La Belgique se remet à peine de la médaille d’or de Nafissatou Thiam en heptathlon. Méconnue du grand public avant cette performance unique, la Namuroise n’est pas arrivée là par hasard. Sa mère, Danièle Denisty, a raconté les moments parfois difficiles traversés par la famille sur la route de la gloire. Dans la famille Thiam, ils sont quatre enfants: Issa Mandela (27 ans), Fama (25 ans), Nafissatou (21 ans) et Ibrahima (20 ans). Depuis le sacre à l’heptathlon, le clan est logiquement aux anges. “Nafi ne change pas malgré la popularité”, confie Issa dans Sudpresse. “D’ailleurs, elle répond plus rapidement à mes messages que mon frère alors que lui, il est champion de rien du tout! (rires) Notre soeur n’a jamais pris la grosse tête même si ça devient une star à la télé.
“La simplicité et l’humilité de Nafi frappent tous ceux qui ont pu la croiser. Dans la famille Thiam, on est très soudé. Le père de la sportive est rapidement rentré au Sénégal après la séparation des parents. C’est Danièle Denisty, la mère, qui a dû élever les quatre enfants toute seule.
“C’était impossible de vivre à Bruxelles”, raconte-t-elle dans Het Nieuwsblad. “Donc nous avons déménagé en Wallonie. La seule condition, c’est que je voulais vivre avec plus de vert autour de moi.”
“Est-ce qu’elle est vraiment Belge?”
La famille s’établit alors à Rhisnes, pas très loin de Namur. “Mes enfants étaient les premiers basanés du village. Je me souviens que Nafi rentrait de l’écolse et me disait: ‘Maman, ils m’ont appelé “la noire”. Mais je ne suis pas noire, je suis brune.‘ Et quand elle a établi le record du monde chez les juniors, certains ont demandé: ‘Est-ce qu’elle est vraiment Belge?‘ Oui, évidemment! Une nouvelle Belge, comme Vincent Kompany. Nafi est née, a été éduquée et formée ici. Même si elle a d’autres racines.
“Mais aujourd’hui, la famille Thiam fait la fierté de la commune. “Après sa précédente médaille à l’Euro d’athlétisme en 2014, nous avons reçu des dessins d’enfants dans la boîte aux lettres. Nafi a bien rigolé en voyant comment ils avaient dessiné ses dreadlocks.
“Sa maman: “Pas facile tous les jours”
Enseignante, Danièle reconnaît que la vie n’était pas facile tous les jours. “Avoir un salaire de prof pour quatre enfants, c’est dur. Mais je ne me suis jamais plainte. Parce que je n’avais pas d’autres choix. Je devais continuer pour moi et mes enfants. Nafi n’a souvent dit: ‘Maman, je n’ai manqué de rien pendant mon enfance‘. Cela me rend très fière. Il y a beaucoup de familles monoparentales qui doivent se battre. J’ai dû revoir mes priorités. Je reconnais que ma maison n’était pas toujours très bien rangée, mais je trouvais que c’était important que mes enfants fassent du sport.
“Une persévérance qui a finalement permis à Nafissatou d’accrocher son rêve du sport de haut niveau et de décrocher une médaille d’or olympique. “Quand Nafi est partie de Namur à Liège pour aller s’entraîner avec Roger Lespagnard, elle quittait le domicile à 7h du matin avec son sac de sport pour aller à l’école à Namur, prenait ensuite le train vers Liège, reprenait le train pour revenir et arrivait à la maison à 22h pour manger.
“Cette force de caractère résume bien la personnalité de la championne d’heptathlon. “Si je ne la freinais pas, elle serait en train d’étudier pour ses examens, jour et nuit. Quand elle veut quelque chose, elle fait vraiment tout pour l’avoir”, conclut Danièle.
Het Nieuwsblad (titre WALFNet)