L’épilepsie se caractérise par des mécanismes et des manifestations divers, mais dans tous les cas c’est une décharge anormale et simultanée de plusieurs milliers de neurones qui en est à l’origine. Des chercheurs du Louisiana State University Health Sciences Center sont parvenus à élaborer un composé chimique aux vertus neuroprotectrices capable d’empêcher le développement de cette pathologie. Une expérience menée chez des souris a montré que la molécule a empêché les crises et leurs effets néfastes en agissant sur les épines dendritiques des neurones, qui leur permettent de communiquer entre eux. Chez les patients épileptiques, ces excroissances de neurones sont endommagées et fonctionnent de manière incorrecte, ce qui entraîne un cerveau «hyper-connecté ». Résultat: «On peut imaginer une sorte de court-circuit dans le fonctionnement cognitif et/ou le comportement du sujet », précise à ce sujet l’Inserm. «La préservation des épines dendritiques et la protection contre les crises qui en résulte a été observée jusqu’à 100 jours après le traitement, ce qui suggère que le processus de développement de l’épilepsie a été arrêté », fait remarquer le Dr Nicolas Bazan, l’un des auteurs de l’étude publiée dans Scientific Reports.
Une alternative aux traitements actuels
Les chercheurs ont breveté ce composé, qu’ils ont baptisé «LAU», le seul à ce jour qui serait capable de réduire l’hyperexcitabilité des neurones. Cette molécule offre non seulement la possibilité d’interrompre le processus de développement d’une crise chez les patients concernés mais les chercheurs évoquent aussi une utilité thérapeutique potentielle pour des traitements «modificateurs» de la maladie pour les personnes à risque de la développer. Ces derniers souhaitent maintenant évaluer l’application de ce composé et de ses mécanismes chez l’homme. Une découverte importante car les médicaments disponibles actuellement limitent la propagation des crises et de leurs symptômes variables selon les patients (raidissement, secousses, illusions auditives ou visuelles, perte de conscience) mais ne traitent pas la maladie en elle-même. De plus, si une grande majorité des patients répondent favorablement à ces traitements, ce n’est pas le cas «dans 30% des cas », explique l’Inserm qui précise qu’un «traitement chirurgical peut alors être proposé ». En France, 0,6 à 0,7% de la population est concernée par l’épilepsie et dans 75% des cas, la maladie s’est installée avant 18 ans.
Santé Magazine