Courant 2016, 263 accidents dont 83 morts et 505 blessés ont été répertoriés à Tambacounda, de janvier à novembre. De quoi pousser le gouverneur de la région à mettre en cause la responsabilité des transporteurs. Mais ces professionnels du secteur renvoient la balle dans le camp de l’Etat, face aux accidents de la route récurrents sur le corridor Dakar-Bamako.
Le gouverneur de Tambacounda s’est appesanti sur la responsabilité des transporteurs et des chauffeurs d’automobiles dans la recrudescence des accidents de la circulation. «Dans la région de Tambacounda, pour l’année 2016, sans le mois de décembre, nous avons enregistré, en collaboration avec la Gendarmerie, la police et les sapeurs-pompiers 263 accidents, 83 morts et 505 blessés. Des accidents survenus sur un tronçon de 120 kilomètres. Vous voyez que la route est devenue un cimetière au niveau de Tambacounda», constate El Hadji Bouya Amar qui n’a fait usage d’un utilisé agréable pour mettre à l’index les conducteurs sur le nombre très élevé d’accidents enregistrés au courant de cette année. «Le facteur humain a toujours été le principal problème au niveau de la sécurité routière. Nous avons beau communiquer et sensibiliser, mais les chauffeurs, les conducteurs font preuve parfois d’une indiscipline notoire sur les routes», s’est-il indigné. C’était dans le cadre d’un atelier initié, hier, par la Direction des transports routiers.
Dans la même lancée, le gouverneur de Tambacounda assure que «l’Etat a pris des mesures fermes qui visent à sécuriser le transport et aussi à mieux l’organiser». Ces mesures sont, le permis à point, la numérisation des titres de transport et permis de conduire, etc. «Et l’Etat va les appliquer pour sécuriser les populations et sauver des vies, malgré le grincement de dents noté çà et là, parce que l’Etat peut tout négocier sauf ce qui est de la vie et de la sécurité de ses citoyen», prévient El Hadji Bouya Amar.
Le gouverneur charge les transporteurs
Pour le directeur des transports routiers, «la rencontre est pour partager avec les acteurs les réformes envisagées, mais aussi les amener à comprendre les efforts qui sont en train d’être réalisés, pour réduire les accidents». Invoquant les statistiques qui font froid au dos, Cheikh Oumar Guèye indique que «chaque année, la route fait plus 500 morts et 1/5 de ces victimes c’est sur la route de Tambacounda. Notre objectif en tant que tutelle, c’est de réduire les accidents à 30 % d’ici 2020 et cela passera forcément par des réformes et des mesures fermes». Pour ce qui est de l’obtention du permis de conduire, il sera bien obligé aux demandeurs de passer obligatoirement dans les auto-écoles. Mais aussi pour ce qui des titres (carte grise, visite technique et autres), ils seront numérisés, si l’on en croit le directeur des transports routiers.
Réplique des syndicalistes
Cependant, ces mesures et accusations de la part des autorités laissent perplexes les professionnels du secteur des transports. Selon Mamadou Kaïré, secrétaire général de l’Union régionale des transporteurs de Tambacounda, «les accidents sont imputables en parti à l’Etat. Parce qu’il stipule, à chaque fois, le slogan ‘tolérance zéro’, mais sur le plan de l’application, rien n’est fait». «Prenez un bus qui est en surcharge ou chargement débordant sur le porte-bagage, tant qu’il n’a pas fait un accident, il peut passer de Dakar à Bamako ou Dakar-Diaobé. Où sont la Police et la Gendarmerie pendant ce temps ?», s’interroge-t-il. «Nous avons toujours dénoncé les ‘Versailles’ (les places assises entre les places normales. Ndlr) dans les bus mais aussi le nombre très élevé des poste de contrôle. On aurait dû regrouper 3 postes de contrôle: comme police, douanes et eaux et forêt dans un poste ou même Gendarmerie, douanes et eaux et forêt. Cela réduirait même la corruption», a laissé entendre M. Kaïré.
Il faut souligner que cette activité entre dans le cadre d’une tournée nationale pour sensibiliser les transporteurs et les chauffeurs sur la sécurité routière. Et partager, avec eux, les projets de réforme du sous-secteur du transport routier.
Mamadou Lamine TOURE (Correspondance)