Il était décrit comme crucial, il a été tendu. Le premier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump d’ici la présidentielle de novembre s’est achevé il y a quelques heures. Voici ce qu’il faut en retenir.
Hillary Clinton, en tailleur pantalon rouge, et Donald Trump, en costume sombre et cravate bleue, ont offert lundi soir aux Américains le spectacle qu’on leur avait promis (dans la nuit de lundi à mardi en France). Durant 90 minutes, les deux candidats à la Maison blanche se sont affrontés sur trois thèmes: l’économie, la direction du pays et la sécurité.
Alors que les premières minutes étaient cordiales, le débat s’est vite enflammé, donnant lieu à un échange d’attaques au fil duquel les propositions des candidats se sont parfois diluées. Voici ce qu’on peut retenir de ce “Super Bowl” des débats présidentiels, le premier d’une série de trois.
· Avantage pour Hillary Clinton?
Aucun des deux candidats n’a été épargné. Durant la première partie, consacrée à l’économie, Hillary Clinton a rappelé l’une des sorties peu glorieuses de son adversaire, qui avait estimé que le changement climatique était “une invention des Chinois”. Une déclaration niée par Donald Trump, mais fact-checkée et confirmé par Politifact, un site spécialisé dans le fact-checking en politique.
La candidate démocrate a aussi reproché à Donald Trump de n’avoir pas publié sa situation fiscale. Une attaque qui a finalement profité au républicain, puisqu’il s’en est servi pour ramener sur le tapis l’affaire des e-mails d’Hillary Clinton, des e-mails non protégés et supprimés en partie par l’ancienne secrétaire d’Etat, du temps où elle occupait cette fonction. “Quand elle aura publié ses e-mails, je publierai mes impôts”, a-t-il déclaré.
De ces échanges d’amabilité, c’est la candidate démocrate qui ressortirait gagnante, d’après un premier sondage, publié dès la fin du débat par CNN. 62% des personnes interrogées estiment en effet qu’elle a dominé le débat.
· Deux visions de l’économie et de la société
Sans surprise, les deux candidats se sont opposés sur de nombreux points. En premier lieu, sur l’économie. Donald Trump a martelé son désir de garder les emplois américains dans le pays, rejetant la faute de la situation économique sur les partenaires étrangers.
“Les emplois fuient notre pays, ils partent au Mexique et dans d’autres pays. Regardez ce que la Chine fait à notre économie avec l’exportation. Ils dévaluent leur monnaie et il n’y a personne dans notre gouvernement pour les combattre”, a-t-il insisté.
Hillary Clinton, elle, a mis l’accent sur sa volonté d’investir dans la classe moyenne et dans le “futur”.
“Cela signifie investir dans les infrastructures, dans l’innovation, les nouvelles technologies, les énergies renouvelables et les petites entreprises, parce que la plupart des nouveaux emplois viendront des petites entreprises”, a poursuivi la candidate démocrate.
“Alléger la charge fiscale pour les riches ne fonctionne pas”, a aussi estimé Hillary clinton, qui souhaite “investir dans la classe moyenne” et “tout mettre sur un pied d’égalité”, plutôt qu'”avantager les plus nantis”.
· Hillary Clinton a pointé le racisme et le sexisme de Trump
Evitant soigneusement les allusions directes aux récents problèmes de santé d’Hillary Clinton, Donald Trump a en revanche fait plusieurs fois référence à son incapacité, selon lui, à assumer la fonction présidentielle.
“Elle n’a pas l’endurance, elle n’a pas le charisme. Pour être président de ce pays il faut énormément d’endurance”, a avancé le candidat. “Hillary a des expériences, mais de mauvaises expériences”, a-t-il estimé.
“Il s’agit d’un homme qui parle des femmes comme de truies”, s’est défendue Hillary Clinton, “de la grossesse comme d’un inconvénient pour l’employeur. Quand il aura voyagé dans 112 pays et négocié un accord de paix, un cessez-le-feu, la libération de dissidents (…) ou même qu’il aura passé 11 heures à témoigner devant une commission au Congrès, il pourra me parler d’énergie”, lui a aussi répondu sa rivale démocrate.
Hillary Clinton a également accusé Donald Trump d’avoir bâti sa carrière politique sur un “mensonge raciste” en mettant en doute la nationalité américaine du président Barack Obama.
Il a “vraiment démarré son activité politique sur la base de ce mensonge raciste (selon lequel) notre premier président noir n’était pas un citoyen américain”, a déclaré la candidate. “Il n’y a absolument aucune preuve de cela (mais) il l’a répété, il l’a répété année après année”, a-t-elle insisté.
Elle a aussi rappelé qu’il avait été poursuivi pour discrimination raciale pour avoir refusé de louer des appartements à des afro-américains. Une affirmation confirmée par Politifact.
BFMTV