Le royaume chérifien vient de réussir un grand coup diplomatique dans le bras de fer qui l’oppose aux fervents indépendantistes sahraouis.
Le Maroc a réussi à faire capoter la conférence des ministres africains des Finances qui a démarré le 23 mars dernier et qui devait prendre fin ce mardi.
La rencontre des ministres africains des Finances de Dakar est un véritable échec. Aucun échange n’a finalement eu lieu pour réfléchir sur la croissance, la pauvreté et le chômage sur le continent, alors que ces questions cruciales devraient être au cœur des discussions. Les divergences entre le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) ont fait capoter la rencontre des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique de la commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique. Prévue du 23 au 28 mars prochain dans la capitale sénégalaise, la rencontre a été finalement interrompue à cause du différend entre le Maroc et le Sahara Occidental.
Déjà, à l’ouverture de cette rencontre organisée conjointement par les Nations-Unies et l’Union africaine, la délégation marocaine avait donné le ton. D’abord, en retardant le démarrage des travaux de plus de quatre tours d’horloge malgré la présence d’une pléthore d’autorités venues de plusieurs pays d’Afrique. Pour réussir leur plan qui semble être ficelé d’avance, les membres de ladite délégation ont empêché les Sahraoui d’occuper les sièges qui leur étaient réservés. Ce, en occupant toutes les places réservées à la délégation venue du Sahara occidental. Après négociation, ils ont finalement accepté de céder les places.
Cependant, le royaume chérifien était loin de baisser garde, il a encore remis ça ce week-end. La conférence de presse sur le rapport économique 2017 sur l’Afrique prévue samedi dernier a été tout simplement annulée. «Nous vous informons que la conférence de presse relative à la Conférence annuelle des ministres africains des Finances prévue ce samedi 25 mars 2017 à 16 h 30 mn au King Fahd Palace est annulée», lit-on dans une note de la cellule de communication du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan transmise à la presse. Cependant, elle n’explique pas les raisons d’une telle décision alors que des frais ont été engagés pour l’organisation de cette rencontre qui devait réussir plus de 400 personnes.
Il ressort de nos recoupements que c’est le Maroc, qui a, délibérément fait capoter la rencontre de haut niveau. Selon un officiel marocain qui a accepté de parler sous le couvert de l’anonymat, dans les clauses juridiques, un pays qui n’est pas membre de l’Organisation des Nations-Unies, n’a pas le droit de participer à ces rencontres. «Dans le fonctionnement de l’Union africaine, un pays qui n’est pas membre de l’Onu ne doit pas participer à ce genre de rencontres. Il se trouve que le Sahara Occidental n’est pas membre de l’Onu. Donc, la délégation sahraoui ne doit pas participer à cette rencontre», a expliqué le délégué marocain.
Cependant, d’autres délégations craignent le pire pour l’Union africaine avec le retour du Maroc. Selon eux, le royaume chérifien risque même de bloquer le fonctionnement de l’organisation africaine. «Les Marocains comptent sur leur puissance économique pour museler les autres pays membres de l’Union africaine. Ils veulent faire capoter cette rencontre de Dakar. Mais, ils savent que c’est une rencontre conjointe. Donc, dans ce cas de figure, tout pays membre de l’Union africaine ou partenaire de l’Ua peut participer à la rencontre. Et, c’est le cas», a expliqué un délégué d’un pays participant à la rencontre de Dakar. Qui soutient que la délégation marocaine a fait exprès d’omettre des clauses pour faire échouer cette importante rencontre.
Aussitôt après l’annulation des différentes rencontres, les organisateurs ont également annoncé l’annulation de la campagne de communication autour de la réunion de la Commission économique pour l’Afrique et l’Union africaine. Ainsi, toutes les diffusions ont été arrêtées ce samedi car, disent-ils, l’évènement n’aura plus lieu finalement. La rencontre devrait s’achever ce mardi au Centre de conférence internationale Abdou Diouf de Diamniadio avec la conférence de tous les ministres africains des Finances.
Walf Quotidien