L’ancien premier ministre a été agressé alors qu’il sortait de la mairie de Lamballe, aux côtés de Jean-Yves le Drian. Le jeune assaillant a été interpellé, et Manuel Valls a décidé de porter plainte.
Décidément, faire campagne sur le terrain s’annonce compliqué pour l’ancien premier ministre Manuel Valls. Il avait déjà été l’objet d’une attaque à la farine à la fin décembre, à Strasbourg. Un nouveau cap a été franchi ce mardi: l’ancien premier ministre a été agressé par un jeune homme qui l’a frappé au visage vers 16 heures, à la sortie de la mairie de Lamballe (Côtes d’Armor). L’assaillant a rapidement été maîtrisé par le service de sécurité et interpellé. Comme le rapporte France Bleu Armorique, le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian, présent au moment des faits, a été un instant pris d’inquiétude. Mais c’était sans compter l’aplomb de Manuel Valls, qui a terminé sa visite sans sourciller.
En sortant de la mairie, Manuel Valls s’est prêté à un traditionnel serrage de mains. C’est alors qu’un jeune homme aux cheveux bouclés lui a tendu la main, une invitation qu’il a soudain transformée en gifle, tout en criant: «Ici, c’est la Bretagne». L’ancien premier ministre a tenté d’esquiver et le jeune homme n’a pu que le toucher légèrement au visage. Un membre du service de sécurité a aussitôt refoulé le jeune homme, le plaquant en quelques secondes au sol, en le renversant sur le grillage de chantier qui était situé derrière lui. Le ministre de la Défense et président de la région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, qui accompagnait le candidat, a aussitôt demandé à Manuel Valls: «Ça va, Manuel?», avant de s’engouffrer avec lui dans leur voiture stationnée à quelques mètres de là.
Peu après, Manuel Valls, détendu, a réagi à l’incident devant la presse: «Je ne suis pas venu parler de moi. Il y a toujours des individus qui veulent empêcher la démocratie de s’exprimer», a-t-il dit. Et d’ajouter: «Il y a ceux qui contestent la démocratie et ceux qui l’incarnent comme les hommes politiques. La démocratie ne peut pas être la violence.» «Moi», a-t-il encore dit, «ce que je veux c’est convaincre les Français, qu’ils viennent voter, qu’ils se saisissent de leur destin (…) donc je vais au contact des Français, je n’ai pas peur.» Après réflexion, Valls a finalement décidé de porter plainte. «Il ne faut jamais oublier qu’un coup, un acte physique, c’est quelque chose de très violent. C’est le symbole. Si vous laissez passer un acte de violence, c’est une forme d’acceptation», explique-t-il en privé.
«Cette violence n’a pas sa place dans la République», a pour sa part réagi Bernard Cazeneuve sur Public Sénat. Le premier ministre a exprimé «affection et amitié» pour le candidat à la primaire organisée par la gauche. La série noire se poursuit pour Manuel Valls, qui était en déplacement Bretagne au lendemain d’un meeting annulé à Rennes, officiellement pour des raisons d’agenda. Mais des menaces sérieuses d’opposants à la loi El Khomri et la perspective de se voir à nouveau attaqué semblent avoir convaincu son équipe de campagne de reporter. Du côté de ses partisans aussi, la campagne de Manuel Valls peine à trouver son rythme de croisière. L’ex-locataire de Matignon a des difficultés à remplir les salles, et certains de ses soutiens ne cachent pas leur trouble devant ses positionnements de campagne, sur le thème «j’ai changé».
Jeune militant de la cause régionale bretonne
«On sait qu’on vient en Bretagne… Il y a les militants de Nuit Debout qui sont très présents. Ils étaient une dizaine. Il n’y a pas eu de bagarre, mais un homme, qui n’avait pas le profil d’un militant, a tenté de lui attraper le bras. L’officier de sécurité n’a pas voulu prendre de risque. L’homme s’est fait interpeller», a d’abord tenté de minimiser le directeur de campagne de Manuel Valls Didier Guillaume, sans qu’il soit possible de déterminer si le jeune homme en question est bien lié au mouvement issu de la contestation de la loi Travail.
Selon l’entourage de Manuel Valls, il s’agirait «d’un jeune homme proche de l’extrême droite bretonne», sans doute au vu de la «quenelle» qu’il fait sur son profil Facebook. Son père, interrogé mercredi par Le Parisien, explique de son côté que ce jeune militant de la cause régionale bretonne actuellement sans emploi «ne se reconnaît pas vraiment dans la société actuelle». «Il s’agit d’un geste de rébellion, pas de haine. Mon fils n’est pas un garçon méchant», ajoute le père, qui conclut: «Maintenant, il va devoir assumer». Le jeune homme de 18 ans, rappelé à la loi en 2014 pour usage de stupéfiants, et qui soutient sur les réseaux sociaux divers mouvements défendant «la souveraineté du peuple breton», a été placé en garde à vue. Il aurait indiqué ne pas apprécier la manière dont l’ex-premier ministre «traitait les citoyens», selon Le Parisien.
Le Figaro