CHRONIQUE DE MAREME
Malick : anticipation
Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller rendre visite à mes beaux-parents ensuite à ma mère. J’ai besoin d’éclaircir certains points avec eux. Pour moi, le baptême est l’occasion de resserrer les liens entre les deux familles. Malheureusement aujourd’hui, les femmes en ont fait un moment de règlement de comptes et la femme doit encore prouver qu’elle est digne de faire partie de la famille de son mari. Je ne comprends pas cette tradition bizarre. A la rigueur, j’aurais peut – être toléré que l’on fasse honneur à la femme. N’est – ce pas, elle qui a supporté pendant neuf mois la grossesse et qui a accouché avec toutes les peines du monde. Le mérite leur revient et non à la famille du mari. Je ne sais pas qui a inventé cette tradition mais il a fait hors sujet.
Je me gare près de la boutique de mon beau – père et prend un grand bol d’air avant de sortir. Menoumbé m’accueille jovialement comme toujours. Quand ma belle – mère me voit, elle se crispe et regarde son mari. Je crois qu’elle n’était pas au courant de ma visite. Je lui souris histoire de lui montrer que je viens en paix. Toujours est – il qu’elle vient vers moi hyper tendue.
Dibore (inquiète) : Mon fils, tout va bien demande t – elle en me tendant la main.
Moi (souriant) : Oui bien sûr, ça va très bien même. Aicha est bien installée et Abi l’aide avec le bébé.
Ngoor : Tu vois ? Ce n’est pas la peine de les déranger, elle est entre de bonne main. Mon beau père se tourne vers moi en me tendant à son tour la main. Elle voulait séjourner quelques jours chez vous, histoire de lui remettre les os en place avec des massages et aussi de lui apprendre quelque rudiment pour le bébé.
Moi : Ça me ferait énormément plaisir de vous recevoir chez moi ma tante. Mais, je ne veux surtout pas vous déranger. Abi a déjà dépêché une femme spécialisée pour les « dampe » (massage du corps). La dame est passée ce matin et au moment où je vous parle Aicha dort toujours.
Dibor (sourire) : Je suis vraiment contente de cette entente, Abi semble beaucoup tenir à ma fille et j’en suis très heureuse. Saurait – été le contraire, vous auriez perdu l’harmonie de votre maison. Alhamdoulilah, que Dieu préserve cette entente et fasse qu’elles soient comme des sœurs jumelles.
Moi : Amine ! C’est vrai que les voir ainsi me réjouit énormément.
Ngoor : En tous cas, tu me donnes envie de prendre moi aussi une deuxième épouse.
Dibor (fronçant les cils) : Astahfiroulah, regardez-moi ce profiteur, walay je te tue si tu fais ça. Shiiipppp. Nous éclatons tous de rire sauf elle bien sûr.
Menoumbé (taquin): Maman, toi aussi, tu devrais laisser papa épouser une petite drianké dakaroise parceque….ma belle-mère prend un balai et le poursuit, ce qui nous fais tous éclater de rire. Après ce petit intermède, nous nous installons au coin de la boutique pour parler. Je vois de loin Menoumbé faire la tête parce que son père l’avait écarté en lui demandant de rester à la caisse.
Ngoor : Alors mon fils, avant de commencer, je tenais d’abord à m’excuser par rapport au comportement peut honorable de ma femme. Je ne comprendrais jamais les femmes. Elle n’a pas fait de yébi avec le baptême de Menoumbé et aujourd’hui elle veut coûte que coûte accomplir cette tradition pour sa fille.
Dibor : Quand on est mère, on devient moins stricte et on essaye toujours de faire ce qui semble raisonnable pour son enfant. Votre mère semble tenir beaucoup à cela puisqu’elle m’a envoyé elle – même sa griotte. Je suis sure qu’elle va lui pourrir la vie si nous ne faisons pas ce qu’elle veut.
Moi (stricte) : Pour que maman lui pourrisse la vie, il faudrait qu’elle habite avec elle.
Dibor : Il y a beaucoup de façon pour aboutir à son but mon fils.
