CHRONIQUE DE MAREME
« L’amour est la seule condition dans laquelle le bonheur d’une autre personne est essentiel au tien »
Aicha : l’embarras
Il y a un mois, je n’aurai jamais cru que je serais dans cet état pour un homme, moi qui nourrissais une haine viscérale pour eux. Rien ne compte plus, je pense tout le temps à lui. Les sentiments que je ressens sont si forts que cela me fait peur. Nul doute que le sentiment amoureux compte parmi les ressentis humains les plus intenses. Il nous dépasse, nous transcende, nous questionne et nous torture parfois…. Si vous êtes déjà tombé amoureux alors vous devez surement ressentir ceci : trouble du sommeil, excitation intellectuelle et sexuelle, palpitations cardiaques, tremblement, boule d’angoisse. Je suis comme perdue dans un tourbillon de sentiments intenses qui me submergent et me noient petit à petit. Depuis ce fameux soir ou Menoumbé lui a parlé, il s’est construit un lien tellement fort que cela nous dépasse. Il y a une forte dépendance entre nous deux qui fait qu’on ne peut et ne veut se séparer trop longtemps sous peine de subir manque et tristesse.
Dans l’entreprise les rumeurs ont commencé à courir. Les gens disaient que j’ai obtenu ce boulot parce que je suis la maitresse du patron. J’en ai voulu un peu à Malick du fait que je ne voulais pas que l’on s’expose devant les autres et, au début, il était d’accord. Mais depuis qu’il sait qu’Idrisse m’a appelée pour m’inviter à déjeuner, il a changé. Le gars veut marquer son territoire alors il ne se gêne pas de m’enlacer encore moins de me faire la bise devant le réceptionniste ou le gardien. Ha les hommes ! Cela m’a fait très mal de voir mes amies me fuir comme si j’étais la peste. Après deux jours, je n’ai plus eu envie d’aller au resto puisque je mangeais seule. Mais comme on dit, un de perdu dix de retrouvés. Aujourd’hui, j’ai Suzanne, Daouda et Malick, avec qui je partage le déjeuner tous les jours puisque Malick demande à ce qu’on nous serve ici. C’est ça l’avantage d’être un patron. Nous mangeons tous ensemble dans la salle de réunion et cela se fait dans une belle détente faite d’anecdotes et de souvenirs.
Tous les jours, après la descente, Malick m’amène quelque part où nous restons des heures à parler de tout et de rien. Ensuite il me dépose devant ma porte toujours vers 20h. Depuis ce fameux jour où nous nous sommes laissé emporter dans ce restaurant, il ne m’a plus jamais embrassé. Quelques caresses par ci, de petites bises par là. Je ne sais pas s’il le fait exprès ou pas mais ces petits gestes sont en train de m’émoustiller au plus haut point. Je me suis surprise un soir à l’inviter à entrer mais il m’a juste regardé intensément avant de me faire une bise légère et de partir. Je ne sais toujours pas ce que Menoumbé lui a dit même si je le devine mais il est devenu hyper conventionnel et protecteur avec moi. Hier, il m’a dit qu’il voulait rencontrer mes parents. Ça fait dix jours que l’on sort ensemble et le gars veut passer à la vitesse supérieure. Quand je lui ai demandé pourquoi autant de précipitation, il m’a regardé dans les yeux et m’a dit : de toute ma vie, je n’ai jamais ressenti autant d’émotions et d’amour pour une femme. Tu as littéralement changé ma vie ; grâce à toi, elle s’est embellie. Il n’y a pas une seconde, une minute, une heure, sans que je ne pense à toi. Mon cœur est rempli de toi. La moindre chose que je regarde, une musique que j’écoute, me fait penser à toi. Alors oui je t’aime et j’ai envie que tout le monde le sache. Je veux que tu fasses partie de ma vie intégrante et le plus tôt sera le mieux. J’ai juste acquiescé sans rien dire car j’étais à la fois émue et anxieuse. Malick veut rencontrer mes parents ce dimanche et connaissant mon père, les choses vont se passer très vite. J’aime cet homme de tout mon cœur et de toute mon âme seulement j’appréhende le jour où je serais sa femme et que l’on devra être intime. Mon Dieu rien que d’y penser, j’en tremble, et j’ai honte de lui en parler. Pourtant, je ressens beaucoup d’attirance pour lui mais quand je pense à toutes les souffrances physiques que j’ai vécues, j’en frissonne. Je ne veux pas subir cela encore une fois. Il faut que je trouve un moyen de reporter le rendez-vous de dimanche c’est-à-dire dans deux jours. Toc toc, Suzanne entre, sourire aux lèvres.
- Tu as fini le dossier que je t’avais donné.
- Donne-moi encore une heure s’il te plaît.
- Toi et Malick, je ne sais pas qui est le plus au ralenti dans le boulot, arrêtez de rêvasser et concentrez-vous ah. Je lui lance juste mon plus beau sourire ne sachant quoi dire puisqu’elle a raison. Ensuite je lui fais signe avec la main d’entrer.
- Qu’est – ce qui y a, demande-t-elle en fermant la porte.
- Euh….Non laisse tomber
- Mo, dans tes rêves, allait accouche.
- Malick t’a dit pour dimanche ? elle tape les mains et vient s’assoir.
