CHRONIQUE DE MAREME
Malick : miraculé
J’ai l’impression que ma tête va exploser. J’ouvre difficilement les yeux comme s’ils pesaient des tonnes. Un homme blanc se tient devant moi avec un grand sourire.
- Hello, bonjour, buenas dias, dit – il comme s’il voulait savoir quelle langue je parlais.
- Bonjour, dis – je à voix faible. Je voudrais dire un mot de plus mais l’énergie me manque, en plus ce mal de tête oh. Je ferme encore les yeux. Je le sens près de moi, il s’assoie et me prend le bras.
- Vous vous souvenez de ce qui s’est passé ? Je fais oui de la tête et il continue. Vous êtes le seul survivant de ce crash. C’est un miracle que vous soyez réveillés vu les blessures que vous aviez quand on vous a transporté ici. Il efface une larme qui vient de couler, en pensant à tous mes collègues.
- Je suis là… depuis combien… de…. temps ?
- Presque deux mois. Autant pensais – je, mon Dieu. Comme s’il avait lu dans mes pensées, il reprend. Quand on vous a ramené ici, vous respiriez à peine. J’ai dû vous opérer avec les moyens du bord pour stopper l’hémorragie et je n’avais aucune bande de sang, pour compenser la perte. C’est un véritable miracle si vous vous en êtes sorti. Je voudrai savoir ou vous avez mal ? Vous n’avez pas besoin de parler juste faire oui de la tête quand je toucherais un endroit qui vous fait mal. Cette auscultation m’a paru une éternité. Je crois qu’il aurait dû me dire d’acquiescer la tête quand je n’ai pas mal. Cela m’aurait évité un torticolis tellement je n’ai pas arrêté de pencher la tête. A la fin, je me suis rendormie, épuisé.
Quand je me suis réveillé, il n’y avait plus personne dans la case. Mes pensées se sont directement tournées vers ma famille. Mon Dieu, je ne veux surtout pas imaginer dans quel état ils sont, surtout Aicha. Elle doit être complétement anéantie. Deux mois déjà, il faut que je les avertisse dis – je tous bas avant de sombrer encore dans le sommeil.
Les jours qui ont suivi ont été très durs. J’avais l’impression que j’avais été percuté par un camion. Le moindre petit effort était un grand combat pour moi, mais il me fallait récupérer au vite, afin de retourner vers ma famille qui me croyait surement mort. Manger, parler, bouger m’était plus que difficile. Il y avait toujours cette femme de taille si petite qui venait tous les jours, me nettoyer, me donner à manger ou encore me mettre des huiles sur mon corps. Elle me donnait dès fois des sortes de tisane très chaude que j’avalais difficilement. Je n’arrivais pas à communiquer avec elle, car elle parlait une langue bizarre et il m’était difficile voire impossible de faire trop de geste. Je n’en avais pas encore la force. Tous ce que je voulais, c’est parler avec le médecin blanc, que j’avais vu le premier jour, afin qu’il prévienne ma famille. Malheureusement, il avait disparu de la circulation. J’avais l’impression qu’il passait mais comme je divaguais la plus part du temps, j’en doutais. L’image d’Aicha me souriant m’aidait à combattre contre mon mal.
Combien de temps, je suis resté dans cette léthargie ? Je ne saurais le dire. Mais plus les jours passaient plus j’allais mieux. J’ai commencé à me lever moi-même pour marcher quelques pas dehors, aidé de près par cette fille qui m’arrivait à peine par la taille. Je surprenais dès fois son regard attendri et quand elle me lavait, j’avais l’impression qu’elle n’était pas pressée. Après quelques jours, je me souviens que s’était-elle que j’avais vu ce fameux jour de l’accident. Je lui ai souri pour la première fois tout en évitant un quelconque geste vers elle, car les quelques jours passés avec elle, m’a fait comprendre qu’elle avait l’air d’avoir des sentiments pour moi. Bref je me remettais petit à petit et j’avais hâte de revoir ce blanc.
