Le Premier ministre a ouvert et a clôt les discussions sur la question du pétrole. C’est dire à quel point cette affaire met mal à l’aise le gouvernement.
Assurément la question du pétrole empêche le gouvernement de dormir du sommeil du juste. A preuve, la première question de cette séance de questions au Gouvernement a porté sur cette affaire qui fait tant polémique. C’est le député Ndèye Fatou Diouf qui a pris la parole en premier et qui a demandé ou plutôt qui a été chargée de demander au Premier ministre d’en parler pour expliquer encore et encore aux Sénégalais les tenants et les aboutissants de cette affaire. Car elle lisait avec beaucoup de peine. «C’est une question importante, parce qu’il y a beaucoup de débats sur la question, alors qu’aucune goutte de pétrole n’est encore sortie de terre», déclare le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne qui ne se fait pas prier pour en parler.
L’opposition accuse régulièrement la famille présidentielle par l’intermédiaire d’Aliou Sall, frère du chef de l’Etat, d’avoir fait main basse sur le pétrole. Ousmane Sonko vient de publier un livre, ce samedi en France, dans lequel il accuse le gouvernement d’avoir bradé nos ressources naturelles. Chaque mardi, le député du mouvement Tekki, Mamadou Lamine Diallo, exige que le pouvoir rende aux Sénégalais leur pétrole. En outre, beaucoup ont vu dans le limogeage du ministre de l’Energie, Thierno Alassane Sall, une volonté du Gouvernement de livrer les ressources naturelles aux majors et plus particulièrement l’entreprise française Total. Mais, à cela, le Premier ministre rétorque que c’est faux de dire que Total s’est accaparé du pétrole, car selon lui, les Russes, les Français, les Anglais et les Américains sont là. En plus, poursuit-il, le code pétrolier a été défini depuis 1998 non pas par Macky Sall. Enfin, le Premier ministre demande à l’opposition de savoir raison garder et de laisser le Président Macky Sall définir la politique de la Nation et au Gouvernement de l’exécuter.
Mais cette réponse ne satisfait pas l’opposition. Puisqu’Aïda Mbodj la présidente du groupe des Libéraux et Démocrates affirme que cette polémique sur le pétrole ne prendra pas fin tant que la gestion ne sera pas transparente. Et même si cette affaire de pétrole se termine, dit-elle, les gens vont s’interroger encore sur la gestion des phosphates parce que, dit-elle, les gens qui habitent dans les zones où on exploite cette ressource, ne voient jamais les retombées économiques. «Vraiment, je l’ai demandé tout à l’heure, pour l’instant aucune goutte de pétrole n’est sortie de terre. Les sociétés pétrolières ont déjà investi plus de 500 milliards pour la recherche. On ne peut pas parler de partage de recherche parce que l’exploitation n’est pas encore faite. Donc, encore une fois, il faut savoir raison garder. C’est bien l’orgueil national, vous dites qu’avec Total la France colonise encore le Sénégal. Est-ce que vous pensez que la France colonise la Mauritanie qui vient de signer un troisième avenant avec ce pays», rétorque le Premier ministre. «Il y a beaucoup de bruit sur cette affaire pour rien. Le Gouvernement ne se laissera pas divertir», conclut-il.
Walf Quotidien