Total fait une entrée fracassante dans le pétrole sénégalais. Thierno Alassane Sall, ministre l’Energie jusqu’au mardi 2 mai, a été limogé par le président Macky Sall, parce qu’il refusait de concrétiser la signature avec le pétrolier français.
Il a fallu que Patrick Pouyanée, PDG de Total débarque à Dakar pour signer avec l’Etat sénégalais un accord qui lui permet d’exploiter le bloc Rufisque offshore, pour que Thierno Alassane Sall soit limogé du gouvernement.
Les évènements se sont enchainés le mardi 2 mai. C’est en fin de matinée que la presse a appris le limogeage de Thierno Alassane Sall de son poste de ministre de l’Energie et du développement des énergies renouvelables. La présidence de la République, pour lever tout équivoque, diffuse rapidement le décret 2017-696 du 2 mai 2017, signé par le président Macky Sall «mettant fin à ses fonctions» et transférant ses prérogatives au Premier ministre. Ainsi, «cumulativement avec ses fonctions, le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne est nommé ministre de l’Energie et du développement des énergies renouvelables», pouvait-t-on lire dans le communiqué de presse. Tout ceci, montre le caractère précipité de la décision, sans doute prise sous le coup de la colère.
Même si Patrick Pouyannée, PDG de Total soutient le contraire, aux yeux de l’opinion publique sénégalaise, c’est cet accord qui a précipité la démission du ministre de l’Energie. «Je ne crois pas qu’il ait été un obstacle à l’aboutissement de ses négociations. ( …) Les négociations avec le ministre et Petrosen nous ont forcés à améliorer notre offre et elle a été retenue. N’attendez pas de ma part que je fasse des commentaires. J’ai pu signer avec le Premier ministre, ministre de l’Energie cet après-midi», a déclaré Patrick Pouyannée.
C’est dire que la nomination du Premier ministre comme ministre de l’Energie n’était qu’une solution d’urgence pour précipiter à la signature.
Thierno Alassane Sall a toujours insisté sur le fait que le groupe français doive augmenter son offre concernant le ticket d’entrée de ces blocs. Il voulait, à l’instar des autres compagnies pétrolières, que Total les achète à leur juste prix. Malheureusement, le président Macky Sall et son gouvernement ne partageaient pas cette vision.
Ainsi, deux options contradictoires s’offraient à l’ex-ministre de l’Energie. Soit, il signe cet accord avec Total, ce qui serait synonyme de conserver son poste. Ou bien, Thierno Alassane Sall retarde la signature. Et cette décision l’opposerait au président Macky Sall et aura comme conséquence, son éviction du gouvernement.
Vue la tournure des évènements, Thierno Alassane Sall, comme à son habitude, a préféré garder ses convictions intacts en privilégiant l’intérêt du Sénégal au détriment de ses intérêts personnels.
Cette posture que Thierno Alassane Sall a adopté est toute à son honneur. Rappelons qu’au plus fort du scandale causé par Frank Timis et dans lequel Aliou Sall, le frère du président Macky Sall, était cité, l’ex ministre de l’Energie avait gardé son intégrité. “Ce n’est pas avec cette affaire qui pourrait déboucher sur un autre scandale que Thierno Alassane Sall risquerait de compromettre son intégrité”, a confié un de ses collaborateurs.
Certaines langues commencent ainsi à se délier. D’aucuns soutiennent même que, devant le refus de Thierno Alassane Sall de parafer cet accord avec Total pour l’exploitation du pétrole offshore sénégalais, Boune Abdallah Dionne, Premier ministre avait précisé que “le Président allait prendre ses dispositions”. Toutefois, l’ex-ministre de l’Energie avait déjà pris les devants. “Ne vous en faites pas, j’ai déjà préparé ma lettre de démission”, avait-il rétorqué. Pour l’instant, c’est le silence total du côté du gouvernement dans cette nouvelle relation avec la multinationale française.
Toutefois, les jours à venir vont certainement apporter plus d’éclaircissement sur les circonstances de la démission de l’ex-ministre de l’Energie qui a pris de haut la majorité des Sénégalais.
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