Un jour, j’étais assis sur un tronc d’arbre qui servait de banc devant cette petite case, que j’ai vu apparaitre le médecin. J’ai pris un grand air de soulagement. Il m’a souri en comprenant mon appréhension. A vu d’œil, il doit avoir mon âge malgré sa grosse barbe. Seule sa blouse blanche laisse deviner que c’est un médecin.
- Wonderfull, vous allez mieux. Je suis désolé de vous avoir laissé si longtemps ici. Mais je vois que Nanka a fait du bon boulot.
- Oui, votre amie m’a beaucoup aidé. Ou étiez-vous tout ce temps ?
- Le travail m’appelait. A cause de vous, j’avais un peu délaissé le but de ma venue ici. Je regarde autour de moi, toujours pas habituait par l’immensité intense de cette broussaille et de ces arbres.
- Qu’est – ce qu’un médecin fait ici au milieu de la forêt. D’ailleurs ou sommes-nous exactement ?
- Nous sommes dans la forêt d’Ituri dans le nord du Zaïre. Ici, y vivent beaucoup de tribus dont les plus célèbres sont les pygmées de la tribune des Mbutis. Il y a quelques temps, ils ont été frappés par une épidémie qui a fait beaucoup de mort. Je me suis porté volontaire, car j’ai toujours rêvé d’étudier la vie primitive de ces indigènes.
- Vous êtes là depuis combien de temps ?
- Sept mois.
- Waw ça fait longtemps ça.
- Oui, j’ai réussi à stopper l’évolution de la maladie depuis longtemps. Maintenant je reste plus pour moi-même. Il s’assoie près de moi et continue. Je suis fasciné par la culture pygmées qui gravite autour de la forêt. Leur connaissance du monde des arbres me stupéfie. Ils savent que telle Liane – Mozambi, en langue pygmées – tranchait d’un coup de machette jaillira un filet d’eau fraîche. Ils montrent tels écorces qui guéries les brûlures d’estomac, tels autres qui, laissées à macérer dans l’eau, soulage les femmes aux règles douloureuses. Une fois j’ai vu un jeune homme mordu par un serpent, sauvait par des feuilles d’arbre appliquaient sur la plaie. Une autre fois…
- Excusez-moi Docteur, mais je voudrais contacter ma famille au plus vite.
- Ha oui vous avez raison. Quand je commence dans mes histoires là ha ha ha.
- Oui j’ai vu que vous êtes un vrai passionné et cela me fera plaisir de vous écouter mais pour moi il y a plus urgent.
- Vous avez raison sourit – il. Cet homme est trop joyeux à mon goût. Le hic c’est qu’il n’y a rien ici qui nous lie à l’extérieur continu – t-il. Mon cœur fait boum.
- Comment est – ce possible ? Vous n’avez pas de portable ?
- Perdu durant une de mes excursions et même quand je l’avais je n’avais pratiquement jamais de réseau.
- Alors je prendrais la route dès demain dis-je déterminé.
- Dans votre état ? Vous n’aurez aucune chance d’arriver vivant jusqu’en ville. Je me lève avec rage du banc ou j’étais assis et me dirige énervé vers la case. Dès que je fais trois pas, je titube un peu, Michael vient me prêter main forte.
- Vous voyez ? Ne soyez pas si têtu, vous n’êtes pas en état de faire un voyage aussi contraignant. Quand j’ai quitté la ville pour venir ici, j’ai fait deux jours de route. Ensuite trois jours de marches pour arriver enfin ici. J’étais au bout de ma vie. Alors imaginé que vous devez faire la marche jusqu’en ville et dans votre état. C’est du suicide assuré.
- Je suis là depuis presque trois mois. Ma famille croit surement que je suis mort. Comment pourrais-je rester ici sachant cela.
- J’avais donné rendez – vous dans trois mois ceux qui m’avait amené ici et….
- Trois mois ? Jamais je ne pourrais rester autant de temps. Je vous en supplie aidez-moi à faire ce voyage. Je suis prêt à tout pour rallier la ville. Le plutôt sera le mieux. Votre prix sera le mien.
- Vous avez écouté ce que je viens de dire, vous n’êtes pas…
- Je sais très bien ce que vous avez dit et je suis prêt à prendre le risque. Il est hors de question que je reste un jour de plus ici. Il croise les bras et fais non de la tête.
