appeler, tu verras.
- Quand ? Aicha est très agitée et se mange les ongles. Je regarde ma montre et calcul dans ma tête. D’habitude le trajet Dakar – Paris se fait en cinq heures et son avion a décollé vers 10 h je crois. Donc il appellera surement vers 17 ou 18h, le temps d’arriver à l’hôtel. Elle balaie d’un revers de main une larme qui venait de couler avant d’aller s’assoir sur le lit, découragée. Son désarroi me fit peur.
Je monte dans ma chambre et récite Yacine avant de redescendre m’occuper de la maison qui était dans un désordre total. L’après-midi s’est passé comme une éclaire. J’étais très occupée avec les cinq personnes que j’avais fait venir spécialement pour remettre en ordre la maison. Thièy les gens manquent vraiment de civisme. Des peaux de bananes et d’oranges jonchent un peu partout dans la maison, des pépettes de riz sont collés sur les carreaux, des cannettes versés à même sur les canapés et jeté çà et là. Un vrai dépotoir d’ordure malgré le fait que j’avais déposé des seaux d’ordures dans chaque recoin de la maison. Heureusement que cette fois, je n’ai pas eu de vol. Normal, je commence à m’habituer. Mieux vaut prévenir que guérir. Deux jours avant le baptême, j’ai fait entasser toutes mes ustensiles de cuisine dans le pantré que j’ai pris le soin de bien cadenasser. J’ai fait de même avec mes bijoux, parfum de classes, bref tout objet de valeur. Avec le baptême de mon premier enfant, les voleurs m’ont beaucoup saigné. Surtout avec mes bols et autres, chaque femme qui rentraient chez elle demandait à partir avec sa part. Le lendemain, j’ai constaté qu’il ne me restait plus rien dans la cuisine, même les assiettes avaient été emportées.
Tout le temps que dura le nettoyage, Aicha était aux aguets, dès qu’un des téléphones sonnaient, elle sursautait. Nous avons essayé tant bien que mal de la raisonner mais rien. Elle disait qu’elle ne pourrait rester tranquille que quand elle aurait Malick au téléphone. Durant le déjeuner, je lui ai parlé de ma belle – mère et comment on pourrait faire pour apaiser sa colère. Elle m’a à peine écouté et a pris un autre sujet. Sa mère a essayé de la raisonner à son tour et elle nous a presque crié dessus. Je n’ai pas voulu insisté me disant qu’elle est toujours anxieuse à cause de son rêve.
Quand le nettoyage du salon fut terminé, je demande à la bonne d’appeler Aicha et sa mère à venir prendre le thé avec moi. Elles m’ont rejoint cinq minutes plus tard.
Aicha (toujours inquiète) : Il a appelé ?
Moi (souriant) : C’est encore tôt, toi aussi nobaté nga torop (tu es trop amoureuse).
Aicha (sourire forcé) : J’ai appelé Suzanne et elle m’a dit qu’effectivement l’avion atterrit à 15 h et que Malick a l’habitude d’appeler dès sa descente, étant donné qu’il a un rowming. Il est presque 16 h Abi fini t – elle presque en pleurant.
Sa maman (énervée) : Yawe hanaa gueumo Yalla (est – ce que tu crois en Dieu). Arrête de te comporter comme une gamine et laisse les gens tranquilles ish.
Moi (réconfortant) : Plus amoureuse qu’elle, tu meurs taquinais – je.
Et à ma grande surprise, elle fond larme. Le temps que je me lève pour la rejoindre, elle commence à ouvrir la bouche, à respirer très fort comme si elle perdait de l’air. Je reste debout, complétement dépassé par la situation.
Sa maman (paniquée) : Elle fait une crise de nerf dit – elle en s’approchant rapidement d’elle. Toudeul Yalla Aicha (évoque Dieu) Onzoubillahi mina cheytane razim.
Aicha : Maman, je te jure que j’ai un mauvais pressentiment, il lui est arrivé quelque chose, j’en suis sure, je le sens au plus profond de mon être…. Quelqu’un sonne. Je regarde l’entrée de la maison. Qui peut bien nous rendre visite à cette heure. Un vent froid m’envahi soudain, j’ai les mains moites et mes jambes refusent de bouger là où je suis debout. Quand la bonne ouvre la porte et que je vois entrer Mouhamed avec sa tête de déterré, j’ai regardé de suite Aicha. Ce pourrait – il qu’elle ait raison. J’ai plongé mon regard dans celui de Mouha qui s’avancer vers nous d’un pas incertain, les yeux embués de larmes. J’ai pris ma bouche des deux mains pour m’empêcher de crier et j’ai fait non de la tête. Aicha quant – à elle s’est figée direct, aucun muscle de son corps ne bougeait plus.
Mouhamed (hoquetant) : L’avion s’est écrasé…. Il a commencé à pleurer en me prenant dans ses bras. J’ai vu aicha tomber comme une statue de pierres sous le tapis alors que la douleur commençait à submerger comme un ouragan dévastant tout sur son passage. Non pas lui chuchotais – je avant de sombrer moi aussi dans le noir.
Dibor mère d’Aicha : deuil
La perte d’un être cher est l’une des choses les plus tragiques et dévastatrices qu’une personne puisse supporter. ‘ Le deuil, état de non vie, au sein de la vie’. Mon Dieu, pourquoi lui infliger encore une fois une telle douleur, la vraie douleur. Qu’est – ce qu’elle a fait pour mériter une telle souffrance. Ho Malick, j’aurai voulu mourir à ta place. Je donnerais tout l’or, pour prendre la souffrance de ma fille à cet instant.
Cela fait trois heures maintenant depuis l’annonce et depuis son réveil, rien. Elle s’est emmurée dans un silence presque effrayant. J’aurai voulu qu’elle crie, qu’elle pleure comme le fait en ce moment Abi, mais pas qu’elle reste comme ça, comme un statut, sans aucune émotion. Pourrait- elle se relever de cette perte ?
Mon mari et Menoumbé sont arrivés en même temps que Suzanne. Cette dernière a appelé un médecin qui est en ce moment même avec ma fille. Comme moi, il lui parle mais elle ne dit rien, elle fixe juste un point. Il lui a pris sa tension et tout, avant de se lever et de remuer sa tête tristement.
Le docteur : Votre fille est en état de choc. Si jusqu’à demain, elle ne réagit pas, je serais obligé de lui faire une perfusion.
Moi en pleur : Qu’est – ce que je peux faire Docteur, c’est la première fois de ma vie que je me sens si incapable. J’éclate en sanglot, n’y tenant plus.
Le docteur : Il faut que vous soyez forte pour elle. Votre fille est en train de passer les plus mauvaises heures, voire jours de sa vie alors soyer réconfortante et surtout, soyer présente.
Ngoor (inquiet) : C’est sure que vous ne pouvez rien faire, regarder là Docteur dit – il en le pointant du doigt.
Docteur : Pour l’instant, elle est à la phase du déni. Le choc est trop grand pour qu’elle reconnaisse et accepte la fatalité de la mort de son mari. Donc, elle se sert du déni pour protéger son psychisme de cette surcharge émotionnelle.
Ngoor (criant) : Epargnez moi vos charabia et dites-nous juste ce qu’on doit faire.
Docteur (toujours serein) : Rien. Je suis désolé mais je n’ai pas de médicament face à la douleur de la perte d’un être cher. Elle ne se guéri qu’avec le temps.
Ngoor (dépassé) : Vous voulez dire que l’on doit la laisser ainsi, je ne peux pas, je….mon mari craque et commence à pleurer. Moi qui m’étais calmé, je reprends de plus belle. Si nous les parents somment si dévasté, je ne m’imagine pas ce qu’elle ressent en ce moment. Elle a raison de se couper de la réalité pour fuir la douleur.
Docteur : Heu, comment vous l’expliquer. C’est comme si, ses émotions avaient été anesthésiées et donc elle agit de manière mécanique. Face à la violence des émotions, il s’est produit au sein du psychisme comme une rupture du disjoncteur. Quand l’anesthésie va commencer à s’estomper, il faudra que vous soyez là pour recevoir cette douleur émotionnelle trop forte pour elle. Laisser la submerger doucement, ne la brusquer pas, sois juste prêt que ça ne sera pas facile.
Avec mon mari, nous avons accompagné le docteur jusqu’à la porte. Avant d’aller rejoindre Aicha, je passe voir d’abord Abi. La maison commençait déjà à se remplir et les cris de détresse fusaient de partout. Je l’ai retrouvé dans sa chambre et son visage était déformé par la douleur. On lui avait déjà enlevé son tissage et ces fausses cils, là sa mère s’atteler à enlever ces faux ongles ce qui n’était pas aisé vu qu’elle ne les avait fait qu’hier. Dès qu’elle m’a vue, elle s’est précipité dans mes bras et a repris les pleurs. J’ai surpris le regard noir que sa mère m’a lancé avant de se ressaisir.
Moi (lui caressant le dos) : S’il te plaît, calme toi un peu. Les enfants ne doivent pas te voir dans cet état.
Abi (hoquetant) : On les a amené chez maman, je ne sais pas quoi leur dire. Aicha l’avait senti ma tante, elle l’avait vue…elle reprend à pleurer de plus belle. Je ne savais plus quoi dire, ni comment la réconforter, juste la tenir serré dans mes bras. Sa mère s’est approché et la retiré doucement de mes étreintes.
Yaye Fatou (mère d’Abi) : Il faut que l’on finisse de te démaquiller et aussi tu dois prendre ta douche, t’habiller en circonstance et descendre jouer ton rôle.
Abi (criant) : Je ne veux pas, je ne peux pas, c’est trop tôt, je ne veux pas être veuve. Nnnnnoooonnnn cria t – elle avec tellement de désarroi que je me remis à pleurer.
A cet instant, des cris de douleur nous parviennent du salon et s’intensifie chaque seconde un peu plus. Nous nous regardons en silence.
Abi murmurant : C’est ma belle-mère. Elle se prend la bouche, fait un pas, recule de deux pas encore. Sa mère sort une grande colle de son armoire et recouvre sa tête. Nous descendons doucement comme si nous avions peur de ce qui nous attendait en bas. L’image de cette femme aux allures royales avait disparue pour laisser place à une femme désemparée, dépouiller, presque éteinte. Couché à même le sol, se prenant la tête, ces cris me faisaient droits au dos. On aurait dit un animal féroce agonisant. La mort d’un enfant va contre le sens même de la vie. Ces deux filles qui étaient à côté d’elles essayaient tant bien que mal de la soulever, réconforter mais c’est comme si elles augmentaient sa douleur. A un moment, ne s’y attendant plus, elle se lève et commence à marcher tout au longue salon en parlant à tous ce qui était dans le salon.
Sokhna criant : Mon fils n’est pas mort, vous mentez tous, il n’est pas mort. Je l’aurai senti, une mère sent toujours le danger pour son fils. Hé Allah, tu aurais dû me prendre, pourquoi lui, pourquoi, han, ahhhh. Abi s’approche d’elle et cette dernière la bouscule violemment, la faisant tomber. Tout le monde recule. Il fallait qu’on la laisse se défouler, sortir sa peine. La douleur d’une mère face à la perte de son enfant est indescriptible ; c’est comme si on t’avait amputé une partie de soie. Personne ne peux la consoler, juste donner le temps aux temps.
Dibor crie mon mari avec désarroi Ngoor. Nos regards se croisent et avant même qu’il ne dise un mot je m’étais déjà élancé dans sa direction. Hé Allah, venez nous en aider. La situation me dépasse.
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 13 : Au bord du gouffre“]
Aicha : le déni
Je suis attirée par les cris presque rageurs de mon bébé. Je cligne les yeux comme si j’avais été déconnectée pendant longtemps de la réalité. Suzanne se tient devant moi et me supplie du regard de la prendre pour la téter. Ce que je fais comme un automate. Mouha est venu nous annoncer la mort de Malick. Et qu’est – ce qu’il en sait, c’est Dieu ? Il y a toujours des survivants dans les crashes. Ils n’ont pas le droit de déclarer sa mort aussi hâtivement ; je refuse de l’admettre. Tandis que le bébé tété avidement mon sein, je réfléchissais à ce que j’allais faire.
Moi : Suzanne, tu peux m’accompagner à l’aéroport s’il te plaît ?
Suzanne (fronçant les cils) : Pourquoi faire ? Ce n’est pas une bonne idée, il…
Moi (ton tranchant) : Je ne veux rien entendre, tu m’accompagne oui ou non ?
Suzanne (triste) : D’accord, je te suis.
Moi (décidé) : Je ne veux pas qu’on me parle de mort tant qu’on n’est pas à 100 % sûre dis – je plus pour moi – même que pour Suzanne. Je reportais mon attention à mon bébé.
Quand je vis qu’elle est rassasiée, je la dépose et me dirige décidée vers mon dressing en lançant à Suzanne.
Moi : Appelle s’il te plait maman, pour qu’elle garde le bébé à notre absence. Elle sort de la chambre, presque en courant mais revient à peine quelques secondes suivit de mon père.
Papa (surpris) : qu’est – ce que tu fais ma fille ? Je sais que c’est dur pour toi mais…
Moi (regard furax) : Il n’y a pas de mais papa, je dois vraiment aller voir de moi-même. N’essayais même pas de m’en empêcher, criais-je, en les regardant avec une telle haine qu’ils ont reculé. Sans dire un mot de plus, Papa sort de la chambre et moi je prends quelque chose au hasard et pars m’habiller dans la douche. Cinq minutes plus tard, j’en faisais de même. Je ne fais que deux pas et vois ma mère débouler suivie de près par Papa et Menoumbé. Je me fige un bref instant avant de continuer ma marche d’un pas décidé. Avant que ma mère ou Menoumbé n’ouvre la bouche je prends les devants.
Moi (leur pointant un doigt menaçant) : Je vous jure devant Dieu que je ne changerais pas d’avis. Je refuse d’accepter sa mort tant que je n’en ai pas une certitude absolue. C’est compris ? Ils se consultent en silence comme pour savoir quoi faire.
Ma mère (voix tremblante) : D’accord ma chérie, tu peux y aller mais à condition que Menoumbé t’accompagne. J’acquiesce juste de la tête. De toute façon, je m’en fou de qui va y aller avec moi. Tout ce que je veux c’est me renseignée moi-même et savoir ce qui s’est passée. Quand je déboule du salon, l’image de ma belle gisant par terre m’énerve encore plus que je ne le suis déjà. Mon regard croise celui d’Abi qui se précipite vers moi attirant l’attention de tout le monde. Ce que je ne voulais en aucun cas.
Abi (pleurant) : Tu vas où ?
Moi (en colère) : Qui vous a dit qu’il est mort ? Vous n’avez reçu aucune confirmation, juste que son avion s’est écrasé et vous….
Belle – mère (criant) : Tait – toi aye gaf (oiseau de malheur), j’ai toujours senti ce malheur que tu traines. Tu as tué mon fils…
Moi (criant encore plus fort) : Une mère digne aurait pris son chapelet et son livre de coran pour prier. Au lieu de ça, vous êtes là à faire ce cinéma, shim, bande d’hypocrites. Brouhahah. Je ne les écoute même pas et tourne les talons. Dehors Oumi me rejoint en courant et me prend le bras.
Oumi : Aicha, tu n’as pas entendu ce qu’ils ont dit ? Tu te fais de la peine pour rien.
Moi (fermant les yeux) : S’il te plait, laisse-moi tranquille. Je le sens, je le sais. Il n’est pas mort… ma voie s’éteint par l’émotion, j’essuie d’une main rageur encore une fois une larme qui coule, avant de m’engouffrer dans la voiture de Suzanne.
La semaine qui a suivi, a été la plus longue et la plus douloureuse de toute ma vie. Je me suis installée dans le motel le plus proche de l’aéroport comme si cela pouvait me servir à grand-chose. Chaque matin, je partais la – bas et restais pratiquement toute la journée à essayer de négocier, pour que l’on envoie une équipe de sauvetage afin de voir s’il y avait des survivants. Comme la compagnie privée, à qui appartenait l’avion, était en Espagne, les démarches ont pris plus de temps que prévu. J’ai été choqué par autant de lenteur et surtout par le fait que, si on avait fait plus vite peut – être on aurait pu sauver un blesser. L’espoir se rétrécissait chaque jour, un peu plus pour les survivants. On apprit qu’au troisième jour qu’une équipe en hélicoptère avait été finalement dépêchée. L’avion s’était écrasé au milieu de la grande forêt tropicale Gabonaise. On m’a montré des photos du crash me disant que s’était peine perdue. Le cinquième jour le verdict est tombé. L’endroit n’était accessible que par la route et il a fallu au moins quinze jours et beaucoup de moyen pour cela. Ce que la compagnie aérienne refusait, car pour eux c’était une chance sur mille qu’il y ait des survivants. Même s’il a survécu au crash, il ne pourrait pas tenir dans cette immense forêt. Il fallait que je l’accepte : j’ai perdu Malick, mon Malick. Ce jour-là, j’ai sorti toute les larmes de mon corps. La douleur était si forte que j’en avais mal au cœur. Je me suis laissée engouffrer dans une abime profonde sans fin, qui m’a plongé chaque jour un peu plus vers la souffrance éternelle. Dieu m’a enlevé ma raison d’être, alors pourquoi continuer à vivre. J’ai cessé d’exister à partir de cet instant.
Dibore (mère de Aicha) : A son chevet
Cela fait un mois maintenant que Malick est parti, un mois que nous vivons dans la peur de perdre aussi Aicha. Elle n’est plus que l’ombre d’elle – même. Depuis le jour où elle a accepté la mort de Malick, elle est entrée dans une dépression aiguë. De deux fois, elle a été hospitalisée et le pire c’est, qu’elle n’a même pas assisté aux funérailles tellement elle était anéantie.
Aujourd’hui, il ne nous reste que la prière, pour ramener notre fille des ténèbres. En mourant, Malick a emporté une partie d’elle, son humanité. Elle n’a que 26 ans et déjà elle est veuve de deux fois. Je n’arrête pas de me poser la question pourquoi ma fille. Qu’est – ce qu’elle a fait pour mériter autant de souffrance. J’aurai voulu qu’elle me la transmette. C’est très dur, pour une mère de ne pouvoir rien faire face à la souffrance de son enfant. La seule chose que je peux faire, c’est rester avec elle et la soutenir en silence. Je me suis installée avec elle dans son appartement. C’est moi qui m’occupe de tout, du bébé, de la cuisine et même du ménage. Même si, elle se comporte comme un zombie avec ses gestes si mécaniques, elle a recommencé à manger normalement. Abi appelle presque tous les deux jours et elle est venue la voir deux fois. Comme ma fille, elle aussi a beaucoup maigri. Je suis allée présenter mes condoléances à Sokhna (belle – mère d’Aicha) mais, elle m’a si mal accueilli que je n’y suis pas retournée le jour de la clôture du deuil. L’histoire se répète car comme avec le maire, ma fille n’a pas pu faire son deuil comme il fallait. Aicha serait – elle maudite ?
Je suis à ces réflexions quand on sonne à la porte. Je m’empresse d’aller ouvrir et c’est Oumi, la sœur de Malick. Une personne adorable qui vient voir Aicha presque tout le temps et qui essaye tant bien que mal de lui apporter son soutien.
- Bonjour ma fille, comment tu vas ?
- Ça va et Aicha.
- Al Hamdoulilah, elle commence à manger. Elle me sourit sincèrement et s’installe au salon. Mais vu comment elle tient son sac, elle semble stressée.
- Où est – elle ?
- Dans sa chambre. Quelque chose ne va pas ?
- Je ne sais pas vraiment par où commencer. En fait, ce matin ma mère m’a convoqué à la maison et je ne savais pas de quoi il en retourné. C’est seulement quand je suis arrivée sur place, que j’ai compris que c’était une réunion familiale. Hum….
- Venais-en au faite ma fille. Vous savez dans ce monde ci, plus rien ne me surprend.
- En fait s’était pour la distribution des biens de Malick, plus exactement son héritage dit – elle à voix faible.
- D’accord, je vais appeler ma fille dis – je en me levant lourdement du canapé. Je sentais la moutarde me monter mais je me suis retenue. Ils auraient dû nous avertir. Aicha a n’en des droits en tant qu’épouse de Malick. Quand j’entre dans la chambre, je la retrouve en train de bercer sa fille. Je crois que sans son bébé, elle n’aurait pas pu tenir.
- Aicha l’appelais – je, elle se redresse avec un sourire presque forcé. Oumi est là ma fille. Apparemment, ce matin, ta belle – mère a convoqué une grande réunion pour le partage des biens de Malick. Tu te rends compte ?
- Et alors ? La vie, elle-même est injuste. Pourquoi lutter pour des futilités.
Nous rejoignons Oumi au salon. Après les salutations, nous somme entrait direct dans le vif du sujet.
Aicha (ton froid) : Alors que ce passe t – il ?
Oumi (gênée) : Je suis vraiment désolé du comportement de ma mère et de mes oncles.
Moi (en colère) : Franchement Aicha est la femme légitime de Malick, ils n’avaient pas le droit de faire quoi que ce soit sans sa présence. Ils….
Aicha (me coupant) : Qu’est – ce qui a été décidé ? Oumi baisse la tête comme si elle avait honte. S’il te plaît Oumi, de toute façon je suis préparée psychologiquement à toutes éventualités.
Oumi (bredouillant) : Les biens de Malick ont été partagé équitablement selon la loi islamique. La maison de Hann revient à Oumy et à ses enfants et cet appartement à toi bien sûr. Mon frère a laissé deux autres terrains à Sacrée cœur et Point E et deux maisons en construction à Bambilore et Saint – Louis. Donc, il a été décidé qu’on les vende. L’argent sera distribué selon la loi islamique à la famille. Il n’y a pas eu trop de tergiversations, mais quand nous somme arrivé à la société c’est là que les problèmes ont commencé.
Aicha (soulevant un cil) : Et ?
Oumi (prenant un grand air) : Comme avec les maisons, ils ont voulu vendre les actions de Malick dans la société. Mais j’ai refusé, de même qu’Abi et tout de suite, on nous a traités de tous les noms d’oiseaux. J’ai même honte d’appartenir à une famille aussi vorace.
Moi : Ne t’inquiète pas, c’est toujours comme ça dans les histoires d’héritage. Vous n’êtes pas la première famille qui se divise et ça ne fait que commencer.
Aicha (impatiente) : Qu’est – ce que vous avez décidé de faire finalement ?
Oumi (triturant sa robe) : Je te jure Aicha, qu’on s’est battue pour ne pas accepter la première option.
Aicha (fronçant les cils) : Et c’est quoi la deuxième option. Parce que j’imagine qu’il y a une deuxième option.
Oumi (d’un trait) : Ils ne veulent pas prendre le risque que l’héritage ‘Kane’ sort de la famille.
Moi (comprenant) : Ha d’accord, donc ils veulent donner ma fille à un membre de leur famille. C’est ça non ? Oumi acquiesce la tête en se rongeant l’ongle. Aicha nous regarde à tour de rôle avant d’éclater de rire.
Aicha (grinçant les dents) : Dites leurs d’aller se faire foutre.
Moi (Outré) : Aicha toi aussi, ne soit pas grossière. C’est une tradition vieille de dix mille an et… Son regard est si menaçant que je me tais. Ma fille me fait peur des fois. Elle se lève et se tourne vers Oumi qui semble être au désarroi.
Aicha (venin dans les yeux) : Remercie ta famille de m’avoir donné cet appartement. A vraie dire, je n’en attendais pas plus. Je suis même surprise qu’ils ne m’aient pas chassé. Pour la société, je ne suis pas le moins du monde intéressée. Ma fille, je vais l’éduquer moi-même avec ce que je gagne.
Oumi : Je sais que tu es en colère, mais tu n’as pas le droit de priver ta fille de son héritage.
Aicha (criant) : Donc je dois épouser un de vos vauriens de cousins. Plutôt mourir. L’argent n’a jamais été un souci pour moi au contraire. Dis à ta famille qu’il peut mettre la société de Malick là où je pense. C’est mon dernier mot. Elle tourne les talons et entre dans sa chambre en claquant violement la porte, nous faisant sursauter. Oumi éclate en sanglot et je viens m’assoir près d’elle.
Moi (compatissante) : Je suis désolée ma fille, Aicha n’est plus la même depuis le décès de Malick, alors s’il te plait, ne lui en veux pas. Ta gentillesse et ta générosité me rappelle ton frère. A nos yeux, tu es plus que la sœur de Malick et on se souviendra toujours de toute l’attention que tu nous as porté. Mais ce n’est pas la peine d’insister, la connaissant, elle n’acceptera jamais.
Oumi : Ils ont donné un délai de six mois, le temps qu’elle porte son deuil avant de choisir elle-même qui elle veut. Ensuite le mariage ne sera consommé qu’après trois mois, le temps que le couple apprenne à se connaitre. Pour l’instant c’est impensable, pour elle mais avec le temps, elle va s’habituer à la chose.
Moi (sceptique) : Je ne crois pas. Pour l’instant, la seule chose qui m’importe c’est qu’elle aille mieux. Oumi, nous ne vivons pas dans l’opulence, mais nous sommes heureux. Quand Dieu te donne un toit, de quoi te nourrir et une bonne santé alors dit Al Hamdoulilah.
Oumi : Je sais mère, mais je me préoccupe de l’avenir de ma nièce et je sais que chaque mère est capable de tout supporté, pour assurer l’avenir de son enfant.
Moi : A quel prix ? On verra…
Wilane : malveillance
Aujourd’hui c’est le grand jour. Enfin je vais parler avec elle. Je suis si excité de la voir, que je n’ai pas dormi de la nuit.
Depuis la mort de son mari, j’ai suivi chacun de ses pas. J’ai été surpris par la grandeur de ses sentiments. Je ne pensais pas qu’elle aimait cet homme à ce point . J’en étais plus que jaloux, en-là voyant mourir à petit feu. J’avais mis des caméras un peu partout dans son appartement et presque toutes les nuits elle pleurait pour ce salaud, qu’il pourrisse en enfer. J’étais si jaloux de cet amour fou, que cela me mettait dans des colères pas possibles. Dès les premiers jours, j’ai voulu la voir, mais je me suis retenu. Il y a six ans, je l’aurais kidnappée, assouvie à l’esclavage sexuel jusqu’à ce qu’elle soit complétement docile et je la jetterais comme une merde. Aujourd’hui mes sentiments ont changé. A force de la traquer, de l’observer, de rêver d’elle, je suis tombé fou amoureux d’elle. Je veux qu’elle soit la mère de mes enfants, celle qui va partager mes repas, mes secrets les plus fous. Si elle veut, je peux même devenir meilleur, changer pour elle. Avec les femmes, il suffit d’être romantique, d’offrir des cadeaux à gauche et à droite, de faire le beau prince et le tour est joué. Malgré mes 50 ballets, je suis toujours beau et je fais tomber toutes les femmes autour de moi. J’ai fait venir spécialement d’Amérique, un expert matrimonial, le meilleur. Je lui ai tout dit de A à Z. Il m’a demandé de jouer la carte de la sincérité en lui présentant d’abord mes excuses. Ensuite de la courtiser petit à petit et d’ici un ou deux mois le tour sera joué. C’est un grand défi pour moi et j’adore les défis. Je ne sais pas comment elle va le prendre, mais je vais faire mon possible, pour qu’elle tombe amoureuse de moi.
- Patron, elle vient de quitter chez elle. D’après Jean, elle arrivera au jardin dans une demi-heure dit Fusille en me regardant malicieusement.
- J’espère qu’elle ne va pas fuir en me voyant dis – je les mains tremblantes. Je les regarde, avant de les mettre dans ma poche.
- Vous êtes complétement fou de cette fille reprend– il en souriant cette fois.
- Tu l’as dit. Bon assez parler, il faut que j’ai l’air d’avoir couru dix kilomètres, si je veux être crédible. Je sors de la voiture en mettant mes lunettes et commence à courir. Aicha a l’habitude de sortir tous les soirs et de promener sa fille tout au long de la cornique avec une poussette. Ensuite elle vient s’assoir dans un banc du jardin, aménagé spécialement pour les familles. Je déteste faire du sport en pleine air, moi je suis un adepte des salles. C’est une première pour moi, ha Aicha, qu’est-ce que je ne ferais pas pour toi ? Je cours 15 minutes et retourne sur mes pas. D’habitude, elle s’assoie vingt à trente minutes sur le banc en face de la mer, avant de rebrousser chemin. Je vais faire semblant de passer devant elle et la reconnaitre. Plus je m’approche, plus mon cœur bat très fort. Donc, c’est ça l’adrénaline amoureuse, dont j’entends parler. Je la vois enfin, j’arrête de courir tellement mon cœur bat très fort. J’oublie toutes les phrases que j’avais mémorisées et quand je suis en face d’elle, je perds mes mots. Pourtant, je la vois tous les jours, je connais par cœur chaque partie de son corps. Mais devant elle, si proche, l’émotion est indescriptible. Elle me regarde avec effroi, en posant sa main sur sa bouche avant de se lever précipitamment et de pousser sa poussette qui contient son bébé. Cela me fait mal, qu’elle ait si peur de moi.
- Aicha, c’est bien toi ? Elle fait comme si elle ne m’avait pas entendu et accélère les pas. Je la suis en reprenant mon cirque. Je suis si heureux de te revoir, pour enfin te présenter mes excuses. Elle s’arrête une seconde, me regarde et continue de marcher encore plus rapidement. S’il vous plaît, écoutez-moi une seconde dit-je en prenant son bras, pour l’inciter à s’arrêter.
- Ne me touchez pas cria – t-elle ! Avec tellement de violence que deux coureurs se sont approchés de nous.
- S’il vous plaît, je suis profondément désolé et…
- Je n’en ai rien à foutre de vos excuses. Laissez-moi tranquille c’est compris cria – t-elle comme une hystérique.
- Vous l’avez entendu dit un jeune homme prêt de moi. Un autre veint se mettre devant moi et Aicha en profita pour s’éloigner. Je sentais la moutarde monter. Je ne pensais pas que cela aller se passer ainsi.
- Qu’est que vous attendez pour déguerpir, sale vieux pervers dit le jeune homme qui m’avait barré la route. Je le regarde avec haine, de même que l’autre. A cet instant mes deux voitures X6 se garent à côté du trottoir et Gorille sort avec mes quatre gardes du corps.
- Cassez-moi la gueule de ces deux imbéciles jusqu’à ce qu’ils n’aient plus envie de vivre dis – je, avant de monter sans un regard vers eux.
J’ai cogné violemment sur la portière de la voiture avant de crier à tue-tête. Je n’ai jamais été si énervé. Je ne m’attendais pas à autant de dédain de sa part. Mon but était de faire semblant de la rencontrer par hasard, de lui présenter mes excuses et lui dire que le fait d’avoir reçu cette balle, m’avait changé. Enfin, je devais m’approcher chaque jour un peu plus d’elle jusqu’à ce qu’elle accepte une invitation au diner. Je prends mon portable et j’appelle ce faux-cul.
- Docteur, rien ne va, elle m’a envoyé balader comme une merde.
- Je vous avais averti du risque qu’elle vous rejette. Il va falloir revoir la copie.
- Dites-moi ?
- Pas au téléphone.
