Existe-t-il deux justices au Sénégal ? En accédant au pouvoir en 2012, le président Macky SALL avait fait de la lutte contre la mal-gouvernance son cheval de bataille promettant à la Justice une réhabilitation certaine. Pour donner corps à ces aspirations du Peuple, le chef de l’Alliance pour la République (APR) va créer l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC). Seulement avec les élections législatives qui se profilent à l’horizon, les présidentielles en 2019, le patron de l’APR, obsédé par un second mandat, est en train de fouler du pied les règles démocratiques les plus élémentaires. Sa gouvernance n’est ni vertueuse ni sobre. La création de ce machin de HCCT en est une illustration. « Huit milliards pour nourrir 150 paresseux », disait Cheikh Bamba DIEYE. Analyser la gestion de Macky SALL à l’aune des derniers actes posés par son régime et concernant deux responsables politiques, peut renseigner de la pente dangereuse que la démocratie Sénégalaise est en train de prendre.
L’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) note dans son dernier rapport : «Il a également été constaté que, dans le cadre des subventions, le Directeur a effectué un certain nombre de dépenses à l’occasion d’une cérémonie de visite au Campus, le 31 juillet 2015 (visite de Macky SALL à l’Université de Dakar, Ndlr). C’est ainsi que les vérificateurs ont constaté le versement de subventions au Régisseur pour les dépenses suivantes :
- huit millions (8 000 000) de francs CFA destinés aux étudiants de l’UCAD ;
- quinze millions (15 000 000) de francs CFA pour l’habillement d’accueil pour les étudiants ;
- trente-deux millions (32 000 000) de francs CFA pour l’habillement des femmes et des hôtesses du COUD ;
- trente-quatre millions (34 000 000) de francs CFA pour la confection de tee-shirt, body et casquettes pour les étudiants et personnel du COUD. Ainsi, un montant global de quatre-vingt-neuf millions (89 000 000) de francs CFA a été engagé à titre de subvention pour la cérémonie de visite. Au total, les vérificateurs ont constaté les éléments suivants :
- la décision d’octroi de ces subventions est prise le 13 août 2015, alors que la cérémonie était prévue pour le 31 juillet 2015 ; il y a donc postériorité de la décision par rapport à l’évènement que les dépenses sont censées couvrir (…) ». Une gestion de Cheikh Oumar HANN aux antipodes de la gouvernance sobre et vertueuse que Macky a chèrement vendue. Responsable de l’APR, le directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar aura juste besoin d’un face-à-face avec la presse pour se laver. Cheikh Oumar HANN continue de présider aux destinées du COUD, plaçant ses proches, venus du Fouta, notamment, sans que cela n’émeuvent les férus de démocratie et de bonne gouvernance. Le mandat de Nafi NGOM KEITA, à la tête de l’OFNAC, est raccourci, son rapport rangé dans les tiroirs du palais.
D’un autre côté, l’inspecteur des Impôts et des Domaines, Ousmane SONKO. Pour avoir révélé des informations qui auraient pu faire les choux gras de la presse depuis fort longtemps, l’inspecteur des Impôts est jeté en pâture, traîné dans la boue, menacé de prison, accusé de mauvaise foi, bref de tous les péchés d’Israël, avant d’être chassé de la Fonction publique comme un vulgaire détourneur de deniers publics.. « Il a failli à son obligation de réserve», avait-on argué, pour justifier la suspension qui a fini par une radiation. Macky SALL depuis Nairobi, au Kenya, a signé un décret le révoquant. Pourtant aucun des partisans du leader de l’APR n’a désigné le dossier dont SONKO avait la charge et qui a été partagé avec le public. Au contraire, quelques jours après les déclarations d’Ousmane SONKO les députés se sont accusés. Beaucoup d’entre eux ont pointé du doigt le président de l’Assemblée nationale qui n’aurait pas insisté pour que les impôts des députés soient reversés au Trésor.
Entre Cheikh Oumar HANN qui jette l’argent du contribuable par la fenêtre, s’il ne le met dans sa poche et Ousmane SONKO qui s’indigne de l’argent du contribuable qui ne parvient pas dans les caisses du Trésor, Macky SALL a montré dans quel camp il se situe. Larousse définit la dictature comme : «Régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une personne ou par un groupe de personnes (junte) qui l’exercent sans contrôle, de façon autoritaire ; durée pendant laquelle s’exerce le pouvoir d’un dictateur ».
Samba BARRY (WALFNet)