Qui se ressemble s’assemble, a-t-on l’habitude de dire mais y a-t-il une différence entre un animateur et un journaliste ?
On serait tenté de dire qu’un animateur présente un évènement (table ronde, congrès, promotion commerciale ou autre) ou une émission. Il s’informe sur ce qu’il doit présenter, sur les personnes qui participent et essaient de mettre le tout en valeur alors qu’un journaliste présente de l’information, si possible en ayant fait un travail d’enquête et en ayant recoupé ses sources. Il se doit de l’expliquer de façon claire et objective.
Mais au Sénégal, entre animateur et journaliste, c’est comme la police et l’armée, tout est mélangé dans les medias. Certains se croient animateurs alors qu’ils sont journalistes et d’autres se croient journalistes alors qu’ils sont animateurs.
C’est la mode qui fait qu’aujourd’hui certains animateurs se prennent pour des journalistes alors qu’ils ne le sont pas. Et quelle serait leur limite dans la diffusion des informations ?
Mieux vaut viser l’excellence et s’en approcher que de viser la médiocrité et l’atteindre.
Et si leur niveau d’étude n’avait rien à voir avec la presse alors deux questions s’imposent:
1 Est-ce que l’information qu’ils transmettent est bonne ?
2 Est-ce que c’est fait dans les règles de l’art ?
Tout de même, les gens ne cherchent plus à savoir si l’information est sûre ou pas; si c’est un journaliste ou un animateur qui la donne malgré les nombreuses fautes commises.
Les médias au Sénégal regorgent d’ignorants qui n’ont aucune culture générale et ne savent même pas où se situe le Nord.
De jour en jour, on constate des animateurs impulsifs qui se permettent de trancher des questions qu’ils ignorent, sur des sensibilités, sur la mémoire collective. Certaines animatrices en ont payé le prix fort de leur énorme «bourde» jusqu’à présenter des excuses publiquement.
Chaque matin, on voit des Beyoncé, des Rihanna, des Lady Gaga version sénégalaise animées des émissions sur de sublimes plateaux éclairés et climatisés. On ne peut pas rêver mieux mais si elles ne prennent pas la peine de vérifier les informations des faits divers en faisant une descente sur le terrain en se salissant dans la poussière comme les journalistes le font, c’est sûr qu’il y aura toujours des dérives de la part de ces animatrices.
On a l’habitude de dire «rendez à César ce qui appartient à César», à quand les animateurs arrêteront de jouer aux journalistes ?
Par Serigne Babacar Dieng