- J’arrive. Il a intérêt à me donner une solution définitive, sinon, je risque de déverser ma colère sur lui. Gorille entre en trombe dans la voiture en criant au chauffeur.
- Démarre vite. Je regarde vers l’arrière, les deux hommes gisaient par terrer ensanglanté. Les gens arrivent vers eux en courant. Ça leur apprendra à se mêler de ce qui ne les regarde pas.
- Et alors demande Gorille curieux.
- J’ai vu une drogue plus puissance que la cocaïne. Il éclate de rire, en remuant la tête. Je continue tout excité. Je te jure Gorille que les émotions que j’ai ressenti quand j’ai été en face d’elle sont plus fortes que toutes celles que j’ai eu depuis que je suis né. Il me faut cette femme et je suis prêt à tout, oui à tout.
Quelque part dans la grande forêt tropicale africaine
- Tu penses qu’il va s’en sortir demandais – je, avec inquiétude à ma mère ?
- Je ne sais pas ma fille. Franchement depuis tout ce temps, il aurait dû se réveiller.
- Il est tellement beau dis – je tout bas en regardant amoureusement le bel inconnu, qui dort depuis plus d’un mois maintenant. Maman me pince la cuisse, me faisant crier de douleur.
- Si ton père croise ce regard, je te jure que je ne donnerais pas chère de ta vie.
- Hé maman, vous n’allez pas être jaloux d’un mort vivant. Tu as entendu ce que le Dieudonné à dit, s’il ne se réveille pas d’ici la semaine prochaine, il va mourir car, il n’y a plus de perfusion dans le campement.
- Hé oui dit ce dernier en entrant dans la case. Ce dernier est un sorcier blanc qui dit être envoyé par un autre Dieu, il y a de cela deux mois pour nous soigner d’une maladie qui avait déjà tué plus de la moitié de notre village et du village voisin. Bref, il est arrivé un mois avant que le grand oiseau ne s’écrase dans la forêt. Nous étions partie à la chasse depuis presque trois jours quand cela est arrivé. Dans ce genre d’accident, on peut trouver du tout alors nous nous somme précipité vers le lieu. Avant que l’on arrive, nous avons entendu une grande explosion. Après cette frayeur, nous avons couru plus rapidement, pour éteindre le feu qui risquait de se propager dans cette forêt qui est la nôtre. C’est là que je l’ai vue, couché derrière un arbre, par terre, inerte. Croyant qu’il était mort, ma première réflexion a été de tâter ces poches. J’ai tout de suite vue ce que je cherchais, une pochette bien remplie de billets. Mon cœur battait très fort quand j’ai vu que c’était des dollars. J’ai pris le soin de bien la cacher avant d’appeler les autres en criant. C’est là qu’il m’a pris le pied, me donnant la frayeur de ma vie. Quand j’ai croisé son beau regard, j’ai su que je ferais tout mon possible pour le sauver….
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 14 : Prisonnière de son destin“]
Malick : miraculé
J’ai l’impression que ma tête va exploser. J’ouvre difficilement les yeux comme s’ils pesaient des tonnes. Un homme blanc se tient devant moi avec un grand sourire.
- Hello, bonjour, buenas dias, dit – il comme s’il voulait savoir quelle langue je parlais.
- Bonjour, dis – je à voix faible. Je voudrais dire un mot de plus mais l’énergie me manque, en plus ce mal de tête oh. Je ferme encore les yeux. Je le sens près de moi, il s’assoie et me prend le bras.
- Vous vous souvenez de ce qui s’est passé ? Je fais oui de la tête et il continue. Vous êtes le seul survivant de ce crash. C’est un miracle que vous soyez réveillés vu les blessures que vous aviez quand on vous a transporté ici. Il efface une larme qui vient de couler, en pensant à tous mes collègues.
- Je suis là… depuis combien… de…. temps ?
- Presque deux mois. Autant pensais – je, mon Dieu. Comme s’il avait lu dans mes pensées, il reprend. Quand on vous a ramené ici, vous respiriez à peine. J’ai dû vous opérer avec les moyens du bord pour stopper l’hémorragie et je n’avais aucune bande de sang, pour compenser la perte. C’est un véritable miracle si vous vous en êtes sorti. Je voudrai savoir ou vous avez mal ? Vous n’avez pas besoin de parler juste faire oui de la tête quand je toucherais un endroit qui vous fait mal. Cette auscultation m’a paru une éternité. Je crois qu’il aurait dû me dire d’acquiescer la tête quand je n’ai pas mal. Cela m’aurait évité un torticolis tellement je n’ai pas arrêté de pencher la tête. A la fin, je me suis rendormie, épuisé.
Quand je me suis réveillé, il n’y avait plus personne dans la case. Mes pensées se sont directement tournées vers ma famille. Mon Dieu, je ne veux surtout pas imaginer dans quel état ils sont, surtout Aicha. Elle doit être complétement anéantie. Deux mois déjà, il faut que je les avertisse dis – je tous bas avant de sombrer encore dans le sommeil.
Les jours qui ont suivi ont été très durs. J’avais l’impression que j’avais été percuté par un camion. Le moindre petit effort était un grand combat pour moi, mais il me fallait récupérer au vite, afin de retourner vers ma famille qui me croyait surement mort. Manger, parler, bouger m’était plus que difficile. Il y avait toujours cette femme de taille si petite qui venait tous les jours, me nettoyer, me donner à manger ou encore me mettre des huiles sur mon corps. Elle me donnait dès fois des sortes de tisane très chaude que j’avalais difficilement. Je n’arrivais pas à communiquer avec elle, car elle parlait une langue bizarre et il m’était difficile voire impossible de faire trop de geste. Je n’en avais pas encore la force. Tous ce que je voulais, c’est parler avec le médecin blanc, que j’avais vu le premier jour, afin qu’il prévienne ma famille. Malheureusement, il avait disparu de la circulation. J’avais l’impression qu’il passait mais comme je divaguais la plus part du temps, j’en doutais. L’image d’Aicha me souriant m’aidait à combattre contre mon mal.
Combien de temps, je suis resté dans cette léthargie ? Je ne saurais le dire. Mais plus les jours passaient plus j’allais mieux. J’ai commencé à me lever moi-même pour marcher quelques pas dehors, aidé de près par cette fille qui m’arrivait à peine par la taille. Je surprenais dès fois son regard attendri et quand elle me lavait, j’avais l’impression qu’elle n’était pas pressée. Après quelques jours, je me souviens que s’était-elle que j’avais vu ce fameux jour de l’accident. Je lui ai souri pour la première fois tout en évitant un quelconque geste vers elle, car les quelques jours passés avec elle, m’a fait comprendre qu’elle avait l’air d’avoir des sentiments pour moi. Bref je me remettais petit à petit et j’avais hâte de revoir ce blanc.
Un jour, j’étais assis sur un tronc d’arbre qui servait de banc devant cette petite case, que j’ai vu apparaitre le médecin. J’ai pris un grand air de soulagement. Il m’a souri en comprenant mon appréhension. A vu d’œil, il doit avoir mon âge malgré sa grosse barbe. Seule sa blouse blanche laisse deviner que c’est un médecin.
- Wonderfull, vous allez mieux. Je suis désolé de vous avoir laissé si longtemps ici. Mais je vois que Nanka a fait du bon boulot.
- Oui, votre amie m’a beaucoup aidé. Ou étiez-vous tout ce temps ?
- Le travail m’appelait. A cause de vous, j’avais un peu délaissé le but de ma venue ici. Je regarde autour de moi, toujours pas habituait par l’immensité intense de cette broussaille et de ces arbres.
- Qu’est – ce qu’un médecin fait ici au milieu de la forêt. D’ailleurs ou sommes-nous exactement ?
- Nous sommes dans la forêt d’Ituri dans le nord du Zaïre. Ici, y vivent beaucoup de tribus dont les plus célèbres sont les pygmées de la tribune des Mbutis. Il y a quelques temps, ils ont été frappés par une épidémie qui a fait beaucoup de mort. Je me suis porté volontaire, car j’ai toujours rêvé d’étudier la vie primitive de ces indigènes.
- Vous êtes là depuis combien de temps ?
- Sept mois.
- Waw ça fait longtemps ça.
- Oui, j’ai réussi à stopper l’évolution de la maladie depuis longtemps. Maintenant je reste plus pour moi-même. Il s’assoie près de moi et continue. Je suis fasciné par la culture pygmées qui gravite autour de la forêt. Leur connaissance du monde des arbres me stupéfie. Ils savent que telle Liane – Mozambi, en langue pygmées – tranchait d’un coup de machette jaillira un filet d’eau fraîche. Ils montrent tels écorces qui guéries les brûlures d’estomac, tels autres qui, laissées à macérer dans l’eau, soulage les femmes aux règles douloureuses. Une fois j’ai vu un jeune homme mordu par un serpent, sauvait par des feuilles d’arbre appliquaient sur la plaie. Une autre fois…
- Excusez-moi Docteur, mais je voudrais contacter ma famille au plus vite.
- Ha oui vous avez raison. Quand je commence dans mes histoires là ha ha ha.
- Oui j’ai vu que vous êtes un vrai passionné et cela me fera plaisir de vous écouter mais pour moi il y a plus urgent.
- Vous avez raison sourit – il. Cet homme est trop joyeux à mon goût. Le hic c’est qu’il n’y a rien ici qui nous lie à l’extérieur continu – t-il. Mon cœur fait boum.
- Comment est – ce possible ? Vous n’avez pas de portable ?
- Perdu durant une de mes excursions et même quand je l’avais je n’avais pratiquement jamais de réseau.
- Alors je prendrais la route dès demain dis-je déterminé.
- Dans votre état ? Vous n’aurez aucune chance d’arriver vivant jusqu’en ville. Je me lève avec rage du banc ou j’étais assis et me dirige énervé vers la case. Dès que je fais trois pas, je titube un peu, Michael vient me prêter main forte.
- Vous voyez ? Ne soyez pas si têtu, vous n’êtes pas en état de faire un voyage aussi contraignant. Quand j’ai quitté la ville pour venir ici, j’ai fait deux jours de route. Ensuite trois jours de marches pour arriver enfin ici. J’étais au bout de ma vie. Alors imaginé que vous devez faire la marche jusqu’en ville et dans votre état. C’est du suicide assuré.
- Je suis là depuis presque trois mois. Ma famille croit surement que je suis mort. Comment pourrais-je rester ici sachant cela.
- J’avais donné rendez – vous dans trois mois ceux qui m’avait amené ici et….
- Trois mois ? Jamais je ne pourrais rester autant de temps. Je vous en supplie aidez-moi à faire ce voyage. Je suis prêt à tout pour rallier la ville. Le plutôt sera le mieux. Votre prix sera le mien.
- Vous avez écouté ce que je viens de dire, vous n’êtes pas…
- Je sais très bien ce que vous avez dit et je suis prêt à prendre le risque. Il est hors de question que je reste un jour de plus ici. Il croise les bras et fais non de la tête.
- Waw, vous êtes très têtu vous. Bon d’accord, nous partirons dans une semaine tout au plus, car il me faudra au moins quatre pygmées qui vous porteront la plus part du temps vu votre état.
- Le voyage prendra combien de temps ?
- Je ne sais pas vraiment, un mois tout au plus, vu que ça sera à pied.
- Ça me va. Je calcule dans ma tête. Vivement que je retrouve mes siens.
Fusille (homme de main de Willane) : au garde-à-vous
Depuis quelque temps, mes hommes et moi étions en congé, si je peux dire. Plus d’insulte à tout va et de stresse non-stop. La cause venait du fait que Karaba la sorcière (Aicha) avait pardonné à mon Patron. Comme le lui avait demandé son conseiller en couple, mon patron lui avait écrit une longue lettre où, il lui disait toute sa peine et son regret, pour ce qui c’était passé. Ensuite, il a retenté une autre approche et cette fois, elle n’a pas fui. Ce jour-là, elle a répondu à son salut et lui a dit qu’elle le pardonnait. Cerise sur le gâteau, elle lui a même sourit avant de se séparer de lui. Vous auriez dû voir mon patron, un vrai enfant amoureux. Willane était si obnubilé par cette fille, qu’il en oubliait ses affaires. Son obsession, de plus en plus grandissante, me faisait peur. Le fait de faire venir un homme pour le conseiller sur comment conquérir Karaba, montre à quel point il est piqué. Par de simple petits conseils hyper nul, cet homme soutire des millions à mon patron et ce dernier con qu’il est, croit dure comme fer qu’il va réussir à la conquérir. Vu que c’est moi qui amène personnellement les cadeaux, je sais d’avance que rien n’est gagné avec cette fille. Elle a accepté les deux premiers cadeaux qui étaient des fleurs et des chocolats. Mais quand je suis venu avec un ensemble de bijoux en or, elle m’a presque fermé la porte au nez. J’ai dû mentir, pour qu’il ne défoule pas sa colère sur moi. Thim, je déteste cette femme, car je sais que tôt ou tard, elle va nous apporter des ennuis. Comment ? Je ne saurais le dire mais je le sens au plus profond de moi.
Comme pressenti, après deux mois, mon patron a commencé à perdre patience. Les insultes ont repris de plus belle. Quant au conseiller, il l’a tué tout simplement. Ce n’était pas très dur de se débarrasser de lui, vu qu’il avait un penchant en cocaïne et qu’il avait déjà fait deux cures de désintoxication. Comme il avait repris la drogue depuis qu’il était avec patron, ça a été facile de stimuler une overdose.
Quant à Willane, il entrait de plus en plus dans la déchéance amoureuse. Tous les soirs, une pauvre fille subissait sa colère. Son côté masochiste avait plus que repris le dessus et des fois, il m’arrivait de les amener à l’hôpital quand il en finissait avec elles. Je leur payais toujours une somme colossale pour acheter leurs silences. Willane déversait toute sa colère envers Aicha vers ces filles qu’il frappait et baiser jusqu’à ce qu’elles perdent connaissance. La drogue avait aussi un rôle dans ça, car il en prenait chaque jour un peu plus.
Je suis devant sa porte et j’ai peur de la franchir. Il m’a réveillé au téléphone et m’a demandé de le rejoindre. Sa voix était très calme, ce qui ne présageait rien de bon. Mon cœur bat très vite. Je prends un grand air et ouvre la porte. Quand je croise son regard, j’arrête de respirer.
- Combien de temps dure le deuil d’une femme en islam ?
- Quatre mois dix jours monsieur dis- je les yeux baissés, les mains derrière le dos en signe de respect.
- Et elle est déjà à combien ?
- Il lui reste une semaine seulement, c’est-à-dire elle enlève la voile le jeudi prochain.
- D’accord, alors prépare-toi car je la prendrais comme épouse le vendredi inchallah. Je lève les yeux complétement surpris par ce qu’il venait de dire.
- Et comment ?
- Comme elle a refusé la carotte, alors je lui tends la cravache. La gentillesse n’a jamais été mon fort alors il est temps que je fasse ce que je sais mieux faire.
- Vous croyez qu’elle va accepter le chantage.
- Elle n’aura pas le choix dit – il en me faisant un sourire espiègle. Ses yeux sont hyper bouffis et tout rouge signe de sa prise abusive de cocaïne.
- Je vous écoute, vos désirs sont des ordres.
Aicha : l’alternative
Je viens de recevoir un appel bizarre qui m’a laissé pantoise devant le phone pendant une minute. La personne qui vient de m’appeler me dit qu’elle a des renseignements sur mon mari au sujet de l’accident. Il m’a donné rendez – vous à 16 H dans un restaurant appelé Mercure aux Almadies. Cet homme m’a demandé de venir seul et de n’en parler à personne. Malick serait – il en vie comme me le fait croire mes rêves ? Il ne se passe pas deux jours sans que je le vois, soit me tendant la main, soit me souriant avant de disparaitre dans un coin sombre, soit cherchant son chemin dans la forêt. Ma mère a beau me dire que c’est normal et que c’est le traumatisme de sa disparition qui fait ça, mais je n’en demeure pas moins convaincu. Plus les jours passent, plus j’ai le doute. Je n’arrive pas à passer le cap, il faut que je sois sure et certaine qu’il est mort la bas avant de me débarrasser de ces affaires qui sont toujours dans mon appartement. Chaque jour ma mère me presse pour que j’enlève ses habits de l’armoire, ou encore son bureau, ou ces photos mais c’est au-dessus de mes forces. Je n’arrive pas à tourner la page, car il y a toujours cette boule au fond de ma gorge, cette incertitude. C’est pourquoi il y a deux semaines, j’ai secrètement entamé des démarches pour envoyer quelqu’un là-bas afin de vérifier le nombre de corps dans cette épave d’avion. J’ai aussi commencé à travailler il y a un mois dans l’agence du professeur DIOUF, celui – là même qui faisait partie des jurys le jour du test d’aptitude avec Suzanne. Retravailler au cabinet m’était insupportable et rester à la maison impossible. Bref j’attends depuis une semaine que la banque m’octroie ce prêt que j’ai demandé pour financer ce voyage et voilà qu’un homme m’appelle pour me dire ça.
Je regarde ma montre, il est quinze heures. Je me dépêche de ranger mes affaires dans mon bureau et d’éteindre mon ordi.
- Tu vas ou comme ça ? Je sursaute et me tourne vers mon collègue dont j’avais oublié sa présence. Ça va ? demande t – il encore.
- Oui, je crois mais il faut que j’y aille, une urgence m’appelle
- Ok et qu’est-ce que je dirais au bos.
- Trouve moi quelque chose s’il te plait dis – je à petite voix.
- Ok, ça marche mais assis toi une minute, le temps de te ressaisir…
- Je ne peux pas dis – je en prenant mon sac, les mains tremblantes. C’est comme si d’un coup j’avais un mauvais pressentiment, quelque chose de pire de ce que je vivais déjà. Je quitte le bureau en courant presque et prend le taxi direction Mercure.
Quand j’arrive dans le restaurant, mon constat est qu’il n’y a pas âme qui vive. Un vent froid passe me faisant frissonner.
- Mademoiselle Ndiaye ? Je me tourne vers une serveuse qui venait d’apparaitre toute souriante. D’où est – ce qu’elle me connait. J’ai envie de fuir cet endroit bizarre mais je ne peux pas. Il faut que je sache. Sans dire un mot, je le suis vers un couloir qui aboutit à une sale plus petite mais mieux décoré. Mon cœur rate un battement quand l’homme qui était de dos se tourne vers moi.
- Bonjour Aicha. Je recule d’un pas, pris par l’effroi de cet homme dont le regard me faire toujours peur.
- Bonjour, j’ai rendez – vous avec….
- La personne qui doit vous renseigner sur le crash de l’avion de votre mari ? C’est moi ma chère. Je plisse les yeux, regarde autour de moi et recule de deux pas.
- Je je….
- Venez-vous assoir, je vais tous vous dire. Je fais non de la tête. Vous n’avez pas le choix ma très chère. Je tourne les talons mais avant que je ne fasse un pas, je vois le gars qui m’amenait des cadeaux fermer la porte du salon. Mes jambes ne me tiennent plus tellement je tremble. Je sens les mains de cet homme se poser sur mes épaules et je me dégage avec véhémence de lui.
- Ne me touchez pas. Il lève les mains au ciel avec un sourire diabolique
- Toujours aussi sauvage, c’est pourquoi je vous aime. A ce mot, j’ai la nausée. Comme on vous l’a dit au téléphone, j’ai des renseignements à te fournir au sujet de ton mari. Il met devant mes yeux une enveloppe avant d’aller s’assoir sur un des salons. J’avance en titubant, les yeux fixés sur cette grosse enveloppe posée sur la table.
- Asseyez – vous et prenez un bon coup avant de l’ouvrir. Comme une automate, je m’exécute et le dégrafe. Mes mains tremblent tellement fort que je n’arrive pas à l’ouvrir. Willane me le prend des mains avec furax me faisant sursauter. Il sort une photo, le regarde en souriant et le pose devant moi. C’est l’image d’un avion en bonne état dans un hangar. Je le regarde ne comprenant pas. Il sort une autre photo que je reconnais comme étant celle prise après le crash.
- Le malheur de cet homme, c’est de vous avoir épousé. Je ne voulais pas le tuer mais qui connait votre défunt mari sais qu’on ne peut l’acheter. Je prends des deux mains la bouche comprenant d’un coup ce qui se passe.
- Mon Dieu, c’est vous… vous….
- Oui j’ai commandité son meurtre parce que vous êtes à moi et à personne d’autre. Ça doit être un cauchemar, c’est ça un cauchemar. Je me pince la cuisse, les yeux embués de larmes. Ne vous écroulez surtout pas, car je n’ai pas fini de me confesser dit – il d’une voix pleine de sous – entendu. J’ai payé à votre premier défunt mari 50 millions de francs Cfa, pour vous avoir. Malheureusement, il est mort un jour avant de vous livrer. Alors j’ai contacté Niang, son bras droit, à qui j’ai promis une belle récompense. Mais ce salaud m’a dupé en complotant avec votre père. Je sursaute encore, mon cœur bat tellement vite que j’ai peur de faire une crise cardiaque. Oui votre père est au courant que je te traque. Il a comploté avec ce Niangue qui lui a payé sa maison pour lui permettre de refaire sa vie. Votre père a changé vos identités et est venu s’installé ici à Dakar, ce que je ne pouvais imaginer. Mes hommes vous ont cherché partout. Aucune trace de vous. Par contre j’ai retrouvé Niangue et je lui ai fait payer sa traitresse. Tôt ou tard, je fini toujours par me venger. Il pose la photo d’un homme décapité devant moi. C’est plus que je n’en pouvais voir et entendre, j’ai de suite vomie sur la photo. Ma tête tourbillonnait et trou noir.
Quand je me suis réveillée, j’étais dans une chambre. Donc c’était un cauchemar me dis – je soulagée. Je me relève doucement et me rend compte que je suis dans une chambre inconnue. Le temps que je me ressaisisse, le diable entre dans la pièce. Je me lève et essaye de courir vers la porte. Il me rattrape avec violence dans ma course et me jette comme une poupée sur le lit. Ma tête cogne violement le rebord du lit me clouant sur place.
- Ne m’excite pas Aicha sinon je te prends tout de suite ici sans attendre que tu sois ma femme. J’ouvre grand les yeux et la bouche. Ma tête est lourde, je n’ai jamais ressenti autant de dégoût, de colère et de haine, même pas avec le maire.
- Je ne serais jamais votre femme dis – je avec dédain en me levant et en me mettant face à face à lui. Je ne vous ai pas tué la dernière fois mais soyez sure que je ne vous raterez pas la prochaine fois. Une lueur de surprise se peint sur son visage avant de disparaitre. Il recule d’un pas et éclate de rire.
- C’est pour ça que je t’ai…Paaf, la giffle est tellement forte que ma main vibre. Il pose sa main sur sa joue meurtri, ferme les yeux et s’humecte les lèvres comme si cela lui avait fait plaisir. Suis – je en enfer. Quand il ré-ouvre les yeux, ces derniers lances des éclairs. Il me sourit et tourne doucement les talons pour aller ouvrir un tiroir du lit. Tu sais, je m’attendais tout sauf à ce que tu me menaces encore mais j’adore reprend t- il. Il faut que tu te mets une bonne fois pour toute dans la tête, que tu es et seras toujours à moi. Qu’importe comment je vais m’y prendre. Quand il se tourne, il me jette à la figure des centaines de clicher qui s’éparpille autour de moi. Tremblante de la tête au pied, je découvre les images de ma vie au quotidien. Moi tenant mon bébé dans la chambre, moi l’allaitant au salon, moi au supermarché ou avec ma mère à la cuisine. Je vois aussi mon père et mon frère à la boutique, à leur appartement. Des photos de chez nous, intimes. Je vois encore une photo ou je suis couchée sur mon lit portant un t-shirt de Malick comme j’ai l’habitude de faire. Comme s’il lisait en moi
- Oui ma chérie, je t’espionne depuis bien longtemps et je sais tout, absolument tout sur Mes jambes me lâchent et je m’assois par terre, ne pouvant plus retenir mes hoquets. Je vois ses pieds s’approcher de moi et doucement il s’accroupit devant moi en disant. Tu as deux choix : soit tu acceptes de devenir une douce et aimante femme pour moi et j’épargne ta famille, soit tu refuses et je les tue tous les uns après les autres jusqu’à ton petit bout de chou. Ensuite je te kidnappe, fais de toi mon objet sexuel pendant un bon bout de temps avant de te tuer. A toi de voir. Tu as jusqu’à demain, pour me répondre. Tic-tac, tic-tac. Comme à chaque fois que la panique me gagne, je commence à manquer d’air, suffoquant de plus en plus fort. Encore trou noir.
Abi : le legs
Je rentre de chez ma belle-mère, tellement énervée que j’en tremble. A peine que je viens de finir mon deuil, qu’elle me convoque. Une vraie famille de vautour, shiiipppp. Jamais de jamais, je n’accepterais de me remarier avec un cousin de Malick. Je ne voulais même pas les rencontrer. Si elle ose insister ainsi, c’est parce qu’elle a toujours cru, que je me suis mariée avec son fils par intérêt. Elle oublie que j’ai grandi avec lui, qu’il a d’abord était comme un frère pour moi avant d’être mon mari. Il est et restera l’homme de ma vie, pas un autre. Je commence à pleurer à chaude larme quand mon portable sonne. Je regarde, c’est Oumy. Elle a été d’une grande aide depuis le début. Nous ne nous sommes jamais entendus et aujourd’hui avec son soutien inconditionnel, sa gentillesse débordante et surtout sa présence de tous les jours ont fini par me charmer. Je comprends pourquoi Malick l’aimait autant, car c’est une femme en or. Je décroche en essuyant mes larmes.
- Bonjour Abi. Pourquoi tu es allé voir ma mère sans moi ?
- Parce qu’elle me l’a demandé personnellement.
- Et qu’est – ce qui s’est passé ?
- Quand je suis arrivée, il y avait tes trois oncles, ta mère et huit hommes avec elle, tous, des cousins de ton frère.
- Quoi ? Tu blagues dit – elle avant d’éclater de dire. Son fou rire fini par m’emporter et j’en fais de même.
- C’est fou n’est – ce pas ?
- Et qu’est-ce que tu as fait ? Reprend – elle.
- Pif, ils ont parlé pendant une heure d’éthique, du sens de la famille et patati et patata. Ensuite, ils m’ont présenté à tes cousins un à un et qu’aujourd’hui s’était juste le contact visuel et qu’ils m’appelleraient pour le reste. En un mot, je n’ai même pas eu droit à la parole et c’est peut – être ça qui me met autant en rage.
- Tu comptes faire quoi maintenant parce que je vois que ma mère ne blague pas.
- Tu sais, je n’ai jamais élevé le ton avec elle. Je la respecte beaucoup mais cette fois ci, je ne ferais pas ce qu’elle me demande. C’est au-dessus de mes forces, mais je ne ferais pas comme Aicha. Mes enfants ont un droit majoritaire sur l’entreprise de leur père et nous somme au 21 nième siècle. Légalement, ils ne peuvent pas leurs retirer ce qui leur appartient.
- Tu as tout à fait raison et si tu veux savoir, j’ai déjà parlé à Moustapha à ce sujet et il m’a mis en rapport avec un avocat. D’ailleurs j’appelais surtout pour ça. Je voulais vous en parler à toi et à Aicha mais je n’arrive pas à la joindre.
- Moi aussi et ça depuis deux jours. Tu crois qu’elle a rechuté la pauvre ?
- Je ne pense pas sinon sa mère nous aurait averties. N’est – ce pas que tu avais prévu un récital pour aujourd’hui ?
- Oui, la dernière, paix à son âme dis – je avec tristesse.
- Tu fais ça tous les vendredis depuis sa mort. Merci d’honorer ainsi sa mémoire. Je passe prendre Aicha, donc à tout à l’heure dit – elle avant de raccrocher. Une larme coule encore, je décide d’aller faire une sieste d’une heure avant d’aller prendre les enfants à l’école. Quand je traverse le salon pour prendre les escaliers, j’entends les pleurs d’un bébé. Je me tourne à gauche et à droite pour voir d’où est- ce que les pleurs venaient. Ça vient de l’appartement que j’avais aménagé pour Aicha. Je souris en pensant que c’est elle qui, surement est venue à mon absence. Mais à ma grande surprise je trouve ma bonne essayant de son mieux de calmer Fatima tout en faisant un biberon. Un sac est posé sur le lit. Mon cœur commence à battre plus vite. Ou est Aicha ? Pourquoi ce sac ? Pourquoi ne m’a-t-elle pas dit qu’elle venait ici. Je suis tout de suite envahie par mauvais pressentiment. Je prends Fatima dans mes bras et la serre très fort.
- Ou est sa mère ? Binta me regarde tristement et baisse les yeux sur un papier. Mon cœur rate un battement. Je lui donne le bébé qui s’empresse de tirer le biberon des mains de Binta.
- Quand sa mère est venue et qu’elle ne t’a pas trouvé, elle a dit que c’était mieux ainsi. Ensuite elle a mis Fatima dans son berceau et a écrit sur ce papier qu’elle m’a demandé de te donner. Elle pleurait toutes les larmes de son corps en partant, la pauvre. Vous croyez… Je lève ma main pour qu’elle se tait et tremblante comme une feuille, j’ouvre la lettre.
Ma chère Abi, je me remarie aujourd’hui et je sais que tu ne comprendras pas mon acte et tu m’en voudras énormément. Ne me demande pas comment ni pourquoi mais juste de l’accepter et de laisser Fatima vivre à côté de ses frères et sa sœur. J’écris ces mots avec tout le poids du monde mais avec le sentiment d’avoir fait le bon choix en te confiant ma fille. Je sais que tu prendras soin d’elle et que tu la chériras comme tu chéris tes enfants car, tu as un cœur en or. Grace à toi, je sais ce que c’est d’avoir une grande sœur. Merci d’avoir été là pour moi. Adieu
Aicha….
J’ai relu la lettre au moins dix fois, complétement bouleversée, ne sachant quoi faire. J’entends à peine la sonnerie de la porte retentir et Binta passer devant moi. Je me sens vidée. Pourquoi ? Je prends mon portable et essaye de la joindre : boite vocale. Je tente avec sa mère même chose. J’essuie mes larmes, je veux appeler Abi mais je veux d’abord la voir. Mais qu’est – ce qui se passe non de Dieu.
- Bonjour Abi…Je me fige, cette voix….ce n’est pas possible. Je n’ose pas me retourner. Des bras puissants, viennent me serrer la taille de derrière. Comme s’il avait lu en moi, il me chuchote à l’oreille. Oui c’est moi bébé.
- Malick réussis – je à sortir de la bouche avant de tomber dans les vapes….
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 15 : La fuite“]
Malick : le Retour
Je suis très ému de revenir à la maison après quatre mois d’absence. Je tiens à peine debout car, je ne me suis pas complétement remis de l’accident. Je suis retombé dans le coma, le jour de notre arrivé en ville. Comme l’avait prédit Jean (le docteur), le voyage a été un vrai parcours de combattant, un risque qui m’a encore une fois presque ôté la vie. On m’a hospitalisé dans une clinique de la place ou j’ai fait plus de deux semaines. Jean a été pour moi, plus qu’un sauveur, mais un ange gardien tombé du ciel.
