Les vendeurs de café et de jus lui ont trouvé un nom. Ils l’appellent «sucre chinois» et l’utilisent pour rehausser la saveur de leurs produits.
Seulement voilà, le «sucre chinois» n’est, en réalité, rien d’autre qu’un édulcorant destiné à la fabrication des produits industriels. Sa consommation peut nuire à la santé.
Depuis quelques années, le «sucre chinois», prisé par les vendeurs pour son caractère bon marché a envahi le marché. En effet, quelques grammes seulement peuvent suffire pour sucrer des litres. Mais, vu que son goût laisse à désirer, les vendeurs ont trouvé la parade. Ils le mélangent avec du sucre naturel pour en atténuer l’ardeur et dissiper les soupçons du consommateur. Et le tour est joué.
On est aux Parcelles assainies. Massaer Syll est un jeune homme d’une vingtaine d’années. Assis devant sa table, il vend du « café-Touba». Il aborde le sujet sans ambages. «J’ai utilisé ce sucre une fois. Un ami me l’avait conseillé en me disant qu’on pouvait l’utiliser sans qu’il change le goût du café, et puis il est très économique. Après, j’ai constaté que cela altère carrément le goût. Donc, je l’ai arrêté», déclare-t-il. Quand il s’agit de communiquer sur le sujet, certains commerçants optent pour le silence ou feignent d’ignorer l’existence d’un tel sucre. C’est le cas de Cheikh, trouvé au marché de Grand-Yoff, devant une boutique. Lorsque la question lui est posée il répond par le négatif. «Je ne sais pas où est-ce que l’on peut l’avoir», évacue-t-il. Mais, il se contredira sans s’en rendre compte. «Il est plus facile de le trouver à Sandaga qu’à Grand-Yoff», dira-t-il. Son café que nous avons essayé dégage le goût d’un sirop. Ce qui discrédite ses allégations
Au marché Dior, d’un air timide et réticent, Mbaye Diop nous indique discrètement le magasin du grossiste qui en vend. «Je ne dispose pas de ce sucre. Allez demander ailleurs», répondra le grossiste.
Pour Aminata Samb Sène, une jeune dame âgée de 27 ans, ce sucre n’est pas seulement utilisé par les vendeurs de café. C’est un produit prisé par les vendeurs de jus. «J’ai découvert ce sucre en 2002, lors de mes premières vacances à Louga. On l’utilisait pour faire des jus de +bissap+ (oseille de Guinée, Ndlr). Avec une de cuillérée à soupe, on peut sucrer des litres. Un an après, je l’ai vu à Dakar», informe-t-elle.
WALF