La très controversée loi organique N°31/2016 portant Statut des magistrats est passée comme lettre à la poste hier à l’Assemblée nationale lors du passage du ministre de la Justice, Me Sidiki KABA. Une adoption qui entraînant la validation de retraite des magistrats à 68 ans. Une décision que des députés, notamment Elène Tine et Me El Hadj Diouf, ont tenté de débouter. En effet, ces élus ont mis à l’index le manque de concertation avec les magistrats. Ils y ont vu une sorte de forcing des procédures d’urgence. Une posture dont, indique Elène Tine, les députés gardent un mauvais souvenir lorsqu’ils ont adopté un projet de loi en faveur d’un ministre de l’Education qui a reçu en retour les foudres du monde universitaire.
Le ministre Sidiki Kaba, qui défendait le projet devant l’Assemblée nationale, a apporté des réponses aux députés. A l’en croire, il y a eu déjà débat. Mais ce n’était pas possible d’introduire le projet parce qu’il aurait eu explosion sur le plan des finances. Dans ses explications, M. Kaba souligne que le projet de statut des magistrats est inspiré des textes français.
Les magistrats s’insurgent
«Il est curieux, alors que l’UMS (Union des magistrats sénégalais) est appelée par le gouvernement à dialoguer pour une issue heureuse de cette situation, de constater que ce même gouvernement et les députés veuillent que cette réforme passe vaille que vaille. Pourquoi cette démarche à la va-vite pour des questions aussi sérieuses qui concernent un autre pouvoir ? Si tant est qu’on se soucie du respect du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs, ne devrait-on pas prendre en compte les aspirations du pouvoir ciblé, en l’espèce la justice, au lieu de lui imposer une réforme ?». C’est ce qu’a déclaré, hier, le juge Maguette DIOP, président de l’Union des magistrats sénégalais (UMS). Il faisait face à la presse pour dénoncer la précipitation avec laquelle le gouvernement a fait voter le projet de lois organiques sur la Cour suprême et sur le statut des magistrats.
WALF