Les aléas climatiques et la situation précaire des paysans, entre autres compromettent les prévisions de l’Etat pour atteindre l’autosuffisance en riz, promise en 2017.
En attendant, la Saed a annoncé une production de 950 mille tonnes de riz en 2016.
L’atteinte de l’autosuffisance en riz risque d’être un vœu pieux. A entendre les contraintes exposées, avant-hier, par des experts agricoles lors de l’atelier sur la mécanisation de l’agriculture, on peut dire que l’objectif du gouvernement est compromis. «L’agriculture est une activité comme toute autre. La production n’est pas linéaire. Nous faisons face à des aléas comme tous les métiers. Un agriculteur peut commencer à produire aujourd’hui et tomber sur des aléas climatiques, inondations, ravageur, etc. Tout peut arriver», a confié Samba Kane, expert de la Société nationale d’aménagement des terres du Delta et de la vallée du fleuve Sénégal (Saed). «Nous sommes dans un pays sous développé. Nous n’avons pas tous les moyens par rapport à nos besoins», rappelle-t-il.
Selon lui, les chances d’atteindre l’autosuffisance dépendent par ailleurs de la capacité des ressources humaines. «Tout le matériel est à la disposition du producteur mais il y a certains qui n’ont pas la solvabilité pour y accéder», dixit M. Kane qui martèle qu’il y a suffisamment de tracteurs, moissonneuses batteuses et de motopompes pour l’autosuffisance.
Mais pour Youssou Diagne, expert agricole, ce ne sont pas ces tracteurs qui sont essentiels. «Si ces tracteurs tombent en panne, faute de pièces détachées, cela n’a aucun sens», ajoute-t-il. A l’en croire, la majorité des utilisateurs potentiels de ces matériels sont de petits producteurs qui n’ont pas beaucoup de moyens pour accéder au crédit. Il y a aussi le coût du matériel, avec des tracteurs qui vont au-delà de 35 et 40 millions de francs Cfa. Ce qui n’est pas à la portée de n’importe quel producteur, signale-t-il.
Malgré la problématique des ressources humaines, l’Etat continue de miser sur le matériel. Selon le directeur de cabinet du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Lamine Lô, plus de 800 autres tracteurs équipés sont attendus du programme de coopération brésilienne «Maïs Alimentos» et quelque 520 tracteurs équipés sur la ligne de crédit Exim bank of India dans le courant de l’année 2017. Les montants injectés dans ces programmes récents sont évalués à plus de 79 milliards de francs Cfa dont 45 milliards du programme brésilien, 22 milliards du programme belge et 12 milliards du programme indien. M. Lô rappelle par ailleurs que plus 850 tracteurs ont été acquis et toujours en cours de cession à des prix subventionnés à hauteur de 60 % depuis 2012. Le directeur de cabinet du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural confirme également la situation précaire des paysans. «La majeur partie de nos populations pauvres vive d’agriculture», dit-il en faisant également remarquer le faible niveau d’utilisation des intrants ainsi qu’une mécanisation archaïque.
WALF