Moi : Ne vous inquiétez pas, ma mère a beau crié, mais, elle ne mord pas. Elle a juste la maladie de ‘m’as-tu vu’. Si je l’avais suivi dans ses délires jamais je ne serais là où suis aujourd’hui, professionnellement parlant. Un des handicaps majeurs de notre pays c’est le gaspillage excessif que l’on voit toujours dans les cérémonies. J’ai toujours été contre ce fait et j’aimerai que vous respectiez cela.
Ngoor (posant sa main sur le cœur comme pour jurer) : Ne vous inquiétez surtout pas pour cela, elle ne va même pas donner un tissu d’un mètre Walaahi, parole de Ngoor Soukay Almamie Ndiaye. Je lui souris
Dibor (dépité) : D’accord Malick, vous avez gagné dit – elle en levant les mains au ciel. Je vais prier pour que tout se passe bien. Je viendrais un jour avant le baptême chez vous Inchallah.
Moi (souriant) : Magnifique. Aicha m’a dit que vous aviez invité votre famille de Thiès. C’est bien que vous aillez décider de tourner la page et de les pardonner.
Ngoor : Dieu s’est chargé lui-même de leur faire payer toutes les préjudices qu’ils m’ont causé. Regarde, j’étais un agriculteur fini, aujourd’hui je suis un commerçant qui gagne bien sa vie et dont les affaires se fructifient chaque jour un peu plus. En plus Dieu a mis sur mon chemin un gendre merveilleux qui a su effacer les erreurs de mon passé avec ma fille. Que demander de plus, Allhamdoulilah.
Moi : Machalah. Je sors l’enveloppe que j’avais préparé pour eux et le met sur sa main. Il se braque de suite et fronce les cils.
Ngoor : Chi Malick, avec toutes les dépenses qui vous attendent. Normalement c’est moi qui devrais donner ma participation. Je suis désolé mais….
Moi : S’il vous plait acceptez ce petit présent car vous en aurais besoin avec vos invités. Si vous le refuser, j’en serais énormément vexé. Il regarde sa femme qui lui fait signe de la tête et le prend finalement. Ouf, c’est fou comme il est orgueilleux. Du jamais vu.
J’ai quitté mes beaux-parents direction chez ma mère. Je sens que ça ne sera pas une partie de plaisir. J’ai promis à Aicha de lui parler le plus calmement possible.
A mon arrivée, je vois que les parents lointains commencent déjà à remplir la maison. Thiey sama yaye (ha ma mère). Après des salutations de presque dix minutes, je la prends finalement à part. La connaissant, je lui donne d’abord son enveloppe pour le baptême. D’abord surprise, elle me prend dans les bras avant de se lever et de fermer la porte de la chambre à clé.
- Hum c’est lourd dé, c’est combien ?
- Un million. Elle sourit de plus belle et sort l’argent en le respirant fortement, ce qui me fait éclater de rire. Tu ne vas jamais changer toi.
- Qui n’aime pas l’argent han. Yawe, tu es plus riche que tu ne veux le montrer. Seulement tu me délaisses au détriment de tes voraces de femmes surtout ta dernière là. Je lui souris en secouant la tête.
- En quoi je t’ai délaissé maman ? Je t’ai acheté cette maison, une voiture, je te donne de l’argent tous les mois, je t’amène à la Mecque à chaque fois que l’envie te vient. Qu’est-ce que tu veux de plus ?
- Ce n’est pas assez dit – elle en boudant comme une enfant.
- Tu ne changeras jamais toi. Bon, parlons sérieusement tu veux.
- Non, je ne veux pas. Surtout ne me gâche pas le plaisir que tu viens de me faire.
- Maman s’il te plait écoute moi lui dis – je, en prenant la main.
- Y’a quoi?
- Je ne veux pas que tu imposes le yébi à Aicha. Elle ouvre grand les yeux, les rétrécit, fait une moue avec sa bouche, croise les bras.
- J’en étais sure, donc cette femme est aussi vorace que je le pensais. Si elle croit qu’elle peut bouffer l’argent de mon fils et s’en sortir ish. Dans ce pays, toutes femmes qui se respectent passent par cette épreuve.
