Au sommet de la gratification
Avec une bonne planification, des vivres bien conservés, le dépôt du royaume était devenu, sous la direction de Youssuff, un endroit où on trouvait toujours à manger. Youssuff avait toute la confiance du roi et n’écoutait que son cœur pour administrer. Un jour, ses frères vinrent s’approvisionner en vivres. En face de Youssuff, ils ne le reconnurent pas. Youssuff par contre les avait bien reconnus et avait décidé de profiter de l’occasion. Il les servit abondamment. Et alors que ceux-ci devaient lui donner en échange des vivres, des marchandises, il demanda à ce qu’il n’en fût rien. Ce que ses frères avaient amené fut remis dans leurs sacs à leur insu. Mais avant de partir, Youssuff leur indiqua qu’il pouvait leur donner autant de vivres qu’ils souhaitaient. Seulement à une condition. «Amenez-moi un frère que vous avez de votre père. Ne voyez-vous pas que je donne la pleine mesure et que je suis le meilleur des hôtes? », leur dit-il (Chapitre 12, verset 59). Ils manifestèrent leur réticence, Youssuff se montra intransigeant.
De retour, les frères eurent beaucoup de mal à convaincre leur père de laisser Ben Yamin les accompagner en Egypte. «Vais-je vous le confier comme, auparavant, je vous ai confié son frère? Mais Allah est le meilleur gardien, et Il est le plus Miséricordieux des miséricordieux!», répondit Ya’qoûb ou Jacob qui se résolut à les laisser faire. Mais avant, il prit le soin de leur faire des recommandations. En Egypte, les frères suivirent les consignes de leur père. Alors qu’ils étaient dans le dépôt, Youssuff se présenta à son frère Ben Yamin, il lui conseilla de ne point être troublé. Et avant de prendre congé de lui, il mit une coupe dans son sac. Les frères qui ne reconnaissaient toujours pas Youssuff, s’approvisionnèrent et allaient repartir quand quelqu’un cria au voleur. La coupe du roi avait disparu. Il fallait fouiller tout le monde. Avant, Youssuff demanda aux frères de lui dire quel est le châtiment réservé à un voleur dans leur contrée. Ceux-ci répondirent qu’il devenait l’esclave de celui qu’il a volé. Alors Youssuff commença à fouiller, prenant le soin de terminer par les affaires de son frère Ben Yamin. Quand il ouvrit le sac de ce dernier et que la coupe apparue, les autres frères commencèrent à s‘inquiéter se demandant déjà ce qu’ils allaient raconter à leur père qui avait tellement insisté avant de les laisser partir avec Ben Yamin. Lorsqu’ils lui annoncèrent la nouvelle, présentant Ben Yamin comme un voleur prit la main dans le sac, Ya’qoûb (Jacob), affligé, en perdit l’usage des yeux.
Quelque temps après, les enfants de Ya’qoûb (Jacob) retournèrent voir Youssuff, toujours en quête de provisions. Au dépôt, ce dernier se présenta et leur dit qui il était réellement. Surpris et éhontés, les frères firent leur mea-culpa. Après leur avoir remis un habit, Youssuff leur affirma qu’il permettra à leur père de retrouver la vue. «Et amenez-moi toute votre famille», conclut Youssuff. Et comme ce dernier l’avait indiqué, son habit posé sur le visage de leur père permit à celui-ci de retrouver la vue. Il avait d’ailleurs senti la présence de son fils bien-aimé depuis que ses enfants étaient entrés dans la cité avec son habit. Ils décidèrent tous d’aller à la rencontre de Youssuff en Egypte. « Lorsqu’ils s’introduisirent auprès de Joseph, celui-ci accueillit ses père et mère, et leur dit: «Entrez en Egypte, en toute sécurité, si Allah le veut!». Et il éleva ses parents sur le trône, et tous tombèrent devant lui, prosternés. Et il dit: «Ô mon père, voilà l’interprétation de mon rêve de jadis. Allah l’a bel et bien réalisé… Et Il m’a certainement fait du bien quand Il m’a fait sortir de prison et qu’Il vous a fait venir de la campagne, [du désert], après que le Diable ait suscité la discorde entre mes frères et moi. Mon Seigneur est plein de douceur pour ce qu’Il veut. Et c’est Lui l’Omniscient, le Sage » (Chapitre 12, verset 99-100). Venu du désert en tant que captif, le prophète Youssuff (PSL) avait gravi les échelons, devenant ainsi l’un des plus influents de la grande Egypte. Respecté par le peuple qui reconnaissait ses talents de bon gestionnaire, adoubé par le roi qui lui faisait totalement confiance, le prophète Youssuff (PSL) allait marquer d’une empreinte indélébile l’histoire de l’Egypte et, au-delà, du monde.
A lire chaque vendredi…
Par Sidi Lamine NIASS
Chronique précédente, cliquez ICI