Le Sénégal est à la traîne, malgré les déclarations du gouvernement. Un rapport du Conseil économique, social et environnemental (Cese) publié, hier, note que seuls 6 % de la population active âgée entre 15 et 59 ans ont une qualification ou un diplôme professionnel.
La formation professionnelle reste le parent pauvre de l’enseignement au Sénégal. Un rapport du Cese intitulé: «Quels dispositifs pour l’adéquation formation emplois qualifiés nécessaires au développement économique du Sénégal», révèle que très peu de jeunes ont reçu une formation professionnelle. «Sur une population estimée à près de 14 millions, les jeunes âgés de moins de 18 ans font 50 % et la tranche âgée de moins 15 ans représente plus de 42,1 %», souligne le rapport. «86,9 % du groupe d’âge 15 – 59 ans n’ont suivi aucune formation, seuls 6 % de cette population active ont une qualification ou un diplôme professionnel», poursuit le document qui a été présenté, hier, par la Commission de la jeunesse, de l’éducation, de la formation, du travail et de l’emploi du Cese, en présence de Mamadou Talla, ministre de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat. Cette commission dirigée par Momar Samb du Rta/S et Mamadou Diouf, l’ancien secrétaire de la Csa, révèle également que chaque année, plus de 202 000 nouveaux demandeurs d’emplois potentiels arrivent sur le marché de l’emploi. Et d’après le rapport, le taux de chômage varie entre 10 et 14 %, et reste très élevé chez les jeunes âgés de 15-24 ans.
Pourtant, l’adaptation de l’offre de formation professionnelle et technique au développement économique du Sénégal, constitue la deuxième priorité du Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet), nouvelle boussole du système éducatif sénégalais, pour la période 2013 – 2035. Pour l’élaboration du rapport, les membres du Cese, ont auditionné et visité une vingtaine de structures, publiques et privées, et personnes ressources intervenant dans le domaine de la formation professionnelle. En outre, le rapport met à nu les «déséquilibres infrastructurels» sur le plan géographique. «Sur 300 établissements de formation professionnelle, 25 seulement se situent en zone rurale», soulignent ces conseillers. L’ancien secrétaire général de la Csa et les autres conseillers auteurs du rapport expliquent cette contreperformance par «le problème» de l’orientation des élèves après le cycle primaire et la prise en charge des jeunes en situation de décrochage précoce.
Ils pointent du doigt également l’existence d’une seule commission pour l’orientation des élèves au niveau des lycées techniques après le Bfem et la faiblesse des taux de réussite aux examens d’Etat pour l’enseignement technique et la formation professionnelle. Il y a aussi, d’après ce rapport, «l’insuffisance» du nombre de formateurs ayant un diplôme professionnel (41 %) et le faible recours à la validation des acquis de l’expérience pour la valorisation des compétences techniques des maîtres artisans. Pour remédier à cela, les auteurs du rapport recommandent une utilisation «plus optimale» des ressources financières et des installations et équipements dédiés au secteur. «Il faut articuler l’éducation obligatoire (16 ans) à la formation professionnelle, en améliorant le système d’orientation d’une part et en articulant le niveau du collège au niveau du supérieur d’autre part. Il faut aussi faire des écoles primaires de véritables centres de recherche pour la détection des talents et des vocations. Et enfin, assurer la mise en œuvre effective de la loi portant sur l’orientation de la Formation professionnelle et technique, en accélérant l’établissement et la signature des décrets d’application», suggèrent-ils.
Charles Gaïky DIENE (WALF Quotidien)