- Oui c’est génial non. Je suis trop contente pour vous deux, même si c’est trop rapide mais vous vous aimez et c’est l’essentiel. Voyant ma tête de mort elle ajoute. Tu ne sembles pas te réjouir de cela ? Qu’est – ce qu’il y a, tu ne veux pas ?
- Si mais comme tu dis c’est trop rapide.
- Si tu n’es pas sure de tes sentiments pour lui alors dis le lui avant qu’il ne s’engage davantage, dit-elle d’un ton très strict.
- Pourquoi tu montes tout de suite dans les aires, moi aussi je l’aime mais…
- Il n y a pas de mais, dans cette histoire c’est lui qui risque gros avec sa femme qui est hyper liée à sa famille. Votre mariage à vous deux va amener un grand brouhaha dans sa vie et il faut que tu sois prête psychologiquement à ce qui t’attend.
- Ah bon ? Qu’est- ce qui m’attend ?
- Une guerre Aicha, une vraie de vraie. Je ne voulais pas t’en parler avant que vous ne soyez déjà mariés ; mais Abi va peser de tout son poids pour que le tien ne résiste pas.
- Malick m’a dit que c’est une femme merveilleuse et qu’elle m’accueillera comme sa petite sœur. Elle éclate de rire jusqu’à se tenir le ventre.
- Non dolène déme (incroyable), plus naïfs que vous deux tu meurs. Quelle femme va se réjouir d’avoir une coépouse, soyez réaliste. Elle va sortir ses bazookas, alors il vaut mieux pour toi que vous soyez déjà mariés ce jour-là.
- Tu me fais peur là ?
- Je ne te dis que la vérité Aicha, la femme de Malick est gentille mais aussi elle est très intelligente. Quand elle a vu que son mari ne l’aimait pas, elle s’est tissée un toile d’araignée autour de lui qui fait que Malick est obligé de rester avec elle par devoir et par compassion.
- On dirait que tu la connais bien.
- Je connais toute sa famille et tout ce que je peux te dire est que si tu l’aimes autant que lui il t’aime alors n’hésite pas et fonce.
- En un mot, si je comprends bien, tu me conseilles de me marier au plus vite avec Malick sinon je risque de le perdre quand sa famille saura pour nous deux.
- Je n’ai pas envie d’entrer dans une famille où je serais rejetée encore une fois.
- On est en Afrique Aicha, sache que dans toute relation que tu entreprendras dans la vie, tu seras toujours confrontée à un obstacle. Soit c’est la belle – mère, les belles-sœurs, la coépouse ou encore les enfants qu’il a eus dans un autre mariage. A toi de voir si ton amour pour lui vaut la peine de te battre.
- Je ne sais plus Suzanne, moi je t’ai appelée pour te parler d’un autre problème et toi tu me soulèves celui – là ; alors je ne sais plus quoi penser.
- De quel problème Aicha ?
- Pif laisse tomber.
- Je vois que ce que je viens de te dire t’a un peu remué mais il fallait que je te le dise. Excuse-moi de ma franchise mais c’est peut-être parce que je t’aime bien et surtout il fallait que je t’avertisse. Déjà que tout le monde dans l’entreprise sait que vous êtes ensemble alors attend toi qu’Abi le sache dans les jours à venir. Rien qu’à vous regarder, je sais que vous êtes fait l’un pour l’autre alors ne perd pas ton temps avec ces pensées sombres.
- Je ne sais pas, on verra Suzanne. Elle quitte mon bureau en me faisant un clin d’œil. J’aurais voulu qu’elle ne me dise rien, maintenant je suis encore plus indécise. Je ne veux pas être la cause d’aucun malheur et encore moins troubler la vie de Malick. J’étais dans ces réflexions quand la porte de mon bureau s’ouvrit grandement. Se tenait devant moi Marianne avec son visage vert de rage.
- Donc c’est vrai, vous travaillez pour lui. Soyez sûre que quand il aura fini avec vous, il vous jettera comme une éponge.
- Comme il l’a fait avec vous je présume, répondis-je du tic au tac.
- C’est ce qu’il vous a dit ? Haha haha, et vous l’avez cru, pauvre fille. Vous croyez vraiment qu’il peut se passer de moi, vous êtes myope dit – elle en se tournant comme un mannequin. Je lui souris en m’adossant sur mon fauteuil.
- Ecoutez Mlle Cissé, j’ai un dossier à rendre dans moins d’une heure alors je n’ai pas de temps pour vos enfantillages.
- Allez-vous faire foutre, je n’ai pas d’ordre à recevoir d’une petite gamine de rien du tout.
- C’est cette gamine qui détient le cœur de Malick.
- Dans vos rêves, il vous utilise seulement parce que j’étais partie à l’étranger et maintenant que je suis de retour…
- Je n’en ai rien à faire de ce que vous pensez ou pas. Sortez de mon bureau avant que je ne m’énerve.
- Sinon quoi ? On ne me menace pas. Vous savez qui je suis ? Je me lève et contourne la table en enlevant une de mes paires de chaussure. Et l’autre talon qui restait, je l’ai envoyé se balader dans la pièce d’un coup de pied. Il fallait bien que je sois théâtrale lol.
- Vous êtes une femme pourrie, gâtée qui se croit tout permis. Wayé Billahi, si vous ne sortez pas d’ici tout de suite je ne répondrais plus de moi. Je vais te défigurer avec mon talon weuh. Elle ouvre grandement les yeux et recule précipitamment. C’est à cet instant que Malick entre dans le bureau et que cette peureuse commence à crier et faire comme si je l’avais agressée.