- Waw, vous êtes très têtu vous. Bon d’accord, nous partirons dans une semaine tout au plus, car il me faudra au moins quatre pygmées qui vous porteront la plus part du temps vu votre état.
- Le voyage prendra combien de temps ?
- Je ne sais pas vraiment, un mois tout au plus, vu que ça sera à pied.
- Ça me va. Je calcule dans ma tête. Vivement que je retrouve mes siens.
Fusille (homme de main de Willane) : au garde-à-vous
Depuis quelque temps, mes hommes et moi étions en congé, si je peux dire. Plus d’insulte à tout va et de stresse non-stop. La cause venait du fait que Karaba la sorcière (Aicha) avait pardonné à mon Patron. Comme le lui avait demandé son conseiller en couple, mon patron lui avait écrit une longue lettre où, il lui disait toute sa peine et son regret, pour ce qui c’était passé. Ensuite, il a retenté une autre approche et cette fois, elle n’a pas fui. Ce jour-là, elle a répondu à son salut et lui a dit qu’elle le pardonnait. Cerise sur le gâteau, elle lui a même sourit avant de se séparer de lui. Vous auriez dû voir mon patron, un vrai enfant amoureux. Willane était si obnubilé par cette fille, qu’il en oubliait ses affaires. Son obsession, de plus en plus grandissante, me faisait peur. Le fait de faire venir un homme pour le conseiller sur comment conquérir Karaba, montre à quel point il est piqué. Par de simple petits conseils hyper nul, cet homme soutire des millions à mon patron et ce dernier con qu’il est, croit dure comme fer qu’il va réussir à la conquérir. Vu que c’est moi qui amène personnellement les cadeaux, je sais d’avance que rien n’est gagné avec cette fille. Elle a accepté les deux premiers cadeaux qui étaient des fleurs et des chocolats. Mais quand je suis venu avec un ensemble de bijoux en or, elle m’a presque fermé la porte au nez. J’ai dû mentir, pour qu’il ne défoule pas sa colère sur moi. Thim, je déteste cette femme, car je sais que tôt ou tard, elle va nous apporter des ennuis. Comment ? Je ne saurais le dire mais je le sens au plus profond de moi.
Comme pressenti, après deux mois, mon patron a commencé à perdre patience. Les insultes ont repris de plus belle. Quant au conseiller, il l’a tué tout simplement. Ce n’était pas très dur de se débarrasser de lui, vu qu’il avait un penchant en cocaïne et qu’il avait déjà fait deux cures de désintoxication. Comme il avait repris la drogue depuis qu’il était avec patron, ça a été facile de stimuler une overdose.
Quant à Willane, il entrait de plus en plus dans la déchéance amoureuse. Tous les soirs, une pauvre fille subissait sa colère. Son côté masochiste avait plus que repris le dessus et des fois, il m’arrivait de les amener à l’hôpital quand il en finissait avec elles. Je leur payais toujours une somme colossale pour acheter leurs silences. Willane déversait toute sa colère envers Aicha vers ces filles qu’il frappait et baiser jusqu’à ce qu’elles perdent connaissance. La drogue avait aussi un rôle dans ça, car il en prenait chaque jour un peu plus.
Je suis devant sa porte et j’ai peur de la franchir. Il m’a réveillé au téléphone et m’a demandé de le rejoindre. Sa voix était très calme, ce qui ne présageait rien de bon. Mon cœur bat très vite. Je prends un grand air et ouvre la porte. Quand je croise son regard, j’arrête de respirer.
- Combien de temps dure le deuil d’une femme en islam ?
- Quatre mois dix jours monsieur dis- je les yeux baissés, les mains derrière le dos en signe de respect.
- Et elle est déjà à combien ?
- Il lui reste une semaine seulement, c’est-à-dire elle enlève la voile le jeudi prochain.
- D’accord, alors prépare-toi car je la prendrais comme épouse le vendredi inchallah. Je lève les yeux complétement surpris par ce qu’il venait de dire.
- Et comment ?
