De nombreux détenus vont passer la Tabaski en prison. Parmi ceux-ci, des célébrités dont les arrestations ont fait les choux gras de la presse à cause notamment des faits graves qui leur sont imputés. Walf quotidien vous propose la liste de ces détenus particuliers qui vont passer une tabaski singulière.
Une cinquième tabaski en prison pour les Cantakuun 
Soif de leur procès, 17 talibés de Cheikh Béthio Thioune sont toujours détenus à la prison de Thiès. Arrêtés depuis le 23 avril 2012, suite au double meurtre de Bara Sow et Ababacar Diagne survenu à Keur Samba Laobé (département de Mbour), ils attendent un jugement dont la tenue reste incertaine. En effet, depuis la clôture du dossier, quatre sessions de la Chambre criminelle se sont tenues à Thiès sans que leur dossier ne soit enrôlé. Du côté du Parquet, l’on sert une explication rodée en matière de lenteur judiciaire, à savoir : «la pluralité des affaires sur la liste d’attente». Ainsi, les Cantakuun vont devoir passer, pour la cinquième fois consécutive, la fête de Tabaski en prison.
Victime de la même situation, Aboubacar Dianko, incarcéré à la prison du Cap Manuel, vient boucler la liste d’imams qui ne vont pas, de sitôt, retrouver les siens. Son dossier est bouclé depuis quatre ans, mais il n’y a pas encore de procès. Du côté du Parquet, l’on invoque la pluralité des affaires en instance pour justifier ce que son avocat qualifie de «lenteur qui viole le principe de jugement dans un délai raisonnable». Mais d’autres informations font état d’un jugement imminent, à la prochaine session de la Chambre criminelle (ex-Cour d’assises) de Dakar. Présenté par l’accusation comme «un agent recruteur de terroristes», ce maître coranique a fait l’objet de filatures, pendant plusieurs jours par les éléments de la Division de la surveillance du territoire (Dst). Il a été arrêté avec un talibé de 15 ans à Kédougou où il était en transit, alors qu’il revenait de Gao, une ville du Nord du Mali, occupée par des islamistes du Mouvement pour l’unicité du Jihad en Afrique (Mujao).
Enfin, Alassane Sy alias «Alex», toujours vivant malgré les rumeurs faisant état de sa mort en prison, fait partie des célébrités qui vont passer la Tabaski en prison, avec ses acolytes Pape Ndiaye et les autres éléments de la bande à Alioune Abatalib Samb alias «Ino» détenus aux camps pénaux de Liberté 6 et de Koutal. Le vieux compagnon d’Ino qui croupit au Camp pénal de Liberté 6 va recouvrer la liberté dans deux ans, du fait que sa condamnation à la perpétuité ramenée à 20 ans de travaux forcés expire en 2018.
L’année dernière, plusieurs célébrités ont passé la fête de la Tabaski en prison. Boubacar Sy alias «Bouba Chinois», Karim Wade, Mamadou Pouye, Thione Seck, Taïb Socé, Cheikh Alassane Sène… ont recouvré la liberté, laissant derrière les barreaux leurs compagnons d’infortune. S’y ajoutent des détenus politiques du Pds, dont la plupart des compagnons de Wade-fils. Il s’agit de Toussaint Manga incarcéré au Cap Manuel, Moïse Rampino au Camp pénal de Liberté, les libérales Amina Nguirane et Amina Sakho devenues des ex-pensionnaires de la prison pour femmes, ainsi que Cheikh Ahmadou Bamba Bâ, Victor Diouf et leurs camarades. Toutes ces personnes sont aujourd’hui remises en liberté. Cette situation découle, en grande partie, de la décrispation de l’espace politique dictée par le dialogue national instauré par le régime de Macky Sall. Certains d’entre eux ont été élargis sur la base de liberté provisoire ou de contrôle judiciaire. D’autres sont libérés pour des «raisons de santé».
Auparavant, les détenus ont eu le privilège de célébrer ladite fête avec des personnalités de renom, notamment : Luc Nicolaï, Cheikh Bethio Thioune, Baïla Wane, Tamsir Jupiter Ndiaye, Cheikh Yérim Seck, Modibo Diop, Ibrahima Condetto Niang, Ndongo Diaw, entre autres. Tout le contraire pour cette année où quelques rares détenus célèbres sont encore sous les verrous.
