Cinq ans après avoir quitté l’Union sportive de Ouakam (USO), Al ousseynou SENE alias Gras revient au bercail. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, l’ancien entraineur du Stade de Mbour dit revenir au club à la demande des Ouakamois. Un choix du cœur que l’ex capitaine de l’équipe nationale du Sénégal compte assumer pour réaliser les objectifs fixés par le Président Abdou Aziz GUEYE. Entre son passage au Stade de Mbour où il a raté de peu le titre de champion du Sénégal, son expérience à la Sunéor de Diourbel, club qu’il a fait monter en ligue 1, le «technicien des montées» s’est confié à cœur ouvert.
Qu’est-ce qui explique votre choix de revenir à l’USO, 5 ans après avoir quitté le club ?
Tout d’abord, je tiens à remercier les dirigeants de l’Union Sportive de Ouakam parce que ça fait un moment que je suis hors du club. Il y a le sentiment de tous les supporters et sympathisants qui ont souhaité mon retour cette année. Et, le Président Abdou Aziz GUEYE et monsieur Diagne GUEYE le président de la section football m’ont décliné leur programme et je m’y retrouve. Et ceci en tant que sympathisant du club d’abord qui a fait toutes ses classes ici. Donc, je me suis dit pourquoi ne pas revenir à Ouakam pour continuer le travail.
Donc c’est un choix du cœur
Oui, on peut dire que le cœur a parlé même étant en dehors de l’équipe, tout ce qui passé dans l’équipe m’intéressais et je demandais des informations. Donc, revenir à Ouakam, c’est un immense plaisir.
Le Président de l’USO vous a fixé comme objectifs une coupe et une place sur le podium en championnat. Est-ce réalisable?
C’est bien réalisable parce qu’il va mettre les moyens qu’il faut. Comme nous sommes des travailleurs et que nous aimons les défis, nous allons avec les moyens chercher les joueurs qu’il nous faut pour atteindre les objectifs fixés.
Est-ce que le Président vous a donné des garanties pour la réalisation de vos objectifs ?
Parfaitement ! D’abord, rien que le fait de revenir côtoyer mes enfants qui sont en train de grandir est une motivation en soi. Ensuite tout ce que le Président m’a montré me rassure. Parce que le Président veut faire de Ouakam une équipe compétitive, avec des infrastructures qui vont avec. Donc, au lieu d’aller chercher ailleurs, je préfère travailler chez moi. Maintenant, il va mettre tous les moyens à notre disposition pour continuer le projet qui est en train de se faire et on prie pour qu’il réussisse.
Avez-vous avez fait un état des lieux pour avoir une idée sur l’effectif en place ?
Effectivement ! Dès mon arrivée, j’ai parlé la semaine suivante au coach Malick NDIAYE qui est un ami et frère et avec qui j’ai partagé le couloir gauche de l’USO de 1989 à 1992. Donc quand on a fait un état des lieux, il y a un effectif qui est là, des joueurs compétitifs qui ont leur place dans toute équipe. Maintenant, on va essayer de voir et de compléter les postes qui en auront besoin. On est en train de travailler là déçu et lui, il s’occupe bien des juniors qui sont qualifiés pour les demi-finales des play-offs du championnat. Donc, ça sera un suivi par rapport au travail effectué par Malick NDIAYE.
Depuis 2011, l’équipe peine à gagner. Qu’est- ce qui explique cette situation ?
A mon avis, c’est le fait de changer constamment d’entraineur. A un moment, on ne les laisse pas terminer leur projet. Pour moi, il faut travailler dans la durée. Si vous prenez un entraineur et lui demander tout de suite des résultats, ça ne passe pas. Et puis, les supporters vous mettent tout de suite la pression. Et, cela ne peut être qu’un éternel recommencement. Maintenant, les supporters ont réclamé mon retour et je suis là. Et, je pense qu’ils vont m’aider à relever l’équipe, à aider l’équipe à retrouver son lustre d’antan. Ça sera un travail collectif et il faut que tout le monde s’y mette pour que l’on puisse atteindre les objectifs.
Est-ce pourquoi l’équipe a frôlé la descente la saison passée?
Vous savez, le football va très vite. Et, notre championnat est tellement serré que si tu perds deux matchs, tu es dernier et si tu en gagnes deux, tu es premier. Donc, il faut jongler sur ça et prendre tout de suite le train en marche. Mais bon, un entraineur, c’est tout le temps comme ça. Si tu gagnes, tu es là, et le cas contraire, tu es obligé de partir. Mais, je suis convaincu qu’ils font leur boulot. C’est aux joueurs de s’impliquer, aux supporters d’accompagner et aux dirigeants de mettre les moyens.
N’est-ce pas là les raisons qui vous avez poussé à quitter l’USO ?
