Arrivé au pouvoir, le président Macy Sall, à défaut de redorer le blason de la police en lui dotant de réels moyens, a cherché à étoffer le dispositif de sécurité. Avec le Décret n° 2013-1063 du 5 août 2013, il crée et fixe les règles d’organisation et de fonctionnement de l’Agence d’assistance à la sécurité de proximité (Asp). Comme missions, il a été assigné à l’Agence de participer, en relation avec les autorités de police et les forces de sécurité (Police et Gendarmerie), à la mise en œuvre d’une police sécuritaire de proximité bâtie autour de la prévention et du partenariat actif entre l’Etat, les Collectivités locales et les acteurs de la vie sociale. A ce titre, elle est chargée de : participer à l’élaboration et à la mise en œuvre, en rapport avec les différents acteurs, du plan national de prévention et de lutte contre la délinquance ; participer à la mise en place de contrats locaux de sécurité en relation avec les comités départements de prévention et de lutte contre la délinquance.
Après trois ans, il est difficile de dire en quoi cette Asp a participé à sécuriser les populations. Ceux qui s’attendaient à voir ses éléments arpenter les artères des quartiers cherchant à sécuriser les citoyens, vont déchanter au fur et à mesure qu’ils sont déployés sur le terrain. Les quelques agents qui sortent du lot, se font remarquer dans des délits qu’ils ont commis. Le 12 février 2015, le Directeur de l’Agence Niang révélait avoir limogé 150 assistants de la sécurité de proximité. «Certains d’entre eux ne vont pas au travail et d’autres ont maille avec la justice», s’était-il contenté de dire. Et ce n’était que l’arbre qui cache la forêt. Dans beaucoup de commissariats, dorment des piles de dossiers incriminant des Assistants à la sécurité de proximité. Si le résultat est aussi lamentable, c’est que la mission de l’Agence est totalement dévoyée. Recrutés pour la plupart par copinage et camaraderie ou sur la base politique, puis dispersés à Dakar et dans les régions, les Assistants de la sécurité de proximité (Asp), formés comme des agents de sécurité mais n’ayant pas les prérogatives d’un vigile, sont transformés en courtiers, chauffeurs, boys etc. Une condition que beaucoup d’entre eux n’ont pu accepter, préférant retourner rallonger la liste kilométrique des chômeurs. Et ce ne sont pas les seuls sans-emplois que l’ASP a créés. En concurrençant les agences privées de sécurité, elle a fait renvoyer de nombreux vigiles qui n’ont pu être gardés par leurs employeurs tenu à la gorge et au bord de la banqueroute. Aux Grands Moulins de Dakar, c’est l’ASP qui avait raflé le marché de gardiennage qui était jusqu’alors géré Viga Assistance. Quelques jours plus tard, des photos, montrant des Assistants à la sécurité de proximité préposés à la sécurisation des lieux, dans les bras de Morphée, sont remises à un responsable des Grands Moulins de Dakar. Les Assistants à la sécurité de proximité sont virés et Viga Assitance reprend sa place.
Avec 10 000 éléments recrutés, Macky Sall semble avoir atteint son véritable objectif : pouvoir se targuer d’autant d’emplois créés. Pour le reste, c’est son ancien adversaire politique et actuel ami qui gère frustrant policiers et gendarmes. Dans certains cercles, il se susurre que le directeur de l’Agence a une rémunération supérieure à celle du directeur général de la police nationale qui n’a été revalorisée que dernièrement. Une situation que l’on peine à comprendre du côté de la place Washington.
L’Agence placée sous la tutelle technique du ministère de l’Intérieur et sous celle financière du ministère de l’Economie et des Finances est, en soi, une très bonne idée selon de nombreux spécialistes. Seulement, appelée à jouer le rôle d’une police municipale, elle se présente comme une vraie fausse solution. Et pour Macky Sall, plus enclin à la lutte contre le terrorisme qu’à la sécurisation des citoyens, les cris de populations endeuillées, résonnant jusqu’à faire écho à la présidence de la République, vont rappeler la mission d’un chef d’Etat. Et à défaut de vouloir assister une population qui prend en charge sa propre sécurité, avec le risque d’instaurer un far West dans les quartiers, il est temps d’agir.
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Mame Birame WATHIE