Le mouvement de grève générale lancé par l’opposition a été largement observé lundi dans plusieurs villes de la République démocratique du Congo, le jour où le président Joseph Kabila consultait la classe politique pour sortir le pays de la crise née de son maintien au pouvoir.
La vie tournait au ralenti à Kinshasa et dans les villes de Lubumbashi, Goma (est), Mbuji-Mayi et Kananga (centre) alors que les activités ont fonctionné normalement à Kisangani (nord-est) et à Mbandaka (nord-ouest), selon plusieurs habitants.
Le “Rassemblement” de l’opposition avait appelé les Congolais à observer une “journée ville morte” pour exiger de M. Kabila – dont le mandat a échu le 20 décembre 2016 – l’application de l’accord de cogestion du pays signé le 31 décembre entre le pouvoir et l’opposition.
Ce compromis prévoit le maintien au pouvoir de M. Kabila jusqu’à l’entrée en fonction d’un successeur devant être élu lors d’une présidentielle censée avoir lieu avant fin 2017. Il prévoit aussi la formation d’un gouvernement dirigé par un membre du “Rassemblement”, coalition constituée en juin 2016 autour d’Étienne Tshisekedi, opposant historique congolais depuis décédé à Bruxelles le 1er février à 84 ans.
A 8 heures (07h00 GMT), commerces et stations-service étaient encore fermés, les moyens de transports en commun étaient rares, alors que des piétons déferlaient à pied des quartiers populaires de l’est de la capitale congolaise vers le centre des affaires pour rejoindre leurs lieux de travail ou de débrouille.
La place Victoire, au coeur de Kinshasa, mégalopole de plus de plus de 10 millions d’habitants, qui grouille généralement de monde dès les premières heures du matin, était quasiment vide.
Reprise des activités à 11h à Lubumbashi
À partir de 11 heures (heure locale), la vie a repris à Lubumbashi selon le correspondant de VOA Afrique, notant que la présence policière et militaire très visible.
Plus tôt dans la journée, vers 6h30, des vendeuses de patates douces et autres produits agricoles étalaient leurs marchandises dans un marché de Kingasani. Au marché Gambela au centre de Kinshasa, des “chailleurs” (vendeurs à la criée) se déployaient à la recherche des rares clients.
“Nous n’avons rien à faire avec des mots d’ordre des politiciens de tous les bords. Notre problème c’est de trouver quoi nourrir nos enfants, les envoyer à l’école. La vie est devenue intenable pour nous le petit peuple tandis que eux (politiciens) vivent aisément”, s’enflammait Albertine Bulanga, vendeuse de maïs dans un marché de Kingasani.
Le Rassemblement avait appelé les Congolais à cette journée ville morte pour dénoncer le “chaos” né de l’échec des tractations sur l’application de l’accord de cogestion de la transition signé le 31 décembre entre le pouvoir et l’opposition sous l’égide de l’épiscopat congolais.
Trois mois après la signature de l’accord de la Saint Sylvestre, le nouveau gouvernement n’est pas encore constitué, alors que le climat politique se tend de jour en jour.
“C’est une réussite”
L’appel à la grève était considéré comme un test de l’opposition après la mort de M. Tshisekedi, président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). “C’est une réussite parce que la population a répondu favorablement à notre appel. Il n’y a pas eu d’activités sur toute l’étendue du pays”, a déclaré à l’AFP Augustin Kabuya, porte-parole de l’UDPS. “La population est avec nous”.
“La journée a été troublée mais elle est restée ouverte (…) il y a eu quelques perturbations le matin”, a dit Célestin Tunda, un des porte-paroles de la majorité. L’absence des élèves, qui sont en congé de Pâques, a accentué l’impression de “ville morte” à Kinshasa.
Selon la présidence congolaise, M. Kabila a engagé lundi et pour deux jours des consultations de la classe politique en vue d’une sortie de crise.
Voaafrique avec AFP