Je dirai que c’était un malentendu. Parce qu’on ne peut pas dire qu’il y avait des raisons footballistiques. C’était des raisons crypto personnelles mais avec le recul et les années passées, on oublie. Mais encore une fois, ce n’était pas pour des raisons sportives. Parce que connaissant les jumeaux et leur engagement (allusion à son frère jumeau, Assane dit Gris, qui était avec lui entraineurs-joueurs en charge de l’équipe, ndlr), je crois qu’il fallait quelque chose de grave voire impardonnable pour les limoger. Et, en tant qu’entraineurs-joueurs, nous avons regroupé l’équipe ici chez nous. C’était en 1999 et nous avions atteint les demi-finales de la coupe du Sénégal. Mais malheureusement, il y avait des gens derrière. Je ne sais pas ce qui les animait mais maintenant, on oublie tout et on avance et ainsi va la vie.
Vu votre parcours, peut-on vous qualifier de «spécialiste des montées» ? Qu’est-ce qui explique ces réussites?
Moi, je suis un adepte du travail et je ne laisse pas mes joueurs dormir sur leurs lauriers. Donc, il faut constamment se remettre en question parce que si un joueur veut progresser, il faut qu’il agisse de la sorte. Personnellement, je ne me suis jamais suffi d’un match que j’ai gagné. C’est comme ça que je suis et je veux que mes joueurs en fassent toujours autant.
On constate que vous changez souvent de club. Qu’est-ce qui explique cette instabilité ?
Pour Deggo Ouakam, j’étais libre de tout engagement avec l’équipe. Après, Suneor m’a présenté un challenge que j’ai aimé et je suis parti. Aussi, à un moment donné, je ne me suis pas entendu avec le staff dirigeant et c’est comme ça que je suis parti. Moi quand j’entraine, je me bats et je donne tout ce dont je possède. Donc si en revanche je ne l’ai pas en retour, ça me fait un peu mal. Et, au lieu de rester-là à disputer, je préfère arrêter et chercher ailleurs. C’est ma nature. Je ne peux pas crier sur les gens, je ne peux pas manquer de respect. Je préfère laisser tout tomber pour me remettre en question et aller voir ailleurs.
Vous avez eu des relations heurtées avec les supporters de la Suneor. Qu’est-ce qui explique les rapports tendus que vous avez eu avec les supporters des clubs que vous avez quittés?
Vous savez, dans les régions, les gens pensent que les joueurs natifs du terroir peuvent amener l’équipe à la gagne. Et moi, je considère que tous les onze joueurs qui sont sur le terrain et les cinq remplaçants sont plus régionalistes que les autres non convoqués. Je disais aux diourbellois que je suis autant Baol Baol que les autres. Et, pour une passe ratée, les supporters veulent que vous changiez un joueur. Et, si vous refusez, c’est des injures et c’est cela que je ne pouvais pas accepter. Moi, tu ne peux pas me faire changer l’idée que j’ai de mes joueurs. Parfois, ils t’empêchent même de quitter les vestiaires. Donc c’est souvent ce genre de choses qui peuvent nous faire sortir de nos gonds
« A Mbour, on m’interdisait de faire des matchs nuls »
Et c’était aussi la même chose au Stade de Mbour…
Le Stade de Mbour était une équipe à qui on demandait de jouer le maintien. Et quand je suis arrivé, on était classé 5ème et à un moment, on a frôlé la première place. Et l’année suivante, les gens étaient devenus plus excitants, ils voulaient gagner tout de suite le championnat. Alors ils m’interdisaient de faire des matchs nuls à Mbour. Ce qui est inexplicable en football. Je prépare mon équipe pour gagner et à défaut, je me contente du nul. Moi, je peux dire que je suis un incompris parce que je ne suis pas difficile. Et ça, les gens avec qui je travaille peuvent le confirmer. De vrais supporters doivent être comme «aller Casa» (le comité supporter du Casa Sport). Et, je crois les autres doivent prendre exemple sur eux.
Quand vous avez eu des problèmes avec les supporters du Stade de Mbour, le président a tranché et vous a licencié. Avec le recul, est- ce que vous lui en voulait ?
Non du tout ! C’est un homme avec qui j’entretiens de superbes relations. Mais, il avait un choix à faire et qui dit choix, dit naturellement élimination. Et il a choisi d’éliminer une personne au lieu de faire face à trente ou soixante supporters et ça, on peut le comprendre. Et ma modeste personne ne valait pas que le Président soit en difficulté avec les supporters. Il m’a appelé, m’a expliqué la situation et ma sécurité valait plus que de rester au club.
Pour le recrutement, on a, de sources sûres, appris que vous lorgnez du côté du Stade de Mbour. Avez-vous ciblé des joueurs là-bas, notamment Mamadou Gando BA et le gardien Nfally BADJI?
Je le confirme. C’est des joueurs que j’admire et depuis que je les ai connus au Stade de Mbour, on a tout le temps travaillé ensemble. S’ils venaient à signer, je sauterais de joie.
ENTRETIEN REALISE PAR FALLOU MBAYE (WALFnet)