- Tu t’entends ? Je me demande dès fois si je suis ton fils.
- Onzoubilah répond – t-elle en écarquillant les yeux. Pourquoi tu me dis ça demande – t-elle choquée.
- Une vraie mère doit être heureuse quand elle voit son fils épanouie dans ses ménages. Tu veux coûte que coûte contrôler ma vie, mais surtout mes dépenses.Tu n’y arrives pas donc tu crois pouvoir passer par mes femmes quitte à leur mener la vie difficile.
- Je ne laisserais personne s’accaparer du fruit de ma moisson Malick. Quand ton père est mort, j’ai vendu tous mes biens pour que tu puisses continuer tes études convenablement. Tu ne sais pas tous ce qu’on a dû supporter, se priver moi et tes sœurs, pour que tu réalises ton rêve et elle éclate en sanglot. Mais j’étais déterminé à lui dire mes quatre vérités quitte à la blesser.
- A qui la faute ? Si papa avait été assez ferme avec toi comme je le suis aujourd’hui avec toi, il aurait pu économiser assez pour notre avenir. Elle arrête direct de pleurer et me regarde avec une telle haine que je frissonne.
- Comment oses – tu…
- Je n’ai pas fini. Puisque tu vois notre rapport comme une banque et son client sache que j’ai payé largement ma dette.
- Tu m’offenses Malick. Je ne te reconnais plus, jamais tu ne m’as parlé sur ce ton.
- Dama seusse rék (je suis à bout).
- Dit plutôt que cette femme te tient. Je secoue la tête en me levant.
- Je vois que c’est un dialogue de sourds. Ce qui me fait le plus mal c’est qu’autrefois je venais ici avec tellement d’empressement, hâte d’être dans les bras chaleureuse d’une mère qui m’aimait pour ce que je suis et non sur ce que j’ai. Le pouvoir de l’argent est à craindre, puisqu’il peut détruire la relation si charnelle d’une mère et son fils. Je sors de la chambre sans me retourner.
Découragé, je décide d’aller directement au bureau alors que j’avais promis à Aicha de passer avant. Pour lui dire quoi, comme toujours, mes conversations avec maman, se termine en queue de poisson. Dès que je franchis la porte de mon bureau, je suis accueilli par le sourire radieux de Daouda.
- Bonjour patron, Suzanne vous attend depuis ce matin.
- J’imagine que c’est une bonne nouvelle vue le sourire que tu affiches.
- Suzanne dit que c’est l’affaire du siècle pour vous et qu’après cela, tu vas faire partie des grands et moi j’aurai mon augmentation.
- A ce point ? Hum intéressant ça. Dis-lui que je suis là. Une heure plus tard, j’étais dans la voiture direction chez moi. Je ne tenais plus sur place,il fallait que je partage cette joie avec Aicha. Normalement je dois partir dès le lendemain du baptême. Ce procès vas expulser mon cabinet sur le plan international avec tout le tapage médiatique qu’il va faire. Mon seul souci c’est que je vais me séparer d’Aicha pour la première fois depuis qu’on est ensemble.
Un jour avant le baptême, quelque part dans un enclos d’avion.
- Il y aura combien de passagers ?
- Onze je crois, plus le pilote.
- J’espère que le travail est propre vu la somme colossale qu’on a déboursé.
- Ne vous inquiétez pas, j’ai fait de tel sorte qu’on croira à une panne de moteur.
- Tenez, voilà le reste de l’argent, ni vu ni connu.
- Une minute monsieur ? Je voulais connaitre la personne visée. Est-ce l’avocat ?
- Il vaut mieux que vous ne le sachez pas au cas où cela tournerais mal. Bonne nuit.
Je prends mon portable et appelle mon patron. Il décroche à la première sonnerie.
- C’est fait Wilane.
- Je pense toujours que le tuer n’était pas nécessaire.
- Tu as suivi cet homme assez longtemps pour savoir qu’on ne peut pas le corrompre encore moins l’intimider. Nous avons regardé la situation sur tous les plans, c’est la seule solution.
