La Police nationale a fait face à la presse ce mardi pour annoncer l’arrestation des auteurs présumés de l’agression qui a coûté la vie à l’étudiant marocain Mazine Chakiri.
«Nous avons arrêté cinq personnes, qui ont reconnu avoir attenté à la vie de Mazine Chakiri, un étudiant de l’Université Cheikh-Anta-Diop » a indiqué l’adjudant Henry Boumy CISS. Le chef du Bureau des relations publiques de la Police nationale renseigne qu’une sixième personne, faisant partie de la bande, s’est échappée au moment de l’arrestation de ses acolytes.
Dans cette affaire, ce qu’il faut d’abord retenir, c’est l’efficacité des policiers qui dans une rapidité déconcertante ont mis la main sur les malfrats en un temps record. Mazine Chakiri tué dimanche, ils n’ont pas mis quarante-huit heures pour débusquer les présumés meurtriers dans la nuit de lundi à mardi. Et cerise sur le gâteau, les mis en cause ont tout de suite avoué leur crime.
Seulement, cette singulière efficacité des policiers, qui est loin d’être leur marque de fabrique, n’est-elle pas sous-tendue par la pression des Marocains ? La question mérite d’être posée au vu de la réaction de la communauté marocaine au Sénégal. L’ambassadeur du Maroc au Sénégal qui s’est rendu à la Zone B où Mazine Chakiri a été tué n’a pas manqué de faire des observations peu diplomatiques. Taleh Barrada a, à demi-mot, déploré les secours qui ont tardé à arriver. Ses compatriotes établis au Sénégal n’ont pas manqué d’élever plus haut la voix. Ils ont, en effet, improvisé, ce lundi, un sit-in devant leur ambassade à Dakar pour «dénoncer l’assassinat de notre compatriote et l’insécurité́ que subissent les Marocains». Un total délire. Les Marocains à Dakar sont traités mieux que les Sénégalais eux-mêmes. Et la série de meurtres qui a plongé Dakar dans la peur, n’a, à aucun moment, mis en avant une victime marocaine.
Que la réaction des Marocains inspire l’efficacité des policiers ou pas, c’est une belle preuve de solidarité que les sujets de Mouhamed VI ont manifesté. Et celle-ci devrait, à bien des égards, servir aux Sénégalais. Si au lendemain des nombreux meurtres de Sénégalais au Maroc, une telle dynamique avait été engagée, les meurtriers ne tarderaient pas à être mis aux arrêts. L’agression sauvage de Charles Paul Alphone NDOUR, tué, en aout 2014, de plusieurs coups de couteau avant d’être jeté dans la rue, est encore dans les mémoires de beaucoup de Sénégalais. Avant Charles, c’est Ismaëla FAYE qui est poignardé à mort par un Marocain qui lui demandait de lui céder sa place dans un bus. Plus tard, au mois d’avril 2015, ce sont trois étudiantes sénégalaises qui sont retrouvées mortes dans leur appartement de Casablanca. La liste est longue. Et à chaque fois, ce sont les parents de la victime qui font face à l’impunité pendant que l’Etat du Sénégal disparait.
Mame Birame WATHIE