- Que se passe-t-il ici. Elle se cache derrière lui et sort des larmes de crocodile.
- Elle m’a agressée et si tu n’étais pas intervenu, qui sait ce qu’elle m’aurait fait. Malick nous regarde à tour de rôle avant d’éclater de rire.
- Tu n’as pas honte de dire ça Marianne. Tu as vu ta taille par rapport à Aicha ? C’est vrai qu’elle est très élancée et avec les talons, elle a la même taille que Malick qui fait un mètre quatre-vingt-quatre. Moi je fais à peine un mètre soixante-six. Voyant qu’il se moquait d’elle, cette dernière le pousse rageusement et le frappe avec son sacoche.
- Tu ne payes rien pour attendre Malick Kane. Je te jure que je vais me venger de toi et jamais au plus grand jamais vous ne serez heureux tous les deux. J’en fais mon honneur, finit-elle en tournant les talons et en fermant rageusement la porte derrière elle. Sa dernière phrase m’a glacé le sang alors je regarde Malick apeurée ;
- Ho ne t’inquiète pas, cette fille a l’habitude d’aller dans les dramaturges mais elle ne fera rien.
- Méfie-toi de la colère d’une femme et si tu ne l’apaises pas, elle devient un poison.
- Ne t’inquiète pas, elle ne fera rien. Ensuite il s’approche de moi et me prend dans ses bras. Une minute plus tard, j’étais apaisée. Il se relève et dit. Tu as déjà parlé à tes parents ? Je sursaute sans le faire exprès et il le remarque. Qu’est – ce qu’il y a ? Tu ne veux pas que je les rencontre ? Son regard s’est assombri comme quand il commence à se fâcher. C’est fou mais je commence à bien le connaitre, il avait le même regard quand je lui ai parlé d’Idrisse.
- Non non ce n’est pas ça, m’empressais- je de dire
- Alors c’est quoi ? Une veine danse sur sa mâchoire.
- C’est juste que je ne veux pas leur dire ça au téléphone. J’irai le weekend là-bas et je leurs parlerai de toi ; comme ça dimanche tu viens. Son visage se décrispe de suite et comme à son habitude, il se penche pour une donner une bise. Mais ce qui devait être une simple bise c’est vite transformé en un baiser volcanique. Je me surpris à me mettre sur la pointe des pieds et à entourer mes bras sur son cou. Sans talon j’étais très petite, alors il m’a soulevé par la taille et m’a collé très fort contre lui. Je n’ai rien compris à autant de déferlement de passion, on aurait dit qu’on ne voulait qu’être une seule et même personne. Aye Aicha Ndiaye où sont passés tes principes et valeurs ? Disait une voix. Laisse toi aller et profite de ses lèvres si expertes disait l’autre. La bataille entre le bien et le mal était à son comble quand je sentis quelque chose de dure entre mes jambes. Là, je me suis tout de suite détachée de lui, en reculant au maximum, le cœur battant à deux cent à l’heure. Les yeux de Malick étaient embués d’un désir sauvage que je ne lui ai jamais connu et il respirait très fort. Il a fermé les yeux un instant et s’est assis sur le rebord de la table.
- C’est à cause de ça que je ne veux plus rester seule avec toi Aicha murmura-t-il. C’est un combat perpétuel contre mon corps.
- Est-ce pour ça que tu veux précipiter les choses ? Il fronce les cils et croise les bras.
- L’amour va avec le désir Aicha ; mais cela ne veut pas dire que je me marie pour juste coucher avec toi. Si je le voulais vraiment, on l’aurait fait depuis longtemps dit- il en me regardant fiévreusement.
- Tu crois, répondis-je la voix tremblante.
- Je ne crois pas, je le sais. A tout à l’heure mon cœur et ne me tente plus. Il sort du bureau avec sa démarche nonchalante et sûr de lui. Je me rassoie et me prend la tête. Certes Malick, je te désire mais si seulement tu savais comme j’ai la trouille. Mon Dieu….
