CHRONIQUE DE MAREME
Abi : serviable
Quand nous somme arrivé chez les parents de Aicha, j’ai été surpris de voir dans quelles conditions vivaient ses parents. Ils m’ont accueilli avec beaucoup de chaleur et m’ont installé dans leur minuscule salon avec tous les honneurs. Pourtant je sais que si Aicha le voulait, Malick les aurais fait déménager. Mais en les voyant si à l’aise, on devine qu’ils sont des personnes très fières. Je n’ai pas pu m’empêcher de leur envier cet amour si sincère entre eux, cette joie de vivre mais surtout ce laisser-aller presque enfantin.
J’étais dans ces réflexions quand j’ai entendu le cri de Menoumbé. Deux minutes plus tard, nous étions en route pour l’hôpital. Seulement avec la fête de la Tabaski, il y avait un embouteillage monstre. Après deux heures de route, c’est comme si nous étions toujours sur place. Une des voitures qui venait de face nous appris qu’il y avait un grave accident juste à l’entrée de la route nationale. Je me suis tournée vers Malick qui était proche de la crise d’angoisse. Je pose ma main sur son bras l’obligeant à me regarder.
Moi (voix réconfortante) : Essayons de repérer une clinique dans les parages sinon…..
Malick (énervé) : Hors de question, je ne veux pas que ma femme accouche n’ importe où. Il se tourne vers Aicha qui venait de lancer un autre cri.
Tante Dibore (très inquiète) : Vu comment ces contractions se rapproche, elle fait un accouchement éclair alors il faut vraiment se grouiller.
Malick (hésitante) : Je ne sais pas trop, on entend tellement de choses horribles dans ces hôpitaux et clinique véreux.
Moi (suppliante) : On n’a plus le choix, s’il te plaît.
Aicha criant : Je te jure que si tu ne m’amènes pas à l’hôpital le plus proche, j’accouche dans ta voiture. Nous nous tournons tous vers une Aicha complétement en sueur et respirant fortement. Malick se prend le visage, ces mains tremblent et il ferme les yeux quelque secondes.
Lui (décidé) : Allons y alors, dites-moi juste ou belle – maman ?
Dix minutes plus tard, il se garait devant une clinique ou une maison je dirais. Nous somme accueilli par un gardien qui nous guide vers l’intérieur. Rapidement Aicha est prise au soin, sa mère insiste pour l’accompagner dans la salle. Quant – à moi et mon mari, on nous demande de patienter dans une petite salle de réception. Un monsieur vient se présenter à nous.
Monsieur (sourire aux lèvres) : Bonsoir, c’est vous qui êtes venu avec la femme enceinte ?
Malick : Oui ?
Monsieur (ton aimable) : J’aimerai que vous me suiviez pour remplir son dossier et en même temps payer la facture. Malick tâte ses poches avant de lui répondre.
Malick : Pour le payement cela attendra demain parce que je….
Monsieur (ton strict) : Ce n’est pas possible monsieur. La politique de la maison ne nous permet pas de prendre en charge un malade sans que celui-ci ne paye au préalable.
Malick (fronçant les cils) : Je vous demande pardon ?
Monsieur (reculant d’un pas) : S’il vous plait monsieur, je ne veux pas de problème. Je m’approche doucement de lui et lui murmure presque.
Moi (voix douce) : Ne t’inquiète pas, vas retirer sur un guichet, on va t’attendre ici et calme toi. Il me regarde cinq seconde et se retourne vers le gars.
Malick : C’est combien que je dois amener ?
Monsieur (sourire) : Pour l’instant 200 000 fr mais vue comment elle est arrivée en catastrophe, j’ai bien peur qu’on ne l’amène au bloc.
Moi (visage fermé) : Quoi ? Césarienne diame, Aicha peut accoucher normalement Malick. Ces cliniques là avec leurs politiques de césarienne pour tous. Ne les laisse pas faire.
