Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) n’a pas raté le ministre de la Culture et de la Communication qui, pour ne pas distribuer l’aide à la presse, l’accuse de banditisme fiscal. La structure que dirige Mamadou Ibra Kane parle «d’affirmation mensongère» et de violation de la loi.
Les patrons de presse n’ont pas aimé la sortie du ministre de la Culture et de la Communication. Jeudi dernier, Mbagnick Ndiaye, lors du vote du budget de son ministère à l’Assemblée nationale, a déclaré que l’aide à la presse ne sera pas distribuée au titre de l’année 2016, arguant qu’aucune entreprise de presse ne remplit les conditions pour en bénéficier. Dans un communiqué parvenu à Walf Quotidien, Mamadou Ibra Kane et Cie soulignent que «cette affirmation est totalement mensongère et sans fondement matériel et juridique. C’est une insulte aux entrepreneurs de presse qui sont accusés par un ministre de la République de banditisme fiscal et de violation des lois sociales. En d’autres cieux, une déclaration mensongère devant les députés de l’Assemblée nationale est passible de parjure».
Le Cdeps rappelle, en outre, au ministre son passé frauduleux en 2002, alors Gestionnaire du Comité CAN/Mondial où il avait été épinglé pour gestion frauduleuse. Selon les patrons de presse, «Mbagnick Ndiaye a violé la loi» en procédant ainsi. «Épinglé par le dernier rapport de la Cour des comptes pour la gestion frauduleuse de l’aide à la presse par son ministère, Mbagnick Ndiaye avait doublement violé la loi en ne respectant ni les critères d’attribution, ni l’obligation de publication de l’arrêté de répartition de l’aide à la presse. Ces fraudes dans la gestion de l’aide à la presse sont la règle depuis sa nomination en 2012 à la tête du ministère de la Culture et de la Communication», note-t-on. Et le Cdeps de se demander, «Pourquoi donc Mbagnick Ndiaye serait-il subitement devenu un apôtre de la légalité ?» «(…) Aujourd’hui, ne pouvant distribuer l’argent du contribuable selon «ses» critères, Mbagnick Ndiaye préfère ne pas distribuer l’aide à la presse en violation de la loi. Sinon comment expliquer que le ministère de la Culture et de la Communication, sans vérification des critères administratifs, sociaux et fiscaux, puisse affirmer que les entreprises de presse ne remplissent pas les conditions édictées par la loi ? Cela dénote en réalité du mode de gestion strictement politique de ce ministère. Pour le ministre, peu importe la réalité si cela ne satisfait pas à ses intérêts politiques».
Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal soutient aussi que ce n’est pas un hasard si le ministère de la Culture et de la Communication est «incapable» de produire un quelconque document sur l’environnement socio-économique des médias. A l’en croire, «le ministère n’a aucune donnée factuelle sur les acteurs du secteur des médias et leur apport dans le développement économique et social. Le ministère de la Culture et de la Communication connait-il le chiffre d’affaires des entreprises de presse, le nombre d’emplois du secteur, les mutations socio-économiques… Pour Mbagnick Ndiaye, seul compte le critère politique, d’où les dérives entre autres sur l’aide à la presse ou la Maison de la presse».
Toutefois, le Cdeps «en appelle au strict respect de la loi pour la distribution de l’aide à la presse selon des critères républicains et non politiques».
WALF