Abi (la femme de Malick) : la riposte
Il y a une semaine, je soupçonnais mon mari de me tromper, aujourd’hui, j’en suis sure. Il y a des signes qui ne trompent pas et plus je l’observe et plus mon angoisse augmente. Malick passe son temps à chantonner et tout en lui montre excitation et joie. Il ne râle plus pour un rien et surtout il est devenu très câlin avec moi. Il nous arrivait de ne pas faire l’amour pendant plus d’un mois mais en une semaine, on l’a fait deux fois. Un soir je l’ai vu sourire en lisant un message, il ne savait pas que j’étais dans la pièce. Quand je me suis approchée de lui pour savoir le pourquoi de ce beau sourire, il a sursauté et a mis avec rapidité son portable dans la poche de son pantalon. Ensuite, il s’est mis à bégayer avant de se retourner et de prétexter je ne sais quoi pour quitter le salon. Malick ne sait pas tricher, même quand il sortait avec Marianne, je l’ai su. Alors j’ai fait une enquête sur elle et quand j’ai vu quel genre de femme elle était, alors je ne lui ai rien dit. Je savais d’avance que ça n’allait pas aboutir. L’avantage avec mon mari, c’est que je le connais depuis mon plus jeune âge alors je sais ce qui lui plait et Marianne n’est pas du tout son genre. Par contre, j’ai peur de celle avec qui il sort parce que je ne me souviens pas avoir vu Malick si joyeux, si excité, si souriant. Je me suis réveillée avec la ferme intention de découvrir la vérité. J’ai attendu qu’il soit dans la douche pour prendre son portable et l’espionner. Grande fut ma surprise de voir que ce dernier l’avait codé. Alors j’ai commencé à avoir des palpitations car depuis que je me suis mariée avec lui, il l’a toujours laissé libre. La colère m’a pris d’un coup, j’étais si énervée que je tremblais de toutes mes forces. Des larmes ont commencé à couler et je me suis dépêchée de sortir de la chambre avant qu’il ne revienne de la douche. Qu’est ce qui n’a pas marché pour qu’il éprouve toujours le besoin d’aller voir ailleurs. J’ai toujours cru qu’il avait signé à la mairie polygamie pour me punir de lui avoir menti sur ma virginité. Aujourd’hui, je n’en suis plus sure parce que ce que j’ai constaté depuis une semaine va au-delà d’une simple aventure et j’ai peur. Mais comme dit ma mère la colère et la jalousie ne retiennent pas les hommes au contraire, elles les éloignent. J’ai deux armes imbattables les enfants et sa famille, la seule chose qui me reste c’est l’identité de la fille. Car pour battre son ennemi, il faut d’abord le connaitre. Je reste encore cinq minutes au salon avant de le rejoindre. Là, je le trouve en train de regarder d’un œil critique le boubou que je lui avais déposé sur le lit. C’est un signe que j’ai aussi oublié d’énumérer, mon mari n’est jamais satisfait de ce que je lui propose alors qu’autrefois il s’habillait sans se poser de question. C’est comme si la fille avec qui il sort, travaillait pour lui. Euréka c’est surement ça, on va vite le savoir. Comme j’ai dit Malick ne sait pas mentir.
– Tu ne trouves pas qu’il est un peu froissé en plus je n’aime pas trop la couleur du tissu dit- il en me le tendant. Il se dirige vers l’armoire et sort le bazin blanc qui lui va si bien et qu’il avait porté à la tabaski. Je m’approche de lui et me lance.
– Chi Malick, j’ai l’impression que tu sors avec une fille de ton bureau lançais – je avec désinvolture. Son visage vire sur 40 expressions en une minute. Le salaud avais-je envie de lui crier mais je continue de lui sourire.
– Pou…pou…pourquoi tu dis ça ?
– Parce que ça fait cinq ans que je choisis ce que tu dois porter et jamais tu n’as eu en à redire et depuis une semaine monsieur critique tout. Il me regarde un instant avant de se retourner et de faire comme si je n’existais pas. Tout de suite mes larmes jaillissent alors que je m’efforçais de les retenir depuis tout à l’heure. Il a déplié son boubou avec énervement et a commencé à s’habiller. Quand il s’est retourné et a vu que je pleurais, il s’est précipitamment approché de moi.
– Hey pourquoi tu pleurs ?
– Tu me trompes Malick, j’en suis sûre et certaine, hoquetais-je. Il fronce les cils avant d’ajouter.
– Ecoute Aicha… boum, le bruit de mon cœur, je recule de deux pas, il vient de m’appeler comment là ? En état de choc, je ne sais quoi dire et lui il se prend juste la bouche avant de se tenir la tête. Je l’ai dit, mon mari ne sais pas mentir et s’il m’a appelé par le prénom de cette fille, c’est parce qu’il tient beaucoup à elle. Mes jambes ne tiennent plus alors je me laisse tomber et pleure cette fois avec désespoir.
– S’il te plaît ne pleure pas, tu sais bien que je tiens beaucoup à toi et te voir ainsi m’insupporte. Je ne veux surtout pas te faire mal, même si je l’épouse, tu es et tu resteras ma première femme, la mère de mes enfants…. Paf ! La gifle part toute seule, le regard de Malick vire au noir et il sort de la chambre sans rien dire. J’ai l’impression que mon cœur se déchire en deux et je n’arrive plus à respirer normalement. Je me couche sur le lit et ramène mes jambes sur ma poitrine, la douleur est trop forte. Ha les hommes, tous pareils. S’il croit qu’il peut me remplacer, c’est qu’il se met le doigt dans l’œil. Je me suis toujours préparé psychologiquement à avoir une coépouse mais jamais je n’ai cru que ça ferait aussi mal. La douleur est indescriptible, elle te transperce de toute part. Je lui ai donné mon cœur et ma jeunesse. Je ne parle même pas tout ce que j’ai dû dépenser dans les baptêmes et mariages pour contenter sa famille de vorace. Ma mère a vendu son terrain pour le baptême de mon premier fils, pour faire le yébi (bien distribuer à la famille du mari pour qu’elle soutienne mieux la fille dans son mariage). Je suis coquine au lit, je m’achète tout le temps des chemises de nuits sexy, je suis tout le temps sur mon trente et un. Alors qu’est ce qui n’a pas marché ? Pourquoi éprouver le besoin d’aller voir ailleurs alors que je le satisfais pleinement. Non, jamais, il ne va pas l’épouser, j’en fais le serment. Je me suis levée et je suis entrée dans la douche en essuyant mes larmes.
J’ai déposé les enfants à l’école et je suis allée voir ma mère, elle seule pourra m’éclaircir les idées. Dès qu’elle m’a ouvert la porte, j’ai fondu en larmes.
- Bismilaye Diam, lou khèwe (mon sDieu, que se passe t- il). Yawe wahal, gaawé ma (toi aussi parle-moi, tu me stresses).
