Vingt-quatre heures avant le grand Magal de Touba, les automobilistes ont revu à la hausse le prix du transport entre Dakar et Touba. Vu le nombre de voyageurs prêts à rejoindre la ville sainte, ils en profitent pour se faire de l’argent.
Il est 11 heures à la gare des Baux Maraichers de Dakar. Comme tous les jours, à pareille heure de la journée, le garage grouille de monde. Il y règne une ambiance très dense. Certains individus descendent des taxis, d’autres des bus. Ils sont accueillis par les conducteurs des chariots pour les aider à transporter leurs bagages. A l’entrée du garage, s’alignent des gargotes. Cheveu crépu, vêtu d’une courte culotte noire assortie de bottes, Youssouf se dirige vers les véhicules de transport. Il a préféré se lever tôt pour ne pas tomber dans le piège des chauffeurs qui augmentent souvent les tarifs à la veille du magal. Youssouf n’a pas oublié que l’année dernière, il avait déboursé 10 mille francs Cfa pour se rendre à Touba. A côté des taxis dits «7 places» en partance pour Touba, des chauffeurs, assis sur un banc, discutent. Interpelé sur l’augmentation des tarifs Dakar –Touba, Ibra Seck rejette la faute aux «Dahiras». Selon lui, les «Dahiras» ont loué pratiquement toutes les voitures et même celles dites «les horaires».
Des individus cherchent des voitures en direction de la ville sainte. Oreille attentive, Maïmouna Sow, svelte, à la peau dépigmentée, vêtue d’un grand boubou bleue, environ 40 ans, est assise sur son sac de voyage. Elle bat en brèche les propos d’Ibra. «Ce n’est pas vrai. Ils (chauffeurs) profitent du magal pour s’enrichir», lance la dame. Selon certains témoignages, d’autres chauffeurs attendent la nuit pour augmenter le tarif qui peut grimper jusqu’à 10 mille francs Cfa. «Ce n’est pas normal de payer même 8 000 francs Cfa entre Dakar et Touba. Quant à ceux qui demandent 10 mille francs Cfa, je trouve qu’ils n’ont aucune pitié», s’emporte un vieil homme. Une espèce de ruelle mène vers le parking des bus. Baboy comme l’appelle familièrement les gens du garage attire l’attention. Il tient une feuille à la main pour mentionner l’ordre d’arrivée ou de départ des voitures. Teint clair, courte taille, il semble avoir l’air vigoureux pour un homme de son âge.
Son bonnet rouge à la tête lui donne un air comique. Il semble être le seul qui approuve l’augmentation des tarifs. Baboy explique que si les chauffeurs embarquent les clients pour Touba, ils reviennent sans aucun client. «C’est une perte pour les chauffeurs. Donc, ils sont obligés d’augmenter le prix pour pouvoir s’en sortir» explique-t-il. Par ailleurs, il juge que les conducteurs devraient penser à Serigne Touba. «Ils ne doivent pas profiter du magal pour se remplir les poches au contraire c’est une sorte de participation en aidant les voyageurs», souhaite-t-il.
Hindou TOURE
(Stagiaire Walf Quotidien)