- Comme tu voudras Wilane….
Partie Aicha : Le baptême
Debout devant le miroir du salon de coiffure, je me regarde avec scepticisme. Qu’est – ce qui m’a pris de donner à Abi le côté habillement. On dirait elle en miniature, ishh, trop de maquillage, trop de perlage, trop de bijoux, trop de trop. Heureusement que j’ai réussi à la convaincre de ne pas me faire les faux-cils et ongles.
Depuis hier, ma mère est là, elle m’a contaminé son stress démesuré. J’ai même l’impression que le baptême n’en est pas seulement la cause. A cet instant elle entre dans le salon et nos yeux se croisent. Elle les ouvre grandement avant de se reprendre pour ne pas vexer Abi qui sourit grandement comme si elle était fière de son œuvre.
Abi : Ma tante vous voilà ! Comment trouvez-vous Aicha ? Elle est magnifique n’est-ce pas ? J’ai hâte que les gens la voient. Le vert lui va à merveille, on dirait une princesse de fée.
Maman : Heu, oui c’est très jolie. Merci pour tout ce que tu fais pour elle. Par contre il faut vous dépêcher, c’est Malick même qui m’envoie vous chercher. Vous avez vraiment duré là.
Moi : Oui oui, tu as raison trois heures de temps, c’est vraiment trop. Je m’assoie pour mettre mes chaussures que je regarde encore une fois inquiète. Je me tourne vers Abi en les lui tendant : walay je vais ramasser la boue avec ces chaussures.
Abi : Toi aussi Aicha, tu t’es entrainée pendant deux jours. Tu es une grande dame, tu ne peux plus te permettre de porter des chaussures à deux centimètres.
Moi : mais je viens d’accoucher et…
Abi : Bla bla bla, arrête de rechigner, sinon je vais regretter de t’avoir habillé. Ma mère me fait un clin d’œil.
Franchement je n’aime pas, de haut en bas, rien. Ni ce tissu vif de perlage, ni ce maquillage de clown, si ces bijoux trop affriolants. Rien. Et si je dis quelques choses, elle va se vexer. Je bous de l’intérieur. Mais quand je la regarde je suis un peu soulagé, elle y est allée vraiment fort. Nous sortons du salon vers 11 h alors que nous y sommes entrés vers 8H. Ce qui est sure c’est que je ne vais pas y revenir le soir, plutôt mourir. De toute façon ce maquillage va tenir pour un mois au plus.
Dans la voiture, je tiens très fort la main de maman et plus on s’approche de la maison plus mon cœur bat plus fort. Quand nous arrivons, je suis au summum du stresse surtout quand je vois cette grande tante sur le jardin. Avant que la voiture se gare Abi se tourne vers moi en me pointant le doigt menaçant.
Abi : Je te préviens, la tête haute, la démarche lente et le regard charmeur. Compris ?
Moi : Oui chef.
Les gens commencent à se lever et à venir vers moi. Tandis que, je traverse la cour comme une reine entre guillemet, les félicitions et les ngokalé (vœux) fusent de partout. En grande partie, je ne connais pas les gens qui me saluent et heureusement qu’Abi est à côté de moi. Elle les connaît tous de nom et leurs salue avant même qu’ils ne soient à notre hauteur. Comme c’est le matin, il y a plus d’homme que de femme.
Abi (me prenant la main) : Allons d’abord saluer notre belle – mère avant d’aller au salon.
Moi (faisant une grimace) : Mes seins sont très gonflés, je voudrais d’abord donner à téter sinon…
Abi (tirant sur moi) : Hors de question, fait ce que je te dis pour une fois. C’est une femme qui se vexe très rapidement alors allons y et vite.
Je sens que la journée risque d’être longue et éprouvante. Vivement que ça se termine et que je retrouve ma tranquillité.