Malick (pointant le doigt au mec) : Vous l’avez entendu, pas de césarienne ni rien du tout sinon je vous colle un procès.
Monsieur (levant les mains) : Ce n’est pas de mon ressort.
Malick (haussant le ton) : Ou est – elle ? Je veux la voir et voir aussi son docteur.
A cet instant la maman de Aicha débarque en courant presque.
Tante Dibore (paniquée) : Malick vient tout de suite, le docteur là, je crois qu’il sort de la planète mars. A peine ma fille et demande de préparer le bloque.
Malick (énervé) : Je te suis ma tante.
Monsieur (l’air gêné) : Monsieur, ne me compliqué pas mon boulot s’il vous plait. Réglons d’abord la question du payement.
Malick (se tournant vers moi) : Abi, va retirer ce qu’il faut. Je code c’est 2312 ; fait vite. Je prends la carte bancaire, le regardant surprise car c’est la première fois qu’il me le donne.
Moi (anxieuse) : Y a-t-il une banque dans les parages ?
Monsieur : Oui madame, juste au coin de la rue. Je vais demander à notre vigile de vous accompagner comme il fait nuit et les bandits rodent toujours prêt des guichets automatique.
Je sors de la clinique en regardant une dernière fois, là ou Malick avait disparue avec la mère d’Aicha. Je commence à prier au fond de moi. J’espère que tout se passera bien. Aicha est devenue au fil du temps comme la petite sœur que je n’ai jamais eu. Elle a réussi là où tout le monde à échouer, elle sait trouver les mots et grâce à ses conseils de tous les jours, je suis épanouie dans mon mariage. Il m’arrive dès fois de repenser à ce que la voyante m’avait dit et je me dis qu’elle s’est surement trompée, ça arrive. En tout cas vivement qu’elle accouche du bébé et qu’on fasse le baptême du siècle.
Dibore, mère d’Aicha : superstitions
Je cours avec Malick vers la salle d’accouchement, le cœur battant très fort. Nous somme arrivé juste au moment où le corps médicale s’apprêtait à sortir Aicha. Ils étaient trois, une sage – femme d’âge mur, une aide-soignante et un gynéco pas très aimable.
Malick (ton sévère) : Je peux savoir où est – ce que vous amenez ma femme ?
Le médecin (irrité) : Le bébé est en souffrance fœtale, il faut rapidement l’opérer sinon vous risquez de le perdre.
Moi : Ma fille a commencé à faire son travail que depuis moins de trois heures alors je doute que le bébé soit en difficulté. Elle peut accoucher normalement, j’en suis sure.
Malick et Aicha s’interroge du regard et se retourne vers moi comme pour me poser une question muette.
Moi : Je te jure que ma fille peut accoucher normalement, j’en suis sure et certaine.
Le médecin (énervé) : Etes-vous médecin madame ? Se tournant vers mon beau fils il continue. Je sais ce que je fais.
Moi (dernière tentative) : J’ai entendu la sage-femme quand elle vous appelait pour vous dire qu’elle est déjà à huit doigts et que ce n’est qu’une question de minutes. Il faudra me passer sur le corps pour opérer ma fille.
Le médecin (criant) : Je n’ai pas de temps à perdre. Ecoutez monsieur, la décision vous revient dit – il à l’endroit de Malick. Ma fille continuait de crier et de pousser sans se soucier de tout ce qui l’entourer. Mon beau – fils le regarde encore une fois, ce prend le visage et prend un grand air.
Malick (pas sure) : Essayez encore une demi – heure au plus… Le médecin tourne les talons et sort de la salle sans laisser le temps à celui – ci de continuer. Vous n’avez pas le droit d’abandonner votre malade….je ne l’ai écouté plus, j’ai couru vers ma fille et je lui ai pris la main. Elle était en sueur et pleurait comme une madeleine. La sage-femme la plus âgée avait déjà relevé sa robe et remis ses pieds sur les étrillés.
