Les écrits des arabisants africains doivent être davantage connus. C’est le combat que mène l’universitaire et enseignant sénégalais, Ousmane Kane. A travers son livre « Beyond Timbuktu : The Intellectual History of Muslim West Africa», l’auteur revisite les manuscrits de Tombouctou, démontrant que la tradition orale a bien prospéré dans Afrique maniant parfaitement l’écriture.
Les écrits africains en langue arabe sont méconnus. Une méconnaissance qui fait croire à beaucoup que l’Afrique, terre de tradition orale, ne s’est jamais servie de la plume. Pour corriger ce manquement, l’universitaire et chercheur, Ousmane Kane a publié un ouvragre revenant sur la production des intellectuels africains arabophones. Le livre intitulé «Beyond Timbuktu : The Intellectual History of Muslim West Africa» (Au-delà de Tombouctou : L’histoire intellectuelle de l’Afrique de l’Ouest musulman, en anglais) a été présenté, hier au Codesria à Dakar. L’objectif, selon son auteur, est de vulgariser la production intellectuelle des arabisants africains, en revisitant notamment les manuscrits de Tombouctou. Pour M. Kane, enseignant à l’Université de Harvard aux Etats-Unis, celle-ci est comparable à un océan sans rivage. C’est pourquoi, il se désole qu’elle demeure jusque-là méconnue. La raison ? Le discours de l’oralité a longtemps passé sous silence la tradition littéraire de l’Afrique et les auteurs euro-centristes ont davantage enfoncé cette production littéraire à travers l’idée selon laquelle la littérature africaine s’inspire de l’Europe.
L’auteur classe les écrits de ces Africains par thématique : historiques, pédagogiques, politiques, laudatifs, polémiques… Il y voit une forte connexion entre l’Afrique et la culture arabe. Selon lui, l’on trouve des mots arabes dans 80 langues africaines. Le livre met en avant des thèmes controversés tels que l’esclave, le Jihad, la Charia, la laïcité, la race noire… L’auteur explique comment le pouvoir coloniale a voulu faire table rase sur la tradition de l’école coranique pour l’école coloniale, la crise au Mali, le développement du Boko Haram au Nigéria, etc.
Capitalisation des connaissances arabes
Directeur exécutif du Codesria, Ebrima Sall souligne que l’Afrique ne peut pas commencer son histoire intellectuelle à partir de la colonisation. Car il y a un ordre épistémologique contrôlé à partir de l’Occident et qui impose un système de pensée confortant l’ordre mondial. Pour lutter contre cela, il insiste sur les transformations au niveau intellectuel. «Il faut qu’on soit bien ancré dans notre histoire pour apporter la richesse», dit-il.
WALF