J’entre dans le salon ou ma belle-mère m’attend avec sa grande délégation. Elles me dévisageaient comme des aliènes. Quant à ma belle-mère, son regard m’a mis froid au dos. L’arrivée de ma fille dans les bras de la vieille badiène (tante de Malick) de la famille Kane, a un peu adouci l’atmosphère. Durant tout le temps qu’elle faisait le tour d’honneur pour montrer ma fille, je récitais Fatiha. Elle est tellement âgée qu’elle marche en tremblant. Après qu’on lui fit le tour d’honneur avec des ho, ha, hi, qu’elle est jolie, on la mise enfin dans mes bras. Toujours un bonheur de la voire avec son jolie petit visage de porcelaine. Mon premier réflexe c’est d’enlever son bonnet blanc pour voire sa tête rasée, le choc. Mes yeux se sont tout de suite embués de larmes quand je vois les petits caillots de sang un peu partout sur sa tête. Je lève les yeux vers la badiène machin quoi.
Moi (essayant de garder mon calme) : C’est vous qui l’avez rasé ?
Badiène (visage refermé) : Oui ! Il y a un problème ?
Moi (voix triste) : Vous l’avez beaucoup saigné. Vue votre âge, vous auriez dû….
Maman (me coupant) : Merci pour cette délicieuse attention. Elle…
Badiène (levant la main pour la couper) : Laissez continuer votre fille s’il vous plaît lance t – elle froidement à ma mère. Et elle commence à parler peul et vue comment sa bouche faisait de petits rictus, ça ne devait pas être doux.
Moi (la coupant) : Je ne comprends pas toucouleur badiène dis agacé.
Ma belle – mère (haussant le ton) : Qu’elle impolitesse, vous osez l’insulter et maintenant vous lui couper la parole. Brouhaha. Toutes les femmes qui étaient autour de moi ont commencé à jacasser comme des poules. Maamo, louma défati (quelle bêtise, ai-je encore fait). Ma belle-mère fait signe à sa griotte qui vient se placer théâtralement avec une autre femme devant moi. Ma mère se penche vers moi et me dit de ne plus ouvrir la bouche. Wa mane diomi wouma rék (je rêve réveillée). Tout le monde se tait, une mouche passe, vous l’entendez n’est-ce pas. Elle commence à chanter avec cette voix très puissante qu’on lui connait. La femme qui était à côté de lui, traduisait quant à elle tous ce que la griotte chantait.
Chant : Qui ne connait pas les Toroodo du Fouta, a surement entendu parler d’eux. L’islam a connu son apogée dans tout le Fouta et la sous-région grâce au grand et vénéré marabout, le roi Abdoul Kader KANE, leur ancêtre dit – elle en pointant du doigt ma badiène et ma belle – mère. Et là elle a commencé à énumérer des noms. Est – ce que je vais rester ici à écouter ces gamineries alors que ma fille commence à pleurer et que ma robe se mouille du lait qui dégouline sur mon corsage. Je me tourne vers ma mère lui disant en sérère.
- Soit, tu m’ouvres la fermeture de la robe, soit je quitte cette salle tout de suite, pour aller allaiter ma fille. A ma grande surprise, elle s’exécute et moi je sors mon sein que je donne à Fatima (nom de ma fille) qui le prends avec avidité. La griotte a arrêté quelque seconde de chanter avant de reprendre. Elles vont encore crier au scandale shiipppp. Je m’en fou, on n’est jamais beau devant son ennemi. Tout ce que je ferais devant eux sera considéré comme une insulte alors tanpis. A cet instant je vois Malick entrer dans la salle, avec son grand boubou bleu marine, le sourire aux lèvres. . Allélouya, mon sauveur. J’ai souri mes trente-deux dents sans le faire exprès. Abi m’a fait un coude genre retient toi.