Dix jours après mon réveil, j’ai contacté Suzanne. Elle m’a raccroché au nez plus que choqué, j’en ai même ri. Je l’ai rappelé et elle pleurait comme une madeleine. Comme j’étais à l’hôpital, je lui ai demandé de ne pas avertir ma famille pour ne pas les inquiéter et surtout que je voulais leur faire la surprise. Elle me raconta tout ce qui s’était passé après ma disparition. Qu’on avait mis à la tête de mon cabinet un avocat venue de la France et que ce dernier peinait à trouver ses marques. Chez moi, ma mère est en train de vilipender tous mes biens et que même un oncle était déjà venue avec un avocat se renseigner sur mes actions du cabinet entre autre. J’étais abasourdi. Kou dé dale niake (qui meurt perd tout).
Aussi, j’ai été très ému d’apprendre qu’Aicha avait été hospitalisé deux fois de suite. Et qu’elle était dans un état si dépressif qu’elle n’a pas pu assister à mon soit disant deuil. Je savais qu’elle m’aimait mais, pas à ce point et le meilleure est que c’était réciproque. Au fond de moi, je sais que si j’ai réussi à survivre c’est grâce à elle, grâce cet amour fou et inexplicable que je ressens pour elle.
Suzanne m’a rejoint trois jours après avoir eu son passeport et tout ce qu’il fallait pour payer la clinique. L’argent que je devais a Jean et les autres dépenses fictives. Avant mon départ du Congo, j’ai pris les contacts de Jean, me promettant de l’aider dans la discrétion tout en finançant intégralité de son séjour et ses recherches à Congo.
J’ai quitté l’aéroport direction l’agence ou Aicha travail maintenant, d’après les dire de Suzanne. On m’a appris que cela fait deux jours qu’elle n’est pas venue. Alors je suis allé à son appartement mais j’ai frappé en vain personne n’a répondu. Finalement je suis allé chez Abi, pensant qu’elle y était. Quand la domestique vint m’ouvrir avec mon bébé Fatima dans ses bras, je fus très ému. Je l’ai prise doucement dans mes bras pour ne pas la réveiller et l’ai embrassé très fort. Elle avait grandi et ressemble un peu plus à sa mère. Ensuite, j’ai couru comme un fou dans l’appartenant où j’ai trouvé Abi. J’étais sûr qu’elle allait s’évanouir, lol. Après l’avoir déposé au lit, je m’empresse d’entrer dans la douche où, je croyais trouver ma raison de vivre. Là encore, rien. Enervé j’en sors avec un peu d’eau à la main que j’asperge sur le visage d’Abi. Elle a sursauté avant de s’assoir complétement paniquée. On aurait dit que j’étais un fantôme. Je l’ai pris dans mes bras et elle a fondu en larmes en s’agrippant à moi comme une bouée de sauvetage. Ne pouvant plus attendre, je lui demande entre deux sanglots où est Aicha. Au lieu de me répondre, elle pleure encore plus fort. Je soulève sa tête, en le regardant droit dans les yeux.
– je lui demandai encore une fois Où est Aicha, un peu inquiet.
– Je, je….Elle se tait et regarde en bas. Je suis son regard et vois un papier que je m’empresse de prendre. Plus je le lis, plus mon cœur bat plus vite. Je regarde Abi qui était horrifiée avant de relire le papier.
C’est quoi cette histoire, écris-je. C’est une blague – j’en haussant le ton.
– Je n’en sais pas plus que toi, je viens à peine de revenir chez ta mère et j’ai trouvé la bonne avec le bébé et le papier qu’Aicha a laissé.
– Donne-moi ton portable s’il te plaît.
– J’ai essayé et je tombe sur sa boite vocale, de même que sa mère. Je l’écoute à peine et lance l’appelle. Je manque de plus en plus de respiration et ma poitrine se compresse quand je n’arrive pas à la joindre. Mes mains tremblent et la panique commence à me gagner. A tel point que j’ai eu un moment de blanc interrompu par Abi qui vient se blottir contre moi.
– Je n’arrive pas à croire que tu es vivant. Merci mon Dieu dit – elle en continuant de pleurer. Je réponds à son accolade cinq secondes avant de me détacher d’elle.-
– Il faut que j’y aille dis – je la voix tremblante.
– Bien sûr et s’il te plaît ne sois pas dur avec elle. Je ne sais pas ce qui se passe mais, s’il y a une chose dont j’en suis sûre c’est que ta disparition l’a complétement détruite.
– Je sais. Ça n’a pas de sens qu’elle se remarie si vite. Je vais aller chez ses parents. Avertit Oumi et ma mère. J’irais les voire après, là, il y a plus urgent.
J’ai quitté la maison, presque en courant. Mon Dieu Aicha, c’est quoi cette histoire ?
Menoumbé : de la parole à l’acte
Cela fait trois jours que je ne dors pas. Depuis ce fameux soir où Aicha est venue nous voir pour nous annoncer son envie de se remarier avec ce monstre. Vu la manière dont elle nous l’avait annoncé, j’ai tout de suite devinée que s’était sous contrainte. Mais malgré nos supplications, elle n’a rien voulu entendre. Papa a fini par lui raconté l’histoire avec Niangue et même là, elle est resté campé sur sa décision. Mon père est allé jusqu’à la menacer de la renier comme étant sa fille mais rien. Ma mère a pleuré toutes les larmes de son corps, n’empêche cela ne l’a pas attendrie. J’avais l’impression d’être en face d’un robot et sa froideur me glaçait. Bref, malgré toutes nos tentatives pour la ramener à la raison, elle est restée de marbre. Nous étions désespérés.
Finalement mon père refusa de donner la main de sa fille à ce salaud. Quant à ma mère, elle est partie tôt ce matin en Mauritanie. Il y avait un grand érudit qui vivait là-bas et dont – on connaissait son don de voyance et les prières coraniques presque miraculeux qu’il prodiguait. Ma mère était sûre et certaine qu’il y avait une raison noire à la vie chaotique d’Aicha. J’espère qu’elle a raison mais, même si c’était le cas, c’est trop tard car Aicha se marie aujourd’hui, sans notre accord. Nous sommes si tristes que nous n’avons pas eu le courage d’ouvrir la boutique. Je me sens si impuissant. Peut – être que je peux l’appeler pour lui dire que finalement papa avait changé d’avis et dès qu’elle sera là, je la kidnappe et la cache quelque part.
J’étais dans ces réflexions quand on frappa très fort à la porte d’entrée. Comme un fou, je m’y suis précipité espérant qu’elle avait changé d’avis suivi de près par mon père. Grande fut notre surprise en voyant debout en chair et en os Malick. Pour la première fois de ma vie, j’ai perdu la parole.
– Où est Aicha demande – t – il avec appréhension. Papa me prend brusquement le bras en titubant. Nous nous précipitons vers lui et l’amenons au salon. Le stress de ces derniers jours a eu raison sur lui et voir Malick vivant l’a achevé. Je suis allé lui chercher de l’eau à boire et nous avons essayé tant bien que mal de gérer son malaise. Je regardais Malick de temps en temps, ne croyant toujours pas à ce que je voyais.
– S’il te plait dis-moi où est Aicha et c’est quoi cette histoire de mariage. Je vais devenir fou si vous ne me dites pas ce qui ce passe, finit – il en nous regardant tous les deux. Je le fais éloigner un peu, le temps que mon père se ressaisisse pour parler à Malick
– Je suis content de voir que tu es vivant Malick. L’heure est grave. Aicha va se marier avec Wilane. Il fronce les cils. Oui, le violeur et bandit là sur qui elle avait tiré. Aujourd’hui je peux te le dire. C’est à cause de lui que nous avons fui Fatick et je lui racontai tout ce que j’avais appris il y a un mois. Plus je parlais, plus le visage de Malick se décomposait. A la fin, il était vert de colère.
– Je vous tiendrais responsable s’il lui arrive malheur car, j’estime que vous auriez dû nous en parler. Il donna un coup violant à la porte avant de faire une grimace et de se tenir le côté.
– Ça va ?
– C’est ma blessure de l’accident mais, ce n’est pas important. Tu sais qu’elle numéro la joindre ?
– Non. Elle est passée avant-hier et nous a annoncé qu’elle allait se marier aujourd’hui. Mon père est allé jusqu’à la menacer mais rien. Je te jure Malick et j’en suis sûr qu’elle agit sous le coup du chantage. Elle est comme une mort-vivante, tu aurais dû la voir.
– Je sais mon frère mais, ne t’inquiète pas, il va le payer.
– C’est un homme dangereux Malick, il…
– Je préfère mourir que de rester ici à ne rien faire. Elle ne sera jamais à lui. Jamais.
– Qu’est-ce que tu vas faire ?
– D’abord récupérer ma femme, ensuite le détruire.
– Comment ?
– Tu ne sais pas de quoi je suis capable quand on réveille le lion qui dort en moi. Il tourne les talons et sort de l’appartement en dévalant les marches. Je le regarde admiratif un moment avant de le suivre en courant. Cette fois je ne resterais pas passif. Wilane on arrive…
Fusille : le bouclier
Je regarde encore une fois ma montre, il est presque midi et patron n’est toujours pas réveillé. Il voulait faire une grande fête pour le mariage de la mosquée mais, Aicha l’a convaincu lui disant qu’elle venait à peine d’enlever son voile. Il lui a accordé cela sans problème mais, le plus ahurissant c’est qu’il n’a pas dormi hier dans la même chambre qu’elle. Monsieur veut jouer les maris attentionnés et amoureux. Si l’amour rend bête comme ça, je ne veux pas tomber amoureux. Malheureusement pour le personnel, il a déversé sa frustration sur eux. Vu comment son mariage était triste et sans consommation. Wilane a surement dû se consoler avec sa drogue qu’il consomme chaque jour un peu plus.
Mais la mauvaise nouvelle que je viens de recevoir me pousse à aller le réveiller. Comment cet homme a pu survivre dans ce crash ? Est – ce un démon ou un béni de Dieu ? Je monte rapidement les escaliers et m’en vais frapper à la porte. J’insiste encore une minute avant qu’il ne vienne l’ouvrir et me donner une belle gifle comme je l’attendais.
– J’espère que c’est une affaire de la plus haute importance dit – il en grinçant les dents.
– On vient de m’apprendre que l’avocat Malick Kane est de retour en ville.
– Comment est – ce possible qu’il soit vivant ?
– Je ne sais pas monsieur mais, d’après mes renseignements, il s’apprête à venir ici récupérer sa femme. Il recule d’un pas avant d’éclater de rire et d’aller s’assoir dans son lit.
– Je te jure que s’il franchit les grilles de ma maison, je vais le tuer de mes propres mains.
– Il ne faut pas le sous – estimer Patron. Mon indique à la police dit qu’il est en train de remuer toute la police et la justice. À l’heure où je vous parle une armée est en train d’être mobilisé pour lui.
– Il n’osera jamais m’attaquer sans un mandat.
– Il a ce mandat patron, c’est le grand juge même qui l’a signé. Je ne sais pas comment il a fait en si peu de temps mais, il a toute les cartes en main.
– Et qu’est – ce que tu me conseilles ? demande – t – il paniqué.
– Lui rendre sa femme ou fuir ? Ces yeux sont rouges de colère.
– Pour reprendre Aicha, il faudra me passer sur le corps. Aicha est à moi….il arrête de parler et marche comme un fou dans la chambre.
– Pourquoi se donne autant de mal pour une…. Je me tais vu le regard de haine qu’il me lance.
– Appelle moi tout tes hommes et…
– Ils ne seront jamais à temps ici et en plus engager une guerre avec la police c’est ce mettre à dos la loi. Ce que nous avons évité jusqu’ici. Je vous l’ai dit patron soit nous fuyons soit nous lui rendons sa f…..
– Alors fuyons. On va prendre la route jusqu’en Gambie. De là-bas, on prend un avion pour le Nigéria et après l’argentine.
– Il vaut mieux que je reste pour protéger vos intérêts ici.
– Ok fait sortir la voiture dit – il en finissant de s’habiller. Je vais dire à ma femme que nous partons en lune de miel. Elle n’y verra que du feu.
– Savez-vous au moins les risques que vous prenez en faisant tout cela ?
– Ce ne sont pas tes oignons. Je vais gérer, pour l’instant, il y a plus urgent.
Je sors de la chambre, en bouillonnant de l’intérieur. Shiipp, tous les grands hommes dans ce monde sont tombés à cause d’une femme. Patron cour tout droit à l’abattoir et le pire c’est qu’il le sait mais, cette Karaba la sorcière la complétement ensorcelé. Le cartel ne lui pardonnera jamais ce petit égarement surtout en ce moment où nous somme à rude concurrence avec une nouvelle vague de drogue dure mis sur le marché par nos concurrents. Comme je reste pour surveiller ses arrières, je pourrais bien en profiter pour prendre sa place. Cette dernière pensée me fit sourire et les idées pour l’écarter définitivement commencent à jaillir de ma tête. Kéh kéh kéh…..
Quelque part en Mauritanie
Depuis que ma fille est revenue avec cet homme ce soir-là, de je ne sais où, je n’ai plus dormi. Elle n’a rien voulu me dire et elle juste entrait dans sa chambre se recroqueviller sur son lit. Les yeux hagards, elle regardait dans le vide sans faire fi de ma présence et cela pendant toute la nuit. J’ai prié de tous mon âme, de toutes mes forces pour elle. Déjà que depuis une semaine je n’arrêtais pas de faire ce rêve monstrueux de ma fille en train de courir comme une folle poursuivit par les ombres. Elle finissait toujours par tomber du haut de la montagne et de disparaitre dans les ténèbres. Je me réveiller en sueur et je fondais en larme reprenant mon chapelet pour prier. Je me disais que Dieu allait m’aider à la protéger. Alors quand, j’ai vu ce monstre avec son sourire de Satan, j’ai compris que s’était une prédilection, un avertissement et que si je ne faisais rien, elle allait mourir.
J’ai alors appelé mon père à Kaolack qui en a parlé à son marabout qui en retour m’a dit de faire ce voyage pour venir voire Cheikh Ould Kabir. J’ai quitté le pays plus tôt que possible laissant ma fille qui s’apprêtait à se remarier. Moi tout ce que je voulais c’est que ce rêve ne se réalise pas. Je suis arrivé à Nouakchoc très tôt et cela m’a pris encore une journée pour rejoindre cette terre bénite ou vivait ce grand érudit. Malgré le fait que je sois arrivée la nuit, il me reçut dans une grande tente à la mauritanienne. Moi qui croyais que j’allais avoir tous les maux de la terre pour qu’il me reçoive, j’ai vu qu’il n’avait pas trop de protocole et que les gens ici vivaient avec tout le naturel du monde. J’ai été touché par son accueil si chaleureux et le sourire de ce vieil homme avait enlevé presque la moitié de mon angoisse. Dès le premier abord on voyait que c’était un homme de Dieu. Je lui ai raconté de long en large l’histoire d’Aicha, tout ce qui lui est arrivé dans le passé et ce qui lui arrive en ce moment. Quand j’eu fini, j’étais en pleur. Je lui racontai aussi mon rêve. Durant tout le temps qu’à durée mon speech, il n’a rien dit, juste acquiescer la tête de temps en temps. A la fin, il me fit comprendre qu’il me dira ce qu’il en est et m’invita à diner. On me servit une multitude de plat les uns meilleurs que les autres. Je vois que ce n’est pas seulement le Sénégal qui a cette hospitalité légendaire. J’aurai voulu honorer leur nourriture mais, il y avait toujours cette boule au fond de ma gorge qui m’empêche de jouir des plaisirs qu’on m’offrait.
Le lendemain vers 10 h, le sage me rappela dans sa tente. Mon cœur battait très vite. Dès que je me suis assise en face de lui, j’ai lancé sans le saluer
– Alors ?
– Les hommes sont mauvais. Hasbounalah iwa nihmal Wakim. Vous aviez raison ma fille.
– Qu’est – ce que vous avez vu ? Demandais – je d’une voix tremblante.
– Je ne sais pas encore de quoi il en retourne mais, on a jeté à votre fille un sortilège noir comme le charbon qui est la cause de toutes ses successions de malheur dans sa vie.
– J’en étais sure et comment faire dis je ne pleurant.
– Vous devez faire réciter le Coran 313 fois mais, j’ai peur que cela ne soit trop tard.
– Pourquoi….mon cœur rate un battement
– Le sang, il y a beaucoup trop de sang autour d’elle. Je me prends la bouche d’effroi.
– Alors il n’y a pas de temps à perdre. Tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir.
– Vous avez raison ma fille. Je vais mobiliser tous mes hommes et inchallah, on fera tout pour finir en trois jours au plus tard.
– Pourquoi vous faites tout ça pour moi, je….mes pleurs m’empêchent de continuer.
– Dieu vous a envoyé vers moi pour que je vous aide car vous êtes une femme bonne et pieuse. C’est une mission que je me dois d’accomplir. Quand tout ça sera fini, la femme qui a fait ça sera maudite dans ce monde.
– Donc c’est une femme ?
– Oui, votre belle-sœur Soukey. Je le regarde bouche bée, hé Allah.
Aicha : prise au piège
Cela fait trois jours que je suis au Nigéria. Je ne sais pas ce qui se passe mais, j’ai l’impression que cet homme qui se dit être mon mari, fuit quelque chose. J’en ai eu la certitude quand il m’a donné ce matin un nouveau passeport avec une nouvelle identité. En plus, il est tout le temps au téléphone à chuchoter et quand je m’approche, il s’éloigne. Je ne sais pas ce qu’il cache mais, j’ai l’impression que cela à avoir avec moi. J’en ai eu la certitude quand je lui ai demandé de me prêter un téléphone pour appeler les miens. Il a refusé, prétextant que ces derniers l’ont rejeté et n’ont même pas voulu le voir. Donc pour lui, comme je suis sa femme, il est ma seule famille. Aujourd’hui en sortant, il est allé jusqu’à m’enfermer dans la chambre d’hôtel alors qu’avant il m’encourageait à sortir faire du shopping. Il savait que j’allais tout faire pour les joindre. J’ai essayé d’appeler à partir du fixe de la chambre d’hôtel mais, le réceptionniste m’a dit que ce n’est pas possible.
Là, je suis si à cran que je vais exposer. J’ai sacrifié ma vie, abandonné tous ceux qui comptaient pour moi. S’il a osé toucher à un de leurs cheveux, je le tue, wallahi. J’entends la porte s’ouvrir, je fonce vers lui.
– Qu’est-ce que tu leur as fait ? Dis le moi criais – je avec hystérie.
– Non de Dieu, de quoi tu parles ?
– Tu me crois si bête que cela ? Tu fuis le Sénégal comme un voleur sans rien emporter. Ensuite tu changes nos identités et maintenant tu refuses que je joigne ma famille ?
– Ce n’est pas ce que tu crois bébé ? Je…
– Ne m’appelle pas bébé, criais – je. Ces yeux se noircissent de colère, il prend une vase posée sur une table et le jette violemment dans un mur. Je sursaute et recule.
– Ne me provoque surtout pas, je suis bien assez gentil avec toi en ne prenant pas mon dû. J’ai juré de ne rien intenter contre ta famille si tu devenais ma femme alors je tiendrais promesse. Il ne faut jamais remettre en cause la promesse d’un caïd, c’est compris et je te préviens, dès qu’on sera installé, tu vas accomplir ton rôle de femme. Basta ? J’ai commencé à pleurer désespérée au plus haut point.
– S’il te plait, je veux juste les saluer. Si tu n’as rien à te reprocher alors permets moi de leur parlé au téléphone une minute ; s’il te plait, juste une minute sanglotais – je.
Il me regarde un instant, comme s’il était dégouté et ressort de la chambre en claquant violemment la porte. Je me suis recroquevillé sur moi-même et ai pleuré encore de plus belle. Ma vie est vraiment immonde. Dix minutes plus tard, il rentre dans la chambre et se met devant moi.
– Je t’autorise à appeler ton frère et à parler uniquement avec lui. C’est compris ? Surtout ne lui dis pas où nous sommes ni rien du tout. Je fais oui de la tête en m’asseyant. Je donne le numéro et il lance l’appelle toujours en gardant le téléphone à la main qu’il met sur haut-parleur.
– Allo ? Mon cœur bat plus vite. Je n’arrive pas à parler tellement je suis émue.
– C’est moi Aicha, dis – je à peine. Il reste silencieux une seconde avant de dire
– Salut Aicha. Comment tu vas ?
– Ca va et toi ? Comment vont papa, maman ? Tu as des nouvelles de ma fille ? Passe-moi maman s’il te plaît. A cet instant Wilane fait signe de couper alors je m’empresse de me rectifier. Non laisse tomber. Dis-moi juste si tout va bien là-bas ? Vous n’avez rien. Je l’entends respirer fortement avant de me dire ;
– Nous allons tous bien ici Aicha. Tu devrais… Il faut… il se tait encore.
– Ne t’inquiète pas, je vais bien et il me traite normalement. Je voulais juste prendre de tes nouvelles. Dis à papa et à maman que je les aime très fort…J’arrête de parler car mes larmes commençaient à couler et je ne voulais pas qu’il m’entende hoqueter.
– Nous t’aimons tous aussi très fort et prions tous les jours pour toi. Soit forte petite sœur, Dieu veille sur toi et….tint tint tint. Wilane venait de nous interrompre et jeter le portable au mur le mettant en miettes. Je me prends la bouche d’horreur.
– C’est bon là ? Tu voulais savoir s’ils vont bien et c’est fait. Maintenant fais ta valise, nous partons et il entre dans la douche. Je me lève avec peine et range le peu de bagages que nous avons. Durant les jours qu’on a passés ensemble, il m’achète tous les soirs une nouvelle robe avec chaussure et bijoux. Ensuite il dine avec moi dans un restaurant chic et essaye d’être le plus gentleman possible. Ho que je déteste cet homme. Il suffit qu’il me touche pour que j’ai envie de vomir. Il n’a encore rien tenté même quand nous nous couchons le soir. Mais, je sais qu’un jour il va me forcer à le faire. D’ailleurs il vient de le dire.
Maintenant que j’ai sauvé ma famille des griffes de cet homme, je me demande pourquoi continuer de vivre. J’ai perdu mes parents, mon enfant la prunelle de mes yeux et l’homme de ma vie, ma raison d’être. Plus rien ne me retient dans ce monde.
Wilane : le forcing
J’entre dans la douche hyper énervé. Je suis en train de prendre tous ces risques et madame commence à faire ses chichis gnagna. Il fallait que je lui passe son frère histoire de la rassurer car une femme qui commence à fouiller, finit toujours par trouver. Si elle sait que Malick est vivant, c’est foutu. Quand je suis revenu de l’hôtel, comme prévu, le réceptionniste m’a annoncé que madame les a appelé trois fois dans la journée pour qu’on l’aide à passer un appel au Sénégal. Heureusement que je les ai formellement avertis ce matin de ne pas le faire au cas où. Le fait qu’elle m’attaque si violemment dans la chambre ne me donnait plus le choix. Alors je suis descendu appeler Fusille pour qu’il me passe le numéro du frère d’Aicha. Je dois avouer qu’il est vraiment efficace. D’ailleurs ça me fait même peur, on ne sait jamais avec nos bras droits. A toujours côtoyer un prince, on finit par croire que l’on en est un.
Normalement on devait quitter ce pays demain soir car, j’avais un dernier rendez – vous important avec un des chefs de file de Boko Haram sur le contenair d’armes que j’ai réceptionné hier. J’espère qu’il ne va pas prendre cela comme un affront et qu’il acceptera de négocier avec Joseph, mon homme de main ici. Si je continue comme ça, le cartel va réagir et violemment. Pourvu que Joseph réussisse la transaction.
Quand je sors de la douche, Aicha est assisse comme une statue sur le lit. Elle ne parle jamais avec moi et fait tout avec automatisme. J’essaye d’être patient avec elle mais, je sens que je suis à bout. Je m’habille rapidement et prends nos passeports et autres. Je la vois essuyer une larme et je m’emporte.
– J’en ai marre de te voir pleurer, criais – je. Je ne veux plus voir des larmes ni que tu te comportes comme une machine devant moi. Soit tu fais semblant d’être une femme comblée soit je te tue et on en finit.
– Tue-moi alors, dit – elle d’une voix étranglée. Je recule d’un pas et la toise du regard.
– Je te dégoutte à ce point ?
– Tu ne peux même pas imaginer à quel point, articula – elle avec dédain. Le cœur serré, je l’agrippe et la soulève violemment en serrant au maximum mes points. Au lieu de crier que je lui fais mal ou quelque chose du genre, elle soutient mon regard avec haine. C’est peut – être pour ça que je l’aime autant. Elle est la seule femme qui me tient tête.
– Il y a des choses pires que la mort alors je ne te donnerais pas ce plaisir. Je l’enlace tendrement, respirant son parfum enivrant. Dès que l’on entre, je te ferais l’amour que tu le veuilles ou non. Elle se dégage violemment de moi et me crache sur le visage. Ce qui me donne encore plus envie. Je me retiens farouchement en me mordant la lèvre. Je regrette d’avoir pris un hôtel au lieu d’une maison car ici c’est facile pour elle d’ameuter les gens. Elle ne perd rien pour attendre. Rien que de penser à comment je vais m’y prendre pour l’adoucir me procure une joie immense. Dans un mois tout au plus, elle sera complétement soumise.
Finalement j’ai décidé d’aller en Suède car, c’est l’un des pays les plus corrompus au monde ou l’argent règne sur tout. Pour disparaitre des radars, il fallait que je fasse tout une fois sur place et avec mes nouvelles identités, ce sera facile. Stockholm est une belle ville. J’ai pris au hasard une agence immobilière sur internet et le même jour, il me dégotte un appartement de luxe dans l’un des immeubles les plus huppés de cette belle capitale suédoise.
Aicha se comporte bizarrement et ne veut pas manger depuis hier. Au début je n’en ai faisait pas attention mais maintenant, qu’on est installé bien au frais, il va falloir que je la force à manger. Il lui faut des forces pour ce que je m’apprête à lui faire. Je me suis arrêté au sexe – shop pour prendre tout ce qu’il faut pour ma soumise. Mais aujourd’hui je ne vais rien faire, trop fatigué après ce long voyage.
J’étais en train de déballer ma course : des paquets de corde, de rubans adhésifs, une menottes, et autres quand je surprends son regard interrogateur. Je sors mes trente-deux dents et lui lance.
– C’est au cas où, il te viendrait l’envie de te rebeller ma chère. Elle ouvre grandement les yeux avant de se prendre la bouche d’horreur. Cela me fait éclater de rire. Je sens que je vais bien m’amuser ha ha ha ha. Elle court dans la douche pour vomir. Shiipp dans un mois tout au plus, elle va me supplier de lui en redonner. Ha les femmes !
Une minute plus tard, elle sort de la douche et se dirige vers le balcon histoire de prendre l’air. J’en profite pour aller prendre une douche avant que le diner que j’ai commandé n’arrive. Avant cela, je vérifie que j’ai bien verrouillé la porte d’entrée et amène la clé avec moi. Quand je rentre dans la chambre, je constate qu’elle n’est plus sur le balcon. Le cœur en chamade, je cours vers la douche, rien. Je cours encore regarder sous le lit complétement paniqué et c’est là que j’entends des cris lointains. Tremblant, je me tourne vers le balcon vide. Non, elle n’a pas osé, murmurais – je les yeux en larmes…..
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 16 : Avis de recherche“]
« Les rencontres les plus importantes ont été préparées par les âmes avant même que les corps ne se voient », Paul Coelho.
Wilane : règlement de compte
Huit mois jour pour jour qu’Aicha est dans le coma. Il ne se passe pas un jour sans que l’image de son corps gisant par terre ne me hante. Cela a été plus qu’un choc car jamais de ma vie, je n’aurais pensé qu’une femme pouvait me détester à ce point. S’il y a bien une chose que personne n’aime, c’est d’être rejeté ; surtout moi qui ai toujours eu ce que je voulais. Le fait qu’elle ait préféré mourir que de rester avec moi m’a détruit émotionnellement et physiquement. Je me suis laissé enfoncer dans la drogue pour fuir à la réalité et cela a failli me coûter la vie. Après deux mois de l’accident j’ai eu une overdose et sans le concierge peut – être que je ne serais plus de ce monde. Durant mon hospitalisation, les médecins ont détecté un cancer des poumons. Ils m’ont dit qu’avec les chinions et autres je vivrais tout au plus deux ans. A 55 ans, j’étais condamné, cette nouvelle avait fini par m’achever. Je suis resté dans une clinique qui était en même temps un centre de désintoxication pendant quatre longs mois, l’enfer sur terre.
Mais en sortant, ce que j’allais découvrir allait être pire. Fusille, mon homme de main, celui-là même que j’ai formé, qui a grandi à côté de moi et surtout en qui j’avais une confiance totale, m’a trahi. Ce con ne savait pas que j’étais condamné et que je m’apprêtais à lui donner les reines. Je n’ai pas de parents proches ni rien, il était ma seule famille et il m’a poignardé dans le dos. En quelque mois il a tissé son toile d’araignée autour de mes amis et de mes entreprises. J’ai vu le monde, l’empire que je m’étais construit tombait comme un château de sable. L’enlèvement d’Aicha m’a coûté plus que je ne pouvais imaginer.
Au début je m’étais promis de me venger de Fusille avant de mourir mais après je me suis dit que ce n’était pas la peine et que l’élève avait juste appris du maitre. J’allais rester dans mon appartement, prier pour qu’Aicha se réveille et attendre paisiblement ma mort. Mais ça, c’était sans compter l’appelle que j’allais recevoir de Jennifer, ce matin. Elle est membre de notre organisation criminelle Aigle. Cette dernière regroupe quinze leaders qui gouvernent d’une main de fer le marché de la drogue, de la prostitution, du blanchiment d’argent et des trafics d’arme. Moi qui attendais cette réunion pour leur annoncer ma maladie et donner les reines, je suis tombé de haut. Ces salauds veulent m’évincer après tant d’année de loyauté et de boulot sans faille. Le pire c’est qu’ils ont fait siéger Fusille à ma place. Jennifer m’a avoué qu’elle a essayé tant bien que mal de me défendre mais rien, ma tête était mise à prix et c’est mon homme de confiance lui-même à qui on avait confié la mission. Cela devait être son ticket d’entrer dans le cercle. Sans Jennie, je ne saurais rien de tout ça et aujourd’hui elle vient de me prouver qu’elle tient énormément à moi. Sur ce coût, j’ai vraiment eu du flair car en la rendant dingue de moi il y a de cela trois ans. J’ai réussi en à faire une bonne et fidèle alliée au sein de ce cercle de traitre. Mais s’ils croient qu’ils peuvent se débarrasser de moi aussi facilement, c’est qu’ils se mettent le doigt dans l’œil. Je vais me venger de la pire des manières.
Deux jours que je suis en train de dresser un plan machiavélique pour eux. Jennifer est celle qui s’occupe de tout le réseau de prostitutions du monde. Ce qui fait qu’elle a des vidéos de tous, dans des situations très compromettantes, même de moi. J’ai réussi à me procurer des doubles en la fréquentant assidûment, il y a de cela deux ans. Je vais les humilier médiatiquement dans de gros scandales sexuels avant de les éliminer un par un. Dix millions de dollars, c’est ce que j’ai payé pour chaque tête. J’ai vidé mes trois comptes avec ces opérations ; sauf celui qui est dans les îles caïman. Ce dernier est le plus important puisqu’il détient 70 % de mes biens.
