Contribution
Le silence devient un péché lorsqu’il prend la place qui revient à la protestation ; et , d’un homme, il fait alors un lâche. Cette pensée d’Abraham Lincoln s’impose en nous pour faire une analyse froide de la situation qui prévaut actuellement dans notre pays. Nous avons toujours voulu être au-dessus de la mêlée pour éviter un débat de politique politicienne. Par contre, nous sommes pour un débat d’idées qui transcende toutes appartenances et colorations politiques, un débat certes houleux mais constructif et participatif et dont le seul et unique objectif est de faire jaillir la vérité. Nous prônons donc un débat ouvert qui permet de trouver des solutions aux différents problèmes qui nécrosent vraiment notre société qui est toujours la principale perdante des querelles de nos hommes politiques.
D’abord nous magnifions le travail remarquable effectué souvent sans complaisance par nos corps de contrôle en général et celui de l’IGE en particulier. Cet organe, incarné par des hommes chevronnés et rompus à la tâche, a pris dix-huit mois pour passer la mairie de Dakar au peigne fin en fouillant sa gestion de fond en comble. Une vérification qui vaut à l’édile de la ville de Dakar un mandat de dépôt. Ce travail de ces corps de contrôle vaut son pesant d’or dans la mesure où il permet de savoir la manière dont nos maigres sous sont gérés. Il doit aussi permettre de condamner ceux qui se sont enrichis sur le dos des Sénégalais et dissuader ceux qui tenteraient de bouffer nos deniers publics. Tout cela ne saurait possible sans l’indépendance de la justice. La récente sortie du procureur de la République nous pousse vraiment à être dubitatifs sur cette indépendance de la justice qui semble ne pas avoir les coudées franches pour mener à bien les tâches qui l’incombent. Ce procureur qui parle comme un énergumène, un forcené , avec ses menaces à peine voilées, ses niaiseries et ses lapalissades, condamnait déjà Khalifa SALL. Toute cette overdose médiatique ne fait que renforcer la violation du principe de la présomption d’innocence et celui du secret de l’enquête. Cette conférence de presse a été vraiment inopportune d’autant plus qu’elle nous laisse plus de questions que de réponses. La justice ne doit pas en aucun cas être le bras armé du président dans un Etat de droit. Elle doit agir en toute souveraineté pour au moins ne pas donner raison à ceux qui pensent que les magistrats sont sous la tutelle du Président. Pour corroborer cette pensée, on vous rappelle les propos d’Abdoulaye WADE qui disait que c’est lui qui avait ordonné au juge d’arrêter la poursuite contre Idrissa SECK. Cela dépasse vraiment les limites de l’entendement. Nous pouvons dire sans risque de nous tromper que la plupart de ces magistrats sont encore là et ils sont toujours en service. Nous interpellons donc notre justice à faire preuve de courage et de responsabilité car tous les juges seront jugés par le Tout Puissant. Nous les donnons comme viatique les propos de CHEIKH AHMADOU BAMBA qui dit que : « Si par sa grâce DIEU t’amène à penser ou à agir sur le sort des autres soit bienveillant car le destin des hommes y compris le tien est entre les mains de DIEU et Lui Seul saura ce que demain sera ».
Un changement de paradigmes s’impose. Il faut qu’il ait un nouveau modus operandi pour endiguer ce phénomène de blanchiment de capitaux et de détournement de derniers publics, pourvu que l’IGE transmette directement son rapport au procureur de la République et ce dernier s’autosaisira et mettra en branle la machine judiciaire pour traquer ces délinquants financiers aux réputations peu enviables. Au cas échéant, le président de la République ne pourra plus utiliser ce rapport comme arme politique pour liquider de potentiels opposants, comme le pensent certains Sénégalais , ou pour protéger des alliés et proches en mettant sous son coude les dossiers qui les épinglent.
Cette diatribe contre la justice ne signifie guère que nous voulons dédouaner le maire de Dakar Khalifa Ababacar SALL. Loin de là notre intention, s’il est blanc comme neige il n’a qu’à le justifier et se laver à grande eau. C’est une affaire pendante devant la Justice et nous nous réservons de la commenter.
Seulement, nous sommes contre cette caisse d’avance, caisse noire, fonds politiques, fonds spéciaux qui sont différents que par leurs noms et qui servent en grande partie à remplir les poches de leurs bénéficiaires au détriment du peuple qui n’a plus d’espoir et qui croit que ses souffrances durent de façon immuable et sempiternelle. Tous ces privilèges doivent être prohibés parce qu’il y a un immense hiatus entre ce qui est écrit au niveau des textes et ce qui réellement fait. Notre pays a vraiment besoin d’un nouveau type de politiciens qui ne se servent pas mais qui servent la population.
Monsieur le Président nous ne pouvons pas manquer cette occasion pour vous rappeler que vous tenez le gouvernail donc vous avez la lourde responsabilité et la délicate mission de tanguer vers le bon port. Sinon le bateau peut chavirer voire même couler et les générations futures n’hériteront que des épaves et elles vous tiendront responsable de leur désarroi. Votre accession à la tête de l’état avait vraiment suscité l’espoir chez les jeunes donc nous vous prions seulement d’agir comme un homme d’Etat qui pense à la proche génération et non comme un homme politique qui pense à la prochaine élection. Sur ce, il faut prendre vos responsabilités et ne peut écouter ces hommes mesquins, chauvins et faquins qui sont tapis dans l’ombre mais en réalité qui ne sont mus que par leurs propres intérêts.
Vous pouvez changer le cours des choses par une dé-classification de tous les rapports des corps de contrôle. C’est une idée salvatrice et ainsi on pourra poursuivre tous ceux qui sont épinglés par ces rapports y compris vos proches. Il y aura pas de justice sélective et cela servira forcement de réponses à vos détracteurs qui soutiennent mordicus que le dossier de Khalifa SALL a des relents politiques et que vous voulez seulement livrer un sérieux opposant à la vindicte populaire. Si cela est avéré vous risquez d’effaroucher votre clientèle électorale car une opposition est le socle d’une démocratie majeure, c’est même son piédestal.
Monsieur le Président, la bataille pour les prochaines joutes électorales(législative et présidentielle) aura bel et bien lieu. Soit vous l’acceptez et vous affûtez votre arme qui est probablement votre bilan, soit vous cherchez obstinément à rester au pouvoir en étouffant vos adversaires. Dans ce dernier cas de figures le peuple souverain descendra dans les rues. Il y aura soulèvement et vous pourrez donc dire : bonjour et bienvenue les dégâts.
A bon entendeur salammmmmm !
CHEIKH FATMA MBAYE