- Comme elle a refusé la carotte, alors je lui tends la cravache. La gentillesse n’a jamais été mon fort alors il est temps que je fasse ce que je sais mieux faire.
- Vous croyez qu’elle va accepter le chantage.
- Elle n’aura pas le choix dit – il en me faisant un sourire espiègle. Ses yeux sont hyper bouffis et tout rouge signe de sa prise abusive de cocaïne.
- Je vous écoute, vos désirs sont des ordres.
Aicha : l’alternative
Je viens de recevoir un appel bizarre qui m’a laissé pantoise devant le phone pendant une minute. La personne qui vient de m’appeler me dit qu’elle a des renseignements sur mon mari au sujet de l’accident. Il m’a donné rendez – vous à 16 H dans un restaurant appelé Mercure aux Almadies. Cet homme m’a demandé de venir seul et de n’en parler à personne. Malick serait – il en vie comme me le fait croire mes rêves ? Il ne se passe pas deux jours sans que je le vois, soit me tendant la main, soit me souriant avant de disparaitre dans un coin sombre, soit cherchant son chemin dans la forêt. Ma mère a beau me dire que c’est normal et que c’est le traumatisme de sa disparition qui fait ça, mais je n’en demeure pas moins convaincu. Plus les jours passent, plus j’ai le doute. Je n’arrive pas à passer le cap, il faut que je sois sure et certaine qu’il est mort la bas avant de me débarrasser de ces affaires qui sont toujours dans mon appartement. Chaque jour ma mère me presse pour que j’enlève ses habits de l’armoire, ou encore son bureau, ou ces photos mais c’est au-dessus de mes forces. Je n’arrive pas à tourner la page, car il y a toujours cette boule au fond de ma gorge, cette incertitude. C’est pourquoi il y a deux semaines, j’ai secrètement entamé des démarches pour envoyer quelqu’un là-bas afin de vérifier le nombre de corps dans cette épave d’avion. J’ai aussi commencé à travailler il y a un mois dans l’agence du professeur DIOUF, celui – là même qui faisait partie des jurys le jour du test d’aptitude avec Suzanne. Retravailler au cabinet m’était insupportable et rester à la maison impossible. Bref j’attends depuis une semaine que la banque m’octroie ce prêt que j’ai demandé pour financer ce voyage et voilà qu’un homme m’appelle pour me dire ça.
Je regarde ma montre, il est quinze heures. Je me dépêche de ranger mes affaires dans mon bureau et d’éteindre mon ordi.
- Tu vas ou comme ça ? Je sursaute et me tourne vers mon collègue dont j’avais oublié sa présence. Ça va ? demande t – il encore.
- Oui, je crois mais il faut que j’y aille, une urgence m’appelle
- Ok et qu’est-ce que je dirais au bos.
- Trouve moi quelque chose s’il te plait dis – je à petite voix.
- Ok, ça marche mais assis toi une minute, le temps de te ressaisir…
- Je ne peux pas dis – je en prenant mon sac, les mains tremblantes. C’est comme si d’un coup j’avais un mauvais pressentiment, quelque chose de pire de ce que je vivais déjà. Je quitte le bureau en courant presque et prend le taxi direction Mercure.
Quand j’arrive dans le restaurant, mon constat est qu’il n’y a pas âme qui vive. Un vent froid passe me faisant frissonner.
- Mademoiselle Ndiaye ? Je me tourne vers une serveuse qui venait d’apparaitre toute souriante. D’où est – ce qu’elle me connait. J’ai envie de fuir cet endroit bizarre mais je ne peux pas. Il faut que je sache. Sans dire un mot, je le suis vers un couloir qui aboutit à une sale plus petite mais mieux décoré. Mon cœur rate un battement quand l’homme qui était de dos se tourne vers moi.
- Bonjour Aicha. Je recule d’un pas, pris par l’effroi de cet homme dont le regard me faire toujours peur.
- Bonjour, j’ai rendez – vous avec….
- La personne qui doit vous renseigner sur le crash de l’avion de votre mari ? C’est moi ma chère. Je plisse les yeux, regarde autour de moi et recule de deux pas.
- Je je….
