Sa démarche parait invraisemblable. Vendredi dernier, le président SALL, parti présenter ses condoléances à Samuel Ahmet SARR, a sorti le xalam, pour dire tout le bien qu’il pense de l’ancien ministre de l’Energie de Me Wade, tout en tendant la main aux libéraux.
Le lendemain samedi, devant ses camarades de partis et ses alliés de Benno Bokk Yaakaar, le leader de l’APR brandit la cravache et menace les récalcitrants en puissance.
Voilà une main tendue que le Parti démocratique sénégalais (PDS) n’a pas mis de temps à rejeter. Et de la plus cinglante des manières. Moins de quarante-huit heures après l’appel de Macky SALL, Babacar Gaye, porte-parole du Pds, est monté au créneau pour tirer à boulets rouges sur le leader de l’Apr. « Il a causé beaucoup de torts à nos responsables de parti ainsi qu’à Abdoulaye Wade, c’est un discours teinté de cynisme et d’hypocrisie», a fulminé le responsable libéral. Avant Babacar GAYE, c’est un autre ténor du parti de Me Wade qui a dézingué Macky SALL rejetant son appel. «Nous ne répondrons pas à votre appel parce que votre appel n’est pas honnête, c’est de la tromperie, c’est du mensonge », a lancé Doudou Wade qui prenait part à un meeting à Yène. Si ces libéraux ont très durs avec Macky SALL, usant de termes à la limite outrageants, c’est que ce dernier n’a pas du tout été modéré avec son «riti».
« J’ai vécu plus de 20 ans ou presque avec beaucoup d’entre vous en bon compagnonnage. On n’avait la même source où l’on puisait. Quand j’ai fini d’apprendre, je me suis isolé et j’ai gagné. Cela ne doit pas être une source d’animosité entre nous. Et je vous invite à venir prendre part à ce que nous faisons. C’est le sens de l’appel que je fais. Je l’ai fait avec mon ami Souleymane Ndéné NDIAYE. Je lui ai dit de venir prendre part même si maintenant tu es devenu chef de parti et que cela ne sera pas facile pour toi. Mais Souleymane, je te demande de venir appuyer ce que fait ton frère et ton ami», a soutenu, entre autres, Macky SALL dont on ne savait plus s’il présentait des condoléances ou s’il cherchait à massifier son camp. Comme si les quatre dernières années n’avaient pas existé, comme si Samuel SARR et de nombreux autres libéraux n’avaient pas fait le pied de grue entre les commissariats de police et les tribunaux pour offense au chef de l’Etat et bien d’autres délits.
Si le leader de l’APR s’était limité a cajolé les libéraux, certains se seraient dit qu’il est dans une manœuvre politique et qu’il tente d’amadouer des opposants. Seulement, la démarche du président de l’Alliance pour la république est d’autant plus étonnante que le lendemain, il est allé retrouver ses camarades de parti et ses alliés de Benno Bokk Yaakaar avec un discours totalement guerrier. «En cette vielle des investitures où l’excitation est à son paroxysme dans tous les états-majors, dans tous les partis politiques et dans toutes les coalitions (…) », a déclaré Macky SALL qui n’a pas choisi ses mots. Poursuivant, il renchérit : «Nous ne tolérerons aucune liste parallèle issue de nos rangs (…) Il ne faut pas que l’on confonde, les enjeux d’une législative à ceux d’une élection locale. Autant on avait laissé faire, autant, ici, il s’agira de mettre tout en œuvre pour n’avoir qu’une seule liste Benno Bokk Yaakaar».
Deux discours du président SALL totalement opposés et qui ont dérouté plus d’un analystes qui peinent à saisir les acrobaties d’un leader qui semble perdu.
Mame Birame WATHIE