La sage – femme (me regardant) : Vous avez pris la bonne décision madame car elle est déjà à dix doigts. Allez ma fille respirer bien fort et poussez ce n’est plus qu’une question de temps. Aicha en entendant cela a, d’un coup repris des forces. J’entendais des cris dehors mais là, tous ce qui m’importait c’était Aicha. Cette dernière écrasait ma main sans le savoir mais je ne disais rien et priais de toutes mes forces. L’accouchement est la plus grande épreuve de la vie pour une femme. Seule Dieu est capable de mettre de la beauté dans la souffrance. Une douleur indescriptible qui traverse toutes tes entrailles et déchiquette tout tes os.
Aicha (remuant la tête) : C’est trop dur maman, je n’en peux plus dit – elle d’une voix essoufflée.
La sage-femme : Utilise la douleur que tu ressens, fâches – toi contre elle et pousse de toutes tes forces. Elle m’a regardé, une autre larme a coulé, je l’ai effacé.
Moi (réconfortante) : Vas-y ma fille, tu peux y arriver, allez pousse criais – je. Elle relève encore la tête et pousse de toutes ces forces en criant.
La sage – femme : Ca y est, je vois la tête, ppppouuuuusssseee….. Et voilà, le bébé sort enfin et c’est là que le médecin choisi pour revenir dans la salle. Il se fige en voyant la sage – femme tenir le bébé, reste quelque secondes avant de se précipiter vers elle. Dix seconde plus tard, on entendait enfin le cri de la délivrance, mes larmes ont commencé à couler, soulagée. Le médecin a fait le reste et a quitté la salle sans un regard ni un mot vers nous. Même pas une félicitation. La sage – femme a remis l’enfant à ma fille après l’avoir nettoyer. Aicha la regardait comme toutes les femmes regardent leur bébé pour la première fois : un trésor, une pierre précieuse qui fait son apparition après une éruption volcanique. Le sentiment que l’on ressent à cet instant est juste magnifique. On oublie de suite toute la fatigue et la douleur extrême que l’on vient de subir. Un sentiment d’euphorie, de fierté et d’amour intense vous submerge face à cet être que vous gardez pendant neuf longs mois dans votre ventre.
Aicha (émotive) : Appelle Malick s’il te plaît. Je sors rapidement et le vois en train de faire les cents pas dans le couloir au fond. Dès qu’il m’a vu, il a couru vers moi. Je me suis juste écartée, le laissant passer. Il s’est précipité dans la salle et quand il a vu Aicha tenir le bébé dans les bras, il s’est figé une seconde avant de s’avancer doucement comme il avait peur. Quand il s’est tenu devant eux, Aicha lui a tendu son bébé et il l’a pris sans dire un mot. J’ai vu toute sorte d’émotion traverser son visage, la peur, l’émerveillement, la joie, la fierté….
La sage – femme (s’approchant de lui) : Il faut qu’on la prenne maintenant.
Après avoir remis le bébé, mon beau fils s’est tourné vers ma fille et lui a dit : merci en essuyant une larme qui venait de couler.
Aicha (émue) : C’est le plus beau jour de ma vie. Il l’a pris tendrement dans ces bras en serrant très fort.
Malick (murmurant) : Merci à toi de me rendre si heureux. Je t’aime tellement.
Je les ai regardé et moi aussi j’ai dit au fond de moi : merci Dieu, d’avoir mis un homme aussi bon sur le chemin de ma fille.
Partie Aicha : Maman
Aujourd’hui, je me réveille toute excité à l’idée de quitter enfin cette clinique qui commençait à m’oppresser. Surtout avec ce personnel à qui je dois débourser de l’argent pour chaque petit service rendu. Mais le pire c’est toutes ces marchandises que l’on te propose à longueur de journée comme si tu étais au marché Sandaga. Dire que j’ai failli être opérée parce que tout simplement le médecin voulait se remplir un peu plus les poches. Je comprends maintenant pourquoi sur huit cas sur dix, les femmes accouchent par césariennes. L’état devrait prendre des mesures faces à cela. Toc, toc.