- Venez-vous assoir, je vais tous vous dire. Je fais non de la tête. Vous n’avez pas le choix ma très chère. Je tourne les talons mais avant que je ne fasse un pas, je vois le gars qui m’amenait des cadeaux fermer la porte du salon. Mes jambes ne me tiennent plus tellement je tremble. Je sens les mains de cet homme se poser sur mes épaules et je me dégage avec véhémence de lui.
- Ne me touchez pas. Il lève les mains au ciel avec un sourire diabolique
- Toujours aussi sauvage, c’est pourquoi je vous aime. A ce mot, j’ai la nausée. Comme on vous l’a dit au téléphone, j’ai des renseignements à te fournir au sujet de ton mari. Il met devant mes yeux une enveloppe avant d’aller s’assoir sur un des salons. J’avance en titubant, les yeux fixés sur cette grosse enveloppe posée sur la table.
- Asseyez – vous et prenez un bon coup avant de l’ouvrir. Comme une automate, je m’exécute et le dégrafe. Mes mains tremblent tellement fort que je n’arrive pas à l’ouvrir. Willane me le prend des mains avec furax me faisant sursauter. Il sort une photo, le regarde en souriant et le pose devant moi. C’est l’image d’un avion en bonne état dans un hangar. Je le regarde ne comprenant pas. Il sort une autre photo que je reconnais comme étant celle prise après le crash.
- Le malheur de cet homme, c’est de vous avoir épousé. Je ne voulais pas le tuer mais qui connait votre défunt mari sais qu’on ne peut l’acheter. Je prends des deux mains la bouche comprenant d’un coup ce qui se passe.
- Mon Dieu, c’est vous… vous….
- Oui j’ai commandité son meurtre parce que vous êtes à moi et à personne d’autre. Ça doit être un cauchemar, c’est ça un cauchemar. Je me pince la cuisse, les yeux embués de larmes. Ne vous écroulez surtout pas, car je n’ai pas fini de me confesser dit – il d’une voix pleine de sous – entendu. J’ai payé à votre premier défunt mari 50 millions de francs Cfa, pour vous avoir. Malheureusement, il est mort un jour avant de vous livrer. Alors j’ai contacté Niang, son bras droit, à qui j’ai promis une belle récompense. Mais ce salaud m’a dupé en complotant avec votre père. Je sursaute encore, mon cœur bat tellement vite que j’ai peur de faire une crise cardiaque. Oui votre père est au courant que je te traque. Il a comploté avec ce Niangue qui lui a payé sa maison pour lui permettre de refaire sa vie. Votre père a changé vos identités et est venu s’installé ici à Dakar, ce que je ne pouvais imaginer. Mes hommes vous ont cherché partout. Aucune trace de vous. Par contre j’ai retrouvé Niangue et je lui ai fait payer sa traitresse. Tôt ou tard, je fini toujours par me venger. Il pose la photo d’un homme décapité devant moi. C’est plus que je n’en pouvais voir et entendre, j’ai de suite vomie sur la photo. Ma tête tourbillonnait et trou noir.
Quand je me suis réveillée, j’étais dans une chambre. Donc c’était un cauchemar me dis – je soulagée. Je me relève doucement et me rend compte que je suis dans une chambre inconnue. Le temps que je me ressaisisse, le diable entre dans la pièce. Je me lève et essaye de courir vers la porte. Il me rattrape avec violence dans ma course et me jette comme une poupée sur le lit. Ma tête cogne violement le rebord du lit me clouant sur place.
- Ne m’excite pas Aicha sinon je te prends tout de suite ici sans attendre que tu sois ma femme. J’ouvre grand les yeux et la bouche. Ma tête est lourde, je n’ai jamais ressenti autant de dégoût, de colère et de haine, même pas avec le maire.
- Je ne serais jamais votre femme dis – je avec dédain en me levant et en me mettant face à face à lui. Je ne vous ai pas tué la dernière fois mais soyez sure que je ne vous raterez pas la prochaine fois. Une lueur de surprise se peint sur son visage avant de disparaitre. Il recule d’un pas et éclate de rire.
