Parents, amis et collègues sont venus, hier, en masse accompagner l’artiste Abdoulaye Mbaye à sa dernière demeure. Mais pour certaines personnalités présentes à la prière mortuaire, à Fass, l’artiste sera immortalisé par ses œuvres et écrits.
Il est quinze heures au quartier Fass, situé dans la capitale sénégalaise. Sur l’une des axes de ce secteur populaire de Dakar, surplombé par le monument de la Place de l’Obélisque qui se voit de loin, en cette journée quasi lugubre et poussiéreuse, des bâches abritant des femmes en foulard et en boubous traditionnels se découvrent. C’est le domicile du défunt artiste Abdoulaye Mbaye qui a rendu l’âme, avant-hier, en plein studio. Il n’y a quasiment pas d’hommes sous les bâches. Il aura fallu faire le tour pour se retrouver dans une ruelle intérieure qui permet de découvrir des voisins à la mine crispée, dans ce quartier populaire qui rappelle bien l’ambiance de la Médina voisine. C’est un jour particulier pour Fass qui accueille des voitures rutilantes, à quelques mètres de la mosquée vert blanc d’où un monde d’hommes, tous les âges, se rassemble. A l’entrée de la mosquée, sous la pluie de témoignages, des profils et silhouettes d’amis, artistes, parents et voisins se positionnent en contre plongée, pour surplomber un corps allongé, couvert d’une étoffe verte. Les cameramen sont privés de prendre des images.
Ici, les gens sont venus faire leur adieu au défunt artiste. Après quelques minutes de recueillement, suivies d’une dernière prière mortuaire, les accompagnateurs le conduisent à sa dernière demeure, au cimetière de Yoff. De cette douloureuse séparation, certains n’ont pas manqué de faire un témoignage sur le défunt artiste. La voix tremblotante, son oncle, Galaye Blin Mbaye, derrière des lunettes assombries, le cou nervuré, le bonnet assorti d’un boubou traditionnel, ne sait, que dire, suite à la disparition de son neveu. «C’est une douleur indescriptible. C’est dur de perdre un gosse comme Abdoulaye Mbaye. Cela fait vraiment mal», confie l’oncle qui s’apprête à accompagner son fils à sa dernière demeure. Pour l’artiste Idrissa Diop, les œuvres (du défunt artiste) resteront immortelles. A en croire M. Diop, l’artiste a écrit des chefs d’œuvre. De son avis, Abdoulaye Mbaye, aveugle, a fait quelque chose de magique en arrivant à écrire toutes ses chansons.
Idrissa Diop fait partie des artistes qui ont tenu à être présent à la prière mortuaire. Il y avait, dans la foule, Djiby et Baxaw du groupe Da Brains, le Bidew Bou Bess, Iba Guèye Massar, Jimmy Mbaye, entre autres. Ils étaient visibles dans la foule endeuillée. Abdoulaye Mbaye, né en 1981, est parmi les artistes sénégalais handicapés qui ont captivé les mélomanes dans le monde.
Walf Quotidien