- Malick veut prendre une deuxième épouse, hoquetais-je.
- Quoi ? Il est fou ou quoi ? C’est lui qui te l’a dit ? Je lui raconte alors tout ce qui s’est passé durant les derniers jours jusqu’à ce matin. La douleur est encore plus vive quand je le dis tout haut. Elle m’écoute religieusement sans m’interrompre jusqu’à la fin. Quand je finis, elle me prit dans ses bras me consolant pendant au moins une demi-heure.
- Ne pleurs plus et prend des forces car tu en auras besoin. Tant qu’il ne l’a pas épousée, rien n’est perdu.
- Chi maman, il m’a appelé par le nom de cette garce. Il doit être complétement fou d’elle pour le faire car qui connait Malick sait combien il a de la retenue. Cette fille l’a complétement envouté pour qu’il se trompe ainsi.
- Les hommes sont aveugles quand ils sont amoureux donc ce que tu peux faire c’est aller à la source de ton problème. Je la regarde sans comprendre ce qu’elle veut dire.
- Tu as dit qu’elle s’appelle Aicha et qu’elle travaille dans son entreprise ?
- Où-est ce que tu veux en venir.
- Va la voir. J’ouvre grand les yeux et elle continue. Oui ma fille, c’est la seule solution.
- Si je t’entends bien tu veux que j’aille me rabaisser devant la femme qui veut me prendre mon mari.
- Exactement, tu vas tâter le terrain. De deux choses l’une : si c’est une femme de fort caractère, elle va te répondre du tic au tac et là tu vas te battre avec elle. T’hospitaliser ou inventer une fracture sera facile. Ainsi elle aura à dos toute la famille de Malick et ce dernier sera obligé de laisser tomber. Je regarde ma mère comme si s’était la première fois que je la voyais.
- Ay yaye, grawe nga dé (eh mère, tu es dangereuse) ; si je fais ça Malick va me tuer.
- Il ne va rien te faire, il sera juste fâché pour quelque instant mais mieux vaut une petite dispute qu’une coépouse. Laisse-moi finir. Bon, si la fille commence à te demander pardon ou à se trouver des excuses alors elle est faible. Victimise toi au maximum et c’est peut-être elle qui va se raviser.
- Quand Malick veut quelque chose, il se donne les moyens de l’obtenir.
- Tu ne perds rien pour faire ce que je te dis et même si elle se rétracte dans deux jours, tu prendras la première option que je t’ai donnée.
- Je ne sais pas si je suis prête à faire tout ça maman. Peut- être qu’il ne va pas l’épouser, peut- être que c’est juste passager. Je me prends la tête. Je n’en sais rien, comme tu dis Malick est un homme juste et c’est mon mariage que je risque s’il me prend en train de comploter derrière son dos.
- A toi de voir ma fille dit – elle en se relevant, tu as vu comme ton père m’a laissé tomber du jour au lendemain sans aucune explication. Je suis restée dans ce mariage pour toi et aussi parce que je n’ai pas le choix car je n’ai nulle part où aller. Si tu connaissais l’univers infernal de la polygamie, tu prendrais tous les risques du monde pour rester seule dans ce ménage. La polygamie est faite de mensonges, de maraboutage, mesquinerie, sabotage et surtout de jalousie. A ces mots, je l’ai vu essuyer une larme qui venait de tomber.
- Ne t’inquiète pas maman, je te promets que je ferai tout pour que ce mariage n’ait pas lieu.
Malick : complication
En révélant à Abi, mes intentions d’épouser Aicha, je risque d’avoir des problèmes. On ne sait jamais avec les femmes. Quand je me suis marié avec Abi, dans ma tête s’était évident que j’allais signer sous le régime de la monogamie mais comme le maire était en voyage, nous avons d’abord fait le mariage religieux. Alors quand j’ai vu qu’elle m’a menti sur sa virginité, alors j’ai signé la polygamie pour la faire enrager. Toujours est que je n’avais pas l’intention de me remarier. Donc il faut que je précipite les choses avant que cela ne s’envenime. Surtout maintenant que je sais que c’est l’amour de ma vie. Avec le temps de par son comportement et ses actions, je remercie Dieu d’avoir fait ce choix à la dernière minute. Je suis sûr de retrouver ma mère à la maison à mon retour du travail et cette dernière va peser de tout son poids pour me faire changer d’avis. Je ne crois pas qu’elle va recourir à d’autres méthodes, même si Suzanne est prête en à parier, mais elle ne réussira jamais à me séparer d’Aicha. Oui j’aime cette femme, de toute mon âme et de tout mon être. Elle est devenue mon oxygène, ma raison de vivre. Elle réveille chaque fibre de mon corps et cela en devient une obsession. Mais ce qui me fait le plus bien c’est ma complicité avec elle. J’ai l’impression de la connaitre depuis des années et que nous ne nous sommes jamais quitté. Hier, quand j’ai vu une once d’hésitation venant d’elle, je me suis tout de suite mis en colère parce que pour moi il n’y a plus à réfléchir, juste foncer. Si elle hésite alors forcément nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde.
Après le déjeuner, j’ai décidé de poser ma fierté de côté et d’aller voir Mouha, on ne sait pas vu depuis la dernière fois. Et je m’en veux un peu d’avoir été si dur avec lui alors qu’il avait besoin d’être consolé. Par contre, j’ai appelé deux fois sa femme et elle campe toujours sur sa position. C’est fou comme Mouha peut- être têtu des fois. J’entre dans son bureau et c’est un regard froid qui m’accueille.