Malick : Voilà mes deux reines. Qu’est-ce que vous faites toujours ici demande t – il innocemment. Sa mère s’adresse à lui en toucouleur d’un ton acerbe, ensuite sa badiène la suit de près, mon cœur bat plus vite. Malick les écoute attentivement, on aurait dit qu’elles faisaient mon procès, chi taye ma dé (mon heure est venue). Quand elles ont fini, mon mari leurs réponds en toucouleur en souriant. Je ne sais pas ce qu’il leur a dit mais elles semblaient encore plus fâchées à pars les autres autour qui riaient. Quand il m’a tendu la main en souriant, j’ai vite rajusté ma robe et je l’ai suivi sans demander mon reste. Malick nous prends moi et Abi par la taille et nous guide vers ses invités. Nous sommes restés encore une demi-heure avec les hommes avant de se retirer dans ma chambre. Dès que je suis entrée dans la chambre, Malick me lance.
Malick (moqueur) : Abi ne t’a pas raté kèh kèh kèh. Je lui lance le coussin au visage avant de lui demander.
Moi : Arrête s’il te plait, j’ai assez la rage comme ça.
Maman : Si ton habit matinal est si festival, je n’imagine pas celui de ce soir. Nous éclatons tous de rire.
Moi : Au fait qu’est-ce que tu dis à ta maman tout à l’heure.
Malick (sourire) : Je leur ai juste rappelé la grande bagarre qu’il y a eu entre elle et ma badiène et qui avait fini par atterrir à la police. Et j’ai fini par leur dire que si les deux plus grandes ennemies du monde sont devenues amies alors, je garde espoir qu’un jour qu’elles le soient avec toi.
Maman (soulagée) : Merci mon fils de n’être pas entré dans leur délire, je ne sais même pas pourquoi elles détestent tant ma fille.
Malick : C’est juste qu’elles éprouvent le besoin de pimenter leurs vies avec des broutilles. L’important c’est de ne pas entrer dans leurs provocations et de profiter au maximum de cette belle journée. Je vous laisse, à tout à l’heure, il me fait un clin d’œil avant de sortir.
Maman : Tu as vraiment beaucoup de chance d’avoir un mari si intelligent.
Moi : Oui c’est vraie. Alors ta délégation de sorciers vient quand ?
Maman (levant les mains au ciel) : Je ne dors plus depuis que ton père les a appelés. Je te jure que j’ai la boule au ventre. Mais c’est vrai qu’il est temps d’enterrer la hache de guerres mais j’appréhende leur venu.
Moi : J’espère que ce n’est que ça maman. Je la vois tiquer et se lève pour aller voir le bébé dans son berceau. Maman, depuis le temps toi aussi. Qu’est – ce que vous me cacher ?
Maman (paniquée) : De quoi tu parles ? Toi aussi arrête de te faire des films.
Moi : Tôt ou tard, je le saurais. Sais-tu que mon mari est allé jusqu’à enquêter sur vous mais il n’a rien trouvé de louche. Seulement je sais, j’en suis sure même que vous me cachez quelque chose de très grave qui est en rapport avec moi. Elle baisse la tête une minute.
Maman (prenant un grand air) : Je te dirais tous mais seulement après ce baptême. C’est promis ma fille, une chose après l’autre. D’accord ? Dépitée, je laisse tomber et va vers mon armoire prendre mon sac. Je sors toutes les enveloppes contenant les noms de chacun de mes parents.
Moi (lui tendant les enveloppes) : Tu connais leur amour pour l’argent alors j’ai ici ce qu’il faut pour leur faire fermer leurs becs. Tu sais que Malick me donne tout ce qu’il faut, ce qui fait que je n’ai jamais touché à la moitié de mon salaire qui restait. Ma mère vient près de moi et me prend dans ses bras, soulagé.
Maman : Avec ça, ils vont être à tes pieds, ces vautours. Tu sais qu’ils ont fait les difficiles quand ton père les a appelé. Ils disaient tous qu’ils n’allaient pas venir. Mais quand ils ont vu hier le bus de luxe qu’il leur a envoyé, ils ont tous commencé à faire leurs affaires ha ha ha.
Moi : Aucune dignité shim. J’espère juste qu’ils ne vont pas essayer de s’approcher de moi après le baptême.
Maman : Ça c’est certains. Quand ils verront dans quel luxe tu baignes, ils vont ramper à tes pieds pour que tu les intègres dans ta vie, alors à toi de te préparer en conséquence.