Je passe à la clinique où se trouve Aicha et reste avec elle pendant une heure histoire de lui faire mes adieux. S’aurait été tellement bien que je revois une dernière fois ces yeux avant de quitter ce monde. Pourtant de deux fois, elle s’est réveillée. La première, elle a tenu deux semaines avant d’avoir une crise cardiaque et de retomber dans le coma. Une semaine plus tard elle se réveille et retombe dans le coma deux jours après, hémorragie cérébrale. J’ai vite fait de faire venir le plus grand neurologue pour son opération. Il me fit comprendre qu’en enlevant le caillou de sang qui s’était formé sur son cerveau, il allait endommager les tissus cérébraux qui touchaient la mémoire. Cette nouvelle m’avait rendue plus qu’heureux sachant que s’était une chance pour moi de vivre heureux avec elle. Mais son état était plus que critique et depuis lors, elle refuse d’ouvrir les yeux. Il se pourrait qu’à son réveil qu’il y ait plus de dommages que ce qui est prévu. Quand je la regarde, je ne vois aucune amélioration alors que les médecins disent qu’il y en a. Je me dis dès fois qu’ils la maintiennent en vie juste pour continuer de me soutirer la somme colossale que je paye chaque mois pour cette chambre de luxe et aussi les frais d’hôpitaux. Je reste une heure avec elle en l’enlaçant très fort avant de quitter la chambre le cœur lourd. Qu’elle gâchis ? En voulant être avec elle, j’ai détruit sa vie et la mienne en même. Je reste debout devant la porte la regardant tristement une dernière fois avant de tourner les talons. Finalement, l’amour n’apporte pas que du bonheur.
Je suis arrivé à Londres vers midi, le temps de voir mon avocat et de bien peaufiner mon testament et Dakar me voilà. J’ai hâte de me retrouver en face de ce salaud de Fusille et de lui régler ses comptes. Dès lundi les autres suivront. Quand j’en aurai fini avec eux, ils comprendront pourquoi mes ennemis m’appellent ‘Le Renard’.
Malick : tragique surprise
Qui peut bien m’appeler à cette heure du soir, dis – je ne tâtonnant des mains pour allumer la veilleuse. Je regarde le réveil : 3 H 46. Je prends le portable avec rage mais quand je vois le numéro du commissaire Cissé, mon cœur a carrément arrêté de battre.
– Bonsoir Malick, excuse-moi de te déranger à….
– Vous l’avez retrouvée ? Ma voix est à peine audible.
– Pas exactement. Wilane est ici en chair et en os. Plutôt était ici. Je me lève, complètement réveiller et commence déjà à m’habiller.
– Je…je ne comprends pas.
– Je suis actuellement chez lui et je t’avouer que le spectacle est horrible. Un vrai carnage, il y a des corps partout. Je crois que c’est un règlement de compte.
– Et lui, il est où demandais – je en prenant les clés de ma voiture.
– Mort à côté de celui qui avait pris en main ses affaires. Je me fige un instant, surpris par ce que je venais d’entendre et continue mon chemin.
– Ok, j’arrive dis-je dans un souffle.
– C’est Aicha ? Je me tourne pour voir Abi assise sur le lit, me regardant avec espoir.
– Non, ils ont retrouvé Wilane.
– Formidable, dit – elle en se levant et en contournant le lit. Je vais prier pour…
– Il est mort Abi, mort…. Mes larmes montent tellement je suis angoissé mais je fais tout pour me retenir. Il ne faut surtout pas que je panique. Abi quant – à elle s’est pris des mains la bouche avant de se rassoir comme une poupée dégonflant sur le lit.
– Quand est-ce que tout ça va finir souffla-t-elle ne pleurant. Je n’ai même pas la force d’aller vers elle, ni le temps d’ailleurs. Je sors de la chambre en courant, pressé de retrouver le commissaire. Pourtant, elle a raison, nous sommes tous à bout, moi particulièrement. Je ne compte même plus les jours car cela m’angoisse encore plus. Le pire est qu’ils ont arrêté les recherches après six mois. A part moi et sa mère, plus personnes ne croient revoir Aicha vivante. J’ai engagé des détectives, les meilleurs un peu partout dans le monde et même si je dépense des fortunes, je refuse d’abandonner. Jamais je ne vais me décourager, jamais. Hier seulement sa fille venait d’avoir un an, je n’ai même pas eu la force de souffler avec elle la bougie du gâteau. Aicha revient moi, soufflais – je en essuyant une larme qui tombe.
En me garant devant la maison de cette montre, les images de la fois où j’avais fait cette descente me revint. Ce jour-là, j’ai failli devenir fou en constatant que Wilane avait disparu avec ma femme. Il avait toujours un pas de plus que nous. J’étais anéanti quand Menoumbé m’a parlé du coup de fil qu’il a eu avec Wilane et Aicha. Après Nigéria, nous n’avons eu plus de nouvelle d’eux. Ils avaient complètement disparu de la circulation.
– Bonsoir Malick. Je quitte mes pensées obscures et me tourne vers le commissaire qui venait vers moi en me tendant la main que je prends sans trop d’enthousiasme. – Il est où ? Vous croyez qu’il est revenue avec Aicha ?
– Je ne crois pas car il est arrivé seul en jet privé vers 21 et trois heures de temps plus tard, il débarque ici avec des hommes armés. Suivez-moi, ce n’est pas beau à voir.
– Je ne comprends pas son action. Comment un homme qui disparait pendant huit mois décide de revenir et d’attaquer dans les heures qui suivent ses propres hommes.
– Je ne sais pas mais ce qui est sûr c’est que c’est un vrai suicide puisque le dénommé Fusille avait triplé le dispositif sécuritaire parce qu’il était sure qu’il allait recevoir des représailles de son ancien patron.
Plus nous avancions dans la maison plus j’avais le haut de cœur, il y avait des cadavres partout. Une vraie boucherie. C’est dans le salon que je retrouve les deux hommes, chacun criblé de balles. Je regarde de plus près l’homme qui a fait de ma vie un enfer sur terre. Je me tourne vers le commissaire le regardant avec un peu d’espoir.
– Vous pensez que maintenant que nous l’avons trouvé, on pourra….Ma voix se casse, je n’arrive plus à parler.
– Je l’espère, nous allons tout faire pour.
– Inchallah.
Quelques jours plus tard…
Enfin, nous savon dans quel pays Wilane est parti après Nigéria : Suède. Il a passé les contrôles de l’aéroport sous le nom nigérian de Pierre Abimbola. Ça n’a pas été difficile de trouver le nom qu’il avait enregistré en venant ici car nous avons un petit aéroport. A peine deux jours. Par contre avec l’aéroport de Nigéria, cela nous a pris au moins une semaine de recherches. Nous savons qu’il a pris le vol 405 en partance de Suède à 21h30 avec une femme sous le nom de Folami Baba Abimbola. Maintenant qu’on connaissait la nouvelle identité de ma femme, l’espoir reprenait vie et les recherches se sont intensifiées.
Malheureusement en arrivant en Suède, ils avaient complètement disparu de la circulation. Le commissaire Cissé me fit comprendre que cela prendrait au moins un an à la police pour éplucher tous les clients des agents immobiliers et que même là, nous n’étions pas sûr puisqu’ils ont peut – être encore changé de nom ou encore transité.
Mon seul espoir aujourd’hui était qu’elle revienne d’elle – même sur ces pas car les recherches n’aboutissaient à rien. C’était comme chercher une aiguille dans un meut de foin. Mais le pire dans tout ça, c’est cette angoisse permanente de ne rien savoir. Vit – elle encore ? Qu’est – ce qu’il lui a fait ? Où se trouve – t – elle ? Que fait – elle ? Où vit – elle ?
Quand je pense qu’elle a dû encore subir le viol et des violences physiques, je manque d’air carrément. Ma famille me demande de commencer sérieusement à faire mon deuil mais comment le pourrais – je. Tant que je ne sais pas ce qui lui est arrivé, je ne pourrais jamais tourner la page. Mon Dieu aide moi…
Abi : Investigations
Je regarde Malick manger sans trop d’enthousiasme son plat. Depuis la disparition d’Aicha, je ne l’ai plus jamais revu son sourire, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Il a toujours l’air d’avoir tout le poids du monde sur ses épaules. Il s’est complètement enfermé sur lui-même, ne parle pratiquement plus à personne et ne répond aux gens que par monosyllabe. Depuis son retour de son accident d’avion, il ne m’a pas fait l’amour ni même porté une petite attention. Tous les vendredis, sa maman vient le voir et c’est à peine s’il le recevait. Tante Sokhna me dit qu’elle fait tout le temps des offrandes, fait descendre le coran et prie de tout son être pour que l’on retrouve Aicha. Elle comme moi est très affectée par le malheur de Malick et savons pertinemment aujourd’hui que sans Aicha rien ne sera plus pareil. Il m’est arrivé d’être jalouse de cet amour fou qu’il a pour elle mais je prie tous les jours pour qu’on la retrouve afin que l’harmonie et la paix reviennent dans mon foyer.
Depuis cette fameuse nuit où il a reçu ce coup de fil, il est devenu plus sombre. Malgré le fait qu’ils ont eu des indices des premiers jours, l’étau s’est vite resserré. Et aujourd’hui, après encore quatre mois de recherche, Malick semble avoir perdu tout espoir de la retrouver. Il arrive quelque fois que je l’entends pleurer la nuit sous son oreiller.
Aujourd’hui j’essaye de mon mieux de garder le sourire pour les enfants, de faire en sorte d’être l’épouse idéale car c’est ma seule manière de l’aider. J’entends au loin Fatima pleurer, surement qu’elle est réveillée. Je me dépêche d’aller la prendre dans son berceau. Je ressens beaucoup d’affection pour elle comme si c’était ma propre fille. Elle ressemble beaucoup à sa mère et c’est peut – être pour ça que Malick la fuit comme si cela lui faisait mal de la voir. C’est triste, toute cette histoire est triste.
En retraversant le salon, j’entends la sonnerie de la porte. Je me dépêche d’aller ouvrir et c’est tante Dibore qui le sourire aux lèvres m’encercle chaleureusement des bras.
– Ho bonjour ma fille, comment tu vas ?
– Ça va ma tante, Alhamdoulilah lui dis – je en lui donnant Fatima. Nous faisons les salamou aleykoum d’usage et je l’installe au salon avant d’aller chercher Malick. Quand je lui appris la visite de sa belle – mère, il grimace comme à chaque fois que je lui dis qu’il a une visite. Nonchalamment, il se lève du lit et porte ses sandales. Je le regarde à la dérobé, il a un peu grossit, peut – être parce qu’il ne fait plus de sport et surtout qu’il s’est laissé aller à la bouf. Suzanne m’a dit que des trois procès qu’il a pris, il n’en a gagné aucun. Que les affaires commencent à aller mal et qu’il ne fait aucun effort pour que cela change. J’ai peur de notre avenir et à chaque fois que j’essaye de lui en parler, il se lève et part.
Au salon, Tante Dibore le salut avec gaieté.
– Mon fils, cela fait deux jours de suite que je rêve d’Aicha. Elle me sourit et me tend les bras. J’en suis sûre, son retour est imminent.
– Vous me dites ça presque tous les mois alors…
– S’il te plaît, ne te décourage pas, elle est vivante Malick, je te le jure et elle va revenir. Il ne reste plus qu’à prier. Mon mari se lève et fait une grimace.
– Nous ne faisons que prier. Moi, je crois surtout que Dieu nous a oubliés.
– Astahfiroulah, criais – je en même temps que tante Dibore.
– Garde la foi mon fils.
– Hier, j’ai arrêté définitivement les recherches en faisant mes derniers chèques pour les détectives que j’avais engagés. Je vois une larme couler sur sa joue qu’il essuie rageusement. Je suis désolé mais je n’ai plus le choix car je me suis presque ruiné avec toutes les dépenses que j’ai faites pour la retrouver. Aicha n’aurait pas aimé que j’hypothèque l’avenir de mes enfants pour elle. Surtout qu’il y a une chance sur mille qu’elle soit vivante. Une autre larme tombe encore, il se prend le visage et éclate en sanglot, ne pouvant plus se retenir. J’en fais de même, suivit de prêt par ma tante. Il était temps que la page tourne et que l’on fasse son deuil.
Quelque part au Nigéria.
– Bonsoir Folami, il parait que tu me demandes ? Je relève la tête de mes dossiers, énervée au plus haut point.
– Où étais – tu Bianca? Depuis que tu es allé prendre ton déjeuner, tu abuses criais – je. Elle sursaute et fronce les cils en regardant sa montre.
– Je suis en retard que de cinq minutes. Que se passe t – il pour que tu sois si énervée ? Je me prends le visage, pour me reprendre
– Tu sais le Sénégalais-là avec qui j’ai rendez – vous aujourd’hui. Elle acquiesce la tête. Eh bien à un moment de la réunion avec lui, son téléphone a sonné et il s’est excusé. Il a parlé dans leur langue et j’ai été surpris de voir que je comprenais tous ce qu’il disait. Elle ouvre grand les yeux et s’approche de moi avec précipitation.
– Tu crois que…. Nonnnnn.
– Si, j’étais tellement choquée que j’ai eu un malaise. Ensuite j’ai commencé à parler avec lui dans cette langue qui s’appelle le wolof. Regarde mes mains, elles tremblent toujours finis – j’en les lui montrant.
– Donc c’est sûr, tu es une sénégalaise. Hé ma poule, c’est grave. Athié.
– Je comprends maintenant pourquoi je ne parle pas Haoussa ni Yorouba encore moins Igbo.
– C’est vrai que c’était bizarre de voir que tu ne puisses t’exprimer dans aucune des trois langues nationales les plus populaires. Et qu’est – ce que tu vas faire.
– Fais tes bagages, nous partons.
– Où ? Au Sénégal ? Je me lève du bureau pour me donner plus de détermination.
– Oui. Si je suis sénégalaise alors peut – être que j’arriverais à découvrir mon ancienne vie. Elle me suit sans dire un mot sachant que c’est la chose qui me tenait le plus au cœur dans ma vie : connaitre mon passé.
En me réveillant dans cette clinique il y a de cela presque six mois, je ne me suis souvenue de rien du tout. Absolument rien. Mon médecin m’a appris que j’avais fait une tentative de suicide et que c’était mon mari qui m’avait amené. Qu’il venait presque tous les jours avant de disparaitre une semaine avant mon réveil. Je suis encore restée un mois là – bas pour une ré- éducation corporelle et à deux jours de ma sortie, un avocat anglais est venu me voir. Il m’apprit que mon soit disant mari avait le cancer et qu’il était condamné. C’est pourquoi il avait fait un testament ou il me léguait tous ses biens. Il me montrât les documents attestant sa maladie et la lettre qu’il avait laissée pour moi. Dans celle – ci, il me parlait de tout l’amour qu’il avait pour moi, du fait que j’ai été toujours fragile c’est pourquoi je n’ai pas supporté d’être loin de ma famille. Il m’a dit à quel point on aurait pu être heureux mais que Dieu en a voulu autrement.
Trois cent cinquante millions huit cent mille nairas (350 800 000) était la somme qu’il m’avait laissée, j’étais choquée. J’ai voulu savoir un peu plus sur lui ou sur moi mais l’avocat n’en savait absolument rien. Pierre l’avait contacté que quand il avait su qu’il était condamné. La seule chose qu’il pouvait me dire est que j’étais une nigérienne comme lui, qu’il s’appelait Pierre Abimbola et que j’avais même une belle demeure qui m’attendait là-bas. J’étais complètement perdu et j’ai fait la première chose qui me soit passée par la tête, venir m’installer ici. L’avocat m’avais mis en rapport avec un grand cabinet financier qui gérait tout cet argent sorti de je ne sais où. Mon rôle était d’apposer ma signature sur les contrats qu’il me négocier. Leur rôle était de m’acheter des actions dans des sociétés potentiellement rentables et aussi l’achat d’immeubles et autres. J’avais toujours le dernier mot et il m’arrivait dés fois de refuser certaines propositions.
Bref, j’essayais tant bien que mal de retrouver ma mémoire ou ma vie d’avant mais je n’y arrivais pas. Je me sentais perdue jusqu’à ce que je rencontre un jour Bianca dans le club de sport que je fréquentais et que mon médecin m’avait conseillé. J’avais une difficulté amovible du côté gauche et il fallait que je fasse certains exercices corporels au moins trois fois par semaine pour le retrouver. Bianca avait un ONG qui venait en aide aux femmes et filles en détresses. J’ai été tout de suite touchée et séduite et un mois plus tard je travaillais avec elle. Aujourd’hui, je suis directrice adjointe et avec les millions que j’ai injecté dans la structure, des actions très représentatives ont été faites propulsant du coût l’ONG sur le plan international.
Je n’ai jamais osé aller à la police encore moins me faire connaitre médiatiquement car j’avais peur de ce que je pouvais découvrir. Si j’ai intenté à ma vie c’est sûrement parce que je devais la détester. Qu’est – ce qui m’a amené en Suède ? Pourquoi tout le temps que je suis restée à l’hôpital, il n’y a que mon mari qui venait me voire ? Si j’ai une famille, pourquoi ne se sont – il pas manifestés depuis tout ce temps. Peut – être que je suis une criminelle, que j’ai fait d’horribles choses dans mon passé….Tant de question qui me pourrissent la vie et m’empêche dès fois de dormir.
Une semaine plus tard
Moi qui étais toute excitée en venant au Sénégal, j’ai vite déchanté. Je ne reconnais rien, ni les rues, ni les habitats, rien. Je ne sais même pas par où commencer. Finalement après deux jours, Bianca et moi avons décidé de faire d’une pierre d’un coup en rencontrant quelque partenaire potentielle pour l’ONG. En même temps, mon financier m’a concocter quelque rendez – vous avec des personnes dont leurs sociétés sont en difficultés et qui cherchent des actionnaires potentielles. J’ai déjà signé avec deux d’entre eux, les autres ne m’intéressant pas. Là, je dois rencontrer un détective que j’ai contacté il y a deux jours. Je sens que mon passé se trouve dans ce pays et je ne partirais pas sans découvrir la vérité sur moi.
– Tu es sûr que c’est une bonne idée ? On peut toujours annuler le rendez – vous.
– Bianca, j’ai besoin de quelqu’un qui me soutient, pas d’une mauviette.
– Pif, je te wanda même, tu traites qui de mauviette là dit – elle en prenant une position de bagarre.
– Toi-même tu sais, hum, tu oses encore m’affronter. Tu as oublié ? Je prends aussi ma position et elle recule, me toise du regard avant de me lancer un shipatou théâtral.
– Je suis sûre que tu étais Zena la guerrière, regarder moi cette sauvageonne. J’éclate de rire et prend mon sac à mon tour. Elle sait me détendre quand je suis hyper stressée.
Nous étions dans nos délires quand mon portable a sonné. Bianca me fait signe de ne pas décrocher quand il voit que c’est Michel, mon contrôleur financier. Mais ce dernier rappelle une deuxième et troisième fois et là je décroche.
– Bonjour Micheal. Tu…
– Salut Folami, heureusement que tu décroches. C’est super urgent.
– Est – ce qu’il t’arrive de te reposer toi.
– Quand je serais mort ha ha ha. Tu es à l’hôtel ?
– Oui ? Pourquoi ?
– Magnifique. Je t’ai concocté un rendez – vous dans moins de vingt minutes au restaurant de ton hôtel. Tu…
– Quoi ? Je sortais là et c’est urgent. Je suis désolée mais…
– S’il te plait Falomi, tu sais que je ne procède pas de la sorte mais je n’avais pas le choix car le gars doit voyager ce soir même. C’est une affaire en or mais le directeur demande à voir la personne qui va acheter ses actions avant de commencer les négociations.
– Hum, tu m’énerves. Et c’est quel genre de société cette fois.
– Un cabinet d’avocat, le meilleur en Afrique et cinquième dans le monde. Là il vend 5% de ses actions. Ce cabinet a une potentialité énorme et a réussi à se hisser sur le plan mondial en moins de cinq ans.
– Et pourquoi vend- il ses actions.
– La, ils n’ont même pas encore mis cela sur le marché mais j’ai un espion dans toutes les sociétés à haute potentialité et…
– Tricher va.
– Appelle-le comme tu veux, ha ha ha. Bref c’est le directeur lui-même qui vend 5% de ses actions. Il détenait plus de la moitié et en vendant, il se met en danger puisqu’il ne devient plus actionnaire majoritaire.
– Alors pourquoi il vend.
– D’après mon indique, sa femme a disparu il y a de cela plus d’un an et qu’il a dépensé des fortunes pour la retrouver. En même temps, il avait délaissé le cabinet qui aussi est entré en crise. Heureusement qu’il a repris les choses en mains et depuis trois mois les affaires reprennent de plus belle. Seulement, tu connais les banques donc le gars est obligé de vendre quelques actions pour régler ses dettes.
– C’est triste ce qui lui est arrivé dis – je toute émue. Moi aussi j’aurai donné la moitié de mon héritage pour retrouver ma mémoire pensais – je.
– Donc c’est bon, tu vas le voire ?
– Oui, ne serait – ce que pour ce que tu viens de me raconter.
– Formidable, je te laisse. Ne sois pas en retard.
– Attend ! C’est quoi son nom ?
– Ha oui j’oubliais, Malick Kane du cabinet N&K Association. Fait toi belle, c’est un vrai pigeon ha ha ha. Bye. Je ris à sa dernière remarque et me tourne vers Bianca qui commence déjà à faire la tête.
– Michael dit que le gars avec qui j’ai rendez – vous n’est pas mal du tout. Elle me sourit grandement et sort son portable.
– Hum, je peux venir avec toi et c’est quoi son nom ?
– Je n’amène pas une fille qui boude à mon rendez – vous d’affaire, ça porte malheur.
– Shiiipp va là-bas. Tape-moi son nom. Je rigole en m’exécutant. J’ouvre ma valise et prend à la volé un costume d’affaire.
– Pipipipipe, maa moo. Regarde-moi ça, un avion de chasse oui dit – elle en courant toute excitée vers moi. Quand je regarde la photo sorti par google, le rythme de mon cœur s’accélère. Je regarde chaque contour de son visage, m’attarde sur ses lèvres, son regard vif, sa carrure…
– Toc, toc, y a quelqu’un. Gênée, je lui rends son portable et me dirige vers la douche pour m’habillé. Avoue que tu penses à la même chose que moi, lance – t- elle derrière moi.
– Quoi ? Pourquoi ma voix tremble me demandais – je en silence.
– Je vendrais mon âme au diable pour passer la nuit avec cet homme.
– Astahfiroulah ! Bianca, tu es vraiment frivole. Elle ne dit rien et quand je me retourne vers elle, elle me regarde bizarrement.
– Folami ? Tu crois vraiment que tu es catholique ? Tes expressions, le fait que tu ne supportes pas le vin, astaf je ne sais pas toi là que tu viens de dire….
– Moi aussi, je le pense de moins en moins. Mais pour l’instant habillons-nous vite, il nous reste à peine dix minutes et je ne vais pas y aller en jean. Malick KANE nous attend, dis – je en souriant.
Quinze minutes plus tard, je quitte la chambre en courant presque. J’ai dit à Bianca de nous rejoindre car elle était toujours dans la phase maquillage quand je suis sortie de la douche. Il faut dire qu’elle est très coquette cette fille. Moi aussi je ne me suis un peu maquillée et j’ai même voulu changer ma tenue mais je ne pouvais pas car Bianca était dans la chambre. Et qu’est-ce que j’allais lui dire ? Je ne sais pas même pas pourquoi j’ai envie de me faire belle pour cet homme. Pourquoi je suis si excitée ? C’est la première fois qu’un homme me trouble autant. Mais avant que je ne descende, je me suis un peu sermonnée. Je ne peux rien me permettre avec un homme tant que je ne sais pas qui je suis réellement.
Pourtant en entrant dans le restaurant, je ne peux arrêter les battements de mon cœur qui commencent à reprendre un rythme saccadé. Quand je le vois en chair et en os, j’oublie toutes mes résolutions….
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 17 : Les retrouvailles“]
Malick : La rencontre
Deux heures avant
Je suis assis dans mon bureau me demandant comment trouver rapidement de l’argent sans céder mes 5% d’actions. Cela m’affecte au plus haut point dans la mesure où je n’aurais plus de pouvoir au sein de mon entreprise. Je connais les actionnaires, juste des hommes d’affaires dont la priorité est d’augmenter leurs gains sans se soucier de l’intérêt de l’entreprise. Pif, c’est dégueulasse… Toc toc, je regarde la porte sans avoir la force de dire entrer. C’est Suzanne qui commence d’abord à entrer sa tête avec timidité en me sortant ses trente-deux dents. La pauvre, je suis en train refouler toute ma colère sur elle.
– Tu entres ou tu me laisses passer dit une voix derrière elle. C’est Mouhamed avec un visage renfrogné.
– Je ne suis pas d’humeur Mouha, dis – je en prenant les devants.
– Tu crois que je le suis ? C’est quoi encore ces caprices de gamin que tu nous sors. Il parait que tu ne veux pas prendre au téléphone Michel Smith. Je me tourne vers Suzanne qui se cache derrière mon ami.
– Secrétaire, c’est pour garder les secrets. Je vais te renvoyer si tu continues de…
– Laisse cette pauvre femme tranquille et fiche nous la paix avec ton humeur massacrante. Tu es en train de nous pourrir la vie depuis… Il se tait et cette fois baisse les yeux. Je sais ce qu’il voulait dire et mon cœur se serre comme à chaque fois qu’on évoque ou qu’on fait allusion à elle.
– C’est bon tu as fini maintenant, laissez-moi seul s’il vous plait.
– Ibra, si tu ne fais rien, l’entreprise va couler. Si cet homme t’appelle c’est parce qu’il a surement un actionnaire en vue. Je n’ai plus de raison ni d’arguments à avancer pour les banques, il faut que l’on paye les dettes si on veut gardes les portes ouvertes.
– Je ne veux pas que ces actionnaires prennent le dessus…
– Tu auras une solution le temps voulu, pour l’instant il y a priorité. Le marché du travail est saturé et je ne veux pas avoir à chercher du boulot à 42 ans passé. Cette dernière réflexion me fit rire et aussi prendre conscience du danger si je ne fais rien.
– Je l’ai déjà rabroué et en plus je voyage ce soir, tu…
– J’ai déjà parlé avec lui et tu ne peux pas avoir mieux. L’actionnaire est une veuve qui s’est reconvertie dans les actions humanitaires. Il parait qu’elle a injecté 10 millions de dollars dans une ONG sans rien en contrepartie à part travailler avec eux. Ce qui veut dire que ce n’est pas une intéressée. Le meilleur dans tout ça, c’est qu’elle est ici au Sénégal pour quelques jours. Mr Smith dit que tu peux la voir avant de partir ce soir.
– Déjà ? Il ne perd pas son temps lui. Je prends un grand air et me tourne vers Suzanne. Ok c’est bon ?
– Youpi, crie Mouha en sautant.
– Ne t’emballe pas trop, je fais juste un contact visuel mais avant de signer quoi que ce soit, je veux d’abord tout savoir d’elle.
– Oui chef et s’il te plait soit aimable avec elle. Surtout n’amène pas ta tête grognon là-bas.
– Dégage d’ici avant que je ne change d’avis, bouffon. On éclate de rire en même temps. Une heure plus tard, je sors de mon bureau, direction le rendez – vous.
Je suis dans le restaurant depuis presque une demi-heure. Je regarde encore ma montre. Je déteste les retards. J’espère qu’elle ne va pas me faire attendre ici trop longtemps.
Je regarde encore une fois ma montre, j’espère qu’elle ne va pas me faire poiroter trop longtemps. Je déteste attendre. Je vais rester encore dix minutes et si elle….Mes pensées se suspendent quand je lève la tête et que mon regard croise celui d’Aicha. Boom, fait mon cœur. L’air me manque et de suite ma tête tourne. Je suis tellement surpris que je reste cinq secondes sans bouger, me demandant si c’est vraiment elle. Quand elle me sourit et baisse les yeux alors j’en suis sûr. Je ferme les yeux et les rouvre, non je ne rêve pas. Quand je me lève, mes jambes me tiennent à peine et quand elle arrive à ma hauteur, l’air me manque carrément. Je la prends direct dans mes bras et la serre tellement fort que je remarque à peine qu’elle essaye de me repousser.
– C’est toi, c’est bien toi ?
– Vous voulez bien me relâcher s’il vous plait ? Crie – t – elle. Pourquoi elle me vouvoie ? Et pourquoi, elle ne répond pas à mon étreinte ? Je recule d’un pas pour mieux la jauger et elle semple à la fois en colère et confuse comme si elle ne savait pas qui je suis.
– Tu… Je n’ose pas finir ma phrase. Elle confirme ce que je pensais en me demandant.
– Qui êtes – vous ?
– Tu..tu ne me reconnais pas ? Elle fronce les cils et fait signe de non. Mes larmes montent de suite. Commençant à trembler, je me rassoie et me prends le visage. C’est trop pour moi…
Aicha : L’amnésie
Mon cœur bat très vite. Cet homme me connait et semble tellement ému qu’il ne tient plus sur ses jambes. Moi aussi d’ailleurs. Quand il m’a pris dans ses bras, tout mon corps à frissonné. Et là, à le voir essuyer des larmes, je me dis que je devrais être quelqu’un de très important pour lui. Il a dû vraiment m’aimer. Je m’assoie en face de lui ne sachant quoi faire. Il prend un grand air, essuie ses larmes et me regarde droit dans les yeux en souriant. Waw, il est vraiment beau ce gars. Je regarde ses lèvres sans le faire express le faisant presque éclater de rire comme s’il avait lu en moi. Je baisse les yeux de honte.
– Tu ne te souviens vraiment pas de moi, ton mari. Boom boom boom (mon cœur). Qu’est – ce qu’il vient de dire là ? Oui Aicha, je suis ton mari et tu as disparu depuis un an et presque quatre mois. Cette fois c’est moi que l’émotion risque de tuer. Il se lève et vient s’assoir à côté de moi en tirant la chaise. Comme si cela ne suffisait pas, il se lève de nouveau, me prend la main en la tirant m’incitant à me lever pour le suivre.
– Vous m’amenez où ?
– Chez moi et arrête de me vouvoyer. Je reste sur place, l’obligeant à s’arrêter.
– Je ne peux pas vous suivre comme ça parce que vous me dites juste que… je me tais, c’est trop nouveau pour que je dise ce mot. Mon mari, c’est trop pour moi.
– D’accord ! C’est quoi le numéro de ta chambre ? J’hésite à le lui donner et ça l’énerve visiblement. Les gens nous regardent comme des fous, dit-il. Je fais un tour des yeux et me rends compte qu’il a raison. En plus je ne sais pas ce qu’il va me révéler alors vaut mieux que l’on soit seul.