- La prochaine fois, veuillez-vous annoncer monsieur.
- Je suis ton patron alors je n’ai pas besoin de le faire.
- Plus pour longtemps. C’est fois je tique et on se défie du regard.
- A ce point Mouha ?
- Oui à ce point répond-il en grinçant les dents.
- Les amis ne sont pas faits seulement pour se soutenir mais aussi pour se dire les quatre vérités quand l’occasion se présente.
- Va te faire foutre et sort de mon bureau. Tu n’es qu’un sale égoïste et jaloux de surcroit de ma relation si fusionnelle avec ma femme. Ce qui n’est pas le cas pour d’autres.
- La colère t’empêche de raisonner et te pousse à dire des bêtises. Je vois vraiment que tu es un cas désespéré et que les quelques jours où on t’a laissé dans la réflexion t’ont, au contraire, assombri l’esprit.
- Sors de mon bureau tout de suite avant que je ne réponde plus de moi. Sors, cria- t-il. Je croise mes bras et lui souris, ce qui eut le don de le faire sortir de ses gonds. Je le vois se lever en faisant tomber sa chaise, contourner rapidement son bureau et venir me pousser avec violence. Là j’éclate de rire, alors il me lance un coup de poing que j’esquive rapidement. Pendant cinq minutes, il a essayé de me donner des coups de pied par-ci, de poing par-là et pas une fois, il ne m’a touché.
- Aye Mouha, tu es vraiment un cas désespéré, tu te bats comme une fille lui dis-je en riant de plus belle. Et paf ! Cette fois le coup atterrit direct sur ma mâchoire et ça fait mal. Je déteste que l’on me frappe, s’il voulait m’énerver alors il a réussi. Je lui prends la main et je le tords jusqu’à ce qu’il crie.
- Qu’est-ce que vous avez tous à me frapper comme ça aujourd’hui toi et Abi. Tu sais que je déteste la violence mais il ne faut pas me chercher.
- Abi t’a frappé ?
- Elle m’a donné une belle gifle.
- Pourquoi demande-t-il en souriant. Ouf, j’ai cru un instant que j’allais perdre son amitié.
- Tu sais que tu m’as manqué toi.
- Shiiipppp, ne m’énerve pas ; dis-moi. Qu’est- ce que tu as bien pu lui faire pour qu’elle lève la main sur toi ?
- Tu sais que les shipatou c’est pour les femmes, à force d’être seule avec ta mère et tes sœurs, tu es devenu une fille et j’ai encore éclaté de rire.
- Yawe louhéwe (mec que ce passe-t-il) et qu’est-ce que j’ai raté ? Tes yeux pétillent, tu souris comme un enfant qu’on vient de promettre un jouet et surtout tu es taquin. On dirait que tu es amoureux. Je souris encore de plus belle.
- C’est ça ? Non ! Ne me dit pas que tu sors avec la petite Aicha ? Chititite, y a quoi que j’ai raté, depuis quand… Parle.
- Je vois que tu n’as pas changé.
- Chi Milk parle rèk. Alors j’ai commencé à lui dire tout ce qui s’est passé durant ces deux dernières semaines jusqu’à ce matin quand je me suis trompé en appelant ma femme Aicha. Il se prend la bouche avant d’éclater de rire jusqu’à se tenir le ventre.
- Je vois que j’ai raté l’évènement du siècle. Je suis trop content pour toi mec, tu le mérites. Tu t’es marié avec précipitation pour oublier Aicha et cinq ans plus tard, vous vous retrouvez. C’est digne d’un conte de fée. Et qu’est-ce que tu vas faire avec Abi parce que je te connais Malick, tu es naturellement un monogame.
- Alors il faudra que je me reformate car il est hors de question que je quitte Abi. Elle a été là pour moi….
- Désolé, elle n’a jamais été là pour toi, au contraire. Elle a toujours fait à sa guise et n’a jamais essayé de connaitre son homme.
- Et j’ai fini par accepter le fait que je ne pouvais la changer. Ce n’est pas une raison pour que je la quitte car au fond c’est une femme bien et que c’est la mère de mes enfants Mouha.
- Tu as raison mec. Il se tape la main en souriant. Malick Kane va prendre une deuxième femme, qui l’aurait cru ? Allez, on y va.
- Où ?
- Me présenter à ma femme bien sûr ; je voudrais mieux connaitre la femme qui a su raviver ton cœur.
Durant tout le temps qu’il a été avec Aicha, Mouha n’a pas cessé de le taquiner et de lui faire rire. Il était presque 17 h quand il nous quittait. Mouha a un cœur en or et il est toujours heureux du bonheur des autres. Je voudrais tellement l’aider mais il est le seul à pouvoir régler son problème. Je suis allé prendre mes affaires pour raccompagner Aicha. Je suis en train de délaisser mon boulot complétement et si ça continue je vais rater l’affaire dont j’ai la charge en ce moment. J’ai décidé de déposer Aicha direct chez elle et d’aller voir ma mère. Si cette dernière ne m’a pas appelé jusqu’à présent c’est parce qu’Abi ne lui a surement rien encore dit. Ma mère est une femme d’une seule oreille, celui qui se penche en premier sur elle, obtient son soutien. Aicha a déjà était rejeté dans le passé et je ne veux pas qu’elle le soit par ma famille. Ensuite, je parlerai sérieusement avec Abi et j’espère du fond de mon cœur que l’on n’arrivera pas à une extrémité.
