Sa masse salariale atteindra le niveau critique de 800 milliards de francs Cfa en 2017 sur un budget de 3 360 milliards dont 1 225 destinés à l’investissement ou encore près de 700 milliards pour le service de la dette.
L’Etat doit surveiller ses charges salariales. C’est l’alerte rouge lancée hier par les députés à l’ouverture de session budgétaire 2017. Selon la Représentation nationale, les dépenses de personnel ont atteint un seuil critique. Car, si officiellement, elles tournent autour de 586 milliards de francs Cfa en 2017, elles seront néanmoins gonflées par l’intégration des corps émergents (82 milliards), les salaires des Universités, agences et structures assimilées (113 milliards), des contractuels de la santé (4,3 milliards) et des salaires des unités de gestion des projets (15,8 milliards). Ainsi, pour Amadou Bâ, ministre de l’Economie, des Finances et du Plan, qui s’exprimait devant la presse à la fin des travaux, cela fait «800 milliards que l’Etat paye à des travailleurs qui dépendent de lui directement ou indirectement». Et selon lui, l’augmentation de la masse salariale est justifiée par la nécessité de renforcer les ressources humaines dans certains secteurs sensibles, notamment les Forces de défense et de sécurité, de même que les établissements pénitentiaires.
Depuis quelques années, les institutions financières internationales, le Fmi et la Banque mondiale n’ont cessé d’alerter sur le niveau alarmant de cette masse salariale sénégalaise qui dépasse la norme communautaire de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa). Laquelle recommande aux Etat membres de ne pas dépasser 35 % des recettes nationales. Un plafond que le pays avait déjà dépassé en 2015, année où l’économiste principal au bureau de la Banque mondiale, Philip English, l’estimait à «46,3 % des recettes». Durant cette même année, elle avait connu une hausse de 101,8 milliards pour se situer à 525,7 milliards contre 423,9 milliards en 2011. De son côté, le Fonds monétaire international (Fmi) affichait, en mai 2015, la même inquiétude. Ali Mansoor, l’économiste principal pays, indiquait qu’on ne peut pas «réussir le Plan Sénégal Emergent (Pse) si la moitié des recettes fiscales, 750 milliards à l’époque, vont aux salaires».
Si on en est aujourd’hui à ce stade, c’est surtout à cause des nombreux «emplois aidés» du système mais aussi des multiples avantages accordés aux hauts fonctionnaires, ministres conseillers, secrétaires d’état, chargés de mission, délégués, ambassadeurs itinérants ainsi que les revendications des enseignants qui ont coûté 48,2 milliards en 2016. Et, selon certains, le paradoxe de l’Etat est que ces serviteurs sont mieux payés que ceux qui créent la richesse.
Malgré la politique de maîtrise de la masse salariale, annoncée pompeusement par le chef de l’Etat, qui a supprimé des agences et plafonné les salaires des directeurs généraux à 5 millions de francs Cfa, elle va crescendo et devrait atteindra 617 milliards en 2018.
A noter que pour l’année 2017, les ressources du budget général sont estimées à 3 360 milliards contre 3 022,4 milliards cette année. Le taux de croissance du Produit intérieur brut (Pib) est projeté à 6,8 %.
WALF