Chronique de Sidi
Après l’histoire du Prophète Youssuff et ses frères qui donne des leçons de vie à suffisance, nous abordons celle d’un autre envoyé de Dieu. Celui qui est présenté comme le plus éloquent d’entre eux. Son nom est mentionné à dix reprises dans le Saint-Coran (Sourates 7, 11, 26,29, 85, 87, 90, 92, 95, 197). Il est l’un des quatre prophètes d’origine arabe. Et comme beaucoup d’entre eux, c’est vers son peuple, les Madyanites, qu’il a été envoyé, à Madyane.
Madyane était une cité située dans la région de Ma’an en Syrie, du côté de la région du Hijaz. Ses habitants pouvaient être divisés en deux classes. Les nantis qui étaient pour l’essentiel des commerçants et les pauvres qui constituaient la majorité. Les Madyanites avaient de grands défauts. Les commerçants avaient la très mauvaise réputation de tripatouilleurs de poids, de fraudeurs qui n’hésitaient pas à escroquer leurs clients. Avec une balance qui n’affichait que le poids qui les arrangeait, ils s’étaient forgés une triste réputation. Spéculant sur les prix, ils dictaient leur loi aux populations qui n’avaient d’autre choix que de se plier à leur volonté. Les Madyanites n’étaient pas seulement des commerçants véreux. Ils étaient aussi des coupeurs de route violents et sanguinaires qui terrorisaient les voyageurs qui traversaient leur cité. Ces seuls péchés ne semblaient pas leur suffire. Ils étaient aussi des adorateurs d’idoles qui pensaient que leur richesse leur venait des prières formulées à l’attention de leurs dieux.
C’est ce peuple que le prophète Shu’ayb avait la lourde tâche de ramener sur la bonne voie. Il lui appartenait de remettre les Madyanites sur le droit chemin. Et Shu’ayb, s’y employa avec beaucoup de dextérité. Comme les autres prophètes qui l’ont précédé, il va prêcher la droiture. « Et aux Madyan, leur frère Chu˒aïb: «Ô mon peuple, dit-il, adorez Allah. Pour vous, pas d’autre divinité que Lui. Une preuve vous est venue de votre Seigneur. Donnez donc la pleine mesure et le poids et ne donnez pas aux gens moins que ce qui leur est dû. Et ne commettez pas de la corruption sur la terre après sa réforme. Ce sera mieux pour vous si vous êtes croyants. Et ne vous placez pas sur tout chemin, menaçant, empêchant du sentier d’Allah celui qui croit en Lui et cherchant à rendre ce sentier tortueux. Rappelez-vous quand vous étiez peu nombreux et qu’Il vous a multipliés en grand nombre. Et regardez ce qui est advenu aux fauteurs de désordre. Si une partie d’entre vous a cru au message avec lequel j’ai été envoyé, et qu’une partie n’a pas cru, patientez donc jusqu’à ce qu’Allah juge parmi nous car Il est le Meilleur des juges.» (Sourate 7 versets 85,86 et 87).
Mais comme les prophètes qui l’ont devancé, Shu’ayb fera face à l’incrédulité du peuple vers qui il a été envoyé. Il fut, comme les autres messagers, diabolisé, tourné en dérision. En homme éloquent qui savait argumenter, Shu’ayb continuait malgré leur réticence. Il ne cessait de les appeler à abandonner leurs mauvaises pratiques et à prendre le droit chemin. La classe dite pauvre ne mit pas de temps à répondre à ses appels. Eux qui se sentaient lésés par les commerçants nantis prêtèrent une oreille attentive au prophète, voyant en lui la voie du salut. Leur nombre grandissant, les commerçants commencèrent à manœuvrer. Ils firent tout pour qu’il n’y ait pas de contacts entre Shu’ayb et son peuple. Ils ne voulaient pas prendre le risque de voir celui-ci les conscientiser. Ainsi, ils menacèrent de l’expulser de la ville. «Les notables de son peuple qui s’enflaient d’orgueil, dirent: «Nous t’expulserons certes de notre cité, ô Chu˒aïb, toi et ceux qui ont cru avec toi. Ou que vous reveniez à notre religion.» – Il dit: «Est-ce même quand cela nous répugne?» (Sourate 7 verset 88).
Shu’ayb et ceux qui croyaient en ses prêches migrèrent après avoir été mis au courant de l’arrivée imminente d’un châtiment divin. Ainsi, une maladie se répandit. Les hommes ne se maitrisaient plus, ils tremblaient de tout leur corps. Et cette maladie ne fit pas de cadeau. Elle s’attaqua aux populations et paralysa leur commerce qui n’attirait plus les cités voisines. Shu’ayb et ses disciples se déplacèrent vers la banlieue de la cité de Madyane. Dans cette dernière, les populations n’étaient guère plus croyantes que celles qu’il avait laissées derrière lui. Ces populations vénéraient un arbre appelé Al-Aïka. Quand il leur demanda d’abandonner leurs croyances, celles-ci refusèrent d’obtempérer. «Ils dirent: «Ô Šuayb! Est-ce que ta prière te demande de nous faire abandonner ce qu’adoraient nos ancêtres, ou de ne plus faire de nos biens ce que nous voulons? Est-ce toi l’indulgent, le droit? » (Sourate 11 verset 87). Comme les habitants de Madyane, ceux d’Al-Aïka furent frappés par une malédiction. Durant sept jours des calamités se succèdent et finirent par anéantir la banlieue comme la ville de Madyane.
Les Madyanites furent punis pour leur incrédulité. Mais la mission du prophète Shu’ayb n’en finissait pas pour autant.
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Par Sidi Lamine NIASS
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