– Tu as raison, allons-y. Il se met de côté pour que je le devance. En marchant devant lui, je sens son regard sur moi et j’essaye de marcher droit de mon mieux. Dans l’ascenseur, c’est encore pire. A chaque fois que je me risque à le regarder, il me sourit ou fait une mimique qui le rend encore plus mignon.
– Au moins, l’attirance que tu ressentais pour moi est toujours là et si tu veux savoir c’est réciproque. Si je m’écoutais. Hum ! Mon cœur s’emballe. Il s’approche de moi d’un pas félin et m’enlace sans que je n’essaye de me dégager et là l’ascenseur s’ouvre.
– Folami ? C’est bien toi ? Je me tourne vers une Bianca qui ouvre grandement ses yeux.
– Ce n’est pas ce que tu crois. Elle ne me répond pas et se tourne vers… comment il s’appelle encore ? Oui Malik je ne sais quoi. Ils se fusillent un moment du regard avant que Bianca ne revienne sur moi avec un sourire
– Tu as raison de perdre la tête. Tu….
– Il se dit être mon mari, coupais-je.
– Quoi ? C’est une blague n’est – ce pas ? Ricane-t-elle.
– Je ne pense pas ? Je ne me suis pas trompé en venant ici Bianca. Devant elle, je laisse sortir mes émotions et mes larmes coulent. Elle est la seule à savoir à quel point j’ai souffert de mon amnésie. Elle me prend dans ses bras une bonne minute avant de me ramener dans la chambre, suivi de près par Malick dont j’ai apprécié le silence.
Dès que nous nous sommes assis, il m’a demandé de quoi je me souvenais exactement. Rien, lui répondis – je. Je lui racontais mon réveil à l’hôpital et ce qui s’était passé après. Je voyais ses mâchoires se crisper et son regard noircir à chaque fois je parlais de mon défunt mari ou de mes opérations qu’on m’avait expliquées par la suite. Quand je finis, il prit un grand air et vient s’assoir à côté de moi.
– Donc si je comprends bien, tu t’es jetée d’un balcon et à ton réveil, ce salaud qui se disait être ton mari n’était plus là. Et là, il commence à me raconter ma propre histoire. D’abord mon premier mariage avec un maire, le fait que ce dernier ait voulu me vendre à cet homme qui m’a finalement kidnappé après mon deuxième remariage. La grande surprise. Durant tout le temps qu’il me contait ce passé, je n’ai pas arrêté d’avoir un haut le cœur. Je me suis fait des milliers de films mais jamais je n’aurais imaginé que l’homme qui se disait être mon mari était en fait un psychopathe qui m’avait enlevée. J’étais en état de choc quand il a fini. Il a essayé de me prendre dans ses bras mais je me suis levée en courant vers la douche où j’ai vomi tout mon déjeuner. Je suis restée plus de dix minutes dans la douche enfermée à clé jusqu’à ce que Bianca tape à la porte.
– Ca va mon cœur ? Je me lève doucement et vient lui ouvrir. Elle me sourit grandement. En tout cas, tu es bénie des Dieux, dit-elle, tu as vu le mec, il est plus beau en vrai. Je ris sans le faire express. Cette femme trouve toujours un moyen de me faire rire même en cas de catastrophe.
– Qu’est – ce que je vais faire maintenant ?
– Si c’était moi, je le suivrais comme un toutou. Je me dirige vers la chambre et me couche sur le lit comme un chiffon.
– Au moins, je comprends maintenant pourquoi j’ai essayé de me suicider.
– Allons le retrouver, le pauvre est inquiet et comme toi c’est un choc de te revoir comme ça. En tout cas, ta fille est magnifique. Je me redresse direct.
– J’ai une fille ?
– Oui, vous vous ressemblez comme deux gouttes d’eau. Il m’a aussi montrée pleins de photos de vous deux. Vous sembliez vraiment amoureux l’un de l’autre.
– Michael m’a dit qu’il s’est ruiné en essayant de me retrouver et c’est pour ça qu’il vend ses actions aujourd’hui. Il devait surement m’aimer.
– Plus que tu ne peux l’imaginer. Je sursaute et me tourne vers Malick qui franchit la porte de ma chambre et vient s’assoir entre mes deux jambes en me murmurant doucement. Et je t’aime toujours aussi passionnément et aussi fort qu’avant. Cette période a été la plus sombre de ma vie et je ne sais même pas comment j’ai fait pour tenir. Tu es une partie de moi et le fait de t’avoir perdue m’avait détruit. Tu ne peux pas savoir à quel point j’ai souffert. D’abord d’avoir failli à mon devoir de mari qui n’était pas seulement de t’aimer mais aussi de te protéger. Ensuite le fait de ne pas savoir où tu étais, si tu étais morte ou… Il se tait et ses yeux s’embuent de larmes. Quand il m’embrasse, je n’ai ni la force de le repousser, ni l’envie. Un baiser d’abord doux, ensuite sauvage. Quand il m’a relâché, je respirais à peine. Heureusement que je suis assise.
– Hum hum, je suis toujours là moi. Je baisse la tête de honte. Qu’est – ce qui m’a pris de répondre avec autant d’entrain à ce baiser. Je connais cet homme à peine. Certes c’est mon mari mais quand même.
– Et si tu faisais tes bagages ? Je vais en profiter pour appeler tes parents. Je n’arrive toujours pas à y croire, finit- il en souriant. Quand il s’éloigne de moi sortant son portable de sa poche, je ne peux m’empêcher de l’admirer du regard.
– Il y a quelqu’un ? Je sens que je vais perdre ma meilleure amie. Bianca vient s’assoir près de moi en ricanant. C’était comment demande-t-elle. Hé ma chérie je t’envie, un tel étalon. Je sens que le lit va craquer ce soir.
– Quel lit, dis – je paniquée.
– Ne fais pas la timide et si c’était moi ah, non je vais le dévorer tout cru.
– C’est trop rapide, Bianca. Je commence à avoir mal à la tête, dis – je en posant ma main dessus.
– Vu le baiser que vous venez de vous échanger c’est normal. Et arrête de faire la maligne.
– Je ne peux pas partir comme ça avec lui.
– Donc tous les jours-là où tu me rabâchais les oreilles avec ton passé, c’était du pipeau.
– Non mais…
– Y a quoi. Tu… Malick rentre dans la chambre en me tendant le portable.
– C’est ta maman, elle veut te parler. Je fais non de la tête. S’il te plaît parle avec elle sinon elle va faire une crise. Je prends le portable.
– Allo ? Personne ne répond, je reprends allo ?
– C’est toi ma fille. Sa voix est presque éteinte
– Oui dis – je moi aussi émue. C’était encore parti pour un tour d’émotion, de louanges à Dieu, de pleurs, de cris et que sais-je encore. J’ai n’ai pratiquement rien entendu parce qu’ils y avaient plusieurs personnes qui parlaient. N’y pouvant plus, j’ai remis le portable à Malick qui leur a donné rendez à la maison. Dès qu’il a raccroché, il a commencé à aider Bianca à faire mes valises. Il lui posait des questions sur l’ONG, notre vie au Nigéria…Je les écoutais à peine. C’est vrai qu’il ne s’est pas passé un jour, une heure sans que je ne prie pour retrouver la mémoire ou rencontrer quelqu’un qui pourrait m’édifier. Mais savoir tout ça en une demi – heure me trouble. Je regarde à la dérobée mon mari. Cet homme peut faire chavirer toutes les femmes du monde. Tout en lui est charme. De par sa démarche souple, son regard transperçant, ses gestes viriles et sensuels. Il dégage un sexe Apple énorme avec ses muscles qui se distendent dans ce costume qui lui va à ravir. A un moment, comme s’il sentait mon regard, il se tourne vers moi et me sourit et quel sourire. Bianca a raison, pourquoi se prendre la tête. Je suis à la fois excitée et anxieuse de retrouver ma famille surtout ma fille. Mon Dieu qu’elle histoire.
Suzanne : La crainte
J’étais dans ma chambre en train de me reposer, en attendant 20 h pour servir le diner quand je reçu un appel de Malick. J’ai hésité à répondre mais le connaissant, il va appeler mon mari comme il a l’habitude de faire quand il n’arrive pas à me joindre. Je décroche énervée au plus haut point.
– Tu ne me croiras jamais Suzanne, crie – il presque au téléphone. Il éclate de rire et direct je devine.
– Aicha ? Tu sais où elle se trouve ?
– Mieux que ça, elle est à côté de moi ? Là je me relève complétement de mon lit.
– Tu… tu… c’est…. Pourquoi….Je ne savais pas quoi dire tellement j’étais surprise.
– Dieu me l’a ramenée Suzanne, je suis si heureux que j’ai peur que mon cœur n’exploser de joie. C’est elle la fameuse Mlle Baba. Je te jure que j’ai failli avoir un syncope en la voyant.
– C’est vrai Folami Baba ABimbola. Non, incroyable, alléluia. Pourquoi elle n’a pas fait signe depuis tout ce temps ?
– Elle a perdu totalement la mémoire. Je t’explique tout quand on se voit.
– Vous êtes où ? J’arrive tout de suite, dis-je en ouvrant mon armoire.
– Là je suis à l’appartement où elle et son amie déposent ses affaires. Elle semble un peu perdu c’est pourquoi je pense que c’est mieux après qu’elle ait vu tout le monde qu’elle revienne ici.
– Dis plutôt que tu veux rester seule avec elle après. Je l’entends rire, c’est tellement bien de l’entendre à nouveau rire. C’est une vraie bénédiction le retour de Aicha.
– Non blague à part, la situation est un peu délicate. C’est Aicha mais avec une autre identité, une autre vie. Si tu veux savoir, là j’ai même peur de lui dire qu’elle est ma deuxième femme avec son air de toubab là.
– Air de quoi ha ha ha ha. Tu es dans la merde.
– Walay (je te jure). Je dois carrément la reconquérir mais tu me connais hi hi hi. Bon je dois te laisser, on se retrouve là-bas. Il raccroche et moi je me dépêche de m’habiller.
En arrivant devant le portail, je vois déjà deux voitures garées, celles d’Oumi et Mouhamed. A l’intérieur, je la cherche direct du regard et la retrouve au milieu du salon bien entouré. Elle n’a pas trop changé juste qu’elle est devenue plus féminine. Elle n’a jamais osé dévoiler ses jambes magnifiques et voilà qu’elle porte une robe qui lui arrive à peine aux genoux accompagné en plus d’une belle paire de chaussures dorées hyper classe. Je ne vais pas demander à Malick si la nouvelle Aicha plait à Malick, vu comment il la dévore des yeux. Tout en elle dégage de l’argent et l’attrait qu’il procure. Nos regards se croisent et elle me sourit timidement. C’est bien elle. Je l’a prends chaleureusement dans mes bras avant que Malick ne fasse les présentations. Il y a aussi son amie, Bianca me dit – on et qui est toute souriante. Aicha qui ne lui lâche pas la main semble vraiment mal à l’aise. Il est vrai que c’est vraiment bizarre surtout qu’elle semble complétement perdue au milieu de tous, devant cette effervescence d’amour. Quand ses parents sont arrivés, l’émotion était à son comble et nous avons tous finis par pleurer. De deux fois, elle a essayé de prendre sa fille mais cette dernière a refusé, se blottissant dans les bras d’Abi. Cette dernière semblait vraiment heureuse de la revoir et n’arrêtait pas de servir des collations à gauche et à droite. Elle est devenue maintenant mon amie car j’ai vu qu’elle avait un cœur en or vu comment elle prenait si soin de la fille d’Aicha et surtout qu’elle a supporté tant bien que mal son mari quand il était au plus bas.
– Suzanne, je peux te parler une minute, dit Malick en me faisant signe de la tête. Nous allons nous enfermer dans son bureau et je vois qu’il a l’air tendu.
– Que se passe t – il ?
– Tu as vu comme elle a changé ?
– Juste côté vestimentaire mais…
– Aicha a failli avoir une attaque quand je lui ai dit qu’elle était ma deuxième femme et sans son amie elle n’allait pas accepter de venir ici. Elle est en mode panique totale et je ne sais pas quoi faire.
– Patienter, juste patienter. C’est plus dur pour elle Malick.
– Je ne veux même pas penser à tout ce qu’elle a vécu avec ce monstre jusqu’ à la pousser à intenter à sa vie.
– Il ne le faut surtout pas. La seule chose qui compte aujourd’hui c’est vous deux. Ferme définitivement la page de Wilane et reprenez ensemble votre vie là où vous l’aviez laissé. Petit à petit, tu verras que tout reviendra à l’ordre. Il sourit rêveusement avant de dire
– Si je comprends bien, je dois reconquérir ma propre femme ? Je ne pense pas que se ça soit un problème vu comment elle a répondu si langoureusement à mon baiser.
– Déjà ? De toute façon tu es un expert en la matière alors je ne m’inquiète pas pour ça. Tu connais ton plus gros problème et ce ne sera pas facile de te débarrasser d’elle comme la première fois. A ces mots, il se prend la bouche et s’assoie avec découragement sur son fauteuil.
– Chi, j’avais même oublié son existence celle – là. Qu’est-ce que je vais faire avec elle. Je suis vraiment dans la merde moi.
– Franchement Malick, je ne comprends toujours pas pourquoi tu as repris avec Marianne ? Vous les hommes avec votre manie d’ouvrir vos barquettes…Son regard noir me fait taire. Il se lève en crispant les mâchoires.
– Je règlerais ça plus tard. Allons avant qu’ils ne s’inquiètent.
Nous sommes resté encore une heure avant qu’Aicha ne prétexte une migraine pour disposer. Tous voulaient encore rester avec elle mais elle semblait vraiment à bout.
Nous étions dehors à l’attendre faire ses au revoir à sa mère qui avait du mal à la lâcher.
Mouhamed (ton taquin) : Alors bro ? Tu n’as pas un avion à prendre ?
Moi (rigolant) : C’est vrai ? C’est dans trois heures non ?
Malick (fronçant les cils) : Vous croyez vraiment que je vais partir ? Je ne resterais plus jamais loin d’elle.
Menoumbé (ricanant) : Thieum Roméo dicatina (Roméo est de retour).
Mouhamed (cette fois sérieux) : Blague à part, nous ne pouvons plus nous permettre de perdre un client même si maintenant avec une milliardaire à tes côtes…. ?
Malick (Enervé) : Tu crois qu’on va garder cet argent ?
Aicha (venant vers nous) : Quel argent ? Tout le monde se tait un moment.
Malick : De Wilane bien sûr.
Aicha (visage ferme) : Je ne pense pas que cela vous regarde, dit – elle en nous regardant tous. Je vois une veine danser sur le front de Malick, signe qu’il est énervé et qu’il se retient.
Malick (parlant calmement) : Je n’accepterais jamais que tu gardes l’argent de….
Aicha (le coupant) : La décision ne te revient pas. Est – ce qu’on peut y aller maintenant dit – elle en contournant la voiture.
Menoumbé (choqué) : Moyenname (incroyable). Ki môme changé na di (elle a vraiment changé).
Moi (intervenant) : Laissez-lui du temps surtout toi Malick. Ne la bouscule pas et n’essaye pas de lui imposer quoi que ce soit. Cette journée a déjà été riche en émotion alors n’en rajoute pas. Comme je te l’ai dit soit patient et tout redeviendra dans l’ordre.
Malick (perplexe) : Si tu le dis. Il entre dans la voiture d’un air abattu.
Mouhamed : Tu crois qu’ils vont réussir à redevenir comme avant.
Menoumbé (souriant) : Moi je le pense. Leur couple est comme le rocher. Quel que soit la tempête ou l’orage qui le traverse, il restera toujours intact.
Ce qui est sûr c’est qu’avec la tempête Marianne qui va venir, j’ai peur pour eux pensais – je tout bas.
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 18 : Révélations“]
Aicha : entre deux feux
Comment cet homme est arrivé à briser mes barrières en un claquement de doigt ? Cette question, je me suis la posée au moins 1 000 fois depuis ce matin. Je n’ai pas de mot pour décrire ce qui s’est passé cette nuit. J’avais l’impression de le connaitre depuis des lustres et il a réussi facilement à me mettre à l’aise. Rien que de penser à la façon à la fois douce et sauvage qu’il avait de me faire l’amour, m’émoustille. Malick m’a parlé de son repli spirituel à la Mecque après qu’il a abandonné les recherches. Des problèmes qu’il a commencé à rencontrer au bureau et de son mal être qui font qu’il n’arrivait pas à relever la pente. Il mangeait, bougeait, respirait mais ne vivait plus. Même si je ne me rappelle rien de nous, le fait de sentir et de voir autant d’émotion dans son regard et ses paroles m’ont donné la certitude que j’ai vécu amoureusement avec cet homme. J’ai arrêté de réfléchir et je me suis laissée aller à la félicité du moment. J’ai passé une nuit merveilleuse dans ses bras et nous nous sommes endormis qu’à l’aube.
Il faut se l’avouer, c’est un As du lit et peut – être parce que nous avons partagé un amour passionnel cela ajoute un plus. Ce n’était pas pareil avec Jonathan même si….
– A quoi tu penses ? Je sursaute et me tourne vers cette voix coquine près de moi. J’ouvre la bouche et la referme. Ce n’est pas le moment pour lui en parler, pas aujourd’hui.
– Je me demandais si tu n’avais pas un ancêtre sorcier car tu m’as complétement envouté depuis hier. Il me sourit grandement et fait une grimace en s’approchant dangereusement de moi. Je cours rapidement vers la sortie sachant ce qui allait se passer.
– Ne me touche surtout pas Malick, on est vraiment en retard.
– Raison de plus, une heure de plus n’y changera rien, dit – il en ricanant. Je ne l’écoute même pas et continue mon chemin.
– Tu es un obsédé toi. Tu ne me toucheras pas jusqu’à ton retour de voyage.
– Dans tes rêves bébé, déjà que je regrette fortement l’invitation de ma mère alors n’en rajoute pas. Shippp.
– Comme toi, ils veulent rattraper le temps perdu, ne soit pas égoïste.
– Je pars ce soir Aicha, et toi, tu ne veux pas venir avec moi alors ils n’avaient qu’à me laisser savourer ma journée avec toi. Je te préviens, on ne restera pas longtemps. J’acquiesce juste de la tête vu comment son visage s’est décomposé de plis colériques. Il est fâché que je ne l’accompagne pas mais j’ai envie de connaitre ma fille et de retrouver aussi mes siens. Mais surtout, je voulais fuir un peu cet homme dont l’appétit sexuel me fait peur.
Quand Malick s’est garé devant le domicile de sa mère, il n’avait pas encore décoléré vu commet sa mâchoire se crispe.
– Je me trompe ou tu es naturellement égoïste ?
– Avec toi oui, je n’aime pas te partager, répond – il en me regardant intensément. Je frisonne et détache ma ceinture pour descendre. Il me retient par le bras, détache sa ceinture et me tire vers lui. Son baiser est doux, très doux. Je t’aime tellement murmure t- il en posant son front sur le mien. J’ai envie de lui dire moi aussi mais c’est trop tôt. Pourtant je ressens pleins d’émotion depuis que je suis avec lui.
Dès que nous sommes entrés dans la maison, nous sommes accueillis par un brouhaha de voix super excitées de me voir. Je les reconnais pratiquement tous car ils étaient là hier. Ma mère est la première à me prendre dans ses bras pour me serrer très fort. Contrairement à hier, je réponds chaleureusement à son accolade. Ensuite s’en suit ma belle – mère, mon père, Abi ma coépouse ainsi de suite. Celui qui se dit être mon frère taquine mon mari et n’arrête pas de faire rire toute l’assistance. Contrairement à hier, l’atmosphère était plus détendue et j’ai même commencé à parler avec ma coépouse. Elle semblait si heureuse de me revoir que j’ai fini par me détendre avec elle. Nous avons passé un après-midi merveilleux et ma fille a enfin accepté que je l’a prenne dans mes bras. J’ai vraiment adoré ce moment.
Vers 16 h, mon mari a commencé à regarder sa montre et me faire des signes. J’ai fait semblant de ne pas comprendre et je l’ai fui du regard. Sa sœur s’est approchée de moi en ricanant.
– Mon frère commence à s’impatienter.
Moi : J’ai vu, il veut me tuer avant de partir. Nous avons toutes les deux éclatées de rire attirant l’attention de tout le monde. J’eu honte et baissa les yeux. C’est ce moment que choisit Malick pour se lever.
Malick : Bon, il est temps que l’on prenne congé car j’ai un avion à prendre et j’ai envie de profiter encore un peu de ma femme. J’ai failli cracher mon verre.
Belle – mère : Toi aussi mon fils, pourquoi autant d’empressement, laisse…
Malick (bien décidé) : Je t’attends dehors, dit – il en s’adressant à moi et se tournant vers mes parents pour leur dire au revoir. Choquée par son attitude autoritaire, je croise les mains et lui montre carrément que je ne suis pas d’accord. Quand il se retourne vers moi et me lance son regard de braise je me surprends à lui sourire. Hé ma fille qu’est – ce qui t’arrive. Dans un dernier élan de rebelle, j’essaye de combattre ce sentiment de domination qu’il commence à m’imposer. Mais quand je le vois tourner les talons et sortir du salon pour m’attendre dehors, je sais au plus profond de moi qu’il a gagné. Je promets à ma mère de passer la journée de demain chez eux et dis au revoir aux autres. D’un pas trainant, je le rejoins dehors hyper énervée. Il était au téléphone et parlait tout bas, ce qui me parut bizarre. Dès qu’il me vit, il prit rapidement congé avec la personne et raccroche.
Moi (fronçant les cils) : C’était qui ?
Malick (un peu gêné) : Personne. Sa réponse évasive me fit monter de suite les griffes.
Moi (haussant le ton) : C’est quoi cette réponse évasive ? Serais – tu ces genres d’hommes avec des maitresses à gauche et à droite ?
Malick (ouvrant les yeux) : Non, quand j’aime je suis fidèle.
Moi : Qu’est-ce que je dois comprendre par là.
Malick (énervé) : Que je ne te tromperais jamais. C’est tout ce dont tu dois savoir. Des femmes qui me courtisent, il y’en a dans tous les coins de rue. A toi de me faire confiance c’est tout. Il monte dans la voiture sans m’ouvrir la porte comme ce matin. Je fais de même et m’emmure dans le silence comme lui. Je n’aime vraiment pas ce côté dictateur qu’il a. Après cinq minutes de trajet, il brise enfin le silence.
Malick (voix douce) : Excuse-moi bébé ! Je suis un peu énervé de te quitter si tôt alors qu’on vient juste de se retrouver.
Je n’ai pas répondu puisque je n’avais pas encore décoléré. Je ne m’excuse jamais Aicha, je fais vraiment un effort là dit – il agacé.
Moi : Je ne vais pas faire semblant Malick alors que je bous de l’intérieur.
Malick (cajoleur) : Ah bon ? Je connais un moyen de très efficace de t’adoucir. Ces yeux sont emprunts de désir, je détourne le regard pour ne pas flancher. Mais arrivé à l’appartement, il m’a vite fait capitulé. Cet homme est un danger pour moi. Avec lui, je ne me reconnais pas, je deviens hyper docile.
Par deux fois, il a voulu reporter son voyage mais je l’ai forcé à le faire même si au fond je ne le voulais pas. Un jour seulement et j’ai cet homme dans la peau, ç’est flippant. Après l’avoir accompagné à l’aéroport, je rejoins Bianca à l’hôtel. Dès que j’entre dans sa chambre, elle attaque.
Elle (toute excitée) : Alors ? C’était comment ? Est – il aussi bon que beau ? As-tu…
Moi (mettant ma main sur sa bouche) : Tu vas te calmer ?
Elle (me prenant la main en riant) : Hé ma go, s’il te plait, je meurs de curiosité.
Moi (sérieuse) : je ne te dirais rien, ne te fatigue pas.
Elle (suppliant avec les mains) : S’il te plait Folami, tu…
Moi (sourire) : C’est Aicha maintenant ou Mme Kane. Elle recule d’un pas et me regarde de haut en bas.
Elle (moqueuse) : Waw le gars a fait fort, eh. De un à dix, tu lui donnes combien ?
Moi (sans hésiter) : 20.
Elle (criant) : What ? Tu blagues ?
Moi (pensant à la nuit que je viens de passer) : Oh que non.
Elle (se tapant les mains) : Ekié, hé ma go, c’est le jackpot. Hé Allah, il m’a oublié ou quoi. D’abord Jonathan maintenant Malick. Mon cœur fait boom et je ne peux m’empêcher de faire une grimace en allant m’assoir.
Je lui ai raconté la soirée hyper glamour que j’ai passée avec mon mari. Comment il a réussi à briser mes barrières et à quel point j’ai pris le pied avec lui. Je lui ai aussi raconté ma journée d’aujourd’hui, le fait que mon mari est très autoritaire et macho. Ensuite, j’ai fini par lui raconter ma rencontre avec le reste de la famille. Quand j’eu fini, elle était aux anges.
Elle (reprenant son sérieux) : Je suis vraiment heureuse pour toi ma belle. Tu es une femme merveilleuse et je ne le dis pas parce que tu es mon amie. Tu mérites le meilleur et j’espère profondément que cet homme ne va pas te décevoir.
Moi (inquiète) : Je dois te dire que j’ai vraiment peur de cette attraction si forte que je ressens pour lui. En moins de 24 h, cet homme me domine littéralement.
Elle (ricanant) : Alors c’est ton homme car tu es une vraie rebelle Folami. Oups Aicha je veux dire ha ha ha. Bref soyons sérieux, Jonathan a appelé deux fois aujourd’hui.
Moi : Et ?
Elle : Comment ça et ? Votre histoire n’est pas terminée et tu le connais assez bien pour savoir que si tu ne lui parles pas, il va débarquer.
Moi (paniquée) : Ho que non. Tu lui as dit quoi ?
Elle : Ne compte pas sur moi pour le lui dire, c’est à toi de le faire
Moi (me prenant la tête) : Je n’aurais jamais dû accepter de sortir avec lui. C’est à cause de toi tout ça.
Elle (sur la défensive) : Je ne t’ai pas trop forcé la main que je sache.
Moi (fermant les yeux un instant) : Je l’appelle demain Inchalla. De toute façon, ce n’est pas comme si nous sortions ensemble. Plus vite je tourne cette page et mieux ce sera. Maintenant allons manger, j’ai trop faim.
Partie Dibore (mère d’Aicha) : L’héritage
Ma fille sera là d’une minute à l’autre. Je me dépêche de finir le ménage avant son arrivée. Depuis son retour, je ne vais pas à la boutique car je veux la voir presque chaque jour. Par contre, elle m’a appelée ce matin pour me dire qu’elle allait passer l’après-midi car elle avait une surprise pour nous. J’ai essayé de mon mieux de savoir ce que s’était mais impossible, mademoiselle n’a rien voulu dire. Quand elle est venue nous voir, elle a été surprise de notre pauvreté. Cela avait un peu vexé son père qui le remit rapidement à sa place. Heureusement qu’Aicha a gardé son côté très intelligente et s’est vite rattrapé. On ne touche pas à l’orgueil de Ngoor. Il y a le fait aussi qu’elle a changé dans son comportement, son habillement, sa façon de se tenir et de parler. Comme dit Menoumbé, elle sent l’argent. Elle dégage cette puissance attractive que provoque la richesse.
J’étais en train de sortir de la cuisine où j’avais fini de préparer un bon thiéboudieune quand Menoumbé entra en trombe dans l’appartement.
Lui (criant) : Allahou Akbar Yalla ame na (Dieu existe).
Moi (lui faisant une tape) : Arrête de dire ce genre de bêtises sinon un jour…Il m’a tiré vers la sortie avec tellement de force que je me suis tu essayant tant bien que mal de suivre son rythme de course effrénée. Que se passe t – il Menoumbé criais- je en dégageant ma main qu’il tenait. Nous étions déjà en bas et Menoumbé tendit la main vers une jolie 4X4 flambant neuve il y avait même les sachets. Aicha sort, le sourire aux lèvres et viens vers nous.
Aicha : Tu aimes ta première surprise ?
Moi (regardant encore la voiture) : Je te demande pardon ?
Menoumbé (se frottant les mains) : Tékè gawe (la chance nous sourit).
Aicha (me prenant la main) : Allé vient on va faire un tour. Je vais vous trouver un chauffeur en attendant que vous passiez votre conduite.
Moi (me tournant vers Menoumbé) : Où est ton père ?
Menoumbé (kéh kéh kéh) : Dans la voiture, il prend ses aises. Nous nous dirigeons tous vers cette belle voiture noire que les reflets du soleil font scintiller. A l’intérieur, c’est encore plus beau, ça sent le cuir et le luxe à plein nez. Mon mari m’accueille avec un sourire bizarre. Nous nous ressemblons trop et je sais que comme moi, il doit être tenaillé entre le désir de profiter de ce luxe et le fait de savoir que tout ça est de l’argent sale.
Nous quittons les Parcelles Assainies direction inconnue. Une heure plus tard, la voiture s’engage dans un quartier luxueux.
Moi : Où est – ce que tu nous amènes comme ça ma fille ?
Aicha, me regardant dans le rétroviseur : Nous y sommes presque. Une minute plus tard, elle se gare devant une belle demeure où un gars nous attendait. Le cœur battant très fort, je commence à deviner de quoi il s’agit. Aicha vient se mettre devant son père en ouvrant son sac. Elle en sort un trousseau de clés et le lui tend en disant : Bienvenu dans ton nouvelle demeure. Mes yeux se sont de suite embués de larmes. Quant à Menoumbé, il ne tenait plus sur place. Ngoor regarde la grosse clé qu’elle a sortie du trousseau et hésite à la prendre.
Aicha : S’il te plaît papa, prend la, c’est pour toi.
Ngoor (faisant non de la tête comme pour se convaincre lui-même) : Je ne peux pas ma fille. Tu…. J’ai….Il se tait et me regarde car ne trouvant pas les mots. C’est là que Menoumbé s’approche en colère vers nous et prend farouchement la clé des mains de sa sœur.
Menoumbé : Moyénam diomi wouma rék (c’est quoi ce délire). Sarah gnou nak papa (ait pitié de nous père). Li moye lane ? (qu’est – ce que cela veut dire). Si vous n’en voulez pas ce n’est pas grave, moi dès demain j’épouse deux belles dakaroises et je remplis la maison de gamins en moins de deux Walaahi. Il entre dans la maison suivi par le gars qui se tenait au coin depuis notre arrivée.
Aicha : Je sais que c’est brusque, nouveau et même précipité mais ne dites rien, vous allez juste visiter et après on verra.
Nous sommes finalement entrés dans la maison qui était d’un luxe sans pareil. Il y avait tout dedans, un vrai Paradis. A notre grande surprise, tout était meublé et joliment décoré. Subjugués, nous nous sommes laissés emporter par le vent de l’élégance et de la beauté que nous imposait cette demeure. Après la visite du salon et de ses alentours, c’est autour des chambres. Elles sont gigantesques et sont incorporées chacune de douche. Même chose qu’au salon, tout était déjà meublé avec de grand lit joliment drapé, un écran plasma, un frigo bar, climatisation. J’avais vraiment l’impression de regarder un film de Hollywood. Mon mari et moi, nous nous sommes regardés et sans le vouloir nous avons rigolé. Le confort matériel est le pêché mignon de l’homme. Aicha nous fit savoir que la maison appartenait à un vieux français mort il y a quatre mois et que se sont ses enfants vivant en France qui l’ont mis en vente. A la fin de la visite, j’étais conquise, il ne restait plus à convaincre mon mari à accepter ce beau présent.
