CHRONIQUE DE WATHIE
L’Amérique devait une énorme dette à Hillary Clinton. Elle ne lui a pas porté préjudice. Mais l’ancienne première dame des Etats-Unis avait toutes les raisons pour causer beaucoup de dommage à son pays. Elle ne l’a jamais fait, malgré les nombreuses occasions. Devenir première femme président de la grande Amérique pouvait suffire à lui faire oublier l’Affaire Lewinsky qui l’a exposée aux yeux du monde entier comme une femme cocue. Mais, au profit de Donald, Hillary a encore une fois été trompée.
Bill Clinton n’avait pas attendu d’être bien installé dans le Bureau ovale pour déclencher les scandales sexuels. Alors qu’il avait pris fonction en janvier 1993, en mai 1994, Paula Corbin Jones, l’accusa de harcèlement sexuel. Pour étayer ses accusations, celle-ci avait fait témoigner Monica Lewinsky alors stagiaire à la Maison Blanche. Acculé et agacé, le président américain avait fini par lâcher publiquement : «Je n’ai pas eu de rapports sexuels avec cette femme, Mademoiselle Lewinsky». Plus tard, quand la vérité sur sa relation avec la stagiaire éclata au grand jour, cette phrase fut utilisée pour mettre en accusation Bill Clinton, poursuivi pour parjure. Et avant que la procédure d’impeachment ne soit déclenchée le 8 octobre 1998, le troisième du genre depuis l’indépendance des USA, la vie privée des Clinton va être étalée sur la place publique. Les ébats sexuels du président sont quotidiennement relayés par journaux et radios. Il est plus question de sexe que de développement économique. Alors que les yeux étaient rivés sur la première dame attendant que, face à l’affront, elle lâche son mari, Hillary avait fait corps avec Bill Clinton. Un mot, une syllabe de Hillary aurait suffi à réécrire l’histoire des Etats-Unis d’Amérique. Le Senat américain qui avait bloqué la procédure ne l’aurait sans doute pas fait si Hillary s’était désolidarisée de son mari infidèle. Une posture qui a grandement participé à façonner la carrière politique de Mme Clinton perçue alors comme la femme cocue la plus puissante du monde.
Cette carrière politique de Hillary Clinton allait atteindre son apothéose si la presse qui avait jadis amplement relayé son humiliation avait dit la vérité lors de la dernière présidentielle américaine. Comme pour rattraper le passé, la presse américaine, faisant fi de toute règle de déontologie ou de neutralité, s’est rangée derrière l’ancienne première dame, s’attachant à taire ses tares pour relever et s’appesantir sur les écarts de Donald Trump. L’analyste politique, Guillaume Borel note dans une de ses chroniques : « Le premier contributeur individuel à la campagne de la candidate démocrate, Haim Saban, a réalisé un don de plus de 2 millions de dollars. L’homme d’affaire américano-israélien est le propriétaire d’Univision, le premier consortium médiatique en langue hispanique aux États-Unis. Comme l’ont révélé les leaks du directeur de campagne John Podesta, Saban s’impliqua personnellement dans la campagne médiatique d’Hillary, en suggérant notamment d’insister sur les propos hispanophobes de Donald Trump afin de rallier les suffrages de la communauté hispanique».
Hillary Clinton est ainsi favorisée par les médias dont certains donnent sans ambages des consignes de vote en dépit de toute logique. Devenue un produit marketing, Hillary Clinton est chèrement vendue comme la femme modèle qu’il faut aux USA et au monde. A l’inverse, Donald Trump est discrédité, diabolisé, jeté en pâture et voué aux gémonies. «Le candidat républicain Donald Trump est, par consensus unanime du comité de rédaction, inapte à la présidence», avait déterminé le comité éditorial du quotidien USA Today. Les critiques visant le candidat républicain sont amplifiées tout comme ses moindres extrapolations. «Le Media Research Center révélait ainsi le 18 octobre dernier que les principales chaînes télévisées des Etats-Unis (ABC, CBS et NBC) avaient consacré 7h et 30 minutes d’antenne aux accusations de harcèlement sexuel à l’encontre de Donald Trump et seulement 1h10 min aux révélations de Wikileaks concernant Hillary Clinton ! », écrivait Guillaume Borel. Pas une seule fois, Hillary n’a été donnée perdante. Jusqu’au jour du vote, elle a été présentée comme la future présidente des USA. De quoi décourager de nombreux électeurs qui pensaient qu’il s’agissait d’une simple formalité. Se voulant plus proche des Noirs et des Hispaniques, la démocrate multipliait les apparitions aux côtés des stars, jusqu’à oublier que l’Amérique était blanche. Au soir du 8 novembre, les résultats qui ont cessé d’être serrés après le dépouillement dans 15 Etats, la désillusion de l’ancienne première dame est totale. «Les Etats-Unis sont plus divisés que nous ne le pensions », dira-t-elle comme pour renseigner qu’elle a encore une fois été abusée.
Par Mame Birame WATHIE
Chronique précédente: cliquez ici