Près de 200 avocats ont manifesté mercredi devant le Parlement à Tunis pour protester contre le projet de budget 2017, dont les mesures de rigueur visant à lutter contre les déficits publics sont à l’origine de tensions sociales.
En robe noire et munis de multiples banderoles, les avocats ont vivement dénoncé les dispositions fiscales du projet de loi de finance, adopté par le gouvernement et actuellement examiné par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
“L’administration financière (fiscale, ndlr) veut prendre des décisions spécifiques pour les avocats, ce que nous refusons catégoriquement”, a dit à l’AFP Me Hatem Ben Lahmar, membre du conseil de l’ordre.
Selon lui, “les avocats doivent être intégrés aux professions libérales” dans le cadre des mesures du projet de budget. “Nous voulons qu’il y ait une commission réunissant tous les intervenants du secteur privé, et que la loi de finance soit une loi générale qui s’applique à tout le monde”, a-t-il ajouté.
Dans un communiqué, le conseil de l’ordre des avocats a réclamé la “démission” de la ministre des Finances Lamia Zribi, dénonçant “son échec cinglant sur la fiscalité”.
Si les avocats affichent leur détermination, ils étaient moins nombreux devant le Parlement qu’il y a un mois lors d’un premier rassemblement devant le tribunal de première instance.
Entré en fonctions fin août après que son prédécesseur eut été jugé en échec sur l’économie, le gouvernement d’union est confronté à de vives réticences sur son projet de budget 2017.
Parmi les mesures décriées figurent la fiscalité mais aussi un gel des salaires d’un an dans la fonction publique.
Face aux menaces de grève du puissant syndicat UGTT, le président Béji Caïd Essebsi s’est voulu rassurant lors d’un entretien mardi à la chaînée privée El Hiwar Ettounsi.
“Je ne pense pas que l’UGTT passera à l’acte. Il est de mon devoir de créer les conditions adéquates pour un accord”, a-t-il déclaré, alors que la date butoir est fixée au 10 décembre.
Dans un discours au Parlement, le Premier ministre Youssef Chahed a répété vendredi dernier que l’Etat tunisien ne pouvait “plus supporter le déséquilibre” des comptes publics.
“Nous avons été francs avec le peuple tunisien sur (…) le fait que des sacrifices seraient nécessaires”, a-t-il affirmé.
Six ans après sa révolution, la Tunisie n’est toujours pas parvenue à faire redémarrer son économie. Le déficit public atteint 6,5% du PIB, et le pays a dû signer un nouveau plan d’aide de 2,6 milliards d’euros sur quatre ans auprès du Fonds monétaire international (FMI).
AFP