Boughaleb, Imam Sèye, Ndiaye… sur la liste 
Arrêté le 3 avril 2015 pour des accusations liées au terrorisme, l’imam Ibrahima Sèye qui attend son procès en appel va aussi fêter la Tabaski en prison, à l’instar de toutes les personnes emprisonnées, dans le cadre de la croisade contre le Djihadisme. Condamné à un an ferme par le Tribunal de grande instance de Kolda, ce professeur d’Histoire et de Géographie au lycée Alpha Molo Baldé devait recouvrer la liberté deux mois après sa condamnation, pour avoir purgé la peine en détention préventive. Mais il a vu son séjour carcéral prolongé, en raison d’un appel du parquet qui a jugé sa peine «trop légère». Mais alors, pour quelle raison ne va-t-il pas célébrer la fête du mouton avec sa famille ? «C’est le parquet général de la Cour d’appel qui doit programmer son jugement, mais le volume important de dossiers en instance explique le retard dans l’enrôlement de ce dossier», informe-t-on du côté de la Cour d’appel de Dakar.
Toujours dans le lot des dossiers en appel figure le cas de Sidy Mouhamed Boughaleb, du nom de ce policier déclaré coupable d’avoir tué l’étudiant Bassirou Faye, le 14 août 2014. Il a été jugé et condamné par la Chambre criminelle de Dakar à 20 ans de travaux forcés. En fait, ce qui explique l’appel introduit par ses avocats, c’est que Boughaleb veut bénéficier de la jurisprudence des jeunes de Colobane. Ces derniers ont été condamnés à la même peine en première instance, puis acquittés en appel. Mais Boughaleb risque de ne pas connaitre, de sitôt, son sort final, pour plusieurs raisons… Ainsi, l’auteur désigné de la mort de Bassirou Faye n’est pas le seul à passer la Tabaski en prison puisque son frère d’armes, Thiendella Ndiaye, attend aussi son procès en appel. Il est au banc des accusés avec d’autres personnes. Son emprisonnement fait suite à la mort de l’apprenti chauffeur Ibrahima Samb, survenu en 2013, à Mbacké.
Condamné à la perpétuité par la Chambre africaine extraordinaire d’assises, Hissène Habré figure sur la liste des détenus condamnés qui attendent toujours leur procès en appel. Pour la troisième fois consécutive, l’ex-président du Tchad, détenu à la prison du Cap Manuel, va célébrer la fête du mouton derrière les barreaux, aux côtés de nombreux prisonniers incarcérés au sein de cet établissement pénitentiaire. Selon la cellule de communication du Tribunal spécial, «l’ouverture du second jugement aura lieu en fin d’année 2016 où une nouvelle procédure sera lancée à cet effet». Bien d’autres dossiers judiciaires sont sur la même situation…
Imam Alioune Badara NDAO, Alaye DJITEYE, Boy Djinné…
Dans le cadre de la croisade contre le terrorisme ayant conduit à l’arrestation de plusieurs hommes religieux, beaucoup d’entre eux n’entrevoient pas encore le bout du tunnel. L’imam Alioune Badara Ndao en fait partie, poursuivi qu’il est, avec d’autres personnes, pour des délits liés au terrorisme. Il a été mis sous mandat de dépôt après une arrestation spectaculaire à Kaolack, le 6 novembre 2015. Mais qu’est ce qui bloque ce dossier puisque toutes les auditions sont bouclées par le doyen des juges en charge de son dossier ? Une source proche du cabinet d’instruction informe que «le doyen des juges n’attend que le réquisitoire définitif du procureur de la République pour clôturer le dossier et renvoyer les inculpés en jugement».
Il en est de même pour Alaye Djitèye, du nom de ce Malien, présumé complice de Thione Seck, impliqué dans l’histoire des faux billets. Une source judiciaire informe que sa énième demande de liberté provisoire vient d’être rejetée par le juge d’instruction du deuxième cabinet. Récemment remis en cage et incarcéré au Camp pénal de Liberté 6, Baye Modou Fall alias «Boy Djinné» sur qui pèsent des accusations de cambriolages (ou vols aggravés) ne va pas recouvrer la liberté de sitôt. Il est cité dans d’autres dossiers et une seule affaire le concernant a été vidée, laquelle lui a valu une condamnation de deux ans, sans compter les onze évasions inscrites à son actif. Contrairement à la deuxième catégorie, toutes ces affaires ne sont pas encore bouclées. La longueur des investigations judiciaires contraint les personnes incriminées, qui pourraient bénéficier de non-lieu ou de relaxe ou acquittement, à passer la Tabaski en prison.
Pape NDIAYE Walf quotidien
