Si le Sénégal ratifie les Accords de partenariat économique (Ape), il risque de perdre plusieurs milliards de francs Cfa au cours des prochaines années. Telle est la conviction de la Coalition «Non aux Ape».
Le Sénégal risque de perdre 75 milliards de Fcfa par an dans le cadre de la mise en œuvre des Ape. C’est la conviction de Guy Marius Sagna, leader de la Coalition «Non aux Ape», qui animait, samedi, une conférence au Centre de Bopp dans le cadre «des Samedi de l’économie», initié par l’Arcade et la Fondation Rosa Luxembourg. Selon M. Sagna, la perte de 75 milliards de Fcfa par an pourrait tripler à partir de la vingtième année de déroulement des Ape entre le Sénégal, la Cedeao et l’Ue. Le conférencier précise que cette perte serait liée à la concurrence, notamment avec l’ouverture à 75 % du marché de la Cedeao aux entreprises de l’Ue. Etant à la pointe du combat contre la signature des Ape par le Sénégal Guy Marius Sagna s’offusque du manque de débat sur cette question économique. «C’est comme si le président de la République et le ministre du Commerce, Alioune Sarr ne veulent pas échanger avec les Sénégalais», dit-il, dénonçant le mutisme des organisations politiques et syndicales sur les Ape. Pour le leader de la Coalition «Non aux Ape», le débat doit davantage être posé, «car il y a d’autres clauses contenues dans les Ape qui ne sont pas encore débattues», comme celle qui veut la libéralisation in extenso d’autres secteurs de l’économie sénégalaise six mois après la ratification des Ape et une autre faisant bénéficier à l’Ue tous les privilèges accordés aux partenaires chinois, américains…
Le mois d’octobre est l’ultimatum, donné au pays de la Cedeao pour ratifier les Ape. Certains pays de la Cedeao résistent encore tandis que d’autres ont déjà cédé. En attendant, la Coalition «non aux Ape» mène le combat sur le terrain malgré les pressions. M. Sagna souligne que les membres de la coalition ne vont pas céder aux intimidations et que la bataille va se poursuivre même après la ratification des Ape. Mignane Diouf, acteur de la société civile, ne fait pas dans la langue de bois pour parler de vigilance face au chantage de l’Ue qui, selon lui, «a décidé de conditionner l’aide au développement pour les pays réfractaires à la signature des Ape».
Le président de l’Arcade Demba Moussa Dembélé a rappelé que le président Abdoulaye Wade avait rejeté le projet en décembre 2007 lors de la rencontre Afrique-Union européenne à Lisbonne. L’économiste estime que l’Ue ne peut pas signer des Ape avec les pays de la Cedeao «parce le Pib de la communauté européenne est supérieur à celui de l’ensemble des pays de la Cedeao qui sont, pour la plupart classés, au rang de Pays moins avancés (Pma)».
Emile DASYLVA (WAlf Quotidien)