L’intérêt pour le microbiote intestinal, ou flore intestinale, a considérablement augmenté ces dernières années. Selon l’Inserm, pas moins de 4500 études scientifiques sur ces micro-organismes (bactéries, virus, parasites, champignons non pathogènes) ont été publiées en 2015. On attribue à cet écosystème des effets bénéfiques comme le succès d’une immunothérapie en cancérologie, mais ce dernier pourrait aussi constituer la cause de nombreux maux à l’instar des maladies intestinales chroniques inflammatoires (MICI) ou certaines maladies métaboliques comme le diabète. Une piste qui tend un peu à se confirmer après la récente étude publiée par des chercheurs, dont une équipe de l’Inra. Leurs travaux démontrent pour la première fois l’impact du microbiote sur la résistance à l’insuline: les bactéries de notre intestin influenceraient l’insulino-résistance et donc la survenue du diabète de type 2, qui se caractérise par une hyperglycémie chronique, c’est-à-dire un taux de glucose trop élevé dans le sang. Les personnes qui en sont atteintes produisent de l’insuline mais les cellules deviennent insensibles à cette hormone et ne parviennent plus à stocker le glucose comme source d’énergie.
Quatre espèces de microbes mises en cause
Il était déjà établi que les diabétiques possèdent des taux élevés d’acides aminés branchés (BCAA) mais leur origine demeurait inconnue: proviennent-ils de l’alimentation ou des bactéries du microbiote? Les chercheurs ont voulu savoir si c’était bien le microbiote qui contribuait de manière significative à cette augmentation de BCAA dans le sang. Ils ont pour cela examiné les plasmas sanguins et la composition du microbiote de 277 personnes non diabétiques et 75 diabétiques et ont effectivement découvert que plus les taux de BCAA sont élevés, plus l’insulino-résistance augmente. L’étude a mis en évidence la présence de 23 groupes de métabolites (composés organiques stables issus du métabolisme) dans le microbiote, impliqués dans la synthèse des BCAA ou dans leur utilisation. «Les résultats montrent que la quantité de BCAA dans le plasma est bel et bien liée au microbiote et non pas à l’alimentation », précisent les chercheurs. Ces derniers ont identifié quatre espèces microbiennes particulièrement impliquées dans cette interaction microbiote-insulino-résistance. Deux d’entre elles (Prevotella copri et Bacteroides vulgatus) sont associées à la biosynthèse des BCAA et donc à la résistance à l’insuline. Les deux autres (Butyrivibrio crossotus et Eubacterium siraeum) sont quant à elles «impliquées dans le transport et l’utilisation de ces acides aminés et contribuent à diminuer leur taux dans le sang », ajoutent les chercheurs. Pour tester leurs effets, ils ont étudié l’impact de Prevotella copri chez la souris et constaté que cette bactérie induisait effectivement la résistance à l’insuline et augmentait la quantité de BCAA dans le sang. Les chercheurs souhaitent maintenant établir des pistes prometteuses pour la santé humaine, en trouvant comment diminuer la présence de ces bactéries pour atteindre un équilibre optimal entre les espèces bactériennes du microbiote.
BFMTV avec Santé Magazine