La situation s’embrase au Gabon après l’annonce de la victoire à la présidentielle d’Ali Bongo, contestée par son adversaire Jean Ping. Par téléphone, il dénonce les violences, qui ont fait deux morts, et réclame un recomptage des voix.
Le quartier général de l’opposition gabonaise a été pris d’assaut dans la nuit de mercredi à jeudi par les autorités, faisant deux morts, quelques heures après l’annonce de la victoire à la présidentielle du sortant, Ali Bongo. Contacté par l’Express, son adversaire, l’ancien ministre des Affaires étrangères Jean Ping, conteste le résultat, dénonce les violences et appelle à un recomptage sous l’égide de la communauté internationale.
Mon QG a été bombardé par hélicoptère. La garde présidentielle, la police et quelques mercenaires l’ont envahi. Nous avons enregistré deux morts et de nombreux blessés. Les autorités n’autorisent pas la Croix-Rouge à venir, nous essayons de faire venir les secours des services français, mais ils ne sont toujours pas sur place. Les violences continuent. A Port Gentil, la 2e ville du pays, on m’a signalé un mort et un blessé, dont le bras a été arraché.
Etiez-vous au siège?
Non. Il croyait que j’y étais avec d’autres leaders, qui sont interrogés par la police judiciaire. Je suis en sécurité.
La France vient de demander l’arrêt des violences et réclame une contestation “par les voies juridictionnelles”…
Nous demandons un recomptage des voix en présence des observateurs internationaux. Bureau par bureau, procès-verbal par procès-verbal.
Il n’y a que 6000 voix de différence entre Ali Bongo et vous (sur presque 630 000 inscrits). Les élections faussées se font plus souvent par des scores en apparence sans appel…
C’est parce qu’il n’était pas possible de retoucher davantage le score avec un écart si grand. Ali a manipulé le vote au maximum dans la province du Haut-Ogooué, la sienne. Il a acheté des scrutateurs, on a des huissiers qui l’ont constaté.
Que dites-vous à Ali Bongo?
J’espère qu’Ali fera preuve de sagesse et acceptera le verdict des juges (après examens de recours, NDLR).
Et s’il n’accepte pas?
C’est ce qu’il a toujours fait, oui. Cela ne se passera pas comme ça, il va falloir qu’un jour cela s’arrête. Nous comptons sur la communauté internationale.
L’express