CHRONIQUE DE SIDI
Abdullah avait décliné toutes les offres et tourné le dos à toutes les tentations. Les Mecquois ne parlaient que de lui, il ne chercha guère à l’exploiter. Et quand il sentit le besoin de se marier, la même voix le guida vers une femme. Pas n’importe laquelle. Lui qui se plaisait dans la chasteté se devait d’avoir la meilleure des épouses. Abdullah ne se trompa pas de porte. Dieu mit sur son chemin Amina bint Wahb. Comme lui, cette dernière, de la tribu des Qureyshi, était noble de descendance. Amina se particularisait par sa grande pureté, sa générosité sans borne. Abdullah et Amina bint Wahb constituaient le couple parfait. Et comme décidé par le Tout-Puissant, leur union fut scellée dans la joie et l’allégresse.
Jeune homme dont la chasteté n’altérait en rien les ambitions, Abdullah qui était marchand, se rendait au Cham (actuelle Syrie) pour son commerce. Alors qu’Amina était enceinte, il partit à Damas. Seulement, arrivé à Yathrib, actuelle Médine, la ville natale de son père, Abd al-Muttalib, Abdullah fut attaqué par une maladie. Celle-ci finit par le terrasser. Il rendit l’âme là où vivait sa grand-mère Salma. Amina n’eut pas besoin d’être informée. Elle sentit que le Tout-Puissant lui avait pris le meilleur des époux. Elle ne put s’empêcher de pleurer malgré la voix intérieure qui cherchait à la tranquilliser. Dieu lui donna la force de supporter cette énorme perte. Amina sentit qu’elle allait être grandement compensée par celui qu’elle portait dans son ventre. Elle portait dans ses entrailles le Prophète (PSL). Le ciel, la terre, les étoiles, Aïssatou, l’épouse du Pharaon à qui Dieu avait promis le Paradis, Maryam, mère du prophète Insa, tous venaient la voir pour lui tenir compagnie. Amina n’était pas la seule à attendre une naissance. Quand une femme tombe enceinte, en général, elle reflète ce qui sommeille en elle. Elle ressent des choses qui peuvent influencer ses faits et ses gestes. Amina, femme très pieuse, issue d’une noble famille et portant une grandeur, sentait la sublimité de ce qu’elle portait.
Pendant ce temps, quelque chose d’autre se tramait. La solution parait quand la difficulté atteint son paroxysme. Le roi Abraha qui gouvernait le royaume de Kabacha, actuel Yémen, rêvait de suprématie. Après infligé de nombreux revers aux arabes du Nord, il voyait son royaume de plus en plus beau. Il avait construit une gigantesque Cathédrale et voulut en faire une rivale de la Kabba où des milliers de fidèles convergeraient. Malheureusement, la grandeur n’avait pas suffi à détourner les caravaniers. Malgré ses investissements, la Mecque était toujours le lieu de rendez-vous. Le roi Abraha pris de jalousie, décida de détruire la Kabba. Il mobilisa une grande armée, constituée pour l’essentiel d’éléphants. Il prit d’assaut la Mecque qui avait pour principal défenseur Abd al-Muttalib. Ce dernier rencontra l’armée à l’entrée de la Mecque. Abd al-Muttalib qui avait perdu des chameaux les réclama. On lui demanda de se soucier plutôt de sa cité qu’ils s’apprêtaient à raser. «Les chameaux m’appartiennent, donc je les réclame. Pour ce qui concerne la Kabba, elle a un propriétaire qui le défendra», répondit Abd al-Muttalib. Et comme ce dernier l’avait indiqué, le Tout-Puissant défendit Son bien. Les éléphants furent anéantis ainsi que tous les soldats de l’armée d’Abraha par de mystérieux oiseaux qui leur jetaient des pierres d’argile. «N’as-tu pas vu comment ton Seigneur a agi envers les gens de l’Eléphant? N’a-t-Il pas rendu leur ruse complètement vaine? Et envoyé sur eux des oiseaux par volées qui leur lançaient des pierres d’argile? Et Il les a rendus semblables à une paille mâchée» (Sourate 105 versets 1 à 5). L’armée d’Abraha fut carbonisée avant même d’atteindre la Kabba.
Le Tout-Puissant avait donné suffisamment de signes qui montraient qu’Il avait des projets pour cette terre où Il allait faire descendre un guide. Hisham avait rencontré Salma. Abd al-Muttalib avait découvert le puits Zamzam. Abdullah avait échappé au sacrifice qui aurait empêché sa rencontre avec Amina. Cette année-là, d’autres signes majeurs annoncèrent un avènement, une naissance. Celle du dernier Messager. Le Prophète de l’Islam : Mouhamed.
A lire chaque vendredi
Par Sidi Lamine NIASS
Chronique précédente, cliquez ICI