CHRONIQUE POLITIQUE
Contre vents et marées, Macky Sall a maintenu son homme-lige à la présidence de la plus haute juridiction du Sénégal. Il n’en a eu cure que la plupart des magistrats de la Cour suprême aient manifesté leur opposition à cette mesure inique et discriminatoire ou que leurs collègues des tribunaux de Dakar, de Thiès et autres leur aient emboîté le pas, après que l’Union des magistrats du Sénégal eut donné le la. Il est comme cela Macky Sall : quand il décide de quelque chose, il ne recule devant rien. Pour lui, céder à la pression, c’est preuve de faiblesse, revenir sur une décision est synonyme de manque d’autorité. Et comme l’homme est décrit par ses anciens amis du Pds comme un faiblard, chaque remise en cause de ses décisions est perçue par lui comme une atteinte à son autorité. C’est pourquoi, depuis qu’il a été élu au suffrage universel, à travers chacun de ses actes, il cherche à montrer qu’il est le seul détenteur de l’autorité dans ce pays et qu’il est un homme à poigne et non le personnage falot présenté par ses contempteurs.
Ainsi, par la volonté du seul Macky Sall, vêtu pour la circonstance de ses habits d’autocrate, le Premier président de la Cour suprême, Mamadou Badio Camara, qui était à six mois de la retraite, a été maintenu en activité pour trois années supplémentaires, jusqu’à la fin du mandat présidentiel, contre l’avis de l’écrasante majorité des 517 magistrats que compte le Sénégal qui sont, eux, condamnés à faire valoir leurs droits à la retraite à l’âge de 65 ans. Une mesure qui prend effet dès la promulgation de la loi votée lundi dernier par l’Assemblée nationale, peu importe si elle provoque une rupture d’égalité entre les membres d’une même corporation.
C’est ce même visage d’homme d’Etat absolutiste que Macky Sall a affiché face aux ténors de l’opposition regroupée dans Mankoo wattu Senegaal qu’il recevait en audience jeudi dernier, lorsqu’ils ont eu l’outrecuidance de réclamer que l’organisation des élections soit retirée à son ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo. Il les enverra sèchement se promener, en les invitant à en faire un point de désaccord sur lequel il n’entend pas revenir. Pourtant, les griefs de l’opposition contre le ministre de l’Intérieur qui est en même temps le maire de la commune de Boké Dialloubé, dans le département de Podor, relèvent du bon sens. En effet, comment faire confiance à un organisateur d’élections qui est lui-même un haut responsable de l’Apr au pouvoir, où il siège à toutes les instances de décision ? Mais le président de l’Apr s’en moque royalement puisqu’Abdoulaye Daouda Diallo a sa totale confiance et cela seul lui suffit.
Même pour arrêter la date des élections législatives, Macky Sall l’a fait d’autorité, là où des franges de l’opposition s’attendaient à ce que cela fasse d’accord parties. Il a ainsi choisi unilatéralement la date du 2 juillet 2017 pour l’organisation de ce scrutin quand bien même cela coïncidera avec une période où le sud (Casamance) et l’est du pays (les régions de Tambacounda et Kédougou) seront en plein dans l’hivernage et que les populations seront plus préoccupées par les travaux champêtres que par la compétition électorale.
Le président de l’Apr a laissé libre court à ce même autoritarisme le week-end dernier, lors de l’Université d’été de la Jeunesse républicaine. A ces jeunes de la Cojer rappelant à Thérèse Faye Diouf qu’elle ne peut plus continuer à les diriger parce qu’atteinte par la limite d’âge, Macky Sall les a vertement tancés, avant de leur faire savoir qu’à l’Apr, c’est lui seul qui a le pouvoir de décision. Et que, c’est d’autorité, qu’il a arrêté que la directrice générale des Cases des tout-petits les dirigera jusqu’en 2019, que cela leur plaise ou non. La jurisprudence Abdou Mbow, chassé de la direction de la Cojer par l’actuelle coordonnatrice générale de ce mouvement des jeunes républicains parce que trop âgé, agitée par les contestataires, Macky Sall s’en tape. Ils devront se plier à son autorité s’ils ne veulent pas encourir des sanctions. Qui parlait de crise d’autorité permanente du Chef ?
Par Abdourahmane CAMARA
Directeur de publication de Walf Quotidien
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