La construction d’un mur a commencé mardi pour protéger les accès au port de Calais des intrusions répétées de migrants sur les voies. A quelques centaines de mètres de la « jungle », où vivent 6 900 migrants selon les autorités – 10 000 selon deux associations -, le béton a commencé d’être coulé, sur 50 mètres de long et un de profondeur, à deux mètres de la rocade portuaire, derrière la barrière de sécurité.
Implantée sur la RN16, entre la route de Gravelines et la zone Marcel Doret, cette barrière fera un kilomètre de long, pour 4 mètres de haut. En béton d’un côté, elle doit être végétalisée côté circulation, sachant qu’il faudra deux ans aux plantes pour s’épanouir et recouvrir la muraille.
D’abord défendu par la maire LR de Calais, Natacha Bouchart, qui juge aujourd’hui qu’il « n’a plus lieu d’être » si le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve tient sa promesse d’évacuer définitivement l’immense bidonville, le mur a été décidé par l’État et la SEPD, exploitant du port de Calais, et financé par le Royaume-Uni.
S’il revêt une forte charge symbolique, il ne fera que prolonger les quelque 30 kilomètres de grillage, surmontés ici ou là de barbelés, installés depuis l’été 2015 pour protéger le port et la rocade portuaire. Les travaux devraient durer trois à quatre mois.
22 000 intrusions sur la rocade en juin 2016 contre 3 000 en janvier
La préfecture du Pas-de-Calais veut enrayer les intrusions sur la route, dangereuses en termes de sécurité routière et qui augmentent la tension dans une zone déjà sous pression. Lors d’une réunion publique organisée en juillet à Calais, le commissariat avait donné aux associations des chiffres édifiants : 22 000 intrusions sur la rocade en juin 2016, contre 3 000 en janvier. D’après leurs patrons, de nombreux chauffeurs routiers roulent l’angoisse chevillée au ventre, de crainte de renverser un migrant ou d’être agressés par des passeurs qui cherchent une cachette à leurs clients pour s’introduire en Grande-Bretagne.
Le gouvernement veut aussi envoyer un signal dissuasif aux futurs candidats à l’émigration clandestine et aux passeurs, défendant une « stratégie globale de long terme pour diminuer l’attractivité du Calaisis ». Et ce, à quelques jours de la visite attendue de François Hollande, attendu à Calais lundi prochain, selon des sources concordantes, alors que Nicolas Sarkozy s’y rend aujourd’hui même.
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