Nous nous sommes installés au salon en attendant que le repas qu’Aicha avait commandé arrive. Menoumbé était comme une pie et Aicha n’arrêtait pas de rire de ses blagues. Je voyais mon mari de plus en plus énervé et mal à l’aise.
Moi : Mon fils, tu veux bien te taire. Ton père a quelque chose à dire.
Menoumbé : Bilay diarouko (Ce n’est vraiment pas la peine). Choquée j’ouvre la bouche et regarde dans la direction de mon mari. S’il continue, il va le tabasser et se sera bien fait pour lui.
Ngoor : Tu ouvres encore ta bouche et je te tue, dit – il menaçant son fils avant de se tourner vers Aicha. Viens ici ma fille, dit – il en tapotant à côté de lui. Quand celle – ci s’exécuta, il encercla son bras sur son épaule et lui dit : Je suis vraiment touché par tous ces présents, cela démontre à quel point tu nous aimes. Il se tut…
Aicha : Mais ? Parce qu’il y a bien un maïs.
Ngoor : Je ne peux pas accepter tes cadeaux sachant d’où ça vient. Ce Wilane t’a offert tout cet héritage était un grand bandit donc cet argent est haram (illicite). Le Prophète (paix et salut sur lui) nous met en garde contre les dangers du Haram et nous dit : « Allah est bon et n’accepte que ce qui est bon ». Cet argent a été obtenu de manière illicite alors tu dois t’en débarrasser en l’offrant en aumône, en construisant des hôpitaux et mosquées. Rien d’autre.
Aicha : Alors c’est bon parce que depuis que j’ai reçu cet héritage je ne fais que du bien autour de moi. L’ONG où je travaille a aidé des milliers de femmes à retrouver une vie décente en finançant leurs projets professionnels, leurs études et autres. Il y a aussi le fait que j’investis ma fortune dans beaucoup d’entreprises en difficultés et qui sans cet argent auraient mis la clé sous le paillasson. Là je sauve des milliers de pères de familles qui n’allaient plus avoir la possibilité de nourrir leur famille.
Ngoor : C’est vraiment bien tout ça mais tu l’utilises aussi pour tes propres besoins. En tant que père, je te conseille de t’en débarrasser et reprendre ta vie simple et honnête que tu avais avec ton mari. Si tu le gardes, il ne t’apportera que la poisse dans ta vie et tu ne seras jamais heureuse.
Menoumbé : Chi papa méti nga torop (tu es trop difficile). Avant tout Dieu est miséricorde c’est pourquoi dans tous les interdit il y a ce qui est permis. Partant de cela on nous dit aussi dans les textes que l’argent harâm concerne celui qui l’a gagné et non celui à qui il a été offert en cadeau ou en héritage. Sauf si le bien en lui – même est illicite comme le porc ou le vin ou l’argent volé de quelqu’un. Tel n’est pas le cas ici.
Ngoor : L’appât du gain te pousse à chercher des excuses sur l’inexcusable. Les textes qui réfutent cela sont nombreux. Asbagn et Ibn Wahb de l’école malikite disent que « tant qu’il y a du haram dans cet argent que tu utilises, tu seras complétement souillée et qu’il faut le donner en aumône ».
Menoumbé : Moi je préfère prendre l’avis de ceux qui rendent licite cet héritage. En dehors des exceptions citées en haut, cet avis est fort car il a été confirmé selon la tradition que le Prophète (paix et salut sur lui) a mangé de la brebis qu’une juive lui a offerte à Khaybar et qu’il a accepté l’invitation d’un autre juif : or on sait que les juifs à cette époque prenaient les intérêts usuraires (ribâ) et autres. Ne me regardez pas ainsi, vous n’êtes pas les seuls à apprendre les textes.
Ngoor (sourire) : Et j’en suis très ravi mais cela ne me convainc pas pour autant car Al – bayhaqi dit….
Moi : Stop, on ne va jamais finir. Moi ce que je propose c’est d’aller à Kaolack et d’en parler à notre marabout.
Ngoor : D’accord, on fera ce qu’il nous dira de faire. La discussion est close. Menoumbé se lève et vient prendre la main de sa sœur.
Menoumbé : Viens avec moi ma petite sœur adorée et laisse ces vieux jacasser. Gni natou deugue lagne (de vrais porteurs de poisse), nous éclatons de rire et sortons. Je regarde une dernière fois la maison en espérant au plus profond de moi y vivre un jour.
Partie Marianne : la désillusion
Je tourne en rond dans mon appartement totalement en furie. J’ai déjà tout cassé dans le salon tellement je suis en colère. Je n’arrive pas à croire que cette femme est revenue. Ce que je redoutais le plus est arrivé. Il y a trois jours, après que Malick m’a rabroué pour la deuxième fois au téléphone, j’ai appelé Ramatoulaye, une avocate du cabinet que j’ai réussi à me mettre dans la poche depuis un an. Elle m’a dit ne rien savoir mais qu’elle se renseignerait. Là, le verdict vient de tomber et je suis comme terrassée.
Pourquoi après tant d’effort et de sacrifice, elle réapparait. Moi qui commençais à penser qu’elle était morte. Serait – elle une sorcière ? Cette femme est mon plus grand cauchemar.
Quand j’ai appris la disparition d’Aicha, j’ai dansé le mbalakh et je me suis dépêchée de revenir au pays. J’appris par Idrisse que Malick était complétement anéanti par sa disparition. Que même lui qui le détestait tant, avait pitié de lui. Alors j’ai préféré garder mes distances en lui envoyant de temps en temps un mail d’encouragement et de prière. C’est comme ça que je me suis liée d’amitié avec une avocate du cabinet pour avoir un œil sur lui. J’aurais pu allouer cette activité à Idrisse mais cela revenait à recoucher avec lui et je ne voulais plus prendre ce risque car c’est perdre définitivement Malick s’il l’apprenait. Quand ce dernier partit à la Mecque après l’arrêt des recherches de sa femme, je décidais de le rejoindre. J’ai su par mon indique, de l’agence de voyage que le Cabinet faisait appelle pour leur déplacement et je l’ai contacté. J’ai dû payer une belle fortune pour qu’on me dise dans quel hôtel il séjournait. J’y suis descendu et j’ai fait semblant de le rencontrer au hasard. Il a été très surpris et a gobé comme un enfant le fait que je sois devenue si pieuse et si pudique. Ha les hommes, tellement facile à manipuler. Comme les repas se servaient toujours les mêmes heures dans l’hôtel, nous nous voyons tout le temps et je le quittais toujours sans rien demander de plus. De fil en aiguille, il a fait de moi sa confidente en venant me voir pour me parler de son mal être. J’ai détesté l’écouter pleurer la perte de sa femme mais après trois mois cela a porté ses fruits. Nous avons recommencé à sortir ensemble il y a à peine deux mois et voilà que cette sorcière réapparait.
Comment je vais faire maintenant qu’Aicha est revenue ? Je n’arrive même pas à y croire encore ? Dire qu’il avait déjà téléphoné à mon père pour lui faire part de son désir de me demander officiellement la main dimanche prochain. Non, il ne va pas m’humilier une deuxième fois. Je ne l’accepterais pas. J’essuie mes larmes et me lève du canapé dans lequel j’étais couché depuis une heure au moins. Il me faut réagir et vite.
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 19 : Entre le chaud et le froid“]
Malick : la crise
Je sors de l’aéroport tout excité de retrouver Aicha. Ces cinq jours passé loin d’elle ont été pénible voire impossible. Malgré le boulot de monstre que j’avais, je trouvais toujours un moyen de l’appeler surtout le soir. Nous avons retrouvé notre complicité en moins de deux. Dès fois on se parlait jusqu’à minuit passé. Je sens que ma facture téléphonique de ce mois va être salée. Même si elle ne m’a pas encore dit « je t’aime », je sais que ça ne va pas tarder.
Dans le taxi qui me ramène chez moi, je pense à Marianne, au fait que je vais encore lui briser le cœur quand je la quitterais. Dire que je m’étais juré de ne plus jamais faire de mal à une femme. Je n’aurai jamais dû reprendre avec elle. Certes j’étais affecté à cette période mais ce n’était pas une excuse. J’appréhende tellement notre rencontre que ça m’angoisse. Sans réfléchir je décide de passer d’abord chez elle. Plus je prendrais du temps pour aller la voir plus je me mets en danger.
Cinq minutes plus tard je monte les escaliers menant chez elle, les battements de mon cœur commencent à s’accélérer. Devant la porte je prends un grand air avant de frapper trois coups incertains. Personne n’ouvre, je rétiaire mes coups et là j’entends du bruit dans la chambre et la clé de la porte qui se tourne. Mais au lieu de Marianne c’est sa petite sœur qui m’ouvre. Elle ne m’a jamais aimé et le regard de haine qu’elle me lance en dit long sur ce qu’elle pense de moi. Je racle la gorge avant de demander.
Moi (hésitant) : Salut, où est ta sœur ?
Awa (avec dédain) : Elle n’est pas là, dit–elle en fermant la porte que je m’empresse de caler avec mon pied.
Moi (pas convaincu) : Je voudrais m’en assurer de moi-même si je peux me le permettre.
Awa (haussant le ton) : Tu as vraiment le toupet de venir ici après ce que tu as fait.
Moi (fronçant les cils) : Et qu’est-ce que j’ai fait demandais–je en poussant cette fois avec force la porte qu’elle essayait toujours de fermer. Elle m’énerve grave cette gamine.
Awa (criant) : Sors d’ici où j’appelle la police espèce de lâche.
Moi (perdant mon impatience) : Surveille ton langage petite.
Elle me pousse avec force de ses petites mains. Je la regarde de haut et ne peux m’empêcher de pouffer de rire.
Awa (hystérique) : Espèce de salaud, tu oses…Je lui prend les deux mains et les tords derrières son dos l’obligeant à crier de douleur.
Moi (menaçant) : Je suis ton ainé de 18 ans alors je ne te permets pas de m’insulter. C’est compris ? Demandais–je en tordant un peu plus. Elle commence à pleurer et fait oui de la tête.
Marianne (apparaissant) : Laisse la tranquille Malick. Je la pousse la faisant tomber et elle se dépêche de se lever et de courir se cacher derrière sa grande sœur en pleurant. « Chip »enfant pourri gâté comme ça. Mon regard se reporte vers Marianne. A voir sa tenue, elle n’est pas encore levé pourtant il est presque 15 h. Les cheveux ébouriffés, le visage pale, Marianne me regarde avec des yeux de chiens battus. Je perds les mots face à autant de tristesse.
Moi (prenant mon courage) : es ce qu’on peut parler s’il te plait ? Seul. Continuais – je en fusillant sa sœur du regard.
Awa (se braquant encore) : Dans tes rêves. Je ne te laisserais plus jamais seul avec ma sœur pour que tu l’endoctrines encore, salle monstre. J’avance d’un pas, elle sursaute et se cache encore.
Moi (essayant de contenir ma colère et regardant avec insistance Marianne) : Je ne suis pas là pour des embrouilles. Appelle-moi quand tu seras disponible. Je tourne les talons mais avant que je n’atteigne la porte, Marianne hurle mon nom presque en pleure. Le temps que je me retourne, elle était dans mes bras et fond en larme.
Awa (très en colère) : Tu me fais vraiment pitié ma parole. Elle prend rageusement son sac sur une table basse et sort de l’appartement en claquant fortement la porte. Marianne continue de pleurer avec tellement de désespoir que je ne sais plus quoi faire ni quoi dire. Tout en réfléchissant à grande vitesse ce que j’allais lui dire, je la laisse se calmer dans mes bras.
Moi (voix douce) : Je suis désolé, profondément désolé Marianne….
Elle (sanglotant) : Ne me quitte pas, je t’en supplie.
Moi (mal pour elle) : Ne rends pas les choses plus difficiles qu’elles ne le sont déjà. Je…. Ce n’est pas….Je me tais encore, je ne sais vraiment pas quoi lui dire. Je m’attendais à tous sauf à la voir dans un tel état.
Elle : Je ne pourrais pas survivre à un deuxième abandon de ta part.
Moi (incertain) : Je ne t’abandonnerai jamais, on peut rester ami si tu veux. Je serais toujours là pour toi Marianne. A ces mots, elle me repousse violement en criant
Elle : Non, je ne veux rien savoir, tu as promis de m’épouser. Tu ne peux pas me faire ça Malick. Aaaaahhhhh. Son cri de douleur est tellement fort et si pleine de détresse que mon corps frisonne. J’ai l’impression de me revoir il y a un an quand j’ai accepté la perte d’Aicha. Là en face d’elle je la comprends, je ressens sa douleur et son angoisse car perdre la personne que l’on aime est une injustice sans nom, un vide qui fait perdre à la vie tout son sens. J’aurai voulu ne pas être celui qui la fasse souffrir à ce point car même si elle a fait des erreurs dans le passé, elle ne mérite pas ça. Ses larmes sortent comme une fontaine et elle se tient la bouche pour ne pas hurler.
Moi (faisant une dernière tentative) : Aicha, il faut…. Je me tais me rendant compte de ma bourde. C’était la goute de trop. Comme une hystérique, elle se lance dans la cuisine. Des mains tremblante, elle prend le couteau et le soulève au-dessus de son ventre. La scène est tellement rapide et inattendu que je réagis sans réfléchir. Comme j’étais trop loin d’elle, je prends la première chose qui me passe par la main (une vase) que je jette avec force vers elle afin de la déséquilibrer ou que sais – je encore. La peur et la panique est l’ennemi de l’homme. En tout cas, le résultat est horrible. Elle s’est affalée sur le sol totalement ensanglantée. Tremblant, je m’approche rapidement d’elle et tâte son pouls. Ouf, elle respire. Je prends mon portable et appelle l’ambulance, ensuite j’appelle Mouha. La situation me dépasse.
Abi : trouble
Depuis le temps, franchement il exagère. Je commence à m’inquiéter et je sens une crise d’angoisse se pointer. Depuis son accident, je ne suis jamais tranquille quand il prend l’avion. Il le sait tellement qu’il m’appelle toujours à la descente. Il a dû surement se précipiter chez Aicha et cela me pince le cœur. Mais je me suis fait une raison, sans elle Malick n’est qu’une loque de terre. La disparition d’Aicha m’a fait voir l’ampleur et la profondeur de son amour pour elle. Il n’a jamais été le même et je l’ai vu se détacher de moi petit à petit sans que je ne puisse rien faire
Mais maintenant qu’il est presque 20 h, je ne peux plus attendre. Je prends mon portable et compose son numéro qui tombe direct sur la boite vocale. Je rétiaire l’opération trois fois mais rien. Alors j’appelle Aicha et à ma grande surprise, elle me dit qu’elle ne l’a pas vue et comme moi, elle a essayé de le joindre. Vous vouliez voir la panique à la sénégalaise ? « Wouyaye »… Je suis tombée deux fois avant d’atteindre la porte d’entrer. « Baam », j’ai failli tomber à la renverse tellement la collision avec Malick est forte en ouvrant la porte. Je fais fis de cela et le sert très fort dans mes bras.
Moi (hoquetant) : Ou étais tu ? J’ai…. Je me tais pour retenir mes larmes. Je sais, je l’aime trop ce mec.
Malick (prenant un grand air) : Excuse moi, j’ai eu un petit contre temps et mon portable était déchargé. Je recule et constate à quel point il est en piteux état. Le visage triste, son habit débrayé, il m’entraine au salon dans un silence qui fait presque peur.
Moi (palpitant) : Qu’est – ce qui se passe ?
Malick (me fuyant du regard) : J’avais un dossier à régler en urgence et disons que ça ne s’est pas bien terminé.
Moi (soulagé) : Tu aurais dû m’appeler, tu sais que depuis…
Malick (me coupant) : Je sais. Excuse-moi. Je prends une douche et me change reprend-il en se dirigeant avec lassitude vers les escaliers.
Moi (intrigué) : Appelle Aicha avant, elle est aussi inquiète que moi. Prend mon portable. Il regarde la main que je lui tends et fait une grimace avant de continuer son chemin.
Malick (voix basse) : Appelle là et dit lui que je passe la voir tout à l’heure avant de retourner à mon affaire.
Moi (énervée) : C’est quelle affaire qui te met ainsi dans cet état ? Est – ce que tu me caches quelque chose Malick ? Il tique me confirmant mon soupçon. Il remue négativement sa tête et continue son chemin sans dire un mot. Je reste pensive une minute avant d’appeler Aicha et de lui dire ce qui se passe. Dès que je raccroche je me dirige décidée vers la chambre. J’entends l’eau couler et je me tourne vers ses habits jetés par terre. Instinctivement je les prends et commence à fouiller. Tout de suite c’est une facture de 800 000 franc payé pour une certaine Marianne Cisse dans une clinique. Mes céphalées se pointent direct. Qu’est-ce que je vois là. Malick sort de la douche avec son corps d’apollon magnifique. Je ne me rappelle plus la dernière fois qu’il m’a fait l’amour. Pauvre de moi. Nos regards se croisent avant que les tiens se reporte sur la facture que je tenais à la main
Malick (énervé) : Tu as repris tes manies ?
Moi (paniquée) : J’espère que ce n’est pas ce que je crois ?
Malick (rictus amère) : Et qu’est-ce que tu crois ?
Moi (énervée) : Qu’est – ce qu’une facture d’hôpital de ton ex – maitresse fou dans ta poche ?
Malick (se dirigeant vers la penderie) : J’ai eu ma dose aujourd’hui alors s’il te plait n’en rajoute pas. Là mes yeux se remplis de suite de larmes. Je m’asseye sur le lit et me prend la tête. Ha la vie est trop dure. Moi qui croyait qu’avec le retour d’Aicha s’en était fini avec les problèmes. A croire que nous sommes condamnés à les vivre. Il faut apprendre à les encaisser. Même quand vous avez un peu de bonheur, il faut le prendre juste comme un répit et s’armer pour le prochain malheur.
Malick (s’agenouillant devant moi) : Tu sais que je n’aime pas que l’on fouille dans mes affaires
Moi (essuyant une larme) : Tu m’y as obligée. Tu crois que je suis bête ou quoi ?
Malick (me regardant tristement) : Non mais je préfère que tu attendes que je t’en parle d’abord….
Moi (le coupant) : Allais- tu le faire ? Il ne dit rien et baisse les yeux, ce qui me fait encore plus peur. Malick n’est pas un homme à fuir du regard. Ne me dit pas que tu l’as mis enceinte ? Il ouvre grand les yeux et fait un non rapide. Alors qu’est ce qui se passe eu – je le courage de dire. Là il se lève, se prend le visage des mains et fait quelques pas. Je n’ose plus rien dire ni penser car je sais d’avance que ce qu’il va m’avouer va me faire trop mal puisque je le sais déjà. Quand il s’assoie près de moi et commence je retiens mon inspiration. Plus il parlait, plus j’étais dégoutée. Donc tout le temps que je m’efforçais de garder mon mal en patience avec la chasteté qu’il m’avait imposé après la disparition d’Aicha, monsieur piochait ailleurs. Un sentiment de dégout m’envahit pour la première fois de ma vie envers lui. Je ne retenais rien de ce qu’il disait à part le fait qu’il prenait son pied avec une autre femme tandis que moi je me faisais du sang d’encre. Priant pour lui, faisant des offrandes chaque jour, étant à ces petits soins et essayant tant bien que mal de le soutenir, de l’aider à passer le cap. Je n’ai pas attendue qu’il est fini pour aller m’enfermer dans les toilettes tellement j’avais le haut le cœur. Je n’ai pas eu aussi mal quand il a épousé Aicha. « Chi goor mo leundeum deugue »(l’homme est très sombre). Je ne sais pas si je suis en état de choc ou le fait que je sois trop en colère mais aucune larme ne sort. Je refuse de pleurer, c’est fini. Il frappe doucement à la porte mais n’insiste pas. Quand je ressors de la douche il était déjà habillé et parlait au téléphone.
Malick (voix basse) : Tu peux aller la – bas ? Je ne sais pas si…. Il se tait en me voyant avant de continuer. Je te rappelle. Je me dirige vers la sortie et il se dépêche de me barrer la route. Pardonne moi Abi, je sais que j’ai vraiment merdé mais j’ai besoin de ton soutient, que…. Je le fusille du regard avant d’essayer de retracer mon chemin. S’il te plait Abi, tu….
Moi (le coupant) : Depuis quand tu ne m’as pas toucher ? Il ouvre la bouche, la referme. Je vais te le dire. En presque deux ans, tu ne m’as fait l’amour que trois fois et moi comme une conne je l’ai acceptée parce que je croyais que tu n’étais pas prêt, que tu pleurais toujours la perte d’Aicha. Je me tais car je sens que les larmes commencent à se pointer.
Malick : J’ai fait le con, je le sais. Je ne sais pas ce qui m’a pris ? C’est la pire erreur de toute ma vie et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour me faire pardonner. Je t’aime Abi, tu…
Moi (ton tranchant) : Arrête tes baratins. «La plus grande lâcheté d’un homme c’est d’éveiller l’amour d’une femme sans avoir l’intention de l’aimer ». Tu es le père de mes enfants, ça c’est indéniable mais dans cette maison tu n’as plus de femme. Maintenant laisse-moi passer sinon je ne répondrais plus de moi. Il m’a regardé un moment et s’est écarté. Je suis partie sans me retourner. J’espère qu’Aicha va le quitter quand elle le saura comme ça il connaitra la même souffrance que moi.
Aicha : traumatisme
Abi m’a dit que Malick avait une urgence au bureau et qu’il est passé à la maison se changer ? Son bureau est à deux pas de chez moi alors pourquoi aller jusqu’à chez Abi pour se changer. Pourquoi il n’a pas voulu me parler ? Cette histoire cache quelque chose. Je suis très inquiète et je ne peux m’empêcher de tourner en rond. Ni pouvant plus je rappelle Abi mais elle ne décroche pas. La seconde fois, elle coupe l’appelle et éteint son portable. Je crois que je vais devenir folle. Je prends les clés de ma nouvelle voiture et quitte l’appartement direction chez elle. Mais en cours de route, je reçois un appelle. Je regarde : c’est Malick. Je me dépêche de décrocher en criant presque.
– Qu’est – ce qui se passe ? Je…
– Tu es où ?
– Je partais là chez Abi. Je ne savais plus quoi penser alors…
– Fait demi-tour, je suis chez toi fini –t’il de dire en raccrochant. Enervée au plus haut point, je fais ce qu’il dit et arrive en moins de cinq minutes à l’appartement. Quand j’ouvre la porte prête à attaque, je vois que c’est sombre.
– N’allume pas dit Malick, d’une voix douce et rauque à la fois qui me fait toujours de l’effet. J’avance dans le noir, le cœur battant plus vite.
– Tu peux me dire ce qui se passe s’il te plaît ? J’ai… Il me prend juste dans les bras et me serre très fort. Tous son corps tremble et il resserre son étreinte jusqu’à m’étouffer presque. Malick tu me fais peur articulais – je à peine. Tu…Il me prend sauvagement la bouche et m’entraine dans un baiser tellement violent et désespéré que je défaille. Je tente de me dégager encore une fois mais il me soulève et recommence à m’embrasser en m’entrainant dans la chambre. Déchainé, il déchire ma chemise et me pousse sur le lit me faisant tomber d’un coup. C’est là que j’ai eu un premier flash. Un homme d’âge mure me donne une gifle retentissante m’envoyant violement sur le lit. Je clignote les yeux croyant avoir rêvé. Le temps de m’inquiéter de ce que je viens de voir, Malick avait repris son assaut. Ses mains remontent brusquement ma jupe, exposent mon string en dentelle, alors que sa bouche avide se relance à la conquête de chaque centimètre de ma peau. Il recouvre mon corps de par ses mains, ses lèvres, son souffle chaud, le bruissement de sa chemise contre ma poitrine : chaque particule de mon corps est réceptive. Presque trop. Je ne réfléchis plus. A un moment il se relève brusquement et une plainte timide sort de ma bouche. Mes yeux commencent à s’habituer au noir et je le vois enlever son haut qu’il jette de loin et d’attaquer avec son pantalon. Il ne me laisse pas le temps d’admirer son beau corps que je ne peux m’empêcher de délecter à chaque fois. Il revient violemment sur moi et reprend la bouche dans un baiser d’une intensité tellement fort que je gémis. Quand il retrousse ma jupe une deuxième fois sans ménagement, un second flash réapparait plus violent que le premier. Le même homme se couche sur moi alors que je pleurs et que j’essaye de le repousser. Cette fois c’est tout mon corps qui se crispe mais Malick ne l’avait pas remarqué et quand il entre en moi brusquement je ne vois plus un, mais des dizaines de flash de ce monstre abusant de moi. Alors je ne me retiens plus, je crie.
– Nonnnn ! Malick se fige d’un coup. Sans le vouloir, mon corps tremble et je ferme très fort les yeux croyant que les images allaient partir mais ça continue encore et encore ; il me frappe, abuse de moi, me présente comme un trophée à des hommes…
Malick : Aicha ? Aicha ? Regarde-moi, s’il te plait regarde-moi crie– t-il. J’ouvre péniblement les yeux et vois qu’il avait allumé la lampe de chevet. Son regard à la fois paniqué et aimant me fait fondre en larme. Il me prend dans ses bras et me murmure tout bas : tu…tu….
Moi : C’est qui ce monstre ? Il…..la douleur est tellement fort que je ne peux plus prononcer des mots. Il m’encercle de ses bras protecteurs et me berce en caressant ma tête.
Malick : Pardonne-moi mon amour. Je n’aurai jamais dû te brusquer. S’il te plaît ne m’en veux pas, mon Dieu. Quand je l’entends hoqueter, je relève brusquement la tête oubliant ma douleur et mes larmes. J’essuie les tiens de mes paumes et lui donne une bise.
Moi : Je ne t’en veux pas dis – je en hoquetant et en lui donnant une autre bise. Tous les deux nous essayons de nous retenir mais c’est comme si nos larmes avaient décidé d’un commun accord à braver nos interdits. Nous avons fini par lâcher prise et laisser cours libre à ce Torre d’émotions. Une dizaine de minute plus tard, je m’endormais, fatiguée.
A mon réveil, la chambre était replongée dans le noir. Instinctivement je tâte le côté du lit mais il n’y a personne. Je me lève brusquement en cherchant Malick du regard.
Lui : Tu es réveillée ? Il est assis sur le seul fauteuil de la chambre et me regarde. Je ne vois pas ses yeux mais je ressens l’intensité de son regard.
Moi : Pourquoi tu ne dors pas ? Il se relève de sa hauteur marche doucement vers moi. Mes yeux glissent doucement sur chaque courbe, chaque ligne, chaque muscle. Ses proportions sont divines, je ne vois pas d’autre mot. Je sens la chaleur monter en moi. Il s’assoit langoureusement à mes côtés et me caresse doucement la joue.
Lui (voix sensuelle) : Tu vas mieux ? Je promène mes doigts sur son torse nu et sens sa peau se tendre. Je ne sais pas entre lui et moi qui est le plus réceptif face au contact de l’autre. Je ne sais pas si c’est l’intensité de son regard, ou le sourire au coin de son lèvre mais un autre flash revient mais cette fois de lui et moi dans un jardin céleste se saluant timidement. Ensuite, lui m’embrassant tendrement dans une table de restaurant. Instinctivement je tends mes lèvres vers lui.
Lui (hésitant) : Aicha…la manière si sensuelle qu’il a de prononcer mon nom me pousse à l’embrasser et comme je l’imagine, les souvenirs reviennent. De lui et moi, se taquinant, riant aux éclats, se pourchassant, faisant l’amour divinement. J’encercle mes bras autour de lui et relève la tête en lui donnant mon plus beau sourire. Ce n’est pas une bonne idée, tu…
Moi : Ca me revient ! Il fronce les cils, je prends sa main et le pose sur ma cuisse pour l’inciter à me caresser car depuis qu’il était assis à côté de moi, il n’osait me toucher. Je me souviens de nous deux Malick, lui dis- je. Je ferme les yeux, les images défilent et pénètrent tout mon être. Je m’approche comme un aimant de lui. J’ai envie de lui, plus que jamais. Fais-moi l’amour, osais – je lui murmurer. Il hésite encore et je me mets à califourchon sur lui et l’embrasse. Plus je suis excitée, plus les souvenirs de nous deux me reviennent. Je ne veux pas que ça s’arrête. Je lèche mes lèvres et le regarde droit dans les yeux. Fais-moi l’amour je t’ai dit. Là il m’embrasse et me retourne sur le lit. Je m’agrippe à lui et me laisse emporter dans cette spirale de désirs qui finit par nous emporter au paradis du plaisir de la chaire. Je me suis presque évanouie en atteignant l’orgasme, plus fort et plus dévastateur que les autres. Enfin j’étais délivrée.
Alors que nos esprits revenaient sur terre, que nos corps renaissaient, je ressentis une grosse boule se former autour de mon cœur et me donner envie de voler. Je me relève et lui souris, il y répond immédiatement.
Moi (heureuse) : Tu avais raison. Il entoure ses mains sur ma taille et me regarde malicieusement.
Malick : Sur quoi ?
Moi (sûre) : Je t’aime. Là il resserre son étreinte.
Malick (taquin) : Parce que tu en doutais ?
Moi : Regardez-moi ce prétentieux va. Il éclate de rire m’entrainant avec lui dans un roulement de corps qui failli nous faire tomber.
Malick (redevenu sérieux) : Promet que tu resteras toujours avec moi.
Moi : Oui bien sûr, tu…
Malick (me coupant) : Promet le moi Aicha. Sa voix est grave et son regard inquiet.
Moi (hésitante) : Je te le promets. Il prend un grand air et enfuit son visage au creux de ma poitrine. Tu vas enfin me dire ce qui se passe ?
Malick : Demain Inchalla. Laisse-nous savourer cette nuit. Dans tes bras j’oublie tout. Il m’embrasse et c’est reparti pour un autre tour.
Nous nous sommes endormis tard dans la nuit, fatigués, les bras enlacés l’un à l’autre.
Je suis réveillée par une caresse subtile d’une main sur mon dos et l’odeur forte du café. J’ouvre paresseusement mes yeux et voix l’homme de ma vie, le sourire aux lèvres me regardant amoureusement.
Malick : Salut princesse. Il est 9 heures passé et il faut que j’y aille. Je me relève regardant la montre. waouh j’ai dormi moi.
Moi (d’humeur voyeuse) : Tu m’as tué cette nuit, c’est normal que je fasse la grasse matinée. Il sourit et me fait une bise avant de me tendre mon plateau de petit déjeuner. Hum galant en plus dis – je.
Malick (faisant une mimique) : Ne t’y habitue pas petite paresseuse. Il regarde une deuxième fois la montre. Je me rends compte qu’il est nerveux et là je me souviens du problème mystérieux d’hier.