- On ne va pas au resto ?
- Non je voudrais aller voir ma mère.
- Tu ne peux pas attendre demain puisque je vais chez mes parents.
- Heu, c’est vrai, j’ai complétement oublié ça et…et je lui ai déjà promis de passer. Elle me regarde une seconde et tourne la tête. Il faut vraiment que j’apprenne à mentir, je suis sûr qu’elle ne me croit pas. Nous avons continué le chemin en silence et je l’ai déposée devant sa porte sans descendre de peur qu’elle ne me demande ce qui se passe. J’ai regretté mon mensonge en contournant le quartier. Si je ne lui ai pas parlé de l’incident avec ma femme ce matin c’est parce qu’hier, j’ai senti une grande hésitation quand je lui ai demandé si elle avait parlé avec ses parents. Je n’ai pas voulu la stresser encore plus. Je me demande si j’ai bien fait.
J’ai retrouvé ma mère, comme d’habitude en grande compagnie. J’ai fait les salutations d’usage et je lui ai demandé si je pouvais la voir une minute. Elle me fait un regard désapprobateur avant de se lever et de me suivre.
- Je me demande quand tu vas changer. C’est vraiment mal poli d’avoir des invités et de les laisser pour se parler en intimité.
- Maman tu as toujours des invités et j’ai quelque chose d’important à te dire.
- Pas grave j’espère demande-t-elle avec anxiété.
- Non au contraire, une bonne nouvelle. Je prends un air et dit : je vais prendre une seconde épouse.
- Onzoubilahi diam. Répète ce que tu viens de dire ?
- Je suis amoureuse d’une fille et je compte l’épouser. Elle s’appelle Aicha Ndiaye, elle travaille avec moi et ses parents vivent ici.
- Tu tu. Elle se tait un moment avant de reprendre. Je ne sais même pas quoi te dire, Abi est au courant ?
- Un peu mais je lui parlerais sérieusement ce soir.
- Hé mon fils, toi le toubab de la famille, tu vas prendre une deuxième. Qui l’aurait cru et la pauvre Abi, cette femme a tout fait pour toi et toi tu veux la trahir.
- Dis plutôt qu’elle a tout fait pour toi et mes sœurs.
- Douma sa morom dé (je ne suis pas ton égal) alors surveille ton langage.
- Excuse-moi maman. Ecoute j’aime énormément cette fille, plus que tu ne peux l’imaginer alors je viens pour avoir ton soutien.
- Jamais, ton père ne m’a jamais pris de seconde épouse et je ne t’ai pas éduqué comme ça. Ce mariage ne va t’apporter que des problèmes, ta vie ne sera plus apaiser. Non Malick, tu ne peux pas te marier une deuxième fois. Tu ne peux pas faire ça à Abi, sa mère est ma meilleure amie et…
- Tu as entendu ce que je viens de dire, j’aime Aicha, elle est en moi, aujourd’hui c’est ma raison d’être et je te jure que je ne peux pas vivre sans elle, c’est impensable, inimaginable. Elle fronce les cils
- Elle est de quelle ethnie ?
- C’est quoi cette question ? Elle lève les mains en l’air énervée. Elle est sérère et….
- Sérère, tu es fou ? Yaw on t’a envouté. Je me lève et prend ma clé de voiture. D’accord excuse-moi, c’est juste que tu as l’air si, elle se tait…
- Amoureux, oui maman je le suis, j’espère seulement que le moment venu tu seras de mon côté, c’est ce que fait une mère.
- Je ne peux rien te promettre mon fils, Abi est comme ma fille et ce que tu viens de m’annoncer est comme une bombe. Laisse-moi d’abord digérer cela et après on en reparlera.
- Fait vite parce que je l’épouse la semaine prochaine.
- Déjà ? Pourquoi autant de précipitation ? Attend d’abord que je fasse mon listahar (voir l’avenir à travers un voyant). Le prophète Mohamed PSL nous a recommandé de toujours faire cela avant de prendre une femme. Tu es un homme très riche aujourd’hui alors tu ne peux pas faire entrer dans ta vie une personne comme ça.
- La richesse, c’est Dieu qui la donne et c’est aussi lui qui la reprend. Même si tu me disais qu’Aicha n’est pas digne de moi, je l’épouserais. On ne peut pas échapper à son destin. Je ne peux pas te dire comment et pourquoi mais je sais, du plus profond de mon âme que ma vie est liée à elle.
- Je vois que tu as déjà pris ta décision alors je ne ferais que la suivre. Que Dieu te protège.
- Merci maman, dis-je en l’enlaçant. Je sors de chez elle plus apaisé, sachant que la bataille n’était pas encore gagnée. Ma mère me connait mieux que quiconque et elle sait que je ne suis pas du genre à reculer. Même si elle n’est pas d’accord, elle ne va pas soutenir Abi si elle venait à rendre les choses difficiles. Dans la voiture, mes pensées se tournent vers Aicha, je prends mon portable et l’appelle. Ça sonne dans le vide jusqu’à aller en boite vocale. Je réessaye une deuxième fois et elle me coupe. C’est quoi ces histoires, je regarde la route pour voir quel chemin prendre pour aller chez elle quand je reçois un message : je fais mon wassifa du vendredi (prière que certains musulmans font tous les vendredis soirs à partir de dix-huit heure). Soulagé, je lui réponds : ok, je t’aime. Je suis très jaloux avec Aicha, pire je suis possessif.
