La Côte d’Ivoire et le Ghana main dans la main face aux multinationales du cacao.
Confrontés à la chute spectaculaire du prix de cette fève dont ils assurent 60% de la production mondiale, les deux pays cherchent à peser sur les cours et envisagent une stratégie d’action commune.
A quelque chose malheur est bon. La forte chute des cours du cacao a poussé les deux premiers producteurs de cette fève -à savoir la Côte d’Ivoire et le Ghana- à s’allier et à envisager une stratégie commune.
Ainsi, le président ghanéen Nana Akufo-Addo en déplacement à Abidjan et son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, ont-ils convenu d’intensifier leur coopération, en vue «d’assurer une meilleure politique commune de commercialisation et de transformation du cacao, pour stabiliser les prix sur le marché international».
L’objectif à terme est de contrer la volatilité des cours des fèves qui ont chuté de plus de 40% en moins d’une année. Le kilogramme de fève de cacao est passé de 1.800 francs CFA, soit 2,7 euros, en octobre dernier, à 1.100 francs CFA, soit 1,6 euro la semaine dernière.
Bien que les deux pays représentent 60% de la production mondiale -40% sont produits par la Côte d’Ivoire, 20% par le Ghana-, les cours du cacao sont fixés à la Bourse de Londres. La Côte d’Ivoire a jusqu’à présent opté pour une réduction proportionnelle du prix d’achat aux planteurs. Le Ghana, moins dépendant du cacao, a choisi de subventionner le prix offert aux agriculteurs. Toutefois, les effets restent les mêmes avec des pertes de recettes budgétaires importantes, notamment pour la Côte d’Ivoire qui enregistre une réduction de 10% des recettes du budget annuel.
En fin avril dernier, le Conseil café cacao (CCC) et le Cocoa Board, les deux structures respectivement en charge de la filière en Côte d’Ivoire et au Ghana avaient entamé des discussions pour une approche commune sur la question cacaoyère. «Nous avons déjà commencé avec le Ghana à réfléchir à des stratégies pour maintenir les prix à un niveau qui nous permette de rémunérer correctement les producteurs», avait indiqué Massandjé Touré-Litsé, la directrice générale du CCC.
Pour la Côte d’Ivoire qui tire environ 50% de ses recettes de l’exportation du cacao, s’associer à son voisin ghanéen est plus que vital pour tenter d’arracher aux multinationales du cacao l’apanage de fixer les prix des cours. Depuis 2011, le pays avait fait le pari de transformer 50% de ses fèves d’ici 2020, mais il n’a guère pu encore passer le cap des 35% malgré les avantages fiscaux consentis aux industriels.
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