Moi (tapant sur le lit) : Assieds-toi et dit moi ce qui se passe sinon je ne réponds plus de moi. II ouvre la bouche, regarde derrière lui comme s’il fuyait quelqu’un ou quelque chose et se décide de s’assoir. Je repousse le plateau n’ayant plus d’un coup faim.
Malick (prenant un grand air) : Tu te souviens de tout ou juste des brides ?
Moi (inquiète) : Est – ce que tu m’as fait quelque chose dans le passé dont tu ne veux pas que je me souvienne ?
Lui (ouvrant les yeux) : Mais non bien sûr, je demandais ça pour autre chose.
Moi : Comme quoi ? Si tu veux parler de cet homme ? D’ailleurs c’est qui ? Pourquoi tu ne m’as pas préparé à ça.
Malick (posant son doigt sur ma bouche) : On vient à peine de se retrouver, mon voyage et puis ça ?
Moi (énervé) : Quoi ça ? Tu me fais peur.
Malick (posant ses mains sur le visage) : Je ne sais même pas par où commencer.
Moi (lui prenant la main) : Je t’écoute.
Malick (d’un trait) : Elle s’appelle Marianne, boom boom boom (battement de mon cœur). Je l’ai connu avant toi et… Tinc tinc. Nous regardons tous les deux vers la porte. Qui peux bien venir à cette heure-ci. Il me regarde et me lance en se levant. Reste ici. Dès qu’il sort, je me précipite vers l’armoire et enfile rapidement une robe. J’ai tout d’un coup un mauvais pressentiment. Deux hommes parlent avec mon mari, l’un tenant une menotte à la main. Mon cœur reprend la chamade surtout quand je vois deux autres hommes en uniformes sur le perron.
Malick (le dos tourné) : C’est quoi le motif ?
Un homme (trop sérieux) : Tentative de meurtre en la personne de Marianne Cisse.
Moi (criant) : Quoi ? Tout le monde se retourne vers moi.
Malick (agacé) : Je t’avais demandé de rester dans la chambre. Un des policiers lui prend la main en y mettant une menotte. Malick lui lance un regard tellement noir qu’il recule d’un pas.
L’homme (bégayant) : Vous êtes en état d’arrestation, vous avez le droit de garder le silence ou tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous, vous avez le droit d’appeler un….. Malick me regarde en faisant non de la tête et moi comme une statuette, je suis en état de choc. Qu’est ce qui se passe ?…..
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 20 : Intermède carcéral“]
Malick : déchéance
Nous sommes arrivés au Commissariat vers 10 h. J’étais tellement en colère que j’en tremblais. Tout de suite j’appris que c’est le père de Marianne qui a porté plainte et aussi que sa sœur a fait une déposition qui, j’en suis sûre, n’étais pas en ma faveur. J’ai appelé maitre Ndour, un des spécialistes du cabinet dans ce domaine. Heureusement pour moi, je fus amené au commissariat de Colobane où le commissaire est un ami et avec mon statut d’avocat, j’ai eu droit à quelques privilèges. On ne me confisqua pas mon portable et j’avais une cellule à moi seul même si elle n’était pas d’un luxe. Mon interrogation dura presque deux heures de temps et plus je répondais aux questions plus je me rendais compte que je n’aurai jamais dû ressortir avec Marianne. Après cela on me ramena à ma cellule. Le commissaire me confia que Marianne était réveillée et qu’en ce moment même ses hommes étaient en train de l’interroger pour savoir ce qui s’était réellement passé. Je fis un ouf de soulagement étant sûre qu’elle allait leur dire la vérité. Ce n’était plus qu’une question d’heure.
Durant tout le temps qu’à durée l’interrogation, je n’ai pas arrêté de penser à comment va réagir Aicha fasse à tout ça. J’ai l’impression dès fois que notre couple est maudit, que nous ne sommes pas nait pour rester ensemble. A chaque fois qu’on se retrouve surgit alors un problème qui nous sépare, encore. N’empêche je sais au plus profond de moi qu’il m’est impossible de vivre sans elle. J’ai cette femme dans la peau et dans le cœur, je ne pourrais me passer d’elle et je sais que c’est réciproque. Ce que je ressens et vis avec Aicha va au-delà de l’amour, un sentiment si intense et si profond que je ne peux l’expliquer moi-même. Alors qu’importe ce que l’avenir nous réserve, je suis prêt à affronter tous les maux sur terre pour rester avec elle.
Dès qu’on me remit dans ma cellule, la première chose que je fais c’est de l’appeler. Mon cœur bat tellement vite que je peine à respirer. Elle décroche à la première sonnerie.
Aicha : Allo. Je ne dis rien tellement je suis stressé. Mon amour comment tu vas ? Continue – t – elle. Ouf.
Moi : Oui ça va ? Et toi ?
Aicha : Devine? C’est qui cette Marianne et c’est quoi cette histoire de meurtre ?
Moi : Je préfère t’en parler de vive voix Aicha. Silence. Allo ?
Aicha : D’accord, je suis presque arrivée de toute façon.
Moi (anxieux) : Ok mon amour. Je raccroche en prenant un grand air. J’espère que je trouverais les mots pour lui expliquer l’inexplicable. On verra !
Je reprends mon portable et décide d’appeler Abi. Elle s’est surement calmée maintenant. Ça sonne mais elle ne décroche pas. J’appelle le gardien pour lui demander si elle était là, il me dit oui. Alors je lui demande de me la passer. Quelque seconde plus tard, je l’entends distinctement parler avec le gardien. Alors que je m’attendais à ce qu’elle réponde c’est Ibou qui reprend me disant d’une voie hésitante que Madame ne voulait pas me parler. Choqué, je reste 5 secondes sans rien dire et raccroche énervé. Haw, elle est vraiment en colère. Elle qui donne tellement d’importance au quand dira-t-on, si elle me rabroue devant notre gardien c’est parce qu’elle est vraiment décidée à me quitter. J’ai merdé avec elle et je ferais tout pour qu’elle me pardonne. Elle a raison de dire que je ne la respecte pas sinon jamais je n’aurai osé faire ça. Je décide de lui envoyer au moins un message sur WhatsApp car je saurais quand elle le lira. De toute façon l’écrit exprime souvent ce que la parole ne peut expliquer.
Message :
Je sais que je t’ai blessé et qu’il te serait difficile voire impossible de me pardonner mais je tiens à te dire que tu es une personne trop importante dans ma vie pour que je te laisse partir. Je te demande au plus profond de moi mes sincères excuses pour t’avoir trompé et manqué autant de respect. Donne-moi une dernière chance et je te prouverais que je t’aime.
Envoyé. J’attends une minute, je vois qu’elle l’a lu mais ne répond pas. Une veine dance dans mes veines. Mon père m’a toujours dit qu’il ne faut jamais froisser l’orgueil d’une femme. De deux choses : soit elle te quitte ou elle se venge. J’espère que Marianne ne vas pas prendre la seconde option.
Un policier vient ouvrir ma cellule en disant ‘Votre femme vous réclame maitre’. Je le suis en pressant le pas, le cœur battant très fort. Je la retrouve assise en tailleur, les jambes croisées, écoutant le commissaire avec attention. Dès qu’elle me voit elle se jette dans mes bras en m’enlaçant. Un baume de joie m’envahit. Ouf elle n’est pas en colère. Pas pour l’instant. Je lui donne une bise sensuelle et elle me sourit timidement.
Aicha : ça va, il ne t’on pas brusqué ici ?
Moi : Oui bébé, Louis est un ami dis – je en pointant du doigt le commissaire qui me fait un clin d’œil en se levant.
Louis : Bon les tourteaux, je vous laisse discuter mais surtout je ne veux pas de dérapage, c’est compris ? Il éclate de rire et sort du bureau. Je me retourne vers Aicha et l’embrasse fougueusement.
Aicha (reculant) : Tu ne l’as pas entendu ?
Moi (me rapprochant) : Tu me rends fou. Et tes souvenirs ça viennent toujours ?
Aicha (prenant sa tête par la main) : J’ai l’impression que ma tête va exploser tellement ils viennent avec intensité. Toi et moi, on s’aimait vraiment beaucoup.
Moi (offusqué) : On s’aimait ?
Aicha (rire) : L’heure est grave Malick, vient t’assoir et dit moi c’est quoi cette histoire.
Une quinzaine de minutes plus tard je me taisais enfin ayant approximativement tout dit. Elle ne dit rien, se lève et fais quelque pas.
Moi : S’il te plaît ne m’en veux pas. Je ne sais même pas ce qui m’a pris. Je ne t’aurais jamais trompé si tu étais là ou si je savais que tu étais vivante.
Aicha : Est – ce que tu l’aimes ?
Moi (Sans hésiter) : Non.
Aicha (énervée) : Alors pourquoi sortir encore une fois avec elle et même aller jusqu’à penser à l’épouser. Tu ne peux pas avoir ses réactions et dire que tu n’as pas de sentiment pour Marianne.
Moi (me levant et m’approchant d’elle) : Sans toi, j’étais tellement perdu. Je ne réfléchissais plus par rapport à mes actes ou mes dires. Je n’arrivais pas à dépasser la cape de la souffrance et de l’oubli. Marianne a été comme un gilet de sauvetage. Même si elle ne m’a pas redonnée goût à la vie, c’est grâce à elle si je n’ai pas sombré et si j’ai accepté cette réalité amère.
Aicha (fronçant les cils) : Et Abi dans tout ça ? Tu aurais pu te confier à elle au lieu d’aller voir ton ancienne maitresse, c’est vraiment louche tout ça.
Moi (cherchant les mots) : Comment confier à sa femme que je n’avais plus envie de vivre à cause d’une autre femme. Comment lui dire que sans toi ma vie était comme un coquillage vide, sans couleur ni goût. C’est aussi ma femme Aicha alors je ne pouvais me permettre d’épancher mes sentiments de toi sur elle.
Aicha (insistante) : Je suis toujours perplexe car tu avais aussi tes amis, Mouha ou Suzanne.
Moi (sentant les nerfs me lâcher) : Aicha, j’ai rencontrée par hasard Marianne à la Mecque. C’est arrivé naturellement. Elle ne me regardait pas avec pitié comme les autres et c’est peut – être ça qui a fait la différence.
Aicha (posant les mains sur son visage) : Cela fait combien de temps vous êtes ensemble ?
Moi : Deux mois à peine.
Elle (me regardant droit dans les yeux) : Tu as couché avec elle ?
Moi : Oui, deux fois. Elle fait un rictus amer et s’éloigne encore de moi.
Aicha (soufflant) : Donc tu fais partie de ces hommes qui peuvent tromper leurs femmes.
Moi (essayant de la prendre dans mes bras) : Ne dis pas ça, jamais je ne te tromperais. Elle refuse et me repousse.
Aicha (s’emportant) : Tu t’entends ? Pauvre Abi. C’est vraiment dégoûtant ce que tu as fait et c’est indigne de ta personne.
Moi (irrité) : Je sais tout ça. C’est bon.
Aicha (dure) : Non ce n’est pas bon. Sourate 17 / Verset 32 “Ne vous approchez pas de la fornication. C’est une abomination et une voie pleine d’embûches”. Malick, l’adultère est une pratique qui met en danger la sauvegarde de la pureté des relations filiales. C’est parce que la morale n’existe plus dans nos sociétés que la dignité humaine est tout le temps bafouée. Tu es comme toutes ces personnes qui pratique la religion mais qui ne l’applique pas et quand le châtiment divin arrive il s’en offusque. Je souris sans le faire exprès, ce qui la fait encore plus énervée vu le regard noir qu’elle me lance.
Moi : Excuse-moi, je constate juste que tu retrouves vraiment ta mémoire jusqu’à réciter des versets et ça me fait plaisir.
Aicha (très sérieuse) : Je ne blague pas Malick. L’homme véritable est celui qui est capable de supporter les épreuves aussi dures qu’ils soient. Je me crispe, là je suis touché.
Elle se tait et croise les bras. Silence d’aplomb et c’est là que le commissaire Louis choisit pour ré-entrer dans le bureau, le visage un peu crispé
Louis (hésitant) : Mon frère, les choses se corsent pour toi. Mes hommes viennent d’arriver et Mlle Cisse a confirmé les propos de son père.
Moi et Aicha (choqués) : Quoi ?
Louis (ton sérieux) : Elle dit que tu as effectivement essayé de la tuer par ce qu’elle t’a menacée d’avertir ta femme Aicha, ici présente, de votre relation.
Un vent de panique commence à s’installer mais je prends un grand air en fermant les yeux. Il ne faut surtout pas que je perds mon sang froid.
Louis (reprenant) : Maintenant qu’elle a confirmé, je ne peux plus te permettre certains privilèges comme garder ton portable ou avoir des visites à tout bout de champs. Je dois respecter la procédure. J’espère que tu me comprends.
Moi (toujours déboussolé) : Oui bien sûr lui répondis – je en lui donnant le portable. Je me tourne vers Aicha qui est presque au bord des larmes ce qui me soulage au fond. Voyant que j’hésite à m’approcher d’elle, elle le fait et encercle ses petites mains autour de ma taille
Aicha (voix douce) : Ne t’inquiète pas, on a vu pire toi et moi.
Moi (soupire) : Je te jure devant Dieu que je n….
Aicha (posant un doigt sur ma bouche) : Chut, tu n’as pas besoin de jurer, je te crois.
Moi (soulagé) : Tu ne sais pas à quel point je suis soulagé de ton soutien.
Aicha (sourire) : Je viens à peine de retrouver ma mémoire, mais du peu que j’ai vu, je sais que toi et moi c’est pour la vie alors qu’importe ce qui va se passer, je suis derrière toi. N’empêche tu n’es pas pardonné ok ?
Moi (heureux) : Je sais comment me faire….
Luis (toussotement) : Hum, hum. C’est bon là les tourtereaux ? Quand même. Rire général.
Moi (donnant une bise à Aicha) : Va y, on se revoit demain. S’il te plait convint Abi de venir me voir ; averti ma mère et les autres. Ne t’inquiète pas c’est une question d’un jour tout au plus. Tu verras.
Une heure plus tard, je retrouve mon avocat et Dimitri chef du service d’enquête.
Maitre Ndour (concentré) : Tu viens de faire une erreur de débutant mon cher.
Moi : Et c’est quoi ?
Maître Ndour (moqueur) : Blesser l’orgueil d’une femme. Si j’étais toi, je l’épouse et l’affaire est close. Tu vas y perdre beaucoup de plumes en allant au procès.
Moi (fâché) : Jamais. Je préfère mourir que de lui accorder quoi que ce soit et je suis prêt à assumer toutes les conséquences.
Dimitri (mordant son stylo) : Tu ferais mieux de suivre les conseils de ton avocat. Quand une femme veut montrer sa méchanceté même le diable s’assoit pour apprendre.
Rire général.
Moi (redevenant sérieux) : Trêve de plaisanterie. Je veux tous savoir d’elle durant ces cinq dernières années, absolument tout. Ne laisse aucun détail Dimitri, sort moi tous les cadavres de son placard. Quant – à toi Maitre va la voir et dis-lui qu’elle peut se rétracter avant qu’il ne soit trop tard et que je ne porterais pas plainte pour fausse accusation. Par contre si nous allons au tribunal, tant pis pour elle.
Aicha : la mémoire
Je quitte Malick, le cœur meurtri. Je suis très angoissée et je ne sais même pas par qui commencer. Finalement, je décide d’aller voir Abi en premier. Dans la voiture, les souvenirs d’elle me reviennent. Ma rencontre avec elle, nos divergences à cause de Malick. J’ai de plus en plus mal à la tête tellement les souvenirs viennent à flot.
Comme imaginée, je retrouve Abi en piteuse état. Assise au salon en robe bouffante, elle sirote un thé en regarder vaguement la télé. Ma fille s’amuse à côté d’elle avec ses jouets. Quand cette dernière me voit, elle court se cacher dans les bras d’Abi. Je me demande comment je vais faire pour la reprendre celle – là ?
Moi (hésitante) : Bonjour Abi !
Abi (sourire forcé) : Salut, comment tu vas ? On se fait les salutations d’usage et je réfléchis à comment exposer le problème.
Moi : Je ne sais pas par où commencer.
Abi (tranchante) : Alors ne commence pas.
Moi (cherchant mes mots) : Sa punition est sévère alors…
Abi (curieuse) : Quelle punition ?
Moi (m’assoyant) : Marianne l’accuse de tentative de meurtre et il est en ce moment même en garde à vue. Abi ouvre grand les yeux. Ouvre la bouche, la referme, la rouvre, la referme encore avant de la prendre carrément par ses mains. Il a demandé à te voir. Elle se tait un moment avant de rompre le silence par un éclatement de rire.
Abi (frappant les deux mains) : Niaw (bien fait pour lui). Walay Dieu est efficace dé.
Moi (essayant de garder mon sérieux) : Je sais qu’il t’a profondément blessé mais aujourd’hui plus que jamais, il a besoin de ton soutien.
Abi se levant : Laisse tomber Aicha, je n’ai plus rien à voir avec lui. De toute façon, il t’a toi.
Moi (lui prenant la main) : S’il te plaît Abi, tu es le socle de cette famille et…
Abi (se dégageant) : Socle mon œil oui. Tu ne me feras pas changer d’avis Aicha alors s’il te plait respecte ma décision. J’ai acceptée depuis longtemps le fait qu’il ne m’aime pas mais là, c’est la goutte de trop
Moi (me levant) : Quand un homme te trompe et que tu ne réagis pas, ne t’attends pas à ce qu’il ne le refasse pas. Là elle me lance un regard si noir que je frissonne mais comme je m’étais lancée, hors de question que je recule. Je bombe la poitrine et reprend : Abi, le mariage c’est comme un champ de blé. Si après avoir récolté les graines tu ne les arrose pas, ne t’attends pas à ce qu’il germe. Et quand elles auront germées, la plus grande difficulté résidera à les entretenir. Tu fais ton travail, tu enlèves toutes les mauvaises herbes, écrases les vers comme Marianne sur ton passage et tu continues ton chemin. Tu rencontreras quelque fois des tempêtes ou encore des manges mils viendront tous piller mais garde toujours en tête que temps que tu as ton champs, tu auras toujours la chance de faire de bonnes récoltes. Abi recule d’un pas, me regarde de haut en bas avant de dire.
Abi : Tu as retrouvé la mémoire ?
Moi : Oui ; Elle éclate de rire et me prend dans ses bras.
Abi (se redressant) : Et c’est qui le champ ?
Moi (petite moue) : Malick. Encore éclat de rire.
Abi : Do dème. Je suis contente que tu es retrouvée ta mémoire. Enfin dit – elle en soufflant grandement. Ok, il est dans quel commissariat ce malfrat ?
Moi (faisant une mimique) : Regardez-moi ça, han. Laisse monsieur poiroter encore quelques jours, ne prends aucun de ses appels et continue d’être fâchée. Quand je le verrais, je vais en rajouter une bonne couche.
Abi (fronçant les cils) : Je ne comprends plus rien. Tu viens que me faire la grande morale et maintenant ça.
Moi (prenant ma fille) : Il y a une différence entre soutenir et pardonner. Donc pour l’instant, tu le soutiens grandement en allant le voir avec toute la famille. Il dit que tout va se régler au plus tard demain soir donc tu attends son retour pour faire la triste et tout le tralala. Montre lui que tu es plus que dessus par son comportement et qu’il te faudra du temps pour t’en remettre. Réveille sa culpabilité au maximum. D’accord ?
Abi : Tu crois ?
Moi (sourire) : Ça lui apprendra. Regarde comme tes yeux sont bouffis tellement tu as pleuré. C’est une punition divine, plus jamais il ne nous trompera.
Abi (prenant sa bouche) : Hey Aicha, tu es méchante dé. Notre mari va dormir en prison et toi tu ris.
Moi (prenant mon bébé dans les bras) : Tu as vu où le sourire. Allons chez ma belle – mère lui dire avant qu’elle ne l’apprenne des radios. Et s’il te plaît ne t’inquiète pas, il est dans de bonne mains et comme il dit, tout va rentrer dans l’ordre.
Je suis passée à la pharmacie acheter un médicament pour mon mal de tête. De plus en plus je n’arrivais pas à supporter la douleur mais je ne pouvais dérober de mon devoir. En cours de route Abi appela la grande sœur de Malick, Oumi pour qu’elle nous rejoigne en urgence chez notre belle – mère. Abi avait l’air hyper tendue à notre arrivé à sacrée cœur. Tante Sokhna nous rejoint au salon un quart – heure après notre arrivée. Plus on l’attendait plus les souvenirs d’elle me revenait. Elle ne m’aimait pas, alors pas du tout. Je comprends maintenant le pourquoi de cette froideur à mon égard. J’ai toujours senti la fausseté dans ses gestes et paroles avec moi.
Tante (sourire jaune) : Mes belles filles ! Que me vaut le plaisir de cette visite surprise. Abi et moi, nous nous regardons et elle comme moi n’osons aborder le sujet. C’est là qu’Oumi entre en trombe dans le salon, le couple soufflé. Sa mère la regarde avec surprise avant de reporter ses yeux d’aigle vers nous. Gawé lène ma (répondez vite ?). Que se passe t – il encore ? Cette fois elle plonge son regard de venin vers le mien m’obligeant à baisser les yeux. Je sens que je vais encore y passer. Abi me prend fortement la main et raconte d’un trait ce qui se passe.
Vous vouliez voir un théâtre dramatique en direct ? Nous avons été servis. Ma belle – mère nous a sorti un monologue shakespearien digne de ce nom. Cette femme a une manière extraordinaire d’exprimait la douleur en y mettant toutes les artifices du monde. Mais dans toute cette mascarade, ce sont les insultes colorées qu’elle me lançait en pleine figure, qui commençaient à m’exaspérer. Je me suis levée avec calme pour m’adresser à elle.
Moi : Vous devriez garder votre énergie et votre colère pour demain quand vous serez en face de cette femme qui veut détruire la vie de votre fils. Si vous voulez bien m’excuser car j’ai une migraine affreuse depuis ce matin et j’aimerai aller voir le médecin fini – je en me tournant vers Abi et Oumi.
Tante Sokhna (voix acerbe) : Astahfiroulah, votre mari, mon fils, est en prison et vous ne voulez pas nous accompagner ?
Moi (regard méprisant) : Je l’ai déjà vu et parlé. Je t’appelle tout à l’heure Abi. Bye finis – je, en tournant les talons. Si je reste une minute je vais l’étriper. Comment Malick peut avoir une mère aussi artificielle, lui qui est si simple et humble ? J’espère que cette histoire va vite se régler sinon moi-même je croirais ce que ma belle – mère a dit. Sa phrase me revient sans cesse. « Quand deux étoiles contraire s’acharnent à prendre la même direction, partout où elles passent, elles provoqueront le Kao ».
Je n’ai pas eu la force d’aller voir un médecin, je suis retournée chez moi et je me suis couchée. Les souvenirs m’envahissent, la rencontre avec Malick, la manière fâcheuse dont nous nous sommes quittés la première fois. Mon mariage forcé avec ce maire et toutes les choses monstrueuses qu’il m’a fait. Ma deuxième rencontre avec Malick à cette fameuse soirée de gala. Enfin l’image de Wilane me revient, quand il a voulu abuser de moi, quand je lui ai tiré dessus. Tout me revient, même Marianne quand elle m’a attaquée sur le hall de l’entreprise et comment j’ai failli perdre mon bébé. Malick et son accident grave de l’avion. Le kidnapping et tout ce qui s’en est suivi….
Sous la couette je tremble et pleure avec désespoir. Peut – être que ma belle-mère a raison. Lui et moi n’avons jamais trouvé la paix depuis que l’on se connait. Devons-nous continuer à forcer le destin pour rester ensemble ?
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre 21- Partie 1 : La Proposition“]
Malick : Dans l’enfer de la prison
Je me demande des fois ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter tout ça. En plus d’avoir été accusé à tort, je me retrouve avec mon pire ennemi comme juge. Je ne compte pas les accrochages que nous avons eus ensemble dans les affaires qu’il a eu à juger. Comme imaginé, il ne m’a pas accordé de liberté provisoire et le pire dans tout ça, c’est que mon avocat n’a pas réussi à convaincre cette menteuse de Marianne de revenir sur sa déposition. Dimitri n’a rien trouvé de louche à part le fait qu’elle sortait avec Idrisse en même temps que moi. Cela m’a surpris mais ne m’a pas touché, au contraire cette nouvelle ne fait que montrer le côté tordu de cette femme.
Deux ans d’affilé que les malheurs se succèdent les uns plus féroces que les autres. Je ne me rappelle plus à quel moment j’ai connu le bonheur plus d’un mois. Je suis en prison depuis un mois et j’ai l’impression d’avoir fait une année entre ces murs austères et empreints de tristesse.
La prison de Rebeuss est une vraie jungle où les caïds règnent en maitre sous la complicité de certains gardiens. Depuis que je suis là, j’ai entendu tant de monstruosité que des fois je n’en dors pas. Jamais je n’aurai imaginé que l’on pouvait violer aussi aisément les dignités humaines. Des hommes qui sont censés faire régner la loi, se laisse entrainer dans le cercle vicieux de l’intolérance et de l’injustice qu’engendre l’abus de pouvoir.
Ici, il y a plusieurs catégories, les détenues politique et hommes d’affaires sont pour la plus part du temps au secteur 5 où règne le luxe. Moi, on m’a placé au troisième secteur où je partage ma chambre avec un ex-directeur de société qui avait fait un détournement d’argent. Djibérou Mbaye est un homme très fin d’esprit qui connait tous les coins et recoins de la prison mais surtout qui a une capacité d’adaptation extraordinaire. En moins d’un an, il a su mettre toute la prison dans sa poche, des gardiens aux caïds. Il est aimé de tous et sais comment acquérir les informations qu’il veut. Cet homme est une bibliothèque d’information et comme il veut que mon cabinet rouvre son dossier, il m’a accueilli avec tous les honneurs. Il a été mon ticket d’entrée et surtout mon guide dans cet enfer sur terre.
Aujourd’hui, je sais mieux que personne les réalités obscures qu’enferme l’emprisonnement à Rebeus. Je n’oublierais jamais le jour où j’ai visité le 2ème secteur où, dans les chambres 9 et 10, sont entassés comme des sardines 140 personnes sur environ 60 mètres carrés. Tout ce beau monde fait ses besoins dans une minuscule toilette où l’odeur se fait sentir à plus de mille lieux. Je n’ai même pas osé y entrer. Ce surpeuplement est dû à la longue période des détentions préventives, plus de la moitié des prisonniers attendent d’être jugés. Par faute d’argent pour se payer un avocat, certains restent des années en détention préventive, leurs dossiers ayant été sûrement mis aux oubliettes. Le cas qui m’a le plus marqué est ce jeune homme qui a volé un œuf et qui est en prison depuis cinq ans. Je me suis promis moi-même de le défendre à ma sortie. Quand j’en aurai fini avec ce dossier, le gars sera riche. Je n’ai jamais travaillé dans le social mais dès ma sortie, j’ouvrirai une branche spéciale pour ces hommes sans moyen et dont la plupart ont déjà purgés leurs peines vu le délit insignifiant qu’ils ont commis. Le plus triste dans l’histoire c’est que la plus part sont entrés en prison en simple délinquant juvénile pour en sortir en bandit pur et dur. La prison ayant détruit le peu d’humanité qui leur restait. Les tortures ne sont pas seulement physiques mais elles sont surtout psychologiques. Les jeunes hommes fraichement arrivés sont transformés en femme la nuit par les caïds. Rien que d’y penser, j’en ai les larmes aux yeux. Tant de vie détruite, des fois j’oublie même mon cas.
– Maitre Kane, vous avez de la visite. Je lève la tête de mon Coran pour voir le gardien derrière la porte de la cellule avec son sourire jaune. Je ferme mon livre sain et me lève avec peine car j’ai des fourmis aux jambes. Je ne sais même pas combien de temps j’ai passé assis sur mon natte. La prière est devenue mon refuge. Comme beaucoup de prisonniers, ici, seule la retraite spirituelle aide à tenir bon.
Je me dirige vers la salle de visite en pressant le pas. La dernière fois c’était avec Abi et mes sœurs, donc aujourd’hui c’est Aicha. J’espère qu’elle sera seule car j’ai remarqué qu’elle est un peu bizarre. Elle est moins démonstrative et surtout très silencieuse. Comme à chaque fois, mon cœur bat la chamade et se remplie de joie. J’ai toujours peurs quand je dois la retrouver. Va-t-elle continuer de supporter cette situation ? Restera-t-elle avec moi si je suis condamné ? Parce qu’il ne faut pas se voiler la face, je n’ai que 10 % de chance de m’en sortir.
J’ouvre la porte avec énergie mais mon exaltation fut vite dissoute quand je vois ma mère et un des pires ennemis de mon défunt père et de surcroît son frère. Cela doit faire presque cinq ans que je ne l’ai pas vu. Je devine aisément ce qu’il vient faire ici et je regarde ma mère avec désapprobation.
Aicha était assise entre les deux. Comme à chaque fois qu’elle vient me voir, maman commence sa crise. Avec cette façon extraordinaire de montrer sa peine, elle me fait des fois peur. Elle se prend la bouche et tape les deux mains. C’est partie….
Maman : Hé Dieu qu’est – ce qu’on t’a fait woooo….quelle malédiction woooo….pourquoi lui woooo….Elle se tape très fort la poitrine et reprend un autre tour. Habitué à ce cirque, je me tourne vers Aicha, laissant le soin à mon oncle de la calmer. Cette dernière porte une jolie taille basse rouge avec de jolis motifs de toutes les couleurs. Ça lui va si bien que je ne peux m’empêcher de la prendre dans mes bras et de l’embrasser. Tant pis pour les âmes sensibles.
Mon oncle (choqué) : Astaghfiroulah, tu n’es pas un toubab Malick. Qu’est – ce que ça veut dire ?
Moi (ricanant) : Tu as vu comme elle est jolie ? Aicha n’ose lever la tête. Je lui prends la main et la pousse à s’assoir près de moi en l’encerclant très fort dans mes bras. Là, j’intercepte un regard méchant de ma mère envers Aicha. Ce qui me fait tiquer de suite.
Moi (énervé) : Que se passe-t-il encore ?
Maman (essuyant ses larmes) : Je ne sais pas comment te le dire ? Elle se tourne vers mon oncle qui, comme elle, fuit mon regard.
Moi (ton tranchant) : Si c’est pour me dire des absurdités alors abstenez-vous car je ne n’ai vraiment pas la tête….
Mon oncle : Surveille ton langage mon fils, tu as oublié à qui tu parles ?
Aicha me pince le bras et me jette un regard tellement suppliant que je me tais.
Maman (hésitante) : Ce que je vais te dire va te paraitre absurde et surtout tu vas croire que je le fais….
Moi (stressé) : Viens en au fait. Je croise les bras et sort mon visage le plus renfrogné. Je ne sais pas pourquoi mais je sens que cela a à voir avec Aicha. Maman regarde mon oncle qui se racle la gorge avant de parler.
Mon oncle : ça concerne vous deux et ne sera pas facile à entendre.
Moi (commençant à deviner ou il veut en venir) : Alors ne le dis pas. Sans le vouloir, les battements de mon cœur s’accélèrent.
