Le très inquiétant retard dans le démarrage des activités du port de Foundiougne-Ndakhonga commence à agacer.
Inauguré depuis près de deux ans par le président Macky Sall, l’ouvrage risque la détérioration avant son exploitation. Et pendant ce temps, le remboursement de l’argent de sa construction n’attend pas.
Macky Sall singe Abdoulaye Wade. Comme l’ancien chef de l’Etat qui avait atterri à l’aéroport inachevé de Diass contre vents et marrées, il a inauguré une infrastructure portuaire loin d’être achevée. En effet, près de deux ans après son inauguration en grande pompe, en Juillet 2015, le port de Ndakhonga (Foundiougne) n’est toujours pas fonctionnel. Les grandes déclarations faites le jour de son inauguration n’ont servi à rien. Les populations attendent jusqu’ici pour bénéficier de toutes les retombées qu’on leur avait vendues. Que nenni. Alors que ce port était censé faciliter l’exploitation optimale du potentiel de la région naturelle du Sine Saloum, notamment la production du sel. Il devait également relancer le tourisme dans la zone.
Las d’attendre en vain le démarrage effectif des activités du port de Foundiougne-Ndakhonga, les jeunes de Fatick ont manifesté leur courroux la semaine dernière. «Nous demandons l’ouverture dans les plus brefs délais du port de Foundiougne-Ndakhonga, une des plus importantes infrastructures dans la zone en mesure de résorber le chômage des jeunes de la région», confiait à l’Aps le président du Conseil régional de la jeunesse, Cheikh Faye. Qui signalait que des jeunes avaient été formés dans des métiers portuaires par l’Office national de formation professionnelle (Onfp), mais depuis, rien au point que beaucoup de ces jeunes en sont arrivés à douter de la véracité de ce projet.
Abondant dans le même sens, le responsable des jeunes de l’Alliance pour la république (Apr) du département de Foundiougne, Mamadou Ndoura Faye, avait étalé toute sa «déception» de constater le retard noté dans le démarrage des activités du port. «Nous avions confiance en ce projet, mais maintenant la jeunesse de Fatick, plus particulièrement de Foundiougne, est habitée par le doute et le désespoir après autant de retard et une absence totale d’informations sur les raisons. On nous servait comme explication qu’il fallait la formation des jeunes aux métiers portuaires. Mais depuis lors, des jeunes ont été formés, et malgré tout, le port est à l’arrêt», a-t-il ajouté.
Macky Sall qui, dans le cadre de sa tournée économique dans la région de Fatick, avait procédé, le jeudi 23 juillet 2015, à l’inauguration de ce port et au lancement officiel des travaux de dragage du bras de mer Saloum, doit certainement être rouge de colère. En effet, dans ses déclarations, lors de l’inauguration, il soutenait que ces deux projets maritimes témoignent de la mise en œuvre d’une vision, à la fois intégrée et décentralisée du développement économique et social de l’ensemble du Sénégal.
Versant à souhait dans le symbolisme, il persistait à dire que ces deux projets représentent un tournant historique dans la réconciliation de notre peuple avec sa culture. Surtout, disait-il, qu’il y a cinq mois, le 19 février 2015, la Casamance accueillait les sœurs jumelles retrouvées, «Aguene, la Diola» et «Diambogne, la Sérère» pour installer durablement la région Sud de notre pays sur les rampes de l’émergence économique et sociale, grâce au désenclavement de la région naturelle de la Casamance.
Si on en est aujourd’hui à cette situation, c’est à cause notamment des difficultés pour les navires d’accoster dans ce port. Ce, parce que le dragage du fleuve ne le permet pas en termes de profondeur. Depuis deux ans, l’Agence nationale des affaires maritimes (Anam) a tenté de rectifier mais toujours rien. En octobre 2016, un appel d’offres pour le dragage a été lancé et huit entreprises avaient acheté le dossier dont le dépouillement était prévu en novembre 2016. «L’autorité avait insisté sur la profondeur et non sur le volume de boue. Mais toujours rien», confie une source dans cette agence.
Les errances dans l’achèvement de ce port de Foundiougne-Ndakhonga sont l’image de nombreux chantiers des services de Oumar Guèye, ministre de la Pêche et de l’Economie maritime. Les «jumelles» de Macky Sall, «Aguene» et «Diambogne», ont connu des défaillances techniques qui ont précipité leur retrait pour les envoyer en révision en Corée l’année dernière. Ce qui avait créé un grand tollé à cause de la psychose du bateau «Le Joola» qui a chaviré en 2002 aux larges de la Gambie.
Ce port de Foundiougne-Ndakhonga est dernière composante de la première phase du Projet d’Infrastructures et d’Equipements maritimes (Miep.1). Cet important projet a été financé avec le concours de la Coopération coréenne, à travers le Fonds de coopération pour le développement économique (Edcf), à hauteur de 61 millions de dollars Us, dont 12,2 millions de contrepartie sur le budget national sénégalais.
Seyni DIOP (Walf Quotidien)