- C’est pour ça que je t’ai…Paaf, la giffle est tellement forte que ma main vibre. Il pose sa main sur sa joue meurtri, ferme les yeux et s’humecte les lèvres comme si cela lui avait fait plaisir. Suis – je en enfer. Quand il ré-ouvre les yeux, ces derniers lances des éclairs. Il me sourit et tourne doucement les talons pour aller ouvrir un tiroir du lit. Tu sais, je m’attendais tout sauf à ce que tu me menaces encore mais j’adore reprend t- il. Il faut que tu te mets une bonne fois pour toute dans la tête, que tu es et seras toujours à moi. Qu’importe comment je vais m’y prendre. Quand il se tourne, il me jette à la figure des centaines de clicher qui s’éparpille autour de moi. Tremblante de la tête au pied, je découvre les images de ma vie au quotidien. Moi tenant mon bébé dans la chambre, moi l’allaitant au salon, moi au supermarché ou avec ma mère à la cuisine. Je vois aussi mon père et mon frère à la boutique, à leur appartement. Des photos de chez nous, intimes. Je vois encore une photo ou je suis couchée sur mon lit portant un t-shirt de Malick comme j’ai l’habitude de faire. Comme s’il lisait en moi
- Oui ma chérie, je t’espionne depuis bien longtemps et je sais tout, absolument tout sur Mes jambes me lâchent et je m’assois par terre, ne pouvant plus retenir mes hoquets. Je vois ses pieds s’approcher de moi et doucement il s’accroupit devant moi en disant. Tu as deux choix : soit tu acceptes de devenir une douce et aimante femme pour moi et j’épargne ta famille, soit tu refuses et je les tue tous les uns après les autres jusqu’à ton petit bout de chou. Ensuite je te kidnappe, fais de toi mon objet sexuel pendant un bon bout de temps avant de te tuer. A toi de voir. Tu as jusqu’à demain, pour me répondre. Tic-tac, tic-tac. Comme à chaque fois que la panique me gagne, je commence à manquer d’air, suffoquant de plus en plus fort. Encore trou noir.
Abi : le legs
Je rentre de chez ma belle-mère, tellement énervée que j’en tremble. A peine que je viens de finir mon deuil, qu’elle me convoque. Une vraie famille de vautour, shiiipppp. Jamais de jamais, je n’accepterais de me remarier avec un cousin de Malick. Je ne voulais même pas les rencontrer. Si elle ose insister ainsi, c’est parce qu’elle a toujours cru, que je me suis mariée avec son fils par intérêt. Elle oublie que j’ai grandi avec lui, qu’il a d’abord était comme un frère pour moi avant d’être mon mari. Il est et restera l’homme de ma vie, pas un autre. Je commence à pleurer à chaude larme quand mon portable sonne. Je regarde, c’est Oumy. Elle a été d’une grande aide depuis le début. Nous ne nous sommes jamais entendus et aujourd’hui avec son soutien inconditionnel, sa gentillesse débordante et surtout sa présence de tous les jours ont fini par me charmer. Je comprends pourquoi Malick l’aimait autant, car c’est une femme en or. Je décroche en essuyant mes larmes.
- Bonjour Abi. Pourquoi tu es allé voir ma mère sans moi ?
- Parce qu’elle me l’a demandé personnellement.
- Et qu’est – ce qui s’est passé ?
- Quand je suis arrivée, il y avait tes trois oncles, ta mère et huit hommes avec elle, tous, des cousins de ton frère.
- Quoi ? Tu blagues dit – elle avant d’éclater de dire. Son fou rire fini par m’emporter et j’en fais de même.
- C’est fou n’est – ce pas ?
- Et qu’est-ce que tu as fait ? Reprend – elle.
- Pif, ils ont parlé pendant une heure d’éthique, du sens de la famille et patati et patata. Ensuite, ils m’ont présenté à tes cousins un à un et qu’aujourd’hui s’était juste le contact visuel et qu’ils m’appelleraient pour le reste. En un mot, je n’ai même pas eu droit à la parole et c’est peut – être ça qui me met autant en rage.
- Tu comptes faire quoi maintenant parce que je vois que ma mère ne blague pas.