Mon oncle : Pourtant, il le faut mon fils alors écoute moi bien et ne me coupe pas s’il te plaît. Je me lève de la chaise avec rage mais Aicha me retient par le bras avec force. Ses yeux sont embués de larmes et elle les essuies d’un revers mains. Mon oncle fait pareil et se met en face de moi, me regardant droit dans les yeux avant de continuer. Je m’étais juré de ne plus me mêler de ta vie parce que tu es comme ton père, un toubab qui ne croit plus nos réalités. Mais tu es le fils de mon frère, mon sang. Alors qu’importe ta colère quand tu entendras ce que j’ai à te dire, au moins j’aurai rempli mon devoir envers toi.
Moi (me retenant) : Parle et qu’on en finisse. Il racle encore sa voie avant de commencer.
Mon oncle (regardant vers Aicha) : Si j’ai voulu te voir en présence de ta femme c’est parce qu’elle est en partie la cause de tout ceci. Indirectement bien sûr s’empresse t – il de dire vu le regard noir que je lui ai lancé. Dès que tu as commencé à souhaiter qu’Aicha devienne ta femme, les problèmes se sont succédé. D’abord ton accident de voiture qui a failli te couter la vie, ensuite celui de l’avion, puis elle avec son kidnapping et sa tentative de suicide, enfin cette affaire qui risque de détruire ta carrière à jamais. Tu… Je lève la main.
Moi (le stoppant) : Assez, je ne veux plus rien entendre. Merci d’être venu et à l’avenir mêle toi de ce qui te regarde. Je n’ai pas besoin d’aide pour mettre de l’ordre dans ma vie. Tes remarques, tu les gardes pour toi et ton groupe de sorciers.
Mon oncle (outré) : Si tu étais mon fils, je t’aurai donné une bonne gifle. Ton insolence te perdra.
Moi (regard noir) : Comme tu dis, je ne suis pas ton fils. Maintenant si tu veux bien nous excuser. Je décale d’un pas et lui fait signe du menton la sortie.
Mon oncle (fulminant) : Tu vas regretter cet affront. Ma mère le supplie et le suit comme un toutou vers la sortie. Je me retiens grave pour ne pas exploser. Aicha ne semble plus tenir sur ses pieds, je m’empresse de la faire assoir et de la prendre dans mes bras en lui murmurant dans son oreille.
Moi : Ne croit surtout pas à ce qu’il vient de dire. Au Sénégal, on lie tout au mysticisme et cet homme que tu viens de voir ne vit que de ça. Mon père l’a éloigné très tôt de sa vie.
Aicha (triste) : ils ont raison Malick, arrêtons de nous voiler la face. Depuis le début, c’est comme ça. A chaque fois que l’on se met ensemble, il arrive un malheur à l’un d’entre nous. Nous sommes des étoiles contraires…
Moi (énervé) : tu….
Maman (derrière moi) : Ecoute là, ne laisse pas ton amour t’aveugler.
Cette fois j’explose.
Moi (criant) : Arrête tes bêtises. Est – ce que tu t’entends maman ? Tu es en train de cautionner exactement ce que papa a réfuté jusqu’à sa mort. Es – tu aussi désespérée pour croire mon oncle, ce charlatan de bas étage ? Tu as oublié ou veux-tu que je te rafraîchisse la mémoire ? Je me tourne pour m’adresser à Aicha et je ne la vois pas. J’ai un haut le cœur et une migraine fulgurante apparait. Je prends ma mère par le bras en la poussant. Va la rattraper, si jamais elle me quitte, je ne suis plus ton fils.
Maman (recommençant à pleurer mais cette fois avec franchise) : Il y va de ta survie. Alors même si je dois te perdre, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour vous séparer. J’ouvre la bouche mais aucun son ne sort. Hé Allah.
Aicha : la décision
Je sors de la prison, le cœur meurtri car maintenant dans ma tête tout est clair. Des fois l’amour ne suffit pas pour rendre heureux. Seul Dieu sait ce qui est la cause de tout ceci mais ce qui est sûr c’est que nous ne serons jamais heureux ensemble.
Connaissant Malick, il n’acceptera jamais de me laisser partir mais il m’en voudra énormément si je le quitte à cet instant où il a le plus besoin de moi. Il se sentira trahi et n’essayera pas de me retrouver. Je prends mon portable, les mains tremblantes et compose le numéro de Michael.
Moi (la voix tremblante) : Bonjour Micha, est – ce que tu peux me trouver un avocat spécialisé en divorce.
Lui (voix inquiète) : Oui bien sûr. Tout va bien ?
Moi (le souffle coupé) : Oui. Je te laisse. Dès que je raccroche, je fonds en larme. Maintenant que c’est sorti de ma bouche, je craque. Je suis restée une quinzaine de minutes dans la voiture avant de démarrer direction chez Marianne. Il parait qu’elle est sortie depuis une semaine maintenant. Peut – être qu’elle reviendra sur sa déposition si elle sait que je pars car au fond c’est mon retour qui est la cause de tout ceci.
Cela m’a pris presque une heure pour convaincre Suzanne de me donner l’adresse de Marianne et en même temps la faire jurer de ne rien dire à Malick. Elle savait comme moi que Malick n’avait aucune chance de gagner ce procès. Il fallait un miracle.
Je me gare devant l’immeuble où habite la sorcière et sort de la voiture bien décidée. Je présente au gardien cinq billets vert qu’il s’empresse de mettre dans sa poche avant de m’ouvrir grandement la porte de l’immeuble. Avec l’argent tout s’achète. En prenant l’ascenseur, mon esprit tourne cent à l’heure, je ne sais même pas quoi lui dire. Devant la porte, mon cœur bat très fort. Je prends un grand air et sonne. Il n’y a plus de retour en arrière.
Comme soupçonnée, sa première réaction quand elle ouvre la porte est d’essayer de la refermer au plus vite. Je me dépêche de lui en empêcher et de la pousser très fort avec la porte. Elle court derrière le comptoir et prend un couteau.
Moi (levant les mains) : Je viens en paix Marianne, je veux juste trouver un terrain d’entente avec toi.
Elle (hystérique) : Tu ne me convaincras pas, j’irais jusqu’au bout.
Moi (croisant les mains) : Tes conditions sont les miennes. Je ferais tout ce que tu voudras.
Elle (fronçant les cils) : C’est un piège.
Moi : Tu as ma parole d’honneur que…
Elle : Je n’en ai rien à foutre de ta parole. Je suis sûre que tu as un micro sur toi.
Moi : Mais non. Je te jure que je n’ai rien sur moi. Elle me fait signe d’approcher. Après cinq minutes de fouilles méticuleuses, elle accepte enfin de me parler.
Elle : Bon qu’est-ce que tu me veux ?
Moi : C’est à toi de me dire ce que tu veux, répondis – je en venant m’assoir en face d’elle.
Elle (sourire machiavélique) : Je veux lui rendre la monnaie de sa pièce, le faire souffrir.
Moi (bouillant de l’intérieur) : Tu ne crois pas qu’il a déjà assez payé. Cela fait un mois qu’il est prison maintenant et cela va s’en dire que cela porte gravement atteinte à son entreprise. Déjà qu’il était en difficulté, cette publicité mensongère va carrément le faire sombrer.
Elle (rictus amère) : Vous savez aussi bien que moi que Malick saura se relever facilement, il est doué dans ce qu’il fait. D’ailleurs il est doué en tout surtout au lit finit-elle en éclatant de rire. J’ai juste envie de l’étrangler. Elle se relève et va se servir un verre de jus d’orange qu’elle boit d’un trait. Ses mains tremblent légèrement montrant ainsi son trouble qu’elle essaye tant bien que mal de cacher. Elle est bien décidée à aller jusqu’au bout cette sorcière. Je sors ma deuxième arme.
Moi (la rejoignant) : Et si je te donnais l’occasion de te venger sans que vous ayez à vous entredéchirer dans un procès. Car il en va sans dire que ça ne sera pas seulement lui qui sera au-devant de la scène. Aux yeux de la société, tu es la maitresse, l’infidèle et encore. Les avocats de Malick vont….
Elle (énervée) : Tant pis, il a déjà détruit ma vie alors ne te fatigue pas, je ne vais pas reculer dit – elle, les yeux noirs de colère.
Moi : Même si je le quitte. Une lueur de joie traverse ses yeux avant de reprendre son sérieux
Elle : Tu bluffes.
Moi (décisive) : Pas le moins du monde. Si tu acceptes mon marché, je t’enverrais au plus tard jeudi mes papiers de divorce.
Elle : Malick ne va jamais accepté de signer les papiers.
Moi : cela dépend de comment je vais le lui présenter. Tu le connais, il a une égo surdimensionné, si je lui fais croire que j’ai honte d’être la femme d’un meurtrier, il signera et ne cherchera plus à me voir. Alors ?
Elle : Et qui me dit qu’après tu ne vas pas revenir et tout lui expliquer ? Tu me prends pour qui ?
Moi : Parce que je ne veux plus de lui. Elle éclate de rire jusqu’à se tenir le ventre mais voyant que je reste de marbre, elle reprend son sérieux.
Elle : Pourquoi ?
Moi : C’est personnel. Je t’enverrais aussi la photocopie de mon billet d’avion car je quitte le pays au plus tard jeudi. Je prends mon sac et en sort la carte de visite de Michal. Voici mon adjoint, appelle-le pour récupérer pour disposer de la somme d’un million de dollars que je t’ai allouée. Cette fois ses yeux s’éclaircissent de joie. Tout ce que je veux c’est que tu disparais de la vie de Malick. Si tu ne changes pas ta déposition d’ici la fin de la semaine, je considérerais ce contrat nul et non avenu. Adieu Marianne. Je tourne les talons et sors de son appartement sans me retourner. Maintenant à moi de respecter mon contrat.
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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[toggle title=”Chapitre final : le dénouement“]
Aicha : rétropédalage
Je quitte Marianne le cœur en miettes. Est-ce vraiment la solution ? Malick s’est toujours battu pour moi. Il a failli se ruiner pour me retrouver. Malgré mon passé, il m’a soutenu et surtout il m’a donné tout son amour pour être et rester avec moi. Avec lui, j’ai repris gout à la vie. Je ferai tout pour lui mais en voulant le quitter pour le sauver de la prison, je nous condamne car je sais au plus profond de moi que l’un ne peut vivre sans l’autre. A cet instant, mon portable sonne. Je ne décroche pas car ne connaissant pas le numéro et surtout parce que je n’étais pas d’humeur. Mais la personne insiste tellement que je finis par décrocher.
Moi (agacée) : ALLO !
Inconnu (en colère) : Enfin, petite folle. Qu’est-ce que c’est que cette façon de me quitter comme ça. Tu m’obliges à soudoyer un gardien pour t’appeler alors que je m’étais juré de ne pas entrer dans ces magouilles, crie Malick en colère. Je n’ose dire un mot ; mon cœur bat très vite. ALLO, vocifère-t-il encore.
Moi (paniquée) : Oui, répondis – je rapidement tellement son ‘allo’ est menaçant.
Malick : Je ne veux même pas savoir ce qui se passe dans ta petite tête de moineau. Juste te prévenir que si tu me quittes, je te retrouverais à ma sortie et je te botterais les fesses tellement fort que tu vas ameuter tout le quartier. Je souris à ces derniers mots.
Moi : Et qui te dit que je vais te quitter.
Malick : Parce que je te connais Aicha Ndiaye. Tu es impulsive, peureuse et influençable. Je ne sais pas ce que tu prépares mais sois sûre que je ne te laisserais pas faire ? Soof nga torop ah (tu es fatigante). Sache que ma patience a des limites et je ne suis pas ton toutou, crie-t-il encore plus fort. Waw, ma parole, il est vraiment fâché le mec, dis donc.
Moi (qui commence à m’énerver) : Pourquoi tu me cries dessus ?
Malick (toujours en criant) : Parce que ton naïveté infantile là commence à bien faire. Réveille-toi Aicha et arrête de réfléchir si négativement. Tu ne peux pas fuir à chaque fois qu’il y a problème, affronte-les. Adina dafa touki (c’est la fin du monde). Si tu n’es pas forte psychologiquement, on t’écrase comme une mouche.
Moi : Je veux juste vivre en paix et…
Malick : Alors meurs tout simplement.
Moi (outrée) : Quoi ?
Malick : Tu m’as bien entendu. Qu’est – ce que tu crois ? La vie n’est pas toujours rose Aicha. Tu rencontreras toujours des obstacles, des problèmes qui te feront perdre la raison mais cela ne doit pas être une raison pour abandonner. On doit toujours se battre pour son bonheur. Réjouie toi de ce que Dieu te donne car il y a des gens qui ont subi des atrocités cent fois plus grandes que les tiennes.
Moi (piquée au vif) : Je ne suis pas ingrate envers Dieu, sauf que….
Malick (me coupant encore) : Tu as été violée, frappée, enlevée et encore. Mais d’un autre côté, tu as une famille merveilleuse qui t’aime à la folie, une jolie petite fille, un bel appartement, un bon job et pour couronner le tout : l’homme de ta vie. Un homme dont toutes les femmes rêvent la nuit.
Moi (rire) : Oui c’est ça.
Malick (rires) : J’ai raison. Je suis beau, riche, bon au pieu, extrêmement gentil, bon pratiquant et surtout très droit. Que demander de plus.
Moi (me retenant) : Quelle modestie !
Malick : Bref, je veux juste te faire comprendre que tu devrais être toujours reconnaissante à Dieu pour ce qu’il t’a donné. Si tu souffres aujourd’hui, c’est parce que ton destin te prépare à de bien plus merveilleux pour demain. Il y a quelque temps, j’ai regardé un documentaire sur le Sud – Soudan fait par un journaliste, deux ans après la mort de John Garang, un chef rebelle qui compte parmi les rares chefs de guérilla à avoir gagné pour son peuple. Ce journaliste a parcouru le pays pour comprendre comment les milices ethniques qui se sont formées suite au nouveau vide de pouvoir et se sont mises à massacrer des civils par milliers. Je retiendrai toujours de ce documentaire, la découverte d’un groupe de survivants d’une minuterie qui avait fui son village pour se cacher dans la forêt. Ils étaient à peu près une cinquantaine de personnes, cachées dans une petite grotte, et avaient comme seule nourriture de la journée, une banane que l’un d’eux était allé chercher dans la forêt. A cette période, il y avait des opérations de sauvetage organisées par des ONG et ils ont eu la chance d’en faire partie. Quand on les a interviewés, ils ont dit qu’avant de s’échapper, ils ont subi les pires atrocités humaines, que leurs femmes et filles se faisaient violer pratiquement toutes les nuits, que la plupart des hommes du village avaient succombé à la torture, que tous leurs biens avaient été pris de force : maison, champs, bétail, habits…tout. Trois mois plus tard, le même journalise est allé les retrouver pour savoir ce qu’ils sont devenus. Ils étaient toujours là, le sourire sur leurs visages, en train de reconstruire de nouvelles maisons, de repaitre des champs, de réapprendre à vivre dans la dignité et le bonheur à travers le peu qu’ils avaient. Bref tout ça pour te dire qu’il y a des personnes qui ont des malheurs cent fois plus grands que le nôtre et pourtant elles s’accrochent. Tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir. A ces derniers mots, je fonds en larme.
Moi : Je t’aime tellement.
Malick (plus calme) : Alors reste et prouve-le. Ne baisse jamais les bras. Fais ton devoir, respecte les principes de la vie et laisse Dieu faire le reste. Silence…..
Moi (plus sereine) : Tu as raté ta vocation.
Malick : Ah bon ?
Moi : Oui, tu aurais dû être psychologue. Eclat de rire.
Malick : Bon, trêve de plaisanterie. Qu’est – ce que tu manigances avec Marianne ?
Moi (surprise) : Tu… Tu….
Malick : Avant de te joindre, j’ai d’abord appelé Dimitri pour lui demander de te faire suivre au cas où l’idée de quitter le pays te prendrait et il m’a dit qu’on venait de lui informer que tu étais avec Marianne qui est surveillée de très près par ses hommes. Alors ?
Moi (irritée) : Alors quoi ?
Malick (grande respiration) : Je n’ai pas de temps pour les devinettes, je n’ai acheté que dix minutes de conversation. Je t’écoute. Qu’est – ce que vous vous êtes dit ? Je prends un grand air avant de lui raconter de A à Z ce qui s’était dit. Alors que je m’attendais à entendre des récriminations, c’est un grand rire que j’entends au bout de la ligne.
Moi : Tu n’es pas fâché ?
Malick : Pourquoi ? Tu viens d’acheter mon ticket de sortie. C’est une excellente idée. On va faire exactement ce qu’elle veut. À la prochaine visite, tu viens avec les papiers de divorce et devant tout le monde on se donne en spectacle. Je demanderais à ma mère de venir avec les deux plus grandes mégères de la famille. Je verrais ce que je vais prétexter. Après coup, Dimitri va contacter anonymement les journalistes qui après vérifications vont étaler cela au grand public. Marianne n’y verra que du feu.
Moi (perplexe) : Tu n’as pas trop regardé de films toi ?
Malick (rire) : Beaucoup même. Il va falloir que tu sois une vraie comédienne.
Moi (incertaine) : Tu crois vraiment que cela va marcher ?
Malick : Tu voulais m’aider non ? Maintenant la balle est dans ton camp. Par contre, il est hors de question que tu lui donnes un franc. Met Dimitri en relation avec ton financier et ils feront de telle sorte qu’elle pense que l’argent lui a été viré. Il faut que je te laisse. Je t’appelle demain à la même heure pour qu’on peaufine tout cela. Je t’aime.
Moi : Je t’aime aussi…… Coupé.
Je souris, le cœur plus léger. Il a raison, il faut que je me batte pour nous.
Une semaine plus tard
Dibore : au tribunal
Je suis complétement dépassée par les évènements. Ma fille a demandé le divorce à son mari sans nous consulter. Moi comme son père, nous lui en voulons énormément surtout qu’elle nous fuit comme la peste et refuse de nous donner une quelconque explication. Le pire est que nous avons appris tout cela dans les journaux. Comment ma fille a pu changer à ce point et être aussi cruelle. D’après les journaux, elle lui a présenté les papiers de divorce devant la mère de Malick et ses tantes. S’en est suivi une grosse dispute avec les insultes et sans les gardiens, une bagarre allait éclater. J’en ai la chair de poule rien que d’y penser.
C’est aujourd’hui le procès de mon gendre et je ne voulais pas y aller mais mon mari a insisté. Cela fait une demi-heure que nous sommes arrivés. Aucun signe de ma fille.
Moi (me tournant vers Ngoor) : Chi la honte va me tuer. Je crois toujours qu’il ne fallait pas venir.
Ngoor (énervé) : Mon honneur ne me permet pas de ne pas être présent. Ta fille nous a assez mis la honte alors n’en rajoute pas.
Menoumbé (calme) : Arrêtez de la juger sans connaitre ses raisons. Jusqu’à preuve du contraire, je pense qu’elle a un motif bien défini pour avoir agi ainsi.
Ngoor (menaçant) : Je m’en fou, je n’ai plus de fille. Menoumbé essaye encore de dire un mot mais son père le regarde avec une telle méchanceté qu’il s’abstient finalement.
Nous entrons dans la salle d’audience qui commence à refuser du monde. Je baisse la tête et agrippe fortement le grand boubou de Ngoor. Ce dernier marche rapidement et dix secondes après, nous étions en face de mon gendre. Oh la honte de ma vie surtout quand il nous salue chaleureusement comme si de rien n’était. Comme toujours, il est élégamment habillé dans un costume gris qui rehausse son teint. Mon gendre est vraiment beau nak. Il m’a sorti un sourire si franc que j’ai oublié ma honte. Cette accalmie fut de courte durée quand sa mère s’approcha de nous avec son regard de lionne. Taye gnou dè (On va mourir).
Sokhna (rictus amère) : Vous n’avez pas honte de vous présenter ici après ce que votre fille a fait ?
Malick (regard désapprobateur) : Maman ce n’est ni le lieu ni le moment alors je t’arrête tout de suite. C’est compris ? Elle nous regarde à tour de rôle avant de nous lancer une chipatou digne d’une Linguère du Fouta. L’avocat de mon gendre nous fais signe d’aller rejoindre nos places. Ce qu’on fit sans tarder. J’ose enfin faire le tour de la salle des yeux. Il y avait Abi qui me salue avec le sourire qu’elle réprime rapidement au vu de sa belle – mère. Il y a aussi les sœurs de Malick, quelques oncles et tantes que je reconnais par ci, par là. Aucun signe d’Aicha. Je prends mon portable et tente encore de la joindre. Peine perdue, je regarde apeuré Menoumbé qui me sert très fort la main en me souriant. Je sors mon chapelet et commence à prier. Que Dieu nous vienne en aide. Amiin
Suzanne : rebondissement
La salle est à son comble. Cette semaine je n’ai pas vu Malick et ce que j’ai lu dans les journaux ne m’enchante guère. Je suis passée à deux reprises voir Aicha ; mais aucun signe. C’est comme si elle s’était évaporée dans la nature. Je ne comprends rien à cette histoire et j’ai le sentiment que quelque chose m’échappe. Le juge entre faisant lever automatiquement toute la salle, comme il est de coutume.
Un homme crie : La séance est ouverte.
Le juge (regardant méchamment Malick) : Veuillez-vous assoir.
Ç’est plus que de la malchance. Je ne sais pas ce que Malick a fait au bon Dieu, mais Il doit vraiment lui en vouloir pour le confronter à son pire ennemi dans un procès. Mon cœur commence à battre très vite. J’ai peur. D’après les informations rassemblées çà et là, le procès ne va pas durer étant donné qu’il y a peu de témoins. L’introduction des avocats de chaque partie commence. Celle de Marianne fut très virulente. Quant à Malick, il a été diplomate, concis et précis. Je ne sais pas à quoi il joue, à moins qu’il y ait un second plan. En tout cas, ça démarre vraiment mal pour nous. Je commence à transpirer et la salle devient étouffante d’un coup ; surtout quand la sœur de la plaignante ouvrit les débats avec un témoignage plus que désavantageux pour Malick. Et, à la stupéfaction générale, Maître Ndour ne lui posa aucune question. Cette fois j’en suis sûre, quelque chose se prépare. Je profite de l’installation de Marianne devant la barre pour me rapprocher de Malick.
Moi : Pst, sifflais-je. Il se tourne vers moi et me regarde avec malice. Que se passe-t-il, chuchotais – je avec des mimiques. Il pose un doigt sur son oreille ensuite sous son œil du genre écoute et regarde. Ensuite, il me sourit et me fait un clin d’œil. Là, il vient de me confirmer ce que je pensais. Comme si on venait de m’enlever un poids très lourd de la poitrine. Je rejoins ma place et attends avec impatience la suite.
Habillée comme une princesse, Marianne fait le tour de la salle des yeux avant de s’arrêter devant Malick. Elle finit par baisser les yeux et commence à se torpiller sa jupe courte qui dévoile ses longues jambes bien fuselées. Cette femme pourrait avoir tout homme qu’elle veut. Pourquoi s’acharner ainsi jusqu’à inventer un meurtre. Hé la femme est mystérieuse.
Le juge : Jurez-vous de dire toute la vérité, rien que la vérité quoi qu’il vous en coûte :
Marianne (levant la main) : Je le jure. Elle regarde encore Malick et un langage de sourd se déroule devant nous. La jeune fille finit par baisser la tête.
Son avocat (vient se mettre devant elle) : Mme Cissé, il y a un mois Me Kane ici présent est venu vous voir pour disons rompre avec vous. Racontez-nous comment il a essayé de vous tuer ?
L’avocat de Malick : Objection votre honneur.
Le juge : Objection retenue. Contentez-vous de poser vos questions Maitre.
L’avocat de la partie civile : Je reformule ma question. Que s’est-il passé ce fameux soir-là ?
Marianne (hésitante) : Je ne sais pas par où commencer. Elle regarde encore Malick avant d’éclater en sanglots.
L’avocat de la partie civile : Prenez votre temps mademoiselle. Je sais que c’est difficile d’être en face de cet homme, mais essayez.
Marianne (reniflant et essuyant ses larmes de crocodile) : Depuis hier, j’ai des flashes qui me reviennent et ….
Son avocat (fronçant les cils) : Des flashes du fameux soir ? Prenons d’abord le début. Vous….
Marianne (cri strident) : Nonnn. Silence total dans la salle. Tout le monde se regarde à tour de rôle. D’une voix petite elle dit : Il n’a pas essayé de me tuer. Brouhaha de surprise …
Son avocat (paniqué) : Je crois que ma cliente est un peu secouée de voir son bourreau en face d’elle alors je demande au tribunal une petite pause s’il vous plaît.
Marianne (se levant avec fracas) : Je ne suis pas secouée au contraire. Il n’a pas essayé de me tuer cria-t-elle encore. Brouhaha plus fort dans la salle. On dirait qu’elle vient de lâcher une bombe atomique.
Le juge tapant sur la table : silence dans la salle. J’ai dit silence dans la salle. Il se tourne vers Marianne, le regard colérique. Si vous le souhaitez, nous pouvons faire une pause le temps de vous reprendre et de parler avec votre avocat.
Marianne (stricte et agressive) : Non Monsieur le juge. Je veux en finir avec cette histoire et m’excuser du tort que j’ai fait à Malick.
Le juge, comme l’avocat, semble dépassé par la situation. Ce dernier lève les mains au ciel et va s’assoir à sa place irrité plus que jamais. D’un geste décourageant, le juge fait signe à Marianne de continuer.
Marianne (la tête baissée) : En fait depuis avant – hier, j’ai des visions et maintenant que je suis en face de lui, les souvenirs me reviennent avec netteté. Ce soir-là, il est venu m’annoncer qu’il me quittait et moi dans un moment de désespoir j’ai pris un couteau pour me tuer et…..Elle se tait. Toute la salle retient son inspiration attendant qu’elle finisse cette confession si fracassante. Elle regarde tristement Malick avec ses larmes qui semblent cette fois sincère avant de continuer. Pardonne-moi Malick, quand je me suis réveillée à l’hôpital, je ne me souvenais que du moment où tu m’as jeté la vase. Mon esprit avait occulté cette partie où je voulais me tuer et que tu m’as lancé la vase pour me sauver. Je suis si désolée, pleura – t – elle de plus belle. Pendant presque cinq secondes on a entendu les mouches survolaient la salle tellement il y régnait un silence de mort. Et bang ! Tout le monde parle en même temps.
L’avocat de la partie civile se prend la tête, celui de Malick sourit en tapant l’épaule de ce dernier et le juge kéh kéh kéh, je préfère vous laisser imaginer sa tête.
Dung dung dung (coup de pilon du Juge)
Le juge : Silence dans la salle. Etant donné que l’accusateur vient de se rétracter, je déclare le procès nul et non avenu. La séance est levée, finit-il en se levant énergiquement pour quitter la salle. Je vois certains journalistes sortir de la salle en courant. C’est toujours le concours du plus rapide à donner l’information en premier.
Tout le monde se dirige vers Malick pour le féliciter. Sa mère le prend dans ses bras avec des pleurs. Je vois le père de Marianne parler avec sa fille en la secouant. Sa petite sœur quitte la salle en claquant violement la porte. Tout s’est passé tellement vite que je suis comme Abi, je reste debout sans réagir, regardant le déroulement des actions. Je regarde Malick qui est entouré de tous ses proches. Il fait un signe à son avocat qui s’éclipse. J’essaye de me frayer un chemin dans cette foule opaque qui l’entoure. Quand il me voit, il me sourit et me tend la main que je prends pour m’approcher.
Moi : Donc c’était ça ton plan. Comment tu as fait ?
Malick (regardant derrière moi) : Ce n’est pas moi mais elle. Instinctivement, nous tournons tous nos têtes pour voir qui est- ce que Malick désignait. Aicha, les yeux pétillants d’amour et de bonheur se dirige vers nous. Alors là, je suis bluffée. Mon patron se fraye un chemin sans se soucier des récriminations et prend sa femme dans un tourbillon de bras. C’est comme s’ils étaient seuls au monde. Chaque être sur terre voudrait vivre cet amour si pur et si fort. Même si mon mari et moi nous nous aimons, celui de Malick et d’Aicha va au-delà de l’amour platonique, il est profond, pur, innocent et sans forme. Leur amour n’a pas besoin de marchandage ni de preuve, il est là, présent et indestructible.
Marianne (s’approchant avec férocité) : C’est quoi cette histoire ? Mon patron se détache enfin d’Aicha qui essuie des larmes de joie.
Malick (souriant) : Tu crois vraiment que tu pouvais nous séparer ? Tu es pathétique !
Marianne (tremblante) : Tu veux dire… Elle se prend la bouche d’horreur. Je vais vous pourrir la vie espèce de salaud, crie – t – elle en se ruant sur eux. Avant même qu’elle n’atteigne Malick, Abi était en face d’elle. Pan et pan. Imaginez les gros bras d’Abi sur Marianne, on aurait dit qu’elle malaxait de la purée entre ses mains. Complétement décoiffée, son haut déchiré, Marianne crie au secours comme une folle. Chi Abi nak moo sokhore (est méchante). En tout cas, moi je ne vais jamais l’affronter à l’avenir. Personne n’arrivait à détacher Abi de Marianne. Après en avoir ri jusqu’à en pleurer, Malick la soulève finalement. Je me demande d’où il tient cette force vu la gabarie d’Abi. La pauvre Marianne est vite évacuée de la salle par son avocat qui jure qu’il va porter plainte pour coups et blessures volontaires. Malheureusement pour Marianne, c’est elle qui a attaqué et cela devant tout le monde.
Abi essaye de se recoiffer tout en fuyant le regard de son mari croyant qu’il va certainement la réprimander. Mais ce dernier, s’approche d’elle et lui donne une bise en la soulevant.
Malick (sourire) : Sama Awa Bouri Keureum waye (ma première et reine de la maison). Tu sais que je t’aime. Aujourd’hui je vais te décorer. Eclat de rire général.
La mère de Malick s’approche doucement de lui en lui tirant la chemise.
Sokhna (regardant Aicha) : Tu veux bien me dire ce qui se passe mon fils.
Malick : Je te dirais tout maman. Rentrons d’abord à la maison. Vous êtes tous invités. Mouhamed, crie – t – il.
Mouhamed : Oui chef répond-il.
Malick : Appelle la dibiterie et commande moi dix moutons. Il encercle ses deux femmes entre ses bras en concluant : Chéries taye kou ayé ? (A qui le tour aujourd’hui ?)
Aicha et Abi (crient en même temps) : Moi moi moi ….
FIN
Je publierai le prologue de Wassanam et le résumé du prochain livre d’ici lundi. Merci à tout le monde. Vous n’avez pas seulement été des lecteurs, mais vous m’avez accompagnée dans l’écriture, conseillée dans la suite de l’histoire et surtout vous m’avez boostée quand je n’avais pas le moral ou quand je n’avais pas la force pour continuer. Au file des ans, vous êtes devenus des amis et je n’ose donner un nom tellement vous êtes nombreuses avec qui je discute en inbox. Wassanam 2 est fini avec 23 chapitres soit 235 pages. Waw, on a fait du chemin.
A très bientôt pour une nouvelle histoire encore plus belle …
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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