Les retraités du Sénégal et de l’Afrique vivent dans des conditions précaires. Une situation due, en grande partie, par l’émergence du capitalisme qui appauvrit davantage les travailleurs.
Selon le coordonnateur de la Fédération syndicale mondiale (Fsm), Alassane Sène, par ailleurs secrétaire général de la Fédération générale des travailleurs du Sénégal (Fgts/A), «nous vivons une période de crise causée par une politique de nos gouvernants africains basée sur un système capitaliste, qui rend précaire nos ressources et nos revenus. Et qui affaiblit les personnes âgées et celles soumises à une pension de retraite. Car la pension de retraite reste toujours modeste et plonge les retraités dans une situation précaire. Il s’y ajoute aussi que la lenteur administrative, pour avoir une pension de retraite, est longue». C’était hier, à l’occasion de la première conférence régionale des pensionnés et retraités d’Afrique portant sur le thème : «La revalorisation des pensions de retraites en Afrique pour une vie digne».
Le syndicaliste d’ajouter que «la situation des retraités est difficile. Ici en Afrique, la retraite rime avec la pauvreté. Nous savons tous que les pensions de retraités sont dérisoires de telle sorte que l’agent, quand il n’est plus en activité, il est confronté à des difficultés de telle sorte et qu’il ne vit plus décemment. Car avec le système établi, ce sont les actifs qui payent les inactifs». L’occasion a permis au président du Cadre unitaire des retraités affiliés à l’Ipres, Birahim Fall, de faire le procès des responsables de cette institution sociale qui, selon lui, ne s’occupent guère de leurs problèmes, et s’enrichissent plutôt sur leurs dos, avec des salaires faramineux pour les employés de ladite institution. Ce qui a entraîné, selon lui, la «misère des retraités avec des pensions dérisoires», une «mauvaise prise en charge médicale», un «vol des pensions» ainsi qu’une «fiscalité élevée sur les pensions».
Pour sa part, Alassane Sène préconise la défiscalisation des pensions, le système de paiement en deux catégories, dont mensuellement pour ceux qui ont des pensions décentes et de manière bimestriel pour ceux qui ont des gagne-petits. Il suggère aussi la refonte totale des institutions sociales avec une fusion de l’Ipres et de la Caisse de sécurité sociale en une seule entité, ainsi que le droit universel à la retraite. D’autres alternatives sont aussi préconisées, notamment : une sécurité sociale publique et gratuite, des soins médicaux et pharmaceutiques publics et gratuits pour tous, sans conditions préalables.
Secrétaire général de l’Union internationale des syndicats des pensionnaires et retraités de la Fédération syndicale mondiale (Uispers/Fsm), Quim Boix estime que «l’Afrique n’est pas le continent où les droits des personnes sont les plus respectés, bien que les conditions soient toutes réunies pour qu’il en soit autrement». «En Afrique, les richesses sont suffisantes, mais les multinationales, aidées par les gouvernants des pays colonisateurs, continuent de les voler. Mais en tant qu’européen et syndicaliste, je dénonce avec force les dirigeants des pays européens qui ont exploité le continent africain et continuent de le faire», dénonce-t-il. A rappeler que, pour cette première conférence qui a réuni 75 participants, des recommandations seront émises et soumises aux gouvernants africains, pour l’amélioration des conditions de vie des retraités.
Théodore SEMEDO