Moi : Oui entrez !
Une femme tenant ma fille entre en me lançant un sourire chaleureux.
Elle : Prête pour le départ ?
Moi : Plus que prête, j’attends juste mon mari, il est entrain…Malick fait entrer sa tête. Quant – on parle du loup.
Malick (tout heureux) : Bonjours mes princesses. On y va ?
Nous sommes dans la voiture direction chez Abi. Elle m’a proposé de m’installer là-bas pour un mois au moins, le temps de m’habituer à mon nouveau statut de mère. Le baptême se fera aussi chez elle, vu que mon appartement est trop petit. J’aurai voulu faire quelque chose de moins grandiose et Malick aussi mais qui peut dire non à sa mère. Elle nous a pratiquement crié dessus le premier jour où elle est venue me voir.
- Tu penses à quoi ? Je me retourne vers lui.
- Je suis un peu anxieuse par rapport au baptême ?
- Ah bon pourquoi ? J’hésite à lui dire mon appréhension. Il se tourne vers moi d’un regard interrogatoire avant de se reconcentrer sur la route. Je prends un grand air avant de continuer
- Je voudrais faire quelque chose par rapport à ta famille.
- Dis-moi ? Son visage se crispe faisant accélérer mon cœur de suite.
- Tu sais bien que ta mère ne m’aime pas et je voudrais profiter de ce baptême pour entrer dans ses bonnes dix grâces. Il m’a encore regardé mais cette fois en fronçant les cils avant d’entrer dans un silence lourd. Il fait toujours ça quand il est énervé ou irrité. Et tout de suite, je m’en veux d’avoir succombé à la pression de ma mère qui n’a pas arrêté de me harceler par rapport à cette histoire de ‘yébi’ (cérémonie durant laquelle, la femme doit gâter sa belle-famille de présents).
Jusqu’à ce qu’il se gare, il n’a plus parlé et moi je n’ai pas osé rompre le silence. Quand il coupe le contact de la voiture, il se tourne complétement vers ma moi en détachant sa ceinture. Une main posée sur le volant et l’autre sur mon épaule, il me regarde droit dans les yeux avant de parler.
- Aicha, je ne suis pas le genre d’homme à me répéter, ni à marchander. Tu connais ma position par rapport à ces futilités. Ma religion et mes convictions ne me permettent pas de cautionner le gaspillage. Maintenant tu es assez grande pour prendre tes responsabilités. Soit juste prête en à assumer les conséquences. J’ai voulu lui répondre mais il s’est retourné et est sorti de la voiture en prenant la valise. C’est la première fois qu’il est fâché contre moi et ça fait mal. Nous entrons dans la maison ou Abi et les enfants nous attendaient tous excités. Ces derniers ont couru comme des fous à ma rencontre et ont failli me faire tomber avec le bébé.
- Hey doucement rugit Malick, nous faisant tous sursauté. C’est quoi ces manières, merde. Surpris par le ton virulent, les enfants se cachent presque entre mes jambes. Finalement un peu gêné, il tourne les talons et monte les escaliers en vitesse. Abi se tourne vers moi en ouvrant les mains.
- Il se passe quoi là ? Je ne dis rien car je sentais les larmes monter. Elle n’insista pas et pris ma valise me demandant de la suivre. Je regarde vers le coin ou se trouvait la chambre que j’occupe à chaque fois que je viens ici.
- On va où ?
- Tu verras répond – elle en me faisant un clin d’œil. Nous contournons le salon et Abi ouvre une porte que je n’avais jamais remarquée. Nous longeons un petit couloir qui débauche sur un petit salon très joli, décoré à la marocaine.
- C’est jolie ici ? Je ne rappelle pas l’avoir visité ?
- C’est parce qu’il était fermé, on ne savait pas trop quoi en faire. Comme tu dois rester un mois, ce serait mieux que tu aies ton propre espace.
- Je ne sais pas quoi dire Abi, vraiment tu es trop gentille avec moi.
- Ho c’est rien, tu le mérite amplement Aicha. Elle m’a souri et a ouvert une autre porte disant tan – dan. J’ai avancé d’un pas et suis restée devant la porte subjugué par la beauté de cette grande chambre. On sent que tout est neuf, le papier peint sur les murs, les meubles en bois massifs, la décoration, tous. Comme si elle avait lu dans mes pensées, Abi s’avance en disant.
- Il a tout fait durant ces deux jours. Tu aurais dû le voir avec les ouvriers, je ne savais même pas qu’il avait si bon gout. Tu ne dis rien ?
- C’est magnifique, j’en perds les mots. Je me tourne vers Abi, le sourire allant de Kidira à Bamako. Merci.
- Ce n’est pas moi que tu devrais remercier, il était tout excité de te montrer son travail. Qu’est – ce qui s’est passé demande t – elle en prenant le bébé dans ses bras. Je m’asseye sur le lit découragé.
- Ma mère n’arrête pas de me harceler au sujet du baptême. Elle voulait que je le convainque de faire le Yébi, bah tu sais quoi ?
- Ne fais pas les même erreurs que moi Aicha. Ne laisse pas les aadas (coutumes) détruire l’harmonie de ton couple.
- Maman m’a dit que… Mon portable commence à sonner, c’est elle. Je le montre à Abi en respirant découragé avant de prendre.
- Bonjour Aicha. Devine quoi ?
- Quoi encore demandais – je irritée ?
- Ta sorcière de belle-mère a envoyé sa griotte avec une liste exhaustive de sa famille. Elle vient juste de partir en me fauchant dix mille pour son déplacement. Je commence vraiment à paniquer. Qu’est – ce que ton mari a dit ? Il faut qu’on s’occupe….
- Ralentit maman. Malick ne veux pas en entendre parler, il est même fâché contre moi alors….
- Il veut t’envoyer en abattoir ou quoi ? Aicha, je ne veux pas d’histoire le jour de ton baptême encore moins que l’on te lance des piques toutes ta vie.
- Je préfère affronter ça que la colère de mon mari.
- On peut le faire sans qu’il ne le sache.
- Ce n’est pas possible maman, on est au Sénégal, il le saura à la minute même.
- Je vais l’appeler dit – elle. Elle raccroche avant même que j’en place un autre. Chititite, taquicardi à 100. Abi part mettre le bébé sur son berceau que je n’avais même pas remarqué. Je dois être vraiment stressé moi. Elle revient s’assoir à côté de moi et me masse le bras.
- Je ne t’envie pas cette situation puisque je l’ai vécu et je dois te dire que ça n’a pas été du tout facile. Tout ce que je peux te dire c’est que si s’était à refaire, je n’aurai pas fait ce yébi.
- Pourquoi ? Il faut que je sache à quoi m’en tenir.
- Ma mère a dépensé plus de trois millions ce jour-là sans qu’ils n’arrêtent d’en redemander encore et encore. Ça nous a pris deux semaines pour les satisfaire complétement la famille entière de Malick. Presque tous les deux jours, ma belle – mère appelé pour dire qu’on avait oublié dans leur famille telle ou telle. Finalement nous sommes arrivés à quatre millions de yébi. J’ouvre grand les yeux choquée. Le pire dans tout ça, continue Abi, c’est que maman a eu du mal à éponger les dettes et comme Malick ne me parlait plus, elle a été obligée de vendre le seul bien qui lui restait : son terrain.
- C’est trop ça, je ne pourrais jamais faire cela. Pourquoi même ?
- Malick sait ce qu’il dit quand il parle de sa mère, elle est vorace et plus tu lui en donne plus elle en réclame encore. Si je l’avais écouté dès le début, jamais maman se saurait autant ruinée. Et le pire dans tout ça tu perds et la tranquillité de ton foyer et la confiance de ton mari.
- Ne t’inquiète pas. Après ce que tu viens de me dire là, hors de question que je les suive dans leur délire. Tant pis si j’attire leur foudre, moi ma devise c’est : mon mari avant tout. Point barre, vautour affamé là. Abi éclate de rire en se levant. Je prends sa main. Merci Abi, toi et moi on n’est plus seulement des coépouses et j’en suis très contente. Je serais toujours là pour toi.
- Moi de même ma chérie. Maintenant couche toi et fait semblant d’avoir mal au ventre.
- Pourquoi ?
- Je vais monter le dire à Malick et il va rappliquer ici comme un fou, inquiet. Ensuite tu lui fais tes trucs-là qui le fonds toujours sourire comme un enfant. Thiey adina (ha la vie) qui m’aura dit que moi Abi Cissé, en train de manigancer pour réconcilier une femme avec mon mari. Ma mère a raison dé, tu m’as plus que marabouté. J’éclate de rire en couchant. Aicha, je ne blague pas dé, je veux mon argent de baptême ce soir, alors réconcilie toi avec lui et vite.
- Han c’est ça alors ?
- Oui qu’est – ce que tu crois. Elle éclate à son tour de rire et sort de la chambre en courant. Je me recouche, le cœur battant très fort, j’espère qu’il va mordre à l’hameçon ? Effectivement une minute plus tard, il entre en trombe dans la chambre et s’assoie prêt de moi. Quand je me tourne vers lui, il est tellement inquiet que je ne peux m’empêcher de pouffer de rire. Il fronce les cils avant de les écarter et de se lever en colère.
- De mieux en mieux, maintenant c’est la triche. Je me dépêche d’enjamber le lit et de courir le rattraper.
- Hey, pourquoi tu es si fâché. Il me lance un regard noir qui me foudroie mais qui ne m’empêche pas d’entourer mes bras autour de lui.
- S’il te plaît laisse-moi passer dit – il d’une voix peu convaincante.
- Ne sois pas fâché contre moi bébé, je ne ferais jamais quelque qui te déplaise. Jamais.
- Alors pourquoi tu envoies ta mère pour m’amadouer ? Vous les femmes vous êtes toutes pareilles. Je n’aurai jamais cru ça de toi et….
- Tu veux bien arrêter de dire des bêtises. Si je te dis que je ne vais rien faire alors crois-moi. Quant – à ma mère, je connais son paracétamol alors arrête de te plaindre comme une hyène et embrasse-moi ish. Je le vois qui se retient de sourire en faisant son mimique super craquant.
- C’est moi que tu appelles hyène. Yawe yépe ngama légui dé (je ne suis pas ta copine). Je me mets sur la pointe des pieds et lui donne de petite bise un peu partout. Il rigole cette fois et m’embrasse fougueusement à un point que je ne peux m’empêcher de gémir. Il recule d’un pas et me regarde de la tête au pied.
- Qu’est – ce que le médecin a dit ?
- Deux mois tout au plus.
- Quoi, deux mois ? Je croyais que s’était quarante jours ? Tu crois que je vais attendre tous ce temps surtout avec le corps là que tu as maintenant.
- Quel corps ? Va là-bas, ah vous les hommes, aucune pitié.
Il me déshabille du regard en se mordant la lèvre inférieur et en secouant la tête.
- Hum, j’adore la façon dont tous ca là c’est développé. J’ai hâte de tâter le terrain.
- Sort d’ici Malick KANE, tu es incorrigible. Il éclate de rire avant d’ouvrir la porte en me lançant : je reviens.
Dix minutes plus tard, il me remettait une grosse somme d’argent pour les préparatifs de la fête. Abi me rejoint toute excitée en tapant les mains, elle aussi avait reçu sa part. Cette femme aime l’argent comme pas possible. Comme elle avait un atelier de couture, je lui propose de s’occuper de mes tenus, ce qui l’a rendue encore plus euphorique. Quand je reste enfin seule, je prends mon portable et appelle mon père. A nous deux maman.
A lire chaque lundi…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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