Je me gare chez moi, hyper anxieux de l’affrontement que je vais avoir avec Abi. Quand j’entre dans le salon, les enfants m’accueillent comme à l’habitude avec des cris. Ces petits garnements, pire que des souris. Ils se jettent tous sur moi et je fais semblant de tomber comme à chaque fois puis que ça leur fait rire comme pas possible. Après quelques chatouillements par si et saut au perier par là je leur demande où est leur maman.
- Elle n’est pas là, elle est sortie. Je prends mon portable pour l’appeler et à la première sonnerie elle décroche.
- Tu es où ?
- Avec une amie.
- Tu peux rentrer s’il te plait bébé, il faut qu’on parle.
- D’accord j’arrive. Elle raccroche et je m’installe dans le fauteuil avec mes trésors histoire de regarder un dessin animé comme ils les adorent.
Une demi-heure plus tard, j’entends sa voiture se garer. Mon cœur commence à battre plus vite, elle entre et nos regards se croisent. Elle se détourne rapidement et monte les escaliers en vitesse. Je demande à la bonne d’avoir un œil sur les enfants et je monte la rejoindre. Dès que j’ouvre la porte, elle me lance.
- Donc c’est bien Aicha, cette fameuse fille qu’on avait rencontrée au bal de ce milliardaire et que tu n’arrêtais pas de dévorer du regard. Tu ne l’as jamais oubliée et moi qui croyais… Elle hoquète, son visage est complétement dévasté par les larmes, mon cœur se broie. Je m’en veux d’être la cause de toute cette souffrance et je ne sais plus quoi lui dire.
- Comment tu sais que c’est elle ? Elle me jette un coussin en hurlant.
- Sors d’ici, tu n’es qu’un traitre. Tu n’étais rien quand tu m’as épousé et maintenant que monsieur est riche, il veut me trahir. Monstre.
- Certes je n’étais pas aussi riche qu’aujourd’hui mais je n’étais pas pour autant pauvre quand je t’épousais. Alors arrête de crier et parlons en adulte s’il te plaît. N’oublie pas que les enfants sont en bas. Elle ne dit rien alors je continue. Il n’est pas question que je te trahisse Abi. Tu es et restera ma femme. Tu parles comme si je voulais te quitter. Pardonne moi de te faire autant mal, ce n’est pas de mon intention. Je m’approche d’elle histoire de la prendre dans mes bras et elle me repousse avec véhémence.
- Ne me touche pas. Il est hors de question que tu épouses cette fille, je préfère de loin Marianne. Je sursaute en ouvrant les yeux.
- Tu connais Marianne.
- Je sais tout de toi Malick. Mets-toi bien ceci dans la tête je n’accepterai jamais ce mariage. Pas avec elle billahi.
- Si tu l’as vue, c’est parce que tu es venue au bureau aujourd’hui. Est-ce que tu me suivrais par hasard Abi ? Son silence confirme juste ma question. Ne fais pas de bêtises que tu pourrais regretter après.
- Tu as une maitresse et tu me menaces, c’est la meilleure.
- Elle n’est pas ma maitresse. Elle ouvre la bouche et je lui crie sans le faire exprès. Arrête de me couper la parole, ce n’est pas avec des demi-mots que l’on va en finir. Si tu me connais assez bien, tu devrais savoir que je ne suis pas comme ton père. Oups ! J’en ai dit de trop. Elle sursaute et s’en va s’enfermer dans la douche en claquant horriblement la porte. Je sors de la chambre très énervé, il faut que je prenne de l’air car j’ai l’impression que j’étouffe. En entrant dans la voiture je décide d’aller voir Je viens de me rendre compte que je ne connais vraiment pas ma femme. Elle savait entre moi et Marianne et jamais elle ne m’en a parlé. Aujourd’hui, elle me dit qu’elle la préfère à Aicha. Quelle hypocrisie ! Si elle m’a espionné alors elle a dû s’apercevoir de tout l’amour que je porte à Aicha. Avec Marianne, c’était juste du désir. Je trouve cela méchant de sa part, mesquin et que sais-je encore. Je ne sais plus quoi penser d’elle, donc notre couple n’est que mensonge. J’étais à l’angle de la rue quand je reçois un message. C’est Aicha : je crois que nous sommes allés un peu trop vite en besogne et que l’on devrait faire une pause. Je tente de l’appeler et elle décroche.
- Est- ce que tu as vu ma femme ? Elle ne dit rien. Répond moi s’il te plait. De toute façon, j’arrive chez toi tout de suite.
- Je suis déjà en route chez mes parents Malick.
- Alors descend du bus et dis-moi où tu te trouves.
- Laisse tomber Malick, je…
- Ne me dis plus jamais ça. Tu n’as pas le droit de me quitter sans aucune explication Aicha.
- Il faut que je te laisse…
- Si tu raccroches, c’est fini. Crac, je jette violement le portable à travers la vitre de la voiture. Mes yeux commencent à s’embrouiller et je n’arrive plus à respirer normalement alors je me dépêche de me garer. Je murmure doucement : Si je perds Aicha, je te jure que tu me perds Abi.
A lire tous les lundis…
Par Madame Ndèye Marème DIOP
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