- Tu sais, je n’ai jamais élevé le ton avec elle. Je la respecte beaucoup mais cette fois ci, je ne ferais pas ce qu’elle me demande. C’est au-dessus de mes forces, mais je ne ferais pas comme Aicha. Mes enfants ont un droit majoritaire sur l’entreprise de leur père et nous somme au 21 nième siècle. Légalement, ils ne peuvent pas leurs retirer ce qui leur appartient.
- Tu as tout à fait raison et si tu veux savoir, j’ai déjà parlé à Moustapha à ce sujet et il m’a mis en rapport avec un avocat. D’ailleurs j’appelais surtout pour ça. Je voulais vous en parler à toi et à Aicha mais je n’arrive pas à la joindre.
- Moi aussi et ça depuis deux jours. Tu crois qu’elle a rechuté la pauvre ?
- Je ne pense pas sinon sa mère nous aurait averties. N’est – ce pas que tu avais prévu un récital pour aujourd’hui ?
- Oui, la dernière, paix à son âme dis – je avec tristesse.
- Tu fais ça tous les vendredis depuis sa mort. Merci d’honorer ainsi sa mémoire. Je passe prendre Aicha, donc à tout à l’heure dit – elle avant de raccrocher. Une larme coule encore, je décide d’aller faire une sieste d’une heure avant d’aller prendre les enfants à l’école. Quand je traverse le salon pour prendre les escaliers, j’entends les pleurs d’un bébé. Je me tourne à gauche et à droite pour voir d’où est- ce que les pleurs venaient. Ça vient de l’appartement que j’avais aménagé pour Aicha. Je souris en pensant que c’est elle qui, surement est venue à mon absence. Mais à ma grande surprise je trouve ma bonne essayant de son mieux de calmer Fatima tout en faisant un biberon. Un sac est posé sur le lit. Mon cœur commence à battre plus vite. Ou est Aicha ? Pourquoi ce sac ? Pourquoi ne m’a-t-elle pas dit qu’elle venait ici. Je suis tout de suite envahie par mauvais pressentiment. Je prends Fatima dans mes bras et la serre très fort.
- Ou est sa mère ? Binta me regarde tristement et baisse les yeux sur un papier. Mon cœur rate un battement. Je lui donne le bébé qui s’empresse de tirer le biberon des mains de Binta.
- Quand sa mère est venue et qu’elle ne t’a pas trouvé, elle a dit que c’était mieux ainsi. Ensuite elle a mis Fatima dans son berceau et a écrit sur ce papier qu’elle m’a demandé de te donner. Elle pleurait toutes les larmes de son corps en partant, la pauvre. Vous croyez… Je lève ma main pour qu’elle se tait et tremblante comme une feuille, j’ouvre la lettre.
Ma chère Abi, je me remarie aujourd’hui et je sais que tu ne comprendras pas mon acte et tu m’en voudras énormément. Ne me demande pas comment ni pourquoi mais juste de l’accepter et de laisser Fatima vivre à côté de ses frères et sa sœur. J’écris ces mots avec tout le poids du monde mais avec le sentiment d’avoir fait le bon choix en te confiant ma fille. Je sais que tu prendras soin d’elle et que tu la chériras comme tu chéris tes enfants car, tu as un cœur en or. Grace à toi, je sais ce que c’est d’avoir une grande sœur. Merci d’avoir été là pour moi. Adieu
Aicha….
J’ai relu la lettre au moins dix fois, complétement bouleversée, ne sachant quoi faire. J’entends à peine la sonnerie de la porte retentir et Binta passer devant moi. Je me sens vidée. Pourquoi ? Je prends mon portable et essaye de la joindre : boite vocale. Je tente avec sa mère même chose. J’essuie mes larmes, je veux appeler Abi mais je veux d’abord la voir. Mais qu’est – ce qui se passe non de Dieu.
- Bonjour Abi…Je me fige, cette voix….ce n’est pas possible. Je n’ose pas me retourner. Des bras puissants, viennent me serrer la taille de derrière. Comme s’il avait lu en moi, il me chuchote à l’oreille. Oui c’est moi bébé.
- Malick réussis – je à sortir de la bouche avant de tomber dans les vapes….
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP