Première manifestation du genre au Sénégal, les retraités sont descendus dans la rue, hier, pour manifester leur désaccord contre l’Ipres qu’ils accusent d’avoir scindé, en deux parties, leurs pensions et déclaré une augmentation d’un taux de 10 %. La procession a conduit ces vétérans de la Place de l’Obélisque à la Rts.
Colère, tristesse, rancune… C’est ce qui se lit sur les visages de ces personnes âgées, hier à la Place de l’Obélisque, lors de leur marche de protestation contre leurs «modiques» pensions de retraite. Onze heures passées de quelques minutes. De groupuscules de manifestants sortent des coins et recoins des quartiers environnants. Les marcheurs sont composés, pour l’essentiel, de vieillards qui peuvent dépasser les 70 ans. Frappés par la vieillesse, certains d’entre eux ne peuvent même pas marcher. D’autres sont assis à même le sol, sous l’ombre des arbres. A côté d’eux, de vieilles dames, en tenues traditionnelles, viennent prêter mains fortes à leurs époux. Les manifestants marchent pour le compte des veuves dans leur combat de rétablir ce qu’elles qualifient d’«injustice».
Vers 11 heures passées de quelques minutes, tout le monde est sur place. Ils n’attendent que le coup de départ, qui est retardé par l’arrivée des marcheurs des régions de Thiès, Louga, Diourbel, etc. Le point de départ est donné par un manifestant. Les concernés commencent à former un groupe compact pour rallier le rond-point Rts, en passant par le boulevard du Général De Gaulle. Certains brandissent des pancartes où on pouvait lire : «Nous demandons l’arbitrage du président de la République Macky Sall» ; «Non à 10 % d’augmentation ; nous réclamons 50 %. La revalorisation des pensions avant la mensualisation» ; «non au prêt imposé unilatéralement aux retraités». D’autres chantonnent le nom d’Allah en disant : «Allah, Allah. Nous exigeons nos droits. Nous sommes des responsables».
Chargés d’encadrer la marche, les forces de l’ordre veillent au grain. Ils se chargent de rétablir l’ordre dans les rangs. Les marcheurs se bousculent et demandent à ce que le rythme soit apaisé. Tout au long de la marche, une légère fatigue se fait sentir sur eux. Une immense foule est sortie pour suivre cette protestation pacifique jugée «déplorable» du fait qu’elle soit la première dans l’histoire du Sénégal. Klaxons et vrombissements des véhicules encouragent les marcheurs. Arrivés au rond-point de la Rts, les protestataires s’arrêtent et commencent à véhiculer des messages. Les pensions de retraite de ces ex-travailleurs du privé, jugées «dérisoires», sont scindées, selon les marcheurs, en deux parties par l’Institut de prévoyance retraite du Sénégal (Ipres) et du faible taux d’augmentation estimé à seulement 10 %.
Ils dénoncent : «Nous ne sommes pas d’accord. Ne touchez pas à nos pensions. Nous voulons le dialogue avant de nous imposer quoi que ce soit. Non à la politisation de l’Ipres».
C’est sous un soleil ardent que les retraités ont battu le macadam. La procession les a menés de la place de l’Obélisque à Rts. L’absence des sapeurs-pompiers n’a pas empêché nombre d’entre eux de tenir bon… jusqu’à la fin.
Salif KA (Stagiaire)