Nous avons continué à papoter jusqu’à ce qu’Abi viennent nous chercher pour une séance de photo. J’ai cru à un moment que j’étais un mannequin.
Ma famille est finalement arrivé vers 13h ; il fallait les voire avec leur exclamation et autre. Quand j’ai vu ma badiène Mbène descendre du bus, mon cœur s’est arrêté. Vous vous rappelez d’elle, c’est celle-là même qui avait giflé ma mère au mariage de ma cousine. Eh, qu’est-ce qu’elle fait ici ? Je n’ai pas le temps de réfléchir à ça quand je vois Yaye Daro, ma chère et tendre tante. Elle n’a pas changé, toujours avec cette corpulence qu’elle a héritée de la lutte traditionnelle dont elle a été championne pendant des années. Nous les avons accueilli avec le plus de courtoisie possible. Ma tante Yaye Daro m’a soulevé comme une plume et m’a enroulé de ses gros bras. Contrairement à ce que j’avais imaginé, ils étaient tous sur leur 31 et joué le jeu de la famille parfaite jusqu’au soir. Elles étaient installé dans mon salon et à un moment ma mère à glisser dans la conversation l’enveloppe qui les attendait à leur rentrée. Vous vouliez voire le concours du plus grand sourire, eh.
Bref, plus de peur que de mal, on ne me faisait que des éloges, nourriture à gogo, ambiance musicale, danse endiablée, chant des griots bref un vrai baptême à la Sénégalaise.
Je me suis habillée une deuxième fois et comme de coutume, je devais encore aller dire bonjour à ma belle-mère. Mais cette fois avec une grande délégation.
Arrivé dans la salle, personne ne s’est levé pour laisser un peu de place à ma famille. Seule le tapis restait, alors après avoir salué tout le monde sans que l’on me réponde, je me suis assise par terre en face d’elle. Ma mère m’a suivi dans cette démarche, les autres aussi. Après une minute de silence Abi a pris la parole en essayant de faire les présentations. Mais le regard haineux de notre belle-mère lui a tout de suite cloué le bec. Elle s’assoie en bégayant, finalement c’est la griotte sérère qui se lève au nom de la famille et commence à les remercier et patati et patata. Après cinq minute de parole, je vois ma belle-mère sortir des billets de dix milles et le donner à sa griotte qui vient le donner un par un à la mienne. Vous savez l’argent délie encore plus la langue d’une griotte et elle s’est mise à chanter plus fort. Dix minutes plus tard, c’était à leur tour de prendre la parole. On aurait dit un matche de combat ; je sentais les choses venir. Après quelques minutes de parlote, ma mère sort aussi de l’argent et le donne à sa griotte. Et c’était parti, mon Dieu, j’ai rien compris à cette distribution de billets de banque. Dès que maman a donné à la griotte de ma belle – mère, celle – ci a surenchéri en donnant le double. Mes tantes se sont levées pour chacune donner sa participation seulement c’était des 1 000 Fr, la honte. Mieux valait ne rien faire. La délégation du côté de l’ennemi a encore surenchéri avec des billets de 10 000 Fr. La guerre des billets avaient éclatés. Je me suis tournée vers eux en leur lançant en sérère.
- N’entrez pas dans leurs jeux s’il vous plaît. Je ne veux voire plus personne sortir un billet de son sac à main. Surtout toi maman, sinon je me lève et je quitte le salon. Elles ont tous acquiescé et nous leurs avons laissé dans leur délire. Voyant que nous ne suivions pas dans leurs délires, elles recommencent à rouspéter. C’est là que la griotte ennemie lance des piques trempées sur les sauces nigérianes, tellement pimenté que quand tu le bois tu te transformes en tigre.
Sans attendre qu’elle finisse, je me lève doucement, leur sourie avant de tourner les talons suivie de ma délégation. Avant que je ne franchisse la porte du salon, ma belle-mère me lance.
- Si tu sors de ce salon, je ne te considérerais plus comme ma belle – fille tonne Tante Astou. Je me tourne vers elle doucement et lui répond.
- Alors adieu Mme KANE.
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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